LE RISQUE ZOONOTIQUE EN FRANCE - ET AILLEURS Alexandra Mailles Grenoble, 24 février 2021 - Infectiologie
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LES CAUSES DE MORTALITÉ EN FRANCE (SOURCE : RAPPORT SUR L’ÉTAT DE SANTÉ DES FRANÇAIS, 2017) 180000 Tuberculose 500 160000 VIH/SIDA 500 Hépatites virales 640 140000 120000 100000 80000 60000 40000 20000 0 Tumeurs/cancers Maladies cardio- Maladies Causes externes Maladies Maladies vasculaires respiratoires endocriniennes infectieuses 2
INCIDENCE DES MALADIES INFECTIEUSES EN FRANCE Grippe : 2 à 8 millions cas /an Varicelle : 700 000 cas/an Salmonelloses : 30 000 cas/an Tuberculose : 5000 cas /an VIH : 3600 cas /an IIM : 519 cas /an Brucellose : 25 cas /an Charbon : 1 cas/ 2 ans Rage : 1 cas/ 5 ans 3
LES ZAUNAUSES, C’EST QUOI ? Maladies transmises de l’animal à l’Homme : Rage, west-nile, fièvre Q, Lyme Et vice versa : Rougeole, hépatite A, Covid-19 Mais pas exclusivement : peste, Covid-19 Parfois vectorielles : Lyme, West Nile Mais pas toutes les maladies vectorielles : paludisme, dengue, fièvre jaune Seulement les vertébrés : chiens, vaches, oiseaux, tortues Notion de réservoir et hôte 4
LES ZOONOSES, POURQUOI COMMENT ? Historiquement : mélange de microbiotes depuis la domestication animale, la chasse Catégorisation des contacts - Domestiques /Péridomestiques - Sauvages (parfois protégés) - Animaux de compagnie / NAC - Animaux de loisirs / animaux d’élevage Lascaux IV Différentes modalités de transmission - Vectoriel, aérien, alimentaire, contact direct, inoculation Facteurs aggravants : Déforestation, fragmentation forestière, changement climatique 5
LA BRUCELLOSE Brucella melitensis, abortus, suis + différents biovars Contamination directe par animaux ou produits laitiers crus frais Chronicité possible Forme systémique vs focalisée Arthrite Orchi-épidydimite Abcès hépatiques Neurobrucellose Diagnostic sérologique peu fiable 9
LES BRUCELLOSES EN FRANCE Brucelloses animales • Statut « officially brucellosis free » pour les bovins • Maladie quasi-éliminée pour les petits ruminants • B. suis biovar 2 chez les sangliers et lièvres • Surveillance ruminants = dépistage Brucellose humaine : données de la Déclaration Obligatoire • < 30 cas / an 0,03 /100 000 hbs • ≈ 80% importés, pays méditerranéens +++, Asie • Cas autochtones : anciennes contaminations et personnels de laboratoire Problématique actuelle • Faux cas • Vraies expositions en LABM 10
BRUCELLOSES HUMAINES DANS L’UE EN 2012 11
LES FAUX CAS DE BRUCELLOSE Clinique non spécifique et biologie peu performante • La « fièvre ondulante sudoro-algique » • Les arthrites/spondilodiscites • Sérologie : Sp et VPP très faibles Diagnostic par excès sur des patients non exposés • Éleveurs, vétérinaires et consommateurs de fromage « au lait cru » • Réaction en chaîne sur la filière agricole • Traitement inutile du patient : rifampicine + doxycycline 6 - 8 sem. 12
Titre sérologique de 26 faux cas de brucellose seuil Faux positifs ! 7 6 premier wright 5 2e wright 4 3 2 1 0 0 20 40 80 160 320 640 1280 2560 sérologie peu spécifique + maladie rare = VPP très faible, test non fiable dans les conditions épidémiologiques actuelles 13
CONTAMINATIONS DE LABORATOIRE • Diagnostic direct souvent inattendu : isolement sur arthrites ou hémoculture sans anticipation du diagnostic • Le plus souvent : cas index connu • Parfois .... non Le patient index n’a pas de traitement approprié • 1 à 5 cas / an, soit un maximum de 25% des cas en 2014 • Chaîne de transmission possible QUEL AVENIR ? • médecins ayant vu des brucelloses • Diagnostic non évoqué = labo non prévenu du risque • tout prélèvement peut être infectieux…..…même en biochimie 1ÈRE CAUSE DE BRUCELLOSE EN ZONE INDEMNE 14
LA RECO Stahl JP, et al. Guidelines for the management of accidental exposure to Brucella in a country with no case of brucellosis in ruminant animals. Med Mal Infect. 2020 Sep;50(6):480-485. 15
LA RECO Voyageurs : pas d’indication de traitement Risque équivalent à celui de la pop générale du pays visité Exception à discuter pour les co-exposés d’un cas importé confirmé, évaluation individuelle Chasseurs et B. suis 2 : pas d’indication de traitement Bactérie très peu pathogène pour l’Homme Prévention générale des MI recommandée (dépeçage, éviscération) 16
LA RECO (2) Contact avec des animaux infectés : éleveurs, vétérinaires, employés d’abattoir et d’équarrissage En cas de ré-émergence Documentation microbiologique de l’infection Contact réel (animal, placenta, carcasse, viscères, etc.) Consommation de lait cru ou produit laitier cru issu d’un animal avec une infection documentée Indication de prophylaxie 17
LA RECO (3) : AU LABO Inhalation ou contact direct avec culture bactérienne ou inoculum fort Ouverture boite hors PSM2 sans FFP 2 ou 3 Personnes jusqu’à 1,5 m de la boite Personnes immunodéprimées /enceintes au-delà de 1,5m mais dans la pièce Indication de prophylaxie En laboratoire, au cours d’un bris de contenant toute personne se trouvant dans la pièce au moment indication de prophylaxie Tout autre échantillon biologique (sang, abcès, liquide articulaire, LCR…), y compris l’échantillon initial (sauf flacon d’hémoculture) donnant lieu à une culture positive Risque négligeable PAS d’indication de prophylaxie 18
PROPHYLAXIE Début dès identification de l’exposition à risque Place de la sérologie J0 intéressant pour la prise en compte d’un accident professionnel (mais pas obligatoire) Pas utile dans les autres cas Schéma Doxycycline (200 mg 1 prise/j) + Rifampicine (600 mg 1 prise/j) ; durée 21 jours Grossesse: Rifampicine (600 mg 1 prise/j) + Cotrimoxazole (800/160 mg, 2 prises/j). Rifampicine seulement les 10 premières semaines d’aménorrhée Enfant < 8 ans : Rifampicine (15 mg/Kg/j en une prise) + Cotrimoxazole (200/40 mg, 30Mg/Kg/j en deux prises) 19
TRAITEMENT PRÉEMPTIF Théorie : sérologie non recommandée aux personnes asymptomatiques Éventuellement intéressant si recours à avis médical tardivement après l’exposition (présence possible d’Ac) Vraie vie : en cas de sérologie positive asymptomatique Vraie exposition non encore prise en charge et Personne asymptomatique et Sérologie positive confirmée par le CNR Molécules et posologies identiques à la prophylaxie Durée 6 semaines 20
SUIVI APRÈS EXPOSITION Suivi sérologique utile pour la médecine du travail: J0 (au signalement), puis 2 mois et 6 mois plus tard Pas d’obligation réglementaire Pas d’indication de suivi sérologique dans les autres cas En cas de symptômes démarche diagnostique classique -> privilégier les hémocultures 21
CHARBON (BACILLUS ANTHRACIS)
CHARBON BACILLUS ANTHRACIS Infection humaine rare en France • 7 cas depuis 2003 Maladie à DO + CNR NRBC-E : les enveloppes de poudre Votre champ d’action : • les rares cas humains • les contacts non (encore) malades d’animaux infectés 23
CHARBON HUMAIN CLINIQUE : TOXI-INFECTION • Forme cutanée : esquarre noirâtre • Forme pulmonaire : « pneumopathie » grave • Forme digestive : incubation parfois très longue • Forme méningée DIAGNOSTIC Orlos et al., CMI 2017 • PCR ou isolement + Antibiogramme +++ • ATTENTION aux automates TRAITEMENT • Péni ou Quinolones ou doxycycline • 7j (cutané) à 8 semaines (pulmonaire) ZOONOSE PROFESSIONNELLE 24
ACTION DE LA TOXINE DE B. ANTHRACIS Kim et al., AJNR 2001 25
CHARBON ANIMAL Le coupable idéal ! Chez l’animal • clinique spectaculaire : mort subite et “sang de rate” • vaccination et antibioprophylaxie possibles “Champs maudits” http://bacillusanthracis.org/ DO chez l’animal, confirmation en quelques jours dans les conditions “normales” 26
ZONES CONNUES DE CHARBON ANIMAL ??? 27
RECOMMANDATIONS DE LA SPILF POUR LA PRISE EN CHARGE DES PERSONNES EXPOSÉES AU CHARBON ANIMAL Pas de recommandations officielles Recommandations professionnelles http://www.infectiologie.com/site/medias/_documents/consensus/CHARBON- recommandations.pdf et Piroth L, et al.Therapeutic recommendations for the management of patients exposed to Bacillus anthracis in natural settings. Med Mal Infect. 2011 Nov;41(11):567-78 Recours à un infectiologue Evaluation de risque individuelle Recommandations envisagées selon • Modes de contamination potentiels • Délai écoulé depuis la dernière exposition à risque • Plutôt des traitements courts 28
Tout animal suspect ou confirmé, vivant ou mort Exposition cutanée ou muqueuse par Manipulation ou projections vers la Exposition respiratoire Exposition alimentaire peau ou les muqueuses Postes à risque Curage d’aire de de création Utilisation d’un stabulation Cadavre pas ouvert, Cadavre ouvert ou présence d’aérosol nettoyeur haute pas d’écoulements d’écoulements de liquides sans EPI dans les pression biologique (animal vivant ou entreprises dans un milieu mort) sans équipement de d’équarrissage fermé protection individuelle (EPI) (camion, bétaillère, lait stabulation…) Viande (même cuite) exposition dans les 72h avant les signes Autres cas ou la mort de l’animal et consultation dans Animal malade les 10 jours depuis la Traitement Autre animal du ou mort dernière exposition 35 jours cheptel ou d’un autre cheptel Traitement Pas de traitement Lait de mélange ou lait trait Lait individuel ou lait de 10 jours plus 72h avant le début des petit mélange (
RECOMMANDATIONS DE TRAITEMENT PRÉEMPTIF Exposition cutanée ou alimentaire : 10 jours per os Sujets Antibio-sensibilité Exposition respiratoire : 35 jours per os - Doxycycline 100 mg x 2/jour Avant ou antibiogramme Adultes - Ciprofloxacine 500mg x 2/jour Si souche Pénicilline Amoxicilline 500 mg x 3/jour sensible Avant Ciprofloxacine 500mg x 2/jour antibiogramme Femmes enceintes Si souche Pénicilline Amoxicilline 500 mg x 3/jour sensible Ciprofloxacine 10-15mg/kg x 2/jour sans dépasser 1 g/j ou - Doxycycline Avant Enfants Enfant >8 ans et >45 kg : 100mg x 2/jour antibiogramme Enfant >8 ans et < 45kg : 2,2 mg/kg x 2/jour sans dépasser 200 mg/j Enfant
CHARBON ET CONSOMMATION D’HÉROÏNE Situation commune à tous les germes telluriques toxinogènes (Bacillus, Clostridium) Fasciite nécrosante • à partir du point d’injection • à distance après dissémination sanguine • respiratoire en cas d’inhalation Létalité élevée : 30% 31
CHARBON ET CONSOMMATION D’HÉROÏNE Epidémies en 2009 et 2012 liées à l’injection d’héroïne - Royaume Uni, Allemagne, France, Danemark - 119 cas en 2009, 14 cas en 2012 - 1 cas en France en 2012 - Même souche Hypothèses : même lot, même origine ?? - contamination à la production ? - À la coupe ? 32
J+7 Clichés Olivier Rogeaux, CH Chambéry 33
J+5 SEM 34
COWPOX 35
INFECTIONS À COWPOX Orthopoxvirus, BSL3 Transmission par les rongeurs, les chats Immunité partielle chez les personnes vaccinées contre la variole (fin en 1982) Diagnostic : PCR, microscopie électronique Pas de traitement antiviral (chirurgie éventuelle) Elsendoorm, J Infection 2011 36
37
COWPOX VS CHARBON CUTANÉ Pas facile..... Rechercher les expositions à risque 38
PAUSE.... Après la pause Fièvre Q Rage Etc. 39
PUB ! Nouvelles dates : Automne 2021 même lieu : Sainte Maxime (Var) Renseignements : jpstahl@chu-grenoble.fr / alexandra.mailles@santepubliquefrance.fr https://www.escmid.org/fileadmin/src/media/PDFs/1Dates_Events/event_flyers/St_Maxime_2020_Flyer.pdf 40
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