LA RIPOSTE S'ORGANISE - Regards
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Les Éditions Regards 242, boulevard Voltaire, 75011 Paris redaction@regards.fr Direction Clémentine Autain & Roger Martelli Directeur artistique Sébastien Bergerat - da@regards.fr Comité de rédaction Pablo Pillaud-Vivien, Pierre Jacquemain, Loïc Le Clerc, Guillaume Liégard, Roger Martelli, Gildas Le Dem, Catherine Tricot, Laura Raim, Marion Rousset, Jérôme Latta Administration et abonnements Karine Boulet - abonnement@regards.fr Publicité Comédiance - BP 229, 93523 Saint-Denis Cedex Scop Les Éditions Regards Directrice de la publication et gérante Catherine Tricot Photo de couverture CC MARS 2020 | Regards | 2
SOMMAIRE MARS LA RIPOSTE S’ORGANISE #METOO, ACTE 2 # De #MeToo au procès Weinstein : « La France est à la traîne » # Despentes et des armes # Réjane Sénac sur les violences sexuelles : « Nous avons besoin de juges mieux formés » # ÉDITO. César 2020 : l’ombre et les Lumières ON SE LÈVE ET ON SE CASSE ! # TRIBUNE. Appel pour un comité de soutien aux mobilisations sociales # Retraites : face aux paroles trompeuses des personnages officiels, une Assemblée populaire ! # TRIBUNE. Une assemblée de riposte aux violences d’État MARS 2020 | Regards | 3
#METOO, ACTE 2
De #MeToo au procès Weinstein : « La France est à la traîne » Harvey Weinstein coupable ! C’est la première grande victoire du mouvement #MeToo, lancé en octobre 2017. Que faut-il en penser ? Et la France dans tout ça ? On a causé avec Anaïs Leleux. Regards. Ce lundi 24 février, culpabilisées, au motif qu’elles avaient Harvey Weinstein a été re- pu le suivre dans une chambre, conti- connu coupable d’agression nuer à travailler avec lui. Ce que la so- sexuelle et de viol. Il risque ciété entière leur criait, c’est qu’au fond, entre 5 et 29 ans de prison elles l’avaient bien cherché. Le reste du (la peine sera rendue le 11 temps, elles étaient considérées comme mars prochain). Son avocate des menteuses uniquement attirées par a annoncé qu’il fera appel. l’argent. Mais c’est évidemment, plus Cette condamnation, c’est une largement, une très bonne nouvelle pour bonne nouvelle ? toutes celles et ceux qui ont un jour subi Anaïs Leleux. Oui, c’est une très la violence sexuelle. La justice n’est que bonne nouvelle. Avant tout pour les nom- trop peu rendue, c’est d’ailleurs assez breuses victimes de cet homme, qui ont effrayant qu’on en soit là, à se réjouir subi ses actes puis ont été calomniées, autant que justice soit rendue. Mais si MARS 2020Mars 2020 | Regards | 5
ce verdict a été possible, c’est que les c’est cracher au visage de toutes les vic- temps changent. Très doucement, mais times. Ça veut dire «ce n’est pas si grave sûrement. C’est d’ailleurs un message de violer des femmes». » J’irais même important envoyé aux hommes puissants plus loin : « C’est pas grave de violer qui bénéficient d’une impunité plus des enfants ». Et effectivement, ce n’est grande encore que les hommes lamb- pas grave dans ce pays où un enfant sur das : « Vous n’êtes pas si intouchable cinq est victime de violences sexuelles que vous pouvez le croire. Et cela va finir et 96% des agresseurs ne sont pas éloi- par vous rattraper. » gnés par la justice des enfants qu’ils ont violentés. Donc pourquoi Polanski n’irait « Il va nous falloir encore un peu pas se pavaner aux César ? Pourquoi ne de temps avant qu’on ait notre procès se poserait-il pas en victime ? Pourquoi Weinstein, ce ne sont pourtant pas ses n’aurait-il pas le culot de se comparer équivalents français qui manquent. » à Dreyfus ? Quand, en plus, il est sou- tenu par des gens qui nous disent que Pendant ce temps-là, en ce film est génial et qu’il faut séparer France, on a Roman Polanski l’homme de l’artiste. Encore un principe nommé douze fois aux César, inventé par des hommes puissants pour dont la cérémonie aura lieu protéger des hommes puissants. On vendredi prochain. Qu’en n’entendra jamais pour protéger un bou- dites-vous ? langer pédocriminel « oui mais quand Ce qui m’interpelle c’est la temporalité. Il même, il fait des supers baguettes, on y a quelques mois l’ensemble du cinéma peut quand même séparer l’homme du français applaudissait Adèle Haenel, son boulanger ». En tous cas, clairement, la courage, lançait des « plus jamais ça » et France est à la traîne. Et on justifie ça affichait une apparente volonté de se re- par une exception française, un truc mettre en question. On a beau savoir que vaseux qu’on essaye de faire passer les promesses n’engagent que celles et pour de la séduction mais qui est plutôt ceux qui y croient, il y a de quoi avoir en- hérité du droit de cuissage. Adèle Hae- vie de tout cramer. Invitée à réagir, Adèle nel est la première star française à avoir Haenel a estimé : « Distinguer Polanski, témoigné, levé la voix comme elle l’a fait. MARS 2020Mars 2020 | Regards | 6
#METOO, ACTE 2 Des années après Alyssa Milano, Rose McGowan et d’autres. J’imagine qu’il va nous falloir encore un peu de temps avant qu’on ait notre procès Weinstein, ce ne sont pourtant pas ses équivalents français qui manquent. L’affaire Weinstein a été le déclencheur du mouvement nicides, pourquoi se mobiliserait-on #MeToo aux États-Unis. La contre les violences sexuelles ? Il faut France est-elle passée à côté ? se souvenir du traitement médiatique Un petit élément de contexte déjà : on de l’affaire DSK. En termes de culture est actuellement dans la quatrième du viol, on en tient une couche dans vague féministe, qui comporte la lutte ce pays ! Par ailleurs, une étude réalisé contre les violences sexuelles mais aussi par Ipsos pour l’association Mémoire la lutte contre les féminicides. Le point Traumatique montre que les représen- de départ de cette vague, c’est le fémini- tations des Français sur le viol, avant cide d’une petite Argentine, Chiara Paez, et après #MeToo, n’a pas vraiment en 2015. Les Argentines marchent sur changé. Certaines réponses sont même le Congrès, elles sont 300.000 dans les pires qu’avant ! Ce qui est sûr c’est que rues de Buenos Aires, c’est le début du #MeToo puis #BalanceTonPorc ont per- mouvement « Ni una menos » (Pas une mis à des tas de Françaises de réaliser de moins). Puis le mouvement se régio- que ce qu’elles avaient vécu, des mil- nalise et les militantes commencent à lions d’autres l’avaient vécu. Et que ces soutenir les women’s marches contre violences qu’elles avaient intériorisés Trump. Et survient #MeToo. En France, n’avaient pas à être banalisées, qu’elles il a fallu attendre l’an dernier pour que la n’étaient pas normales. Mais la réaction société se mobilise massivement contre des « élites » intellectuelles, politiques, les féminicides. Si, dans ce pays, on médiatiques, n’a pas été à la hauteur. n’est pas globalement capable de se mobiliser plus que ça contre les fémi- propos recueillis par loïc le clerc MARS 2020Mars 2020 | Regards | 7
Despentes et des armes En moins de 24h, la tribune de Virginie Despentes a été très largement partagée sur les réseaux sociaux. Plus d’un million de lecture sur le site de Libération. Ce que nous disent les mots indignés de l’écrivaine. Analyse. Le moment est à l’indignation générale. rien d’étonnant dans le choix des César Les colères sont plurielles. Elles se re- de d’honorer la réalisation du « J’accuse joignent parfois. Elles se dispersent le » de Polanski. Qu’il y a deux mondes. Le plus souvent. La convergence se lit et monde des puissants. Et l’autre monde, se prononce partout mais personne n’y celui des opprimés. met du liant. La parole politique est dis- qualifiée. Celle des intellectuels, injuste- « Les plus puissants entendent dé- ment balayée. Il faut prendre au pied de fendre leurs prérogatives : ça fait partie la lettre ce que nous dit Despentes : « de votre élégance, le viol est même ce Que ça soit à l’Assemblée nationale ou qui fonde votre style. La loi vous couvre, dans la culture, vous, les puissants, vous les tribunaux sont votre domaine, les exigez le respect entier et constant. Ça médias vous appartiennent. » vaut pour le viol, les exactions de votre police, les César, votre réforme des re- Et d’ajouter : « Alors tous les corps assis traites. En prime, il vous faut le silence ce soir-là dans la salle [la salle Pleyel de victimes », écrit-elle dans la tribune qui accueillait la cérémonie des César] publiée par Libération qui a recueilli en sont convoqués dans un seul but : véri- à peine 24 heures plus d’1,3 million de fier le pouvoir absolu des puissants. Et visites. C’est la première à exprimer cela. les puissants aiment les violeurs. » Et les À expliquer que tout est lié. Qu’il n’y a commentaires indignés par la tribune de MARS 2020Mars 2020 | Regards | 8
#METOO, ACTE 2 Despentes montrent à quel point elle a gueuler quoi quand depuis des mois, visé juste. Les puissants ont été mis à voire des années, plusieurs milliers de nus. Comme touchés en plein cœur. citoyens gueulent chaque jour sur les Au fond, Despentes nous parle de ronds-points et les rues de France pour l’impuissance des puissants. Celle des dénoncer l’inaction climatique du gou- opprimés. Celle des éborgnés, des vernement. Pour dénoncer l’inaction du femmes, des précaires, des migrants. gouvernement sur les violences faites Celle de ceux et celles qui luttent aux femmes. Pour dénoncer la préca- chaque jour pour leur survie. Despentes rité. Pour dénoncer la privatisation de la nous parle aussi de la puissance des SNCF. Pour dénoncer la contre réforme impuissants. Celle des dominants. « Des des retraites. Pour dénoncer l’injustice. boss, des chefs, des gros bonnets », Le texte de Despentes est d’une puis- comme elle dit. Celle de ceux qui luttent sance incommensurable. Parce qu’il chaque jour pour accroître leur héritage. est d’une lucidité alarmante. Elle a les Un monde bien conscient des intérêts mots pour le dire. Comme personne ne qui sont les siens. Un monde orga- saurait les dire. C’est aussi là, le rôle de nisé pour préserver ses intérêts. Les l’écrivain. De nous aider à comprendre le intérêts d’une caste. Despentes nous monde. De nous aider à penser un autre parle de ce monde organisé. Elle nous chemin. Difficile de distinguer l’auteure parle aussi de ce monde désorganisé. de la citoyenne engagée. La gauche n’a Abandonné par les impuissants d’une pas su appeler les citoyens à se lever. gauche en déshérence. Et Despentes À se casser. À gueuler. Ou plutôt si, les de leur proposer « qu’on se lève, qu’on citoyens se sont cassés des rangs de la se casse ». Et « qu’on gueule ». Ok pour gauche. Ils ont déserté la gauche. se lever, ok pour se casser. Ok pour Le monde du cinéma, cette merveilleuse gueuler. Ok pour tout ce que propose industrie qui nous irrigue de créations Despentes. Mais pour se casser où et jusqu’à plus soif, il pue, on l’aura com- MARS 2020Mars 2020 | Regards | 9
pris. Mais on ne peut pas s’en passer, à Roman Polanski, ses limites. Ce que on ne peut pas dire merde au cinéma nous dit Virginie Despentes, c’est donc : et faire comme si on allait tourner gen- dégagez de ces lieux de merde où toute timent la page. Et ça vaut pour de nom- ambition d’émancipation collective est breux autres endroits de notre société, impossible et investissez-en d’autres. à commencer par la politique. Prenons Le problème, c’est qu’aujourd’hui on l’Assemblée nationale : sous prétexte juge une oeuvre cinématographique que nous ne sommes que groupuscu- trop souvent à l’aune de sa popularité laire dans l’enceinte du Palais Bour- numérique et l’on ne fait de la politique bon, devrions-nous attendre de nos qu’à l’Assemblée nationale. Que n’a-t-on représentants qu’ils se lèvent et qu’ils se déjà entendu les commentateurs spé- cassent en gueulant « la honte » ? C’est cialistes de la question considérer que, ce qu’ils font parfois et on ne peut que parce qu’un tel avait été battu dans les reconnaître que c’est une bonne chose. urnes, cela signifiait la fin de sa carrière Seulement, pour le cinéma comme pour politique ? De la même manière, que la politique, ce n’est pas une fin en soi. n’a-t-on aussi déjà entendu tel acteur ou Et c’est ce que révèle le cri de Virginie telle actrice de cinéma nous répondre Despentes : la toute-puissance des qu’une prise de position politique ou un dominants nécessite, de notre part, une engagement pourrait être problématique réponse radicale à la hauteur de leur pour sa carrière ? Les puissants et les violence dont ils se défendent si mal. dominants nous tiennent en laisse, à la Le texte enragé prend aux tripes et aux merci de leur volonté politique et morale couilles. Il nous intime de nous barrer – c’est un fait – parce qu’ils tiennent les pour ne pas accepter la domination, cordons de la bourse et font trop sou- les dominations. Ok, dont acte. Mais du vent les règles du jeu politique et média- coup, on va où ? L’entrisme dans l’Ins- tique. titution, qu’elle soit incarnée par le Par- Dès lors, l’enjeu est double : récupérer lement ou par la soirée des César, a at- la main sur ces espaces (pouvoir poli- teint, avec l’utilisation du 49.3 pour faire tique, industries culturelles) pour en pro- passer en force la réforme des retraites poser une vision nouvelle portée par un et avec la remise du prix de la réalisation renversement des normes sociales et MARS 2020Mars 2020 | Regards | 10
#METOO, ACTE 2 de domination, et/ou créer des alter-es- paces à même de proposer cette même vision. Dans les deux cas, la nécessité première, c’est de porter un récit puis- sant, à même de contrer le rouleau-com- presseur néolibéral, patriarcal et raciste qui nous fait face. Ensuite, il faut des- cendre dans la rue, ne pas rester dans les lieux confinés du pouvoir. Bien enten- du, certains le font, des député-es, des réalisateur-trices, des acteur-trices et il faut savoir leur rendre hommage. Mais Ce peut être un grand moment politique. on ne peut s’en arrêter là : un horizon ne Ce doit être un grand moment politique. peut se construire à quelques uns pour Car les inquiétudes sont nombreuses et s’imposer, même en douceur, aux autres. les dominants semblent plus forts que Il se construit à toutes et à tous. Alors, si jamais. Mais on ne pourra en rester là gueuler il faut, ce n’est pas qu’aux César : le grand moment politique, c’est aussi et à l’Assemblée nationale, c’est aussi quand toutes et tous réussiront à trou- dans les entreprises et dans les rues, ver la légitimité et la force pour gueuler dans les familles et dans les soirées ensemble sur ceux qui se satisfont de entre ami-es, bref, partout où l’on peut – ce monde où les dominations les plus et même si l’on peut pas. Souvent, cela insupportables semblent des évidences. nécessite une sacrée dose de courage, Gueuler est un projet politique car les c’est vrai, et c’est pour cela que le récit puissants savent parfaitement que tous général dans lequel cette rage doit s‘ins- ces cris vibrent en fait au même dia- crire est au moins aussi important que la pason. Trouvons ensemble les voies rage elle-même. et moyens pour l’articuler. Et l’on sera Mardi, les oppositions parlementaires invincible. auront le droit de défendre leur motion de censure à la suite de l’utilisation de pierre jacquemain l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. et pablo pillaud-vivien MARS 2020Mars 2020 | Regards | 11
Réjane Sénac sur les violences sexuelles : « Nous avons besoin de juges mieux formés » Dimanche 8 mars – journée internationale des droits des femmes – revêt un caractère tout à fait exceptionnel : 16ème féminicide de l’année, Polanski récompensé aux César, réforme des retraites, etc. Réjane Sénac, directrice de recherche CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po/CEVIPOF et auteure de L’égalité sans condition. Osons nous imaginer et être semblables, est l’invitée de #LaMidinale. SUR LE CONSENTEMENT « Il n’y a pas de liberté sans égalité. » « C’est une question centrale au- « Il est important de penser les vio- jourd’hui et qu’on voit dans le terme lences comme un continuum et de dé- “consentir” qui est tout à fait ambivalent. » construire notre rapport à la liberté. » « On voit qu’on est dans des rapports « Il y a une forme de dépolitisation : de domination et d’expression d’une on fait comme si on était toutes et tous domination qui peut être dans un conti- égaux dans notre rapport au monde. » nuum de violences. » « Ce sont celles et ceux qui subissent « On est dans une société où il y a une la domination qui sont à l’avant-garde de asymétrie très grande dans l’expression la déconstruction. » de l’autonomie de chacun. » « Le #JeSuisVictime montre qu’il y a MARS 2020Mars 2020 | Regards | 12
#METOO, ACTE 2 une volonté de se réapproprier ce vécu- donnés à la justice pour rendre justice là pas comme honteux mais comme un réellement. » outil de déconstruction. » « Pour qu’il y ait une justice qui soit « Certains revendiquent encore que la juste s’agissant des condamnations des domination est l’expression d’une liberté, violences sexistes et sexuelles, il faudrait qu’elle soit artistique ou personnelle. » faire comme en Espagne, c’est-à-dire « Il faut assumer une politisation qui avoir des juges formés. Et pourquoi pas ne soit pas esthétique ni sympathique créer des cours spécifiques. » et qui soit de l’ordre aussi de la dénon- « Il y a un sujet de classe sociale : la ciation de certains comportements et de justice n’est pas la même en fonction de certaines personnes. » la capacité que vous avez de pouvoir vous défendre avec des capitaux écono- SUR LA JUSTICE ET miques et culturels. » L’INSCRIPTION DU TERME “FÉMINICIDE” DANS LA LOI SUR LA CÉRÉMONIE DES CÉSAR « Les luttes ne sont pas contradic- « On pouvait avoir l’illusion qu’on était toires les unes avec les autres et il ne dans un “après” : un après l’omerta, faut pas hiérarchiser. » un après loi du silence et le fait que ce Le fait de reconnaitre juridiquement n’était plus possible de faire semblant ce type de réalité est pour moi essentiel. ou de ne pas voir et ne pas prendre au Il est certain qu’il faut faire attention aux sérieux les enjeux. » effets pervers, et ça existe parfois dans « Il y a une cohabitation entre un par- le droit : quand on reconnait une nouvelle terre de bienpensants qui revendiquent qualification, elle peut permettre parfois leur adhésion au féminisme, à l’antira- de déqualifier donc il faudra être vigilant. cisme et à la lutte contre les inégalités Mais les effets pervers ne doivent pas et ; dans le même temps, il y a ceux qui empêcher les avancées. » ont rendu possible le fait de primer en « Il y a un vrai problème de moyens son nom propre un réalisateur qui a été MARS 2020Mars 2020 | Regards | 13
condamné pour abus sexuel sur une Sur la dénonciation de puritanisme mineure de 13 ans. » « Le fait d’utiliser le terme de “purita- « La réalité a peu été regardée en nisme” pour discréditer toute dénon- face, même pendant cette cérémonie. ciation de comportements illégaux ou On a été dans le second degré comme décalés relève d’une facilité de dandy. avec Florence Foresti - c’est son job C’est une facilité parce que c’est faire mais ça me met mal à l’aise parce qu’il croire que la liberté s’oppose à l’égalité s’agit de sujets qui doivent être pris au et inversement. » sérieux - et ce chemin par l’humour reste « Il est nécessaire de prendre pour moi une forme de déviation, de dé- conscience du fait que nous ne serons politisation. » toutes et tous, chacune et chacun, libres « Ce qu’ont dit Aïssa Maiga et Adèle dans l’expression de nos choix et désirs Haenel, c’est qu’il n’est plus possible, que quand nous seront égaux. » aujourd’hui, de faire cohabiter des re- « Qualifier ceux et celles qui dé- vendications égalitaires et des pratiques construisent ou qui veulent porter une qui sont des pratiques d’exclusion. » société qui ne soit pas une société de « Les monstres sont avant tout ceux domination ou de puritain, c’est juste qui continuent à faire tourner et fonction- se mettre hors-sujet et faire en sorte de ner ce système tout en étant dans des continuer à vivre une vie de privilégié et registres de bonne conscience. » de dominant sans culpabilité. » « Le cinéma n’est pas hors société. Comme dans tout lieu d’ailleurs. Il y a SUR LA PLACE DES FEMMES des règles à respecter. » DANS LA SOCIÉTÉ D’UN « Il faut que le cinéma cesse de se POINT DE VUE POLITIQUE, voir comme un lieu supérieur, comme un ÉCONOMIQUE ET MÉDIATIQUE lieu hors société, hors application des « On voit une persistance de l’exclu- règles de droit et des règles des droits sion des minorités sociales mais aussi humains fondamentaux. » des personnes qui viennent des classes sociales les plus défavorisées, mais aus- MARS 2020Mars 2020 | Regards | 14
#METOO, ACTE 2 si des personnes qui viennent des mino- rités ethno-culturelles, en particulier des personnes musulmanes ou suspectées de l’être, des personnes racisées plus largement. » « Il y a une reproduction de la surre- présentation de ceux que j’appelle “les frères” ceux à qui ont a donné le mono- pole de la raison d’être des animaux politiques, des êtres de raison et à qui ont a légitimement appliqué le principe d’égalité et de liberté : c’est-à-dire les « Les femmes sont déjà des travail- hommes blancs. » leurs pauvres et elles ont une pension « Il faut mettre en place des actions de retraite inférieure de 30 à 40% de positives pour déverrouiller ce système. celle des hommes. On n’a pas le choix de mettre en place « On qualifie cette réforme d’univer- des quotas dans les financements, dans selle et de juste alors qu’elle est tout les nominations. Pour que ça ne soit pas sauf universelle et je ne vois pas en quoi la reproduction des stéréotypes, ça doit elle serait plus juste alors qu’elle dimi- se faire au nom de la déconstruction des nue les pensions de retraite des plus discriminations et non pas du fait que pauvres et en particulier des femmes. » les femmes ou les personnes ravisées « On n’est même pas dans une ère de seraient ou apporteraient autre chose. » post vérité mais une ère de mépris vis- à-vis des diagnostics et des principes. SUR LA RÉFORME DES On instrumentalise l’égalité femmes/ RETRAITES ET LES FEMMES hommes qui est sensée être la grande « Les scientifiques et spécialistes cause du quinquennat. » montrent que les femmes vont perdre en « Cette réforme est une régression, en moyenne 30% de leur pension de retraite. » particulier pour les femmes. » MARS 2020Mars 2020 | Regards | 15
César 2020 : l’ombre et les Lumières Le 28 février 2020 fera date dans l’histoire du septième art, comme le jour où l’arrière garde du cinéma français aura choisi de consacrer Roman Polanski sous les yeux d’Adèle Haenel, de Céline Sciamma, de tant d’autres. La honte ! Vendredi soir, en remettant le prix de diapart. Et d’ajouter : « Ils font de nous la réalisation à Roman Polanski pour « des réactionnaires et des puritain·e·s, J’accuse », « les professionnels de la mais ce n’est pas le souffle de liberté profession » ont fait un bras d’honneur insufflé dans les années 1970 que nous au combat des femmes contre le har- critiquons, mais le fait que cette révolu- cèlement, les violences, la domination tion n’a pas été totale, qu’elle a eu un masculine. Pourquoi une telle décision aspect conservateur, que, pour partie, le qui a, comme c’était prévisible, heurté pouvoir a été attribué aux mêmes per- très largement ? Pour Adèle Haenel, pas sonnes. Avec un nouveau système de de doute : « Ils pensent défendre la liber- légitimation. En fait, nous critiquons le té d’expression, en réalité ils défendent manque de révolution. » leur monopole de la parole. Ce qu’ils « C’est la honte, c’est la honte ! », a ont fait hier soir, c’est nous renvoyer au lancé Adèle Haenel, en quittant la silence, nous imposer l’obligation de salle Pleyel lorsque le nom de Roman nous taire. Ils ne veulent pas entendre Polanski a été cité, sans gêne aucune, nos récits. Et toute parole qui n’est pas par Emmanuelle Bercot et Claire Denis, issue de leurs rangs, qui ne va pas dans chargées de dévoiler le lauréat de la leur sens, est considérée comme ne meilleure réalisation. Oui, c’est la honte. devant pas exister », a-t-elle lancé à Me- « Ils voulaient séparer l’homme de l’ar- Mars 2020 | Regards | 16
#METOO, ACTE 2 tiste, ils séparent aujourd’hui les artistes Les historiens avaient discuté la vision du monde », a ajouté si justement Adèle proposée par le film de Polanski. Ainsi, Haenel à Mediapart. Un monde visible- Vincent Duclert, l’un des grands spécia- ment déconnecté des réalités. Que Jean listes de l’affaire Dreyfus, écrit : « Jamais Dujardin, héros de Polanski, « se casse » Picquart n’a été le précurseur de Zola, parce que « ça pue dans ce pays » (sic). jamais il n’aurait écrit «J’accuse». Cette Que Nicolas Bedos n’ait rien à dire sur héroïsation de Picquart a pour regret- « cette espèce de séquence sur le com- table effet de donner de Dreyfus, par bat des femmes » et préfère taire « sa contraste, une image de pure victime. voix de mâle blanc dominant, comme on […] Or, Dreyfus fit montre d’un grand dit de manière discutable » parce que stoïcisme et d’une remarquable capa- « tout de suite là maintenant, c’est aux cité de résistance. Sa correspondance femmes de parler, ça n’est pas à moi » avec sa femme Lucie en témoigne for- (dit-il) – même « s’il y aura beaucoup à tement. Dreyfus est en vérité ce qu’on dire sur tout ça ». Que Fanny Ardant ait semble encore avoir beaucoup de mal envie de « défendre » Polanski et lui « à concevoir : un héros juif. » [1]. Politi- donner de la chaleur » parce que c’est quement ce film est indigent et réaction- « la famille ». Que ce petit entre-soi de naire. Il revient sur un épisode essentiel ce bout de famille du cinéma défende à de l’antisémitisme français et sur le nau- demi-mot l’indéfendable est aussi révé- frage de l’armée, mais il en fait une af- lateur de la médiocrité d’une partie de la faire interne à la grande muette, sauvée création française. Ils ne pensent pas. par un des siens. Ainsi le combat pour le Ou si peu. Et face à leur bloc conser- capitaine Dreyfus ne serait que très ac- vateur un brin trouillard, Adèle Haenel cessoirement un vaste mouvement qui et Céline Sciamma se sont placées à la mobilisa foules, intellectuels et artistes. hauteur des Lumières. Zola n’est qu’une ombre, la Ligue des MARS 2020Mars 2020 | Regards | 17
droits de l’Homme et Jaurès totalement a magnifiquement filmé trois femmes absents. Comble d’ironie, la femme de libres de l’univers masculin au 18ème Dreyfus est une pale image de la vraie siècle. Et elle est repartie bredouille. Ni madame Dreyfus, qui fut décisive dans son film, ni sa comédienne Adèle Haenel le combat pour la réhabilitation de son n’ont été salués. II y avait pourtant, c’est mari. Enfin, ce film est conventionnel, évident, une inventivité, une ambition et voire académique. Certainement conçu une originalité dans ce film. Aurait-on pour drainer les classes d’adolescents, « voulu les faire taire ? Pas question de J’accuse » assemble des images posées donner une tribune à ces femmes qui et léchées. Que Polanski sache cadrer disent ce que dominer veut dire. Pas et filmer c’est certain. Mais qui a vu là question de reconnaître que le cinéma la moindre invention cinématographique français a bel et bien un léger problème ? Il n’y avait donc aucune nécessité im- interne. Tout au contraire, le prix décer- périeuse à honorer ce film. En aucune né à Polanski est un signe de défiance façon, on ne peut comparer le « J’accuse d’une corporation à l’égard d’une partie » de Polanski au Voyage au bout de la d’elle-même et du reste du monde. « Ce nuit de Céline. qui se joue dans le cinéma français ne Pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté sur le concerne pas que notre milieu hyper pri- sens de leur vote, la majorité des 4313 vilégié, cela concerne toute la société… membres actifs de l’Académie des Cé- N’est-ce pas, monsieur, qui est sur votre sar à jour de cotisation ont battu froid téléphone portable ? », comme l’a souli- le film de Céline Sciamma, « Portrait gné l’actrice Aïssa Maiga. de la jeune fille en feu ». La réalisatrice catherine tricot et pierre jacquemain MARS 2020Mars 2020 | Regards | 18
#METOO, ACTE 2 MARS 2020Mars 2020 | Regards | 19
ON SE LÈVE ET ON SE CASSE !
Appel pour un comité de soutien aux mobilisations sociales Artistes, sportifs, intellectuels, responsables politiques et associatifs de gauche lancent cet appel : « Nous nous soulevons ensemble contre le projet de retraites du gouvernement ». Représentant.es de luttes, responsables Conseil d’État. Face à lui s’est construite associatifs et politiques, personnalités une mobilisation historique par sa force du monde artistique, sportif et intellec- et sa durée. Une majorité de la popu- tuel, nous nous soulevons ensemble lation aspire à un autre système de contre le projet de retraites du gouver- retraites, qui soit juste, équitable et qui nement. Son système par points, limitant permette de faire de la retraite un nouvel les dépenses de retraites et prenant en âge de la vie. Cela serait tout à fait finan- compte l’entièreté de la carrière, aug- çable comme de nombreuses études mentera les inégalités, retardera l’âge l’ont montré. Face à un gouvernement pour bénéficier d’une retraite à taux qui reste sourd aux aspirations popu- plein et consacrera l’appauvrissement laires et face aux violences policières des retraité.es. qui se multiplient, nous nous engageons Le projet du gouvernement est fortement dans la construction d’un comité natio- critiqué de toutes parts, y compris par le nal de soutien aux mobilisations et dans MARS 2020 | Regards | 21
des initiatives locales. Certains d’entre ci sont parmi les grandes perdantes du nous ont déjà signé plusieurs appels projet de retraites. Nous participerons à allant dans le même sens. bien d’autres initiatives, nous en propo- Nous appelons à participer aux grèves serons en accord avec les organisations et à leur soutien, notamment financier, syndicales et les secteurs en lutte, pour ainsi qu’aux différentes initiatives de le retrait d’un projet qui participe à la l’intersyndicale. Nous soutenons des destruction des droits sociaux et pour mobilisations qui prennent des formes l’élaboration d’un vrai projet progres- inédites, diverses, ancrées localement et siste. dessinant des convergences qui seront Les premier.es signataires / Comité national de essentielles pour faire face à l’urgence soutien aux luttes sociale, écologique et démocratique. Paul Alliès (politiste, université de Montpellier), Les assemblées générales se multiplient Eric Alliez (philosophe, Paris 8) dans les lieux de travail et de vie, tout Paul Ariès (politiste, directeur de l’observatoire comme les luttes contre la destruction international de la gratuité), Antoine Artous (re- des services publics. Ensemble, elles vue Contre Temps), Ariane Ascaride (actrice), nourrissent les mobilisations contre le Eliane Assassi (présidente du groupe CRC au projet de retraites du gouvernement et Sénat), Jean-Christophe Attias (universitaire), plus encore, contre la politique d’Emma- Manon Aubry (eurodéputée LFI), Marie Auffray- nuel Macron et son monde, marquée par Seguette (sociologue, université de Nantes), l’ultralibéralisme et l’autoritarisme. Clémentine Autain (députée LFI), Lorenzo Nous construirons déjà une assemblée Barrault-Stella (sociologue, CNRS), Francine populaire contre la réforme, le 17 février, Bavay (ECVF), Esther Benbassa (sénatrice jour d’ouverture de l’examen du projet écologiste de Paris), Rémi Bénos (géographe, à l’Assemblée nationale à proximité de université Champollion Albi / GEODE CNRS), celle-ci. Nous participerons à la nou- Ugo Bernalicis (député LFI), Eric Berr (écono- velle journée de convergence de grèves miste, université de Bordeaux), Olivier Besance- et de manifestations le 20 février, ainsi not (porte-parole du NPA), Jacques Bidet (philo- que le 8 mars à la journée de lutte pour sophe, Paris Nanterre), Pascal Binet (professeur les droits des femmes, puisque celles- de Sciences Économiques et Sociales), Hervé MARS 2020 | Regards | 22
ON SE LÈVE ET ON SE CASSE ! Bismuth (littérature française, université de dré Chassaigne (président du groupe GDR à Bourgogne), Marianne Blanchard (sociologue, l’AN), Sébastien Chauvin (sociologue, univer- université Toulouse Le Mirail), Philippe Blanchet sité de Lausanne), Gérard Chaouat (directeur (socio-linguiste, Rennes 2), Pascal Boissel (psy- recherches émérite CNRS), Bernard Charlot chiatre), Etienne Boisserie (historien, INALCO), (sciences de l’éducation, Paris 8), Céline Ciu- Manuel Bompard (eurodéputé LFI), Camille kierman, (sénatrice de la Loire, porte-parole du Bondon (artiste), Laurent Bonelli (sociologue, PCF), Hervé Christofol (sciences de l’ingénieur, Paris Nanterre), Sylvain Bordiec (sociologue, université d’Angers), Michèle Cohen-Halimi université de Bordeaux), Nicole Borvo Cohen- (professeure de philosophie Paris 8), Patrice Séat (sénatrice honoraire), Ariane Bosshard Cohen-Séat (président honoraire d’Espaces- (designer graphique), Yannick Bosc (historien Marx), Eric Coquerel (député LFI), Alexis Cor- universitaire), Taha Bouhafs (journaliste), Marie bière (député LFI), Sergio Coronado (ancien Bouazzi (ancienne présidente de Français du député écologiste), Alain Coulombel (porte- monde - ADFE – Tunisie), Paul Bouffartigue parole d’EELV), Patrick Coulon (journaliste), (sociologue, CNRS) Annick Coupé (secrétaire générale d’ATTAC), Marie-Pierre Boursier (communiste et écolo- Pierre Cours-Salies (sociologue, Paris 8), Tho- giste), Philippe Boursier (professeur de sciences mas Coutrot (économiste, DARES), Bruno Cou- économiques et sociales), Thomas Branthôme sin (sociologue, Sciences Po), Nathalie Couti- (historien du droit), Ian Brossat (adjoint au maire net (économiste, Paris 13), Robert Crémieux, de paris, porte-parole du PCF), Marie-George ancien président du MNCP, Isabelle Cridlig Buffet (députée PCF), Dominique Cabrera (réa- (photographe, plasticienne), Alexis Cukier (phi- lisatrice), Claude Calame (historien, EHESS), losophe, université de Poitiers), François Cus- Alice Canabate, vice-présidente de la Fondation set (historien, université Paris Nanterre), Pierre de l’écologie politique, Luc Carvounas (député Dardot, philosophe, Françoise Davisse (auteure PS), Jacques Casamarta (Ensemble ! Corse, réalisatrice), Laurence De Cock (historienne), animateur de l’association Per à Pace, pour la Anne De Haro (juriste, Gauche démocratique et Paix), Jean-Noël Castorio (historien, université sociale), Christian Delarue (vice-président Inde- du Havre), Laurence Cathala (artiste et ensei- cosa 35), Frédéric Delarue (historien, USVQ), gnante), Manuel Cervera-Marzal (sociologue, Mathias Delori (sociologue, CNRS), Christian EHESS), Leila Chaibi (eurodéputée LFI), An- de Montlibert (sociologue, université de Stras- MARS 2020 | Regards | 23
bourg), Claire Desmitt (sciences de l’éducation, Julie Garnier (oratrice LFI), Isabelle Garo (pro- université de Lille), Pierre Dharréville (député fesseure de philosophe), Raquel Garrido (avo- des Bouches-du Rhône), Vikash Dhorasoo cate), Franck Gaudichaud, Politiste, Univer- (footballeur international), Vincent Dubois (so- sité Toulouse Jean Jaurès, Florence Gauthier ciologue, université de Strasbourg), Patrick (historienne universitaire), Frédérick Genevée Dubreuil (médecin généraliste), Jean-Numa (responsable de musée), Susan George (prési- Ducange (historien), Michel Duffour (ancien dente d’honneur d’ATTAC), Christakis Georgiou Secrétaire d’Etat), Claire Dujardin (avocate), (politiste, université de Genève), Julie Gervais Marie-Anne Dujarier (sociologue, université Pa- (politiste, Paris 1 Panthéon-Sorbonne), François ris Denis Diderot), Laurence Ellena (sociologue, Gèze (éditeur), Pascale Gillot (philosophe, uni- université de Poitiers), Didier Epsztajn (anima- versité de Tours), Roland Gori (psychanalyste et teur du blog entre les lignes entre les mots), président de l’Appel des appels), Camille Gour- Jean-Baptiste Eyraud (militant du DAL), Guil- deau (anthropologue, université Paris Diderot), laume Faburel (professeur d’urbanisme, Lyon 2), Fabien Granjon (sociologue, Paris 8), Pierre- Patrick Farbiaz (co-fondateur de PEPS), Didier François Grond (professeur d’histoire-géo- Fassin (sociologue), Eric Fassin (sociologue, graphie), Ozgur Gun (économiste, université université Paris 8), Elsa Faucillon (députée de Reims), Ingrid Hayes (historienne), Janette PCF), Anaïs Feuillette (documentariste), Caro- Habel (coprésidente Fondation Copernic), line Fiat (députée LFI), Gérard Filoche (porte- Jean-Marie Harribey (économiste, université de parole de la Gauche démocratique et sociale), Bordeaux), Anaïs Henneguelle, (économiste, Agnès Fine (anthropologue, EHESS), Bernard Rennes 2), Thomas Hippler (historien, université Fischer (employé de sécurité sociale), Marianne de Caen), Etienne Hubert (historien, EHESS), Fischman (professeure de sciences écono- Michel Husson, (économiste), Anne Isla, Eco- miques et sociales), David Flacher (économiste, nomiste, (Université de Toulouse), Pierre Jac- Paris 13), Bastien François, président de la quemain (Regards), Sophie Jallais (économiste, Fondation de l’écologie politique, Bernard Friot Paris 1), Chantal Jaquet (philosophe, Paris 1 (sociologue, Paris Nanterre), Bruno Gaccio Panthéon Sorbonne), Arthur Jatteau (écono- (auteur), Jean Gadrey (économiste, université miste, université de Lille), Gisèle Jean (profes- de Lille), Khaled Gaiji (président des Amis de seure de sciences économiques et sociales), la Terre), Afriano Garcia (sociologue, EHESS), Vanessa Jérome (politiste, CESSP), Samy Joh- MARS 2020 | Regards | 24
ON SE LÈVE ET ON SE CASSE ! sua (sciences de l’éducation, université Aix Mar- Hautes Etudes de Santé Publique), Elise Lowy seille), Anne Jollet (historienne, coordinatricce (animatrice de la revue Ecorev), Michaël Löwy de la rédaction des Cahiers de l’histoire), Régis (sociologue, CNRS), Corinne Luxembourg Juanico (député Génération.s), Sébastien Jumel (géographe, ENSA Paris-La Villette), Christian (député de Seine-Maritime), Pierre-André Juven Mahieu (revue Les Utopiques), Pascal Maillard, (sociologue, CNRS), Sam Karmann (acteur), universitaire, Catherine Malabou (philosophe, Razmig Keucheyan (sociologue, université de ENS Fontenay), Jean-Pierre Martin (psychiatre), Bordeaux), Pierre Khalfa (économiste, Fonda- Christiane Marty (ingénieure, Fondation Coper- tion Copernic), Pierre Labat (artiste), Jean-Paul nic), Corinne Masiero (comédienne), Gustave Labro (artiste et vidéaste), Bastien Lachaud Massiah (économiste altermondialiste), Frédé- (député LFI), Thomas Lacoste (cinéaste), Jean rique Matonti (politiste, Paris 1 Panthéon Sor- Lafont (militant écologiste, PEPS), Rose-Marie bonne), Gérard Mauger (sociologue, CNRS), Lagrave (sociologue, EHESS), Véronique Lamy Emmanuel Maurel (eurodéputé LFI), Odile (porte-parole du PCOF), Dany Lang (écono- Maurin activiste / handicap, Caroline Mecary miste, Paris 13), Mathilde Larrère (historienne), (avocate), Jean-Luc Mélenchon (président du Michel Larive (député LFI), Marie-Amélie Lau- groupe LFI à l’AN), Denis Merklen (sociologue, zanne (sociologue, CESSP), Christian Laval, Sorbonne Nouvelle-Paris 3), Daniel Mermet sociologue, Christian Lazzeri (philosophe, Paris (journaliste), Guillaume Meurice (humoriste) Nanterre), Yvan Le bolloc’h (acteur et musi- Olivier Michel (professeur d’informatique, uni- cien), Frédéric Lebaron (sociologue, ENS Paris versité Paris Est), Catherine Mills (économiste, Saclay), Catherine Leclercq (sociologue, uni- Paris 1), Benoit Monange, directeur de la Fon- versité de Poitiers), Olivier Lecour Grandmai- dation de l’écologie politique, Claire Monod son (historien, université Paris Saclay), Rémi (coordinatrice nationale de Génération.s), Lefebvre (politiste, université de Lille), Patrick Warren Montag (professeur d’anglais et de Lehingue (politiste, université de Picardie), littérature comparée, Occidental College Los Sandrine Lévêque (politiste, université Lyon 2), Angeles), Cynthia Montier (artiste et autrice), Patrick Le Moal (inspecteur du travail retraité), Bénédicte Monville (conseillère régionale éco- Amélie Le Renard (sociologue CNRS), Jacques logiste), Robi Morder (professeur honoraire en Lerichomme (ancien Conseiller Régional philosophie), Gérard Mordillat (écrivain), Arnaud PACA), Jean Lesne (microbiologiste, Ecole des Muyssen (médecin addictologue, CHU de Lille), MARS 2020 | Regards | 25
Philippe Nabonnand (directeur des archives Raphaël Pradeau (porte-parole d’Attac), Loïc Henri-Poincaré), Olivier Neveux (professeur Prud’homme (député LFI), Jean Puyade (profes- d’études théâtrales, ENS Lyon), Danièle Obono seur d’espagnol-retraité), Adrien Quatennens (députée LFI), Marc Ollivier (astrophysicien, (député LFI), Yves Quintal (directeur d’école), CNRS), Younous Omarjee (eurodéputé LFI), Guillaume Quintin (secrétaire national du PG), Elise Palomares (socio-anthropologue, univer- Luc Quinton (artiste plasticien), Cécile Rabot sité de Rouen), Mathilde Panot (députée, vice- (sociologue, université Paris Nanterre), Thierry présidente du groupe LFI à l’AN), Xavier Papaïs Ramadier (psychologue, CNRS), Jean-Hugues (philosophe), Monica Passos (chanteuse), Willy Ratenon (député LFI), Patrick Rayou (sciences Pelletier (coordinateur général de la Fondation de l’éducation, Paris 8), Emmanuel Renault Copernic), Anne-Sophie Pelletier (eurodéputée (philosophe, Paris Nanterre), Jacques Rigaudiat LFI), Jean-François Pellissier (porte-parole d’En- (économiste), Denis Robert (Le Média), Jean- semble !), Irène Pereira (philosophe, IRESMO), Yves Rochex (psychologue, Paris 8), Fabien Evelyne Perrin (présidente de Stop Précarité), Roussel (député du Nord, secrétaire national du Ana Perrin-Heredia (sociologue, CNRS), Chris- PCF), Régis Roussillon (professeur de sciences tian Pierrel (porte-parole PCOF), Ernest Pignon économiques et sociales), Sabine Rubin (dépu- Ernest (artiste plasticien), Roland Pfefferkorn tée LFI), François Ruffin (député LFI), Arnaud (sociologue, université de Strasbourg), Saint-Martin (sociologue, CNRS), Perrine Saint- Dominique Plihon (économiste, Paris Martin (designeuse et enseignante), Catherine 13), Edmond Préteceille (sociologue, Samary (économiste, Paris Dauphine), Patricia Science Po), Michel Pinçon (socio- Sander (géographe, université de Strasbourg), logue, CNRS), Monique Pinçon-Charlot Gisèle Sapiro (sociologue, EHESS), Georges (sociologue, CNRS), Sophie Pochic Sarda (professeur d’espagnol-retraité), Chris- (sociologue, CNRS), Christopher Pol- tina Semblano (conseillère municipale Gentilly), lmann (professeur de droit public, uni- Patrick Silberstein (médecin, éditeur), Patrick versité de Lorraine), Jocelyne Porcher Simon (démographe, INED), Maud Simonet (so- (sociologue, INRA), Raphael Porteilla ciologue CNRS), Danielle Simonnet (conseil- (politiste, université de Bourgogne), lère de Paris), Francis Sitel (revue Contre Paul Poulain (Emancipation Collective) Temps), Eric Soriano (sociologue, université de Marie-Pierre Pouly (sociologue, université de Montpellier), Marc Soriano (philosophe), Alfred Limoges), Christine Poupin (porte-parole du Spira (épidémiologiste, académie de médecine) NPA), Philippe Poutou (porte-parole du NPA), Alessandro Stella (historien, EHESS), Philippe MARS 2020 | Regards | 26
ON SE LÈVE ET ON SE CASSE ! Tancelin (philosophe, Paris 8), Bénédicte Tau- rine (députée LFI), Jacques Testart (biologiste) Julien Théry (historien, Lyon 2), Martin Thibault (sociologue, université de Limoges) Bruno Tinel (économiste, Paris 1 Panthéon Sorbonne), Christian Topalov (sociologue, EHESS), Josette Trat (sociologue, Paris 8), Aurélie Trouvé (porte-parole d’ATTAC), Eric Toussaint (CADTM), Eric Valentin (philosophe, université de Picardie), Patrick Vassort (socio- logue, université de Caen), Mélanie Vay (poli- tiste, CESSP), Marie-Pierre Vieu-Martin (édi- trice), Sylvie Vilter (économiste, université de Versailles Saint-Quentin), Christophe Voilliot (politiste, Paris Nanterre), Louis Weber (édi- teur), Karel Yon, (sociologue, CNRS/Université Paris Nanterre), Michèle Zémor vice-présidente agglomération Plaine Commune), Elisabeth Zucker (sociologue, EHESS). Collectif Collectif MARS 2020 | Regards | 27
Retraites : face aux paroles trompeuses des personnages officiels, une Assemblée populaire ! Ce qui est universel dans la réforme des retraites, c’est de faire travailler tout le monde plus longtemps. C’est la seule vérité que l’exécutif et sa majorité taisent, préférant multiplier les mensonges. La création d’un comité de soutien aux « Car, jusqu’au moment précis où mobilisations sociales et son initiative la catastrophe atteignit tout et tout le d’une Assemblée populaire contre la monde, elle était dissimulée non par des réforme, ce lundi 17 février, jour d’ouver- réalités mais par les paroles, les paroles ture de l’examen du projet à l’Assemblée trompeuses et parfaitement efficaces de nationale, sont particulièrement bienve- presque tous les personnages officiels nues. La politique est en crise quand elle qui trouvaient continuellement, et dans n’est plus la sphère de la vie commune de nombreuses variantes, une expli- où les hommes partagent des paroles cation satisfaisante des événements et des actes. C’est ainsi qu’adviennent préoccupants et des craintes justifiées. « les temps sombres », alertait Hannah Quand nous pensons aux sombres Arendt dans un propos d’une saisis- temps et à ceux qui y vivent et y évo- sante actualité : luent, il nous faut prendre en compte ce MARS 2020 | Regards | 28
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