LE MANIFESTE POUR PARIS - Anne Hidalgo, Terra Nova

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LE MANIFESTE POUR PARIS - Anne Hidalgo, Terra Nova
LE MANIFESTE
 POUR PARIS

Anne Hidalgo,
     et David Belliard,

       16 JUIN 2020
LE MANIFESTE POUR PARIS - Anne Hidalgo, Terra Nova
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                                            LE MANIFESTE POUR PARIS
                                        Paris en Commun – L’écologie pour Paris

                                                                         Sommaire
Anne Hidalgo,         Introduction ..................................................................................................................... 2
Maire de Paris
et                    Résilience et écologie : Préparer la ville de demain ....................................................... 4
David Belliard,
Président du groupe      1. Fluctuat Nec Mergitur : poursuivre notre stratégie de résilience............................. 5
écologiste de Paris
                         2. Des combats communs pour lutter contre les pollutions et protéger la santé ........ 6
                         3. Sobriété et circularité .............................................................................................. 7
16 juin 2020
                         4. Restituer l’espace public aux piétons et favoriser les mobilités douces ................. 8
                         5. Changer de modèle urbain, vers un urbanisme de la sobriété ............................. 10
                      Nouvelles solidarités : Assurer un filet de sécurité à tous les Parisiens ....................... 12
                         1. Ne laisser personne sans ressources ................................................................... 13
                         2. Inventer de nouvelles solidarités........................................................................... 14
                         3. Rendre Paris accessible à tous ............................................................................ 15
                      Santé publique : Renforcer le service public de santé parisien .................................... 17
                      Économie : Soutenir et transformer .............................................................................. 22
                         1. Soutenir............................................................................................................... 22
                      Ville du quart d’heure : Faire le pari de la proximité ..................................................... 26
                      Démocratie et engagement : Partager les clés de la ville ............................................. 28
                         1. Créer une vraie capacité d’action à l’échelon hyperlocal .................................... 29
                         2. Pour un nouveau pacte de mandature entre les Parisiens et la ville .................. 30
                         3. Protéger la vie privée en développant des communs numériques au service de
                         l’engagement citoyen ................................................................................................ 30
                      La jeunesse : Se mobiliser pour et avec nos jeunes .................................................... 31
                         1. Un programme ambitieux pour l’été .................................................................... 32
                         2. Donner aux jeunes les moyens d’agir ................................................................. 33
                      Conclusion .................................................................................................................... 34
INTRODUCTION

Au cours de la mandature qui s’achève, Paris a vécu de nombreux chocs. Attentats,
canicules, crues, incendies, pandémie ont durement éprouvé notre ville. Mais ils ont aussi
mis en lumière sa résilience, c’est-à-dire sa capacité à s’adapter, à résister, à se réinventer.

La dernière de ces crises, celle du Covid, a touché le monde entier. Nos hôpitaux ont été
saturés. Beaucoup d’entre nous sont tombés malades. Certains ont perdu des proches. Pour
tous le confinement a été une épreuve, en particulier pour ceux qui vivent dans de petits
appartements, avec des enfants auxquels il fallait faire l’école à la maison, pour ceux qui ont
perdu leur emploi, ou encore pour ceux qui ont dû se rendre chaque jour au travail pour
mener une mission essentielle aux autres : nous soigner, nous nourrir, nous protéger...

Aujourd’hui, le virus n’a pas disparu, mais il recule. La vie reprend peu à peu ses droits : les
écoles accueillent un peu plus d’élèves, les parcs ont rouvert, bientôt ce sera le tour des
cinémas et des théâtres. La vie démocratique reprend également son souffle avec le réveil
d’une campagne électorale interrompue de manière inédite entre deux tours pendant près
de trois mois. Parce qu’il est essentiel pour nous d’être jugés sur des idées, nous avons voulu
mettre notre programme à l’épreuve de la crise du Covid.

Cette crise a d’abord montré que le manque d’anticipation peut aboutir au pire. Elle a prouvé
que si le virus touche les riches et les pauvres, elle affecte dans toutes ses conséquences
directes et indirectes davantage les familles, les personnes vulnérables, les classes
moyennes et populaires. La plupart d’entre eux n’ont pas eu la possibilité de quitter la ville
pour se mettre au vert, et ont été contraints de se cloîtrer dans des appartements souvent
exigus ou de continuer à se rendre au travail tous les jours malgré la peur du virus.

Cette crise nous a pris par surprise. Nous en vivons une autre, qui s’est annoncée depuis
longtemps et que les scientifiques décrivent année après année, sans provoquer de réaction
à la hauteur du risque qui nous menace : la crise climatique.

La justice sociale et la protection de notre environnement vont de pair, tant ce sont les plus
vulnérables qui souffrent déjà et souffriront le plus des crises que nous aurons à affronter.
Ce n’est donc pas le moment de renoncer à nos ambitions au nom d’une supposée efficacité
économique de court terme. L’écologie reste, plus que jamais, le socle de notre projet.
C’est elle qui rendra notre ville encore plus résiliente, elle aussi qui protègera notre santé en
protégeant notre environnement.

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La crise et ses conséquences multiples n’ont pas seulement eu pour effet de mettre en
lumière les inégalités, elles les ont accrues de façon exceptionnelle. Elle nous a rappelé la
nécessité d’une ville solidaire pour venir en aide à celles et ceux que le choc a
ébranlés: solidarité entre les générations, solidarité à l’égard de celles et ceux que la crise
a rendu plus fragiles ou plus démunis. Celle-ci a pris plusieurs formes, mobilisé des
personnes qui ne s’étaient jamais engagées et touché des publics qui n’avaient
habituellement pas recours aux aides sociales.

Cette ville solidaire, c’est une ville où les habitants peuvent compter sur leurs services
publics. Le premier d’entre eux, celui qui a été le plus exposé et qui a le plus souffert
pendant la crise, c’est celui de la santé, et en particulier l’hôpital public. Au cœur de la
crise, des solutions ont pu être trouvées grâce aux synergies entre l’hôpital, la médecine de
ville, les maisons et centres de santé, et les acteurs sociaux pour répondre plus rapidement
au besoin des malades et pour casser les chaînes de contamination : c’est ce travail de
prévention qui doit être poursuivi et approfondi en étroite collaboration avec l’ensemble des
acteurs de la santé.

Une fois la pandémie passée, notre ville et ses habitants ne se relèveront pas tant que son
économie ne repartira pas. Soutenir notre économie est une nécessité, mais qui ne doit
pas être prisonnière de notre modèle passé. Ce plan de soutien doit être un plan de transition
écologique pour aller vers un nouveau modèle économique respectueux de l’environnement
et responsable socialement, créateur d’emplois durables et locaux.

Pendant la crise, nous avons vécu une expérience urbaine dégradée, avec des
déplacements contraints dans une ville amputée de nombre de ses services, commerces et
lieux de sociabilité habituels. Le confinement a cependant permis de nouvelles expériences
(télétravail, nouveau rapport aux voisins…). Il a aussi révélé que la ville du quart d’heure que
nous avons proposée dans notre projet, cette ville où tous les services essentiels sont à 15
minutes à pied de chez soi, était vraiment indispensable à notre qualité de vie : pouvoir
déposer ses enfants à l’école, se promener dans des parcs, faire ses courses, aller chez le
médecin, faire du sport, se divertir et se cultiver, mais aussi prendre des initiatives et
participer aux décisions collectives. La crise a démontré l’importance de penser les services
publics et l’économie locale dans la proximité, en donnant plus de capacité d’action aux
mairies d’arrondissement et aux habitants.

Cette ville, nous devons la construire ensemble. La crise a mis en avant des formes très
différentes d’engagement : soutien aux fenêtres, engagement dans des associations,

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solidarité à l’échelle d’un immeuble, mobilisation de nombreuses entreprises, etc. Elle a
prouvé toute l’importance de pouvoir compter sur des citoyens actifs, informés et formés, qui
disposent de toutes les ressources nécessaires pour agir de manière complémentaire aux
services portés par la collectivité. La crise sanitaire nous a obligés à renoncer à certaines de
nos libertés individuelles. Cela n’a été possible – et accepté – que parce que la situation et
ses enjeux ont été partagés par la population et les citoyens eux-mêmes. Cependant la
gestion centralisée par le gouvernement a aussi montré d’une manière éclatante que le
jacobinisme français était à bout de souffle et que les citoyens ne supportaient plus qu’on les
traite comme des enfants irresponsables. C’est tout l’enjeu d’une refonte de nos modes de
gouvernance : permettre aux citoyens d’être plus souvent « co-acteurs » que simples
bénéficiaires passifs, jusqu’au cœur du système de soin où l’on doit s’appuyer sur
l'expérience pour élaborer des solutions ensemble, c’est-à-dire favoriser une réelle
démocratie sanitaire.

Enfin, cette ville qui protège l’ensemble de ses habitants, et notamment les plus fragiles, cette
ville qui a eu si peur pour ses aînés et continue de s’inquiéter pour eux ne doit pas oublier sa
jeunesse. Les jeunes Parisiens, des enfants aux jeunes adultes, ont beaucoup souffert du
confinement, de leur vie parfois devenue précaire, sans sociabilité, aux horizons soudain
voilés. Notre ville doit donner plus de moyens à la jeunesse : les moyens de vivre décemment,
de se former, de s’engager, de trouver une place dans un monde à inventer avec eux et pour
eux.

RESILIENCE ET ECOLOGIE : PREPARER LA VILLE DE DEMAIN

Lutter contre les effets du réchauffement climatique, c’est une affaire de santé publique et de
justice sociale. Le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité ont en effet
des conséquences dramatiques sur la santé de nos concitoyens.

Ces crises, comme l’actuelle pandémie, sont des amplificateurs d’inégalités, qui précarisent
un peu plus les personnes déjà précaires. Ces femmes et ces hommes sont les moins
responsables des émissions de gaz à effet de serre et ce sont pourtant les plus durement
frappés par leurs conséquences. Ils sont les plus fragiles et les premiers à souffrir des
affections liées à la pollution de l’air, des cours d’eau ou à une alimentation rendue nocive
par l’agrochimie. Ils sont celles et ceux qui ont le moins de moyens pour payer une facture

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de chauffage, mais celles et ceux dont les logements sont les plus mal isolés… Face au
coronavirus et à ses conséquences, ils ont aussi été les plus démunis.

L’écologie reste, plus que jamais, le socle de notre projet. C’est elle qui rendra notre ville plus
résiliente, elle qui protègera notre santé en protégeant notre environnement.

La crise sanitaire provoquée par le covid-19 légitime de façon spectaculaire les orientations
déjà prises dans le mandat précédent, pour atténuer les effets du dérèglement climatique,
restaurer la biodiversité et faire de la lutte contre la pollution de l’air l’une de nos priorités.
Ces politiques reposent sur la transformation de notre alimentation, de nos déplacements,
de nos consommations, sur l’économie circulaire et sur la place de la nature en ville.

1. FLUCTUAT NEC MERGITUR : POURSUIVRE NOTRE STRATEGIE DE RESILIENCE
Les leçons des crises récentes, que ce soient les crues de la Seine, les canicules ou les
attentats terroristes, pour ne citer qu’elles, nous ont apporté des enseignements précieux
que nous avons mobilisés lors de la crise du Covid pour réagir plus efficacement. La stratégie
de résilience que nous avions votée en 2017 était fondée sur ce principe : « Paris s’appuie
sur ses habitants, adapte ses infrastructures, mobilise l’intelligence collective et les territoires
qui l’entourent pour transformer les défis du siècle en opportunités ». Cette grille de lecture
est plus que jamais d’actualité. Le rôle de la ville est de nous préparer aux potentielles crises
de demain pour qu’elles aient le moins de conséquence possible sur ses habitants.

   La création d’une sentinelle “eaux usées” du Covid-19

   Grâce aux travaux de recherche de la régie municipale Eau de Paris et de ses partenaires, un
   outil sentinelle Covid-19 est mis en place à l’échelle de la ville grâce à la mesure des traces du
   virus dans les eaux usées. Il constitue un outil d’alerte et de suivi de l’évolution de l’épidémie au
   sein de la population.

La ville résiliente, c’est également une ville qui prend soin de tous les êtres vivants. La
protection de la biodiversité sera au cœur de nos politiques. Les animaux doivent trouver
toute leur place dans la ville. Animaux domestiques bien sûr, mais aussi animaux sauvages
et liminaires qui jouent un rôle dans nos écosystèmes. Pour éviter la multiplication des
zoonoses (transmission de maladies de l’animal à l’être humain), il est nécessaire de prendre

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conscience des fragilités de l’écosystème que nous constituons avec les animaux. Nous
devons veiller à un bon contrôle sanitaire mais aussi réserver des espaces adaptés à chacun.
Les élevages industriels présentent des risques particuliers et nous soutiendrons des
alternatives. Nous devons également lutter contre tous les commerces qui portent atteinte
aux animaux sauvages. C’est pourquoi nous nous opposerons aux cirques utilisant des
animaux sauvages et assurerons la promotion des circassiens faisant le choix de s’engager
dans cette voie. De manière plus générale, nous combattrons partout où nous le pouvons les
souffrances animales.

2. DES COMBATS COMMUNS POUR LUTTER CONTRE LES POLLUTIONS ET PROTEGER
LA SANTE

La lutte contre toutes les pollutions qui peuvent affecter la santé des Parisiens est notre
priorité, celle de la pollution de l’air est la plus immédiate de toutes. Nous accélérerons ainsi
la sortie du diesel en renforçant l’application des zones à faible émission. Plutôt que de réagir
alors que le pic de pollution est déjà atteint, nous passerons à une logique préventive, en
mettant en place des mesures de circulation alternée avant même que le seuil d’alerte ne
soit franchi.

Nous agirons aussi contre le bruit. Pendant le confinement, les Parisiens ont pu redécouvrir
le silence et le chant des oiseaux : selon Bruitparif, les émissions sonores ont chuté jusqu’à
90% dans Paris, plus encore durant la nuit qu’en journée. C’est pourquoi nous renforcerons
la verbalisation des véhicules et deux roues trop bruyants grâce à de nouveaux radars
acoustiques. Nous limiterons la vitesse dans Paris à 30km/h car c’est surtout la nuit que cette
vitesse est dépassée et qu'elle cause le plus de nuisances sonores, avec des conséquences
pour la santé du fait des insomnies qu'elle provoque.

Une alimentation saine est un enjeu de santé publique majeur. L’alimentation est le deuxième
poste en termes d’émissions de gaz à effet de serre pour les Parisiens. Nous voulons recréer
le lien entre Paris et les territoires du Bassin parisien afin de faire de Paris une capitale
agricole, indépendante, en relation avec les agriculteurs qui le souhaitent, et assurer à tous
les Parisiens une alimentation saine, biologique, de saison et bon marché. Grâce à AgriParis,
notre ville s’engagera pour garantir des commandes aux agriculteurs du Bassin parisien et
la protection des terres agricoles. Nous veillerons à ce que ces produits locaux et de qualité
soient accessibles à tous, que ce soit dans les cantines, sur les marchés, dans des

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supermarchés coopératifs ou par les restaurants solidaires. Nous agirons pour faire de Paris
une ville qui facilite les choix végétariens. Nous devons en effet diminuer la part carnée de
notre alimentation, extrêmement émettrice de CO2 (16% des émissions de CO2 mondiales
sont liées à l’élevage). Nous développerons les alternatives végétariennes dans tous les
restaurants et lieux de restauration gérés par la Ville, et nous assurerons la promotion auprès
des acteurs économiques – restaurants, bar, hôtels – et du grand public d’une alimentation
plus végétale. Nous lutterons contre les lobbys de la viande, et de la pêche industrielle,
notamment en milieu scolaire.

La pollution peut être aussi visuelle : c’est celle des panneaux publicitaires numériques, plus
encore quand ils nous incitent à acheter des produits polluants. Nous supprimerons cette
publicité numérique dans l’espace public et nous la réduirons dans les vitrines. Nous
inciterons les diffuseurs à mettre à fin à toute publicité sexiste et antiécologique. Pour
conserver la maîtrise des messages publicitaires et entamer une action active de réduction
de leur place dans la ville, nous travaillerons à la création d’une régie municipale parisienne.

3. SOBRIETE ET CIRCULARITE
Dans un monde aux ressources finies, la ville résiliente est une ville sobre, circulaire, une
ville du réemploi, du recyclage, du partage et de la proximité.

La sobriété dans la consommation d’énergie est un puissant levier pour atteindre un modèle
énergétique plus soutenable. La rénovation du logement social déjà construit et du
patrimoine de la ville, les aides aux particuliers, la lutte contre l’habitat indigne et/ou insalubre
existent déjà mais doivent être renforcées dans le cadre de la transition écologique de notre
économie. Organiser la rénovation massive du bâtiment et la baisse de sa consommation
d’énergie, c’est, en effet, soutenir l’emploi de proximité, les filières vertueuses et les petites
entreprises artisanales dans une logique d’économie circulaire, favorisant l’utilisation de
matériaux d’origine naturelle et le réemploi des matériaux issus de déconstruction.

Au-delà de l’efficacité énergétique du bâtiment, il est crucial pour une grande ville comme
Paris de tendre vers un approvisionnement d’énergie 100 % renouvelables tout en
développant ses capacités à économiser l’énergie, à produire des renouvelables sur le
territoire parisien et à proximité (solaire, géothermie, méthanisation…), à récupérer et stocker
de la chaleur (serveurs informatiques, transports publics), et à collaborer avec les villes

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voisines sur ces sujets. La création d’une régie municipale Énergie de Paris, sur le modèle
          d’Eau de Paris, fait partie de nos propositions.

          4. RESTITUER L’ESPACE           PUBLIC AUX PIETONS ET FAVORISER LES MOBILITES
          DOUCES

          À l’heure où les inégalités sont exacerbées, l’espace public, cet espace en commun, doit
          servir à les atténuer. Depuis longtemps déjà, nous voulons donner plus de place aux
          Parisiens, et en particulier aux piétons. C’est aujourd’hui une nécessité dans une ville aux
          trottoirs parfois très étroits qui nous oblige à repenser la vie, à la réaménager pour qu’elle
          s’adapte à nos contraintes nouvelles.

                                         Urbanisme tactique

Pour répondre aux contraintes du déconfinement, nous avons besoin de retrouver de la place dans l’espace
public. Paris s’adapte et se transforme pour que la vie continue en cette période de crise sanitaire.
Alors que le virus impose de maintenir une distanciation physique, nous devons offrir une alternative, à la
fois aux transports en commun afin de les désaturer, mais aussi aux voitures individuelles dont le retour en
masse aurait de fortes conséquences pour notre qualité de vie et notre santé (hausse de la pollution de l’air
et sonore, encombrement des rues…). Les 50 kilomètres de voies cyclables créées offrent aux Parisiens
davantage d’espaces pour se déplacer à vélo en toute sécurité. L’adoption immédiate des pistes cyclables
provisoires par les Parisiens et les Franciliens qui fréquentent quotidiennement la capitale, démontrent
combien la transformation de nos mobilités est souhaitable, souhaitée et possible.
Plusieurs rues commerçantes, ainsi que les abords de certaines écoles et équipements publics, ont été
réaménagés pour permettre aux piétons de se déplacer en respectant les gestes barrières.
Ces aménagements doivent faciliter la reprise de la vie économique grâce une extension raisonnable des
terrasses des cafés et des restaurants et permettre aux commerces de mieux organiser les files d’attente
devant leurs magasins dans le respect de leur environnement immédiat.
Cette approche d’urbanisme temporaire et réactif, qualifié de tactique par les spécialistes, permet de faire
de la ville un laboratoire urbain, un espace d’expérimentation et d’innovation où les citoyens autant que les
professionnels ont l’opportunité de prendre part à l’évolution de leur environnement. Ces aménagements
seront évalués et leur pérennisation sera soumise à une concertation.

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Ces transformations qui visent à rendre la ville plus apaisée et agréable à vivre, nous les
renforcerons tout au long de la prochaine mandature. Nous augmenterons la proportion de
zones exclusivement piétonnes dans la ville, avec l’objectif de piétonniser et végétaliser les
abords de 300 écoles et de créer dans chaque arrondissement au moins un centre piéton.

Nous privilégierons la sobriété dans le choix de nos aménagements urbains en supprimant
les équipements inutiles pour désencombrer l’espace public. Nous favoriserons les
aménagements qui peuvent nous procurer de l’ombre en été et à chaque fois que ce sera
possible, nous supprimerons le bitume pour mettre de la pleine terre.

Les pistes cyclables temporaires ne sont que les prémices de cette ville 100% vélo que nous
construirons. Nous créerons le « Vélopolitain » qui permettra de traverser le Grand Paris à
vélo, des grands axes structurants aux petites rues. Enfin, nous développerons le
stationnement sécurisé des vélos dans les gares, les établissements publics, les lieux de
travail, en installant des box sécurisés dans les rues.

Ces transformations seront possibles par la réappropriation de l’espace réservé au
stationnement de surface. La moitié des places de parking seront transformées en 5 ans,
notamment pour agrandir les trottoirs.

Pour améliorer la qualité de vie jusqu’à la périphérie de Paris, nous transformerons le deux
fois quatre voies du boulevard périphérique en un boulevard urbain apaisé : nous
commencerons par créer une voie réservée aux transports partagés (bus, navettes, taxis,
covoiturage) pour progressivement réduire le nombre de voies de circulation, donner plus de
place à la nature, et donner la possibilité de traverser à pied ou à vélo. Ce sont nos objectifs
pour effacer cette frontière d’un autre âge au cœur du Grand Paris.

L’espace public doit appartenir à toutes et tous : la mandature à venir devra être toujours plus
exigeante sur son accès indifférencié à toutes les Parisiennes et tous les Parisiens, quels
que soient leur âge, leur état de forme, leur sexe, leur genre. Nous affirmons que notre ville
doit permettre à chacun de se déplacer en toute tranquillité. Paris doit être une ville où chacun
se sente à sa place, où les enfants vont à vélo seuls en toute sécurité, où les femmes, les
personnes âgées, malades ou en situation de handicap, peuvent se déplacer avec aisance.
Rendre l’espace public accessible à toutes et tous, et faire en sorte que nous y soyons toutes
et tous égaux sera une priorité de cette mandature.

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5. CHANGER DE MODELE URBAIN, VERS UN URBANISME DE LA SOBRIETE
Pendant le confinement, notre horizon s’est replié sur le bout de notre rue, souvent très
minérale, sans accès à la nature. Pour nous, Parisiens, la ville est notre espace de
promenade et de détente. On le voit, nous devons changer radicalement notre manière de
penser la ville : là où les espaces urbains se sont édifiés à l’opposé de la nature, nous devons
au contraire retrouver des formes de symbioses entre l’urbain et la nature. Toute la ville doit
devenir notre jardin : rues arborées, cultivées, ombragées relieront tous les parcs entre eux
et permettront de traverser la ville sans rencontrer une voiture. Nous planterons 170.000
arbres dans la mandature et nous créerons un troisième bois à Bercy-Charenton. Pour créer
de nouveaux espaces de fraîcheur, nous étudierons la possibilité de refaire vivre la Bièvre,
cet affluent de la Seine qui passait autrefois dans les rues de Paris. Nous réaménagerons
également certains quais de Seine afin de créer des zones humides et des lieux de fraie pour
la reproduction des poissons.

L’urbanisme de notre ville doit se transformer pour permettre aux Parisiens de mieux
respirer dans leur ville. L’urbanisme de la prochaine mandature se concentrera sur la
création d’espaces de respiration dans tous les quartiers : nous engagerons une
transformation majeure de l’espace public et privé parisien, passerons d’une ville minérale à
une ville végétale. Les enjeux de dédensification seront au cœur des préoccupations de la
prochaine mandature.

Pour cela, nous nous doterons de nouveaux outils : nous mettrons en place le premier PLU
bioclimatique de France, c’est-à-dire un plan local d’urbanisme qui imposera une
conception bioclimatique des bâtiments (pour en réduire les consommations énergétiques et
favoriser la sobriété grâce à des solutions naturelles) et qui jugera le projet en fonction de sa
capacité à apporter de la fraîcheur au quartier, à maintenir la biodiversité présente et à
favoriser son développement. Ce PLU sera plus protecteur pour le patrimoine et la
biodiversité et nous permettra de refuser des permis de construire proposant des projets trop
denses, afin de mener la nécessaire dédensification de Paris. Les nouveaux bâtiments
construits devront respecter de nouvelles règles vertes en termes de matériaux utilisés, de
conservation de l’existant, de végétalisation : chaque nouveau bâtiment devra permettre de
rafraîchir et végétaliser son quartier et ne devra jamais dégrader une situation existante en
supprimant des espaces de pleine terre ou des arbres. Les arbres, la flore et la faune
présents devront être protégés, sauvegardés et développés, afin de renforcer leur présence
à Paris.

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Pour créer des logements, nous nous concentrerons sur la transformation du stock
existant de bâtiments : remise sur le marché de logements vacants et Airbnb,
transformation de bureaux en logements, mutualisation des équipements publics… Chaque
bâtiment doit pouvoir être utilisé pour différents usages le soir, le week-end et s’ouvrir sur
son quartier. Les constructions nouvelles devront répondre à un besoin d’intérêt général,
comme les services publics de proximité, les logements sociaux ou le rééquilibrage des
emplois entre l’Est et l’Ouest. Nous transformerons les “espaces invisibles” tels que les
parkings et les cours d’immeuble, en partenariat avec leurs propriétaires, pour en faire autant
de “communs de quartier”, lieux de jeu, de respiration, de rencontre.

Nous lancerons les études nécessaires pour établir de nouveaux indicateurs urbains : une
cartographie des espaces végétalisés et des plans d’eau permettra de relier les bois, parcs,
jardins et plan d’eau entre eux ; un recensement de tous les espaces de pleine terre pour les
identifier et assurer leur protection face à l’imperméabilisation ; une cartographie des îlots de
chaleur urbains (ICU) sur le territoire parisien afin de poser un diagnostic précis de leur
présence et identifier les zones où il faudra agir en priorité. Nous repenserons également la
manière de construire en protégeant la biodiversité (par exemple en laissant des trous dans
les façades pour permettre aux oiseaux de nicher, ou en préservant les arbres en place).

Sur l’ensemble des projets d’aménagement en cours et à venir, nous nous assurerons
en concertation avec les habitants que l’aménagement préserve des espaces de
nature et limite au maximum l’imperméabilisation des sols. Avec eux, nous
rediscuterons de chaque projet futur à l’aune des éléments démocratiques, financiers, de
privatisation de l’espace public, de densification, d'imperméabilisation des sols, de manière
à abandonner tout ce qui serait incompatible avec notre objectif de rendre notre ville
résiliente.

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NOUVELLES SOLIDARITES : ASSURER UN FILET DE SECURITE A
TOUS LES PARISIENS

Le confinement, puis la distanciation physique et leurs répercussions économiques, produits
de la réaction en chaîne du Covid-19, ont mis à nu les profondes inégalités de notre société
en accentuant les dynamiques d’isolement des plus fragiles et des plus précaires. Ce constat
renforce les convictions que nous défendions avant la crise : garantir à tous les Parisiennes
et les Parisiens les mêmes droits, quels que soient leurs parcours ou leurs moyens, c’est
donner à chacune et à chacun les moyens d’affronter ce qui est devant nous.

Cette urgence de justice sociale s’est également incarnée à travers l’élan de solidarité
spontanée entre voisins, entre les générations, vis-à-vis des soignants, des seniors, des
personnes handicapées, des personnes isolées ou encore des agents de la Ville sur le
terrain. Les réflexes d’entraide locale, initiés par les habitants, associations et commerçants,
sont autant de preuves d’intelligence collective et de notre capacité à agir ensemble. Il nous
revient de saluer et d’accompagner cet engagement. Il donne une impulsion nouvelle pour
construire ensemble des réseaux de proximité, respectueux de l’environnement et qui
protègent des chocs.

Nous devons répondre aujourd’hui à une double exigence. Face à un choc brutal qui menace
l’emploi de nombreux Parisiens, nous devons apporter des réponses d’urgence, en créant
des emplois, en formant, en ne laissant personne sans ressources. Mais nous devons le faire
sans perdre notre cap, celui de la construction d’une ville plus écologique, solidaire,
résistante aux chocs climatiques et résiliente.

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Répondre à l’urgence

Grâce à la mobilisation des associations, des volontaires de Paris, de la ville et de l’État, nous
distribuons plus de 16 500 repas aux personnes les plus démunies chaque jour.
Une aide de 50 à 200 euros a été versée directement sur le compte des familles qui payent
habituellement les tarifs solidaires à la cantine, grâce à un partenariat avec la Caisse
d’allocations familiales (CAF) de Paris. Cette aide, d’un montant global de 3,6 millions d’euros
entièrement financée par la Ville de Paris, a bénéficié à plus de 29.000 familles parisiennes,
soit 53.000 enfants
Nous avons créé un dispositif d'hébergement d'urgence pour les femmes victimes de violences
avec enfants, qui a permis de prendre en charge 18 familles avec 36 enfants, et de les
accompagner (retour au domicile ou relogement dans le parc social de la Ville).

1. NE LAISSER PERSONNE SANS RESSOURCES
Les fragilités révélées par la crise demandent plus que jamais de repenser notre vision du
travail, sur toute la durée de la vie professionnelle. C’est pourquoi nous engagerons avant la
fin de l’année 2020 une conférence citoyenne pour étudier les contours possibles d’une
expérimentation (localisée ou ciblée sur un public) d’un minimum social garanti pouvant être
mis en œuvre à Paris, et en étroite articulation avec les territoires de la métropole volontaires.

Nous agirons plus fort pour que plus personne ne vive à la rue. Lors du confinement, la
précarité des personnes à la rue a été plus visible que jamais. Au-delà de la prolongation de
la trêve hivernale, les places d’hébergement déjà ouvertes doivent être maintenues et de
nouvelles places créées. Nous proposerons aux maires des villes de la métropole d’établir
un Pacte métropolitain de lutte contre la grande exclusion afin de développer l’offre
d’hébergement et garantir sa répartition équitable. Nous étendrons dans chaque quartier
l’ouverture des sanitaires publics et gratuits, des bains-douches, des points d’accès à l’eau
potable et des bagageries, autant de services vitaux au quotidien.

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2. INVENTER DE NOUVELLES SOLIDARITES
Nous pérenniserons l’engagement solidaire des Parisiennes et Parisiens pendant la
crise. La crise a fait naître un mouvement exceptionnel d’engagement, le rôle de la ville est
d’aider à l’inscrire dans la durée. La Fabrique de la solidarité, lieu de ressources pour les
Parisiens qui s’engagent, sera déployée dans chaque arrondissement. Nous créerons une
réserve parisienne du soutien scolaire, en mobilisant notamment les jeunes. Les maires
d’arrondissement auront un rôle clé pour accompagner les initiatives solidaires sur leur
territoire.

Notre ville, comme le monde entier, a vu ses aînés particulièrement touchés par la
crise sanitaire. La crise a mis en avant la fragilité de nos aînés, leur isolement accru par
l’impératif sanitaire. Dès le début de la crise, nous avons tout fait pour lutter contre cet
isolement en mobilisant le fichier Chalex, créé pour contacter les personnes âgées ou en
situation de handicap vulnérables pendant les canicules, et qui sera désormais actif toute
l’année. Les agents de la Ville et les bénévoles de Paris en compagnie et de la Protection
civile ont téléphoné chaque semaine à ces personnes pour prendre de leurs nouvelles et leur
donner des informations. Toujours dans le but de rompre l’isolement, nous faciliterons sur
tout le territoire la structuration de réseaux de voisins volontaires. Nous ouvrirons les portes
des EHPAD (maisons de retraite) sur la vie de quartier, en soutenant les activités
associatives. Chacun sera soutenu dans sa volonté de rester autonome le plus longtemps
possible, grâce à un « bilan logement » dès 70 ans pour identifier les adaptations à réaliser
et les financer, et en favorisant les activités physiques adaptées.

La crise sanitaire et le confinement ont été particulièrement difficiles pour les familles.
Avant la crise, 1 enfant sur 5 à Paris vivait déjà dans une famille dont les revenus étaient
inférieurs au seuil de pauvreté. Outre la précarité accrue, des tensions familiales ont pu naître
avec la fermeture des établissements scolaires, du fait des difficultés à concilier vie
professionnelle et garde d’enfant. Il est à craindre qu’elles soient préjudiciables à
l’apprentissage des enfants, ainsi qu’à l’équilibre psychique des enfants et des parents. Pour
amortir la rupture du lien avec l’école, en particulier pour les enfants issus de familles
modestes mais aussi les enfants à l’hôtel, en centre d’hébergement ou placés à l’aide sociale
à l’enfance, nous proposerons en complément de l’enseignement à distance des projets de
proximité comme du soutien scolaire, des activités culturelles et sportives ou
l’accompagnement des parents en partenariat avec le CASVP, les clubs de prévention, l’ASE
et les associations locales. De plus, pour apporter des moments de répit notamment aux

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familles monoparentales ou aux familles modestes mal logées, nous mettrons en place le
  chèque « coup de main » afin qu’elles puissent bénéficier d’heures de gardes d’enfants.

  Avec le confinement, certaines personnes, notamment des femmes et des enfants, ont été
  exposées à des violences inacceptables contre lesquelles nous devons continuer de lutter.
  Nous reconduirons en les adaptant les dispositifs mis en place pendant le confinement pour
  lutter contre les violences conjugales et intrafamiliales et nous nommerons un médiateur de
  la Ville de Paris pour les enfants, que ces derniers pourront saisir eux-mêmes et qui fera le
  lien avec les différentes institutions chargées de les protéger.

  Enfin, un travail spécifique sera entamé pour mieux prendre en compte les besoins des
  personnes en situation de grande vulnérabilité : les roms, les travailleuses et travailleurs du
  sexe… Ce travail se fera en lien avec les personnes concernées.

  3. RENDRE PARIS ACCESSIBLE A TOUS
  Nous continuerons d’agir sur le logement pour qu’il soit abordable pour tous. Lorsqu’il
  est laissé à lui-même, le marché du logement exclut de la ville les travailleurs essentiels,
  ceux qui font tenir notre société. Les mesures que nous avions annoncées pour permettre
  aux classes moyennes et populaires d’habiter à Paris sont plus que jamais justifiées :

● Pour les classes moyennes, des logements locatifs à un prix au moins 20% inférieur au prix
    du marché grâce à une société immobilière mixte qui investira 20 milliards d’euros en 6
    ans.

● 25% de logements sociaux d’ici 2025 répartis dans tout Paris pour les classes populaires
    et les classes moyennes.

● Maintien et amélioration de l’efficacité de l’encadrement des loyers. Un service aidera les
    locataires à faire valoir leurs droits.

● 6 000 appartements à moitié prix en accession à la propriété via le dispositif d’Office foncier
    solidaire.

● Une garantie pour les loyers des artistes non-salariés.

  Nous donnerons à tous un accès autonome à une alimentation de qualité. Pour que
  plus personne ne soit en situation de précarité alimentaire, nous organiserons dans chaque

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arrondissement une offre alimentaire en circuit court, de qualité et à bas coût, notamment
sous forme de paniers à prix fixe, en travaillant en partenariat avec les producteurs et
distributeurs de proximité. Nous implanterons un maillage d’épiceries solidaires et de points
de distribution « anti-gaspillage » de produits bruts et/ou cuisinés, dont la collecte pourra
s’appuyer sur des volontaires. Nous ouvrirons des cuisines partagées et des cantines
solidaires de quartier, en priorité dans les quartiers qui comptent le plus de familles
hébergées à l’hôtel. Nous favoriserons l’implantation de supermarchés coopératifs sur le
modèle SCIC, supermarchés bios à prix abordables. Sur le modèle des Sociétés
coopératives d’intérêt collectif (SCIC), la ville les accompagnera grâce à sa Foncière
commerces et Proximité et pourra prendre une part dans ces supermarchés.

Nous lutterons contre le non-recours aux droits. Pendant la crise, les services sociaux
ont pu assurer un suivi proactif des personnes déjà connues des services de la ville ou de la
CAF de Paris, ainsi que celles qui se sont signalées via la plateforme téléphonique 3975.
Alors que les inégalités sociales se creusent et que de nouvelles formes de précarité
apparaissent, nous devons poursuivre la réforme de l’action sociale parisienne et fixer un
objectif de « Paris Territoire Zéro Non Recours » en allant à la rencontre des personnes au
plus près de leurs lieux de vie et en développant une prise de contact systématique des
publics prioritaires (familles précaires, personnes vulnérables) et des personnes dès qu'elles
rencontrent une difficulté (chômage, impayé de loyer…) pour les orienter dans leur accès aux
droits, notamment par des consultations sociales à distance. Nous organiserons les aides
sociales autour de trois niveaux d’intervention (coup de pouce, coup de main, coup dur) pour
les rendre plus lisibles et organiserons une large campagne d’information autour de ces
aides. Un travail spécifique sera mené pour identifier les nouvelles protections possibles au
niveau parisien pour les travailleurs précaires de l’économie uberisée.

Enfin, nous soutiendrons l’emploi parisien avec un plan d’urgence pour l’emploi. Notre
objectif est de créer des emplois et des formations pour les personnes éloignées de l’emploi
dans les filières porteuses d’avenir comme les services à la personne, les équipements
sanitaires, la transition écologique. Nous accueillerons davantage d’apprentis à la ville de
Paris et chez ses opérateurs et proposerons à l’État de recréer 5 000 emplois aidés (les
«parcours emplois compétences») supplémentaires. Nous avons trois priorités : répondre à
l’urgence sociale (dont le soutien scolaire et l’accompagnement des 3e et 4e âges) ; relancer
la vie culturelle ; accélérer la transformation écologique. Pour aider toutes celles et tous ceux
qui cherchent un emploi, nous étendrons le dispositif « Territoires zéro chômeurs de longue

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durée », qui a montré son utilité pendant la crise en participant à la distribution d’aide
  alimentaire aux plus défavorisés.

  SANTE PUBLIQUE : RENFORCER LE SERVICE PUBLIC DE SANTE
  PARISIEN

  La crise du Covid-19 a fortement impacté notre système de santé, fragilisé par le manque de
  moyens de l’hôpital public. Celui-ci est soumis depuis des années au couple infernal de la
  rigueur budgétaire et d’un management calqué sur le modèle de l’entreprise privée. Notre
  système de santé pâtit également du défaut de coordination entre la médecine de ville et
  l’hôpital. Malgré ces faiblesses, la prise en charge exemplaire des malades a montré que les
  personnels de santé de notre pays faisaient preuve d’un courage, d’un dévouement et de
  compétences exemplaires pour répondre à une crise d’une extrême ampleur.

  Nous soutenons le programme de santé soumis par le collectif « Les Jours Heureux » dans
  le cadre du Ségur de la Santé et les grands principes qui y sont exposés :

● un accès universel et automatique à des soins de qualité, impliquant la réduction des
    inégalités sociales et territoriales de santé.

● une prise en charge globale des patients, non seulement médicale mais aussi
    psychologique et sociale, grâce à un travail d’équipe et à une coordination des
    professionnels.

● la primauté des intérêts de santé publique et de sécurité sanitaire sur les intérêts
    économiques et financiers, en particulier ceux des industriels de la santé.

● le libre choix du médecin par le patient, dans le cadre d’une graduation des soins allant des
    soins primaires de proximité aux centres de référence en passant par les soins spécialisés.

● le développement de la prévention notamment par la promotion de l’activité physique et la
    lutte contre la « malbouffe » ainsi que par une politique environnementale contre les
    pollutions, les expositions professionnelles et le changement climatique.

● la participation des usagers aux côtés des professionnels et des gestionnaires à la
    « gouvernance » du système de santé.

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● l’augmentation importante des moyens pour la recherche en sciences de la vie et en santé
    publique.

  La Ville de Paris a un rôle majeur à jouer pour garantir ces principes. Depuis 2017, nous
  avons mis en place une nouvelle organisation de nos services de santé avec la création
  d’équipes territorialisées, au plus près des quartiers, ayant pour rôle d’apporter des réponses
  aux problématiques de santé avec les acteurs locaux et en fonction de leurs déterminants.
  Ces équipes ont été mobilisées pour coordonner les actions de dépistage et
  d’accompagnement social, notamment dans le cadre du dispositif Covisan.

                    COVISAN : une coalition d’acteurs pour casser
                                les chaînes de contamination

 La Ville de Paris s’est impliquée aux côtés de l’AP-HP, de l’ARS, des autres collectivités
 territoriales et de nombreux acteurs associatifs dans le dispositif Covisan mis en place pour
 accompagner le déconfinement afin d’intervenir au plus vite pour toute suspicion de
 contamination. Le dispositif piloté par l’AP-HP a été complété par plusieurs antennes dans les
 arrondissements parisiens, avec l’implication de la médecine de ville, par les communautés
 professionnelles territoriales de santé (CPTS), ainsi que par des maisons de santé et des
 centres médicaux sociaux. Covisan a montré son utilité pour isoler au plus vite les personnes
 contagieuses et leur apporter un accompagnement social nécessaire à la quarantaine. Il a
 permis aussi de construire une nouvelle logique partenariale entre soignants de la médecine de
 ville, hôpitaux et acteurs sociaux.

  La Ville s’est également mobilisée pour soutenir l’AP-HP en fournissant 2,5 millions de
  masques FFP2 issus de son stock stratégique. Ce stock, constitué avec rigueur depuis 2013
  et que nous avons toujours estimé nécessaire de préserver, a également permis de fournir 2
  millions de masques pour les structures accueillant des publics fragiles : en premier lieu les
  personnes âgées mais aussi les personnes en situation de handicap et les personnes sans-
  abri.

  La nécessité d’un système de santé plus agile et plus territorialisé fait aujourd’hui consensus.
  Il est d’autant plus nécessaire que les impacts sanitaires du Coronavirus dépasseront très
  largement sa morbidité propre : à celle-ci, il faut ajouter les conséquences des arrêts de soins
  et les renoncements aux soins généraux. Des groupes particulièrement vulnérables –

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