DES SPECTRES ET DES GÉNOCIDES - La Citadelle dystopique Alexandru Bumbas
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« Dans une période de catastrophes, le traumatisme lui-même peut constituer le lien » entre les cultures. Cathy CARUTH 2/
COMPAGNIE LA CITADELLE DYSTOPIQUE La pièce Des Spectres et des génocides trale, en psychanalyse et en histoire, et est intimement liée à la création, en mai d’une équipe de création. 2017, de la compagnie La Citadelle Dysto- En août 2017, La Citadelle dystopique pique. Alexandru Bumbas, initiateur du a été accueillie en résidence à l’Institut projet, dramaturge, metteur en scène et Culturel de Brive-la-Gaillarde, afin d’initier enseignant en Études Théâtrales à la Sor- un travail pratique et théorique autour de la bonne Nouvelle décide de monter une notion de dystopie théâtrale et de la pièce compagnie dont la première création s’in- Des Spectres et des génocides. C’est ain- titule Des Spectres et des génocides. Six si que les grands axes du projet (pratiques étudiants-comédiens de l’Institut d’Études et théoriques) ont vu le jour et ont mené à Théâtrales de la Sorbonne Nouvelle ont été la consolidation de la démarche. par la suite intégrés au projet, afin de leur ouvrir le chemin de la professionnalisation dans le domaine du spectacle vivant. « Important de connaître cet Le projet de création est soutenu par l’Ins- animal que nous sommes, ce titut de Recherches en Études Théâtrales quelque chose entre animal (IRET) de la Sorbonne Nouvelle, représen- té par Catherine Naugrette, Professeure et machine qui a développé la des universités et membre d’honneur faculté singulière de s’exterminer de La Citadelle Dystopique. Doina Anca soi-même.» Heiner MÜLLER Crețu, docteure en Histoire Internationale à l’Institut de Hautes Études Internatio- nales et du Développement à Genève, boursière à Oxford du Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique et actuellement Junior Fellow à l’Institut für die Wissenschaften vom Menschen de Vienne, rejoint le projet à titre de spécia- liste en histoire du XXe siècle. Ainsi, Des Spectres et des génocides est aussi l’objet d’un projet de recherche ayant pour objectif la publication d’un livre transdisciplinaire. L’originalité du projet consiste dans sa double dimension, créa- tive et théorique, qui s’articule autour d’une équipe de spécialistes en esthétique théâ- 3/
DES SPECTRES ET DES GÉNOCIDES LA CITADELLE DYSTOPIQUE / CRÉATION 2019 / TEXTE ET MISE EN SCÈNE Alexandru BUMBAS MUSIQUES Antonín DVOŘÁK Gabriel MASUREL / Blue Planet Corporation INTERPRÉTATION Marion ASTORG Aurélien BARÉ Laura BERTHELOT Lyzaïg LE CLEC’H Thibaut LE CAM Savério MOREAU CRÉATION ET RÉGIE LUMIÈRE Baptiste CHOQUET production La Citadelle dystopique Projet de recherche en création soutenu par Catherine Naugrette et l’Institut de Recherche en Études Théâtrale de la Sorbonne Nouvelle - Paris III Avec le soutien de la commune de Chabrignac. Avec l’aide du Centre Culturel de Brive-la-Gaillarde, de la Sorbonne Nouvelle - Paris III et du Conservatoire Municipal Frédéric Chopin (XVe arrondissement de Paris). Teaser du spectacle : https://vimeo.com/262450908 4/
SYNOPSIS dont les ailes portent les blessures et les tâches des catastrophes : la merde et les Des Spectres et des génocides est une cendres, les trous, les brûlures et les frac- dystopie théâtrale qui se construit autour tures sont guéris, pansés et lavés par les de six personnages. Dans l’arrière-monde spectres, afin que l’ange reprenne son en- de notre contemporanéité, six spectres is- vol. C’est là que l’espoir se fait entendre, sus des génocides du XXe siècle se ren- qu’à la guérison des ailes naît un dernier contrent et traversent les territoires dé- chant spectral, aux génocides oubliés, vastés de l’Histoire : Aghet – le spectre aux catastrophes occultées, désastres du du génocide arménien, le spectre de passé, du présent et de l’avenir. l’Holodomor (l’extermination par la famine en Ukraine), le spectre de la Shoah, le spectre du génocide des âmes roumaines de la prison de Pitești (à 100 kilomètres de les personnages Bucarest), le spectre du génocide guaté- Dans cette pièce, les personnages (ou maltèque et le spectre du génocide des plutôt les impersonnages – pour reprendre musulmans de Srebrenica. une formulation de Jean-Pierre Sarrazac) ont une double fonction : ils sont à la fois Animés par une incontrôlable pulsion de une allégorie du génocide qu’ils repré- dire leur expérience, les spectres mo- sentent et le spectre d’une victime d’une nologuent et dialoguent, errent et se re- réalité historique. trouvent, hurlent et se taisent, afin de re- mémorer et revivre l’instant de leur mort. La volonté n’est pas de proposer un théâtre L’appréhension de cet instant est en de témoignage ou une pièce historique ; quelque sorte instrumentalisée par la néanmoins, la construction de chacun des confrontation, souvent anachronique, avec spectres est issue d’un travail minutieux des catastrophes qui façonnent l’imagi- de consultation et d’analyse d’un fonds naire de leur propre vécu. Ainsi, chaque documentaire considérable, qui s’articule spectre s’arrête dans des « stations » entre le visionnage des photographies et symboliques, d’où ils en tirent, peut-être, documentaires et la découverte de divers le sens caché de la banalité du mal : témoignages. d’Hiroshima au Bataclan, du McDonalds de Disneyland Paris à l’allée des monu- S’agissant d’un travail d’esthétisation de ments de la Shoah au cimetière du Père la forme théâtrale, la définition donnée Lachaise, en passant par Tchernobyl et le par Raphael Lemkin au génocide (et qui site de Palmyre détruit par ISIS en 2016, a, au sein de l’ONU, une valeur juridique) ces endroits dessinent les contours d’une ne s’applique pas à tous les génocides carte des restes de l’humanité. Leurs er- évoqués dans la pièce ; mon intention va rances, les endroits, ainsi que l’évocation dans le sens donné au traumatisme par des instants de leurs morts, font émerger Cathy Caruth : « dans une période de ca- une géographie transcontinentale, qui ac- tastrophes, le traumatisme lui-même peut cueille ces bribes vivifiantes d’humanité, constituer le lien entre les cultures ». Tel en dehors de tout contexte socio-culturel. était le cas, par exemple, de l’expérience de la prison de Pitești, en Roumanie (1949- Un ange tombe dans chacune des sta- 1951), où la volonté n’était pas l’extermina- tions, pour chacun des spectres. Un ange 5/
tion d’un groupe ethnique, mais le lavage discours qui traverse la pensée théâtrale de cerveau et la rééducation par la torture des dramaturges depuis Beckett jusqu’à des dissidents politiques et des intellec- Barker. À l’ère de la disparition des genres tuels de l’époque - expérience qui est sou- théâtraux, j’ai senti le besoin de travailler vent qualifiée de « génocide des âmes ». sur l’imaginaire génocidaire en m’éloi- Un ange tombe pour chaque spectre - gnant de ce que nous pourrions qualifier métaphore plus que personnage à part de théâtre historique, de théâtre de témoi- entière, l’ange est présenté et non pas gnage, ou même de théâtre documentaire. re-présenté, comme le degré ultime de la fiction et du sublime au cœur des catas- C’est ainsi que j’ai forgé la notion de dysto- trophes. pie théâtrale – forme dramatique nouvelle – qui serait plus esthétisante et plus huma- nisante que n’importe quel parti pris poli- tique, sociologique ou autre. J’ai vite com- références scientifiques pris que la déterritorialisation du discours pourrait apprivoiser en quelque sorte ce La création est inspirée aussi par des besoin troublant d’exprimer le génocide lectures diverses et variées de philoso- sous une forme nouvelle. J’ai découvert phie, sociologie et esthétique théâtrale, L’Empire du traumatisme de Didier Fassin dont nous pouvons citer : Didier Fassin / et Richard Rechtman et j’ai compris que Richard Rechtman – L’empire du trauma- « le traumatisme n’y est pas seulement la tisme : enquête sur la condition de victime, conséquence de l’intolérable, il est aus- Jacques Derrida – Les spectres de Marx, si et déjà en lui-même un témoignage. » Giorgio Agamben – De l’utilité et de l’in- Ainsi se fait-il que ces six génocides com- convénient de vivre parmi les spectres, mencent à s’exprimer à travers moi, sans Hannah Arendt – Eichmann à Jérusalem : que j’en prenne tout à fait conscience. Six rapport sur la banalité du mal, Catherine génocides dans six contextes sociocul- Naugrette – Paysages dévastes : le théâtre turels différents prennent la forme d’une et le sens de l’humain. hantologie (au sens derridien du terme) et je commence à écrire et à donner voix à des spectres. Pendant deux ans environ, j’ai consulté témoignages, photos et docu- NOTE D’INTENTION ALEXANDRU BUMBAS mentaires thématiques qui ont acquis de telles significations dans mon esprit que les spectres des génocides en sont sortis « L’horreur du discours est un signe de purgés. santé spirituelle, car la banalité du dis- cours est universelle et donne la nausée» Ce choix des spectres s’est cristallisé affirme le dramaturge Howard Barker. Je comme un mélange de plusieurs éléments réfléchis depuis des années à cette cita- déterminants qui s’articulent autour de tion en essayant de l’intégrer à ma pensée sensibilités que j’ignorais posséder, d’une et à mon travail d’écriture. L’idée de cette préoccupation pour exprimer des géno- pièce m’est arrivée il y a environ trois ans, cides dont on parle peu ou pas, tout en lorsque, découvrant la parole des resca- gardant une volonté d’exprimer (encore) pés, je me suis trouvé confronté à l’ima- des génocides qui ont façonné l’appréhen- ginaire génocidaire et à l’horreur d’un sion de notre contemporanéité. Loin d’un 6/
parti pris quelconque, loin aussi d’une vo-– peut-être – pour ensuite porter un regard lonté de comparer le degré d’horreur des plus doux sur l’Humanité. Entreprise uto- génocides, cette géométrie spectrale s’est pique, dirait-on, et pourtant le sublime sur- concrétisée par elle-même. vit dans ma pièce et sur la scène. Un ange tombant du ciel reprend sans relâche son Mon besoin de travailler sur ces génocides envol grâce à la force créatrice des co- a été secondé par une nécessité d’expri- médiens, à travers lesquels les spectres mer nos sociétés contemporaines, où la (nous) parlent. banalité du mal a pour conséquence des catastrophes perpétuelles. Mes spectres Leurs voix évoquent aussi d’autres errent dans les « paysages dévastés » de spectres qu’ils n’ont pas rencontrés, l’Histoire, pour reprendre la métaphore de d’autres catastrophes qu’ils n’ont pas Catherine Naugrette. connues, et d’autres génocides qu’ils n’ont pas traversés. L’horreur du discours peut faire peur et susciter la pitié. Mais le but de mes Car le propos se veut universalisant, trans- spectres est d’insinuer l’angoisse, une culturel et transcontinental : humain. surcharge spirituelle et émotionnelle nous A.B. forçant à nous retourner vers nous-mêmes 7/
PITEȘTI notre bouche une plaie une plaie qu’on nettoyait avec de ils ne voulaient pas NOUS tuer l’urine ils ne voulaient pas NOUS tuer et qu’on pansait avec le mot Dieu j’aurais voulu mourir mais c’est le mot Dieu qui enrageait nos ils voulaient juste tuer nos âmes tortionnaires nos âmes surtout Țurcanu pas nos corps mais il ne savait pas le pauvre ils voulaient pénétrer dans nos âmes que même Dieu aurait peur d’entrer à à travers nos corps Pitești briser l’âme à travers le corps même Dieu aurait peur d’entrer à exterminer l’âme à travers le corps Pitești il y a des endroits où la mort est un ils m’ont obligé de chier sur mes luxe poèmes est-ce que tous ces crimes et de les avaler tous tous ces crimes que vous avez subis mais ils se sont rendus compte que… est-ce que tous ces crimes ont été condamnés ? On entend un bruit étrange, comme ils n’ont pas voulu me laisser mourir un chant de lamentation venu de loin. mon défaut dans leurs yeux je croyais en Dieu à Pitești tout était permis et je pensais dans ce lieu où il n’y avait plus de je pensais et je croyais en Dieu repères je lisais tout était permis j’écrivais sans l’amour des poèmes des textes des nouvelles et moi, à part mon amour pour Dieu des…j’écrivais j’aimais un homme j’ai vu mon meilleur ami devenir mon qui était à Pitești avec moi bourreau à Pitești tout était permis il est mort avant moi sans l’amour je l’ai vu mourir j’ai vu mourir mon surtout pas cet amour bourreau l’article 200 nous avons mangé des excréments au début je croyais que c’était en nos excréments raison de cet article que j’avais été nous avons bu l’urine arrêté ça faisait mal mais ça calmait la soif mais non ça calmait la soif puisque ils nous ont lu plusieurs fois cet article puisqu’on nous forçait de boire une à Pitești quantité terrible de saumure l’article 200 puis ils nous interdisaient de boire de [...] l’eau extrait Des spectres et des génocides Alexandru Bumbas 8/
GABRIEL MASUREL / COMPOSITEUR ÉQUIPE ARTISTIQUE Au milieu des années 80, il est batteur dans plusieurs groupes de musique dite alternative. Il achète ses premiers syn- thétiseurs alors que le mouvement techno arrive en France, à la fin des années 80. Il commence à produire de la musique synthétique et remplit des K7 d’heures de sons influencés par l’Electronic Body Mu- sic (EBM) et le son des raves party. Insen- siblement, il glisse vers la Trance, sorte de croisement entre EBM et Acid House. En 1993, ses titres sont édités par le label Un- derground French Kommunication (UFK) sous le nom de Blue Planet Corporation. ALEXANDRU BUMBAS / Le titre « Overbloody Flood » connaît un METTEUR EN SCÈNE ET DRAMATURGE certain retentissement à Goa, en Inde, où D’origine roumaine et récemment naturali- naît le courant Goa trance au début des sé Français, il fait une licence en Sciences années 90. Deux autres maxis sont édi- Politiques à l’Université de Bucarest, et tés sur UFK en 1994. En 1995, il est invité prend des cours de théâtre en parallèle à produire un album par le label anglais de son parcours universitaire. Il quitte Flying Rhino Records. Edité en 1999, cet les sciences politiques et se consacre au album lui permet de jouer au Japon, aux théâtre, en arrivant à Paris en 2009, où il Etats Unis et un peu partout en Europe. entame un Master recherche en Etudes Théâtrales, sous la direction de Christine Hamon-Siréjols, à l’Université de la Sor- bonne Nouvelle. En 2019, il obtient aussi un doctorat en Études Théâtrales, sous la direction de Catherine Naugrette. Sa thèse porte sur l’articulation entre la notion de « dystopie théâtrale » et les réécritures contemporaines de Shakespeare. Inspiré par la dramaturgie de Müller, de Beckett, de Bond, de Gabily ou de Barker, mais aussi par l’univers cinématographique de David Lynch, il développe, dans la conti- nuité de ses recherches, une pratique MARION ASTORG / COMÉDIENNE artistique orientée vers la dramaturgie et Après l’obtention d’un Baccalauréat scien- la mise en scène. Sa pratique s’accom- tifique, elle s’inscrit en Etudes Théâtrales, pagne d’une réflexion autour des écrits de à la Sorbonne Nouvelle. Prise au Conser- Maurice Blanchot et de Jacques Derrida. vatoire du XVe arrondissement et, asso- En 2016, il obtient un poste d’enseignant ciant un parcours académique à la pra- ATER à la Sorbonne Nouvelle et décide de tique théâtrale, elle s’implique dans de partager et d’expérimenter ses recherches nombreux projets artistiques. Une poignée et découvertes avec des étudiants-comé- d’amis comédiens et elle-même fondent le diens. Collectif Original de Création Universelle 9/
(Les C.O.C.U.s) ayant comme premier ob- La découverte de la danse contemporaine jectif de créer un spectacle sur Boris Vian. par la contact-improvisation est une réelle Elle joue aussi dans Oscar de Claude Ma- révélation qui l’a poussée à s’exprimer de gnier, mis en scène par Louis Barraud, qui plus en plus par le corps. La recherche est sera présenté à Avignon. Faisant preuve aussi importante que la création pratique d’un intérêt pour la vie associative, elle pour la jeune artiste qui envisage de conti- est bénévole à l’ATEP3 (Association Théâ- nuer ses études en Master, puis en doc- trale des Etudiants de Paris 3) ayant pour torat d’études théâtrales. Ses inspirations fonction principale d’organiser le festival et sources de réflexions sont nombreuses de théâtre A Contre Sens. Elle fait aussi et hétéroclites, des « danseuses libres » à partie de RESOME (Réseau Etudes Su- Claude Regy, en passant par Nietzsche, périeures et Orientations des Migrante.e.s Kleist, Eluard, Deleuze, Whitman, Mari- et Exilé.e.s), où elle aide les étudiants à na Abramovic, Rothko, Jean Fautrier, Cy apprendre le français et participer éga- Twombly, et tant d’autres. lement à des ateliers théâtraux. A la Sor- bonne Nouvelle elle entame des projets de recherche sur la transsexualité au théâtre tandis qu’au conservatoire elle travaille sur les surréalistes. AURÉLIEN BARÉ / COMÉDIEN Originaire du sud de la France où il dé- couvre très jeune le théâtre en atelier et dans des classes à option théâtre au col- lège, c’est à 14 ans qu’il s’inscrit dans la structure dédiée qu’est l’École d’Art Dra- LYZAÏG LE CLEC’H / COMÉDIENNE matique de Fréjus dans la classe d’Anne Passionnée de théâtre, elle quitte sa terre Lévy. Après l’obtention de son Baccalau- natale bretonne pour étudier les arts du réat littéraire spécialité théâtre, il décide spectacle à Paris, après un an en licence de venir à Paris pour continuer à se for- de philosophie. Elle s’inscrit en licence mer à la pratique de l’art dramatique ; il d’études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle entre au conservatoire Gabriel Fauré du et suit en parallèle, des cours pratiques Ve arrondissement. Parallèlement, il est dans une école, puis au conservatoire du en première année de licence théâtrale à XIIIe arrondissement. Aujourd’hui en der- la Sorbonne Nouvelle pour continuer un nière année de licence, elle décide de apprentissage théorique qui lui tient par- quitter le conservatoire pour continuer à se ticulièrement à cœur. Amoureux d’un très former là où le vent la mène. Elle participe large spectre théâtral, c’est son goût pro- à de nombreux projets de performance, noncé pour le théâtre de la Catastrophe installations plastiques et arts numériques, d’Howard Barker ou celui de la Cruau- notamment avec la compagnie Kiscible. té d’Antonin Artaud, ainsi que son ques- 10 /
tionnement perpétuel sur l’art dramatique lycée René Josué Valin à La Rochelle, comme force vitale qui l’amènent à re- que le théâtre se présente à elle comme joindre La Citadelle dystopique. un moyen d’apprendre ce qu’une éduca- tion classique n’a pas pu lui apprendre. Le théâtre comme ouverture sur l’instant, comme redécouverte d’un lien perdu entre le corps et la conscience. Elle arrive à Pa- ris en 2016 et s’inscrit en Licence d’Études Théâtrales, à la Sorbonne Nouvelle. La possibilité de travailler avec un auteur contemporain, le choix des génocides pour objet de recherche la conduisent à rejoindre la Citadelle dystopique. THIBAUT LE CAM / COMÉDIEN Il rencontre Chloé Dabert en 2012, au Lycée Jean Macé à Lanester. Elle l’en- courage à venir à Paris, dans son cours, où elle le fait travailler sur des auteurs contemporains, Fausto Paravidino, Den- nis Kelly, Matt Hartley. Maintenant élève au Conservatoire du IXe arrondissement, il achève une licence d’études théâtrales en juin 2017 et s’inscrit en Master de Philo- SAVÉRIO MOREAU / COMÉDIEN sophie et d’Histoire de l’Art, à l’Université À l’âge de 16 ans, il commence à faire Paris 1 Panthéon Sorbonne. Nourri par les du théâtre au sein de l’association L’Ou- œuvres de Georges Bataille, de Claude til Théâtre, basée à Montpellier, dans la- Régy et d’Antonin Artaud, il entame, sous quelle il travaille sur le texte de Chikamat- la direction de Danièle Cohn, un travail de su Monzaemon, Meurtre d’une femme recherche sur les rapports entre l’Art et la dans un enfer d’huile. Au bout de deux Peste. ans, il poursuit le travail théâtral dans l’as- sociation « L’Établi ». Il obtient un Bacca- lauréat Littéraire Option Danse et se dirige vers Paris, où il associe les études pra- tiques de théâtre au Conservatoire Gus- tave Charpentier du XVIIIe arrondissement aux études théoriques dispensées par la licence d’Études Théâtrales de la Sor- bonne Nouvelle. Il porte un intérêt pour les œuvres de Camus, de Shakespeare, de Beckett et de Bond. Intrigué par la ques- tion du traitement de la catastrophe, du comique dans le tragique et du tragique LAURA BERTHELOT / COMÉDIENNE dans le comique, il décide de rejoindre La C’est autour d’un travail sur Peer Gynt Citadelle dystopique. avec Eric Bergeonneau, intervenant au 11 /
quelles fonctions impose cette nouvelle RECHERCHE catharsis, du point de vue psychanaly- tique des affects ? La voix des spectres Un groupe de recherche transdiscipli- constitue une partie importante dans le naire est en cours de constitution dans travail de création. Séparer la voix du le cadre de l’Institut de Recherche en corps des comédiens, pour la diffuser en- Études Théâtrales. Ainsi, l’esthétique suite «d’outre mort», dans le présent scé- théâtrale, l’histoire et la psychanalyse vont nique, se constitue en une démarche qui se confondre et se différencier, pour ten- ouvre des interrogations sur les liens qui ter de situer la démarche artistique dans se tissent entre la psychanalyse et la voix un cadre théorique qui ne peut être que traumatisée. transdisciplinaire. Le sujet en soi fédérera les différents intervenants, et non pas leur La pièce interpelle l’Histoire par son traite- méthode d’investigation. ment d’un génocide « pluriel », qui traverse les cultures et les contextes. Comment le Associant la pratique d’écriture et la mise théâtre pourrait remplir les trous de l’His- en scène aux problématiques d’esthé- toire et comment pourrait-il en dépasser tique théâtrale, il sera question, dans un les limites, en intégrant dans sa matrice premier temps, d’examiner le devenir créatrice la problématique des génocides du génocide, à l’aune de la dramaturgie ? Comment le dramaturge-metteur en contemporaine et de la notion de dystopie scène s’empare des sources historiques théâtrale. Quelles en sont les mutations ? primaires (notamment des archives, des À quelles fins esthétiques ? Pourquoi le témoignages et des documents visuels) génocide serait-il caractéristique d’une pour les rendre non-historiques, en les es- dystopie théâtrale ? En quoi le génocide, thétisant et en confrontant le public avec comme matériau d’écriture, ne peut plus ces sources qui acquièrent une nouvelle s’inscrire dans ce qu’on qualifie couram- fonction, celle de matériaux esthétiques ? ment de « tragédie » ou de « drame » ? Reste-t-il une place pour l’Histoire dans Quel est le positionnement des co- une telle approche ? médiens confrontés à ce type d’esthétique ? Intimement lié à la question du traumatisme, le génocide opère une mutation de la « ca- tharsis » et de ses fonctions. En étant confrontés à une ré- alité génocidaire, transformée par la licence artistique, se- rions-nous toujours dans « la peur » et « la pitié » qui sont purgées à la fin de la repré- sentation ? Ou, au contraire, aurions-nous à faire avec une transformation de « la peur » en « angoisse » à fonction intellective et la « pitié » en « déploration « ? Quels effets et 12 /
CONTACTS 15, rue de la Villette 75019 PARIS lacitadelledystopique@gmail.com http://lacitadelledystopique.fr www.facebook.com/lacitadelledystopique/ Bérengère Rocher Chargée de production lacitadelledystopique@gmail.com 06 68 64 47 89 Alexandru Bumbas Directeur artistique bumbasalexandru@yahoo.fr 06 85 48 46 02 LA CITADELLE DYSTOPIQUE © La Citadelle dystopique 2018 mentions obligatoires : p. 1 : Howard BARKER, Study of an Actress with Unloved Child. Conservé au Musée des Beaux-Arts de Caen. Photographie M. Seyve. / p. 2 : Cathy CARUTH, « Trauma and experience : Introduction », in Trauma. Explorations in memory, Baltimore et Londres, Ed. Johns Hopkins University Press, p. 7. / p. 3 : Howard BARKER, Women Squabbing at a Funeral, 2001. / p.3 : Heiner MÜLLER, «Europa transit», in Erreurs choisies. Textes et entretiens, Paris, Ed. L’Arche, 1988, p. 138. / p. 7 : Howard BARKER, Killers Denying It, 2000. / p. 9-11 : crédit photographique La Citadelle dystopique. / p. 12 : Howard BARKER, The Hospital : Mother and Child with Dogs and Unburied Dead. Conservé au Musée de Beaux-Arts de Caen. Photographie M. Seyve. 13 /
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