L'École supérieure de théâtre de l'UQAM présente une production dirigée - Texte de Daniel Danis Mise en scène de Maxime Denommée
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L’École supérieure de théâtre de l’UQAM présente une production dirigée Le langue-à-langue des chiens de roche Texte de Daniel Danis Mise en scène de Maxime Denommée Studio-d’essai Claude-Gauvreau /du 13 au 15 février 2014 et du 18 au 20 février 2014
DISTRIBUTION Audrey Leblanc Caroline Courtois Pascale Lanthier- Joëlle Schirmer Bourbonnais Djoukie Déesse Jérôme Bédard David Ouellet Janne Paquin Simon Coyote Murielle Michel Bertrand Pierre-Raphaël Louis Lacombe Pa’Léo Roux Petrowski Niki Charles
ÉQUIPE DE CONCEPTION Charlotte Hoffmann-Archenault Dominic Dubé Scénographie Éclairage i Marie-Josée Goulet Marie-Eve Bernard Noémie Roy Accessoires Costumes Dramaturgie Charlotte Girard Ariane Lamarre Directrice de production Assistance à la mise en scène et conception sonore
LA MISE EN SCÈNE/ ENTRETIEN AVEC MAXIME DENOMMÉE Entretien réalisé par Noémie Roy N.R. Pourquoi avoir choisi de monter Le langue-à-langue des chiens de roche? M.D. Les textes où la distribution entière est bien servie sont rares. Il y a souvent un grand rôle et de petits faire-valoir qui gra- vitent autour de lui. Dans cette pièce, il s’agit de neuf personnages clairement définis qui ont des moments riches à livrer et qui pos- sèdent chacun une quête précise. Le texte donne beaucoup de matière aux neuf comédiens. J’ai également un attachement parti- culier à cette pièce puisque j’ai participé, en 1998, à la mise en scène de Claude Poissant comme comédien finissant au Conservatoire d’art dramatique Montréal. Le texte était fraichement écrit. Il s’agissait d’un premier jet. N.R. Comment concevez-vous la mise en scène du Langue-à-Langue des chiens de roche? M.D. Au départ, l’important était de parvenir à entendre le texte. Après, il fallait que le corps s’engage dans l’espace pour que la poésie soit totale. Les personnages du Langue-à-langue des chiens de roche sont entiers. Il ne faut donc pas que le travail des comédiens devienne seulement cérébral. N.R. Le travail de mise en scène semble s’être réalisé en deux temps : la compréhension de cette poésie, puis l’incarnation de celle-ci par le corps. M.D. Oui, il fallait d’abord entendre le texte et comprendre les enjeux par l’entremise d’un «tra- vail de table». Une fois que le tout a été mis en place, il fallait trouver des «zones de décalage», juxtaposer différents éléments, ne pas faire tout ce qu’on dit, engager les corps dans une action
précise. Ces juxtapositions sont théâtrales et permettent de ne pas tomber dans le réalisme. À ce sujet, Fassbinder disait que la mise en scène doit produire une «distance» nécessaire à la ré- flexion. En général, c’est un élément qui distingue le théâtre d’un simple téléroman. En fait le gros de mon travail consiste à la direction d’acteurs et d’actrices. L’idée est d’enlever leurs tics et de les pousser à aller dans des zones physiques et vocales dont ils ne soupçonnent pas l’existence. Je souhaite voir apparaître un personnage et non des étudiants et étudiantes en théâtre qui font bien les choses pour leurs professeurs. Je souhaite qu'ils ne fassent pas «semblant », mais qu’ils le fassent pour «vrai», avec tout l'effort, l'implication et l'investissement que ça représente. Et que du courage de l'acteur apparaisse le personnage. Après, le texte du Langue-à-langue des chiens de roche possède ses particularités. Il combine deux sortes de théâtre: l’un plus tradition- nel qui emprunte une fonction mimétique et l’autre qui passe par la narration, l’évocation et la description des lieux. Le second type de théâtre se rapproche davantage du conte. Dans Le langue-à-langue des chiens de roche, la roulotte de la famille des Maisonneuve est évoquée. Au cinéma, elle serait directement représentée, alors qu’au théâtre, elle est nommée et l’imaginaire se charge de la représenter. Il y a donc autant de roulottes qu’il y a de spectateurs dans la salle. Mes objectifs en tant que metteur en scène sont simples : je souhaite que ce spectacle puisse être capable de livrer à pleine capacité la charge émotive que renferme le texte.
Sally Mann, Candy Cigarette, «Immediat family», 1991, Courtesy Girogan gallery, New-York Margaret M. de Lange, #18, «Daughters», Folley gallery, 2000
LA PIÈCE / LE LANGUE-À-LANGUE DES CHIENS DE ROCHE Le Langue-à-langue des chiens de roche raconte l’histoire de quelques exilés et familles en marge de la société qui crient leur détresse et leur incertitude. Sur une île sans nom, entre vagues agitées et brume nocturne, la famille des Maisonneuve a le cœur en chamaille. Djoukie, 15 ans, cherche l’identité d’un père inconnu à travers un passé occulté. Sa mère, Joëlle, tait sa résignation dans la dureté. Déesse, sa sœur de cœur, se perd dans une sensualité débordante. La famille vit dans un Gaz-O-Tee-Pee, poste d’essence bricolée de capteurs de rêves pour souligner leurs ori- gines amérindiennes, mais surtout pour attirer les touristes. À quelques pas, la famille des Simard, dont Pa’ Léo est le patriarche, protège deux cent quarante- sept chiens de la brutalité des îliens. Vieillard grincheux, mais attachant, Pa’Léo tient une pro- messe faite à Ma’Éva, son amoureuse morte : il prendra soin de leurs fils pour qu’ils deviennent «des hommes bons et honnêtes». Niki, le plus jeune, cherche le grand amour avec Djoukie. Il est habité d’une force insoupçonnée propre à l’hypersensibilité : il insuffle la régénérescence à ceux qu’il croise. Charles, le fils aîné, vit avec les remords d’un accident mortel. Hanté par sa cons- cience, il trouve refuge auprès de la rive où il construit des statues éphémères de roches et de branches rapidement avalées par les eaux. Parmi eux, Coyote, éternel fêtard, s’ancre dans le présent, concocte des breuvages aphrodisiaques et organise des «party rage». Dans ce rituel-exutoire où les pulsions s’exacerbent et triomphent, il réunit certains îliens pour taire l’absurdité de l’existence le temps d’une nuit. Murielle, 19 ans, se joint à ces fêtes où s’entremêlent violence et sexualité. Elle souhaite «devenir une femme» pour se sentir vivre. Simon, nouvel arrivant protégé par Coyote, cherche à s’isoler tout en voulant créer la vie alors qu’il a côtoyé la mort à la guerre. Lorsque des échos d’aboiement se font entendre et que des vents fluviaux se lèvent, une série de face-à-face, de tête-à-tête et de langue-à-langue s’enclenche pour former des couples du présent, du passé et du futur.
L’AUTEUR / DANIEL DANIS OU LE CHAMANE DE L’IMAGE «Quand j’écris, ma main est séparée du reste du corps, qui lui, avec ma tête, est ailleurs, dans une expérience de vie ancienne et profonde. Les images s’imposent, de même que les syncopes, les ellipses et les trous qui les séparent.» (p.6) Daniel Danis écrit dans La Scaphandrière, L’enfant lunaire, 2011, L’Arche. Daniel Danis met en scène des personnages aux prises avec des conflits mythiques et cosmiques. Ces personnages, souvent en marge de la société, sont orphelins (Rock, William, Gilles-Fred et Noéma dans Le chant du Dire-Dire ou encore Kiwi dans le texte éponyme) exilés (Joëlle et Déesse dans Le langue-à-langue des chiens de roche) et anormaux (L’enfant lunaire à la tête immense dans le récit-théâtre éponyme). À l’écart des civilisations urbaines, cette dramaturgie matérialise un chaos archaïque souvent manifesté par la nature. Certains mythes de différentes cultures amérindiennes, africaines et égyptiennes influencent l’auteur. Que ce soit des tribus (La tribu de e et les tribus Des nuages de terre) ou encore des clans (Les orphelins Du chant du Dire- Dire), les personnages sont souvent regroupés dans des structures sociales clairement définies. La forme qu’empruntent les textes de Daniel Danis est toujours singulière : des récits-théâtres dans Cendres de Cailloux et L’enfant-lunaire, des romans-dits dans e et Terre Océane, un photo- récit dans La Scaphandrière ou encore un théâtre musical pour cinq voix et un chœur de jeunes filles dans Ayiti tè fragil ou l’Ile saline. Une parole monologique narrative ou descriptive surgit alors dans un mouvement d’extériorisation de l’intimité des personnages et rompt, par moment, avec la fonction mimétique du récit. L’auteur raconte, dans un entretien téléphonique, que ses expériences d’écriture débutent lorsque les images, les formes, les sons et les matières commencent à l’habiter. À la manière d’un cha- mane dont les rêves conduisent aux gibiers, ses rêves guident souvent sa création. L’auteur défile
dans les paysages de son inconscient : «Je marche dans mes rêves, ils me montrent le chemin de mon écriture» dit-il. Ces images surgissent petit à petit, organiquement. L’espace s’écrit pour former, sur la feuille, une véritable scénographie des voix. L’auteur, aussi sculpteur, avoue con- cevoir l’écriture d’une façon similaire à la sculpture. Les personnages apparaissent, mais pro- viennent parfois d’un même individu imaginé qui renferme toute la complexité métaphysique de la pièce. Daniel Danis est de ceux qui explorent les limites de la langue poétique pour forger un récit où les voix prennent forme.
Marc Séguin, Roadkill, 2003 Marc Séguin, A stroll in the park, 2003
L’ÎLE / LE LANGUE-À-LANGUE DES CHIENS DE ROCHE « L’isolement des îles est relatif, l’isolement de la Terre, lui, est abso- lu. Nous aurions donc besoin de la métaphore de l’île pour penser, supporter, sublimer, l’isolement de la planète et la solitude fondamen- tale, cosmique, de l’humanité. » MEISTERSHEIM, Anne. Figures de l’île, Éditions DCL, 2001, p.29./op. cit. Rémy Knafou, « À quoi ser- vent les îles ? », in îles en société, p.39. À travers ses textes, l’auteur Daniel Danis propose de façon récurrente des zones d’interaction où les personnages sont éloignés de la civilisation urbaine. Clermont, par exemple, dans Cendres de cailloux (1992) déménage avec sa fille dans une vieille ferme recluse en campagne. Dans Le chant du Dire-Dire (2000), quatre orphelins, Rock, William, Gilles-Fred et Noéma «soudés d’amour» forment un clan et s’isolent dans leur maison campagnarde. Dans Les nuages de terre (1994) deux tribus aux mœurs opposées sont campées sur une île sans nom. Dans Le Langue-à-langue des chiens de roche, l’île isole les personnages pour réorganiser «comme au début de l’humanité» (Première vague, p.9) un chaos archaïque. Un traversier relie l’île et le continent: «D’où je suis perchée, sur l’autre rive, je peux voir les maisons, les lampa- daires, le dernier traversier qui vient de mouiller au quai rouge.» (Djoukie, Première vague, p.9) Mais l’île renferme un paradoxe. À ce propos, Anne Meistersheim, ethnologue française, dit: «Il ne faut jamais perdre de vue, à propos de l’île, sa profonde ambivalence son carac- tère double. Son caractère paradoxal. Si l’île peut signifier l’ouverture : ouverture sur le vaste espace marin, ouverture sur tous les ports du monde et sur toutes les cultures, elle est aussi fermeture. Fermeture signifiée par le caractère même de la fermeture de son espace.» [MEISTERSHEIM, Anne. Figures de l’île, Éditions DCL, 2001, pages 71 et 72. ] L’île ne semble alors pleinement exister que dans la confrontation avec le continent. En ce sens, les «party rage». organisés par Coyote ont une utilité sociale, mais reflètent aussi le paradoxe de
la vie insulaire: celui d’être «séparé et uni en même temps.» (Septième vague, p.29) En dépit de leur séparation du reste du monde, les personnages sont liés à la nature insulaire. Dans Le langue- à-langue des chiens de roche, cette nature s’avère imprévisible et incertaine. La langue poétique de Danis évoque les états de cette nature indomptable. Il y a, par exemple, ces vents qui sont entrés dans les narines de Djoukie, Joëlle et Déesse et «ont tourné leur raison en tourbillon» parce que «s’il vente trop dans la tête nous accouchons toujours d’une tempête.» (Quinzième vague, p.42 et 43). Ces vents sont à nouveau nommés par Déesse: «Le vent passe entre nous sou- levant une poignée de poussière jaune à cause de nos lampadaires. La brume a surgi d’un coup prenant notre chérie sous son aile [...]» Cette nature en symbiose avec les sentiments des îliens incarne également la détresse de Déesse : « Je suis habitée par une terre perdue qui m’appelle de partout et finit par s’endormir ici, sur la rive, pour quelques heures, parce que la beauté des paysages me blesse, que les couchers du soleil m’atteignent au cœur, que les fleuves paquetés de mercure m’étripent, que les nuages chargés d’acide me font pleurer, que l’odeur du vent conta- miné m’achève.» (Dixième vague, p.36) La nature insulaire et l’intimité des personnages se réfléchissent mutuellement. L’intérieur et l’extérieur sont investis de limites poreuses. Par leur fonction d’exutoire, les «party rage» s’opposent à la versatilité et aux bouleversements de cette nature porteuse d’un chaos ancien véhiculant des thèmes archaïques : l’élévation, la destruction ; l’amour, la haine ; la vie, la mort. C’est par l’union ou la confrontation de ces forces opposées que les relations humaines prennent des tournures tragiques. Djoukie et Niki, deux adolescents qui embrassent un amour naissant, pur et sacré évoquent le sort de Roméo et Juliette de Shakespeare. L’état paroxysmique de l’union des oppositions rappelle le «mourir de vivre et vivre de mort» d’Héraclite. Sur cette île sans nom, rien ne possède un caractère univoque, les forces opposées se répondent pour rééquilibrer un microcosme qui se présente comme un tout.
LES PERSONNAGES/LE LANGUE-À-LANGUE DES CHIENS DE ROCHE C’est dans l’intimité d’un «langue-à-langue» que les rencontres surgissent. Elles sont plus in- times encore qu’un tête-à-tête, accidentel comme un nez à nez et certainement confrontant comme un face-à-face. Parmi les couples qui se forment, il y a Djoukie, «la retardée d’amour», qui crie aux «vents de la terre de [lui] apprendre à aimer». Une rencontre brutale initiée par la détermination de Niki, «le devancé d’amour», lui permettra de s’épanouir. Loin de se camper parmi les fêtards des «party rage» où «s’enquenouiller» est l’ultime finalité, il cherche plutôt la pureté et la transcendance. Il y a aussi Joëlle et Simon, deux écorchés vifs qui connaissent tous deux la brutalité et de la violence. Joëlle a coupé ses «sens depuis belle lurette» et préfère la compagnie des chiens à celle des êtres humains. Simon est empreint de résilience. Il résiste à la mort en cherchant à créer la vie. Malgré sa timidité maladive, il accueille avec patience et résolu- tion la fragilité de Joëlle. Il y a aussi la rencontre entre Murielle et Charles. Murielle, accablée par les tourments de l’adolescence, cherche à «devenir une femme» et met en scène sa propre mort pour se sentir vivre. Charles est hanté par la mort accidentelle d’un dealer et par le souvenir de Ma’Éva, sa mère décédée. Son père, Pa’Léo, porte les précieux souvenirs de cet amour disparu qu’il révèle petit à petit dans une parole monologique. L’union du couple entre Pa’Léo et Ma’Éva, qui per- dure au-delà de la mort, advient par la poésie de l’imagination. Parmi ces couples, Déesse et Coyote entretiennent une liaison dès le début du récit. Bien qu’ils vivent pleinement leurs pulsions sexuelles, Déesse craint que la proximité des corps ne camoufle l’assèchement des cœurs. C’est la quête d’un amour sincère, par-delà la proximité charnelle qui permet au couple de se régénérer. Ces rencontres agissent comme un baume face à l’absurdité de l’existence où l’amour vient se- courir les êtres esseulés. La proximité de l’Autre leur permet de s’ouvrir avec sérénité et de se révéler par l’entremise d’une parole de l’intime qui narre la fragilité des souvenirs, des blessures, des remises en question, mais aussi des fantasmes et des rêves.
Sally Mann, Untitle, «At twelve», Jackson fine art gallery, 1998
LA CONCEPTION / LE LANGUE-À-LANGUE DES CHIENS DE ROCHE Scénographie et éclairages La scénographie propose trois abris ouverts de part et d’autre réunis en demi-cercle. Ces abris construits de tôle et de métal rouillés s’ouvrent vers le monde. Le vent circule, la nature peut s’infiltrer dans l’habitation. D’un côté, l’abri des Simard, de l’autre, l’abri des Maisonneuve met- tent en évidence deux territoires familiaux distincts. L’espace, au centre, est investi par une cour commune. La scénographie propose une zone de l’entre-deux, intermédiaire entre l’habitation et la nature. Cette zone reflète l’enchâssement que propose le texte ; entre le récit et l’intimité, entre les éléments de la nature et les états d’âme des personnages. Derrière la cour commune et les abris, au fond de la scène, une toile hissée et tendue évoque le ciel. Les éclairages métamorphosent son apparence selon un spectre polychrome qui indique le lever du soleil, l’atteinte du zénith et le coucher du soleil. À d’autres moments, le cycle des jours n’est plus figuré, mais l’état intérieur de certains personnages est révélé par la parole. C’est l’intériorité des personnages qui se dilate dans l’espace et se matérialise par la lumière. La scène peut alors être habitée par des temps suspendus où des fissures s’ouvrent vers les rêves, les fan- tasmes, les désirs et les réminiscences des personnages. Les éclairages proposent des allées et venues entre la figuration d’un temps cyclique et l’intériorité des personnages souvent manifestée sous forme de brèches atemporelles. Conception sonore «C’est exactement en pleine nuit, quand les épaisseurs de noirceur écrasent les toits des îliens que les âmes des personnes rêveuses s’empêtrent et ne peuvent pas dé- ambuler comme elles veulent ; c’est alors qu’elles se mettent à aboyer. Ce que tu entends ce sont les âmes rê- veuses coincées sur cette maudite terre rocailleuse.» - (Djoukie- Onzième vague, p.37)
Qu’ils proviennent de la présence de l’environnement, du chenil ou de l’écho des voix distordues, les sons habitent de façon singulière Le langue-à-langue des chiens de roche. La trame sonore pratiquement omniprésente advient en toute subtilité : «à la manière d’un bruit que l’on finit par ne plus écouter à force d’entendre», raconte Ariane Lamarre, conceptrice sonore. Certains sons remplissent une fonction figurative comme les aboiements des chiens, le crépitement du feu et le chant des criquets. D’autres remplissent la même fonction, mais proviennent du corps des inter- prètes. Les souffles des comédiens incarnent les vents insulaires alors que des respirations plus saccadées évoquent le ressac des vagues sur la rive. La juxtaposition corps-îles/îles-corps té- moigne de cette fluidité où la langue monologique s’intègre dans l’environnement et fait surgir l’intimité. Le thème de l’autochtonie s’incarne notamment par la trame sonore, plus spécifiquement, par la présence du tambour. Dans la culture amérindienne, le tambour est utilisé à des fins rituelles. Pendant les «party rage», il est notamment mis de l’avant pour rappeler cette fonction. Cette mu- sique ainsi constituée se réfère, entre autres, aux transes chamaniques dont la finalité rejoint «des ascensions célestes ou des descentes infernales». Au final, la conception propose un enchevêtrement à la frontière entre figuration et métaphore. Sur fond d’archaïsme, l’espace, le son et la lumière cherchent à déployer la poésie que renferme le texte.
Marc Séguin, #115, 2008 Marc Séguin, #78, 2004
BIBLIOGRAPHIE : CONCHE, M., Héraclite. Fragments, Texte établi, traduit et commenté par Marcel Conche, Paris, PUF, « Épiméthée », 1986, 486 p. DIONNE, Hélène. L’œil Amérindien regard sur l’animal, Musée de la civilisation, Éditions du sep- tentrion, 1991, Québec, 118 p. MASSOUTRE, Guylaine. « Cœur de roc : le lyrisme ardent de Daniel Danis» Jeu : revue de théâtre, no. 99, (2) 2001, p.15-19. MEISTERSHEIM, Anne. Figures de l’île, Éditions DCL, 2001, 173 p. PLOURDE, Élizabeth. «La clameur des chiens de roche : Le Langue-à-Langue des chiens de roche», Jeu : revue de théâtre, no. 115, (2) 2005, p.71-75. VAÏS, Michel. « Rêver la guerre : entretien avec Daniel Danis », Jeu : revue de théâtre, no 117, (4) 2005, p.128-135. MUSIQUES : A Tribe called red, Electric Pow Wow Drum A Tribe called red, International #1 Lors de cette représentation, il y aura manipulation d'une fausse arme à feu et utilisation de sons s’apparentant à des coups de feu Les sommes amassées par la vente des billets sont remises à la Fondation UQAM et servent à financer des bourses pour les étudiants de nos programmes. ENCADREMENT PÉDAGOGIQUE : YVON BARIL Assistance à la mise en scène, régie & direction de production ANGELA KONRAD Dramaturgie MARIE-CLAUDE LEFEBVRE Voix et diction ANICK LABISSONNIÈRE Décors VÉRONIQUE BORBOËN Costumes NANCY BUSSIÈRES Éclairages NANCY TOBIN Conception sonore PHILIPPE POINTARD Accessoires PIERRE PRZYSIEZNIAK Peinture scénique NANCY TOBIN Conception sonore HUY PHONG DOAN Coach de mouvements
LES ÉTUDIANTS EN JEU ONT ÉTÉ FORMÉS PAR : Marie-Claude Lefebvre/Pascal Belleau (Techniques vocales) Robert Dion/Phong Doan/Mylène Roy/Dave St-Pierre (Travail corporel) Martine Beaulne/Anick Bergeron/Lise Roy/Marie-France Marcotte/Peter Batakliev / Alain Fournier / Maxime Denommée (Interprétation) Anne-Josée Boudreault (Travail devant la caméra) Jacques Lessard (Processus de création) Yvon Baril (Or- ganisation et gestion d’un groupe de production théâtrale) Stéphane Lépine (Dramaturgie) Guy Beausoleil (Histoire du théâtre) Alexandre Cadieux (Pratiques théâtrales au Québec) LES ÉTUDIANTS EN SCÉNOGRAPHIE ONT ÉTÉ FORMÉS PAR : Claire Lamarre/Azraëlle Fiset (Travail d’atelier et technique de scène) Nancy Bussières (Éclai- rage) Nancy Tobin/Claude Cyr (Son) Yves Labelle (Vidéo) Anick La Bissonnière (Conception de décors) Anne-Marie Matteau/Linda Brunelle (Conception de costumes) Yvon Baril (Direction technique, direction de production, Organisation et gestion d’un groupe de production théâ- trale) Patrick Martel/Marthe Adam (Marionnettes) Stéphane Lépine (Dramaturgie) Guy Beau- soleil (Histoire du théâtre) Alexandre Cadieux (Pratiques théâtrales au Québec) Émilie Martz- Kuhn (Théâtre actuel) LES ÉTUDIANTS EN ÉTUDES THÉÂTRALES ONT ÉTÉ FORMÉS PAR : Stéphane Lépine (Dramaturgie) Geneviève Billette (Écriture) Étienne Fortin/Angela Konrad (Mise en scène) Claire Lamarre (Techniques de scène) Yvon Baril (Direction technique, direc- tion de production, Organisation et gestion d’un groupe de production théâtrale) Étienne For- tin (Analyse de spectacles) Guy Beausoleil (Espace scénique, Histoire du théâtre) Alexandre Cadieux (Pratiques théâtrales au Québec) Yves Jubinville (Théâtre et société) Émilie Martz- Kuhn (Théâtre actuel) Lise Roy (Textes et pratiques de jeu) Alexandre Cadieux/Christian St- Pierre (Critique dramatique) L’École accueille cette année les metteurs en scène suivants : Christian Lapointe, Catherine Vidal, Maxime Denommée, Jacques Lessard, Louis-Karl Tremblay et Christian Vézina. ÉQUIPE TECHNIQUE ÉTUDIANTE : DOMINIQUE LEBLANC-BOLDUC Technicienne de son LAURIE JOYAUX / Machinistes TAMARA HAJJALI LAURENCE LAFRENIÈRE/ Habilleurs JULIE LAFONTAINE MARIE-FRANCE BEAUCHAMP / Techniciennes de spectacle ARIANE BRIÈRE
DIRECTION : ALAIN FOURNIER Direction de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM MARIE-CHRISTINE LESAGE Direction de l’unité des programmes de cycles supérieurs CAROLE MARCEAU Direction du programme de premier cycle MARTINE BEAULNE Direction artistique ALAIN FOURNIER PERSONNEL DE SOUTIEN : AZRAËLLE FISET Responsable de production STAN KWIECIEN Responsable des salles de théâtre YVES HALLÉ Technicien de scène LUC MALTAIS Technicien de scène SYLVAIN RATELLE Technicien de scène GUY ROUILLARD Chef d’atelier de décors CHARLES-HUGO DUHAMEL Technicien d’atelier de décors LUCIE MATTE Chef d’atelier de costumes GILLES-FRANÇOIS THERRIEN Coupeur MONIQUE THERRIEN Couturière AMÉLIE JODOIN Couturière stagiaire YVES GEMME Appariteur ALAIN LABADIE Appariteur STÉPHANIE BEAUBIEN Assistant technique à la production stagiaire Cette production a été réalisée dans le cadre des cours suivants Production dirigée et Travail d’interprétation MAXIME DENOMMÉE / Production de spectacle YVON BARIL / Techniques scéniques CLAIRE LAMARRE / Atelier de production décors et costumes AZRAËLLE FISET REMERCIEMENT : Karine Ratté, photographe. PRODUCTIONS À VENIR À L’ÉCOLE SUPÉRIEURE DE THÉÂTRE : Je voudrais qu'on me dise depuis combien de temps je suis mort, mise en scène de Jacques Les- sard, production dirigée des finissants, du 20 au 22 février et du 25 février au 1er mars. Cœur de bœuf, mémoire-création de Stéphane Séguin du 13 au 15 mars. La Petite sirène Mémoire-création de Patricia Bergeon, les 28 et 29 mars. Sacré sucre, mémoire-création de Karina Bleau, du 11 au 13 avril. Roméo + Juliette, De Shakespeare, traduction française de Normand Chaurette, mise en scène de Louis- Karl Tremblay, atelier public des étudiants de 1ere année en jeu, les 15 et 16 avril. Le Zébrin de l’arc-en-ciel, collage de textes de Claude Gauvreau par Michel Garneau, mise en scène de Christian Vézina, exercice public des étudiants du profil études théâtrales, les 16 et 17 avril . École supérieure de théâtre Pavillon Judith-Jasmin, local J-2335 405, rue Sainte-Catherine Est Montréal (Québec) H2L 2C4 www.theatre.uqam.ca
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