La jungle du manga - Culture, le magazine culturel de l ...

La page est créée Francis Renard
 
CONTINUER À LIRE
La jungle du manga - Culture, le magazine culturel de l ...
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège

Manga : codes et scénarios entre fiction et réalité

Aujourd'hui, une partie de la jeunesse occidentale est capable de vous expliquer pourquoi il y a des
casiers à l'entrée de chaque lycée au Japon, ce qu'est l'ijime ou encore pourquoi il ne faut pas planter
ses baguettes dans son bol de riz. Pourquoi ? Parce qu'ils ont lu des manga ! Ces bandes dessinées
japonaises, qui furent tant décriées à leur arrivée, occupent maintenant une part importante du marché
de la bande dessinée dans nos régions, en particulier en Europe francophone. L'image du Japon
qu'elles véhiculent est-elle proche de la réalité ou fortement romancée ?

La jungle du manga
Pour un néophyte, il est quasiment impossible de s'y retrouver dans la profusion de titres et de styles proposés
au lecteur. Au Japon, la publication des manga représente près de 3,55 milliards d'euros (en 2007). Il y a des
manga pour tous les publics : enfants, adolescents, jeunes adultes, femmes au foyer, salarymen... Chaque
catégorie possède ses propres codes, tant esthétiques que scénaristiques, qui permettent au public de se
trouver en terrain connu. Je ne vais ici en citer que les plus importants et souligner en quelques mots leurs
spécificités.

Les y#nen manga

Destinés aux plus petits, les y#nen manga ont comme caractéristique de présenter des graphismes d'une
grande simplicité et des récits courts à la structure récurrente. De grands classiques tels Doraemon et
Pokemon témoignent également du succès que remportent toujours les animaux auprès du jeune public,
                                                      e
que l'animal en question soit un chat-robot du 23 siècle ou un « pocket monster ». L'humour est toujours
l'élément dominant de ces récits, bien que des messages moralisateurs concluent très souvent l'intrigue.
Cette morale se doit d'être d'un abord facile pour le lecteur.

Les couleurs, celles des couvertures notamment, sont toujours vives et contrastées mais, dans les versions
originales en noir et blanc, le dessinateur ne s'embarrasse généralement pas de grisés ou d'ombrages,
préférant un dessin linéaire.

                              © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/03/2020
                                                           -1-
La jungle du manga - Culture, le magazine culturel de l ...
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège

Contrairement à ce que le lecteur européen pourrait croire en arpentant les rayons de sa librairie
spécialisée, le nombre de y#nen manga parus est très impressionnant. Les jeunes Japonais sont en
effet happés très tôt par le milieu de la bande dessinée, loisir assez bon marché qui leur permet d'oublier
un instant la rudesse de leur vie scolaire. Ils grandiront avec le manga et seront plus tard de grands
consommateurs, d'où la nécessité pour les grandes maisons d'édition de veiller avec un soin tout particulier
à la qualité des produits proposés à la jeune génération.

Les sh#nen manga
Les sh#nen manga, ou manga pour garçons, se distinguent essentiellement des sh#jo manga, ou manga
pour filles, par les thèmes abordés et surtout leur traitement graphique. Il s'agit de la production la plus
importante de toute l'industrie de la bande dessinée au Japon, ce qui explique notamment la diversité
des sujets traités. Leur version pour adultes, les seinen manga, présentent les mêmes thématiques et un
traitement graphique similaire mais les histoires sont plus mûres, prenant comme héros principal non plus
un jeune garçon mais un adulte, salaryman par exemple.

Samouraï, jeunes délinquants, sportifs et robos

                             © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/03/2020
                                                          -2-
La jungle du manga - Culture, le magazine culturel de l ...
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège

Les premières bandes dessinées pour garçons apparurent vers 1920 et traitaient presque exclusivement
d'aventures de samouraï. L'histoire nationale et tout particulièrement le Japon féodal étaient la source
d'inspiration principale. Ces jidaimono se développèrent considérablement durant la Seconde Guerre
mondiale, utilisées par le gouvernement militariste à des fins de propagande. Les règles du Bushid# (code
d'honneur du samouraï), que le lecteur retrouvait dans ces séries, valorisent en effet l'obéissance à son
seigneur, le respect des traditions et la loyauté à l'Empereur. Ils restent un thème apprécié aujourd'hui :
L'habitant de l'infini de Hiroaki Samura, et d'une certaine manière le célèbre Naruto de Masashi Kishimoto
est également apparenté à ce genre.

                             © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/03/2020
                                                          -3-
La jungle du manga - Culture, le magazine culturel de l ...
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège

Attention cependant de ne pas confondre ces jidaimono avec des bandes dessinées mettant en scène des
conflits récents : au Japon, tout ce qui touche de près ou de loin à la Seconde Guerre mondiale est toujours
tabou. Excepté quelques séries-cultes comme Hadashi no Gen de Kenji Nakazawa (où il narre de manière
autobiographique le bombardement américain sur Hiroshima - image ci-contre), les auteurs figurent très
rarement la réalité crue et dure de la guerre moderne, préférant l'idéalisme du samouraï japonais.

« Dignes » héritiers du samouraï, les yakuza (membre de la mafia japonaise) perpétuent des notions
de bravoure, d'obéissance et de respect qui se retrouvent dans des manga prenant pour cadre la vie
nocturne et les milieux interlopes des grandes villes. Ces séries s'apparentent en fait à des séries policières
occidentales, si ce n'est que le lecteur passe de l'autre côté de la barrière en accompagnant les tribulations
de ces « crapules » qui ont de l'honneur. Golgo13 de Takao Saito fut le premier grand succès de ce genre,
qui se perpétue encore aujourd'hui.

Dans la même veine, la bande dessinée japonaise voit aussi fleurir des histoires autour de jeunes
adolescents déboussolés (GTO de Torhu Fujizawa), qui se tournent vers la délinquance faute de mieux.
Trahissant le mal-être de la société japonaise contemporaine, ces manga sombres et violents comportent
généralement des moments d'optimisme rafraîchissant, cherchant à nous présenter ces jeunes furio comme
des enfants n'attendant qu'un coup de pouce pour revenir dans le droit chemin. Ces séries de « school-
gang », comme elles sont appelées outre-Atlantique, sont très souvent couplées à un autre genre majeur,
celui du manga sportif.

                              © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/03/2020
                                                           -4-
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège

Le manga sportif est probablement le genre le plus répandu et le plus populaire parmi les sh#nen manga.
Les sports abordés sont multiples et se classent principalement en deux catégories : les sports d'équipe et
les sports pratiqués en solitaire.

Les sports d'équipe (baseball, football, basket et volley), abondamment pratiqués dans les clubs scolaires,
font partie intégrante de la vie quotidienne au Japon. Il n'est dès lors pas étonnant de les retrouver

                             © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/03/2020
                                                          -5-
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège

massivement dans la bande dessinée. De plus, ces séries mettent en avant des valeurs importantes aux
yeux des Japonais : l'esprit d'équipe, l'union qui fait la force, l'endurance, l'abnégation... Citons Captain
Tsubasa ou encore Rookies de Masanori Morita.

Il en va un peu de même pour les séries traitant des sports pratiqués en solitaire, comme la boxe (Ashita no
Joe est un grand classique), l'athlétisme ou les sports traditionnels (jud#, kyud#, kend#). Là aussi, le lecteur
retrouve des valeurs héritées du Bushid#, appliquées à un héros qui cherche sans cesse à être le meilleur
et à se dépasser.

Cette idéologie remporte un énorme succès auprès des lecteurs masculins qui souhaitent s'identifier au
personnage principal. Notons d'ailleurs qu'à l'inverse de la bande dessinée américaine, il n'y a pas de super-
héros parfait au Japon. Le sportif, malgré son courage, connaîtra l'échec et le doute, se rapprochant ainsi
beaucoup plus de son public.

                              © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/03/2020
                                                           -6-
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège

Le dernier thème abordé est celui de la science-fiction. Genre brillamment modelé par Osamu Tezuka
avec Tetsuwan Atomu, la science-fiction reste un univers où l'imaginaire du dessinateur peut faire des
merveilles. Robots géants pilotés par de vaillants combattants de la paix et de la justice, le genre est devenu
un classique notamment grâce au succès rencontré par les œuvres de G# Nagai. L'avatar moderne de cette
production, le genre « mecha », insiste lui sur la haute technologie qui fait encore aujourd'hui la fierté du
Japon (voir la série des Gundam ou les œuvres de Masamune Shirow).

                              © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/03/2020
                                                           -7-
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège

De l'action et du réalisme

Une large place est accordée dans ces manga aux scènes d'action : combats et matchs peuvent s'étirer sur
plusieurs dizaines de pages, véritablement chorégraphiés grâce au savant découpage des vignettes et à la
construction de la page. Le tramage et les bruitages sont envahissants, contribuant à rendre le mouvement
et le dynamisme de ces épisodes. Entre ces « climax », l'auteur consacrera généralement quelques feuillets
à l'évocation d'intrigues secondaires permettant de développer un peu plus la psychologie des personnages.

    À gauche : couverture d'un magazine sportif reprenant un héros populaire des manga pour garçons :
        «Captain Tsubasa» de Yôichi Takahashi. À droite : page montrant le découpage dynamique
                        des manga pour jeunes adolescents masculins et leur goût
                        pour l'univers futuriste : «Appleseed» de Masamune Shirow

Au point de vue du dessin, le graphisme tend généralement vers un certain réalisme, tempéré par la
stylisation des traits du visage, l'intérêt des auteurs et des lecteurs se portant essentiellement sur le rendu
des scènes d'action. Cette tendance au vérisme n'empêche cependant pas quelques aberrations visuelles,
des petits « trucs » employés par l'auteur pour donner plus d'intensité dramatique à certains moments
cruciaux. Ceci est particulièrement remarquable dans les manga de sport où les ballons affectent parfois
des formes étrangement oblongues et où les sportifs peuvent effectuer des bonds prodigieux à l'encontre
des règles de la pesanteur.

Les couleurs des jaquettes et illustrations promotionnelles sont toujours des coloris primaires, qui tranchent
assez les uns avec les autres, exactement comme pour les y#nen manga.

                              © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/03/2020
                                                           -8-
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège

Les sh#jo manga

Apparus eux aussi vers 1920, les sh#jo manga sont au départ exclusivement dessinés par des hommes.
Ces premières séries présentent un style assez similaire à celui des sh#nen manga et le répertoire se
limite à des récits humoristiques mettant en scène des personnages féminins. C'est donc à un homme,
le maître Osamu Tezuka lui-même, que le sh#jo manga doit son premier grand succès avec Ribbon no
kishi (« Princesse Saphir »). Vers 1960, les femmes prendront enfin le relais puis finiront par s'imposer
largement. Aujourd'hui, le sh#jo manga est avant tout une bande dessinée créée par les femmes pour les
femmes. Dans certains cas, elles vont oser aborder ces thèmes de manière plus crue et s'orienter alors vers
un lectorat un peu plus âgé ; ce sont les josei manga.

Intrigues amoureuses

À l'origine, les histoires développées dans les bandes dessinées pour filles étaient relativement simples :
une relation amoureuse contrariée se terminant soit par un « happy end » soit par un drame émouvant.
Progressivement, le genre sh#jo va devenir de plus en plus sophistiqué. Les thèmes varient et les lectrices
peuvent dès lors choisir parmi une vaste gamme de manga de sport, de fresques historiques (La rose de
Versailles de Riyoko Ikeda), d'aventures de science-fiction (Sailormoon de Naoko Takeuchi) etc. L'humour
n'est pas absent de cette production mais le trait commun à toutes ces séries est d'étudier les sentiments
amoureux des protagonistes.

                             © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/03/2020
                                                          -9-
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège

Vers 1970 apparaissent les premiers manga féminins dont les héros sont majoritairement des hommes.
Dans ces œuvres sont abordées des histoires d'amours homosexuelles, selon les canons graphiques
usuels du sh#jo. Ce style va rencontrer un vif succès auprès des lectrices, qui y voient une interprétation
moderne de l'amour courtois du Moyen-Âge. À l'heure actuelle, il s'agit d'un genre à part : le manga yaoi.

Vu le vieillissement progressif du lectorat, les années 1980 seront marquées par le développement de
bandes dessinées destinées à un public adulte. Les thèmes abordés sont beaucoup plus contemporains et
les intrigues se déroulent généralement au Japon, dans des familles comme les autres.

                             © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/03/2020
                                                         - 10 -
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège

Couleurs tendres, fioritures et physiques occidentaux

Graphiquement, le sh#jo manga est très différent de son confrère masculin. Les couvertures en couleurs à
elles seules permettent aisément de les distinguer : aux couleurs primaires des sh#nen répondent les roses
fondants et les pastels des sh#jo.

Le dessin est très détaillé en ce qui concerne les costumes et les décors. De nombreuses illustrations en
pleine page autorisent les dessinatrices à laisser libre cours à leur goût pour les fioritures ornementales.
Les fonds de page et les marges sont souvent envahis par des éléments floraux ou décoratifs, voire par la
chevelure ondoyante de l'héroïne.

Ci-contre : «La rose de Versailles» de Riyoko Ikeda

Les visages, souvent présentés en gros plan pour accentuer l'expressivité, sont cependant assez
stéréotypés. Un seul élément saillant : les yeux. Larges et démesurés, ils sont souvent ponctués d'une
étoile près de la pupille. Ce trait est commun aux personnages féminins et masculins et n'existe que pour
des raisons évidentes de lisibilité des sentiments intérieurs. Il est cependant intéressant de remarquer que,
dans le cas des yeux mais aussi des cheveux, les dessinatrices ne figurent jamais des caractéristiques
asiatiques, yeux étirés et chevelure noire et lisse. Au contraire, l'auteur va concrétiser le fantasme de milliers
de petites Japonaises qui rêvent de grands yeux bleus et de beaux cheveux blonds bouclés. De même, les
principaux intervenants masculins sont toujours minces et particulièrement grands, qualités recherchées par
les Japonaises chez leurs petits amis.

La structure de construction de la page est toujours beaucoup plus éclatée que dans les sh#nen manga.
Les fonds blancs et ornés dominent, avec des vignettes aux formats très irréguliers. Cette décomposition
peut d'ailleurs créer des difficultés de lecture pour qui n'y est pas préparé.

                              © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/03/2020
                                                          - 11 -
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège

Une règle essentielle domine toute cette production et la résume à elle seule : tous les personnages doivent
être beaux et tous les thèmes doivent être abordés avec délicatesse.

Et les autres

                             © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/03/2020
                                                         - 12 -
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège

Il est important de souligner que les barrières entre ces catégories ne sont bien sûr pas parfaitement
étanches et imperméables. Nombreux sont les auteurs qui vont transcender les genres et toucher un
lectorat à la fois masculin et féminin ; One Piece de Eiichiro Oda ou Nana de Ai Yazawa sont parmi ces
œuvres d'exception.

Citons aussi le hentai manga, manga érotique, qui reprend par parodie des thèmes issus aussi bien du
shojo que du sh#nen. Il est amusant de noter le goût immodéré des Japonais pour les fortes poitrines.

Image réelle ou déformée du Japon ?
Pourquoi y a-t-il des casiers à l'entrée de chaque lycée ?
Parce que les étudiants y déposent chaque matin leurs chaussures, qu'ils échangent contre des pantoufles
portées à l'intérieur de l'école.
Qu'est-ce que l'ijime ?
C'est une torture psychologique qu'endurent certains élèves, pris en grippe par toute leur classe et qui
subissent de nombreuses brimades au quotidien. C'est une des raisons expliquant le haut taux de suicide
chez les étudiants japonais.
Pourquoi ne faut-il pas planter ses baguettes dans son bol de riz ?
Parce que c'est un geste qui est effectué lors des funérailles et donc associé à la mort.

                            © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/03/2020
                                                        - 13 -
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège

On le voit donc, l'image brossée par les manga de la société japonaise est assez fidèle, même lorsqu'il s'agit
d'aborder des points plus sensibles.

La grande majorité des histoires destinées aux jeunes sont ancrées dans le milieu scolaire. Le lecteur est donc
confronté à la vie estudiantine lambda : casiers et cantine mais aussi importance des clubs dans la vie sociale
de l'étudiant et nécessité de réussir. Les professeurs sont souvent montrés comme plus fonctionnaires que
passionnés et les parents sont généralement plus soucieux de résultats scolaires que de l'épanouissement
personnel de leur enfant. L'image est donc sans complaisance.

On va retrouver le même souci de planter un décor véridique, même dans ses aspects les moins reluisants,
dans les bandes dessinées destinées à un public plus adulte. La vie du salaryman moyen est régulièrement
brossée avec beaucoup d'ironie et d'acrimonie, prouvant par là que le Japonais n'est plus dupe d'un système
socio-économique dépassé.

Bien évidemment, si l'auteur veut vendre ses œuvres, il ne peut se contenter de reproduire la réalité toute
nue. Il va alors recourir à des moyens scénaristiques permettant au lecteur de s'évader de ce quotidien trop
présent : thèmes extra-ordinaires comme les super-pouvoirs, les contacts avec l'au-delà, les voyages dans
des mondes parallèles...

Si le lecteur japonais cherche le dépaysement dans les ressorts scénaristiques l'entraînant dans un ailleurs
exotique, le lecteur européen, lui, subit ce dépaysement deux fois ! Il lui faut d'abord se familiariser avec l'image
de la société japonaise contemporaine qui apparaît en filigrane dans la quasi-totalité des manga publiés. Une
fois cela accompli, il peut alors, à la manière de son pendant nippon, se perdre dans les univers fantastiques
dessinés par cet auteur du bout du monde.

Le portrait du Japon dressé par les manga est donc vraisemblablement plus proche de la réalité que certains
ne veulent l'admettre et, en tous cas, plus proche que l'image véhiculée par de nombreux reportages télévisés
réalisés par des Occidentaux qui se focalisent uniquement sur les « bizarreries » japonaises, qui sont légion,
il est vrai, sur l'archipel.

                                                                                                       Édith Culot
                                                                                                      Octobre 2010

Édith Culot est historienne de l'art. Ses principales recherches portent sur les laques japonaises
et en particulier celles utilisées dans la cérémonie de l'encens. Elle assure aussi le secrétariat du
Centre d'Études Japonaises de l'ULg.

                               © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/03/2020
                                                           - 14 -
Vous pouvez aussi lire