ANALYSE DE BESOINS DE LA GOUVERNANCE DES MIGRATIONS - HAÏTI Août 2019
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ANALYSE DE BESOINS DE LA GOUVERNANCE DES MIGRATIONS HAÏTI Août 2019
Auteur Giulia Giudici Coordinateur de projet Estela Aragón Contributeurs Brendan Tarnay, Mariana Rendón, Marie-Antoine Joseph, Silvia Canêdo, Anton Galan et Olivier Tenes Chef de mission de l’OIM en Haïti Giuseppe Loprete L’Organization Internationale pour les Migrations (OIM) est attachée au principe selon lequel une migration humaine et ordonnée profite aux migrants et à la société. En tant qu’organisation intergouvernementale, l’OIM agit avec ses partenaires aux niveaux national et international pour: aider à relever les défis opérationnels de la migration; faire progresser la compréhension des questions migratoires; encourager le développement social et économique par la migration; et défendre la dignité humaine et le bien-être des migrants. Cette étude a été financée par la mission de l’OIM en Haïti, mais les opinions exprimées dans le rapport sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de l’Organisation. Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) Bureau régional pour l’Amérique Centrale, l’Amérique du Nord et les Caraïbes Sabana Business Center, Boulevard Ernesto Rohrmoser. San José Costa Rica Tel.: +(506) 2212-5300 E-mail.: rosanjose@iom.int Website: www.rosanjose.iom.int © 2019 Organization Internationale pour les Migrations Tous les droits sont réservés. Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite ou stockée dans un système de recherche documentaire ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photocopie, enregistrement ou autre, sans la permission écrite de l’éditeur.
HAÏTI Analyse De Besoins De La Gouvernance Des Migrations Août 2019
REMERCIEMENTS Ce rapport a été rendu possible grâce à la précieuse contribution du personnel de la mission de l’OIM en Haïti et du Bureau régional de l’OIM pour l’Amérique Centrale, l’Amérique du Nord et les Caraïbes, à San José, Costa Rica. Nous sommes particulièrement reconnaissants à Brendan Tarnay, Coordonnateur de projet, et aux spécialistes suivants de l’OIM, pour leurs conseils lors de la préparation des outils de collecte de données et du rapport : Estela Aragón, Alexandra Bonnie, Rudi Maxwald, Jeremy MacGillivray, Alicia Sangro, Michela Macchiavello, Pablo Escribano, Karen Carpio. Nous voudrions également remercier tout particulièrement Sofía Arce et Sofía Cortés du Bureau régional de l’OIM pour leur appui technique à l’élaboration des cartes nationales et à la mise en forme du rapport final. En outre, le bureau de l’OIM à Haïti a apporté un soutien fondamental à l’équipe de recherche en facilitant l’organisation logistique et en lui fournissant des informations afin de garantir que le contenu du rapport reste actuel et exact. En particulier, nous aimerions souligner les contributions de : Mariana Rendón, Marie-Antoine Joseph, Silvia Canêdo et un remerciement particulier au Chef de mission Giuseppe Loprete. Nous leur sommes très reconnaissants de leur soutien. Nous tenons à remercier sincèrement les représentants de l’État et de la société civile qui ont généreusement donné de leur temps et partagé leur expertise, ainsi que ceux qui ont participé au processus de validation afin d’assurer l’exactitude du rapport. Leurs contributions, sans lesquelles ce rapport n’aurait pas été possible, sont grandement appréciées. Finalement, nous devons remercier le Directeur régional de l’OIM pour l’Amérique Centrale, l’Amérique du Nord et les Caraïbes, Marcelo Pisani, pour son soutien et ses conseils pendant toute la durée du projet. 2
AVANT-PROPOS En 2018, avec le financement d u D épartement d ’État d es É tats U nis, n otamment d u B ureau d e l a Population, des Réfugiés et des Migrations (PRM), et dans le but d’informer la plateforme de Consultations sur les Migrations des Caraïbes1 (CMC), l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) a mené une évaluation de besoins sur la gouvernance des migrations dans les Caraïbes. Le projet visait à fournir une meilleure compréhension des questions liées à la migration en se focalisant sur dix pays indépendants des Caraïbes membres du Commonwealth. En 2019, inspirée de la même ligne directrice, la Mission de l’OIM en Haïti a financé une évaluation analogue sur les besoins en gouvernance des migrations dans ce pays. Le projet de recherche a été élaboré et coordonné par le Bureau régional pour l’Amérique Centrale, l’Amérique du Nord et les POLITIQUES MIGRATOIRES ET RESPECT DES Caraïbes de l’OIM, en étroite coordination avec la Mission de l’OIM en Haïti. NORMES INTERNATIONALES La recherche utilise le Cadre de la Gouvernance des Migrations (MiGOF) pour définir le concept de « gouvernance des migrations ». Cette analyse a suivi une triangulation méthodologique, ce qui GESTION DE FRONTIÈRES ET SÉCURITÉ implique une collecte de données primaires en effectuant des entretiens semi-structurés avec une dizaine de fonctionnaires du gouvernement et des représentants de la société civile du pays. La LUTTE CONTRE LA TRAITE DES méthodologie suppose également l’utilisation de données secondaires comme des rapports PERSONNES régionaux et nationaux d’autres organisations, des statistiques sur les migrations et des recherches académiques. Le processus de validation a consisté à inviter les interviewés à envoyer leurs remarques GESTIONS DES CATASTROPHES ET DES sur les résultats préliminaires. Une fois reçus, les résultats ont été inclus dans la version finale du SITUATIONS D’URGENCE rapport. L’objectif de ce rapport est de présenter un aperçu des politiques et capacités en matière de MIGRATIONS DE TRAVAIL ET gouvernance des migrations, ainsi que proposer des recommandations à suivre pour l’État haïtien. DEVELOPPEMENT HUMAIN Toutefois, ce document ne vise pas seulement à présenter des informations essentielles sur le contexte des migrations en Haïti, mais aussi à proposer une source d’information pour le gouvernement, l’OIM et autres parties prenantes. L’utilisation des résultats de ce document faciliteront la mise en œuvre MIGRATION ET SANTÉ de projets qui répondent aux besoins réels et améliorent les capacités du gouvernement en matière de gouvernance des migrations. De plus, ce rapport servira comme une source d’information sur la gouvernance des migrations pour le grand public en Haïti et dans la région des Caraïbes. Le résultat final se compose d’un rapport national analysant les axes clés de la gouvernance des migrations, tels que la gestion des frontières et sécurité, la lutte contre la traite des personnes, la migration de main d’œuvre et le développement humain, la migration et la santé, les politiques migratoires et le respect des normes internationales, et enfin, la mobilité humaine en situations d’urgences ou en cas de catastrophes naturelles. 1. La plateforme des Consultations sur les Migrations des Caraïbes (CMC) représente un forum consultatif de plus de 20 gouvernements et 10 organisations internationales qui échangent des informations et des meilleures pratiques sur un grand nombre de questions liées à la migration. 3
DESCRIPTION GÉNÉRALE DU PAYS La République d’Haïti, située entre la mer des Caraïbes et l’océan Le volume d’émigrants d’origine haïtienne est estimé à 1 200 000 Atlantique Nord, est un pays des Grandes Antilles, qui occupe personnes iii. La diaspora haïtienne est devenue un phénomène le tiers occidental de l’île d’Hispaniola. Elle partage cette grande généralisé depuis les années cinquante et elle est l’une de plus grandes île, la plus peuplée des Antilles, avec la République Dominicaine diasporas des pays de la Caraïbe. En 2012, il a été estimé que la majorité à travers un total de 388 km de frontière terrestre commune. de la population d’émigrants haïtiens se trouve aux États-Unis (606 000), en République Dominicaine (460 000), en France (77 000) et au Colonisée par l’Empire français en 1627, la République Canada (74 000)iv. L’OIM estime que, depuis 2010, le Brésil, le Chili, et d’Haïti déclara son indépendance le 1er janvier 1804. Encore l’Argentine dans une moindre mesure, sont des pays qui ont vu augmenter aujourd’hui, c’est le seul pays francophone indépendant des considérablement les flux de migrants haïtiens sur leurs territoiresv. Caraïbes. Néanmoins, pendant plus d’un siècle le pays a été obligé de payer une indemnité considérable à l’Empire français. Il est important de noter que les envois de fonds sont la principale source de devises étrangères pour le pays, équivalant à presque un La République d’Haïti est membre de l’Organisation des États tiers du PIB national (31 pour cent en 2018vi), faisant d’Haïti l’un Américains (OEA) et de la Communauté d’États Latino-Américains des pays les plus dépendants des transferts de fonds au monde. et des Caraïbes (CELAC). En 2002, Haïti est devenu un membre Cependant, depuis juillet 2015, le gouvernement haïtien se trouve à part entière de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), qui face à un phénomène massif de retours volontaires et forcés compte désormais 15 membres et 5 membres associés. De plus, le de citoyen(ne)s d’origine haïtienne résidant irrégulièrement en pays est engagé dans d’autres organismes de la région telles que : le République Dominicaine (près de 200 000 rapatriés selon la Marché Unique des Caraïbes (CSME) en tant que membre partiel, Direction Générale de Migration Dominicaine depuis début 2018).vii l’Agence Caribéenne de Gestion des Catastrophes et des Réponses aux Urgences (CDEMA) et l’Organisme d’Exécution des Mesures de Bien qu’Haïti reste majoritairement un pays d’émigration, il y a Sécurité et de Lutte Contre la Criminalité de la CARICOM (IMPACS). environ 40 000 résidents étrangers en Haïti, parmi lesquels 42,4 pour cent sont des femmesviii. Il s’agit principalement de personnes Selon les estimations, la population d’Haïti est d’approximativement en provenance d’autres pays caribéens, dont Cuba, la République 11 millions d’habitants (10 788 440)i et près d’un quart de la Dominicaine et la Jamaïque (Migration DRC, 2007). Presque la population habite à la capitale, Port-au-Prince (2 637 000). Selon moitié du stock d’immigrants en Haïti est constitué d’expatriés les chiffres publiés par l’Organization Internationale pour les entrepreneurs vivant en Haïti depuis de nombreuses années, Migrations (OIM), Haïti comptait en 2017 plus de 37 500 personnes voire des générations, et de personnes effectuant un séjour d’une déplacées internes, victimes du tremblement de terre de 2010 durée de six mois à trois ans (pour la plupart des fonctionnaires toujours sous les tentes ou vivant dans des abris temporaires.ii internationaux, membres d’ONG ou d’agences onusiennes)ix. 4
Bien que dans le pays il existe un grand nombre d’institutions La problématique de l’environnement en Haïti se caractérise par étatiques et civiles qui interviennent dans le domaine de la une faible couverture forestière et par la dégradation accélérée et migration, les données migratoires ne sont généralement généralisée de l’environnement (déforestation, érosion des sols, pas disponibles et fiables, à cause principalement d’un dégradation des terres arables). Actuellement, moins de 2 pour cent manque de collect et d’actualisation des données existantes. du territoire est classé comme forêt dense, tandis que les zones avec couverture boisée ne couvrent que 18 pour cent de la surface du En 2017, le PIB du pays a été estimé à 8 408 millions de dollars pays. Environ 75 pour cent des bassins versants du pays sont dégradés, US, et le PIB par habitantx à 868 de dollars US en 2018xi, le plus causant de fréquentes inondations qui affectent les infrastructures faible du continent américain et parmi les plus bas au monde. agricoles en aval, et un épuisement des terres par érosion.xvi. Deux cinquièmes de la population haïtienne dépendent du secteur En observant le lien entre les conditions de vie dans le agricole, qui représente les 66 pour cent de l’ensemble du PIB. Il pays, le marché du travail, les phénomènes naturels et les s’agit principalement d’agriculture de subsistance à petite échelle, déplacements, la migration devrait être incluse comme dont la production se centre surtout sur des produits tels que stratégie proactive dans les plans de développement nationaux. le café, les mangues, le cacao, la canne à sucre, le riz, le maïs, les bananes et le vétiver. Le secteur tertiaire (services) représente la deuxième activité économique du pays avec 25 pour cent du PIB.xii En 2017, l’Indicateur de Développement Humain (IDH) d’Haïti atteint 0,498, situant le pays au 168ème rang sur 189 pays selon le classement mondial sur le développement humainxiii. D’après la Banque Mondiale, l’espérance de vie moyenne est de 63.3 ans. Haïti est un pays vulnérable exposé à plusieurs types de menaces naturelles telles que des ouragans, des inondations et des séismes. En 2010, le pays a été gravement touché par un tremblement de terre de magnitude 7.0 causant la mort de plus de 230 000 personnes et laissant plus de 1.5 millions de personnes sans abri. De même, en octobre 2016, l’ouragan Matthew (catégorie 4) a ravagé la péninsule sud d’Haïti, causant plus de 500 victimes, ainsi que des dégâts matériels considérablesxiv. Actuellement, les autorités haïtiennes et la communauté internationale continuent leurs efforts de soutien visant les personnes déplacées à cause du séismexv. 5
INFORMATIONS GÉNÉRALES : PRINCIPALE PIB per capita CAPITALE DEVISE POPULATION SURFACE (km²) PIB (USD) (USD) ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE Production de Port-au-Prince Gourdes (HTG) 10,981,229 27,550 8 408 150.52 868.00 café, mangues, vétiver DONNÉES MIGRATOIRES : TRANSFERTS TRANSFERTS ÉMIGRANTS D’ARGENT RECUS D’ARGENT RECUS NOMBRE (% du total de la NOMBRE (milliards USD) (% du PIB) D’ÉMIGRANTS population) D’IMMIGRANTS 2 721 841 32 1 200 000 11,2% 40 500 6
POLITIQUES MIGRATOIRES ET RESPECT DES NORMES INTERNATIONALES La République d’Haïti a ratifié 5 des 9 principaux instruments des données ; et (iii) la Clarification des rôles et des responsabilités des internationaux en matière de droits de l’homme. institutions étatiques, et des autres acteurs intervenants dans le domaine de la migration. Le gouvernement haïtien n’a pas signé la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de La Direction de l’Immigration et de l’Émigration (DIE) est une entité leurs familles qui est considérée comme le traité le plus important en technique et administrative du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités matière de migration internationale. Territoriales (MICT) qui a pour mission de contrôler les flux migratoires sur l’ensemble du territoire haïtien. Parmi ses principales missions, la Le corpus juridique relatif à l’immigration et l’émigration en Haïti DIE veille à l’application des lois sur l’immigration et l’émigration, au regroupe les textes suivants: la Loi du 19 septembre 1953 sur l’immigration contrôle des ressortissants et des étrangers séjournant sur le territoire et l’émigration ; la Loi du 25 novembre 1959 modifiant quelques articles de national, délivre des permis de séjour aux étrangers et collecte des la Loi du 19 septembre 1953 ; la Loi du 26 décembre 1978 organisant le informations sur les flux migratoires en Haïtixviii. Alors que les demandes Service de l’immigration et l’émigration ; la Loi du 2 juillet 1981 modifiant les de naturalisation sont gérées par le Ministère de la Justice et de la articles 67, 68, 70, 72, 73 du décret du 26 décembre 1978 ; le Décret du 6 Sécurité Publique (MJSP). avril 1983 sur l’immigration et l’émigration ; le Décret du 17 novembre 1980 punissant les faits d’émigration illégale, Moniteur no 84 du 24 novembre La DIE peut délivrer plusieurs types de visa : a) visa diplomatique ; b) visa 1980 et la Constitution de la République d’Haïti, 1987.xvii officiel ; c) visa visiteur ou touriste ; d) visa de transit ; e) visa de non- immigrant ; f) visa d’immigrant (article 8 de la loi du 26 décembre 1978, Il y a d’autres législations relatives à la question de la migration telles que et l’article 4 de la loi du 19 septembre 1953). : le Décret punissant les voyages irréguliers, le Décret sur l’Immigration et l’Émigration de 1983, le Décret sur la Nationalité haïtienne, le Décret relatif En ce qui concerne la thématique de la diaspora, le Ministère des à la résidence permanente et le Décret actualisant le Code du travail (main Haïtiens Vivant à l’Étranger (MHAVE) est l’entité chargée de poser les d’œuvre étrangère). bases d’une réelle réintégration de la diaspora dans le développement du pays autour d’une vision communexix. Le MHAVE est responsable Le gouvernement a élaboré un brouillon de Politique Migratoire d’Haïti d’identifier les compétences haïtiennes de la diaspora et les impliquer – 2015/2030, dont les principales orientations se résument au (i) dans les actions locales, ainsi que de promouvoir les investissements Renforcement de cadre institutionnel ; (ii) Renforcement de l’infrastructure dans le pays auprès des communautés de la diaspora. relative aux technologies d’information, de communications et de gestion 7
La Constitution de la République d’Haïti, datant de 1987xx régit la question de le seul centre d’archivage numérique du pays. Les passeports haïtiens sont la nationalité haïtienne aux articles 11 et 12. En vertu de celle-ci, la nationalité à lecture optique et il existe la possibilité de les demander à travers les haïtienne peut s’obtenir par filiation ou par naturalisation. consulats à l’étranger. Le tarif et la validité d’un nouveau passeport varient en fonction de l’âge du demandeur : cinq ans pour les mineurs de moins de Alors que le Décret sur la Nationalité haïtienne de 1984 prévoit plus en 18 ans et dix ans pour les adultesxxii. D’après les entretiens réalisés avec les détail les conditions qu’un étranger doit remplir pour devenir haïtien, ainsi fonctionnaires correspondants, la DIE a lancé le processus de production que les droits qu’il peut acquérir. du passeport électronique qui devrait commencer à partir du premier trimestre de 2020. Selon le décret, la nationalité haïtienne s’obtient soit : a) par filiation, tout individu ayant un père ou une mère haïtienne ; b) par naturalisation, «tout étranger peut, Selon le Global Passport Power Rank, mesurant les possibilités de mobilité après cinq ans de résidence légale sur le territoire de la République, acquérir des citoyens d’un pays, la République d’Haïti est située au 61e rang de cet la nationalité haïtienne en se conformant aux règles établies par le présent indice au même niveau que des pays comme le Rwanda ou le Sénégalxxiii. Décret» ; c) par «faveur spéciale de la loi», pour tout individu marié à un/une citoyen/ne haïtien/ne, ainsi que «tout étranger qui aura accepté une fonction Cependant, le pays est signataire du traité de Chaguaramasxxiv relatif à la civile ou militaire et l’aura conservée pendant 5 ans». libre circulation dans le Caribbean Single Market and Economy (CSME), à l’intérieur de la communauté des Caraïbes de différentes catégories de Il convient de noter qu’en 2011 un amendement constitutionnel a abrogé ressortissants de la CARICOM. D’après la DIE, afin de rendre effectives l’article interdisant la double nationalité,xxi reconnaissant ainsi le droit à la les dispositions du traité, Haïti devrait mettre en œuvre certaines mesures multi-nationalité. réglementairesxxv. Tout ressortissants étrangers séjournant plus de 90 jours en Haïti doit Quatre bureaux liés à la DIE sont répartis sur le territoire haïtien pour obtenir un permis de séjour. Il s’agit d’un document qui est octroyé aux effectuer une demande de passeport. Le siège principal est situé à Port-au- étrangers pour leur concéder le droit de demeurer sur le territoire haïtien Prince et les trois autres bureaux sont situés à Cap-Haïtien, Port-de-Paix pour une durée déterminée. Normalement, ce permis de séjour est valable et Les Cayes. Ces trois bureaux fonctionnent plutôt comme une boîte de un an et renouvelable annuellement. réception des demandes de passeport puisque le bureau de la capitale est celui qui délivre les autorisations. La DIE ne possède pas de données précises sur les étrangers vivant sur le territoire. Cependant, la communauté cubaine est parmi les communautés L’Office National d’Identification (ONI) est l’organe gouvernemental chargé étrangères les plus grandes en Haïti avec une population estimée à 10 000 de délivrer et renouveler les Cartes d’Identification Nationales (document personnes. De plus, les compagnies aériennes garantissent environ sept vols nécessaire pour l’obtention du passeport). Cependant, un grand débat a été directs par semaine entre Haïti et Cuba. lancé autour de la difficulté pour les citoyens/nes, d’accéder aux documents d’identité et aux passeports (120 000 passeports en demande d’émission Depuis 2004, les passeports, les visas et le système de passeport automatisé entre 2015 et 2017)xxvi. sont imprimés par le fournisseur allemand VERIDOS2, qui maintient aussi 8 2. VERIDOS est une société privée basée en Allemagne qui se consacre à fournir des solutions d’identification intégrées aux gouvernements et autorités régionales. Consulté sur le site : https://www.veridos.com/en/home.html
CADRE LÉGISLATIVE NATIONAL Législation régissant la migration Par conséquent, en juillet 2017, les autorités gouvernementales ont Existe une Politique Migratoire également mentionné que 9 Centres de Réception et de Livraison Stratégique migratoire nationale d’Haïti 2015-2030, mais elle POLITIQUES MIGRATOIRES ET RESPECT DES NORMES INTERNATIONALES n’est pas encore approuvée des Documents d’Identité (CRLDI) ont été inaugurés par le MICT Organisme dévoué à l’engagement avec la comme centres satellites pour décentraliser les demandes et population de la diaspora MHAVE livraison des passeports. Mécanisme de coordination interministérielle ONI, ONM Tout individu demandant un permis de séjour doit adresser une Loi sur l’extradition (1927) ; la lettre à la DIE en expliquant les raisons de cette demande et doit Loi sur le blanchiment des avoirs disposer d’une « lettre d’emploi de son employeur ou de celui qui le provenant du trafic illicite de la Lois nationales traitant de l’extradition et prend en charge, garantissant le séjour de l’étranger en Haïti et son drogue et d’autres infractions Accords visant à faciliter les extraditions graves (2001). rapatriement en cas de nécessité ». Accords avec le Royaume Uni (1874) et les États Unies (1904) En plus du permis de séjour, les personnes exerçant une activité salariée en Haïti doivent aussi obtenir un permis de travail auprès TRAITÉS INTERNATIONAUX PERTINENTS du Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST), ainsi qu’un Convention internationale sur l’élimination de numéro d’identification fiscale auprès de la Direction Générale des toutes les formes de discrimination raciale Ratifié le 19 Décembre 1972 Impôts.xxvii Pacte mondial pour des migrations sûres, Adhéré le 10 Décembre 2018 ordonnées et régulières Sur le plan des visas de tourisme, une grande majorité d’étrangers peut visiter le pays sans demander un visa au préalable pour une Adhéré le 6 Février 1991 Pacte international relatif aux droits civils et Les deux protocoles ne sont durée de 90 jours maximum. politiques et ses deux protocoles pas ratifiés. Pacte international relatif aux droits Cependant, les ressortissants de pays comme l’Iran, la Libye, la Adhéré le 8 Octobre 2013 économiques, sociaux et culturels Syrie, le Vietnam et le Yémen doivent demander un visa de tourisme Convention sur l’élimination de toutes les d’un montant de USD 25,00. Ce type de visa est valide pour une Ratifié le 20 Juillet 1981 formes de discrimination à l’égard des femmes période de trois mois et doit être demandé un mois avant le voyage Convention contre la torture et autres peines prévuxxviii.Les ressortissants de pays comme la Colombie, le Panamá ou traitements cruels, inhumains ou dégradants Singée le 16 Août 2013 et la République Dominicaine doivent également demander un visa Convention internationale des droits de s’ils ne disposent pas d’un visa américain, canadien ou Schengen. l’enfant Ratifié le 8 Juin 1995 Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et Signée le 5 Décembre 2013 des membres de leurs familles Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions Signée le 6 Février 2007 forcées Convention relative aux droits des personnes handicapées Adhéré le 23 Juillet 2009 9
POLITIQUES MIGRATOIRES ET RESPECT DES NORMES INTERNATIONALES Stratégie de migration Processus pour et cadre législatif voyageur –– La Constitution actuelle de la République d’Haïti –– Les passeports haïtiens sont à lecture optique et il (1987) consacre deux titres aux questions relatives à existe la possibilité de les demander à travers des la migration : elle établit le mode d’acquisition de la consulats à l’étranger. nationalité et leurs droits ; décrit les conditions dans lesquelles un citoyen perd sa nationalité ; définit les –– La livraison du passeport prend généralement entre 3 conditions d’admission et de séjour. et 6 mois. –– L’article 54 de la Constitution stipule que « les étrangers qui se trouvent sur le territoire du pays –– Forts retards dans l’émission des passeports au niveau bénéficient de la même protection que celle accordée national aux haïtiens, conformément à la loi ». –– Il existe d’autres documents législatifs pertinents tels –– Le pays est situé au 61e rang du Global Passport Power que : le Décret punissant les voyages irréguliers, le Rank Décret sur l’Immigration et l’Émigration de 1983, le Décret sur la Nationalité haïtienne, le Décret relatif à –– Difficulté, pour les citoyens/nes d’accéder aux la résidence permanente et le Décret actualisant le documents d’identité. Code du travail (main d’œuvre étrangère). –– La DIE est l’entité chargée de l’application des lois sur l’immigration et l’émigration. –– La stratégique migratoire du pays est décrite dans la Politique Migratoire d’Haïti – 2015/2030, mais le document n’est pas encore approuvé et diffusé. 10
Résidence et Principaux besoins Citoyenneté identifiés par le POLITIQUES MIGRATOIRES ET RESPECT DES NORMES INTERNATIONALES –– Tous les ressortissants étrangers séjournant plus de 90 jours en Haïti doivent obtenir un permis de gouvernement séjour. –– Actualiser les lois migratoires existantes –– La citoyenneté peut être obtenue par filiation, par naturalisation et par « faveur spéciale de la loi ». –– Améliorer la définition de la stratégie et des –– La multi-nationalité est reconnue depuis 2011. programmes de réinsertions de la diaspora –– La communauté cubaine est considérée la plus –– Décentraliser et déconcentrer les processus grande en Haïti. d’accès et livraison des documents d’identité Population de Principaux besoins la Diaspora identifiés par l’OIM – Il y a environ 1 200 000 haïtiens résidant à –– Définir une stratégie de communication et de l’étranger. diffusion du cadre légal migratoire existant –– La communication avec les nationaux à l’étranger est faite principalement par l’intermédiaire des bureaux –– Perfectionner la stratégie migratoire d’Haïti et consulaires (45 dans le monde). faciliter sa diffusion –– Le MHAVE est le ministère qui facilite la –– Promouvoir des séances de formation réintégration des haïtiens de la diaspora comme spécifiques aux fonctionnaires des bureaux de vecteur d’unité, de solidarité et de développement l’état civil durable. –– Unifier les numéros de documents d’identité du citoyen 11
GESTION DE FRONTIÈRES ET SÉCURITÉ La République d’Haïti dispose de deux aéroports et deux ports maritimes En 2014, le gouvernement a créé un nouveau département de la Police internationaux xxix. Une cartographie de la frontière terrestre avec la Nationale d’Haïti (PNH) appelé Police Frontalière Terrestre (Polifront), République Dominicaine a été réalisée en 2015 en collaboration avec le qui a démarré ses opérations en janvier 2018. La mission principale de réseau de surveillance frontalière, les représentants du gouvernement et cette unité est de surveiller et contrôler la frontière terrestre, ainsi que de l’OIM, identifiant un total de 4 points de passage officiels et 96 points de lutter contre la contrebande entre la République Dominicaine et Haïti. À passage non-officielsxxx. travers la création de cette unité policière, le pays a cherché à consolider la sécurité du pays et renforcer la lutte contre la criminalité transnationale Le Système de Gestion des Frontières est fourni par le fournisseur organiséexxxi. allemand VERIDOS qui permet de vérifier les documents de voyage et d’enregistrer électroniquement les informations des entrées et sorties à En soutien à la Polifront et à la DIE, d’autres institutions gouvernementales l’aéroport international de Port-au-Prince. Ce même-système, d’après la sont impliquées directement dans la collecte de données et dans la gestion direction de la DIE, permet aussi la vérification de documents frauduleux de la migration. Parmi ces institutions se retrouvent l’Office National de la et facilite la lecture par scanner des passeports électroniques. Le système Migration (ONM), l’Institut du Bien-être Social et de Recherche (IBESR), VERIDOS représente le seul centre d’archivage numérique du pays, vu l’Institut Haïtien des Statistiques et d’Informatique (IHSI) et la Banque de la que le gouvernement n’a pas encore développé une base de données République d’Haïti. L’ONM est notamment chargé par décret présidentiel biométriques ni une base de données d’empreintes digitales pour les « d’exécuter la politique définie par le gouvernement pour tout ce qui voyageurs. Le même facilite la transmission d‘informations entre le pays et a trait aux rapatriés et déplacés internes » (Décret Présidentiel Nˆ26 – l’INTERPOL, ainsi que l’intégration des informations fournies à travers de 1995). l’Advance Passenger Information System (APIS).3 De plus, tout le long de la frontière terrestre, de nombreuses organisations L’installation du ce système à l’aéroport international de Cap Haïtien de la société civile travaillent en étroite collaboration avec les institutions est en cours d’étude, mais les limitations des sources d’énergie fiable de l’État pour faire face aux problématiques liées à la migration irrégulière représentent un grand obstacle. et aux retours volontaires ou forcés4. Parmi ces institutions se trouvent le Service Jésuite aux Migrants (SJM), le Groupe d’Appui aux Réfugiés et Mis à part la frontière aérienne de la capitale, les points de passage Rapatriés (GARR) et la Congrégation des Sœurs de San Juan Évangéliste aux frontières terrestres et maritimes ne disposent pas de systèmes (SSJ). technologiquement sophistiqués. La collecte des données est encore Cependant, les flux migratoires des ressortissants et des rapatriés vers manuelle et les informations ne remontent pas facilement au siège central et depuis la République Dominicaine souffrent toujours d’une très faible de la DIE, ce qui se traduit par un contrôle des flux migratoires non gestion et contrôle. exhaustif au niveau des frontière terrestres et maritimes. Il est estimé que chaque jour des milliers de personnes traversent la Pour pallier ce problème, l’OIM de concert avec la DIE, est en train de frontière terrestre de manière irrégulière. Il s’agit, en majorité, d‘habitants planifier l’installation du Système d’Information Migratoire et d’Analyse des des zones limitrophes (haïtiens et dominicains) qui franchissent la frontière Données (MIDAS) sur le point officiel de Malpasse avant la fin de l’année pour se rendre à leur lieu de travail. 2019 et prévoit d’installer ce système sur les 3 autres points frontaliers officiels d’ici 2021. Ainsi, la DIE pourra disposer d’information sur les flux Un projet de carnet transfrontalier pour faciliter les allers-retours des migratoires sur la frontière terrestre en temps réel avec une sécurité habitants de la zone frontalière est en discussion entre les deux pays, renforcée des contrôles migratoires. grâce à l’appui de la mission de l’OIM en Haïti. Ce projet tarde à avancer notamment à cause de l’instabilité politique d’Haïti et les tensions 12 3. APIS est un système qui renforce la sécurité à la frontière en fournissant aux agents des 4. Retour d’une personne, vers son pays d’origine ou vers un pays tiers, imposé par données sur les manifestes de pré-arrivée et de départ de tous les passagers et membres une décision administrative ou judiciaire. (Glossaire OIM) d’équipage. Consulté sur le site : https://www.cbp.gov/travel/travel-industry-personnel/apis2
diplomatiques générées autour de cette thématique. INFRASTRUCTURES ET ÉQUIPEMENTS En octobre 2013, un arrêté de la plus haute juridiction Dominicaine a déclaré que « les enfants nés dans le pays de parents étrangers en transit Fourni par VERIDOS : Présent unique- Système de gestion des frontières ment à l’aéroport international de GESTION DE FRONTIÈRES ET SÉCURITÉ n’ont pas la nationalité Dominicaine » une décision rétroactive à 1929 qui a, de facto, rendus à risque d’apatridie des milliers de dominicains Port-au-Prince descendants d’Haïtiens en situation irrégulière. Selon UNHCR, 2 302 Archivage numérique présent uniquement personnes de descendance haïtienne sans nationalité sont retournées Registres des sorties et des entrées à l’aéroport international de Port-au- en Haïti depuis juin 2015xxxii. Certaines de ces personnes ne connaissent Prince de ce pays ni la langue ni la culture et n’y ont pas de points d’attache. Passeports avec caractéristiques Pas encore développé La plupart des rapatriements volontaires ou forcés, au niveau de la biométriques frontière terrestre, touchent des migrants d’origine haïtienne qui, à partir de juillet 2015, se trouvent en séjour irrégulier en République Passeports électroniques Disponibles à partir de 2020 Dominicaine à la suite du rejet de leur demande d’admission au Plan Dominicain de Régularisation National des Étrangers (PRNE). Uniquement à l’aéroport international de Lecteurs ou scanners Port-au-Prince Depuis 2017, en collaboration avec les autorités locales, notamment Uniquement à l’aéroport international ONM, IBESR, et Polifront, l’OIM a ouvert quatre Centres de Ressources Identification des documents de Port-au-Prince. (Même si certains Frontaliers (CRF) aux postes-frontières officiels (Anse-à-Pîtres, frauduleux dispositifs sont actuellement disponibles Belladère, Malpasse et Ouanaminthe) afin d’aider les migrants haïtiens pour les agents de la Polifront) vulnérables de retour de la République Dominicaine. Ces centres sont les seules structures d’État à garantir la prise en charge des migrants les plus vulnérables sur la frontière. TRAITÉS INTERNATIONAUX PERTINENTS Même si le Décret du 17 Novembre 1980 punissant les voyages Convention relative au statut des Ratifié le 19 Décembre 1972 irréguliers indique que les sanctions correspondantes aux personnes apatrides Adhéré le 27 Septembre 2018 qui ne respectent pas les lois migratoires sont de nature criminelle et Protocole relatif au statut des Ratifié le 25 Septembre 1984 punissables « d’une peine dès six mois à trois ans de prison », dans Adhéré le 25 Septembre 1984 la pratique la détention de ces sujets n’aboutit que rarement à un réfugiés de 1967 jugement. Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, Non ratifié La République d’Haïti ne dispose pas d’un centre de rétention provisoire inhumains ou dégradants de migrants. Les étrangers en situation irrégulière qui sont détenus dans Convention des Nations Unies le territoire sont directement emprisonnés et leur situation est gérée contre la criminalité transnationale Ratifié le 19 Avril 2011 en collaboration avec l’ambassade ou le consulat correspondant. organisée et ses protocoles Concernant les mineurs, la Loi du 20 Novembre 1961 prévoit que « Protocole contre le trafic illicite de tous les mineurs appréhendés par la Police seront placés aux centres Ratifié le 19 Avril 2011 migrants par terre, air et mer d’accueil en attendant que le parquet pour mineurs fasse l’extraction et renvoie leurs dossiers par devant le cabinet d’instruction pour les suites Convention internationale pour la légales ». protection de toutes les personnes Non ratifié contre les disparitions forcées Selon les articles 11 et 12 de cette loi, le mineur n’ayant pas encore Protocole contre la fabrication et atteint l’âge de la responsabilité pénale, fixée à 13 ans en Haïti, ne doit le trafic illicites d’armes à feu, de pas être emprisonnéxxxiii. leurs pièces, éléments et munitions, Adhéré le 19 Avril 2011 additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité 13 transnationale organisée
GESTION DE FRONTIÈRES ET SÉCURITÉ Points de passage Centres de détention frontaliers –– Même si les mouvements irréguliers sont punissables par le code pénal, dans la pratique la détention de sujets impliqués –– Il y a 96 points d’entrée non-officiels qui se trouvent le long de n’aboutit presque jamais à un jugement. Les passeurs sont la frontière terrestre où le contrôle est difficile et faible ; culturellement considérés comme prestataires d’un service social ; –– Chaque jour de milliers de personnes traversent la frontière terrestre de manière irrégulière; –– Pas de centre de détention spécifique pour les migrants ; –– La sécurité des points d’entrée terrestres dépend de la formation appropriée des agents présents sur le terrain, ainsi –– L’âge de la responsabilité pénale est fixé à 13 ans, les mineurs de moins de 18 ans peuvent être détenus ou placés dans des que des équipements installés dans les structures existantes ; centres d’accueil spécialisés. –– Il n’y a pas des mesures spécifiques ou de budget spécifique pour gérer une crise frontalière. Typologie de migrants –– Personnes d’origine haïtienne rapatriés volontairement ou par la force ; –– Habitants des zones de frontière terrestre ; –– Personnes de descendance haïtienne à risque d’apatridie. 14
Principaux besoins identifiés par le gouvernement GESTION DE FRONTIÈRES ET SÉCURITÉ Base de données migratoires –– Créer une structure administrative inter- organisationnelle avec compétences différentes –– L’Institut Haïtien des Statistiques et d’Informatique (IHSI), dans le domaine de la gestion des migrations ; ne possède pas de données relatives aux flux migratoires du pays ; –– Installer un système de contrôle et gestion des frontières sophistiqué dans les points de frontière terrestres et maritimes. –– La plupart des informations disponibles sur les flux migratoires sont très partielles et approximatives. Principaux besoins Système de gestion identifiés par le de l’information gouvernement –– Incorporer un système cohérent de collecte et d’analyse de données migratoires ; –– Le système de gestion des frontières est fourni par VERIDOS et présent uniquement à l’aéroport international –– Établir des fonds programmés pour gérer les de Port-au-Prince ; retours volontaires et forcés. –– Les zones de frontière, autre que la frontière aérienne de la –– Installer sur tous les points officiels d’entrée dans capitale, ne disposent pas de systèmes technologiquement le pays (maritime, aérien et terrestre) un système sophistiqués ; de contrôle migratoire. –– Les informations et les données remontent difficilement au siège central de la DIE et ne sont donc pas traitées ; –– Il n’existe pas de base de données des caractéristiques biométriques ni des empreintes digitales. 15
LUTTE CONTRE LA TRAITE DES PERSONNES A ce jour Haïti ne remplit pas actuellement les standards minimums établis par le protéger les victimes de traite et à poursuivre les coupables. rapport du Département d’État américain sur la traite des personnes et se situe au Tiers 2. Même si les efforts consentis par le gouvernement ont abouti en 2014 Il est composé de 12 membres, dont 7 représentants de ministères, 3 représentants à l’adoption de la Loi sur la Lutte contre la Traite des Personnes qui interdit toutes des institutions étatiques autonomes et 2 représentants d’organisations des droits les formes de traite, Haïti reste un pays source, de transit et de destination de ce humains engagées dans la lutte contre la traite des personnes. délit. Bien que le CNLTP dispose par loi d’un fonds spécial pour financer les activités Cette loi permet de disposer des mesures législatives pour assurer la mise en œuvre de lutte contre la traite, avec un accent particulier sur l’assistance aux victimes, des instruments internationaux sur le plan national et de renforcer l’intervention de seulement en 2016 le Comité a reçu une subvention directe de la part de l’État. l’État haïtien dans la protection des victimes de la traite des personnes. L’adoption Dans la pratique, il ne dispose d’aucun budget approuvé ni de moyens logistiques de cette loi renforce l’engagement du pays sur ce sujet puisque le gouvernement et financiers pour son fonctionnement. haïtien a ratifié le Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite Le Comité a présenté officiellement son Plan Opérationnel National le 31 juillet des personnes, en particulier des femmes et des enfants en 2011. 2019 ; son approbation par le gouvernement se traduira par une concrétisation de ses lignes directrices pour assurer l‘application de la loi. Dû au manque de ressources, La loi définit que toute individu qui participe ou facilite « le recrutement, le transport, il est très difficile pour le CNLTP de recueillir et produire systématiquement des l’hébergement ou l’accueil de personnes … à des fins d’exploitation » commet un données sur la traite des personnes. Cependant, le rapport publié chaque année par délit. Les dispositions concernant les infractions pour ce crime sont détaillées dès le Département d’État américain sur la traite des personnes peut constituer une l’article 11 au 25. Les peines principales vont de 7 à 15 ans d‘emprisonnement base de données fiable pour le pays vu que l’État haïtien fournit les contributions. et le paiement d’une amende de 50 000 gourdes haïtiennes/600 dollars E.-U. jusqu’à 1 500 000 gourdes haïtiennes/17 800 dollars E.-U. En cas de circonstances De plus, une étude ACP-UE, pas encore publiée, identifie les endroits les plus aggravantes, telles que définies à l’article 21 de la loi, certaines infractions sont exposés à la traite des personnes dans le pays. Femmes et enfants sont les personnes punies de la peine d’emprisonnement à perpétuité. Si un étranger est déclaré les plus vulnérables à la traite à des fins d’exploitation sexuelle et au travail forcé coupable d’une infraction liée à la traite des personnes en Haïti, il/elle peut se faire (notamment dans la construction, l’agriculture, la pêche, le travail domestique et la interdire tout type de séjour sur le territoire. vente dans la rue). De même, la loi prévoit des dispositions concernant l’assistance et la protection La traite est aussi bien locale que frontalière. Les données au niveau des frontières des victimes de traite et les personnes vulnérables, notamment des enfants et des sont plus disponibles grâce à la présence de partenaires gouvernementaux comme femmes. Parmi les mesures d’assistance plus importantes se trouvent l’assistance Polifront, ONM, BPM et IBESR qui interviennent au niveau des points officiels et psychologique, médicale, sociale, juridique et les services d’un interprète, la protection réfèrent les cas de traite aux CRF. spéciale des témoins et une assistance spéciale aux enfants afin de respecter l’intérêt supérieur de l’enfant. Par contre, elle ne prend pas en considération les dispositions L’accompagnement des victimes est partiellement garanti avec un partenariat entre pour assurer le rétablissement physique, psychologique et social des victimes. le gouvernement et les acteurs de la société civile et internationaux. Généralement les victimes reçoivent des services d’appui médicaux et psychologiques de En ce qui concerne les victimes de traite originaires d’autres pays, il est indispensable première urgence et pour les mineurs l’hébergement dans des centres d’accueil. de mettre l’accent sur l’article 8.3 de la Loi qui prévoit que « une personne étrangère présumée victime de traite bénéficie du droit de résidence temporaire en Haïti L’assistance juridique se déroule au niveau des tribunaux par le biais d’avocats pendant la durée des poursuites judiciaires contre les auteurs des infractions. » commis d’office. Le commissaire du gouvernement agit pour le Ministère public dans les procès pénaux (premier concerné par la poursuite en cas de À la suite de l’adoption de cette loi, un arrête présidentiel a institué en 2015 le traite). Malheureusement, le système judiciaire a pris du retard dans les Comité National de Lutte Contre la Traite des Personnes (CNLTP), une structure poursuites, ce qui a entravé les efforts déployés pour poursuivre les trafiquants interministérielle et sectorielle rattachée au Ministère des Affaires Sociales et du et protéger les victimes. 16 Travail (MAST), comme organe de coordination de tous les programmes visant à 16
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