Le Livre bLanc sur l'accès aux soins et à la prévention des personnes en situation de handicap mental
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Udapei « Les Papillons Blancs » du Nord Union Départementale des Associations de parents et amis de personnes en situation de handicap mental. Le livre blanc sur l’accès aux soins et à la prévention des personnes en situation d e h a n d i c a p m e n ta l Janvier 2013
SOMMAIRE Editorial : Plus de besoins de santé, moins d’accès… 3 I. Handicap mental et besoins de santé, une réalité complexe encore mal appréhendée 4 1. Les causes du handicap mental et les difficultés liées aux besoins de santé 4 2. Des problématiques particulières d’accès aux soins liées au handicap mental 5 II. Un contexte sanitaire et social défavorable : un sur handicap 7 1. L’accès aux soins et à la prévention pour les personnes en situation de handicap mental dans le département du Nord et la région Nord-Pas-de-Calais 7 2. Une préoccupation nationale et internationale légitime 9 III. L’étude UDAPEI du Nord conduite par l’ORS : une alerte indispensable 12 1. La mise en place d’une commission Santé pour alerter les autorités et le grand public 12 2. Notre approche méthodologique pour la réalisation de l’enquête 12 3. Des conclusions qui interpellent 14 IV. Manifeste pour un accès aux soins facilité pour les personnes en situation de handicap mental 17 V. Plan de diffusion du Livre Blanc 19 2 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Udapei « Les Papillons Blancs » du Nord
Editorial : Plus de besoins de santé, moins d’accès… « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » Préambule à la Constitution de l’Organisation Mondiale de la Santé, 1946 «Toute personne en situation de handicap mental Au-delà de ce travail, nous avons pleinement est souvent une personne fragile, vulnérable et peut conscience que la question de l’accès aux soins avoir besoin de ce fait de recourir aux soins plus est un problème vaste qui peut toucher chacun fréquemment ou de façon plus adaptée. Malgré des d’entre nous. Tout en délimitant le périmètre progrès significatifs, l’accès aux soins reste difficile de notre enquête, l’UDAPEI se fait fort dans ses pour ces personnes en raison de leur dépendance, revendications de tenir compte de la pluralité des des difficultés de communication et d’expression, publics en situation de handicap ou de précarité du manque de disponibilité des professionnels face à ces problèmes d’accès aux soins. C’est de santé, de l’inadaptation des installations et pourquoi cette étude dédiée au handicap mental matériels médicaux et le plus souvent d’un manque ne se veut pas exclusive mais plutôt une invitation de connaissance autour du handicap. à investiguer davantage pour trouver ensemble des solutions concrètes et efficaces. Alors que l’UNAPEI fera de la santé de la personne Ce livre blanc évoque les situations départementale en situation de handicap mental le thème de son du Nord et régionale en matière de santé et congrès en 2013, l’ANESM publiera également montre en quoi celles-ci ajoute un handicap au une recommandation de bonnes pratiques sur les handicap .Il présente l’enquête menée avec l’ORS besoins en santé des personnes handicapées. Le Nord-Pas-de-Calais et nous en livre les principaux présent Livre Blanc de l’UDAPEI du Nord constitue résultats. Il propose des préconisations en forme notre contribution sur ce sujet qui demeure de plan d’action, qui nous guidera dans notre aujourd’hui une préoccupation nationale, mais action militante. Il est notre contribution et notre aussi internationale comme en témoigne la coopération pour un meilleur accès aux dispositifs publication fin 2012 par l’Organisation Mondiale de santé et à des soins de qualité pour les personnes de la Santé d’un aide-mémoire sur le thème « en situation de handicap mental. Handicap et Santé ». Il nous faut sensibiliser les professionnels de santé Pour cela, nous avons mis en place une Commission et les pouvoirs publics, pour que la vulnérabilité des Santé afin de mieux cerner et comprendre les personnes en situation de handicap mental ne soit difficultés d’accès aux soins et à la prévention que plus un frein à leur santé. » rencontrent les personnes en situation de handicap mental. En nous appuyant sur cette commission, Jacques Meuter nous avons confié une enquête exceptionnelle à Président de l’UDAPEI l’Observatoire Régional de la Santé (ORS° du Nord- « Les Papillons Blancs » du Nord Pas-de-Calais en vue d’établir un diagnostic le plus fin possible de la situation. Un état des lieux des besoins a été réalisé auprès de plus de 2 000 personnes en situation de handicap mental accompagnées par les 9 APEI membres adhérentes de l’UDAPEI du Nord. Udapei « Les Papillons Blancs » du Nord ����������������������������������������������������������������������������������������������3
I. Handicap mental et besoins de santé,une réalité complexe encore mal appréhendée ------------------------------------------------------------------------ I. Handicap mental et besoins de santé, une réalité complexe encore mal appréhendée Pour l’UNAPEI, l’expression « handicap mental » communication, de décision, etc. Ces difficultés doivent qualifie à la fois une déficience intellectuelle (approche être compensées par un accompagnement humain, scientifique) et les conséquences qu’elle entraîne au permanent et évolutif, adapté à l’état et à la situation de quotidien (approche sociale et sociétale). la personne. Le handicap mental se traduit par des difficultés plus ou A ce handicap peuvent se rajouter des troubles associés moins importantes de réflexion, de conceptualisation, de ou troubles envahissant du développement. Quelques chiffres : Aujourd’hui, la France compte 3,5 millions de personnes en situation de handicap. Parmi elles, 2 millions sont porteuses d’un handicap sévère. 700 000 d’entre elles se trouvent en situation de handicap mental, ce qui représente 20% des personnes en situation de handicap. Chaque année, entre 6 000 et 8 500 enfants naissent avec un handicap mental. Dans le département du Nord, l’UDAPEI représente près de 3 000 adhérents, 9 Associations gestionnaires, plus de 220 établissements et services médico-sociaux, près de 12000 personnes accompagnées et près de 6 500 professionnels salariés. 1. Les causes du handicap mental et les difficultés liées aux besoins de santé Comme le rappelle l’UNAPEI, contrairement aux idées reçues, si le handicap mental est parfois héréditaire, ses origines peuvent être diverses. Dans 30% des cas, elles restent inconnues. Un grand nombre de handicaps mentaux ont une cause génétique. En dehors de causes génétiques, un handicap mental peut résulter d’une malformation cérébrale ou d’un dysfonctionnement du métabolisme. Certaines maladies contagieuses touchant le nourrisson peuvent également causer de graves séquelles. Il peut également être la conséquence d’un accident pendant la grossesse ou au moment de la naissance voire après celle-ci. Chaque personne en situation de handicap mental est différente et présente des capacités et des difficultés propres. En fonction des individus, le handicap s’avère plus ou moins important, le degré d’autonomie des personnes est donc plus ou moins grand. Du fait de la limitation de ses ressources intellectuelles, une personne en situation de handicap mental pourra éventuellement éprouver certaines difficultés à : - comprendre son environnement immédiat ou élargi ; - traiter et mémoriser les informations orales et sonores ; - comprendre les concepts généraux et abstraits ; - apprécier l’importance relative des informations mises - se repérer dans l’espace et/ou dans le temps ; à sa disposition ; - fixer son attention ; - maîtriser le raisonnement logique ; - mobiliser son énergie ; - comprendre des modes d’utilisation, des notices d’appareillages. Cette pluralité de causes et de symptômes complique la tâche des professionnels de santé qui ne maîtrisent pas assez ces notions. Si les handicaps sont fréquemment la source d’une vulnérabilité singulière, les personnes en situation de handicap mental ont besoin de soins comme chacun d’entre nous. En effet, au-delà des soins ou prises en charge rendus nécessaires par leurs besoins, toutes ces personnes sont sujettes, comme quiconque, à différentes sortes de pathologies. Ces dernières peuvent être sans rapport direct avec le ou les handicaps repérés. Les personnes en situation de handicap mental sont souvent plus fragiles et ont besoin de ce fait, de recourir plus fréquemment aux soins. Elles en éprouvent pourtant des difficultés importantes, parfois insurmontables, pour y accéder, et ce, malgré les actions de développement et d’apprentissage sur l’éducation à la santé réalisées auprès de ces personnes par les associations et leurs partenaires. 4 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Udapei « Les Papillons Blancs » du Nord
I. Handicap mental et besoins de santé,une réalité complexe encore mal appréhendée ------------------------------------------------------------------------ 2. Des problématiques particulières d’accès aux soins liées au handicap mental La loi n°2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées énonce que « toute personne handicapée a droit à la solidarité de l’ensemble de la collectivité nationale qui lui garantit l’accès aux droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens. » Elle a notamment instauré une nouvelle dynamique autour de l’accessibilité, traduite par une intention : « l’accès à tout pour tous ». L’objectif poursuivi est que les personnes en situation de handicap mental accèdent à tout ce qui est disponible pour chaque citoyen : information, scolarisation, formation, emploi, logement, transports, loisirs, sports, culture mais aussi la santé. Cela nécessite de prendre en compte la spécificité de leurs handicaps - par la formation des professionnels de santé entre autres réponses - et de mettre en place des aides humaines, techniques et matérielles adaptées. La personne en situation de handicap est une personne, un(e) citoyenne(e) à part entière, le handicap n’est pas son identité, il est dû au hasard de la vie. Elle doit être écoutée, entendue, respectée dans ses différentes demandes. Elle est le premier moteur et l’acteur principal de sa vie. La méconnaissance en creux du handicap mental par les professionnels et acteurs de la santé limitent cette accessibilité aux soins à laquelle elles ont droit. Dans le domaine de l’accès aux soins, le handicap mental entraîne trois catégories de difficultés : - Des obstacles en terme d’accessibilité tels que des difficultés de déplacement et de mobilité, de relation verbale ou visuelle ainsi que des difficultés cognitives ; - Des déficits particuliers de comportement et de communication tels qu’une moindre sensibilité et capacité à exprimer une douleur ou même un manque de confort ; - Des dispositifs sanitaires et médico-sociaux insuffisamment coordonnés. Des obstacles nombreux en matière d’accessibilité Malgré des progrès, l’accès aux soins reste difficile pour les personnes en situation de handicap mental en raison de leur dépendance, des modalités particulières de communication nécessitant une compétence technique et humaine spécifique, des aménagements des dispositifs matériels et humains et de la nécessité d’un accompagnement humain adapté. L’accès aux soins courants (non liés au handicap) connait encore de nombreux obstacles que ce soient pour les urgences médicales, les soins primaires (soins dentaires, examens ophtalmologiques…) ou la prévention tant en médecine de ville qu’en secteur hospitalier. Le manque d’accessibilité de certains matériels médicaux (tables gynécologiques et radiologiques, appareils d’examen d’ophtalmologie et d’ORL), le manque de formation sur le handicap mental des personnels médicaux et paramédicaux, l’insuffisance de disponibilité des professionnels, le coût des soins et la tarification des actes médicaux sont encore autant d’obstacles rencontrés par les personnes en situation de handicap mental dans l’accès aux soins ou à la prévention. Udapei « Les Papillons Blancs » du Nord ����������������������������������������������������������������������������������������������5
I. Handicap mental et besoins de santé,une réalité complexe encore mal appréhendée ------------------------------------------------------------------------ Des déficits particuliers de comportement, sources de besoins Le vécu de la personne en situation de handicap mental est un des principaux obstacles à son accès aux soins et une source de vulnérabilité aux accidents et maladies intercurrentes (NB : une affection intercurrente est une maladie survenant au cours d’une autre maladie). Les difficultés d’expression de ses besoins par la personne, en particulier de la douleur, compromettent les diagnostics en raison d’une tendance à rapporter l’expression de la douleur à la déficience et non pas à une possible affection intercurrente. Il peut contribuer à tenir la personne éloignée des soins primaires de santé - le terme primaire faisant ici référence aux soins non directement liés au handicap lui-même. L’insuffisance d’attention à l’hygiène corporelle, en particulier bucco-dentaire et à l’hygiène alimentaire, constitue une situation fréquente en milieu ouvert. Pour la personne en situation de handicap mental, en particulier les plus autonomes d’entre elles, la méconnaissance du corps propre peut-être une cause de négligence de l’hygiène journalière (par exemple la difficulté à s’intéresser, à coopérer à la réalisation des soins d’hygiène bucco-dentaire aboutit aux caries multiples et gravissimes). Cette méconnaissance joue également un rôle dans la négligence de l’apparence qui contribue à l’exclusion des personnes en situation de handicap mental, en particulier celles vivant dans leur propre domicile en semi autonomie. La difficulté à s’exprimer verbalement ou son impossibilité, crée un isolement social et entrave l’accès à la prévention et aux soins pour les accidents et les maladies intercurrentes. De surcroît, même si une personne en situation de handicap mental est capable de s’exprimer verbalement lorsqu’elle est accidentée ou malade, il est fréquent qu’elle ne soit pas écoutée dans sa demande légitime et explicite de soins, tant à l’hôpital qu’en médecine de ville (en gynécologie en particulier). Une telle expérience maintes fois renouvelée dans des situations mineures ou graves aboutit parfois à une certaine résignation et même à un refus paradoxal des soins primaires, réaction de défense contre la douleur de l’exclusion. Cette difficulté est particulièrement criante concernant l’expression et le traitement de la douleur des personnes en situation de handicap mental. Selon les difficultés de la personne, il sera plus ou moins complexe de comprendre le ressenti de la personne et de détecter avec précision la douleur au point d’en oublier, dans certains cas, certains actes essentiels lors d’un acte de soin (absence d’anesthésie pour des personnes en situation de polyhandicap, refus de prise en charge…). Soigner la douleur et être soigné sans douleur, telle est aujourd’hui la revendication légitime de chaque personne en situation de handicap, qu’elle puisse ou non s’exprimer. Quelques d’outils existent pour prendre en compte la douleur que les personnes en situation de handicap mental ne sont pas forcément en mesure d’exprimer (échelle de San Salvadour notamment). Mais l’appropriation et l’application de ces outils reste encore insuffisante tant dans les établissements de soins que par la médecine de ville et les établissements spécialisés. Certaines techniques de sédation consciente existent, elles permettent de réaliser des soins (notamment dentaires) auprès des personnes très anxieuses ou à troubles du comportement. Elles évitent le renoncement aux soins et l’anesthésie générale mais ne sont pas prises en charge par la Sécurité sociale. Une coopération insuffisante entre les secteurs sanitaire et médico-social Enfin, l’absence d’articulation entre le secteur sanitaire et le secteur médico-social est parfois ressentie durement par la personne en situation de handicap mental qui ne trouve pas sa place, en tant que personne, dans les allers/ retours qui ne lui sont pas explicités entre l’hôpital (général ou psychiatrique) et son domicile ou l’établissement spécialisé. Des effets analogues peuvent être induits par le fait que trop souvent, les soignants s’adressent à la personne qui accompagne plutôt qu’à la personne en situation de handicap mental elle-même, comme s’il s’agissait d’un très jeune enfant incapable de comprendre et dont l’assentiment et le consentement importent peu. Ce risque est aggravé du fait que la personne en situation de handicap mental est en général privée d’information sur un double plan : - d’une part sur ses propres troubles et sur les traitements spécifiques dont elle bénéficie, certes, mais sans choix ni participation active ; - d’autre part comme le reste de la population et plus encore que celle-ci en termes généraux, sur l’éducation à la santé. L’absence d’éducation sexuelle notamment aggrave sa vulnérabilité dans ce domaine particulier. 6 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Udapei « Les Papillons Blancs » du Nord
II. Un contexte sanitaire et social défavorable : un sur handicap ---------------------------------------------------------------------------------------------------- II. U n contexte sanitaire et social défavorable : un sur handicap 1. L ’accès aux soins et à la prévention pour les personnes en situation de handicap mental dans le département du Nord et la région Nord-Pas-de-Calais Un état des lieux départemental réaliste et révélateur d’une situation globale plus grave Dans son schéma départemental d’organisation sociale et L’état de santé général perçu est altéré dès qu’il y a situation médico-sociale (SDOSMS) 2012-2015 pour les personnes de handicap. Environ un tiers des personnes en situation en situation de handicap, favoriser l’accessibilité aux de handicap perçoivent leur état de santé comme mauvais personnes en situation de handicap dans tous les voire très mauvais contre environ 8% dans l’ensemble de la aspects de la vie citoyenne est un engagement pivot. population, dans le Nord comme en France métropolitaine. L’état de santé est également ressenti comme moins bon avec Selon une enquête (Enquête Handicap, Santé, Ménages 2008, l’avancée en âge. Les personnes en situation de handicap ont INSEE), le département du Nord comptait 368 000 personnes un besoin de recours aux soins plus élevé que l’ensemble de la en situation de handicap. Près de la moitié (48%) sont des population. Cependant, elles renoncent davantage aux soins. personnes âgées de 60 ans et plus. La Maison départementale La principale raison de ce renoncement est d’ordre financier des Personnes Handicapées (MDPH 59) est la première (53 % des personnes en situation de handicap du Nord). 13% des personnes en situation de handicap déclarent avoir déjà de France en termes d’activités avec 150 373 demandes subi des discriminations en raison de leur état de santé ou d’un enregistrées au total en 2011, soit une moyenne de 57 handicap contre 5% dans l’ensemble de la population. Dans la demandes pour 1 000 habitants contre 48 en moyenne sur région, les personnes en situation de handicap de moins de 60 l’ensemble des départements. ans pratiquent moins d’activités par rapport à l’ensemble des moins de 60 ans. Les principaux freins cités sont des revenus insuffisants ou des problèmes de santé ou de handicap. Une situation régionale plus dégradée par rapport à la situation nationale Outre les causes d’origine biologique, le contexte social influe psychologiques, l’appauvrissement de la population, le recours sur les situations de handicap. Les prévalences sur les aspects tardif aux soins sont des facteurs de risque au développement sociaux (allocataire minima sociaux, affiliation CMU, chômage, de handicap à la naissance auxquels l’amélioration du pratiques liées à la mauvaise hygiène de vie…) sont élevées diagnostic anténatal, de la prise en charge médicale de la dans la région Nord-Pas-de-Calais. Le diagnostic réalisé par grossesse et de l’accouchement et du suivi par des équipes l’Agence Régionale de Santé (ARS) en février 2011 dans le spécialisées (neuro-pédiatres, CAMSP…) apportent des cadre du Schéma Régional d’Organisation Médico-Sociale réponses. (SROSMS) pour le Plan Régional de Santé (PRS) présente une situation plus défavorable dans le Nord et le Pas- On relève de fait une sur représentation du handicap dans la de-Calais en matière de santé et de prévalence qu’au région à la fois dans le champ de l’enfance et de l’adulte. Les niveau national. 2 départements ont un taux de bénéficiaires de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) supérieur au national Les données relatives à l’état de santé font état dans la région avec un nombre plus élevé de bénéficiaires pour le Nord. Nord-Pas-de-Calais d’une espérance de vie à la naissance Pour les adultes, leur poids dans la population régionale est la plus faible de France (8,9 décès pour 1 000 habitants plus élevé qu’en moyenne nationale (2,91% contre 2,50%). contre 8,4 au niveau national). Les indicateurs de mortalité En Nord-Pas-de-Calais, 63 185 personnes sont allocataires de corroborent la situation sociale défavorable de la région. l’AAH en 2009. Dans ce cadre, le handicap mental peut On observe également une corrélation entre la précarité devenir un « sur handicap » pour l’accès aux soins et socio-économique et les pathologies périnatales. Les conduites aggraver l’état de santé des personnes concernées. de consommation à risque (alcool, tabac), les difficultés En matière d’accès aux soins, les difficultés des personnes en situation de handicap mental peuvent être considérables. On notera que les points critiques majeurs sont liés, d’une part, aux évolutions dans le parcours de vie et de santé de la personne en situation de handicap mental, et d’autre part, aux carences de l’offre de soins sur le territoire. Udapei « Les Papillons Blancs » du Nord ����������������������������������������������������������������������������������������������7
II. Un contexte sanitaire et social défavorable : un sur handicap ---------------------------------------------------------------------------------------------------- Le parcours de vie et de santé de chaque personne en situation de handicap mental présentent plusieurs points de vigilance critiques dont il est important de tenir compte : - Le passage de l’enfance à l’âge adulte : les enfants quittent alors une structure qui leur offrent un panel varié et large de prises en charge médicales et paramédicales (SESSAD ou IME) pour une structure rarement ou très peu médicalisée (ESAT, foyer d’hébergement, foyer de vie…) ; - Le vieillissement des personnes en situation de handicap mental : les besoins de soins liés au vieillissement pathologique s’expriment aussi chez les personnes en situation de handicap ; - Les personnes en situation de handicap vivant à domicile qui sont celles qui peuvent voir leur état de santé se dégrader en raison d’un encadrement plus léger voire absent, et qui sont les plus exposés en raison d’un renoncement aux soins plus élevé. L’autre point majeur s’explique en grande partie par des problèmes de démographie sanitaire, d’offre de soins disponible et de formation des professionnels de santé au handicap mental : En effet, on constate un accès réduit à une offre libérale de médecine, accentuée par la politique nationale de réduction des visites à domicile de médecins généralistes, qui, de plus, ne sont pas toujours au fait des problématiques liées au handicap (compréhension, expression et mesure de la douleur…) Par ailleurs, l’analyse de l’offre territoriale relève un nombre important de postes paramédicaux et médicaux vacants dans les structures en charge du handicap. L’accompagnement médical, paramédical et des troubles psychologiques et psychiatriques (même dans le cadre d’une prise en charge médico-sociale) est faible dans la région Nord-Pas-de- Calais alors que les besoins sont plus élevés qu’ailleurs. Les établissements et services (ESMS) en charge du recrutement des personnels médicaux et paramédicaux font aussi le constat que les besoins peuvent parfois être tels dans leur zone de proximité qu’il leur est impossible de répondre à la demande et que des collaborations sont à trouver afin de mutualiser ce personnel sur plusieurs ESMS. Enfin, il est désormais partagé par les acteurs locaux que le système d’accès aux soins présente des défaillances pour les personnes en situation de handicap entraînant un renoncement fréquent aux soins : - Le manque d’aménagements des équipements médicaux et paramédicaux ; - L’absence de tarification spécifique pour les consultations de personnes en situation de handicap (temps plus long pour les consultations, outils dédiés au handicap…) ; - Le manque d’orientation des médecins généralistes vers les médecins spécialistes ; - La nécessité de poursuivre l’amélioration des conditions de travail et la médecine du travail pour les travailleurs en situation de handicap ; - Le manque de développement des conventions avec les hôpitaux. Ces données départementales et régionales récentes font écho aux études nationales relatant les difficultés plus ou moins considérables pour les personnes en situation de handicap pour accéder à des soins de qualité. 8 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Udapei « Les Papillons Blancs » du Nord
II. Un contexte sanitaire et social défavorable : un sur handicap ---------------------------------------------------------------------------------------------------- 2. U ne préoccupation nationale et internationale légitime Une réalité récemment portée par une étude de la Haute Autorité en Santé En janvier 2009, la Haute Autorité Sanitaire (HAS) a publié un rapport d’audition mis en œuvre par des experts médicaux concernant l’accès aux soins des personnes en situation de handicap. Cette audition articule entre autre ses objectifs autour de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Son objectif est d’établir un état des lieux global de la situation, des données disponibles et des freins et obstacles à l’accès aux soins pour ces patients, et de préconiser des conseils pour améliorer le parcours de soin. Ce rapport de la HAS précise que tout handicap entraine 2 types de difficultés : - matérielles (difficultés de déplacement et de mobilité, de relation verbale ou visuelle, cognitives ; - comportementales (incapacité à exprimer une douleur, ou un manque de confort…). Ce rapport dresse la liste des principaux écueils rencontrés du côté du patient (immobilité en cas de déficience motrice, difficulté à s’exprimer, les soignants s’adressent à la personne qui accompagne plutôt qu’à la personne en situation de handicap), du côté du professionnel de santé (manque de temps, formation médicale insuffisante, problèmes de communication avec les patients, prévention rarement mise en œuvre, accès aux consultations spécialisées difficile…), du côté des familles (manque d’interlocuteurs et d’information, manque de reconnaissance, souffrent d’isolement, pas ou peu de soutien moral…), ainsi que les obstacles environnementaux (éloignement des structures de soins dans certaines régions, inaccessibilité des cabinets des médecins libéraux, installations souvent inadaptées…). Par ailleurs, la méconnaissance du handicap mental est un obstacle particulier notamment en raison d’une absence d’information et de recherche, d’une ignorance du patient et d’un déficit de connaissances des professionnels. Les réponses à apporter sont présentées comme suit : Du côté du patient Informer la personne en situation de handicap Orienter la personne en situation de handicap - fournir une information complète aux patients ; - fléchage du parcours de soins ; - utilisation de matériel pédagogique ; - accès aux dispositifs de prévention - faciliter la transmission du dossier médical. Du côté des professionnels de santé Information et formation des Accès aux établissements : Coordination des acteurs professionnels de santé - signalétique adaptée, - Entre établissements et services - intégration des études sur le médico-sociaux, - aménagement des locaux, handicap dans la formation initiale, - Entre les acteurs médico-sociaux et - matériels dédiés aux soins. - étude de l’éthique de la relation, les professionnels de santé, du dépistage des troubles - Entre les équipes hospitalières et les psychiatriques, équipes de suivi médico-sociales. - Surveillance médicale régulière. Pour un accès aux soins équivalent, le rapport de la HAS préconise de privilégier l’innovation et l’expérimentation, la cohérence de l’action des acteurs, un financement adapté et d’améliorer les connaissances. Udapei « Les Papillons Blancs » du Nord ����������������������������������������������������������������������������������������������9
II. Un contexte sanitaire et social défavorable : un sur handicap ---------------------------------------------------------------------------------------------------- Une enquête menée par l’ANESM qui soulève la nécessité de relever les bonnes pratiques Dans le cadre de l’élaboration de la recommandation de bonnes pratiques « Besoins en santé des personnes handicapées », l’Agence Nationale de l’Evaluation et de la Qualité des Etablissements et Services Sociaux et Médico-Sociaux (ANESM) a lancé en 2012 un appel à contribution auprès des établissements et services (ESMS) qui accompagnement les personnes en situation de handicap (enfants, adolescents et adultes) permettant de promouvoir leurs pratiques et de recueillir avis et expériences sur : - Les besoins de santé des publics accompagnés ; - Les difficultés éventuelles rencontrées dans la prévention, l’accès aux soins et le suivi de santé de ces publics ; - Les stratégies d’intervention développées (pratiques professionnelles existantes ou en projet, difficultés, pistes de réflexion et réalisations des établissements et services en matière d’accès aux soins et d’éducation à la santé) ; - Le bilan tiré sur les moyens mobilisés en interne et les partenariats développés ou à développer. Cette enquête vise à alimenter les personnes en charge de l’élaboration de ces recommandations et viendra enrichir la production de ces recommandations de bonnes pratiques professionnelles. Il s’agit aussi pour l’ANEMS de repérer tant les obstacles et les difficultés que les réponses possibles et/ou innovantes pour concrétiser l’accès aux soins des personnes en situation de handicap. Une préoccupation majeure pour le mouvement parental Cette année le Congrès de l’UNAPEI, qui se déroulera en mai 2013 à Marseille, propose comme axe central de réflexion l’accès à la santé pour les personnes en situation de handicap mental. Une Commission Santé a été mise en place au niveau national. Outre le questionnement éthique permanent et la complexité des parcours de soins et la nécessaire coordination des acteurs, l’UNAPEI invite ses membres à se pencher sur les points suivants faisant échos aux études locales et nationales : - La prévention des facteurs de risques ; - L’utilité des diagnostics ; - L’accompagnement sanitaire précoce des enfants et des familles ; - La santé et le vieillissement ; - L’accès aux soins dans les établissements sociaux et médico-sociaux ; - Les activités physiques. Une prise de conscience politique récente mais réelle Illustrant la prise de conscience par les pouvoirs publics, des études et rapports ont été confiés par le Secrétariat d’Etat chargée de la Famille et de la Solidarité en 2010 aux Dr Patrick Hescot et Alain Moutarde sur le thème « Handicap et Santé Bucco-Dentaire : Améliorer l’accès à la santé bucco-dentaire des personnes handicapées » afin d’identifier « les freins que rencontrent les personnes handicapées dans leur accès aux soins dentaires » et de recenser les expérimentations conduites et faire des propositions concrètes pour améliorer la couverture des besoins tant pour les personnes hébergées en établissements que pour celles qui vivent à domicile, ou encore en 2012 à Pascal Jacob sur le thème « Un parcours de soins sans rupture d’accompagnement pour la personne handicapée : L’hospitalisation au domicile social ou médico-social » afin de tendre vers des solutions médicales qui préservent au mieux la qualité de vie des personnes en situation de handicap et les combinaisons optimales entre les impératifs du soin et les exigences de l’autonomie invitant ainsi à trouver des formes nouvelles de coopération entre professionnels du soin et professionnels de l’accompagnement, mais aussi entre institutions de cultures aussi différentes que le sont l’hôpital d’une part et l’établissement ou le service médico-social d’autre part. 10 U�������������������������������������������������������������� Udapei « Les Papillons Blancs » du Nord
II. Un contexte sanitaire et social défavorable : un sur handicap ---------------------------------------------------------------------------------------------------- Un sujet de portée internationale : l’alerte de l’OMS L’Organisation Mondiale de Santé (OMS) a publié en novembre 2012 un aide-mémoire sur le thème « Handicap et Santé » relayant plusieurs études réalisées dans de nombreux pays sur la difficulté d’accès aux soins pour les personnes en situation de handicap. Ces études confirment que les besoins en soins de santé restent le plus souvent non satisfaits y compris en matière de prévention. Une enquête récente portant sur les personnes ayant des troubles mentaux importants a montré qu’entre 35% et 50% d’entre elles dans les pays développés et entre 76% et 85% d’entre elles dans les pays en développement n’ont reçu aucun traitement au cours de l’année précédant l’enquête. De même, la promotion de la santé et les activités de prévention visent rarement les personnes en situation de handicap. Par exemple, les femmes en situation de handicap ont moins de dépistage du cancer du sein et du cancer du col utérin que les autres. Les personnes qui souffrent de déficits intellectuels et de diabète sont moins susceptibles d’être soumises à des vérifications de leur poids. Les adolescents et les adultes en situation de handicap sont davantage susceptibles d’être exclus des programmes d’éducation sexuelle… L’OMS confirme que les personnes en situation de handicap révèlent une vulnérabilité accrue face aux carences des services de santé. Selon le groupe et l’endroit où elles se trouvent, les personnes en situation de handicap peuvent être plus vulnérables à des affections secondaires (escarres, infections des voies urinaires, ostéoporose, douleur…), à des comorbidités, aux affections liées à l’âge (vieillissement prématuré…), à des comportements à risque (tabagisme, mauvaise hygiène alimentaire et inactivité physique), et ont des pourcentages de décès prématurés plus élevés (Une étude réalisée au Royaume-Uni a permis de constater que les personnes souffrant de troubles mentaux et de déficits intellectuels ont une espérance de vie inférieure). Enfin, les personnes en situation de handicap rencontrent toute une série d’obstacles lorsqu’ils essaient d’accéder aux soins de santé, à savoir : - Des coûts prohibitifs et un manque d’accessibilité économique aux soins - Une offre limitée des services pour les personnes en situation de handicap - Des obstacles physiques (inaccessibilité des bâtiments, du matériel médical, mauvaise signalisation…). - Des compétences et connaissance insuffisantes des agents de santé L’action de l’OMS pour pouvoir améliorer l’accès aux services de santé des personnes en situation de handicap se décline sous des formes variées et diverses : - Elle guide et soutient les États Membres afin de mieux les sensibiliser aux problèmes du handicap et agit en faveur de l’inclusion du handicap en tant que composante des politiques et programmes nationaux de santé ; - Elle facilite la collecte des données et la diffusion des données et informations liées au handicap ; - Elle développe des outils normatifs, notamment des lignes directrices pour renforcer les soins de santé ; - Elle renforce les compétences des responsables de l’élaboration des politiques de santé et des prestataires de services ; - Elle favorise l’extension de la réadaptation à assise communautaire ; - Elle encourage les stratégies visant à faire en sorte que les personnes en situation de handicap connaissent bien leurs propres affections et à ce que le personnel de soins de santé soutienne et protège les droits et la dignité des personnes. A tout niveau, la question de l’accès aux soins pour les personnes en situation de handicap soulève de nombreuses questions et révèle des carences. C’est pour cela que nous avons souhaité une étude poussée à l’échelle du département sur les personnes en situation de handicap mental. Udapei « Les Papillons Blancs » du Nord ������������������������������������������������������������������������������������������ 11
III. L’étude UDAPEI du Nord conduite par l’ORS : une alerte indispensable ------------------------------------------------------------------------------------------ III. L ’étude UDAPEI du Nord conduite par l’ORS : une alerte indispensable 1. L a mise en place d’une commission Santé pour alerter les autorités et le grand public Face à une situation régionale particulièrement dégradée (plus que la moyenne nationale), et un accès aux soins pour les personnes en situation de handicap mental et déficientes intellectuelles peu optimisé, l’UDAPEI a souhaité réagir, notamment avec la création d’une Commission Santé, composée d’administrateurs et de professionnels des APEI. Celle-ci a pour objectif d’examiner la situation des personnes en situation de handicap mental au regard de leurs besoins en matière d’accès aux soins et de prévention de la santé. Cette Commission a également eu pour mission de réaliser une vaste enquête sur l’accès à la santé des personnes déficientes intellectuelles. En effet, bien que l’accès aux soins des personnes en situation de handicap soit une préoccupation nationale, Les membres de la commission Santé de l’UDAPEI du Nord : voire internationale, permettant aux pouvoirs publics - Corinne Husse, Présidente de l’APEI de Roubaix Tourcoing de disposer d’éléments de bilan et de pistes de - Maurice Leduc, Directeur Général de l’APEI de Roubaix Tourcoing plans d’action. Cette étude épidémiologique, réalisée - Gilles Van Der Enst, Président de l’APEI de Cambrai en partenariat avec l’ORS sous forme d’enquête déclarative, nous permet d’objectiver la situation au - Jean-Benoît Ballé, Directeur Général de l’APEI du Valenciennois niveau local, tant sur l’accès aux soins que sur les - Bernard Rodrigues, Directeur Général de l’Udapei du Nord actions de prévention (sexualité, cancer, cardiologie, - Jacques Meuter, Président de l’Udapei du Nord alimentation, addiction, etc.) et de mettre en exergue les points critiques auxquels il nous faut répondre. Cette enquête et ses conclusions peuvent ainsi contribuer à enrichir les orientations stratégiques tant pour l’ARS Nord-Pas-de-Calais dont le Plan Régional de Santé (PRS) Nord Pas de Calais comporte un volet sur l’accès aux soins des personnes en fragilité sociale notamment en situation de handicap mental que pour le Conseil Général du Nord qui intègre dans son schéma départemental (SDOMS) un volet concernant la santé des personnes en situation de handicap mental. La Commission Santé de l’UDAPEI du Nord a décidé de mettre à disposition du grand public et des pouvoirs publics les conclusions de cette enquête. Une synthèse du rapport a également été réalisée. C’est pour en assurer la promotion des principaux enseignements qu’elle a décidé la réalisation de ce Livre Blanc. 2. Notre approche méthodologique pour la réalisation de l’enquête L’étude repose sur une enquête réalisée du 26 septembre au 12 décembre 2011 au moyen d’un questionnaire, destiné à des personnes en situation de handicap mental âgées de 20 ans toutes accompagnées par les APEI adhérente à l’UDAPEI. Les personnes pouvaient être aidées dans la formulation de leurs réponses. Au total près de 2 000 questionnaires ont été analysés. Répartition par sexe et groupe d’âge de la population enquêtée au sein de chaque APEI Source : UDAPEI du Nord-ORS Nord-Pas-de-Calais, Enquête sur l’accès aux soins et à la prévention des PHM, 2011. 12 U�������������������������������������������������������������� Udapei « Les Papillons Blancs » du Nord
III. L’étude UDAPEI du Nord conduite par l’ORS : une alerte indispensable ------------------------------------------------------------------------------------------ Les conclusions de notre enquête s’appuient avant tout sur la très bonne représentativité des personnes en situation de handicap mental et la qualité de l’échantillonnage. 2000 personnes en situation de handicap mental enquêtées. Il s’agit d’adultes vivant à leur domicile, en famille, ou en habitat collectif (de type Foyer d’Hébergement, Foyer de Vie, Foyer d’Accueil Médicalisé ou Maison d’accueil Spécialisé), en situation de travail ou de non travail. A noter que cet échantillonnage a été jugé fiable et pertinent par l’ARS. La majorité des personnes enquêtées sont des hommes (57%), ont 40,7 ans en moyenne. Un peu moins d’un quart des personnes interrogées vivent en couple. Un tiers d’entre eux vivent à leur domicile personnel, un tiers en famille et un tiers en établissement. La plupart ont suivi une scolarité effectuée en établissement d’éducation spécialisée et exercent une activité professionnelle. Seulement moins de 5% des questionnaires réalisés auprès des personnes ont dû être écartés de l’échantillon parce qu’inexploitables. Ce taux de réponses utiles apparaît comme un très bon résultat compte tenu des difficultés de communication auxquelles sont confrontées le plus souvent les personnes interrogées. Le choix a été fait de réaliser cette enquête sur le mode déclaratif. Si cette approche méthodologique peut comporter certaines limites, elle a à la fois l’avantage d’offrir une liberté dans l’expression des réponses mais aussi et surtout de favoriser la participation pleine et entière des personnes en situation de handicap. Bien que cette enquête porte sur les personnes uniquement accompagnées par les APEI du Nord, il a été néanmoins possible de confronter certains résultats à ceux de l’enquête menée en 2008 sur la santé et la protection sociale (ESPS 2008) réalisée par l’Institut de Recherche et Documentation en Économie de la Santé (IRDES) et représentative d’environ 96 % de la population vivant en France métropolitaine. Nous avons ainsi pu comparer nos résultats à la moyenne nationale en ce qui concerne l’état de santé déclaré ou encore faire des focales sur l’état de santé bucco- dentaire. Le périmètre de notre enquête est donc une invitation pour les pouvoirs publics pour lancer et mener des études élargies aux personnes en fragilité sociale et en situation de handicap. C’est que notre manifeste propose notamment pour prolonger notre travail. 3. Des conclusions qui interpellent L’étude nous a permis de faire ressortir trois points essentiels : tout d’abord l’état général de santé des personnes en situation de handicap est moins bon que celui de la population générale. De plus, ces personnes étant plus fragiles, elles ont tendance à renoncer aux soins dans une plus grande proportion. Enfin, leur suivi en matière de prévention pourrait être largement optimisé et reste insuffisant, alors même qu’il s’agit d’une population particulièrement vulnérable… Un état de santé général préoccupant Avec 17,5 % des personnes interrogées qui déclarent leur état de santé très bon et 46 % bon, l’enquête nous permet d’avancer que les personnes en situation de handicap émettent un avis moins positif sur leur santé générale comparé à l’ensemble de la population française. Ces chiffres ne se différentient pas selon le sexe mais, en revanche, montrent une nette augmentation avec l’âge de la proportion de personnes estimant leur état de santé ou très mauvais. Il est intéressant de noter que les personnes vivant au sein de leur famille sont proportionnellement plus nombreuses à juger leur état de santé très bon ou bon. Plus de la moitié des enquêtés présente un état de santé requérant un suivi médical ou une surveillance régulière. Les types de suivi les plus cités concernent l’ophtalmologie, la gynécologie, la psychiatrie, la neurologie et la cardiologie. La proportion des personnes ayant une maladie ou un problème de santé chronique ou de caractère durable représente 45,5% des répondants et cette part s’accroît logiquement avec l’âge. Le besoin de certaines aides humaines par rapport à l’état de santé se justifie pour plus d’un tiers des enquêtés. Udapei « Les Papillons Blancs » du Nord ������������������������������������������������������������������������������������������ 13
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