LA SPERMOCULTURE J. Raymond Service de Bactériologie Pr Poyart GH Cochin Saint Vincent de Paul Novembre 2013
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LA SPERMOCULTURE J. Raymond Service de Bactériologie Pr Poyart GH Cochin Saint Vincent de Paul Novembre 2013
Indications Le diagnostic d'une infection génitale haute, pouvant être responsable d'une hypofertilité ou d'une infertilité masculine. Le contrôle de la qualité du sperme à chaque recueil de sperme dans le cadre de l'AMP avec don de sperme (IAD, FIV)
Physiopathologie de l’infection du tractus génital masculin • Sperme peut être infecté à tous les stades de sa formation • L’ensemble de ses constituants (cellules, spz, plasma séminal) peut véhiculer des particules infectantes ou des antigènes bactériens • Contamination: – exogène par voie ascendante lors du rapport sexuel: agents IST, SGB, Gardnerella, Anaérobies..) – endogène cutanéomuqueuse, entérique exceptionnellement hématogène (coliformes, Haemophilus, Ureaplasma, staphylocoques) • Colonisation microbienne: fonction de la virulence du germe, la charge microbienne, le système lymphocytaire immunocompétent
Principales infections génitales chez l’homme • Urétrite: 121/100 000 hommes (réseau sentinelle 2009) • Orchi-épididymite: inflammation aiguë de l’épididyme et des testicules • Prostatite: inflammation aiguë ou chronique d’origine bactérienne de la glande prostatique • (Ulcérations génitales) Cause rare d’hypofertilité (
Etude du microbiote séminale Pas de différence entre homme normal ou infertile sauf la présence d’Anaeroccus plus fréquente chez l’homme infertile Hou D, Fertility and Sterility, 2013
Germes responsables • Agents de transmission vénérienne: – Neisseria gonorrhoeae – Chlamydia trachomatis – Trichomonas vaginalis – Mycoplasmes urogénitaux: • Ureaplasma urealyticum ++++ • Mycoplasma hominis • Mycoplasma genitalium • Germes « banals »
Pouvoir pathogène des Mycoplames urogénitaux - Responsabilité difficile à affirmer car appartiennent à la flore commensale: 50% des ♀ possèdent Uu dans leur flore, ≤10% pour Mh => uréthrites non gonococciques (Uu: 15 à 20 % des uréthrites masculines) => Infections gynécologiques hautes (salpingites, bartholinite) (Mh) => Rôle dans la vaginose bactérienne => grossesse: chorioamniotites, endométrites, fièvres du post-partum => INN: pneumonies, septicémies, méningites (NN très hypotrophiques) => Rôle dans l’infertilité masculine?
U. Urealyticum et M. hominis - Significativement plus de Uu chez les hommes infertiles - Concordance entre l’homme et la femme pour Uu chez les couples infertiles (32%) vs 12% chez les fertiles Ly JS, Infertility, 2013
Mycoplasma genitalium • Cause émergente d’infections sexuellement transmissibles • Responsable d’urétrites aigües et chroniques chez l’ homme svt asymptomatiques • Données discordantes chez la femme (urétrite, cervicite, salpingite) • Associé au VIH • A rechercher devant la persistance de symptômes ou après échec de traitement • Diagnostic par culture ou sérologie impossible Intérêt des NAAT Manhart et al, 2011, Walker et al, 2011
Rapport 2010 des centres de dépistage des IST
Résultats - Epidémiologie 2012 • Cochin • Réseau Rénago 2012 – 129 infections à gonocoque – 2826 cas déclarés – Ratio H/F: 65/45= 1.4 – Ratio H/F: 2,2 – Etendue: 14-54 ans – Age médian: 23 ans – Age moyen: 25 ans Urgences Urgences CCH; obstétrique; 4 4 Autres ;9 Centre de tri; 5 UCSA; 8 Urgences HD; 13 Tarnier; 58 Espace Santé Jeunes; 28 Service d’origine des cas positifs
Résistance aux antibiotiques Molécule S I R Pénicilline G 26% 61,5% 12,5% Céfixime 97% 3% Ceftriaxone 100% Ciprofloxacine 59,6% 0,3% 40,1% Spectinomycine 100% • 1093 souches • ↑ progressive des CMI vis-à-vis des C3G depuis 2008 (céfixime++) • Ceftriaxone: – CMI ≥0,023: 2% début années 2000 – >15% en 2012
Chlamydiae: prévalence globale en France : 1.5% 3% parmi les 18-24 ans
Particularités cliniques • C. trachomatis: 50-60% des urétrites post gonococciques ou non gonococciques Incubation: 7-21 jours – Urétrite subaiguë alternant de phases d’accalmies et de phases de recrudescence – Ecoulement peu abondant, intermittent voir uniquement matinale – 3-10% urétrite aiguë – 50% formes asymptomatiques – Complication: épididymite Bébéar CMI 2009 • N. gonorrhoeae: Incubation: 4-6j – Urétrite aiguë: 90% des cas – 6% porteurs asymptomatiques • Dans 15 -25% des cas ces bactéries sont associées
Complications Contamination par voie ascendante • Prostatites • Epididymites • Rétrécissement urétéraux (rare) • Diffusion hématogène pour le gonocoque possible
Rôle de C. trachomatis dans l’infertilité Très controversé • Etudes in vivo: difficultés dans l’interprétation des résultats: (techniques de mesure de la qualité du sperme, analyse du sperme par rapport à l’infection, infection en cours ou tardive, taille des populations, méthode de détection de C. trachomatis.) • Etudes in vitro: effet direct de C. trachomatis : adhère aux spz, pénètre dans la tête, peut diminuer leur mobilité et conduire à une mort prématurée (effet spermicide du LPS relargué, radicaux libres) • FIV: La présence de C. trachomatis n’a pas d’impact sur le taux de réussite de FIV Eley et al 2005 Infection the lancet; De Barbeyrac, Eur J Ostet Gynecol reprod iol 2006
Autres agents responsables d’IST • U. urealyticum: 10-20% des urétrites post gonococciques ou non gonococciques – Urétrite subaiguë • T. vaginalis: 5-15% des urétrites non gonococciques – Urétrite aiguë • Mycoplasma genitalium (1980) – Urétrite non gonococcique (UNG) aigüe +++ – Epididymite, Prostatite – Infertilité – Arthrite réactionnelle
Autres germes: rôle??? • Candida albicans Urétrite d’évolution subaiguë Balanites • Pyogènes non gonococciques (Streptocoque B, S. aureus, P. aeruginosa…) Surinfection chez des patients atteints d’urétrites récidivantes, chroniques , mal traitées Symptomatologie peu bruyante • G. vaginalis rôle pathogène chez l’homme? • Corynebacterium seminale? Urétrite, prostatite (Riegel et al. 1995)
Impact des infections sur la stérilité masculine • Peu de données dans la littérature et controverses • Stérilités excrétoires avec secondairement azoospermie ou oligospermie par obstruction – C. trachomatis: azoospermie obstructive • Stérilités sécrétoires (fonctionnelles et transitoires): – Impact direct du germe sur les spermatozoïdes C. trachomatis Boursouflure de la tête du spermatozoïde par UU Atteinte de la mobilité par E. coli Altérations cellulaires et kinétiques du spz par N. gonorrheae – Impact de la réaction inflammatoire (leucocytes et anticorps) Nécrospermie Keck et al. Human Reproduction Update 1998
Interactions bactéries-spermatozoïdes
Conséquences de l’infection • L’infection aiguë s’accompagne inconstamment d’une leucospermie (émission de radicaux libres) • L’infection chronique: rôle des cytokines entraînant une inflammation chronique responsable de fibrose affectant l’excrétion du sperme et souvent asymptomatique
La spermoculture Importance de différencier colonisation, contamination et infection
Réglementation Arrêté du 11 avril 2008 relatif aux règles de bonnes pratiques cliniques et biologiques en AMP Moins de 6mois Nomenclature: Numération par unité de volume des espèces bactériennes dont les mycoplasmes (B90) Autres recherches dont Chlamydia trachomatis sur demande explicite et cotées en sus
Prélèvement (1) Nécessité de disposer de salle de recueil adaptée avec affichage des procédures d'hygiène Sperme frais • Il doit être réalisé classiquement après miction suivie d'une désinfection soignée des mains, des ongles, du pénis et du gland à l'aide d'un antiseptique (Dakin) et rinçage. Recueil direct dans un pot stérile. Recommandations orales (Boucher et al Fertil Steril 1995) • Une quantité minimale de 0,5 ml de sperme est adressée au Service de Bactériologie. • Il doit être acheminé le plus rapidement possible au laboratoire pour 2 raisons: – Fragilité de certains germes à température ambiante (NG) et à la dessication (Mycoplasmes: utilisation d'un milieu de transport saccharose phosphate). – Activité bactéricide propre du sperme
Prélèvement (2) Sperme congelé • Le sperme est conservé dans des paillettes d'une contenance de 0,2 ml chacune. Le sperme y est associé au demi à un milieu de conservation (ne contenant plus d'antibiotique) • Pour une étude bactériologique standard, il faut 2 paillettes. Si l'on souhaite une recherche complémentaire (Chlamydia), un minimum de 3 paillettes est nécessaire.
Examen direct Avant homogénéisation du sperme, effectuer : • Recherche de Trichomonas à l'état frais • Deux frottis (lames) séchés à l’air ambiant pour coloration de GRAM et de MGG avec recherche respectivement de Germes et de PNN. • Numération semi-quantitative
Culture Homogénéiser le sperme au vortex à 2000 tours/min Effectuer 2 dilutions du sperme dans du sérum physiologique: Dilution au 1/2 Dilution au 1/10 (sauf pour les paillettes) ensemencer 0,1 ml au râteau : ensemencer 0,1 ml au râteau: - > numération des germes -> recherche de gonocoque, levure classiques nb de colonies x 20 = CFU/ml nb de colonies x 100 = CFU/ml Si absence de colonies, rendre inférieur 20 UFC/ml. GS sous CO2 GS, chocolat sous CO2 Chocolat en anérobie
Recherches complémentaires (1) Mycoplasmes • Un milieu biochimique liquide permettant une numération Ensemencer 2 gouttes de sperme dans le milieu de suspension Mycoplasma Duo (Sanofi Diagnostics Pasteur). • L'identification repose sur l'hydrolyse spécifique de l'urée pour U.U et de celle de l'arginine pour M.H. Faux positifs: spermes trop alcalins (PH normal : 7.2-7.8), contamination bactérienne bactéries urée + et ADH + (rare du fait de l'additif d'ATB dans le milieu ) • Acidification non spécifique du milieu : sécrétion essentiellement prostatique • Alcalinisation du milieu: sécrétion des vésicules séminales
Interprétation -Mise en évidence de Uu ou Mh à partir de prélèvements stériles est significative - A partir de prélèvements où ces espèces appartiennent à la flore commensale => Nécessité d’une quantification Ureaplasma urealyticum - PU, PV ≥ 104 UCC/mL (Unité Changeant Couleur) - urine, sperme, AB ≥ 103 UCC/mL Mycoplasma hominis - ≥ 104 UCC/mL
M. hominis: résistance naturelle à l’érythromycine U. urealyticum: résistance naturelle à la lincomycine
Recherches complémentaires (2) Chlamydiae Technique de biologie moléculaire Réalisé sur le premier jet d’urine à Cochin • PCR / Amplicor Roche : – amplification d'une séquence de 207 pb contenue dans le plasmide cryptique commun à tous les sérotypes de C. trachomatis (+ standard interne) – automatisable sur Cobas Taqman • TMA / Gen-Probe BioMerieux: – amplification de l'ARNr technique manuelle • LCR: LCx Abbot – amplification de la sonde
Interprétation des résultats Germes de la flore urètrale normale et protectrice • SCN (notamment S.epidermidis) entérocoque • streptocoques -hémolytiques • corynébactéries. Toutefois si l'un de ces germes est retrouvé en grande quantité dans le prélèvement, il peut être incriminé: Identification et antibiogramme si ≥ 104 CFU/ml Germes de la flore digestive ≥ 103 UFC/ml Les germes de la flore digestive peuvent souiller un prélèvement de sperme ou être à l'origine d'une infection génitale haute: Entérobactéries, Streptocoques ß hémolytiques A, B, C, D, F, G, Entérocoques, Staphylococcus aureus, Haemophilus, Anaérobies, Gardnerella vaginalis, Pseudomonas, Acinetobacter, Levures, etc Monomorphe ou nettement prédominant (pathogénicité?)
Agents responsables de MST: pas de seuil N. gonorrhoeae C. trachomatis
Culture monomicrobienne ou nettement dominante à germe pyogène Identification et antibiogramme si ≥ 103 CFU/ml -P. aeruginosa -Entérobactéries -Enterococcus faecalis -Streptococcus milleri -Gardnerella vaginalis -Corynebacterium seminale ou glucurolyticum
Culture polymicrobienne Recueil mal effectué Contrôle nécéssaire
Spermocultures 2010 • Période 01/01/2010 – 30/11/2010 • Total: 1490 patients • (1759 prélèvements) • Culture négative: 391(26.5%) • Culture positive sans flore associée: 67 (4.5%) – dont 3 avec 2 germes – dont 5 SGB à 102 / mL • Culture positive avec flore: 1032 (69%) – Contamination probable: 947 (63.5%) • Dont 22 avec un germe rendu (50% SGB) – Flore avec germe(s) prédominant(s): 85 (5.5%) • Dont 4 avec 2 germes • culture significative, monomicrobienne ou polymicrobienne avec prédominance d’un germe: 9.5% (140/1490)
Bactéries isolées 2010 une seule bactérie GV SGB CS EC ENT S EF SGG PN HPI Monomi 9 22 3 8 8 5 4 4 1 0 Prédomin ance 29 14 18 7 4 4 1 0 1 2 Total 38 36 21 15 12 9 5 4 2 2
Données Cochin 2010 1) PCR multiplex : 3272 échantillons Co-infection: 1.2% Prevalence (%) Global Women Men STIs Consultations Reproductive Biology (n=3272) (n=1591) (n=1681) (n=2019) (n=943) C.trachomatis 6.7 8.5 5 9.2 1.5 N.gonorrhoeae 2 1.9 2 2.9 0 M.genitalium 2.5 2.8 2.3 3.2 1.4 2) Culture : M. hominis: 1% ; U. urealyticum: 11% J. Loubinoux, Ricai 2012
Chlamydia trachomatis Neisseria gonorrheae 30 Males 90 Females 80 25 20 70 20 13 60 19 Number Number 50 15 40 63 10 8 30 1 45 14 20 15 5 4 2 11 10 6 6 4 10 10 10 3 3 1 7 7 0 1 0 1 14-15 16-20 21-25 26-30 31-35 36-40 41-79 13-15 16-20 21-25 26-30 31-35 36-40 41-70 Age (years) Age (years) 35 Prévalence selon l’âge 30 5 25 et le sexe 20 Number 15 24 5 10 9 5 9 9 7 4 5 3 0 1 1 14-15 16-20 21-25 26-30 31-35 36-40 41-62 Age (years) J. Loubinoux, Ricai 2012 Mycoplasma genitalium
53 patients: 39 avec infections 14 sans infections Population contrôle: 30 E. coli, U. urealyticum et S. aureus altèrent la qualité du sperme
Pas de corrélation Bactériospermie et leucospermie 199 patients bactériospermie: 31% leucospermie Rôle des streptocoques et entérocoques sur l’altération des spz
56 patients Bacteriospermie: Seuil > 103 bactéries/ml Leucospermie: seuil: >106 /ml 35% 61% - Ureaplasma:18% - Enterococcus: 14% - Staphylococcus: 16% Bactériospermie et leucospermie - Bacteroides:7% sont 2 paramètres indépendants - E. coli: 4,5% Pas d’impact sur les paramètres du - Streptococcus: 4,5% sperme - Prevotella: 4,5% Pas de corrélation entre bactériospermie et paramètres sériques inflammatoires (CRP, PSA) Fertil Steril. 2006:86:601-5
• 600 spermes chez 543 patients asymptomatiques consultant pour infertilité • Pas de corrélation avec leucocytospermie et la bactériospermie • Variation dans le temps: processus de colonisation dynamique • Nécessité de contrôler avant traitement Andrologia 2005
• Prévalence de C. trachomatis en Tunisie: 43% des hommes consultant pour infertilité (asymptomatiques) • Pas d’effet de C. trachomatis, M. hominis, M. genitalium, U. urealyticum et U. parvum sur les paramètres du sperme Gdoura et al J. andrology 2008
The presence of bacteria species in semen and sperm quality Elena Moretti & Serena Capitani & Natale Figura & Andrea Pammolli & Maria Grazia Federico & Valentina Giannerini & Giulia Collodel J Assist Reprod Genet (2009) 26:47–56 • 246 patients infectés: – Diminution de la concentration et de la mobilité (vs contrôles) – E.coli, S. anginosus associés une nécrose – Pas d’influence de SGB, U. urealyticum sur la qualité du sperme Mise en évidence de possible réaction croisée entre la tubuline des spermatozoides et les pili des bactéries entrainant une diminution de la qualité des spermatozoides • Kumar V (International J of Urology, 2011) Interaction E. coli et Spz par l’intermédiaire du SIF « Sperm immobilization factor) in vitro
Influence de la prostatite bactérienne chronique Chang Y, Scientific reports, 2014 Méta-analyse: La PBC diminue le vitalité et la mobilité des spz, mais pas le volume, ni la concentration
Conclusion Critères d’infection (OMS, 1992) • leucocytospermie ≥ 106/ml discutable • bactériospermie ≥ 103/ml • détection de N. gonorrhoeae, C. trachomatis, U. urealyticum MAIS interprétation délicate pour tous les autres Collaboration clinico-biologique essentielle +++ Ne pas poser un diagnostic d’infection du sperme trop rapidement pour éviter des traitements antibiotiques inutiles
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