LA RIPOSTE S'ORGANISE - Regards

La page est créée Monique Marie
 
CONTINUER À LIRE
LA RIPOSTE S'ORGANISE - Regards
3€

MARS 2020

LA RIPOSTE
S’ORGANISE
Les Éditions Regards
                                     242, boulevard Voltaire, 75011 Paris
                                                    redaction@regards.fr
                                                              Direction
                                       Clémentine Autain & Roger Martelli
                                                   Directeur artistique
                                       Sébastien Bergerat - da@regards.fr
                                                    Comité de rédaction
                                   Pablo Pillaud-Vivien, Pierre Jacquemain,
                                         Loïc Le Clerc, Guillaume Liégard,
                                            Roger Martelli, Gildas Le Dem,
                                              Catherine Tricot, Laura Raim,
                                             Marion Rousset, Jérôme Latta
                                       Administration et abonnements
                                   Karine Boulet - abonnement@regards.fr

                                                             Publicité
                          Comédiance - BP 229, 93523 Saint-Denis Cedex
                                            Scop Les Éditions Regards
                                            Directrice de la publication
                                                              et gérante
                                                         Catherine Tricot

                                                  Photo de couverture CC

MARS 2020 | Regards | 2
SOMMAIRE MARS
LA RIPOSTE S’ORGANISE
#METOO, ACTE 2
     # De #MeToo au procès Weinstein :
     « La France est à la traîne »
     # Despentes et des armes
     # Réjane Sénac sur les violences sexuelles :
     « Nous avons besoin de juges mieux formés »
     # ÉDITO. César 2020 : l’ombre et les Lumières

ON SE LÈVE ET ON SE CASSE !
      # TRIBUNE. Appel pour un comité de soutien
      aux mobilisations sociales
      # Retraites : face aux paroles trompeuses
      des personnages officiels, une Assemblée populaire !
      # TRIBUNE. Une assemblée de riposte
      aux violences d’État

                       MARS 2020 | Regards | 3
#METOO, ACTE 2
De #MeToo au procès
Weinstein : « La France
   est à la traîne »
    Harvey Weinstein coupable ! C’est la première grande
   victoire du mouvement #MeToo, lancé en octobre 2017.
       Que faut-il en penser ? Et la France dans tout ça ?
                On a causé avec Anaïs Leleux.
 Regards. Ce lundi 24 février,              culpabilisées, au motif qu’elles avaient
 Harvey Weinstein a été re-                 pu le suivre dans une chambre, conti-
 connu coupable d’agression                 nuer à travailler avec lui. Ce que la so-
 sexuelle et de viol. Il risque             ciété entière leur criait, c’est qu’au fond,
 entre 5 et 29 ans de prison                elles l’avaient bien cherché. Le reste du
 (la peine sera rendue le 11                temps, elles étaient considérées comme
 mars prochain). Son avocate                des menteuses uniquement attirées par
 a annoncé qu’il fera appel.                l’argent. Mais c’est évidemment, plus
 Cette condamnation, c’est une              largement, une très bonne nouvelle pour
 bonne nouvelle ?                           toutes celles et ceux qui ont un jour subi
 Anaïs Leleux. Oui, c’est une très          la violence sexuelle. La justice n’est que
 bonne nouvelle. Avant tout pour les nom-   trop peu rendue, c’est d’ailleurs assez
 breuses victimes de cet homme, qui ont     effrayant qu’on en soit là, à se réjouir
 subi ses actes puis ont été calomniées,    autant que justice soit rendue. Mais si

                           MARS 2020Mars 2020 | Regards | 5
ce verdict a été possible, c’est que les       c’est cracher au visage de toutes les vic-
temps changent. Très doucement, mais           times. Ça veut dire «ce n’est pas si grave
sûrement. C’est d’ailleurs un message          de violer des femmes». » J’irais même
important envoyé aux hommes puissants          plus loin : « C’est pas grave de violer
qui bénéficient d’une impunité plus            des enfants ». Et effectivement, ce n’est
grande encore que les hommes lamb-             pas grave dans ce pays où un enfant sur
das : « Vous n’êtes pas si intouchable         cinq est victime de violences sexuelles
que vous pouvez le croire. Et cela va finir    et 96% des agresseurs ne sont pas éloi-
par vous rattraper. »                          gnés par la justice des enfants qu’ils ont
                                               violentés. Donc pourquoi Polanski n’irait
    « Il va nous falloir encore un peu         pas se pavaner aux César ? Pourquoi ne
de temps avant qu’on ait notre procès          se poserait-il pas en victime ? Pourquoi
Weinstein, ce ne sont pourtant pas ses         n’aurait-il pas le culot de se comparer
équivalents français qui manquent. »           à Dreyfus ? Quand, en plus, il est sou-
                                               tenu par des gens qui nous disent que
Pendant         ce      temps-là,        en    ce film est génial et qu’il faut séparer
France, on a Roman Polanski                    l’homme de l’artiste. Encore un principe
nommé douze fois aux César,                    inventé par des hommes puissants pour
dont la cérémonie aura lieu                    protéger des hommes puissants. On
vendredi         prochain.          Qu’en      n’entendra jamais pour protéger un bou-
dites-vous ?                                   langer pédocriminel « oui mais quand
Ce qui m’interpelle c’est la temporalité. Il   même, il fait des supers baguettes, on
y a quelques mois l’ensemble du cinéma         peut quand même séparer l’homme du
français applaudissait Adèle Haenel, son       boulanger ». En tous cas, clairement, la
courage, lançait des « plus jamais ça » et     France est à la traîne. Et on justifie ça
affichait une apparente volonté de se re-      par une exception française, un truc
mettre en question. On a beau savoir que       vaseux qu’on essaye de faire passer
les promesses n’engagent que celles et         pour de la séduction mais qui est plutôt
ceux qui y croient, il y a de quoi avoir en-   hérité du droit de cuissage. Adèle Hae-
vie de tout cramer. Invitée à réagir, Adèle    nel est la première star française à avoir
Haenel a estimé : « Distinguer Polanski,       témoigné, levé la voix comme elle l’a fait.

                             MARS 2020Mars 2020 | Regards | 6
#METOO, ACTE 2

Des années après Alyssa Milano, Rose
McGowan et d’autres. J’imagine qu’il
va nous falloir encore un peu de temps
avant qu’on ait notre procès Weinstein,
ce ne sont pourtant pas ses équivalents
français qui manquent.

L’affaire Weinstein a été le
déclencheur du mouvement                       nicides, pourquoi se mobiliserait-on
#MeToo aux États-Unis. La                      contre les violences sexuelles ? Il faut
France est-elle passée à côté ?                se souvenir du traitement médiatique
Un petit élément de contexte déjà : on         de l’affaire DSK. En termes de culture
est actuellement dans la quatrième             du viol, on en tient une couche dans
vague féministe, qui comporte la lutte         ce pays ! Par ailleurs, une étude réalisé
contre les violences sexuelles mais aussi      par Ipsos pour l’association Mémoire
la lutte contre les féminicides. Le point      Traumatique montre que les représen-
de départ de cette vague, c’est le fémini-     tations des Français sur le viol, avant
cide d’une petite Argentine, Chiara Paez,      et après #MeToo, n’a pas vraiment
en 2015. Les Argentines marchent sur           changé. Certaines réponses sont même
le Congrès, elles sont 300.000 dans les        pires qu’avant ! Ce qui est sûr c’est que
rues de Buenos Aires, c’est le début du        #MeToo puis #BalanceTonPorc ont per-
mouvement « Ni una menos » (Pas une            mis à des tas de Françaises de réaliser
de moins). Puis le mouvement se régio-         que ce qu’elles avaient vécu, des mil-
nalise et les militantes commencent à          lions d’autres l’avaient vécu. Et que ces
soutenir les women’s marches contre            violences qu’elles avaient intériorisés
Trump. Et survient #MeToo. En France,          n’avaient pas à être banalisées, qu’elles
il a fallu attendre l’an dernier pour que la   n’étaient pas normales. Mais la réaction
société se mobilise massivement contre         des « élites » intellectuelles, politiques,
les féminicides. Si, dans ce pays, on          médiatiques, n’a pas été à la hauteur.
n’est pas globalement capable de se
mobiliser plus que ça contre les fémi-          propos recueillis par loïc le clerc

                             MARS 2020Mars 2020 | Regards | 7
Despentes
                 et des armes
   En moins de 24h, la tribune de Virginie Despentes a été
  très largement partagée sur les réseaux sociaux. Plus d’un
   million de lecture sur le site de Libération. Ce que nous
        disent les mots indignés de l’écrivaine. Analyse.
Le moment est à l’indignation générale.        rien d’étonnant dans le choix des César
Les colères sont plurielles. Elles se re-      de d’honorer la réalisation du « J’accuse
joignent parfois. Elles se dispersent le       » de Polanski. Qu’il y a deux mondes. Le
plus souvent. La convergence se lit et         monde des puissants. Et l’autre monde,
se prononce partout mais personne n’y          celui des opprimés.
met du liant. La parole politique est dis-
qualifiée. Celle des intellectuels, injuste-       « Les plus puissants entendent dé-
ment balayée. Il faut prendre au pied de       fendre leurs prérogatives : ça fait partie
la lettre ce que nous dit Despentes : «        de votre élégance, le viol est même ce
Que ça soit à l’Assemblée nationale ou         qui fonde votre style. La loi vous couvre,
dans la culture, vous, les puissants, vous     les tribunaux sont votre domaine, les
exigez le respect entier et constant. Ça       médias vous appartiennent. »
vaut pour le viol, les exactions de votre
police, les César, votre réforme des re-       Et d’ajouter : « Alors tous les corps assis
traites. En prime, il vous faut le silence     ce soir-là dans la salle [la salle Pleyel
de victimes », écrit-elle dans la tribune      qui accueillait la cérémonie des César]
publiée par Libération qui a recueilli en      sont convoqués dans un seul but : véri-
à peine 24 heures plus d’1,3 million de        fier le pouvoir absolu des puissants. Et
visites. C’est la première à exprimer cela.    les puissants aiment les violeurs. » Et les
À expliquer que tout est lié. Qu’il n’y a      commentaires indignés par la tribune de

                             MARS 2020Mars 2020 | Regards | 8
#METOO, ACTE 2

Despentes montrent à quel point elle a      gueuler quoi quand depuis des mois,
visé juste. Les puissants ont été mis à     voire des années, plusieurs milliers de
nus. Comme touchés en plein cœur.           citoyens gueulent chaque jour sur les
Au fond, Despentes nous parle de            ronds-points et les rues de France pour
l’impuissance des puissants. Celle des      dénoncer l’inaction climatique du gou-
opprimés. Celle des éborgnés, des           vernement. Pour dénoncer l’inaction du
femmes, des précaires, des migrants.        gouvernement sur les violences faites
Celle de ceux et celles qui luttent         aux femmes. Pour dénoncer la préca-
chaque jour pour leur survie. Despentes     rité. Pour dénoncer la privatisation de la
nous parle aussi de la puissance des        SNCF. Pour dénoncer la contre réforme
impuissants. Celle des dominants. « Des     des retraites. Pour dénoncer l’injustice.
boss, des chefs, des gros bonnets »,        Le texte de Despentes est d’une puis-
comme elle dit. Celle de ceux qui luttent   sance incommensurable. Parce qu’il
chaque jour pour accroître leur héritage.   est d’une lucidité alarmante. Elle a les
Un monde bien conscient des intérêts        mots pour le dire. Comme personne ne
qui sont les siens. Un monde orga-          saurait les dire. C’est aussi là, le rôle de
nisé pour préserver ses intérêts. Les       l’écrivain. De nous aider à comprendre le
intérêts d’une caste. Despentes nous        monde. De nous aider à penser un autre
parle de ce monde organisé. Elle nous       chemin. Difficile de distinguer l’auteure
parle aussi de ce monde désorganisé.        de la citoyenne engagée. La gauche n’a
Abandonné par les impuissants d’une         pas su appeler les citoyens à se lever.
gauche en déshérence. Et Despentes          À se casser. À gueuler. Ou plutôt si, les
de leur proposer « qu’on se lève, qu’on     citoyens se sont cassés des rangs de la
se casse ». Et « qu’on gueule ». Ok pour    gauche. Ils ont déserté la gauche.
se lever, ok pour se casser. Ok pour        Le monde du cinéma, cette merveilleuse
gueuler. Ok pour tout ce que propose        industrie qui nous irrigue de créations
Despentes. Mais pour se casser où et        jusqu’à plus soif, il pue, on l’aura com-

                           MARS 2020Mars 2020 | Regards | 9
pris. Mais on ne peut pas s’en passer,         à Roman Polanski, ses limites. Ce que
on ne peut pas dire merde au cinéma            nous dit Virginie Despentes, c’est donc :
et faire comme si on allait tourner gen-       dégagez de ces lieux de merde où toute
timent la page. Et ça vaut pour de nom-        ambition d’émancipation collective est
breux autres endroits de notre société,        impossible et investissez-en d’autres.
à commencer par la politique. Prenons          Le problème, c’est qu’aujourd’hui on
l’Assemblée nationale : sous prétexte          juge une oeuvre cinématographique
que nous ne sommes que groupuscu-              trop souvent à l’aune de sa popularité
laire dans l’enceinte du Palais Bour-          numérique et l’on ne fait de la politique
bon, devrions-nous attendre de nos             qu’à l’Assemblée nationale. Que n’a-t-on
représentants qu’ils se lèvent et qu’ils se    déjà entendu les commentateurs spé-
cassent en gueulant « la honte » ? C’est       cialistes de la question considérer que,
ce qu’ils font parfois et on ne peut que       parce qu’un tel avait été battu dans les
reconnaître que c’est une bonne chose.         urnes, cela signifiait la fin de sa carrière
Seulement, pour le cinéma comme pour           politique ? De la même manière, que
la politique, ce n’est pas une fin en soi.     n’a-t-on aussi déjà entendu tel acteur ou
Et c’est ce que révèle le cri de Virginie      telle actrice de cinéma nous répondre
Despentes : la toute-puissance des             qu’une prise de position politique ou un
dominants nécessite, de notre part, une        engagement pourrait être problématique
réponse radicale à la hauteur de leur          pour sa carrière ? Les puissants et les
violence dont ils se défendent si mal.         dominants nous tiennent en laisse, à la
Le texte enragé prend aux tripes et aux        merci de leur volonté politique et morale
couilles. Il nous intime de nous barrer        – c’est un fait – parce qu’ils tiennent les
pour ne pas accepter la domination,            cordons de la bourse et font trop sou-
les dominations. Ok, dont acte. Mais du        vent les règles du jeu politique et média-
coup, on va où ? L’entrisme dans l’Ins-        tique.
titution, qu’elle soit incarnée par le Par-    Dès lors, l’enjeu est double : récupérer
lement ou par la soirée des César, a at-       la main sur ces espaces (pouvoir poli-
teint, avec l’utilisation du 49.3 pour faire   tique, industries culturelles) pour en pro-
passer en force la réforme des retraites       poser une vision nouvelle portée par un
et avec la remise du prix de la réalisation    renversement des normes sociales et

                            MARS 2020Mars 2020 | Regards | 10
#METOO, ACTE 2

de domination, et/ou créer des alter-es-
paces à même de proposer cette même
vision. Dans les deux cas, la nécessité
première, c’est de porter un récit puis-
sant, à même de contrer le rouleau-com-
presseur néolibéral, patriarcal et raciste
qui nous fait face. Ensuite, il faut des-
cendre dans la rue, ne pas rester dans
les lieux confinés du pouvoir. Bien enten-
du, certains le font, des député-es, des
réalisateur-trices, des acteur-trices et il
faut savoir leur rendre hommage. Mais           Ce peut être un grand moment politique.
on ne peut s’en arrêter là : un horizon ne      Ce doit être un grand moment politique.
peut se construire à quelques uns pour          Car les inquiétudes sont nombreuses et
s’imposer, même en douceur, aux autres.         les dominants semblent plus forts que
Il se construit à toutes et à tous. Alors, si   jamais. Mais on ne pourra en rester là
gueuler il faut, ce n’est pas qu’aux César      : le grand moment politique, c’est aussi
et à l’Assemblée nationale, c’est aussi         quand toutes et tous réussiront à trou-
dans les entreprises et dans les rues,          ver la légitimité et la force pour gueuler
dans les familles et dans les soirées           ensemble sur ceux qui se satisfont de
entre ami-es, bref, partout où l’on peut –      ce monde où les dominations les plus
et même si l’on peut pas. Souvent, cela         insupportables semblent des évidences.
nécessite une sacrée dose de courage,           Gueuler est un projet politique car les
c’est vrai, et c’est pour cela que le récit     puissants savent parfaitement que tous
général dans lequel cette rage doit s‘ins-      ces cris vibrent en fait au même dia-
crire est au moins aussi important que la       pason. Trouvons ensemble les voies
rage elle-même.                                 et moyens pour l’articuler. Et l’on sera
Mardi, les oppositions parlementaires           invincible.
auront le droit de défendre leur motion
de censure à la suite de l’utilisation de        pierre jacquemain
l’article 49 alinéa 3 de la Constitution.       et pablo pillaud-vivien

                             MARS 2020Mars 2020 | Regards | 11
Réjane Sénac
    sur les violences sexuelles :
« Nous avons besoin de
 juges mieux formés »
    Dimanche 8 mars – journée internationale des droits
  des femmes – revêt un caractère tout à fait exceptionnel :
  16ème féminicide de l’année, Polanski récompensé aux
  César, réforme des retraites, etc. Réjane Sénac, directrice
   de recherche CNRS au Centre de recherches politiques
    de Sciences Po/CEVIPOF et auteure de L’égalité sans
   condition. Osons nous imaginer et être semblables, est
                  l’invitée de #LaMidinale.

SUR LE CONSENTEMENT                              « Il n’y a pas de liberté sans égalité. »
 « C’est une question centrale au-              « Il est important de penser les vio-
jourd’hui et qu’on voit dans le terme           lences comme un continuum et de dé-
“consentir” qui est tout à fait ambivalent. »   construire notre rapport à la liberté. »
 « On voit qu’on est dans des rapports          « Il y a une forme de dépolitisation :
de domination et d’expression d’une             on fait comme si on était toutes et tous
domination qui peut être dans un conti-         égaux dans notre rapport au monde. »
nuum de violences. »                             « Ce sont celles et ceux qui subissent
 « On est dans une société où il y a une       la domination qui sont à l’avant-garde de
asymétrie très grande dans l’expression         la déconstruction. »
de l’autonomie de chacun. »                      « Le #JeSuisVictime montre qu’il y a

                             MARS 2020Mars 2020 | Regards | 12
#METOO, ACTE 2

une volonté de se réapproprier ce vécu-         donnés à la justice pour rendre justice
là pas comme honteux mais comme un              réellement. »
outil de déconstruction. »                       « Pour qu’il y ait une justice qui soit
 « Certains revendiquent encore que la         juste s’agissant des condamnations des
domination est l’expression d’une liberté,      violences sexistes et sexuelles, il faudrait
qu’elle soit artistique ou personnelle. »       faire comme en Espagne, c’est-à-dire
 « Il faut assumer une politisation qui        avoir des juges formés. Et pourquoi pas
ne soit pas esthétique ni sympathique           créer des cours spécifiques. »
et qui soit de l’ordre aussi de la dénon-        « Il y a un sujet de classe sociale : la
ciation de certains comportements et de         justice n’est pas la même en fonction de
certaines personnes. »                          la capacité que vous avez de pouvoir
                                                vous défendre avec des capitaux écono-
SUR LA JUSTICE ET                               miques et culturels. »
L’INSCRIPTION DU TERME
“FÉMINICIDE” DANS LA LOI                        SUR LA CÉRÉMONIE DES CÉSAR
 « Les luttes ne sont pas contradic-            « On pouvait avoir l’illusion qu’on était
toires les unes avec les autres et il ne        dans un “après” : un après l’omerta,
faut pas hiérarchiser. »                        un après loi du silence et le fait que ce
 Le fait de reconnaitre juridiquement          n’était plus possible de faire semblant
ce type de réalité est pour moi essentiel.      ou de ne pas voir et ne pas prendre au
Il est certain qu’il faut faire attention aux   sérieux les enjeux. »
effets pervers, et ça existe parfois dans        « Il y a une cohabitation entre un par-
le droit : quand on reconnait une nouvelle      terre de bienpensants qui revendiquent
qualification, elle peut permettre parfois      leur adhésion au féminisme, à l’antira-
de déqualifier donc il faudra être vigilant.    cisme et à la lutte contre les inégalités
Mais les effets pervers ne doivent pas          et ; dans le même temps, il y a ceux qui
empêcher les avancées. »                        ont rendu possible le fait de primer en
 « Il y a un vrai problème de moyens           son nom propre un réalisateur qui a été

                             MARS 2020Mars 2020 | Regards | 13
condamné pour abus sexuel sur une              Sur la dénonciation de puritanisme
mineure de 13 ans. »                          « Le fait d’utiliser le terme de “purita-
 « La réalité a peu été regardée en          nisme” pour discréditer toute dénon-
face, même pendant cette cérémonie.           ciation de comportements illégaux ou
On a été dans le second degré comme           décalés relève d’une facilité de dandy.
avec Florence Foresti - c’est son job         C’est une facilité parce que c’est faire
mais ça me met mal à l’aise parce qu’il       croire que la liberté s’oppose à l’égalité
s’agit de sujets qui doivent être pris au     et inversement. »
sérieux - et ce chemin par l’humour reste      « Il est nécessaire de prendre
pour moi une forme de déviation, de dé-       conscience du fait que nous ne serons
politisation. »                               toutes et tous, chacune et chacun, libres
 « Ce qu’ont dit Aïssa Maiga et Adèle        dans l’expression de nos choix et désirs
Haenel, c’est qu’il n’est plus possible,      que quand nous seront égaux. »
aujourd’hui, de faire cohabiter des re-        « Qualifier ceux et celles qui dé-
vendications égalitaires et des pratiques     construisent ou qui veulent porter une
qui sont des pratiques d’exclusion. »         société qui ne soit pas une société de
 « Les monstres sont avant tout ceux         domination ou de puritain, c’est juste
qui continuent à faire tourner et fonction-   se mettre hors-sujet et faire en sorte de
ner ce système tout en étant dans des         continuer à vivre une vie de privilégié et
registres de bonne conscience. »              de dominant sans culpabilité. »
 « Le cinéma n’est pas hors société.
Comme dans tout lieu d’ailleurs. Il y a       SUR LA PLACE DES FEMMES
des règles à respecter. »                     DANS       LA      SOCIÉTÉ        D’UN
 « Il faut que le cinéma cesse de se         POINT DE VUE POLITIQUE,
voir comme un lieu supérieur, comme un        ÉCONOMIQUE ET MÉDIATIQUE
lieu hors société, hors application des        « On voit une persistance de l’exclu-
règles de droit et des règles des droits      sion des minorités sociales mais aussi
humains fondamentaux. »                       des personnes qui viennent des classes
                                              sociales les plus défavorisées, mais aus-

                           MARS 2020Mars 2020 | Regards | 14
#METOO, ACTE 2

si des personnes qui viennent des mino-
rités ethno-culturelles, en particulier des
personnes musulmanes ou suspectées
de l’être, des personnes racisées plus
largement. »
 « Il y a une reproduction de la surre-
présentation de ceux que j’appelle “les
frères” ceux à qui ont a donné le mono-
pole de la raison d’être des animaux
politiques, des êtres de raison et à qui
ont a légitimement appliqué le principe
d’égalité et de liberté : c’est-à-dire les     « Les femmes sont déjà des travail-
hommes blancs. »                              leurs pauvres et elles ont une pension
 « Il faut mettre en place des actions       de retraite inférieure de 30 à 40% de
positives pour déverrouiller ce système.      celle des hommes.
On n’a pas le choix de mettre en place         « On qualifie cette réforme d’univer-
des quotas dans les financements, dans        selle et de juste alors qu’elle est tout
les nominations. Pour que ça ne soit pas      sauf universelle et je ne vois pas en quoi
la reproduction des stéréotypes, ça doit      elle serait plus juste alors qu’elle dimi-
se faire au nom de la déconstruction des      nue les pensions de retraite des plus
discriminations et non pas du fait que        pauvres et en particulier des femmes. »
les femmes ou les personnes ravisées           « On n’est même pas dans une ère de
seraient ou apporteraient autre chose. »      post vérité mais une ère de mépris vis-
                                              à-vis des diagnostics et des principes.
SUR LA RÉFORME DES                            On instrumentalise l’égalité femmes/
RETRAITES ET LES FEMMES                       hommes qui est sensée être la grande
 « Les scientifiques et spécialistes         cause du quinquennat. »
montrent que les femmes vont perdre en         « Cette réforme est une régression, en
moyenne 30% de leur pension de retraite. »    particulier pour les femmes. » 

                            MARS 2020Mars 2020 | Regards | 15
César 2020 : l’ombre
  et les Lumières
Le 28 février 2020 fera date dans l’histoire du septième art,
 comme le jour où l’arrière garde du cinéma français aura
 choisi de consacrer Roman Polanski sous les yeux d’Adèle
  Haenel, de Céline Sciamma, de tant d’autres. La honte !
Vendredi soir, en remettant le prix de        diapart. Et d’ajouter : « Ils font de nous
la réalisation à Roman Polanski pour «        des réactionnaires et des puritain·e·s,
J’accuse », « les professionnels de la        mais ce n’est pas le souffle de liberté
profession » ont fait un bras d’honneur       insufflé dans les années 1970 que nous
au combat des femmes contre le har-           critiquons, mais le fait que cette révolu-
cèlement, les violences, la domination        tion n’a pas été totale, qu’elle a eu un
masculine. Pourquoi une telle décision        aspect conservateur, que, pour partie, le
qui a, comme c’était prévisible, heurté       pouvoir a été attribué aux mêmes per-
très largement ? Pour Adèle Haenel, pas       sonnes. Avec un nouveau système de
de doute : « Ils pensent défendre la liber-   légitimation. En fait, nous critiquons le
té d’expression, en réalité ils défendent     manque de révolution. »
leur monopole de la parole. Ce qu’ils         « C’est la honte, c’est la honte ! », a
ont fait hier soir, c’est nous renvoyer au    lancé Adèle Haenel, en quittant la
silence, nous imposer l’obligation de         salle Pleyel lorsque le nom de Roman
nous taire. Ils ne veulent pas entendre       Polanski a été cité, sans gêne aucune,
nos récits. Et toute parole qui n’est pas     par Emmanuelle Bercot et Claire Denis,
issue de leurs rangs, qui ne va pas dans      chargées de dévoiler le lauréat de la
leur sens, est considérée comme ne            meilleure réalisation. Oui, c’est la honte.
devant pas exister », a-t-elle lancé à Me-    « Ils voulaient séparer l’homme de l’ar-

                                Mars 2020 | Regards | 16
#METOO, ACTE 2

tiste, ils séparent aujourd’hui les artistes   Les historiens avaient discuté la vision
du monde », a ajouté si justement Adèle        proposée par le film de Polanski. Ainsi,
Haenel à Mediapart. Un monde visible-          Vincent Duclert, l’un des grands spécia-
ment déconnecté des réalités. Que Jean         listes de l’affaire Dreyfus, écrit : « Jamais
Dujardin, héros de Polanski, « se casse »      Picquart n’a été le précurseur de Zola,
parce que « ça pue dans ce pays » (sic).       jamais il n’aurait écrit «J’accuse». Cette
Que Nicolas Bedos n’ait rien à dire sur        héroïsation de Picquart a pour regret-
« cette espèce de séquence sur le com-         table effet de donner de Dreyfus, par
bat des femmes » et préfère taire « sa         contraste, une image de pure victime.
voix de mâle blanc dominant, comme on          […] Or, Dreyfus fit montre d’un grand
dit de manière discutable » parce que          stoïcisme et d’une remarquable capa-
« tout de suite là maintenant, c’est aux       cité de résistance. Sa correspondance
femmes de parler, ça n’est pas à moi »         avec sa femme Lucie en témoigne for-
(dit-il) – même « s’il y aura beaucoup à       tement. Dreyfus est en vérité ce qu’on
dire sur tout ça ». Que Fanny Ardant ait       semble encore avoir beaucoup de mal
envie de « défendre » Polanski et lui «        à concevoir : un héros juif. » [1]. Politi-
donner de la chaleur » parce que c’est         quement ce film est indigent et réaction-
« la famille ». Que ce petit entre-soi de      naire. Il revient sur un épisode essentiel
ce bout de famille du cinéma défende à         de l’antisémitisme français et sur le nau-
demi-mot l’indéfendable est aussi révé-        frage de l’armée, mais il en fait une af-
lateur de la médiocrité d’une partie de la     faire interne à la grande muette, sauvée
création française. Ils ne pensent pas.        par un des siens. Ainsi le combat pour le
Ou si peu. Et face à leur bloc conser-         capitaine Dreyfus ne serait que très ac-
vateur un brin trouillard, Adèle Haenel        cessoirement un vaste mouvement qui
et Céline Sciamma se sont placées à la         mobilisa foules, intellectuels et artistes.
hauteur des Lumières.                          Zola n’est qu’une ombre, la Ligue des

                            MARS 2020Mars 2020 | Regards | 17
droits de l’Homme et Jaurès totalement        a magnifiquement filmé trois femmes
absents. Comble d’ironie, la femme de         libres de l’univers masculin au 18ème
Dreyfus est une pale image de la vraie        siècle. Et elle est repartie bredouille. Ni
madame Dreyfus, qui fut décisive dans         son film, ni sa comédienne Adèle Haenel
le combat pour la réhabilitation de son       n’ont été salués. II y avait pourtant, c’est
mari. Enfin, ce film est conventionnel,       évident, une inventivité, une ambition et
voire académique. Certainement conçu          une originalité dans ce film. Aurait-on
pour drainer les classes d’adolescents, «     voulu les faire taire ? Pas question de
J’accuse » assemble des images posées         donner une tribune à ces femmes qui
et léchées. Que Polanski sache cadrer         disent ce que dominer veut dire. Pas
et filmer c’est certain. Mais qui a vu là     question de reconnaître que le cinéma
la moindre invention cinématographique        français a bel et bien un léger problème
? Il n’y avait donc aucune nécessité im-      interne. Tout au contraire, le prix décer-
périeuse à honorer ce film. En aucune         né à Polanski est un signe de défiance
façon, on ne peut comparer le « J’accuse      d’une corporation à l’égard d’une partie
» de Polanski au Voyage au bout de la         d’elle-même et du reste du monde. « Ce
nuit de Céline.                               qui se joue dans le cinéma français ne
Pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté sur le    concerne pas que notre milieu hyper pri-
sens de leur vote, la majorité des 4313       vilégié, cela concerne toute la société…
membres actifs de l’Académie des Cé-          N’est-ce pas, monsieur, qui est sur votre
sar à jour de cotisation ont battu froid      téléphone portable ? », comme l’a souli-
le film de Céline Sciamma, « Portrait         gné l’actrice Aïssa Maiga.
de la jeune fille en feu ». La réalisatrice    catherine tricot et pierre jacquemain

                            MARS 2020Mars 2020 | Regards | 18
#METOO, ACTE 2

MARS 2020Mars 2020 | Regards | 19
ON SE LÈVE
ET ON SE CASSE !
Appel pour
un comité de soutien
 aux mobilisations
      sociales
   Artistes, sportifs, intellectuels, responsables politiques
          et associatifs de gauche lancent cet appel :
      « Nous nous soulevons ensemble contre le projet
               de retraites du gouvernement ».
Représentant.es de luttes, responsables      Conseil d’État. Face à lui s’est construite
associatifs et politiques, personnalités     une mobilisation historique par sa force
du monde artistique, sportif et intellec-    et sa durée. Une majorité de la popu-
tuel, nous nous soulevons ensemble           lation aspire à un autre système de
contre le projet de retraites du gouver-     retraites, qui soit juste, équitable et qui
nement. Son système par points, limitant     permette de faire de la retraite un nouvel
les dépenses de retraites et prenant en      âge de la vie. Cela serait tout à fait finan-
compte l’entièreté de la carrière, aug-      çable comme de nombreuses études
mentera les inégalités, retardera l’âge      l’ont montré. Face à un gouvernement
pour bénéficier d’une retraite à taux        qui reste sourd aux aspirations popu-
plein et consacrera l’appauvrissement        laires et face aux violences policières
des retraité.es.                             qui se multiplient, nous nous engageons
Le projet du gouvernement est fortement      dans la construction d’un comité natio-
critiqué de toutes parts, y compris par le   nal de soutien aux mobilisations et dans

                                MARS 2020 | Regards | 21
des initiatives locales. Certains d’entre     ci sont parmi les grandes perdantes du
nous ont déjà signé plusieurs appels          projet de retraites. Nous participerons à
allant dans le même sens.                     bien d’autres initiatives, nous en propo-
Nous appelons à participer aux grèves         serons en accord avec les organisations
et à leur soutien, notamment financier,       syndicales et les secteurs en lutte, pour
ainsi qu’aux différentes initiatives de       le retrait d’un projet qui participe à la
l’intersyndicale. Nous soutenons des          destruction des droits sociaux et pour
mobilisations qui prennent des formes         l’élaboration d’un vrai projet progres-
inédites, diverses, ancrées localement et     siste.
dessinant des convergences qui seront         Les premier.es signataires / Comité national de
essentielles pour faire face à l’urgence      soutien aux luttes
sociale, écologique et démocratique.          Paul Alliès (politiste, université de Montpellier),
Les assemblées générales se multiplient       Eric Alliez (philosophe, Paris 8)
dans les lieux de travail et de vie, tout     Paul Ariès (politiste, directeur de l’observatoire
comme les luttes contre la destruction        international de la gratuité), Antoine Artous (re-
des services publics. Ensemble, elles         vue Contre Temps), Ariane Ascaride (actrice),
nourrissent les mobilisations contre le       Eliane Assassi (présidente du groupe CRC au
projet de retraites du gouvernement et        Sénat), Jean-Christophe Attias (universitaire),
plus encore, contre la politique d’Emma-      Manon Aubry (eurodéputée LFI), Marie Auffray-
nuel Macron et son monde, marquée par         Seguette (sociologue, université de Nantes),
l’ultralibéralisme et l’autoritarisme.        Clémentine Autain (députée LFI), Lorenzo
Nous construirons déjà une assemblée          Barrault-Stella (sociologue, CNRS), Francine
populaire contre la réforme, le 17 février,   Bavay (ECVF), Esther Benbassa (sénatrice
jour d’ouverture de l’examen du projet        écologiste de Paris), Rémi Bénos (géographe,
à l’Assemblée nationale à proximité de        université Champollion Albi / GEODE CNRS),
celle-ci. Nous participerons à la nou-        Ugo Bernalicis (député LFI), Eric Berr (écono-
velle journée de convergence de grèves        miste, université de Bordeaux), Olivier Besance-
et de manifestations le 20 février, ainsi     not (porte-parole du NPA), Jacques Bidet (philo-
que le 8 mars à la journée de lutte pour      sophe, Paris Nanterre), Pascal Binet (professeur
les droits des femmes, puisque celles-        de Sciences Économiques et Sociales), Hervé

                                MARS 2020 | Regards | 22
ON SE LÈVE
                                                                              ET ON SE CASSE !

Bismuth (littérature française, université de         dré Chassaigne (président du groupe GDR à
Bourgogne), Marianne Blanchard (sociologue,           l’AN), Sébastien Chauvin (sociologue, univer-
université Toulouse Le Mirail), Philippe Blanchet     sité de Lausanne), Gérard Chaouat (directeur
(socio-linguiste, Rennes 2), Pascal Boissel (psy-     recherches émérite CNRS), Bernard Charlot
chiatre), Etienne Boisserie (historien, INALCO),      (sciences de l’éducation, Paris 8), Céline Ciu-
Manuel Bompard (eurodéputé LFI), Camille              kierman, (sénatrice de la Loire, porte-parole du
Bondon (artiste), Laurent Bonelli (sociologue,        PCF), Hervé Christofol (sciences de l’ingénieur,
Paris Nanterre), Sylvain Bordiec (sociologue,         université d’Angers), Michèle Cohen-Halimi
université de Bordeaux), Nicole Borvo Cohen-          (professeure de philosophie Paris 8), Patrice
Séat (sénatrice honoraire), Ariane Bosshard           Cohen-Séat (président honoraire d’Espaces-
(designer graphique), Yannick Bosc (historien         Marx), Eric Coquerel (député LFI), Alexis Cor-
universitaire), Taha Bouhafs (journaliste), Marie     bière (député LFI), Sergio Coronado (ancien
Bouazzi (ancienne présidente de Français du           député écologiste), Alain Coulombel (porte-
monde - ADFE – Tunisie), Paul Bouffartigue            parole d’EELV), Patrick Coulon (journaliste),
(sociologue, CNRS)                                    Annick Coupé (secrétaire générale d’ATTAC),
Marie-Pierre Boursier (communiste et écolo-           Pierre Cours-Salies (sociologue, Paris 8), Tho-
giste), Philippe Boursier (professeur de sciences     mas Coutrot (économiste, DARES), Bruno Cou-
économiques et sociales), Thomas Branthôme            sin (sociologue, Sciences Po), Nathalie Couti-
(historien du droit), Ian Brossat (adjoint au maire   net (économiste, Paris 13), Robert Crémieux,
de paris, porte-parole du PCF), Marie-George          ancien président du MNCP, Isabelle Cridlig
Buffet (députée PCF), Dominique Cabrera (réa-         (photographe, plasticienne), Alexis Cukier (phi-
lisatrice), Claude Calame (historien, EHESS),         losophe, université de Poitiers), François Cus-
Alice Canabate, vice-présidente de la Fondation       set (historien, université Paris Nanterre), Pierre
de l’écologie politique, Luc Carvounas (député        Dardot, philosophe, Françoise Davisse (auteure
PS), Jacques Casamarta (Ensemble ! Corse,             réalisatrice), Laurence De Cock (historienne),
animateur de l’association Per à Pace, pour la        Anne De Haro (juriste, Gauche démocratique et
Paix), Jean-Noël Castorio (historien, université      sociale), Christian Delarue (vice-président Inde-
du Havre), Laurence Cathala (artiste et ensei-        cosa 35), Frédéric Delarue (historien, USVQ),
gnante), Manuel Cervera-Marzal (sociologue,           Mathias Delori (sociologue, CNRS), Christian
EHESS), Leila Chaibi (eurodéputée LFI), An-           de Montlibert (sociologue, université de Stras-

                                      MARS 2020 | Regards | 23
bourg), Claire Desmitt (sciences de l’éducation,   Julie Garnier (oratrice LFI), Isabelle Garo (pro-
université de Lille), Pierre Dharréville (député   fesseure de philosophe), Raquel Garrido (avo-
des Bouches-du Rhône), Vikash Dhorasoo             cate), Franck Gaudichaud, Politiste, Univer-
(footballeur international), Vincent Dubois (so-   sité Toulouse Jean Jaurès, Florence Gauthier
ciologue, université de Strasbourg), Patrick       (historienne universitaire), Frédérick Genevée
Dubreuil (médecin généraliste), Jean-Numa          (responsable de musée), Susan George (prési-
Ducange (historien), Michel Duffour (ancien        dente d’honneur d’ATTAC), Christakis Georgiou
Secrétaire d’Etat), Claire Dujardin (avocate),     (politiste, université de Genève), Julie Gervais
Marie-Anne Dujarier (sociologue, université Pa-    (politiste, Paris 1 Panthéon-Sorbonne), François
ris Denis Diderot), Laurence Ellena (sociologue,   Gèze (éditeur), Pascale Gillot (philosophe, uni-
université de Poitiers), Didier Epsztajn (anima-   versité de Tours), Roland Gori (psychanalyste et
teur du blog entre les lignes entre les mots),     président de l’Appel des appels), Camille Gour-
Jean-Baptiste Eyraud (militant du DAL), Guil-      deau (anthropologue, université Paris Diderot),
laume Faburel (professeur d’urbanisme, Lyon 2),    Fabien Granjon (sociologue, Paris 8), Pierre-
Patrick Farbiaz (co-fondateur de PEPS), Didier     François Grond (professeur d’histoire-géo-
Fassin (sociologue), Eric Fassin (sociologue,      graphie), Ozgur Gun (économiste, université
université Paris 8), Elsa Faucillon (députée       de Reims), Ingrid Hayes (historienne), Janette
PCF), Anaïs Feuillette (documentariste), Caro-     Habel (coprésidente Fondation Copernic),
line Fiat (députée LFI), Gérard Filoche (porte-    Jean-Marie Harribey (économiste, université de
parole de la Gauche démocratique et sociale),      Bordeaux), Anaïs Henneguelle, (économiste,
Agnès Fine (anthropologue, EHESS), Bernard         Rennes 2), Thomas Hippler (historien, université
Fischer (employé de sécurité sociale), Marianne    de Caen), Etienne Hubert (historien, EHESS),
Fischman (professeure de sciences écono-           Michel Husson, (économiste), Anne Isla, Eco-
miques et sociales), David Flacher (économiste,    nomiste, (Université de Toulouse), Pierre Jac-
Paris 13), Bastien François, président de la       quemain (Regards), Sophie Jallais (économiste,
Fondation de l’écologie politique, Bernard Friot   Paris 1), Chantal Jaquet (philosophe, Paris 1
(sociologue, Paris Nanterre), Bruno Gaccio         Panthéon Sorbonne), Arthur Jatteau (écono-
(auteur), Jean Gadrey (économiste, université      miste, université de Lille), Gisèle Jean (profes-
de Lille), Khaled Gaiji (président des Amis de     seure de sciences économiques et sociales),
la Terre), Afriano Garcia (sociologue, EHESS),     Vanessa Jérome (politiste, CESSP), Samy Joh-

                                    MARS 2020 | Regards | 24
ON SE LÈVE
                                                                            ET ON SE CASSE !

sua (sciences de l’éducation, université Aix Mar-    Hautes Etudes de Santé Publique), Elise Lowy
seille), Anne Jollet (historienne, coordinatricce    (animatrice de la revue Ecorev), Michaël Löwy
de la rédaction des Cahiers de l’histoire), Régis    (sociologue, CNRS), Corinne Luxembourg
Juanico (député Génération.s), Sébastien Jumel       (géographe, ENSA Paris-La Villette), Christian
(député de Seine-Maritime), Pierre-André Juven       Mahieu (revue Les Utopiques), Pascal Maillard,
(sociologue, CNRS), Sam Karmann (acteur),            universitaire, Catherine Malabou (philosophe,
Razmig Keucheyan (sociologue, université de          ENS Fontenay), Jean-Pierre Martin (psychiatre),
Bordeaux), Pierre Khalfa (économiste, Fonda-         Christiane Marty (ingénieure, Fondation Coper-
tion Copernic), Pierre Labat (artiste), Jean-Paul    nic), Corinne Masiero (comédienne), Gustave
Labro (artiste et vidéaste), Bastien Lachaud         Massiah (économiste altermondialiste), Frédé-
(député LFI), Thomas Lacoste (cinéaste), Jean        rique Matonti (politiste, Paris 1 Panthéon Sor-
Lafont (militant écologiste, PEPS), Rose-Marie       bonne), Gérard Mauger (sociologue, CNRS),
Lagrave (sociologue, EHESS), Véronique Lamy          Emmanuel Maurel (eurodéputé LFI), Odile
(porte-parole du PCOF), Dany Lang (écono-            Maurin activiste / handicap, Caroline Mecary
miste, Paris 13), Mathilde Larrère (historienne),    (avocate), Jean-Luc Mélenchon (président du
Michel Larive (député LFI), Marie-Amélie Lau-        groupe LFI à l’AN), Denis Merklen (sociologue,
zanne (sociologue, CESSP), Christian Laval,          Sorbonne Nouvelle-Paris 3), Daniel Mermet
sociologue, Christian Lazzeri (philosophe, Paris     (journaliste), Guillaume Meurice (humoriste)
Nanterre), Yvan Le bolloc’h (acteur et musi-         Olivier Michel (professeur d’informatique, uni-
cien), Frédéric Lebaron (sociologue, ENS Paris       versité Paris Est), Catherine Mills (économiste,
Saclay), Catherine Leclercq (sociologue, uni-        Paris 1), Benoit Monange, directeur de la Fon-
versité de Poitiers), Olivier Lecour Grandmai-       dation de l’écologie politique, Claire Monod
son (historien, université Paris Saclay), Rémi       (coordinatrice nationale de Génération.s),
Lefebvre (politiste, université de Lille), Patrick   Warren Montag (professeur d’anglais et de
Lehingue (politiste, université de Picardie),        littérature comparée, Occidental College Los
Sandrine Lévêque (politiste, université Lyon 2),     Angeles), Cynthia Montier (artiste et autrice),
Patrick Le Moal (inspecteur du travail retraité),    Bénédicte Monville (conseillère régionale éco-
Amélie Le Renard (sociologue CNRS), Jacques          logiste), Robi Morder (professeur honoraire en
Lerichomme (ancien Conseiller Régional               philosophie), Gérard Mordillat (écrivain), Arnaud
PACA), Jean Lesne (microbiologiste, Ecole des        Muyssen (médecin addictologue, CHU de Lille),

                                      MARS 2020 | Regards | 25
Philippe Nabonnand (directeur des archives           Raphaël Pradeau (porte-parole d’Attac), Loïc
Henri-Poincaré), Olivier Neveux (professeur          Prud’homme (député LFI), Jean Puyade (profes-
d’études théâtrales, ENS Lyon), Danièle Obono        seur d’espagnol-retraité), Adrien Quatennens
(députée LFI), Marc Ollivier (astrophysicien,        (député LFI), Yves Quintal (directeur d’école),
CNRS), Younous Omarjee (eurodéputé LFI),             Guillaume Quintin (secrétaire national du PG),
Elise Palomares (socio-anthropologue, univer-        Luc Quinton (artiste plasticien), Cécile Rabot
sité de Rouen), Mathilde Panot (députée, vice-       (sociologue, université Paris Nanterre), Thierry
présidente du groupe LFI à l’AN), Xavier Papaïs      Ramadier (psychologue, CNRS), Jean-Hugues
(philosophe), Monica Passos (chanteuse), Willy       Ratenon (député LFI), Patrick Rayou (sciences
Pelletier (coordinateur général de la Fondation      de l’éducation, Paris 8), Emmanuel Renault
Copernic), Anne-Sophie Pelletier (eurodéputée        (philosophe, Paris Nanterre), Jacques Rigaudiat
LFI), Jean-François Pellissier (porte-parole d’En-   (économiste), Denis Robert (Le Média), Jean-
semble !), Irène Pereira (philosophe, IRESMO),       Yves Rochex (psychologue, Paris 8), Fabien
Evelyne Perrin (présidente de Stop Précarité),       Roussel (député du Nord, secrétaire national du
Ana Perrin-Heredia (sociologue, CNRS), Chris-        PCF), Régis Roussillon (professeur de sciences
tian Pierrel (porte-parole PCOF), Ernest Pignon      économiques et sociales), Sabine Rubin (dépu-
Ernest (artiste plasticien), Roland Pfefferkorn      tée LFI), François Ruffin (député LFI), Arnaud
(sociologue, université de Strasbourg),              Saint-Martin (sociologue, CNRS), Perrine Saint-
Dominique Plihon (économiste, Paris                  Martin (designeuse et enseignante), Catherine
13), Edmond Préteceille (sociologue,                 Samary (économiste, Paris Dauphine), Patricia
Science Po), Michel Pinçon (socio-                   Sander (géographe, université de Strasbourg),
logue, CNRS), Monique Pinçon-Charlot                 Gisèle Sapiro (sociologue, EHESS), Georges
(sociologue, CNRS), Sophie Pochic                    Sarda (professeur d’espagnol-retraité), Chris-
(sociologue, CNRS), Christopher Pol-                 tina Semblano (conseillère municipale Gentilly),
lmann (professeur de droit public, uni-              Patrick Silberstein (médecin, éditeur), Patrick
versité de Lorraine), Jocelyne Porcher               Simon (démographe, INED), Maud Simonet (so-
(sociologue, INRA), Raphael Porteilla                ciologue CNRS), Danielle Simonnet (conseil-
(politiste, université de Bourgogne),                lère de Paris), Francis Sitel (revue Contre
Paul Poulain (Emancipation Collective)               Temps), Eric Soriano (sociologue, université de
Marie-Pierre Pouly (sociologue, université de        Montpellier), Marc Soriano (philosophe), Alfred
Limoges), Christine Poupin (porte-parole du          Spira (épidémiologiste, académie de médecine)
NPA), Philippe Poutou (porte-parole du NPA),         Alessandro Stella (historien, EHESS), Philippe

                                      MARS 2020 | Regards | 26
ON SE LÈVE
                                                                ET ON SE CASSE !

Tancelin (philosophe, Paris 8), Bénédicte Tau-
rine (députée LFI), Jacques Testart (biologiste)
Julien Théry (historien, Lyon 2), Martin Thibault
(sociologue, université de Limoges)
Bruno Tinel (économiste, Paris 1 Panthéon
Sorbonne), Christian Topalov (sociologue,
EHESS), Josette Trat (sociologue, Paris 8),
Aurélie Trouvé (porte-parole d’ATTAC), Eric
Toussaint (CADTM), Eric Valentin (philosophe,
université de Picardie), Patrick Vassort (socio-
logue, université de Caen), Mélanie Vay (poli-
tiste, CESSP), Marie-Pierre Vieu-Martin (édi-
trice), Sylvie Vilter (économiste, université de
Versailles Saint-Quentin), Christophe Voilliot
(politiste, Paris Nanterre), Louis Weber (édi-
teur), Karel Yon, (sociologue, CNRS/Université
Paris Nanterre), Michèle Zémor vice-présidente
agglomération Plaine Commune), Elisabeth
Zucker (sociologue, EHESS). Collectif
 Collectif

                                     MARS 2020 | Regards | 27
Retraites :
  face aux paroles trompeuses
    des personnages officiels,
            une Assemblée
             populaire !
    Ce qui est universel dans la réforme des retraites, c’est
   de faire travailler tout le monde plus longtemps. C’est la
  seule vérité que l’exécutif et sa majorité taisent, préférant
                    multiplier les mensonges.

La création d’un comité de soutien aux             « Car, jusqu’au moment précis où
mobilisations sociales et son initiative      la catastrophe atteignit tout et tout le
d’une Assemblée populaire contre la           monde, elle était dissimulée non par des
réforme, ce lundi 17 février, jour d’ouver-   réalités mais par les paroles, les paroles
ture de l’examen du projet à l’Assemblée      trompeuses et parfaitement efficaces de
nationale, sont particulièrement bienve-      presque tous les personnages officiels
nues. La politique est en crise quand elle    qui trouvaient continuellement, et dans
n’est plus la sphère de la vie commune        de nombreuses variantes, une expli-
où les hommes partagent des paroles           cation satisfaisante des événements
et des actes. C’est ainsi qu’adviennent       préoccupants et des craintes justifiées.
« les temps sombres », alertait Hannah        Quand nous pensons aux sombres
Arendt dans un propos d’une saisis-           temps et à ceux qui y vivent et y évo-
sante actualité :                             luent, il nous faut prendre en compte ce

                                MARS 2020 | Regards | 28
Vous pouvez aussi lire