Le fonctionnement métropolitain du bassin parisien - Du bassin parisien à la région économique De paris
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le fonctionnement métropolitain du bassin parisien Du bassin parisien à la région économique de Paris Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire Secrétariat d'État à l'aménagement du territoire
Préparation éditoriale DIACT par Sophie BUHNIK, chargée d’études, sous la direction d’Eliane DUTARTE, conseillère du délégué. Avec la collaboration de Muriel THOIN, chargée de mission, équipe Cabinet/communication Photos intérieures : © Phovoir Carte de couverture : réalisée par l’UMR Géographie-cités (CNRS, Universités Paris 1 et Paris Diderot), adaptation Pierre Chambrin.
Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire Secrétariat d'État à l'aménagement du territoire Le fonctionnement métropolitain du Bassin parisien Du Bassin parisien à la région économique de Paris 2004-2008 1
Sommaire Préface..................................................................................................................................................................................................5 Du Bassin parisien à la région économique de Paris.......................................................................................7 Etude 1. Les mobilités quotidiennes, résidentielles et professionnelles des populations du Bassin parisien..................................................................................................................................................................... 15 1. Les navettes domicile-travail, ou la force maintenue de l’aire métropolitaine centrale......................................................................................................................... 17 2. Les migrations professionnelles : un révélateur des interdépendances économiques entre pôles du Bassin parisien............................................................................................................................. 19 3. Les ajustements du système de peuplement par les migrations résidentielles....................... 22 4. Pôles gagnants, pôles perdants dans les migrations professionnelles et résidentielles du Bassin parisien. .................................................................................................................23 5. Les directions migratoires favorables à l’intégration régionale...................................................... 25 6. Le Bassin parisien : vers un polycentrisme à très petits pas ?........................................................... 26 Etude 2. La mobilité des entreprises et de leurs salariés dans le Bassin parisien....................................... 29 1. Les réseaux d’entreprises, un révélateur majeur du fonctionnement métropolitain d’un territoire................................................................................................................................................................ 30 2. Les transferts d’établissements dans le Bassin parisien : des mobilités marginales, mais avec des spécificités marquées................................................................................................................. 31 3. L’analyse spatiale des flux d’entreprises : sous-systèmes régionaux et disparités Est-Ouest............................................................................................................................................. 33 4. Les recompositions sociales et territoriales liées aux transferts d’établissements.............. 37 Etude 3. Partenariats scientifiques et mises en réseaux du Bassin parisien.................................................... 41 1. Forte concentration nationale de la production de connaissances et faible externalisation des mises en réseaux dans le Bassin parisien. ..................................... 43 2. Les coopérations scientifiques et d’innovation technologique dans le Bassin parisien : concentration sans véritable polarisation régionale....................... 45 3. L’Ile-de-France, un archipel métropolitain ?..............................................................................................48 4. Des leviers pour consolider le fonctionnement métropolitain du Bassin parisien ?.......... 49 3
Etude 4. Les espaces spécialisés du Bassin parisien : la localisation de filières économiques au service de l’aménagement du territoire............................................................................................................ 53 1. La filière NTIC............................................................................................................................................................. 55 2. La filière agro-alimentaire. ................................................................................................................................... 56 3. La filière portuaire..................................................................................................................................................... 57 4. La filière automobile................................................................................................................................................. 59 5. La filière de la chimie...............................................................................................................................................60 Conclusion : l’organisation économique du Bassin parisien, un dépassement des relations centre-périphéries ?........................................................................................................................... 61 L’étude présentée ici est consultable dans son intégralité sur le site internet de la DIACT, au lien suivant : www.diact.gouv.fr (rubrique kiosque-publications) 4
L e fonctionne m ent m é t ropolita in du Ba s sin pa r i sien Préface Initialement implantés dans la partie centrale de l’agglomération parisienne, de plus en plus de très grands équipements et de pôles d’envergure internationale sont apparus à sa périphérie (Rois- sy, Disney/Marne-la-Vallée, Saclay, etc.). Dans le même temps, le rayon des déplacements domici- le-travail s’est étendu de plus en plus loin du centre, jusqu’à franchir les limites administratives de l’Ile-de-France et, dans certains cas, jusqu’à couvrir une partie importante des départements des régions limitrophes. Mutations professionnelles et déplacements des entreprises mais aussi changements de résidence complètent ces évolutions, en confortant parfois des centralités péri- phériques. Simple extension aux espaces périphériques ou facteur de développement de pôles secondaires et de futurs bassins de vie et d’emploi, ces déplacements alimentent de longue date la question d’un développement polycentrique de la région parisienne. En 2005, une interrogation sur la réalité des sous-bassins d’emploi et de vie dans l’aire urbaine de Paris (DREIF) et une première expertise d’un fonctionnement métropolitain du Bassin parisien (Cattan-Gilli) ont été réalisées. Dans un contexte de concurrence accrue sous l’effet de la mondialisation de l’économie, des évolu- tions technologiques de toute nature et de l’intensification des flux de personnes et de biens qui en résultent, de très grands espaces métropolitains – de 200 sur 300 kilomètres environ – se forment, et la complémentarité d’espaces urbains souvent discontinus apparaît de plus en plus comme une condition de la compétitivité des offres métropolitaines de niveau international. Devenir un espa- ce métropolitain de référence, capable de soutenir la comparaison au XXIe siècle avec les autres très grandes régions du monde qui apparaissent en différents points de la planète, semble un objectif que Paris et le Bassin parisien doivent atteindre. La question d’un fonctionnement métropolitain du Bassin parisien, de son niveau d’intensité et de son degré de réalité, a donc été réinterrogée de manière plus opérationnelle que précédemment. Quatre études – dont la version intégrale est accessible par voie électronique sur le site de la DIACT – ont ainsi été réalisées pour tenter d’appréhender ce processus au moyen de différents critères. Une synthèse de ces quatre études est présentée ici, assortie d’une synthèse générale en forme de mise en perspective. S’il existe bien des éléments d’un développement métropolitain au sein du Bassin parisien, ceux-ci varient selon les espaces et selon les critères. Surtout, ils ne se limitent pas nécessairement au Bas- sin parisien et peuvent sectoriellement concerner des villes comme Lyon, Marseille ou Toulouse. Il serait par ailleurs plus pertinent de distinguer, dans cet espace, l’aire urbaine de Paris et une « région économique de Paris », plus vaste, correspondant à la géographie des grandes fonctions économiques présentes dans le Bassin parisien. Contrairement à l’aire urbaine, espace qui peut être identifié à un espace physique au contour déterminé bien qu’évolutif, la « région économique de Pa- ris » apparaît comme une région fonctionnelle aux espaces parfois très discontinus et non comme un espace physique cohérent avec un périmètre. 5
DU BASSI N PAR I SI E N à L A R E G ION é C ONOM IQU E DE PAR I S Mais si les chercheurs peuvent identifier les composantes d’une « région économique de Paris » susceptible de renforcer la masse critique de Paris/Ile-de-France et de permettre à un certain nom- bre de territoires non franciliens d’accéder à l’international, cette « région » reste, pour l’essentiel, à constituer en véritable base spatio-économique de développement d’une région capitale élargie (à l’échelle de celle de Londres par exemple) prenant en compte les objectifs du développement durable. Cela ne sera possible que par la mobilisation et l’action convergente de l’ensemble des ac- teurs publics et privés, les entreprises et les populations s’étant depuis longtemps affranchies des limites administratives lorsque leurs besoins l’exigent, en dépit des complications et difficultés qui peuvent de ce fait nourrir leur quotidien (transport, accès aux équipements collectifs, formalités administratives, etc.). Pierre Dartout Délégué interministériel à l’aménagement et à la compétitivité des territoires 6
L e fonctionne m ent m é t ropolita in du Ba s sin pa r i sien Du Bassin parisien à la région économique de Paris L’analyse du cœur de la région parisienne, me- L’enjeu était initialement, dans le prolonge- née en 2006 par P. CHEMETOV et F. GILLI1, ment de travaux antérieurs3, de conforter l’idée a souligné la complexité de l’organisation in- d’un fonctionnement métropolitain du Bassin terne de Paris et l’imbrication des réseaux et parisien, d’en repérer les échelles et les supports des flux de tous ordres qui la compose, dans un et d’en apprécier le degré de polycentrisme. La contexte de profondes mutations économiques synthèse des travaux précités montre les prémi- à l’échelle de la planète. Cette analyse a mis en ces d’un fonctionnement en pôles discontinus, évidence les défis lancés à l’action publique ter- mais œuvrant dans un même système d’organi- ritorialisée, et plus particulièrement à l’Etat, sation et pouvant aller jusqu’à une intégration pour répondre aux besoins de cette organisa- de niveau métropolitain. Elle montre que l’Ile- tion complexe, afin que puisse se tisser la trame de-France et le Bassin parisien forment ensem- des fonctions qui permettent à Paris de jouer ble, ou peuvent former selon les cas – au-delà un rôle majeur dans le concert des métropoles des discontinuités sectorielles, fonctionnelles mondiales. et spatiales, et à des degrés divers – un espace capable de rassembler toutes les fonctions né- La DIACT a poursuivi ces réflexions par des cessaires à une métropole de rang mondial. travaux portant sur les nouveaux modes de construction et d’organisation de ce grand es- L’enjeu est, dès lors, d’assurer la cohérence pace qu’est le Bassin parisien2, afin d’éclairer les et la dynamique de ces fonctions métropo- relations de dépendances ou de complémenta- litaines, selon des systèmes à géométrie va- rités qui se nouent entre les territoires qui le riable qui doivent s’articuler en fonction des forment, par-delà les limites administratives. priorités d’intervention. Ces priorités sont Ont ainsi été explorés : autant de leviers pour consolider le rôle in- ●● les liens humains, via les déplacements de ternational de la région capitale d’une part, travail et les déménagements ; et assurer le fonctionnement au quotidien ●● les liens économiques, à travers les change- de la métropole pour les habitants concer- ments de postes et les transferts d’établisse- nés d’autre part. Paris/Ile-de-France est en ments ; effet – à l’heure où se constituent de très ●● les liens universitaires et de recherche, via les grandes métropoles en réseau sur une base brevets et la participation à des programmes spatiale de 200 sur 300 kilomètres en dif- européens de recherche ; férents points du monde — la métropole ●● les liens industriels qui unissent les différen- mondiale dont la base territoriale de déve- tes activités concourant à de véritables chaî- loppement économique est la plus étroite. nes de valeur. 1. « Une région de projets : l’avenir de Paris » – Documen- tation française – DIACT – Octobre 2006 3. « Le fonctionnement métropolitain du Bassin pari- 2. Territoire d’étude historique de la DATAR, le Bassin sien » MIIAT BP – CATTAN-GILLI-etc. 2005 ; « Le fonc- parisien comprend six régions (Centre, Champagne-Ar- tionnement de l’aire urbaine de Paris : réalité des sous- denne, Ile-de-France, Basse-et Haute-Normandie et Pi- bassins d’emploi et de vie » – DREIF – P. ROHAUT et cardie) et deux départements (Sarthe et Yonne). L. ARMAND – avril 2005. 7
DU BASSI N PAR I SI E N à L A R E G ION é C ONOM IQU E DE PAR I S 1. En premier lieu, la mobilité des popula- Saint-Quentin…) et le sud-ouest (Tours, tions actives du Bassin parisien est la plus Le Mans, Châteauroux…). élevée du territoire français. Malgré l’importance des mobilités des résidents, les L’augmentation du nombre de déplacements territoires de proximité des différents pôles urbains se et des distances parcourues reflète l’extension renforcent : près des trois quarts des navettes domicile- spatiale de l’aire urbaine4 de Paris, dont le dé- travail restent aujourd’hui à l’intérieur d’une même veloppement se fonde notamment sur l’effica- aire urbaine, ce qui est cohérent avec l’extension cité de son réseau de transports collectifs et actuelle des grandes agglomérations du Bassin individuels, qui demeure de premier ordre en parisien et avec la définition même des aires Europe en dépit des efforts réalisés ailleurs urbaines. Il est plus surprenant de constater (Madrid, Londres…). L’observation des impacts qu’entre 2003 et 2004, 61 % des migrations pro- spatiaux des déplacements domicile-travail ou fessionnelles et 54 % des migrations résidentiel- des migrations de plus longue portée souligne les des salariés du Bassin parisien se sont dé- l’évolution de la région capitale vers un fonc- ployées à l’intérieur d’une même aire urbaine. Il tionnement plus polycentrique sur l’ensemble y a donc une certaine convergence entre bassins du Bassin parisien. d’emploi et bassins de vie dans cet espace, ce qui nuance les débats actuels sur l’éclatement L’influence de l’aire urbaine de Paris sur ses périphé- des territoires sous la pression de la métropo- ries immédiates (de la Basse-Seine à la Marne en lisation. passant par la Picardie) est plus ténue que ce que l’on pourrait imaginer, alors que les relations de l’aire La convergence entre lieux de vie et lieux d’emploi urbaine de Paris aux pôles régionaux du sud répond à un polycentrisme morphologique du Bassin et de l’ouest du Bassin parisien (Caen, Rouen, parisien, qui devrait conduire à placer les différents Le Mans, Tours, Bourges) s’affermissent. Les schémas d’aménagement des régions qui le composent grandes villes périphériques du Bassin parisien dans une perspective interrégionale, pour mieux pen- peinent aujourd’hui à se brancher sur des ré- ser les besoins d’équipement à une échelle plus adap- seaux migratoires de portée nationale, et c’est tée. L’approche par les liens humains entre pô- dans ce domaine que l’effet « d’ombre portée » les du Bassin parisien ne suffit cependant pas à de la capitale se ressent le plus : ces pôles pé- comprendre comment se constitue une région riphériques entretiennent des relations privi- économique, afin de pouvoir peser en amont légiées avec le centre francilien, mais moins sur les orientations spatiales à soutenir. fortes avec d’autres régions françaises, ce qui té- moigne d’une forme de dépendance mais aussi 2. Dans un espace métropolitain, l’intégra- d’une intégration dans un système d’envergure tion des territoires va souvent de pair avec métropolitaine. une spécialisation fonctionnelle (économi- que, territoriale, etc.) au sein de cet espace, Des réseaux de moyenne portée se tissent entre les la répartition des rôles étant d’autant plus principaux pôles du Bassin parisien, dont les tailles importante que l’espace commun est grand sont plus ou moins équivalentes. Des liens d’inter- et fonctionnellement dense. dépendance assez nets se nouent ainsi entre le nord-est (Châlons-en-Champagne, Reims, L’étude des parcours professionnels des salariés du Bassin parisien, mais aussi des réseaux d’en- 4. Au sens défini par l’INSEE treprises et de leurs liens avec la géographie des 8
L e fonctionne m ent m é t ropolita in du Ba s sin pa r i sien chaînes de valeur (intégration amont-aval de- L’analyse des transferts d’établissements dans puis la recherche jusqu’au produit fini) permet le Bassin parisien met en lumière deux élé- une première approche des spécialisations. ments, certes attendus, mais qui ne définissent pas en eux-mêmes un système métropolitain : Les migrations professionnelles, qui exercent ●● la présence de Paris se fait toujours très fortement des contraintes supérieures aux autres types de sentir dans l’ensemble des échanges du Bassin migration5, sont les plus denses et les plus dynami- parisien, mais sans caractère systémique ; ques entre l’aire urbaine de Paris et un large secteur ●● les petites communes périurbaines et rurales sont les occidental du Bassin parisien. Les villes situées en principales bénéficiaires des transferts d’établis- périphérie Nord et Est paraissent plus autono- sements, ce qui rend compte d’un desserre- mes. ment des emplois, mais à l’échelon très local. On distingue par ailleurs : Un système métropolitain suppose des ●● les migrations professionnelles « inter métropolitai- échanges d’une certaine intensité entre des nes » qui désignent des flux très qualifiés et généra- pôles de taille intermédiaire. De ce point de lement symétriques soit entre Paris et la Petite vue, le Bassin parisien présente deux géogra- couronne soit entre cette zone centrale, les phies distinctes : autres grandes villes régionales et surtout ●● un réseau assez contrasté, mais avec une inté- l’extérieur du Bassin parisien. gration relativement forte au sud et à l’ouest, ●● les migrations professionnelles de type centre-pé- où de nombreux liens interurbains complè- riphérie, aux flux dirigés vers le centre du Bassin tent les relations directes que chaque grande parisien, en général plus qualifiés que les flux de agglomération entretient avec Paris (notam- sens inverse : ils se manifestent à l’intérieur de ment dans le Val de Loire ou autour du Tri- l’Ile-de-France d’une part, entre l’aire urbaine pôle Rouen-Caen-Le Havre), en plus des rela- de Paris et le reste du Bassin parisien d’autre tions de proximité déjà notées. part. ●● une structure beaucoup plus cloisonnée au Nord-Est, où seule Reims parvient à organiser Les réseaux d’entreprises interurbains les un réseau d’ampleur régionale, dont cette ville plus denses6 se caractérisent par : est le seul point d’entrée et de convergence. ●● l’importance des relations entre Paris et les princi- pales agglomérations du Bassin parisien, Les flux de salariés et d’entreprises contribuent ●● une intensité similaire des relations entre les grandes donc, par les réseaux économiques et financiers agglomérations de l’ouest du Bassin parisien entre qu’ils tissent, à l’intégration des territoires du elles (Orléans avec Tours, Tours avec Le Mans, Bassin parisien en une région métropolitaine, Le Mans avec Caen, Rouen et Le Havre). L’est en particulier lorsque les transferts sont effec- et le nord du Bassin parisien présentent un tués par des groupes nationaux ou internatio- profil beaucoup plus éclaté, Troyes et Amiens naux. Mais les réseaux d’entreprises n’expriment étant en relation unique avec Paris, tandis qu’une partie des liens potentiels entre les espaces éco- que Reims polarise plusieurs flux locaux au- nomiques, puisque ces flux reposent eux-mêmes sur delà de sa relation avec la capitale. des structures économiques sous-jacentes. 5. Les changements de domicile résultent plus souvent d’un changement de travail que l’inverse. 6. Quand plus de dix entreprises ont leurs établissements localisés dans deux zones d’emploi distinctes. 9
DU BASSI N PAR I SI E N à L A R E G ION é C ONOM IQU E DE PAR I S 3. Une approche du fonctionnement métro- ●● en ce qui concerne l’agro-alimentaire, Paris, politain du Bassin parisien à travers l’orga- Nanterre, Rouen, Caen, Reims et deux zones nisation spatiale de filières économiques plus rurales (Santerre Somme et la Sarthe Sud) s’avère essentielle pour rendre compte, de se distinguent, les autres zones rurales étant manière pertinente et plus complète, du de- généralement beaucoup plus spécialisées. gré d’intégration de ce vaste territoire. Les relations entre les fournisseurs et les clients Dans le contexte de la mondialisation, cette di- sont au moins aussi structurantes que les versification économique – et un certain niveau échanges entre filiales et siège social. d’excellence dans un certain nombre de domai- nes — constituent un réel atout : pour Paris et Il est toutefois impossible de proposer une vi- l’Ile-de-France, dont certaines excellences et sion d’ensemble, embrassant simultanément la masse critique d’autres excellences se trou- l’organisation de toutes les filières présentes veraient renforcées ou complétées, mais aussi dans le Bassin parisien. L’appréciation de l’in- pour les différents territoires du Bassin pari- tégration économique de ce vaste ensemble ne sien, qui n’ont pas — quelle que soit la maille peut se faire que pièce par pièce, en dessinant considérée (EPCI, département, région) – la les contours propres de chaque filière. La géo- masse critique nécessaire pour seulement exis- graphie économique du Bassin parisien doit ter dans une économie ouverte sur le monde. donc être appréhendée comme le résultat de plusieurs trames, tissant chacune des liens spé- Un tel parti suppose de dépasser l’aména- cifiques entre des territoires différents au sein gement du Bassin parisien où l’ensemble d’un espace plus large. des territoires de chaque région a théori- quement les mêmes chances et potentiel- La base économique assez diversifiée du Bassin pari- lement les mêmes objectifs, pour aller vers sien permet à la plupart de ses grandes villes de se po- une intégration métropolitaine permettant sitionner sur tout ou partie de chaque filière, avec tou- d’organiser l’espace du Bassin parisien en tefois des géographies spécifiques pour chaque groupe territoires stratégiques pour la compétition d’activités. Ainsi : mondiale. Le Bassin parisien pourrait ainsi ●● la logistique est centrée sur la Basse vallée de être appréhendé en « région économique la Seine, Paris et Roissy ; de Paris », dans le cadre d’une stratégie ●● la chimie-pharmacie se trouve plutôt en Ile- collective organisée, valorisant les atouts de-France (Nanterre, Boulogne, Paris et Or- des uns et des autres en fonction de leur say) mais aussi à Rouen, Orléans et Com- valeur ajoutée respective pour le rayonne- piègne, sans oublier un croissant de zones ment métropolitain et répartissant les rô- d’emplois qui concentre à l’est (de Creil à les et les fonctions au service de tous. C’est Pithiviers) plusieurs zones spécialisées dans sans doute l’un des moyens, sinon le seul, certains segments de la filière (chimie lourde, pour que la puissance moyenne qu’est la pharmacie, produits cosmétiques…) France continue à figurer parmi les premiè- ●● l’automobile se situe d’abord dans l’ouest de res puissances économiques mondiales, et l’Ile-de-France (Boulogne, Nanterre, Cergy, pour que l’Ile-de-France contribue au dé- Versailles) et du Bassin parisien (Rouen, veloppement des autres régions françaises Caen), certains territoires étant parfois assez dans un jeu à sommes positives historique- spécialisés sur une partie du secteur (Le Ha- ment inédit. vre, Beauvais, Le Mans…). 10
L e fonctionne m ent m é t ropolita in du Ba s sin pa r i sien 4. Mais jusqu’où va cette intégration écono- Cette originalité s’explique en partie par le mique ? L’innovation – qui permet un posi- fait que le Bassin parisien polarise l’ensemble tionnement sur des segments où la concur- du territoire national, en captant au moins rence ne se fait plus sur les coûts mais sur la 20 % des partenariats externes de chaque autre qualité de la main d’œuvre et qui assure de « grande région » française. Toutefois, près d’un ce fait une meilleure résistance à la concur- tiers de ces liens dépendent des coopérations rence internationale – est l’une des clés de avec des départements non franciliens du Bas- la qualité des filières et de l’attractivité des sin parisien : si la place de l’Ile-de-France est espaces productifs locaux. L’enseignement prépondérante dans les coopérations scientifi- supérieur et la recherche-développement ques, elle n’est pas le relais exclusif du Bassin étant déterminants, les spécialisations ter- parisien dans l’espace national, un tiers des ritoriales dans ce domaine se doublent-elles coopérations scientifiques s’exerçant avec les de coopérations scientifiques entre territoi- autres régions françaises. res spécialisés, voire de dépôts de brevets ? Dans les faits, le Bassin parisien est fortement intégré Le Bassin parisien occupe, en termes de potentiel scien- en son centre puisque près des trois quarts de l’ensem- tifique et d’innovation, une position exceptionnelle ble des partenariats s’effectuent à l’intérieur de l’Ile- au niveau français et européen. En effet, plus de de-France. 55 % des dépôts de brevets en France ont eu lieu dans le Bassin parisien en 2002. Cette « grande Les réseaux qui impliquent l’Ile-de-France se région » capte aussi la grande majorité des pro- concentrent : jets nationaux ouverts sur l’Europe, puisque ●● d’une part sur la construction de relations de plus de 60 % des projets français du PCRDT7 se proximité (entre grande et petite couronnes, réalisent avec au moins un partenaire localisé avec les franges de la Région Urbaine de Pa- dans le Bassin parisien. Enfin, le Bassin pari- ris), ce qui étaie la cohésion interne de la ré- sien totalise 37 % de l’offre française de forma- gion francilienne élargie, tion en masters. ●● d’autre part, les liens de longue portée du cen- tre avec les plus grandes métropoles nationa- Mais le Bassin parisien se distingue des autres « gran- les maintiennent leur poids. des régions » françaises par une forte internationali- sation des liens de coopération scientifique. Ainsi : Le reste du Bassin parisien n’a en revanche que ●● 62 % des brevets co-signés dans le Bassin pari- des relations très partielles avec ce centre, no- sien s’appuient sur des partenariats internes tamment pour ce qui est des brevets (le constat à la « région », alors que ce taux n’atteint que est plus nuancé pour les partenariats de recher- 38 % dans le sud-est. che), d’où l’extrême faiblesse des liens radiaux ●● en ce qui concerne la participation au PCRDT, entre les pôles de l’Ile-de-France et les autres près d’un tiers des projets français ont tous pôles du Bassin parisien. leurs partenaires situés dans la « région » métropolitaine (de 15 % dans le sud-est à 5 % La faible polarisation par le centre francilien dans le nord). n’est pas compensée par des liens de coopéra- tion entre les villes de la périphérie du Bassin parisien : ceux-ci restent très clairsemés. Lors- 7. Programme commun de recherche et développement que des liens assez nombreux existent, comme technologique de l’Union européenne dans le cadre de co-signatures de brevets, ils 11
DU BASSI N PAR I SI E N à L A R E G ION é C ONOM IQU E DE PAR I S correspondent soit à des logiques de proximité La notion de « région économique » permet dans l’environnement des grands pôles urbains de rompre avec un développement subi en an- comme Rouen, Reims et Caen, soit à des liens neaux concentriques successifs, ayant pour entre pôles plus éloignés, mais essentiellement principale fonction d’accueillir des Franciliens dans l’ouest du Bassin parisien (entre Orléans, à la recherche d’un mode d’habitat qu’ils ne ses alentours et Caen). Ce constat peut être trouvent pas au cœur de la région. Cela passe nuancé par la prise en compte de l’ébauche de par une coordination des zones d’urbanisation sous-ensembles régionaux polycentriques, en et une refonte du schéma régional des trans- particulier entre pôles normands et picards. ports d’Ile-de-France tenant compte des ca- pacités d’attraction originale de chaque ville Il faut noter que la densité de brevets créés constituant le « tissu urbain » de la métropole, dans le Bassin parisien ne dépend pas tant et la constitution d’une offre d’accueil de loge- d’une grande densité d’emplois métropoli- ments et d’activités la plus adaptée à la diversité tains supérieurs (EMS) que de la présence des profils. de spécialités industrielles locales, liées aux décentralisations des années 60 et 70. Le coût du transport qui découle de cette or- L’enjeu est alors de conserver cet avanta- ganisation spatiale, nécessairement en étoile ge compétitif que représente la présence ramifiée, doit être abordé dans sa globalité par de créativité locale industrielle, elle-même ses coûts socio-économiques et environnemen- créatrice d’emplois qualifiés, et de ne pas taux sachant que, pour un même ménage, cer- laisser les villes du Bassin parisien entrer tains parcours seront inexistants (travail dans en concurrence entre elles pour attirer cha- la zone de résidence), alors que d’autres pour- cune plus de cadres. ront être assurés grâce à des transports en com- mun de rabattement (vers des lieux de travail 5. Il existe donc bien, indépendamment des dans des pôles spécialisés plus ou moins éloi- institutions, les éléments d’une métropole gnés). Il en ressort la nécessité d’organiser les économique multipolaire, dont la dynami- flux et les aires des bassins de vie à une échelle que, dictée par le comportement des habi- interrégionale. tants et des entreprises, conduit à une ap- proche plus fonctionnelle que géographique La notion de « région économique de Paris » fa- du Bassin parisien et à un réexamen des re- vorise une gestion cohérente et prévisionnelle lations entre le centre et la périphérie, dans des espaces, afin de maintenir des secteurs à la perspective d’une organisation la plus ef- haute valeur environnementale ou des coupu- ficace possible pour la région capitale. res ou ceintures vertes plus ou moins volonta- ristes, mais aussi d’offrir l’éventail le plus large Une telle approche oblige à prendre en compte des es- possible de possibilités vis-à-vis de populations paces largement au-delà des limites administratives aux goûts différents et peu évolutifs dans le de l’Ile-de-France. Elle appelle à la mise en place de temps. dispositifs ciblés et d’équipements à une échelle interré- gionale dans l’espace du Bassin parisien et, en son sein, Dans le même temps, il convient d’anticiper les fac- à marier les échelles. C’est évident pour les transports, teurs favorables à la pleine participation de la région pour la gestion des risques et des ressources, mais cela capitale à la compétitivité mondiale. Pour cela, il se vérifie également pour le secteur de la formation, faut comprendre comment peuvent se consti- de la recherche, du tourisme d’affaires, etc. tuer des espaces de décision/production per- 12
L e fonctionne m ent m é t ropolita in du Ba s sin pa r i sien mettant de guider en amont les politiques pu- existantes qu’il faut adapter et développer, de bliques à mettre en place et à conduire. Cette mieux intégrer les vecteurs de formation et de perspective nécessite de travailler à plusieurs recherche aux compétences requises. C’est déjà niveaux. le cas avec les pôles de compétitivité, qu’il faut renforcer en terme de réseaux pour associer des En premier lieu, les comparaisons internatio- compétences multiples et gérer les nécessaires nales doivent être complétées afin de mieux évolutions, mais aussi avec les systèmes produc- déchiffrer le jeu des concurrences et l’évolu- tifs locaux (SPL) et autres clusters d’entreprises. tion des termes de la compétition à l’échelle La filière portuaire, la logistique, l’automobile, du monde d’une part, de faire évoluer les para- l’informatique, l’industrie agroalimentaire, les mètres défavorables à la région capitale d’autre bio-ressources, la résonnance magnétique nu- part, qu’il s’agisse des critères (principalement cléaire, les matériaux, l’écologie…, sont autant financiers) qui fondent les classements in- de domaines où les croisements entre décision/ ternationaux et des périmètres (souvent non production et entre formation/recherche/en- comparables) sur lesquels ils s’appuient, ou des treprises doivent être appréhendés en termes conséquences à tirer de l’internationalisation de réseaux à l’échelle interrégionale parce que des échanges (activités à forte valeur ajoutée, cette échelle fait sens quant aux implantations financiarisation de l’économie, etc.) ou encore de ces filières. des alliances européennes susceptibles, sous réserve d’un dialogue fructueux (avec des vil- Dans ces différents domaines, et demain les de même rang comme Londres, ou de rang dans d’autres, les espaces concernés de la moindre comme Madrid ou Berlin), de renfor- zone centrale de l’Ile-de-France composent, cer les excellences françaises sur des créneaux avec les ramifications spatiales proches ou d’activité spécialisés. plus lointaines de ces filières, la vraie ré- gion économique de Paris, qu’il reste à or- En second lieu, les mécanismes liant les fonc- ganiser : fonctionnellement et spatialement tions de décision à celles de production, de dans toutes ses dimensions économiques gestion et de distribution doivent être explo- mais aussi quant aux fonctions urbaines de rés. Il s’agit à la fois de prévenir ou de limiter base qui en sont le support indispensable les délocalisations, d’utiliser les compétences (logement, transport, etc.). 13
ÉTUDE 1 Les mobilités quotidiennes, résidentielles et professionnelles des populations du Bassin parisien Sandrine Berroir, Nadine Cattan, Timothée Giraud, Thérèse Saint-Julien 2007 15
DU BASSI N PAR I SI E N à L A R E G ION é C ONOM IQU E DE PAR I S La mobilité des populations actives de l’en- professionnelles (c’est-à-dire les changements semble du Bassin parisien8, Ile-de-France com- de lieu de travail effectués par les salariés) et ré- prise, est la plus élevée du territoire français. sidentielles (soit les changements de résidence L’augmentation du nombre de déplacements des salariés). et des distances parcourues reflète avant tout l’extension spatiale de l’aire urbaine de Paris, Ainsi, à la question des formes d’intégration dont le développement s’est fondé sur l’effica- dont peut bénéficier le Bassin parisien au-delà cité d’un réseau de transports collectifs et indi- des limites de l’Ile-de-France, une réponse origi- viduels de premier ordre à l’échelon européen. nale a pu être apportée par une étude combinée On retrouve dans ce niveau de mobilité un trait de ces trois indicateurs de la « turbulence » des commun à toutes les grandes métropoles mon- populations que sont les trajets domicile-tra- diales : c’est en effet dans ces dernières que les vail, les migrations résidentielles et les migra- pratiques de mobilité des populations évoluent tions professionnelles. Une analyse cohérente le plus vite, modifiant les rapports qu’une so- de l’ensemble a été rendue possible par l’exploi- ciété entretient avec ses lieux de vie. Or, l’aire tation de données issues des Déclarations An- urbaine de Paris se distingue justement par un nuelles de Données Sociales (DADS) de 2003 brassage constant de sa population active et et 2004. Grâce à celles-ci, on connaît les lieux de sa population résidentielle. Les déficits mi- de résidence et de travail de chaque salarié à gratoires enregistrés par la région capitale irri- deux dates précises. On peut donc apprécier à guent désormais le reste du territoire français, un moment donné le déplacement du navet- et l’arrivée d’une partie, même minime, de ces teur, et ses éventuelles migrations résidentielle flux peut avoir un impact fondamental sur des et/ou professionnelle entre ces deux dates. périphéries peu denses, en particulier celles du Bassin parisien. Les Déclarations Annuelles de Données Sociales (DADS) Pour mesurer les incidences spatiales de ces Les DADS 2003 et 2004 renseignent sur mobilités et informer les acteurs de l’aména- l’emploi dans les secteurs privé et semi- gement du territoire, l’indicateur des navettes public. L’emploi public n’est pas pris en domicile-travail restitue toujours de manière compte dans cette base, soit presque un forte l’organisation territoriale d’une région quart des salariés du Bassin parisien. Tou- métropolitaine, car une grande partie de l’en- tefois, cette limite n’a qu’une faible inciden- semble des motifs de déplacement se greffe sur ce sur les conclusions de ce travail. D’une ces déplacements journaliers. Cet indicateur part, les caractéristiques de l’organisation demeure cependant insuffisant, dans la me- spatiale de l’emploi public et des mobili- sure où la part des migrations de plus longue tés globales qui sous-tendent ces emplois portée a connu une croissance régulière de- ont déjà été analysés grâce aux données du puis une trentaine d’années. Les mobilités des RGP. D’autre part, l’hypothèse est ici faite populations du Bassin parisien doivent donc que les enchaînements de mobilités (liens aussi être observées sous l’angle des migrations d’une migration à l’autre) sont peu diffé- renciés entre les actifs des secteurs public 8. Par Bassin Parisien, il faut entendre le territoire étu- et privé. dié par la DATAR à partir des années 1990, à savoir les régions Centre, Champagne-Ardenne, Ile-de-France, Haute- et Basse-Normandie et Picardie, ainsi que les dé- Observés séparément, les trois types de mobili- partements de la Sarthe et de l’Yonne. tés ont des incidences spatiales distinctes : 16
L e s mobilit é s quotidienne s , r é sidentielle s et profe s sionnelle s 1°) Les déplacements domicile-travail rensei- fait de l’aire urbaine de Paris : celle-ci regroupe gnent sur les relations que la géographie de l’of- les trois quarts des navettes domicile-travail ve- fre d’emploi tisse avec celle de la demande dans nues de l’extérieur du Bassin parisien. le Bassin parisien, et sur les liens entre pôles d’emploi et aires résidentielles dans cet espace. L’emprise de l’aire urbaine de Paris sur le reste 2°) Les migrations professionnelles effectuées du Bassin parisien par les migrations domicile- par les salariés du Bassin parisien entre 2003 travail demeure en effet une évidence, d’autant et 2004 renseignent sur les pôles qui ont gagné plus que les navettes entre aires urbaines de ou perdu des emplois du fait de ces migrations même taille apparaissent faibles en compa- professionnelles, et surtout sur la qualité des raison. De plus, cette relation centre-périphé- gains et des pertes. rie, qui s’affaiblit au fur et à mesure que l’on 3°) Aux mêmes dates, les migrations résiden- s’éloigne du centre, ne marque aucune rupture tielles des salariés du Bassin parisien donnent particulière aux limites du Bassin parisien (Fi- des indications sur l’attractivité des cadres de gure 1). vie. Figure 1 : La dépendance envers l’aire urbaine de C’est surtout l’analyse combinée de ces trois Paris par les migrations domicile-travail. types de migrations qui permet d’obtenir une image peu connue d’un fonctionnement global du système métropolitain du Bassin parisien. Amiens On décèle de cette façon les aires urbaines et les Le Havre Rouen Beauvais Creil réseaux d’échanges qui cumulent ou non les ef- Caen Reims Evreux Châlons-en- fets favorables de ces trois types de migrations. Champagne Chartres Troyes Le Mans Les navettes domicile- Orléans travail, ou la force Tours Bourges maintenue de l’aire métropolitaine centrale Zoom sur l'Ile de France Rapport entre migrants entrants et sortants de l’aire urbaine A l’aune des trajets domicile-travail, le Bassin 1,5 parisien jouit d’une attractivité certaine et 1,1 1,0 affiche sa capacité à répondre à la demande 0,9 attractivité d’emploi au niveau régional, puisqu’en 2004, 0,5 390 000 actifs sont venus travailler dans le Bas- Source : INSEE, DADS 2004 sin parisien tout en résidant dans une région Nombre de migrants qui lui est extérieure, alors que 176 000 salariés entrant dans l'aire urbaine vivant dans le Bassin parisien sont sortis de cet 61300 espace pour exercer une activité. Néanmoins, 29500 l’attractivité du Bassin parisien pour l’emploi 20800 5300 auprès des régions limitrophes est surtout le 17
DU BASSI N PAR I SI E N à L A R E G ION é C ONOM IQU E DE PAR I S Par ailleurs, les densités des navettes entre l’aire vanche, la polarisation des franges externes de centrale et les différents secteurs du Bassin pa- l’Ile-de-France par l’aire urbaine de Paris est risien sont inégales selon les secteurs géogra- plus faible que ce à quoi on aurait pu s’attendre phiques : les capitales régionales de l’ouest et en raison de leur proximité, surtout au nord et du sud (Orléans, Tours, Le Mans, Rouen, Caen) au sud du Bassin parisien, bien qu’une part éle- entretiennent des relations beaucoup plus den- vée des salariés vivant dans ces franges traverse ses avec la métropole centrale que les capitales chaque jour la frontière avec l’Ile-de-France régionales de l’Est et du Nord, par rapport à pour y travailler (Figure 2). la taille des pôles régionaux concernés. En re- Figure 2 : Les trajets domicile-travail dans le Bassin parisien : relations préférentielles et effets de barrière. Relations excédentaires Amiens Rouen Beauvais Caen Décalage entre trajets domicile-travail Châlons-en- estimés et trajets domicile-travail observés, Champagne entre aires urbaines du Bassin parisien en 2003 et 2004 Troyes Fort Le Mans Orléans Moyen Faible Tours Faible Bourges Chateauroux Moyen Fort Relations déficitaires Amiens Rouen Reims Caen Châlons-en- Evreux Champagne Nombre de navetteurs 15000 1200 800 Orléans 60 Tours Bourges Chateauroux Source : INSEE, DADS 2004 18
L e s mobilit é s quotidienne s , r é sidentielle s et profe s sionnelle s Comment lire la figure 2 : gentes d’un territoire et représentent un des La réalisation de cette figure repose sur l’utili- facteurs de modification de la répartition de la sation d’un modèle gravitaire de type Wilson. population salariée dans le Bassin parisien. Celui-ci postule que dans un espace de circu- lation relativement homogène, les flux (per- D’une aire urbaine à une autre, les dynamiques sonnes, biens, informations…) qui transitent actuelles des migrations professionnelles sont entre deux lieux, par exemple deux villes, sont plutôt contrastées et indépendantes de la taille proportionnels au poids de ces deux lieux et de ces aires. En effet, globalement, les plus for- inversement proportionnels à la distance qui tes arrivées de salariés concernent à la fois les les sépare. Le modèle donne alors une esti- aires urbaines les plus petites (communes ru- mation des échanges qui peuvent s’établir en- tre les deux villes étudiées. rales et pôles de moins de 5 000 emplois) et les Appliqué aux navettes domicile-travail, le plus grandes (de 50 000 à 200 000 emplois). Du modèle gravitaire donne une estimation des point de vue géographique, les petits et grands relations moyennes qui pourraient s’établir pôles d’emplois les plus attractifs se localisent entre les aires urbaines du Bassin parisien en dans les régions normandes et picardes, et en 2003 et 2004, au vu de leur poids et de leur Champagne (Figure 3). De même, les migra- répartition dans cet espace ; puis cette esti- tions professionnelles les plus fortes articu- mation est comparée aux navettes réellement lent l’aire urbaine de Paris à un large secteur observées par l’analyse des DADS de 2003 occidental du Bassin parisien, et des villes de et 2004. Les relations « excédentaires » dési- la région Champagne-Ardenne entre elles. Au gnent alors des navettes domicile-travail plus contraire, les pôles situés en périphérie nord et fortes qu’attendues entre deux aires urbaines est de l’Ile-de-France sont relativement moins du Bassin parisien, par rapport à ce que leur reliés à l’aire urbaine centrale par des migra- poids ou leur éloignement géographique lais- tions professionnelles (Figure 4, p. 20). serait supposer. A l’inverse, les relations « dé- ficitaires » concernent des navettes domicile- travail plus faibles qu’attendues. Figure 3 : Relation entre solde migratoire (en pourcentage) et taille des pôles d’emploi 9 Taux de variation dû au solde migratoire CHALONS-SUR-MARNE Les migrations 7 2003-2004 5 professionnelles : AMIENS 3 CHERBOURG un révélateur des CAEN ROUEN 1 ELBEUF ORLEANS REIMS MONTARGIS LE HAVRE COMPIEGNE -1 SENS CHATEAUROUX TOURS PARIS interdépendances PITHIVIERS TROYES CREIL CHARLEVILLE-M BOURGES LE MANS -3 CHARTRES DREUX BLOIS économiques entre pôles SAINT-QUENTIN EVREUX -5 AUXERRE BEAUVAIS -7 ALENCON du Bassin parisien -9 LAON -11 Les migrations professionnelles sont l’un des 1000 10000 100000 1000000 10000000 Nombre d’emplois en 2003 révélateurs des différentiels locaux de dyna- Source : Insee, DADS, 2004 mique économique et peuvent être considérées comme un vecteur d’ajustement de l’offre et de D’un point de vue économique et socioprofes- la demande d’emploi. Elles constituent donc sionnel, les identités des migrants varient selon un très bon indicateur des polarisations émer- les directions des flux. Pour une majorité des 19
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