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Volume Décembre 2018 55/4 Trimestriel Aves, pôle ornithologique de Natagora asbl Traverse des Muses 1 B-5000 Namur www.natagora.be La revue du Bureau de dépôt : pôle ornithologique de Natagora Charleroi X – P302131 AVES 55/4 – 2018 1
LA REVUE AVES publie des travaux originaux relatifs à tous les domaines de l’ornithologie, prioritairement dans le cadre géographique belge, en particulier de la Wallonie et de Bruxelles. Des travaux portant sur .............................................................................................................. d’autres régions du Paléarctique occidental, spécialement les Aves, pôle ornithologique de Natagora, a pour objet, depuis régions limitrophes, peuvent 1963, d’étudier et protéger la faune sauvage, particulièrement aussi être acceptés, si leur intérêt l’avifaune. Elle vise aussi à initier à l’observation de la nature et dépasse le cadre régional et s’ils au développement de la recherche sur le terrain. Elle est active sont de nature à intéresser les en Régions wallonne et de Bruxelles-Capitale. En 2003, Aves et Réserves Naturelles RNOB ont fondé l’association Natagora. ornithologues belges. Les articles de fond pourront être soumis En vous abonnant à cette revue, vous devenez membres du également en anglais. Dans ce cas, pôle ornithologique Aves et soutenez ses efforts en faveur de la une traduction vers le français sera connaissance et la protection des oiseaux. assurée, l’article sera publié en français et une version en anglais .............................................................................................................. en format pdf sera téléchargeable dès la parution du numéro Natagora est active dans tout l’espace Wallonie-Bruxelles. concerné. Le grand objectif de l’association est d’enrayer la dégradation de la biodiversité et de contribuer au rétablissement d’un meilleur équi- La revue Aves fait l’objet libre entre activités humaines et protection de l’environnement. d’échanges avec une centaine de Pour ce faire, elle s’est assigné différentes missions. revues et est indexée notamment dans Zoological Records. Les Protéger : plus de 200 réserves naturelles Natagora, gérées par de nombreux volontaires sont constituées de milieux diversifiés et sommaires, les articles publiés il souvent menacés. Elles abritent quantité d’espèces rares. y a plus de deux ans, les résumés d’articles et de notes figurent par Étudier : l’identification des menaces, le soutien direct aux espèces ailleurs dans la partie « Revue » les plus menacées et la supervision de nombreux programmes de du site www.aves.be suivi font partie des préoccupations majeures de l’association. S’impliquer : influer sur les décisions politiques, promouvoir la Les propositions d’article biodiversité, prévoir les atteintes qui pourraient lui être portées, sont à adresser à : réagir quand nécessaire : les nombreux volontaires de l’associa- revue.aves@aves.be tion y contribuent au quotidien. Éduquer : formations, Centres régionaux d’initiation à l’envi- Instructions aux auteurs : ronnement, événements de sensibilisation, mise en réseau des www.aves.be/ particuliers : Natagora est fortement impliquée dans l’éducation à instructions_auteurs l’environnement. .................................... .............................................................................................................. Photo de couverture : Natagora est le partenaire de BirdLife en Bruant nain Emberiza pusilla, Belgique francophone. Hermalle, 06.12.2015, © Alain De Broyer ....................................................................
55/4 A u cours de ses 55 années d’existence, la revue Aves a plusieurs fois fait peau neuve, s’adaptant aux évolutions de la technique, de l’édi- tion et de l’association. Cette nouvelle mouture ne fait pas exception : notre équipe de graphistes (et Mathieu Gillet en particulier) a procédé à un rafraîchissement de la mise en page et de la présentation avec l’objectif d’en augmenter la lisibilité sur tous les supports, en accord avec la nouvelle charte graphique de Natagora. Nous espérons que vous apprécierez le changement ! Autre événement d’importance, pour la première fois depuis la création de Natagora en 2003 par Aves et les RNOB, le supplément de cotisation ÉDITO permettant de s’abonner à la revue Aves a été augmenté depuis le 1er janvier 2019. Le changement du simple au double peut sembler considérable mais c’est une opération rare et, vous l’imaginez, difficile à mettre en pratique (variété des moyens de paiement, réponses téléphoniques et mails, ajuste- ment des domiciliations...) compte tenu de nos 7.000 abonnés ! Nous avons pris la peine, il y a plusieurs mois, de réaliser un sondage aléatoire auprès de 700 de nos membres afin de vérifier la façon dont ce changement serait perçu ; les réponses de soutien furent nettement majoritaires. Il faut bien admettre qu’avec 3 euros par numéro, il était devenu difficile de couvrir les frais de réalisation et d’impression. L’augmentation à 6 euros par numéro permet de faire face aux hausses des coûts réels de production. De plus, tout en conservant un coût par page souvent inférieur à celui d’autres revues ornithologiques équivalentes en Europe, nous voulons aussi nous donner les moyens de vous fournir un meilleur service. En effet, la ligne éditoriale de votre revue Aves, redéfinie en 2010 au terme d’un processus participatif, se fixait quatre objectifs principaux : 1. Être la référence en matière d’ornithologie pour la Belgique francophone et, notamment, centraliser toute l'actualité ornithologique de Wallonie et de Bruxelles. 2. Offrir un support, tant technique que pratique, à la communauté orni- thologique belge francophone afin que chacun puisse diffuser le résultat de ses travaux originaux. 3. Motiver la communauté ornithologique autour de projets visant à mieux valoriser l'apport des données de terrain dans la compréhension des phénomènes ornithologiques et pour une meilleure conservation des › oiseaux et de leurs habitats. AVES 55/4 – 2018 157
4. Augmenter le « niveau de compétence » des lecteurs, par exemple en les informant des avancées de l'ornithologie ou en améliorant leur connaissance de l’écologie des espèces. En donnant plus de moyens à l’équipe du pôle ornithologique de Natagora et l’équipe de rédac- tion de la revue Aves, nous souhaitons davantage rencontrer ces quatre objectifs fondamen- taux. Nous voulons également mieux coller à l’actualité ornithologique mais aussi diversifier les pages qui complètent le contenu purement dédié aux articles et notes. Vous pourrez ainsi lire au fil des numéros des « Brèves » plus nombreuses, ainsi qu’un écho des principales publi- cations ornithologiques (livres et articles). Dans ce numéro, vous pouvez aussi découvrir deux nouvelles rubriques. La première, « Le carnet ornitho », présente des aspects liés à l’identi- fication et au comportement des oiseaux de chez nous, peu connus des naturalistes mais décrits dans la littérature. Dans la rubrique « Retour sur images », une sélection de photos au cours des derniers mois permet de pointer des éléments d’identification ou décrivant des faits inhabituels. À côté de ces rubriques, nous préparons aussi la très attendue nouvelle mouture des « chroniques » présentant l’actualité avifaunistique en Wallonie et à Bruxelles. En synthèse, la revue Aves est avant tout un forum pour les ornithologues de terrain en Wallonie et à Bruxelles ; sa richesse dépend grandement de l’envie de chacun de partager des moments exceptionnels d’ornithologie. L’article principal de ce numéro en est un très bel exemple : il revient sur les observations de Bruant nain en Wallonie au cours des hivers 2015-2017. Dans ce cas-ci, l’auteur a réalisé d’emblée l’ensemble du travail bibliographique et rédactionnel avant de soumettre un article très abouti. Cela requiert du temps, des compé- tences et/ou une énergie qui ne sont pas forcément à disposition de chacun. Que cela ne vous arrête pas ! L’équipe et le Comité de lecture sont là pour vous épauler, si vous le souhaitez, dans les parties plus ardues de ce travail ; de nombreux articles sont ainsi le résultat de cette synergie avec les ornithologues de terrain. Pour plus d’informations : contactez-nous ! Le rapport annuel de la BRBC (Belgian Rarity Bird Committee) paraît dans ce numéro mais devrait retrouver sa place habituelle dans celui de septembre prochain. Pour rappel, le numéro de décembre paraît toujours au début de l’année suivante, afin d’éviter les engorge- ments postaux et d’impression de fin d’année ; le dernier numéro de l’année à arriver dans les boîtes aux lettres est donc celui de septembre. Enfin, une note est consacrée au statut récent de la Linotte à bec jaune en Wallonie et à Bruxelles. Sa rédaction s'est appuyée sur le travail de digitalisation des anciennes don- nées de la banque ornithologique Aves, réalisé par une équipe de volontaires encodeurs, un grand merci à eux ! La note démontre aussi, s'il le fallait encore, la nécessité d'assurer un suivi des populations tout au long de l'année, et pas uniquement en saison de reproduction. Je vous souhaite, ainsi que toute l’équipe de la revue, une excellente lecture ! Anne Weiserbs, rédactrice en chef 158 AVES 55/4 – 2018
Hivernages exceptionnels de Bruants nains Emberiza pusilla à Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye) Aves 55/4 – 2018 – 159-173 Noé Terorde Rue El Cwène 11 B-6941 Heyd noe.terorde@hotmail.com Robin Gailly robingailly@gmail.com Valentine Plessy RÉSUMÉ Lors de l’hiver 2015-2016, un Bruant nain a été découvert dans un complexe de friches à Hermalle-sous-Argenteau. L’observation de cette espèce en Wallonie est un fait rare. Pourtant, quelques jours après la disparition du premier individu, deux oiseaux supplémentaires ont été trouvés dans cette même zone. Un oiseau a également séjourné à cet endroit l’hiver suivant. Cet article relate ces différentes observations. Un examen minutieux du plumage des différents oiseaux permet de conclure que les trois bruants observés au cours de l’hiver 2015-2016 étaient bien des individus différents. Deux d’entre eux ont effectué un hivernage à Hermalle-sous-Argen- teau. L’oiseau observé l’hiver suivant pourrait être l’un d’eux, revenu sur son site d’hivernage. Ces dernières années, le nombre d’observations de Bruant nain a fortement augmenté en Europe occidentale. C’est également le cas en Belgique, où la plupart des données proviennent de Flandre. Ceci a récemment conduit au retrait du Bruant nain de la liste des espèces soumises à homologation en Belgique, une tendance qui tend à se généraliser en Europe occidentale. AVES 55/4 – 2018 159
Après ce premier hivernage, une question trottait OBSERVATIONS alors dans la tête de nombreux ornithologues : pourraient-ils revenir au même endroit l’hiver sui- Hermalle-sous-Argenteau est un village de la vant ? La réponse n’a pas vraiment tardé, puisque commune d’Oupeye, situé entre la Meuse et dès le 26 novembre 2016, un Bruant nain a été le Canal Albert, à une dizaine de km en aval de relocalisé aux abords des étangs de la même zone Liège. Ces dernières années, de nombreux oi- (en 3 sur la Figure 1). Ces plans d’eau relèvent de seaux migrateurs ont été attirés dans la vaste zone formée de friches humides et de prairies qui s’étend au nord du village et qui est destinée à accueillir le Trilogiport, un projet d’envergure développé par le Port autonome de Liège. Trois Bruants nains Emberiza pusilla ont été trouvés à cet endroit durant l’hiver 2015-2016 et deux d’entre eux y ont même effectué un séjour prolongé. L’hiver suivant, un individu hivernant a de nouveau été découvert dans ce secteur. Le premier oiseau a été découvert le 6 décembre 2015 dans la friche principale bordant le Canal Albert (en 1 sur la Figure 1). Cet oiseau était très confiant et se laissait observer et photographier jusqu’à moins d’un mètre (Photo 1). Malheureu- sement, malgré de nombreuses prospections durant les jours suivants, il ne sera pas retrouvé. Le 14 du même mois, la persévérance des ob- servateurs et l’extension de la zone de recherche conduisent à la relocalisation d’un Bruant nain, qui sera ensuite observé à de nombreuses reprises, principalement à environ 500 m du lieu de la pre- mière observation (en 2 sur la Figure 1). Il sera éga- lement mentionné quelques fois sur le site 1, soit dans la friche destinée à l’accueil du Trilogiport. Le 17 janvier 2016, à la surprise générale, deux oiseaux sont observés en même temps (Photo 2) au niveau du site 2. Ils avaient généralement ten- FIGURE 1 | Zone destinée à accueillir les in- dance à se nourrir ensemble et seront très régu- frastructures du Trilogiport, le nouveau Port lièrement observés simultanément jusqu’au 21 autonome de Liège. La carte indique les sites mars 2016. Le nouvel oiseau était plus farouche où ont été principalement observés les Bruants et s’envolait plus rapidement à l’approche des nains / Area reserved for the infrastructure observateurs, alors que l’autre se laissait obser- of the Trilogiport; the new "Port autonome" ver à quelques mètres à peine. Les deux oiseaux of Liège. The map indicates the points where n’étaient toutefois pas si faciles à trouver car ils the Little Buntings have mostly been seen restaient la plupart du temps dans le couvert (source : Géoportail de la Wallonie) relativement dense de la friche pour se nourrir. 160 AVES 55/4 – 2018
PHOTO 1 | Le premier Bruant nain (oiseau A) découvert à Hermalle-sous-Argenteau et non revu par la suite / The first Little Bunting (Bird A) observed in Hermalle-sous-Argenteau and not seen there since (06.12.2015, © Alain De Broyer) PHOTO 2 | Le 17 janvier 2016, deux Bruants nains sont observés simultanément et resteront à Hermalle- sous-Argenteau jusqu’au 21 mars 2016. L’oiseau de gauche est l’individu qui avait été découvert le 14 décembre 2015 (oiseau B). L’oiseau de droite (oiseau C), à la coloration plus rousse, est le nouvel arrivant / On January 17, 2016 two Little Buntings were observed together. They were to remain in Hermalle-sous- Argenteau until March 21, 2016. The bird on the left is the same individual as that found on December14, 2015 (Bird B). The bird on the right in this photograph (Bird C), with a more reddish colouration, is the newcomer (17.01.2016, © Robin Gailly) AVES 55/4 – 2018 161
FIGURE 2 | Zone d’intégration environnementale mise en place autour du projet de construction qui couvrira la vaste friche d’Hermalle-sous-Argenteau / The "Zone d'intégration environnementale" which has been set up around the construction project that is to cover the large area of uncultivated land at Hermalle-sous- Argenteau (Port autonome de Liège, 2017) la zone d’intégration environnementale mise en été observés en même temps. Huit jours se sont place par le Trilogiport afin de compenser l’im- écoulés entre la découverte du premier oiseau pact lié à la construction du port et des bâtiments et l’observation suivante. Une analyse détail- annexes sur la friche principale (Figure 2). L’hiver- lée des plumages a été effectuée sur base de nage de cet oiseau a également été bien suivi. Il nombreux clichés de qualité accessibles sur le était souvent noté en compagnie de Bruants des portail observations.be ou fournis directement roseaux Emberiza schoeniclus et a pu être observé par plusieurs photographes. jusqu’au 19 mars 2017, date quasiment identique à la fin des observations de l’hiver précédent. Pour simplifier l’analyse ci-après, les différents oiseaux seront nommés comme suit, en fonction Deux questions se posent alors. Le bruant du 6 de leurs dates d’observation : décembre 2015 est-il un des deux oiseaux observés plus tard durant l’hiver ? Celui de l’hiver 2016-2017 peut-il être l’un de ceux présents l’hiver précédent ? · Oiseau 2015 ; A : observé uniquement le 6 décembre · Oiseau B : observé du 14 décembre 2015 au 21 mars 2016 ; COMPARAISON DÉTAILLÉE DES DIFFÉRENTS OISEAUX · Oiseau C : apparaît le 17 janvier et également observé jusqu’au 21 mars 2016 ; Les trois Bruants nains vus durant l’hiver 2015- 2016 à Hermalle-sous-Argenteau n’ont jamais · Oiseau D : observé du 26 novembre 2016 au 19 mars 2017. 162 AVES 55/4 – 2018
Certains détails du plumage, généralement utili- (franges brun-roux) et celles qui ne le sont pas sés par les bagueurs, peuvent être mis à profit (franges chamois clair) (Photo 4). pour différencier les oiseaux de premier hiver des adultes. La forme de l’extrémité des rectrices, À ce stade, il était donc déjà possible de dé- pointues chez les jeunes (Photo 3) et arrondies terminer que les bruants A, B et C étaient tous chez les adultes, est l’un de ces critères. De plus, trois des individus de premier hiver. L’oiseau D, les différences de contraste dans les franges des quant à lui, montrait des rectrices aux extrémi- grandes couvertures donnent aussi une bonne tés arrondies, ce qui indique qu'il était au mi- indication sur l’âge des oiseaux : les adultes pos- nimum dans son deuxième hiver. L’hypothèse sèdent des franges toutes semblables, car ils que l’oiseau D soit un des oiseaux A, B ou C revenu effectuent une mue complète de l’ensemble de sur son lieu d’hivernage l’année suivante pouvait leurs grandes couvertures, alors que les jeunes donc être formulée. Cependant, les Bruants nains ne les muent que partiellement, ce qui entraîne adultes effectuent une mue complètement en au- un contraste marqué entre les plumes muées tomne, avant leur migration. Dès lors, le plumage PHOTO 3 | L’extrémité pointue des rectrices est caractéristique des indi- vidus de premier hiver, comme c’est visible ici sur l’oiseau B / The tail feathers with pointed tips is a characteristic of first year individuals; seen here on bird B (29.12.2015, © Damien Gailly) PHOTO 4 | Chez l’oiseau B, les quatre grandes cou- vertures internes ont été muées et contrastent avec celles non-muées dont l’extrémité est un peu plus pâle. Cette différence de mue dans les couvertures révèle un oiseau de premier hiver / In bird B the inner four greater coverts have been moulted; they contrast with the other greater coverts, which are not moulted and whose tips are slightly more pale in colour. This diffence in the coverts' moult is typical of first winter birds (20.12.2015, © Mireille Henry) AVES 55/4 – 2018 163
d’un même oiseau peut potentiellement varier s’agissait ou non du même individu que l’oiseau fortement d’une année à l’autre et il n’est donc pas A. Tout d’abord, comme mentionné ci-avant, il raisonnable de comparer les plumages entre était plus farouche que l’oiseau B et assez peu deux hivers différents. Il n’est donc malheureuse- de photos de qualité étaient disponibles pour ment pas possible d’affirmer qu’il s’agissait bien permettre une analyse détaillée de son plumage. d’un retour sans un marquage individuel comme une bague scientifique. Il est toutefois apparu rapidement que cet oi- seau C, tout comme le B, montrait une colora- Les trois oiseaux observés lors du même hiver tion roussâtre au niveau de la gorge ainsi qu’au peuvent par contre être comparés entre eux. trait sous-mustacien, qui, à première vue, pouvait L’oiseau A présentait une coloration très rousse exclure l’oiseau A. Toutefois, il faut savoir qu’au au niveau de la barre alaire, et blanche au niveau printemps les Bruants nains peuvent subir une de la gorge et du trait sous-mustacien (Photo 5). mue prénuptiale partielle qui leur donne une Lors de la découverte de l’oiseau B, il fut facile coloration roussâtre accentuée au niveau de la de constater qu’il s’agissait d’un autre individu gorge, du trait sous-mustacien et de la couronne car celui-ci présentait des caractéristiques évi- (Van Duivendijk, 2011). Dès lors, vu le laps de temps dentes presque opposées à l’oiseau A : une barre de plus d’un mois qui s’était écoulé entre l’obser- alaire entièrement blanche dans les couvertures vation des deux oiseaux, il fallait s’assurer que moyennes, et des plumes très rousses à la gorge et au niveau du trait sous-mustacien (Photo 5). le changement de coloration ne résultait pas de ce changement de plumes. Des recherches Lors de l’apparition du bruant C, il a été plus dif- plus approfondies dans la littérature ont montré ficile, pour plusieurs raisons, de déterminer s’il que cette mue partielle a bel et bien lieu sur les a b PHOTOS 5a et b | Comparaison de plumage entre l’oiseau A et l’oiseau B. L’oiseau A, à gauche, montre une barre alaire roussâtre au niveau des moyennes couvertures et une gorge ainsi qu’un trait sous-mustacien blanc pur. L’oiseau B, à droite, présente les caractéristiques inverses : une barre alaire blanche au niveau des moyennes couvertures et une gorge ainsi qu’un trait sous-mustacien roussâtres / Comparison of the plumages of birds A and B. In bird A, on the left, the wing bar at the level of the median coverts is reddish in colour, the throat and submoustachial stripe are pure white. In Bird B, on the right, these characteristics are reversed; the wing bar at the level of the median coverts is white, the throat and the submoustachial stripe are reddish in colour (06.12.2015, © Noé Terorde / 03.01.2016, © Ben Steeman) 164 AVES 55/4 – 2018
a b PHOTOS 6a et b | Comparaison entre les oiseaux A et C. L’oiseau A, à gauche, montre une gorge et un trait sous-mustacien blancs, alors que l’oiseau C, à droite, est plus roussâtre à ces endroits du plumage / Compari- son of birds A and C. Bird A, on the left, has a white throat and submoustachial stripe; the plumage of bird C, on the right, at these points is more reddish in colour (06.12.2015, © Noé Terorde / 17.01.2016, © Serge Debrus) TABLEAU 1 | Caractères utilisés pour la comparaison du plumage des oiseaux A, B et C / Characters used for the comparison of plumage of birds A, B and C Individus Oiseau A Oiseau B Oiseau C Dates d'observation 6/12/2015 14/12/2015 – 21/03/2016 17/01 – 21/03/2016 Vraisemblablement Âge Premier hiver Premier hiver premier hiver Sexe Inconnu Mâle (chante mi-mars) Inconnu Gorge Entièrement blanche Roussâtre Roussâtre Trait sous-mustacien Entièrement blanc Roussâtre Presque entièrement roux Peut-être une muée, 4 muées Extrémités assez rousses (pas Grandes couvertures les autres toutes juvéniles à franges brun-roux de contraste) (franges chamois clair) Extrémité des moyennes Roussâtres Blanches Roussâtres couvertures (barre alaire) Flancs Traits noirs sur fond blanc Légers tons roux Fond roux bien marqué Peu contrasté, oiseau Le moins contrasté, Contraste général Le plus contrasté assez pâle en général mais à l’aspect le plus roux AVES 55/4 – 2018 165
sites d’hivernage, mais qu’elle ne débute que fin- L’observation d’oiseaux rares attire générale- février et se prolonge jusqu’en avril (Cramp et al., ment l’intérêt de nombreux ornithologues, qui 1994). Les photos utilisées pour examiner l’oi- essayent de comprendre les raisons de la pré- seau C datant du mois de janvier, on peut dès sence de ces espèces exceptionnelles. Souvent, lors affirmer que A et C sont deux individus dif- la cause est complexe et reste inconnue. Il existe férents, puisque la mue prénuptiale n’avait pas de nombreuses théories, qui ne seront pas dé- encore débuté (Photos 6a et b). Par conséquent, veloppées ici, visant à expliquer l’apparition il y a donc bien eu trois oiseaux différents durant d’espèces rares dans nos régions : migrations l’hiver 2015-2016 : les oiseaux B et C ont effec- inverses, abmigration (déplacement du lieu de tué un hivernage prolongé sur le site, alors que nidification d’un oiseau qui, lorsqu’il effectue sa l’oiseau A était un migrateur en halte. migration printanière, va suivre un groupe sur un nouveau site : assez fréquent chez les Ana- Bien qu’ils aient été présents simultanément, il tidae), dérive transatlantique, overshooting, était aussi possible de différencier l’oiseau B de invasions (Gilroy & Lees, 2003), perturbations l’oiseau C (Photo 2). Il a déjà été mentionné pré- lumineuses (LRBPO, 2013) ou dérèglement cli- cédemment que l’oiseau C avait une barre alaire matique (Marra et al., 2005). rousse dans les couvertures moyennes, alors que l’oiseau B montrait une barre alaire bien blanche. Cependant, dans le cas présent, il ne s’agit pas L’aspect général de l’oiseau C était également simplement d’un oiseau égaré, puisque trois plus roux, notamment au niveau de la couronne Bruants nains différents ont été observés durant et des flancs. l’hiver 2015-2016, et ce durant plus de 3 mois. L’hiver suivant, un oiseau est également resté sur Pour résumer, le Tableau 1 reprend les différents place pour une durée encore supérieure. Il s’agit caractères utilisés pour différencier les oiseaux A, donc de réels cas d’hivernage. B et C. Le Bruant nain est un oiseau nordique, nichant du nord de la Finlande à l’est de la Russie. Il hi- verne en Asie du Sud-Est, mais est cependant DISCUSSION noté occasionnellement en Europe occidentale (Svenson et al., 2010). Habituellement, ces oiseaux prennent donc une direction plein est lors de leur Statut du Bruant nain en Wallonie migration automnale, avant de bifurquer vers le et en Europe occidentale Sud-Est asiatique. Les données de Bruant nain ne sont pas excessi- Il est très difficile de déterminer d’où proviennent vement rares à l’échelle belge. Cependant, sur les les migrateurs observés en Europe, car malheu- 61 oiseaux homologués avant l’hiver 2015-2016, reusement, les reprises de baguage sont peu nom- 58 observations provenaient de Flandre. Les oi- breuses. La population finlandaise, par exemple, seaux A, B et C ne constituaient donc que les qua- compte entre 10.000 et 30.000 couples (Valkama trième, cinquième et sixième données wallonnes et al., 2011), alors que l’effectif mondial est estimé (BRBC, 2017). C’était également la première fois à 30-50.000.000 individus (Birdlife International, que deux oiseaux étaient observés ensemble 2018). Il y a donc à peu près autant de chances que en Wallonie. Les mentions précédentes concer- les oiseaux observés en Belgique proviennent de naient un individu observé aux marais d’Harchies Finlande que de plus loin. La seule certitude est le 7 avril 1990, un oiseau capturé et bagué aux qu’il existe une expansion vers l’ouest des zones Awirs (Flémalle) le 19 octobre 1991 et un indi- de nidification (Vogelwarte, 2018), qui induit très vidu ayant séjourné du 6 au 10 octobre 2000 à vraisemblablement une hausse des observations Hautrage (Prés du Grand Rieu). en Europe occidentale. 166 AVES 55/4 – 2018
TABLEAU 2 | Comparaison du nombre de Bruants nains observés et du nombre de sites concernés au cours des 10 derniers hivers en Belgique et aux Pays-Bas / Comparison of the number of Little Buntings observed and the number of sites involved in the last 10 winters in Belgium and the Netherlands (source des données : observations.be et waarnemingen.nl) Belgique Pays-Bas Hiver Nombre de sites Nombre d’oiseaux Nombre de sites Nombre d’oiseaux d’observation observés d’observation observés 2017-2018 9 9 35 35 2016-2017 9 12 53 59 2015-2016 6 7 46 52 2014-2015 4 4 27 27 2013-2014 0 0 37 41 2012-2013 1 1 28 29 2011-2012 2 2 16 16 2010-2011 1 1 16 16 2009-2010 2 2 25 25 2008-2009 6 6 15 16 En effet, il a été noté que les hivers 2015-2016 2018, à son retrait de la liste des espèces sou- et 2016-2017 ont été particulièrement fournis en mises à homologation. C’est d’ailleurs un choix observations de Bruants nains. Tant en Belgique qui tend à se généraliser en Europe occidentale. qu’aux Pays-Bas, le nombre d’individus, ainsi que Au Royaume-Uni, par exemple, cette espèce les sites où ils se laissaient observer, ont été plus est sortie de cette liste depuis 1994 déjà. Nos nombreux que lors des sept années précédentes. voisins hollandais ont fait de même en 2004. Le résumé des données provenant des portails Comme les recherches sont intenses dans ces observations.be et waarnemingen.nl se retrouve deux pays, il n’est pas si étonnant que le Bruant dans le Tableau 2. nain y soit détecté en plus grand nombre. En France et en Allemagne, cette espèce est ac- Cependant, il faut rester critique par rapport aux tuellement toujours soumise à homologation données fournies dans le Tableau 2. Il est par mais la question de la retirer de cette liste a déjà exemple certain que le nombre d’observateurs est été évoquée maintes fois. Le Grand-Duché de en hausse ces dernières années (Paquet & Derouaux, Luxembourg ne compte par contre qu’une don- 2018), ce qui joue forcément sur le nombre d’oiseaux née de l’espèce : un oiseau découvert le 9 avril détectés. Les observateurs sont également mieux 2017 qui était resté sur le même site durant 2 documentés et informés des moyens permettant semaines. de déceler cette espèce. De plus, de nombreuses données sont ajoutées grâce à la diversification D’autres mentions remarquables de l’espèce des outils de recherche, tels que l’enregistrement ont également été faites ces dernières années, des cris de contact en migration à l’aide de matériel là où l’espèce est très peu rencontrée (liste non- performant et leur transcription en sonagrammes. exhaustive) : Le nombre croissant d’observations de Bruant nain en Belgique a conduit, depuis le 1er janvier · 42001, fois 1 ex. aux Émirats Arabes Unis en 2000, 2012 et 2016 (GBIF, 2017) ; AVES 55/4 – 2018 167
· 1 ex. à Chypre le 11 avril 2011 ; Attractivité du site · 1 ex. au Koweït le 05 février 2012 ; d’Hermalle-sous-Argenteau · 1 ex. en Arabie Saoudite le 17 octobre 2013 ; Après les cas d’hivernage exceptionnels de · 2février fois 1 ex. au Maroc, en octobre 2013 et en 2016 (M O aghreb , 2017) ; rnitho Bruants nains à Hermalle-sous-Argenteau, une question se pose : pourquoi cet endroit plutôt qu’un autre ? · 1 ex. le 23 novembre 2015 à Oman ; En se penchant sur la géographie de la zone, il est · 1octobre ex. aux Îles Pélages (Linosa, Italie) le 18 2017 (D L , 2017) ; iscover ife possible de partiellement comprendre pourquoi ces oiseaux ont choisi ce site pour y hiverner ou · unsurhivernage faire halte. exceptionnel de 5 ou 6 oiseaux l’île de Fuerteventura (Canaries) entre le Premièrement, la vallée de la Meuse est un large 29 décembre 2017 et le 19 février 2018 ; couloir migratoire, arrivant du nord sur le bassin · une dizaine d’oiseaux lors de l’hiver 2017- 2018 en Israël (année exceptionnelle) ; liégeois. En y regardant de plus près, pour un oiseau migrateur venant du nord-est, il s’avère que cette friche destinée à accueillir le Trilogi- · 1 ex. en Mauritanie le 14 avril 2018. port, ainsi que les prairies (certaines également PHOTO 7 | Friche d’Hermalle-sous-Argenteau destinée à accueillir le Trilogiport, site 1 sur la Figure 1 / Uncultivated land at Hermalle-sous-Argenteau reserved for the Trilogiport; site 1 in Figure 1 (28.11.2016, © Noé Terorde) 168 AVES 55/4 – 2018
PHOTO 8 | Hermalle-sous-Argenteau, 06.12.2015, © Alain De Broyer en friche) qui l’entourent sont les derniers grands a permis d’y repérer d’autres espèces rares, sites pour s’arrêter, avant de voler au-dessus de comme le Hibou des marais Asio flammeus, le la ville de Liège. Pouillot brun Phylloscopus fuscatus, le Pouillot à grands sourcils Phylloscopus inornatus ou encore De plus, à une échelle plus générale, le bassin le Pipit à gorge rousse Anthus cervinus, parmi les liégeois constitue lui-même la limite entre la oiseaux migrateurs et hivernant souvent pré- Basse et la Moyenne Belgique d’une part et la sents en nombre. Il en est de même pour plu- Haute Belgique d’autre part, qui débouche sur sieurs espèces de limicoles, peu fréquentes en l’Ardenne, et donc sur un relief plus accidenté dehors des espaces côtiers, qui ont fait halte au convenant moins à certaines espèces. niveau des nouveaux plans d’eau peu profonds. Le Bruant nain affectionne tout particulièrement Ces friches si riches sont généralement de nature les milieux marécageux. Dans l'ouest de son aire temporaire et ont malheureusement tendance à de répartition, il niche par exemple dans des pe- disparaître de nos régions. C’est le cas de la friche tits bouleaux et arbrisseaux nains sur sols hu- d’Hermalle-sous-Argenteau, qui est actuellement mides, en bordure de lacs et de rivières (Cramp et en plein chantier. Depuis deux ans, le lancement al., 1994). Une friche humide est donc probable- des travaux a mené à la pose d’une clôture et à ment attractive pour un Bruant nain en quête de l’interdiction de circuler, au plus grand dam des zones d’hivernage (Photos 7 et 8). ornithologues. Cependant, les prairies alentour et les zones de compensation, malheureusement Évidemment, ce type de milieu n’est pas propice de qualité moindre à cause d’une gestion de la qu’au seul Bruant nain. Dès l’automne 2015, un végétation qui n'est pas toujours adaptée, sont petit engouement pour une prospection plus toujours accessibles et révéleront probablement assidue des friches d’Hermalle-sous-Argenteau encore de belles surprises. AVES 55/4 – 2018 169
Identification du Bruant nain Le Bruant nain appartient à la famille des embérizidés, qui compte 44 espèces répar- ties à travers le monde (IOC, 2016). Les oiseaux de cette famille sont dans l’ensemble plus terrestres que les fringillidés et se nourrissent entre autres de graines de graminées. Le Bruant nain, comme son nom l’indique, est assez petit (12-13,5 cm). À première vue, il est fort semblable au Bruant des roseaux en plumage inter-nuptial ou juvénile. Il s’en distingue notamment par sa taille inférieure, même si cette différence est souvent imperceptible sur le terrain, à moins que les deux espèces ne soient observées côte à côte. 2 1 PHOTO 9 | Critères 7 permettant l’identi- fication du Bruant nain — voir texte / 3 Criteria for the iden- tification of the Litt- le Bunting — cf. text 6 5 (17.01.2016, © Robin Gailly) 4 Les numéros pointés sur cette photo sont détaillés ci-dessous. Ils permettent de différencier le Bruant nain du Bruant des roseaux et de toute autre espèce pouvant lui ressembler. Le Bruant nain est caractérisé notamment par des couvertures parotiques brun-roux avec une étroite bordure inférieure noire (en 1 sur la photo ci-dessus). Les côtés de la ca- lotte sont noirs et bordent une raie centrale également brun-roux (en 2). Notons éga- lement la présence d’un net cercle oculaire blanc (en 3). Les ailes ont une teinte géné- rale brun-roux, avec présence d’une barre alaire blanche au niveau des couvertures alaires moyennes (en 4). Ce ton plutôt brun-roux des ailes contraste avec le dos ten- dant plus vers le gris-brun. Les petites couvertures alaires sont aussi plutôt grisâtres (en 5). Enfin, les flancs et la poitrine sont clairs et généralement finement striés de noir (en 6), tandis que les pattes sont assez claires, de couleur chair. Le bec court et gris, dans de bonnes conditions d’observation, révèle un culmen droit (en 7). Le Bruant des roseaux est beaucoup plus commun dans l’ensemble de nos régions et s’ob- serve souvent à proximité de zones humides, là où on peut potentiellement aussi espérer trouver un Bruant nain. Le Tableau 3, présente les critères permettant de différencier ces deux espèces et cette comparaison est illustrée à la page suivante. 170 AVES 55/4 – 2018
TABLEAU 3 | Liste des critères permettant de différencier le Bruant nain du Bruant des roseaux / List of criteria to differentiate the Little Bunting Emberiza pusilla of Reed Bunting Emberiza schoeniclus Bruant nain Bruant des roseaux Critère de différenciation (Emberiza pusilla) (Emberiza schoeniclus) Barre alaire (couvertures moyennes) (A) Blanche − Petites couvertures alaires (B) Gris brunâtre Brun-roux Couleur des parotiques (C) Brun-roux avec nette bordure noire Légèrement grisâtre Raies latérales de la tête (D) Noire Brun-gris Raie centrale de la tête (E) Brun-roux Plus pâle mais diffuse Cercle oculaire (F) Blanc et net Peu marqué Couleur des pattes (G) Couleur chair Brun-rougeâtre ou brun-gris Bien sûr, en plus de tous ces critères visuels et comme souvent, le cri permet de différencier ces deux espèces. Le Bruant nain crie de manière très discrète. Il émet un « psiit » court, dur et aigu qui peut très facilement passer inaperçu ou être confondu avec d’autres espèces. Ce cri peu caractéristique rappelle par exemple celui de la Grive musicienne Turdus philomelos mais sonnant moins fort. Il se différencie cependant aisément du cri du Bruant des roseaux, qui est plus sifflé, traînant et descendant. Le véritable challenge est donc de détecter le contact discret du Bruant nain parmi les cris émis par l’ensemble des oiseaux alentour. D E D E PHOTO 10 | Compa- C F C raison entre Bruant nain, à gauche, et Bruant des roseaux F à droite / Com- parison between B the Little Bunting B A Emberiza pusilla, A on the left, and the Common Reed Bunting Emberiza G schoeniclus on the G right (08.12.2016, © Noé Terorde / 01.11.2014, © J.-M. Poncelet) AVES 55/4 – 2018 171
CONCLUSION REMERCIEMENTS Des hivernages exceptionnels de cette es- Nous remercions tout d’abord Alain De Broyer et pèce en Wallonie lors des hivers 2015-2016 et Miguel Demeulemeester, qui, avec leurs connaissances 2016-2017, il ressort deux conclusions princi- pointues des plumages et des mues, ont grandement aidé dans l’analyse des différents oiseaux. À cet égard, nous pales. remercions également l’ensemble des photographes qui D’une part, l’analyse détaillée des plumages des ont transmis généreusement leurs clichés. Même si toutes individus ayant séjourné lors de l’hiver 2015- les photos n’ont pas été publiées, elles auront toutes été 2016 a permis de déterminer avec certitude très utiles lors de la comparaison des différents plumages. qu’il y avait bel et bien trois oiseaux présents. Merci également aux ornithologues étrangers qui ont L’individu observé lors de l’hiver suivant pour- fourni les observations du Bruant nain et son statut dans rait être l’un de ceux de 2015-2016 puisqu’il différents pays. s’agissait d’un adulte et que les oiseaux ont tendance à montrer une fidélité à leurs sites Bien sûr, nous n’oublions pas non plus les relecteurs et d’hivernage. Il n’a cependant pas été possible leurs précieuses remarques pour la finalisation de ce texte. de le prouver sans un marquage individuel de Merci également à Jean-Paul Jacob qui a pris l’initiative de l’oiseau, car les Bruants nains adultes muent en- motiver ce projet et en a assuré le suivi. tièrement avant leur migration postnuptiale et peuvent dès lors avoir une apparence complète- ment différente d’un hiver à l’autre. BIBLIOGRAPHIE D’autre part, vu les mentions de cette espèce en Belgique et dans d’autres pays d’Europe occi- Birdlife International (2018) : Little Bunting - Emberiza pusilla. http://datazone.birdlife.org/species/factsheet/ dentale, ou même du Paléarctique occidental, il 22720954, consulté le 18.08.2018 • BRBC (2017) : Da- s’avère très clairement que les observations sont tabase - Emberiza pusilla. www.belgianrbc.be/, consulté à la hausse ces dernières années. Il est certain le 23.01.2018 sur Belgian Rare Bird Committee • Cramp, que le nombre d’observateurs présents sur le S., Perrins, C., Brooks, D. J., Dunn, E., Gillmor, R., Hall- terrain augmente, parallèlement à une diversi- Craggs, J., et al (1994) : Handbook of the Birds of Europe the Middle East and North Africa. The Birds of the Western fication des techniques de détection. Du coup, Palearctic. Volume 9: Buntings and New World Warblers. il est difficile de savoir quelle proportion de ces Oxford: Oxford University Press • Discover Life (2017) : observations récentes est due à une évolution Emberiza pusilla. https://www.discoverlife.org/, consul- des routes migratoires, et quelle part est due à té le 18.08.2018 • GBIF (2017) : Emberiza pusilla. www. l’intensification des recherches. Sachant que la gbif.org/species/2491544, consulté le 18.08.2018 sur GBIF - Global Biodiversity Information Facility • Gilroy, J. population mondiale de Bruants nains est très J., & Lees, A. C. (2003) : Vagrancy theories: are autumn importante et s’étant vers l’ouest, et qu‘il s’agit vagrants really reverse migrants? British Birds, vol. 96, pp. d’un oiseau effectuant de longues migrations de 427-438 • IOC (2018) : IOC World Bird List version 8.2. plusieurs milliers de km, il n’est pas du tout éton- www.worldbirdnames.org/bow/buntings/, consulté le 18.12.2018 • LRBPO (2013) : Éclairage artificiel et biodi- nant de le retrouver de manière plus régulière versité. L'homme et l'oiseau, pp. 28-39 • MaghrebOrnitho en Belgique. Le nombre détecté aujourd’hui est (2017) : Little Bunting (Emberiza pusilla) at Ceuta. www.ma- d’ailleurs encore certainement sous-estimé par gornitho.org/, consulté le 11.03.2018 • Marra, P., Mul- rapport aux réels hivernants. vihill, R. S., Francis, C. M., & Moore, F. R. (2005) : The influence of climate on the timing and rate of spring bird migration. Oecologia, vol. 142, pp. 307-315 • Paquet, J.-Y., 172 AVES 55/4 – 2018
Derouaux, A. (2018) : Observations.be, 10 ans d’obser- SUMMARY vations naturalistes en Belgique francophone. Colloque « 10 ans observations.be », le 25.11.2018 à Namur, Natagora • Svenson, L., Mullarney, K., & Zetterström, D. Exceptional over-wintering of (2010) : Le guide ornitho. Paris: Delachaux et Niestlé • Little Bunting Emberiza pusilla at Valkama, J., Vepsäläinen, V., & Lehikoinen, A. (2011) : The Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye) Third Finnish Breeding Bird Atlas. Finnish Museum of Na- tural History and Ministry of Environment. http://atlas3. During the winter of 2015-2016 a lintuatlas.fi/results/species/little%20bunting, consulté le Little Bunting was discovered in an 01.06.2018 • Van Duivendijk, N. (2011) : Advanced Bird ID area of uncultivated land at Her- Handbook - The Western Palearctic. London: New Holland malle-sous-Argenteau. Although the • Vogelwarte (2018) : Bruant nain. www.vogelwarte.ch/fr/ observation of this species in Wal- oiseaux/les-oiseaux-de-suisse/bruant-nain, consulté le lonia is already a rare event, a few 18.08.2018 days after the first individual disap- peared, two more birds were found in the same location. A bird also stayed there the following winter. These observations are described in this article. A careful examination of the plumage of the different birds shows that the three Little Buntings observed during the 2015-2016 win- ter were three different individuals and that two of those birds spent the winter there. The bird observed there in the following winter may possibly be one of these birds that had returned to its over-wintering site. In recent years there has been a marked increase in observations of the Little Bunting in Western Europe and in Belgium, where most of the reported sightings are from Flanders. As a result, the Little Bun- ting has recently been removed from the Belgian list of the Belgian Rare Birds Committee. The same is happening generally across Western Europe. AVES 55/4 – 2018 173
Une nuit à l'écoute des rapaces nocturnes Le 23 mars, les volontaires de Natagora se mobilisent pour la Nuit des Chouettes. Partout en Wallonie et à Bruxelles, des guidances nocturnes sont organisées pour le plus grand plaisir des petits et des grands pour une nuit de sensibilisation en l'honneur des rapaces, protégés en Belgique depuis 1972. Chouettes et hiboux ne sont pas des animaux faciles à observer. Extrêmement discrets, ils chantent uniquement durant leur période de reproduction qui s’étend de la mi-novembre à la fin mars. Pour faire découvrir les spécificités de ces espèces, Natagora, comme d’autres associations partout en Europe, organise une Nuit des chouettes et hiboux. Des activités familiales sont organisées partout en Wallonie et à Bruxelles le soir du 23 mars : des sorties nocturnes, conférences, projections, contes, expositions, bricolages, expériences scientifiques… C’est le moment d’aiguiser tous ses sens ! Ce sera aussi l’occasion pour Natagora de rappeler les menaces qui guettent notre faune : destruction des habitats, raréfaction des sites de nidification, intensification agricole, trafic routier... Les participants découvriront des pistes pour agir au quotidien afin de protéger ces animaux indispensables à l'équilibre de nos écosystèmes. Le 23 mars prochain, plongez dans la magie de la nuit avec Natagora ! Par ailleurs, nous sommes encore à la recherche de guides motivés pour orga- niser ce type de ballade. Nous fournissons aux personnes se lançant dans cette aventure des outils pour faciliter la mise en place de cet évènement. Voici en quelques mots ce que votre inscription permet : • de vous envoyer les outils néces- • de garantir votre visibilité sur le site saires au bon déroulement de vos dédié : www.natagora.be/chouettes opérations (plus d'informations via notre carte interactive ; dans le formulaire) ; • de vous inscrire à une formation le • de vous fournir un documentaire samedi 17 mars sur ces guidances pédagogique sur la chouette che- particulières (voir formulaire). vêche dont nous avons • Toutes ces informations seront obtenu les droits détaillées dans les prochaines de diffusion ; dépêches spécialisées. FORMULAIRE D’INSCRIPTION SUR natagora.be/ chouettes 174 AVES 55/4 – 2018
Oiseaux rares en Belgique en 2017 Rapport de la Belgian Rare Birds Committee Aves 55/4 – 2018 – 175-196 Wouter Faveyts, Frédéric Vanhove, Stijn Baeten, Raphaël Lebrun, Joris Elst et les membres de la BRBC Isapi RÉSUMÉ Ce rapport de la Belgian Rare Birds Committee traite 239 données d’oiseaux rares observés en Belgique en majorité en 2017. 165 données ont été acceptées en catégorie A, 30 en catégorie E et 44 données ont été refusées. Quelques données antérieures, dont l’analyse n'avait pas encore été publiée, sont également incluses. La liste belge a été enrichie de trois nouvelles espèces : l’Albatros à sourcils noirs, le Guêpier de Perse et la Pie-grièche schach. Parmi les autres faits saillants, épinglons une deuxième donnée de Pluvier bronzé ; une troisième donnée de Buse féroce, la quatrième mention du Goéland railleur, ainsi que les quatrième et cinquième données de Locustelle de Pallas. L’année 2017 compte un nombre record de don- nées d’Océanite tempête et d’Élanion blanc observés. L’année est aussi la seconde meilleure année pour le Vautour fauve. AVES 55/4 – 2018 175
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