LE MARIGOT Lancer des passerelles entre le passé et le présent - Société historique et culturelle ...
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LE MARIGOT Lancer des passerelles entre le passé et le présent Le projet Nos aînés ont une histoire à raconter Dans la série Histoire Pionnières et femmes de changement Dans la série Longueuil et ses mots La jeune Parisienne de Coteau rouge, de Michel Pratt Volume 27 | Numéro 1 | Hiver-Printemps 2021
CONTACT COORDONNÉES ET HORAIRE 440, chemin de Chambly Longueuil (Québec) J4H 3L7 (450) 677-4573 du mardi au vendredi, de 9 h à 15 h 30 @ shm@marigot.ca marigot.ca facebook.com/shmarigot LeMarigot Société historique du Marigot DEVENEZ MEMBRE! SOUTENEZ-NOUS! AVANTAGES DE LA COTISATION Vous pouvez appuyer financièrement la Société • Assister sans frais aux activités mensuelles. historique et culturelle du Marigot, par un don au montant de votre choix et selon la formule qui vous • Avoir accès au quiz annuel sur Longueuil et Saint-Hubert à l’automne (réservé convient : don unique, versements mensuels ou exclusivement aux membres). même don testamentaire. • Bénéficier des tarifs réduits pour les membres lors VOS DONS PERMETTENT DE : des visites animées ainsi que pour la reproduction de photographies et les recherches historiques. • Embaucher du personnel qualifié pour faire progresser la recherche régionale Votre cotisation permet également à la petite équipe de la Société historique et culturelle du • Développer de nouvelles activités de diffusion, tant virtuelles que sur le terrain Marigot de poursuivre la réalisation des projets • Assurer une plus grande présence dans la phares que sont la revitalisation des archives et Ville communauté Jacques-Cartier, haute en couleur. • Actualiser les méthodes de conservation des archives et artefacts COTISATION Vous pouvez payer votre cotisation en cliquant sur La Société historique et culturelle du Marigot est le lien suivant : adhésion à la Société historique et un organisme de bienfai- culturelle du Marigot. Les diverses options vous sance enregistré à l’Agence du seront offertes. Vous pouvez aussi faire parvenir votre revenu du Canada, catégorie cotisation par chèque à l’adresse ci-haut ou payer par Bibliothèques, musées et autres virement Interac à shm@marigot.ca (n’oubliez pas collections. Numéro d’enregis- de nous envoyer la réponse à la question de sécurité). trement 107599730RR001 Catégories de membres 1 an 2 ans Les dons de photos anciennes sont appréciés en Membre régulier – individuel 30 $ 55 $ tout temps. Cela permet d’enrichir nos collections ! Membre régulier – couple 45 $ 85 $ Membre étudiant 10 $ 15 $ (temps plein, preuve requise) Membre or 105 $ 200 $
EN COUVERTURE CONSEIL D’ADMINISTRATION 2020-2021 Madame Cécile Jalbert portant dans ses bras sa fille Présidente : Louise Levac Suzanne, devant l’entrée du dépanneur tenu par sa Vice-président : Michel Fragasso soeur Amabélise Jalbert, à Ville Jacques-Cartier en Trésorier : Jean-Guy Lavigne 1954. Secrétaire : Jean Lamarre Source : Société historique et culturelle du Marigot, Collection Ville Jacques-Cartier, Série Cécile Jalbert Administrateurs et administratrices : Andrée-Anne Coll, Gaétane Collette, Alexandre Dubé et Robert Leroux GOUVERNEURS RÉDACTION ET MISE EN PAGE (NOS ANCIENS PRÉSIDENTS) Jef Asnong, Sylvie Boyer, Jean-Guy Campeau, Andrée-Anne Coll, Jean-Guy Lavigne, Louise Levac, Charles-Édouard Millette (1978-1978)† Sabrina Raymond et Claudette Vandette. François Matte (1979-1980) † Louise Dufresne Légaré (1980-1982) † Lucille Côté Nadeau (1980-1982) † Annette Racicot Laramée (1982-1998) † Michel Pratt (1998-2015) DANS CE NUMÉRO Mot de la présidente 4 ACTUALITÉS La Grande Recrue de 2020 5 Jean Lamarre, nouveau secrétaire de la Société 5 Thérèse Savoie, un cœur en action 7 Participation à des activités de la Ville de Longueuil 7 HISTOIRE Des pionnières québécoises 9 Femmes de changement à Longueuil 13 VILLE JACQUES-CARTIER, HAUTE EN COULEUR Le projet Nos aînés ont une histoire à raconter 17 Souvenirs - Réfection des rues et écrasement d’un avion à Ville Jacques-Cartier 18 LONGUEUIL ET SES MOTS La jeune Parisienne de Coteau rouge, de Michel Pratt 20 AGENDA Les activités mensuelles en 2021 22 Le Marigot — Hiver-Printemps 2021 3
Mot de la présidente Par sa singularité et sa durée, la pandémie à laquelle nous développons le projet Nos aînés ont une histoire à le monde entier fait face depuis un an s’assure une raconter (voir p. 17) et un programme d’Emploi-Québec place dans les futurs livres d’histoire mondiale. En soutenant la formation de nos employés en vue d’une plus des proches disparus pour certains d’entre nous et adaptation à la situation actuelle. Nous avons ainsi pu de la maladie que d’autres ont traversée, avec ou sans conserver l’équivalent de deux emplois. Grâce à son séquelles, des renoncements ont dû se faire quant aux équipe, qui s’est initiée au télétravail, avec ses hauts et ses contacts plus chaleureux que nous avions auparavant bas, la Société historique et culturelle du Marigot a donc dans notre vie quotidienne. J’espère que votre santé est été pro-active pour s’adapter à la situation sanitaire. Un bonne à ce jour, y compris si vous avez eu la Covid-19, très grand merci à Sylvie Boyer, Marcela Aranguiz, et que les habitudes prises depuis un an ont donné lieu Pierrette Bouchard et Alice Daudelin. à des ajustements vivables, tant au plan personnel que professionnel. En effet, avec ce qu’il nous en coûte en Une Société toujours très active adaptation à un contexte déroutant, nous nous sommes Nous sommes fiers d’avoir fait avancer le dossier de tous familiarisés à un rythme soutenu avec des applica- la revitalisation des archives et ce, principalement tions et formules dont plusieurs d’entre nous ignorions en télétravail grâce à des montants obtenus avant l’existence au début de la décennie naissante. Quand la pandémie, de Bibliothèques et Archives natio- nous serons revenus à ce qui ressemblera en partie – nales du Québec (BAnQ) et de la Caisse Desjardins ça ne pourra jamais revenir à l’identique - à ce que du Vieux-Longueuil. Ainsi, en plus de compléter la nous avions connu avant la pandémie, nous éprou- phase II de notre projet État général des fonds et collec- verons probablement une certaine fierté quant à notre tions de la Société historique et culturelle du Marigot, capacité à rebondir. l’archiviste Marcela Aranguiz a mis au point le site interactif Le Vieux-Longueuil, une histoire dont vous Des adaptations et un recours à des êtes le héros. Lancé en octobre, nous vous invitons à le programmes Covid-19 (re)découvrir : http://vieux-longueuilhistoireheros.org. Comme chacun de vous, la Société historique et cultu- On y trouve notamment de nombreux anciens relle du Marigot fait ce qu’elle peut depuis le printemps commerces, qui rappelleront des souvenirs à plusieurs 2020 pour survivre et s’épanouir durant cette période d’entre vous. Sur chaque photo, vous pouvez déplacer difficile pour tant d’organismes communautaires. le curseur à gauche et vous découvrirez ce qu’on Ainsi, les relations que nous avons avec nos membres, trouve aujourd’hui à l’emplacement en question. nos bénévoles et le public de même que celles entre Nous vous invitons à mettre des commentaires sous employés se déclinent dorénavant en grande partie à les photos. Vous avez fréquenté ces endroits ? Vous distance. Nous avons aussi procédé à la transformation y reconnaissez des gens ? Vous avez des anecdotes à numérique de nos activités mensuelles en 2020-2021. partager ? N’hésitez pas à les partager avec nous. Si quelques personnes ne peuvent se joindre à nous, vous avez été plus nombreux que jamais à suivre lesdites Nous avons aussi atteint l’objectif que nous nous activités, l’expérience virtuelle se déroulant dans de étions fixé pour notre première campagne de recru- bonnes conditions et permettant même de rejoindre tement (voir p. 5) et participé à plusieurs activités de nouveaux publics. Tout en multipliant nos parte- de la Ville de Longueuil (voir p. 7), notamment la nariats avec la Ville de Longueuil et avec plusieurs Semaine virtuelle du souvenir. Parmi ces activités, se députés, nos activités sur la Crise d’octobre vue de la trouve notre participation le 16 mars à une table ronde Rive-Sud et celle sur le déboulonnage des statues ont sur l’apport des femmes à l’histoire de Longueuil, généré des records de participation et nous planifions une thématique importante de la présente édition un automne 2021 stimulant (voir p. 23). de votre bulletin. Tant de femmes, certaines connues et d’autres invisibles dans l’espace public, ont bâti la Par ailleurs, nous avons eu recours à divers programmes Ville de Longueuil et le Québec. Nous souhaitons Covid-19, que ce soit la Subvention salariale d’urgence ici contribuer à en faire connaître quelques-unes et du Canada, une aide de Patrimoine canadien pour mesurer le chemin parcouru. poursuivre le travail en archivistique, le programme Nouveaux horizons pour les aînés dans le cadre duquel Louise Levac 4 Le Marigot — Hiver-Printemps 2021
ACTUALITÉS Jean Lamarre, nouveau La grande recrue de 2020 secrétaire de la Société par Jean-Guy Lavigne par Jean-Guy Lavigne En pleine pandémie, malgré les difficultés La Société historique et culturelle du Marigot est de toutes sortes auxquelles faisaient face les heureuse de vous présenter son nouveau secrétaire, associations, la Société historique et culturelle l’historien Jean Lamarre, Ph.D. Il succède à Jef du Marigot s’est donnée comme objectif non Asnong qui a occupé le poste pendant plusieurs seulement de conserver ses membres mais aussi années et dont elle tient à signaler l’engagement en d’en augmenter le nombre de façon signifi- longue durée. C’est à l’invitation de Louise Levac cative. que Jean Lamarre s’est joint à la Société et, plus Le conseil d’administration a eu la vision et tard, à son conseil d’administration et au comité de l’audace d’autoriser une campagne de recru- coordination tement alors qu’il était impossible d’organiser ᚔ la moindre activité permettant aux membres de se réunir et de discuter entre eux. Encore moins d’assister en personne à des conférences et à des activités. C’est Jean-Guy Lavigne, membre du CA depuis l’automne 2019, qui s’est vu confier la responsabilité d’assurer la direction de l’opé- ration OBJECTIF + 25 devant débuter le Jour de la Fête du travail. En plus des efforts des membres du conseil d’administration, la campagne a consisté en appels téléphoniques et en courriels aux personnes dont le nom avait été fourni au responsable et en messages à la fin des activités diffusées sur Zoom. Aux Fêtes, non seulement l’objectif avait-il été atteint, il avait été dépassé à la grande satis- Jean est détenteur d’un doctorat en histoire faction de toutes et de tous. À l’exception de américaine de l’Université de Montréal où il avait quelques personnes qui ont grandi à Longueuil obtenu un baccalauréat ès arts spécial en histoire et qui vivent maintenant ailleurs, toutes et tous et une maitrise dans le même champ d’étude. résident dans la métropole de la Rive-Sud ou Sa thèse de doctorat a porté sur Les Canadiens dans sa région immédiate. Plusieurs participent, français du Michigan. Leur contribution dans le dorénavant, à nos activités sur la plateforme développement de la vallée de la Saginaw et de la Zoom. Vous aurez, d’ailleurs, l‘occasion de les péninsule de Keweenaw, 1840-1914. Durant sa rencontrer à la reprise des activités en présence, carrière, il a enseigné principalement l’histoire quand ce sera autorisé. sociale américaine, l’histoire de la politique étrangère de nos voisins du Sud, celle de la guerre L’organisateur de la campagne tient à remercier de Sécession et celle des relations entre le Québec, Jean Lamarre, Andrée-Anne Coll, Louise le Canada et les États-Unis, en plus de celle du Levac et Alexandre Dubé ainsi que Sylvie Québec contemporain. Boyer pour leur implication. Le Marigot — Hiver-Printemps 2021 5
ACTUALITÉS De 2008 à 2020, il a occupé le poste de professeur américain, cherchant à mieux faire connaître le titulaire au département d’histoire du Collège processus migratoire et la réalité francophone et militaire du Canada à Kingston, en Ontario, après métisse au tournant du XXe siècle dans la région avoir été professeur adjoint et professeur agrégé méconnue du Dakota du Nord. durant plusieurs années. Depuis l’an dernier, Jean ᚔ est professeur émérite de cette institution. Plus Longueuillois que Jean Lamarre, c’est Jean est l’auteur de sept monographies publiées difficile à concevoir. Né au coin des rues Saint- entre 1996 et 2017. Signalons notamment : Le Charles et Pratt, dans le Vieux Longueuil, il a mouvement étudiant québécois des années 1960 et ses fréquenté les écoles primaires Saint-Antoine, relations avec le mouvement international, Québec, Saint-Pierre-Apôtre et Catherine-Primot avant Septentrion, 2017. 178 pages. D’Avignon. Médecin, de poursuivre son cours secondaire au collège de Patriote et Nordiste, Montréal, VLB, 2009, 190 Longueuil et, plus tard, d’étudier la sociologie au pages. Les Canadiens français et la guerre civile Cégep Édouard-Montpetit. Le malheur n’a pas américaine (1861-1865). Une autre dimension épargné sa famille. Lionel, son père, chef pâtissier de leur migration vers les États-Unis, Montréal, à la boulangerie Mainville de la rue Grant, VLB, 2006, 186 pages (réimpression en 2008). mourut à l’âge de 45 ans. Pour joindre les deux Histoire des États-Unis: Mythes et réalités, Laval, bouts, sa mère, née Savaria à Boucherville, sera Les Éditions Beauchemin, 2e édition revue et gérante de magasin à la Place Longueuil et vivra augmentée, 2006, 269 pages, avec Yves Bourdon jusqu’à l’âge de 85 ans. ainsi qu’Histoire du Québec. Une société nord-améri- caine, Laval, Les Éditions Beauchemin, 1998, 320 Le Cégep terminé, Jean s’installe à Montréal. Il pages, toujours avec Yves Bourdon. travaille à temps partiel à l’hôpital Hôtel-Dieu de Montréal à l’inscription de l’urgence, d’abord Le nouveau secrétaire de la Société a aussi écrit de la nuit, les fins de semaine et ensuite le jour nombreux articles dans des revues scientifiques, les fins de semaine. Son bac et sa maîtrise en certains avec d’autres historiens, en plus de ceux histoire, à l’Université de Montréal, derrière lui, publiés dans des ouvrages collectifs, de même que il entame ses études de doctorat, qu’il complètera présenté plusieurs communications scientifiques. Il en 1996. Entretemps, devenu papa, sa copine et a aussi participé à l’organisation de congrès scienti- lui quittent la grande ville en 1993 pour revenir fiques, d’ateliers thématiques et de voyages d’étude au bercail. Ils vivent à Longueuil depuis 1993. pour les étudiants du département d’histoire du RMC Kingston. Jean a aussi présidé des comités de L’arrivée de Jean Lamarre constitue un moment soutenance de mémoire de maîtrise. Il est membre charnière des dernières années à la Société actif de plusieurs associations dont Organization of historique et culturelle du Marigot. L’énorme American Historians (États-Unis), Société historique bagage de connaissances et d’expérience qu’il du Canada (Canada), Institut d’histoire de l’Amérique apporte aux délibérations de la Société, ainsi française (Québec), Bulletin d’histoire politique (Québec) qu’aux travaux qu’elle poursuit, va enrichir encore et Association internationale d’études québécoises (Inter- davantage l’expérience offerte à nos membres et à national). la communauté. À notre question concernant ses activités scien- tifiques pour les prochaines années, Jean a fait référence à un projet de recherche en cours traitant de la présence canadienne-française dans l’armée américaine lors de la Première Guerre mondiale, ainsi qu’à sa participation à un groupe de recherche portant sur le Nord-Ouest 6 Le Marigot — Hiver-Printemps 2021
ACTUALITÉS Thérèse Savoie, un cœur en action par Jef Asnong, avec la collaboration de Sylvie Boyer Madame Thérèse Savoie, administratrice à la Société historique et culturelle du Marigot durant plusieurs décennies, a pris sa retraite en 2019. Son titre principal fut celui de bénévole, ayant longtemps été l’alter ego des présidents et prési- dentes de la Société et occupant fort longtemps le poste de trésorière. Du temps qu’Annette Laramée occupait la présidence, Thérèse était aussi son chauffeur attitré et tout naturellement au courant des dossiers. Grande voyageuse devant l’éternel, elle ne cessait de nous étonner avec ses récits de partout sur le globe. Une belle retraite Thérèse ! À l’instar de la Ville de Longueuil, qui lui a rendu hommage à titre de bénévole en 2013, la Société historique et cultu- relle du Marigot te remercie pour tes années de dévouement. Participation à des activités de la Ville de Longueuil La Société historique et culturelle collabore avec thème Longueuil se souvient : le temps des grandes grand plaisir à diverses initiatives de la Ville de guerres du XXe siècle. Longueuil pour faire connaître notre histoire et, parfois, des aspects méconnus de celle-ci. Ainsi, S’il a été question du héros de guerre Léo Major, elle a produit à l’automne 2020 deux baladiffu- au sujet duquel une plaque commémorative sions et deux capsules vidéo dans le cadre de la sera dévoilée au printemps, d’autres aspects des Semaine virtuelle du souvenir et participera le impacts de la guerre sur Longueuil ont été mis 16 mars 2021 à une table ronde sur l’apport des en évidence par la Société historique et culturelle femmes à l’histoire de Longueuil. du Marigot. À l’occasion des 75 ans de la fin de la Seconde Deux baladodiffusions à l’automne et une table guerre mondiale, alors que la pandémie empêchait ronde en mars les rassemblements, la Ville de Longueuil a eu l’heureuse idée de tenir une Semaine virtuelle du Grâce à une impressionnante recherche réalisée souvenir, en novembre 2020. Des capsules vidéo par l’historien Jean Lamarre (voir l’article à la page et des baladiffusions ont permis d’explorer le 5), une baladodiffusion nous a permis d ‘exposer Le Marigot — Hiver-Printemps 2021 7
ACTUALITÉS le contexte social à Longueuil durant les grandes Des capsules vidéo guerres du XXe siècle : https://www.youtube. com/watch?v=-q8Is4crpJM. Vu sa longueur, La Société historique et culturelle a aussi produit une section importante relative aux industries deux des trois capsules vidéo de la série «Les durant la Deuxième Guerre mondiale, bel et bien Longueuillois témoignent de la guerre», toujours enregistrée, a été retranchée et fera l’objet d’une dans le cadre de la Semaine virtuelle du souvenir. nouvelle baladodiffusion au printemps 2021. Ainsi, une capsule vidéo avec Mme Paulette La seconde baladodiffusion que nous avons Gagné a permis de découvrir la belle histoire produite portait sur une femme remarquable, Elsie d’amour de ses parents, intimement liée à la MacGill. Brillante ingénieure en aéronautique, guerre. Léon Gagné, soldat d’origine gaspésienne Elizabeth Muriel Gregory « Elsie » MacGill, engagé dans le Régiment de la Chaudière lors popularisée sous le nom de « Queen of the Hurri- du débarquement de Normandie, a rencontré à canes » dans une bande dessinée, a débuté sa cette occasion Jacqueline Catherine, originaire carrière à la Fairchild Aircraft à Longueuil dans de Normandie, qui quittera tout pour rejoindre les années 1930. Elle a aussi contribué aux travaux son fiancé au Canada. M. Gagné avait payé un de la Commission royale d’enquête sur le statut lourd tribut à la guerre. de la femme à la fin des années 1960 : https:// https://www.youtube.com/watch?v=5_i1fcEij-o www.youtube.com/watch?v=bLwBGDY1s6E Une autre capsule vidéo a fait connaître l’extraor- dinaire Marguerite Elias Quddus. Le témoignage, authentique et touchant, de cette femme dont le père a péri à Auschwitz, était particulièrement bouleversant. Sa soeur et elle sont devenues des « enfants cachés » pendant plusieurs années. Arrivée au Canada en 1967, elle utilise désormais les arts (dessin, poésie) pour se libérer du poids de son enfance et faire le deuil de son père. https://www.youtube.com/ watch?v=2EPTc1pcdK0 Source : National Archives of Canada La « Reine des ouragans » sera évoquée par Louise Levac, directrice de la Société historique et culturelle du Marigot, lors d’une table ronde sur l’apport des femmes à l’histoire de Longueuil tenue le 16 mars 2021 : https://www.facebook.com/ events/953197918548004/ Les pionnières de Ville Jacques-Cartier seront aussi mises en évidence. Enfin, en février, la Société historique et cultu- relle du Marigot a enregistré avec l’aide de la Ville de Longueuil des capsules vidéo permettant de faire connaître ses activités et projets. Elles seront diffusées sur sa page Facebook : https:// www.facebook.com/shmarigot 8 Le Marigot — Hiver-Printemps 2021
HISTOIRE Des pionnières québécoises par Jef Asnong On voudrait parler de femmes remarquables célèbres suivirent. Des nuées de femmes. Une pourtant trop peu connues… Le problème armée de célibataires qui devinrent religieuses et n’est pas d’en trouver une ou quelques-unes. fondatrices de communautés religieuses, d’œuvres C’est qu’elles sont légion et leur histoire a été de bienfaisance sans oublier les épouses, des filles racontée avec soin via une littérature féministe de du Roy à toutes celles qui réalisèrent la revanche combat et de libération. Le travail de Simonne des berceaux. Beaucoup furent enseignantes, Monet Chartrand, dont le bulletin Le Marigot infirmières, fondatrices d’écoles, d’orphelinats, a récemment présenté un résumé de carrière, d’hôpitaux, d’hospices, d’asiles, de foyers. est aussi méritoire pour son livre volumineux Pionnières québécoises et regroupements de femmes Le code civil injuste pour les femmes d’hier à aujourd’hui (Éditions du remue-ménage, 470 pages, 1990). Elle y présente un compte rendu L’obtention du droit de vote et d’éligibilité des extensif sur les activités des ouvreuses de chemin femmes au Québec et dans un grand nombre qui étaient de tous les milieux, animant des foules de démocraties est certes devenue le symbole de militantes et de bénévoles. C’est donc dans de toutes les luttes féminines pour l’égalité et la ce volume que je relèverai quelques observations justice. Qu’injustice il y avait au Québec on le concernant ces luttes et leurs héroïnes. doit à l’ancien droit français, rétabli en 1774, et encore, surtout, par le code civil de 1804, dit de Napoléon. (Simonne Monet, p 28) « Avec ce code civil est consacrée l’œuvre bourgeoise d’avilissement de la femme. Sur elle et sur ses biens s’exerce la puissance maritale. Son incapacité totale s’exprime par l’interdiction de tester, d’hériter, d’acheter, de vendre, de voyager, de prendre un métier ou un négoce sans l’auto- risation du mari. » (Andrée Michel et Geneviève Texier, La Condition de la Française d’aujourd’hui, cité dans Simonne Monet, p 28) « Enfin, par la loi du double standard (version 1866 du code civil,) l’époux peut obtenir une séparation légale si son épouse est adultère, Du temps de la Nouvelle-France, les rôles des cependant que cette dernière ne peut obtenir la femmes et des hommes étaient déterminés par pareille pour son mari, à moins que sa concubine la Royauté et l’Église et ces rôles étaient mutuel- ne demeure dans le domicile commun aux lement plus égalitaires que ce ne fut le cas plus époux. » (Micheline Dumont-Johnson, Tradi- tard, ceci bien que le paternalisme misogyne était tions culturelles et histoire politique de la femme présent, comme il l’est toujours. De nombreuses au Canada, cité dans Simonne Monet, p. 31) femmes ont laissé leur marque dans l’histoire québécoise comme entrepreneures, telles Marie Article après article la femme est ainsi ravalée Rollin, veuve de Louis Hébert, défricheuse qui au rang de mineure, de servante, de bien meuble. importait de France la première charrue. Des noms Des articles à détricoter l’un après l’autre… Le Marigot — Hiver-Printemps 2021 9
HISTOIRE « (…) il est toujours étonnant d’apprendre qu’au En 1940, le Québec est la dernière province début du régime établi par l’acte constitutionnel à permettre aux femmes de voter aux élections de 1791, les femmes avaient le droit de vote au provinciales. Les Territoires du Nord-Ouest le Québec. L’histoire rapporte en effet qu’entre concèdent en 1951. 1809 et 1834 les femmes ont exercé le droit de En 1960, tous les groupes minoritaires obtiennent vote si elles possédaient les propriétés requises. le droit de voter, y compris les hommes et les (…) ce n’est qu’en 1849 qu’une loi définitive vint femmes autochtones. interdire aux femmes la possibilité de participer aux élections. (…) si les femmes ont pu voter au https://lop.parl.ca/sites/ParlInfo/default/fr_CA/ XIXe siècle cela est basé non pas sur un texte ElectionsCirconscriptions/voteFemmes précis de la législation mais, mais sur l’absence de Si au Québec il a fallu faire preuve de patience, textes leur refusant le droit de vote. » (Micheline c’est que les oppositions étaient tenaces autant Dumont-Johnson, Traditions culturelles et que les préjugés étaient solidement ancrés. Et histoire politique de la femme au Canada, cité ce n’est pas parce que l’on peut voter et que l’on dans Simonne Monet, p. 29) peut se présenter aux élections, et si oui, que l’on peut être nommé à certains postes administratifs. Les luttes pour le droit de vote et d’éligibilité L’affaire « personne» en est l’illustration. des femmes En 1921 le Women’s Club de Montreal propose La riposte se met patiemment en marche. En la nomination de Mme le juge Murphy au sénat. 1893 est mis sur pied le Montreal Local Council Ceci lui est refusé parce que, selon la Common of Women. Il s’agit du premier groupe féministe Law britannique, les femmes ne seraient pas au Québec. Il confronte les problèmes sociaux de incluses dans la désignation de personne. Cinq l’heure, milite pour la cause du suffrage, l’accès des femmes albertaines - Emily Murphy, Louise femmes à l’enseignement supérieur et l’amélio- McKinney, Nellie McClung, Irene Parlby et ration de la condition juridique de la femme. Mais Henrietta Muir Edwards - s’en vont en procès, le catholicisme fait bientôt dériver les réformistes vont jusqu’en pourvoi en appel au Conseil privé, libérales francophones vers le féminisme chrétien, où elles gagnent en 1929 leur reconnaissance ceci sous l’égide de la Société Saint-Jean-Baptiste, en tant que personnes. Le Québec fut la seule section des dames. Une façon de vaincre les résis- province à se faire représenter par avocat devant tances du clergé. (Collectif Clio, Histoire des femmes la cour pour discuter de la question et s’y opposer. au Québec, cité dans Simonne Monet, p 120 à 123) (Simonne Monet et Louise Mailhot, cité dans Les toutes premières victoires pour le droit Simonne Monet, p. 142-144) de vote féminin surviennent au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta en 1916 dans le cadre Réformer le code civil des élections provinciales. La Colombie-Britan- Pendant ce temps-là au Québec « suite aux nique et l’Ontario suivent en 1917. Au Canada, pressions des groupes de suffragettes, une dès 1918, toute femme blanche a le droit de voter commission d’enquête est formée le 14 aout 1929. aux élections fédérales. Les femmes obtiennent Elle est chargée d’examiner des réformes possibles le droit de vote en Nouvelle-Écosse en 1918 et au Code civil qui ont rapport aux régimes matri- au Nouveau-Brunswick en 1919 (le droit d’éli- moniaux. La commission Dorion, ainsi nommée gibilité n’y sera accordé qu’en 1934). Le Yukon d’après le juge très catholique qui la préside – le aussi accorde le droit de vote féminin en 1919. bâtonnier Charles-Édouard Dorion – se compose En 1922 les femmes obtiennent le droit de vote à de quatre juristes masculins. (…) Les associa- l’Île-du-Prince-Édouard. Celles de Terre-Neuve tions féminines qui présentent des mémoires et du Labrador l’obtiennent en 1925. 10 Le Marigot — Hiver-Printemps 2021
HISTOIRE sont la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste l’épouse ne peut le faire que si le mari établit sa (Marie Gérin-Lajoie), l’Association des femmes concubine sous le toit conjugal. » propriétaires, l’Alliance canadienne pour le vote (Collectif Clio, cité dans Simonne Monet, p 157) des femmes (Idola Saint-Jean), la Ligue des droits de la femme (Thérèse Casgrain) et le Conseil Les commissaires refusent de reconnaître la local des femmes de Montréal. Leur principale théorie des droits égaux. La commission refuse revendication est de donner aux femmes mariées d’abolir le « double-standard ». Elle dit que les le droit à leurs propres salaires. » droits sont différents parce que les fonctions sont différentes. Au lieu de reconnaître la justice On demande aussi « l’abolition de la nécessité de des arguments des plaignantes ils s’aventurent à l’autorisation maritale » et on affirme « qu’une tenter de dorer la pilule. (Collectif Clio, cité dans femme doit pouvoir se séparer plus facilement Simonne Monet, p 158) de son mari adultère car le Code civil de cette époque stipule que seul un époux peut demander Le « double-standard » en cette matière ne sera la séparation pour l’adultère de son épouse. Mais aboli qu’en 1954-55. Les femmes selon les juristes de la commission Dorion Quoi qu’on dise, on sait bien qu’en fait la blessure faite au cœur de l’épouse n’est pas généra- lement aussi vive que celle dont souffre le mari trompé par sa femme. (…) au cœur de la femme, le pardon est, naturellement, plus facile ; parce que, aussi, pour son esprit, la blessure d’amour- propre est moins cruelle. L’opinion autour d’elle lui est indulgente et pitoyable; le mari trompé, lui, peut souffrir dans son âme tout autant, et ne reçoit du dehors, pour le déshonneur dont la famille est accablée, nulle sympathie; l’infidélité de sa femme l’expose, par surcroit, lui, aux morsures du ridicule. (…) (Collectif Clio, cité dans Simonne Monet, p 158) Marie Gérin-Lajoie, Idola Saint-Jean, Thérèse Casgrain Photo : flickr Le Marigot — Hiver-Printemps 2021 11
HISTOIRE Droit de vote des femmes ou droit de veto des On doit au premier ministre Adélard Godbout hommes ? le fait que le droit de vote des femmes fut enfin accepté. Marie Gérin-Lajoie, Idola Saint-Jean, Quant à l’influence de la puissante Église Thérèse Casgrain, ces trois femmes célèbres catholique, elle n’hésite pas devant les grands et célébrées sont celles qui sont unanimement moyens pour imposer sa position. Dans son reconnues comme les artisanes de l’obtention livre « Citoyennes? Femmes, droit de vote et du droit de vote et de l’éligibilité des femmes au démocratie », Diane Lamoureux écrit : « Du côté Québec. des adversaires du suffrage, la force essentielle est sans conteste l’Église catholique. Celle-ci entre- Avec le droit de vote, les femmes acquièrent un prendra une vaste campagne de mobilisation, outil très puissant; le droit de dire, de témoigner, tout au long de ses vingt années, par le biais des le droit d’être comptées. Mais beaucoup de travail organisations qu’elle contrôle, par son organe de reste à faire, cause par cause. Malgré les avancées presse, L’Action catholique, et dans les sermons les objectifs d’égalité ne sont pas atteints. du dimanche (…) (Diane Lamoureux, cité dans Leur lutte a été fructueuse et continue à fructifier. Simonne Monet, p 141) L’apport du droit de vote féminin à la démocratie En mars 1940, à la veille de l’adoption de la loi 18 est marquant et bénéficie à tous. consacrant le droit de vote des femmes, l’Église Pourra-t-on jamais dire que la démocratie revient encore une fois à la charge. est acquise? Elle est œuvre de respect. Elle est « Le cardinal J.M. Rodrigue Villeneuve, o.m.i., toujours à parfaire, est toujours un appel au dépas- évêque de Québec publie dans La Semaine sement. Elle se doit de toujours être à l’affût de religieuse de Québec un communiqué donnant consensus plus larges, d’être plus inclusive, d’être quatre raisons pour lesquelles lui et l’Assemblée grandie. des évêques ne sont pas favorables au suffrage politique féminin : 1. Parce qu’il va à l’encontre de l’unité et de la hiérarchie familiale; 2. Parce que son exercice expose la femme à toutes les passions et à toutes les aventures de l’électoralisme; 3. Parce que, en fait, il nous apparait que la très grande majorité de femmes de la province ne le désire pas; 4. Parce que les réformes sociales, écono- miques, hygiéniques, etc., que l’on avance pour préconiser le droit de suffrage chez les Idola Saint-Jean (au centre) avec des suffragettes du Québec, en 1922 femmes, peuvent être aussi bien obtenues Source : http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/ grâce à l’influence des organisations rpcq/detail.do?methode=consulter&id=26964&type=p féminines en marge de la politique. » ge#.WPk07v9vqhB (Simonne Monet, p 173) 12 Le Marigot — Hiver-Printemps 2021
HISTOIRE Femmes de changement à Longueuil par Jef Asnong C’est en 1984 que les déléguées de l’AFEAS, Je présenterai trois de ses « révolutionnaires l’Association féminine d’éducation et d’action bouleversantes » comme coup d’envoi, avec sociale, région de Saint-Jean, décident majoritai- l’espoir d’y revenir, car à Longueuil, le bénévolat rement « que chaque secteur se choisisse un nom est une tradition comptant des milliers d’adeptes. de femme s’étant illustrée par son action dans Ce texte est donc basé en grande partie sur ce l’histoire du Québec ». De là nait bientôt l’heu- livre et met l’accent sur trois femmes ayant reuse idée de rédiger des notices biographiques œuvré sur la Rive-Sud. Ainsi je voudrais illustrer et de recueillir des témoignages personnels de comment la Révolution tranquille en cachait une ces « femmes de changement » et de les publier autre : celles des femmes en quête d’autonomie et en livre. Il s’agit bien d’un trésor ou livre d’or de d’un monde plus charitable.1 l’action bénévole, de l’amour pour les personnes dans le besoin, du courage. Le livre est dédié « à Gisèle Auprix Saint-Germain toutes celles qui tracent la route ». Il me fait plaisir, avec la permission de l’association, de présenter Gisèle Auprix, née le 15 août 1925, est décédée quelques-unes de ces héroïnes, ou « ces femmes le 1er mars 2016. Elle fut diplômée infir- remarquables dont on ne parle pas assez », telles mière en 1947.En 1964, elle apprend qu’elle est elles sont nommées dans le mandat que l’on m’a atteinte de sclérose en plaques ce qui interrompt suggéré. brusquement son travail. Elle cherche de l’aide, mais il n’y a pas de ressources. Pendant 4 à 5 ans elle se bat seule ; ses efforts de trouver de l’aide, du soutien se soldent par autant d’échecs. Pire, elle constate que cette solitude, cet isolement, sont vécus par toutes les personnes atteintes de cette maladie. Elle décide de réagir. Elle se prend en main, seule façon de se remettre sur pied, et de passer outre au fauteuil roulant. En 1976, dès qu’elle va mieux, elle fonde l’Association Sclérose en plaques Rive-Sud, qui compte aujourd’hui plus de 325 membres. Écoute, entraide, auxiliaires familiales, maintien à domicile, logement, transport adapté pour personnes handicapées, loisirs… À partir de 1977, elle s’implique bénévolement au sein de plusieurs organismes : Table de concertation pour les personnes handicapées, CLSC Longueuil-Ouest, Groupe des associa- tions des personnes handicapées de la Rive Sud Dessin de Francine Lessard (GAPHRS). Elle participe à la fondation de la Maison Le Coteau Rouge en 1981. Le Marigot — Hiver-Printemps 2021 13
HISTOIRE À Longueuil, en guise de remerciement, on a Thérèse Dallaire Laplante nommé Maison Gisèle Auprix Saint-Germain Née à Saint-Bruno au Lac-Saint-Jean, le 2 l’édifice qui autrefois abritait le Foyer Saint- avril 1931, Mme Dallaire commence sa carrière Antoine. La Maison Gisèle-Auprix-St-Germain d’enseignante avant la Révolution tranquille. (150, Grant, Longueuil, Québec, J4H 3H6) est En 1947, à 16 ans, elle est institutrice dans une un organisme communautaire et charitable qui école de rang de Saint-Gédéon au Lac-Saint- supporte les activités sociocommunautaires, artis- Jean où elle enseigne 7 divisions à 18 élèves. tiques et culturelles, favorise la diffusion des arts Dès l’année suivante elle devient permanente à et de la culture et voit à la sauvegarde et à la mise la Jeunesse agricole catholique féminine ( JACF) en valeur du patrimoine légué par la Commu- dont elle sera présidente avec mandat d’orga- nauté des Sœurs grises. Toutefois, la mission niser ce mouvement dans les 87 paroisses rurales principale de la Maison consiste à offrir dans du diocèse de Chicoutimi. Tout comme elle son Auberge des services d’intégration sociale et sera permanente et responsable de la Croisade de répit dépannage (hébergement temporaire) eucharistique, mouvement d’apostolat pour à des adultes de moins de 65 ans physiquement jeunes de 6 à 12 ans, à organiser dans tous les handicapés. Avec son centre d’activités de jour et couvents et collèges ruraux et urbains en plus ses huit (8) lits, l’Auberge vise le maintien des des écoles rurales. C’était de l’action catholique, acquis chez la personne et se donne le mandat de de l’apostolat et pratiquement du bénévolat. De l’accompagner dans l’actualisation de son projet 1955 à 1961, Mme Dallaire devient assistante de vie.2 sociale au service social familial de Chicoutimi. Sa fonction principale est l’adoption des enfants dits illégitimes, et les mères célibataires. Elle dit à ce propos : « En cinq années, j’ai déménagé par train, de Montréal à Chicoutimi, de nuit (12 heures et plus), près de 500 enfants que j’allais cueillir dans les trois crèches d’Youville, de la Réparation et de la Miséricorde de Montréal. À deux personnes nous ramenions 12 à 15 enfants; quand j’étais seule, 7 à 10 de tous les âges (2 semaines à 10 mois environ). » « En cinq années également j’ai contribué au placement de plus de 500 enfants en adoption qui étaient déposés à la crèche de l’Orphelinat des Petites Franciscaines de Marie à Chicoutimi. » « S’ajoute à cela la tâche de trouver des foyers aux enfants non-adoptés qui moisissaient dans l’orphelinat. Elle écrit ne pouvoir supporter de voir ainsi vieillir ces enfants et d’écoper d’un Gisèle Auprix Saint-Germain retard irrécupérable. » Elle entreprit donc de leur trouver un foyer nourricier. Et il fallut aussi aider les mères célibataires. Cette dernière tâche, elle la poursuivra de 1961 à 1962 comme assistante sociale au Service social de Hull, et 14 Le Marigot — Hiver-Printemps 2021
HISTOIRE en 1962-1963 au Service social Ville-Marie à Après tout il s’agit de femmes formées avant la Montréal. De 1963 à 1965 elle travaille à Hull Révolution tranquille et qui ont pesé lourd dans au Service des soins à domicile au bénéfice des la réalisation de celle-ci. malades cancéreux en phase terminale. Elle écrit : « Aimer Dieu et le prochain comme En 1965 la décision est prise de rester au foyer soi-même…Vivre ma religion devient plus dans le but de se consacrer à sa propre famille. facile… ce n’est plus une religion où je ne vois que Même si elle n’a plus de travail rémunéré, elle des barrières, des défenses…mais une religion où s’implique dans des actions de bénévolat, des on nous demande d’aimer. C’est une libération engagements sociaux et fonde des associations de l’esprit quand on finit par comprendre ainsi sa d’aide et d’entraide. Dès 1971, l’Office de la famille religion. » du diocèse de Saint-Jean, qui sera renommé Saint-Jean-Longueuil en 1982, demande sa collaboration bénévole pour apporter une aide aux familles monoparentales et jeunes couples. Elle répond oui car son désir d’aider les femmes vivant dans des conditions souvent très précaires trouve là une réponse. Dans les années qui suivent sont mis sur pied divers groupes d’action: Vie Nouvelle, Association des femmes séparées et divorcées, Association des hommes séparés et divorcés, Association des veuves, Association des mères célibataires, etc. En 1974, au vu de la détresse psychologique et du dénuement matériel vécu par beaucoup de femmes subissant violences et sévices, Mme Dallaire songe à mettre sur pied un refuge pour les mères et les enfants sans gite. L’on se met aussitôt au travail et le 6 janvier 1975 la maison Carrefour pour Elle ouvre ses portes; c’est le premier refuge du genre au Québec, subven- Thérèse Dallaire Laplante tionné et accueillant mères et enfants à la fois. En 1979-1981, sur le même principe on se met au travail afin de créer une ressource équivalente en santé mentale. En février 1982 on inaugure cette maison sous le nom de l’Entre-Deux. C’est à titre de bénévole qu’elle fait partie des équipes fonda- trices. Elle sera directrice de Carrefour pour Elle jusqu’en 1991. Mme Dallaire a reçu des reconnaissances presti- gieuses pour ses réalisations. Pour ma part, je veux souligner qu’elle, comme ses consœurs, parle volontiers de ses motivations dans lesquelles la religion préconciliaire joue un grand rôle. Le Marigot — Hiver-Printemps 2021 15
HISTOIRE Simonne Monet Chartrand Comme de très nombreuses femmes de sa génération, c’était la religion qui guidait bien des Il y a déjà tout un corpus de textes écrits sur activités de ses révolutionnaires tranquilles, inspirés et décrivant les actions et les réalisations de par une foi elle-même en profonde mutation. Simonne Monet Chartrand. Elle-même a écrit sa biographie extensive, de façon qu’il n’y a pas Mme Monet-Chartrand, en bonne écrivaine lieu de se répéter ici, sinon brièvement. qu’elle est s’en ouvre avec candeur et courage : « J’ai expérimenté, j’ai assisté au cours de ma vie, Simonne Monet, née le 4 novembre 1919 à avec lucidité et regret, à l’éclatement de bien des Montréal, est décédée le 18 janvier 1993. Elle a absolus, des archétypes, des dogmes. De bien des joui d’un milieu familial nourrissant et reçoit une valeurs reconnues fondamentales, dites mêmes éducation avantageuse en pensionnat. éternelles. Valeurs qui ont commandé mes À 17 ans elle fait ses premières armes dans l’action propres attitudes, décisions et visions du monde.» catholique. Entre autres, elle est active dans la « Les rapports d’ordre existentiel qui s’établis- Jeunesse étudiante catholique féminine ( JECF). saient et s’établissent encore actuellement entre Elle résume son engagement dans l’action sociale les individus, les groupes et moi ont été, au cours bénévole dans la phrase leitmotiv que prononça des années, et sont encore sérieusement remis en Mère Marie-Gérin-Lajoie, fondatrice de l’Ins- question. Le doute, la relativité, le désenchan- titut des Sœurs de Notre-Dame-du-Bon-Conseil tement, voire parfois l’angoisse se sont tour à : « La véritable élite est celle qui rend service. » tour installés au cœur de mes anciens absolus. En Conséquemment, elle accepte de devenir mon cœur aussi. » dirigeante nationale de la JECF dans les sections « La forte influence d’une éducation religieuse des collèges classiques et les écoles normales désincarnée. Le trop brusque passage d’un monde d’une vingtaine de diocèses du Québec. chimérique à un monde temporel de réalités diffi- Son mariage et son déménagement à Montréal- ciles à accepter, à assumer dans toutes ses impli- Sud la mettent en contact avec la grande misère cations et conséquences m’ont toujours rendu du territoire adjacent appelé Côteau-Rouge, qui difficile le vécu quotidien. Mais toujours une lueur deviendra plus tard une partie de Ville Jacques- d’amour, d’espoir a brillé, m’a indiqué la voie. » Cartier. Une misère à laquelle elle et son mari ne seront pas indifférents. En parallèle avec ses actions syndicales, ses inter- ventions sociales sont variées et débouchent bientôt sur des appuis à des causes canadiennes et internationales. Je veux citer quelques mouve- ments ou causes dont elle a été membre ou parti- cipante, si ce n’est pas dirigeante : Association canadienne des Nations Unies, École des parents de Longueuil, Fédération des Unions de familles, Voix des femmes, Mouvement pour le désarmement nucléaire et la paix, Fédération des Simonne Monet Chartrand femmes du Québec, Ligue des droits et libertés, Fédération des femmes canadiennes-françaises 1 Femmes de Changement, AFEAS, secteur Antoinette- Caron-Robidoux, Longueuil, 1985 hors Québec, AFEAS. 2 h t t p s : / / w w w. a r r o n d i s s e m e n t . c o m / b o t t i n / maisongiseleauprixstgermain 16 Le Marigot — Hiver-Printemps 2021
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