Le transport public ferré Le transport public ferré - Agoria
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Le transport public ferré Le transport Un transport sûr, capacitaire et efficient public ferré Un transport sûr, capacitaire et efficient
Table des matières 1. Le contexte et les enjeux 3 2. Les atouts du transport public ferré 6 3. La situation en Belgique 10 4. Renforcer le rôle des réseaux ferrés pour favoriser le modal shift et pour en tirer le bénéfice sociétal maximum. 18 5. Améliorer l’intermodalité et la complémentarité des modes de transports dans les bassins de vie et d’emploi 28 6. Conclusions 38
1. Le contexte et les enjeux
4 Le transport public ferré La mobilité est devenue aujourd’hui un sujet de société majeur dont les partis politiques se sont enfin emparés : la Belgique est un des pays les plus congestionnés d’Europe voire du Monde. La vie quotidienne de centaines de milliers de citoyens en est fortement affectée, de même que l’économie du pays. 1 Cet état de choses est d’autant plus préoccupant que le dernier rapport du Bureau du Plan 2 en la matière nous prédit que, à politique constante, la part du véhicule individuel en 2030 tournera toujours autour de 80%, avec toutes les conséquences néfastes décrites ci-dessus. Face à ce défi et à un Etat qui a du mal à développer une vision intégrée à long terme en la matière, beaucoup, notamment dans le personnel politique, comptent sur les nouvelles pratiques de mobilité et les motorisations moins polluantes pour apporter les solutions susceptibles de combattre les effets nocifs de cette mobilité majoritai- rement individuelle. Les médias se font l’écho de cette espérance et ne cessent de nous décrire, jour après jour, toutes les nouvelles mobilités qui deviennent accessibles. Cela a commencé par les vélos partagés, puis les voitures partagées, les trottinettes, le ride hailing, les Uber et autres acteurs du réveil du monde du taxi, le covoiturage, les voitures et bus autonomes et autres gyropodes…. 1 L’OCDE estime en moyenne entre 1 et 2% du PIB la perte liée aux embouteillages, soit entre 1 et 2 milliards d’euros en Belgique. La pollution de l’air par le trafic routier tue plus de 2.400 personnes par an et le bruit du trafic plus de 200 (calculs IEW d’après les chiffres de l’agence européenne de l’environnement -EEA). Les accidents de la route coûtent 6,8 milliards d’euros par an à l’Etat belge soit 1,8% du PIB, d’après une estimation réalisée par Touring. 2 Pour 2030, le Bureau du Plan prévoit à politique inchangée une augmentation des voyageurs*km de 20% et une diminution des vitesses de circulation de 29 % en heure de pointe. Vu la congestion croissante, un accroissement des émissions de gaz à effet de serre de 12 % est attendu, malgré l’amé- lioration de l’efficacité énergétique des véhicules et des carburants.
Le contexte et les enjeux 5 Il va sans dire que ces nouvelles mobilités ont de nombreux atouts et contribueront certainement, à terme, à mettre en œuvre une mobilité plus durable voire parfois à réduire le trafic automobile. Force est cependant de constater que la part de marché agrégée de ces nouvelles mobilités reste marginale. Même dans les hypothèses les plus optimistes, leur part de marché serait, à l’horizon 2050, de l’ordre de 30 % des déplacements ; seul le vélo pouvant vraiment prétendre à une croissance forte de sa part modale en Belgique grâce à l’électrification. Devant cette réalité, une vérité s’impose : de façon significative, ces nouvelles mobilités auront l’avantage de permettre au voyageur de réaliser les « first et last miles » 3 d’un déplacement mais elles seront dans l’incapacité d’être autre chose qu’un complément aux modes plus structurants et plus capacitaires que sont le train, le métro et le tram (les modes ferrés). Le présent document a donc pour objectif de montrer combien les modes ferrés doivent être regardés comme une priorité pour nos dirigeants politiques, dès lors que, sans eux, les défis de la mobilité dans les décennies à venir resteront sans solution concrète… 3 Parcours de très courte distance, effectué au début et/ou à la fin d’un déplacement de plus longue distance.
6 Le transport public ferré 2. Les atouts du transport public ferré 2.1. La capacité 2.2. Les émissions de CO2 2.3. La sécurité 2.4. Le développement économique 2.5. Le gain de temps 2.6. L’accessibilité
Les atouts du transport public ferré 7 Mondialement, les modes ferrés ont connu une belle croissance ces dernières dé- cennies, en raison de leurs atouts multiples. Ces avantages indéniables se déclinent sur plusieurs plans : 2.1. La capacité de transporter un grand nombre de personnes Un train moyen transporte plus de 500 voyageurs assis, une rame de métro offre également 500 places assises et debout, et un tram accueille environ 250 passagers. Le graphique ci-dessous est explicite. On transporte 500 voyageurs dans ... 1 train - 200m 1 métro - 100m 3 trams - 120m 100 voitures - autonomes ou non - 800m Source: Infographie Agoria Nombre de personnes transportées par heure en ville 2.100 9.000 Voiture Bus 22.000 50.000 Tram Métro Source: International Association of Public transport (UITP) 2.2. Les émissions de CO2 et de particules fines de toute nature Les modes ferrés sont très largement plus écologiques. Sur ce plan, le graphique ci- dessous illustre l’avantage significatif du mode ferré par rapport aux véhicules individuels. De plus, en termes d’émissions de particules fines, il n’y a pas de doute que le mode ferré est le moins émetteur quand on le compare au transport routier.
8 Le transport public ferré Enfin, l’emprise de ces modes ferrés dans l’espace urbain et non – urbain est largement moindre que celui de la voiture qui requiert des espaces importants pour déployer son réseau routier, et son stationnement. 243,8 119,6 26,6 20,2 17,7 Voiture Moto Train Tram Bus Voiture Vélo Piéton 9,7 1,9 1,5 1,6 1,8 9,7 1,5 1,5 grammes de CO2 par kilomètre-personne besoins d’espace en m2 d’une personne parcouru voyageant par les différents modes de transport. Source: www.sensibletransport.org.eu 2.3. Le rail est un des modes de transport les plus sûrs S’il en est ainsi, c’est notamment grâce au contrôle strict de la qualité des rails, aux voies dédiées s éparées du reste de l’environnement et à la nouvelle signalisation de sécurité qui couvre progressivement l’ensemble du réseau belge. 2.4. Les modes ferrés comme levier du développement économique D’innombrables études ont montré l’impact socio-économique majeur des lignes ferrées, des gares et stations qui les jalonnent. Outre la création nette de nouveaux acteurs économiques et le développement immobilier autour des gares et stations, les modes ferrés ont un impact à ce point significatif sur la valeur des terrains et bâtiments autour des gares et le long des voies, qu’il est possible aux autorités de capter une partie de la plus-value dégagée par ces terrains et constructions aux fins de financer le réseau ferré et son développement.
Les atouts du transport public ferré 9 2.5. Un gain de temps pour les voyageurs Bien connecté aux réseaux ferrés urbains, le train a l’avantage d’amener les voyageurs en centre- ville, raccourcissant ainsi le temps de déplacement et leur permettant de mettre ce temps à profit pour se détendre ou travailler. Ces avantages compétitifs sont manifestes sur l’essentiel des déplacements de moyenne et longue distances (jusqu’à 4h). Le même raisonnement est évidemment d’application en milieu urbain lorsqu’on constate la grande rapidité des déplacements en métro. 2.6. Accessibilité pour tous Le train est accessible à tous, quel que soit l’âge, le genre ou l’état physique (PMR ou non) 4. Il est confortable en termes d’espace disponible et de sérénité, par comparaison par exemple avec l’avion. Par ailleurs, les modes ferrés ont devant eux un bel avenir parce qu’ils s’inscrivent dans un certain nombre de tendances lourdes qui traversent nos sociétés. Parmi elles, rete- nons ici : • L’intérêt public croissant pour la protection de l’environnement et donc pour les modes de transport « propres » et efficaces ; • L’urbanisation et la congestion du trafic, les modes ferrés urbains étant les seuls à transporter des grands nombres de passagers et à avoir un effet structurant dans l’esprit des voyageurs ; • L’achèvement du marché intérieur et la libéralisation de certains secteurs par l’Union européenne, en particulier celle du rail permet, selon les termes mêmes du règlement CE 1370/2007 de « (…) rendre les services plus attrayants, plus innovants et moins chers, sans entraver les opérateurs de service public dans la poursuite des missions spécifiques qui leur ont été imparties »; • La détermination de l’industrie ferroviaire à embrasser les grandes évolutions industrielles que sont la digitalisation, la standardisation, les nouvelles motorisations sans caténaires, et l’automatisation. Ces innovations rendront l’usage des transports publics ferrés plus « client-friendly » et moins coûteux en termes de production des véhicules et d’exploitation (opérations et maintenance). 4 Personne à mobilité réduite (PMR) : Toute personne gênée dans ses mouvements en raison de sa taille, de son état, de son âge, de son handicap permanent ou temporaire ainsi qu’en raison des appareils ou instruments auxquels elle doit recourir pour se déplacer. Plusieurs facteurs peuvent diminuer l’aisance à circuler : la cécité, la surdité, la grossesse, l’accident, les difficultés de compréhension de la langue ou simplement l’encombrement par l’utilisation d’un caddie, d’un landau, de colis, de bagage...
3. La situation en Belgique 3.1. Les réseaux existants 3.2. L’industrie ferroviaire 3.3. Les plans de mobilité existants
La situation en Belgique 11 3.1. Les réseaux existants 3.1.1. Le chemin de fer belge Le réseau belge compte 3602 km de lignes de chemin de fer, soit environ 55 lignes dif- férentes. C’est un réseau d’une densité parmi les plus grandes dans le monde. Il inclut 550 gares et utilise 3.800 trains/jour. C’est un réseau en étoile déployé autour de Bruxelles avec, au centre, un ouvrage qui fut et reste un atout majeur : la Jonction Nord-Midi. Celle-ci devient aujourd’hui un goulet d’étranglement en raison de la configuration actuelle de l’exploitation et du trop grand nombre de trains qui doivent la traverser. Cette contrainte, ainsi que le nombre élevé de gares comparativement à d’autres pays et la concentration beaucoup plus élevée des flux de voyageurs pendant les heures de pointe, constituent des spécificités du rail belge qui génèrent d’importants impacts, en matière de coûts, de vitesse commerciale et d’offre de transport notamment. En vue de se conformer à la législation européenne et de permettre à plusieurs opérateurs de l’exploiter, la gestion du réseau a été confiée à une société publique d’infrastruc- tures, la sa Infrabel qui en assure l’entretien et le développement physique en termes de construction. Pour une charge d’exploitation annuelle (2018) de l’ordre de 2,547 milliards, dont 1,216 milliard est couvert par le subside d’exploitation versé par l’Etat Fédéral, l’exploitation de ce réseau pour les passagers a été confiée par l’Etat à l’opérateur historique, la SNCB qui en sera probablement l’exploitant jusqu’en 2033 par voie d’attribution directe. Le transport de marchandises est assuré par divers opérateurs privés dont le principal en Belgique est la société Lineas. Indéniablement, les opérateurs belges du rail doivent améliorer leurs performances, dans un contexte d’augmentation constante du trafic de voyageurs, de défis technologiques à relever et d’ouverture prochaine à la concurrence.
12 Le transport public ferré Il y a lieu de prendre connaissance de ces graphiques avec une relative prudence, dès lors que les données fournies par les états membres ne sont pas parfaitement comparables. Efficacité des services ferroviaires NL FI DE ES AT FR LU CZ EE UK PT LT LV SE DK SK BE PL IE IT HU BG SI RO EL HR MT not available CY not available 0 1 2 3 4 5 6 Notation basée sur une enquête du Forum économique mondial évaluant la fréquence, la ponctualité, la vitesse et le prix des services ferroviaires, à l’aide d’une échelle de 1 (extrêmement inefficace, parmi les pires au monde) à 7 (extrêmement efficace, parmi les meilleurs au monde). La valeur de l’UE est calculée comme une moyenne simple. Source : Rapport sur la compétitivité mondiale du Forum économique mondial
La situation en Belgique 13 Satisfaction des usagers EE LT HU SI LU AT DE FR CZ LV FI PT SK EL PL DK IE SE ES NL BE HR IT UK RO BG MT not available CY not available 0 20 40 60 80 100 Le classement est fondé sur le ‘Market Performance Indicator’ (MPI), un indice composite calculé en fonction des plusieurs composantes : comparabilité, confiance, problèmes et préjudices, attentes et choix (comme moyenne pondérée des composantes, les pondérations étant égales à l’importance relative de chaque composante).
14 Le transport public ferré 3.1.2. Les réseaux ferrés régionaux A. Bruxelles a. Le réseau de métro et de pré-métro Constitués de 4 lignes de métro lourd d’une longueur de 39,9 km, il est complété par un réseau de pré-métro dénommé le Nord Sud dans lequel circulent deux lignes de métro léger à haute fréquence et grande capacité, ainsi qu’une ligne circulaire (la 7) portant l’ensemble du système à 55,7 km de longueur et 69 stations. Ce réseau de métro est opéré par la STIB-MIVB depuis les années 70 avec des voitures fabriquées par Bombardier Alstom pour les premières séries M1 à M5 et CAF pour les dernières séries. C’est un petit métro qui ne couvre pas l’ensemble du territoire de la ville et qui devrait être complété, vu le développement de la démographie de la Région. Un premier projet d’extension vers le Nord (gare du Nord – Bordet) est en cours d’approbation. Les lignes 1 et 5 sont en cours d’automatisation pour accroître les fréquences de passage. D’autres projets vers le Nord –Ouest (Grand Bigard), le Sud (Uccle) et Ixelles sont à l’étude. b. Le réseau de tramways Consistant en 18 lignes d’une longueur de 215 km, ce réseau est de belle qualité et couvre assez correctement le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale. Il n’est sans doute pas le plus grand réseau européen mais il tient, en termes de qualité, très correctement la comparaison avec les réseaux allemands et suisses. Exploité par la STIB-MIVB grâce à une flotte quasiment complètement neuve (Bombar- dier Flexity Outlook), ce réseau a été progressivement entièrement rénové en termes d’infrastructures et est à 91% en sites propres. 5 des lignes de ce réseau sont baptisées « Chrono » en raison de leurs performances proches d’une ligne de métro. Ce réseau de tramway est encore appelé à se développer dans les années à venir, notamment vers Tour &Taxis et Neder-Over-Hembeek. Il draine aujourd’hui 165 millions de voyageurs par an (2018)
La situation en Belgique 15 B. La Flandre La Flandre dispose de deux beaux réseaux urbains de tramway, à Anvers et à Gand et d’une ligne de light rail allant de Knokke à La Panne (« Tram du littoral »). Ces trois réseaux sont exploités par la VVM (« De Lijn » sous son nom commercial). Le réseau d’Anvers, le plus développé, circule à la fois en surface et en souterrain (pré- métro). D’une longueur d’environ 115 km de voies métriques, il a été largement moder- nisé récemment et fait circuler à la fois des trams de type PCC, des trams Hermelijn (84 construits par Siemens-DWA) et des trams Albatros (73 construits par Bombardier). Anvers devrait recevoir une partie importante des nouveaux Urbos fabriqués par CAF(Espagne). Le réseau tram d’Anvers a permis la production de 10, 8 millions de km soit environ 60% de la production de km tramway de De Lijn Le réseau de tramways de Gand est de plus petite taille. Il est composé de 3 lignes fortes à voie métrique qui desservent bien l’ensemble du territoire de la ville. Equipé comme Anvers de trams Hermelijn et d’Albatros, il devrait également recevoir 18 des nouveaux trams CAF qui ont été commandés en 2019. Dans une ville soucieuse de développer la mobilité douce et d’en écarter petit à petit la voiture, le réseau de tramway gantois a permis de produire 2,92 millions de km en 2018. Le KustTram (« Tram du littoral ») créé en 1885, a une longueur de voies d’environ 67 km et est équipé d’anciens véhicules Brugeoise & Nivelles- ACEC auxquels on a ajouté une section à plancher bas et qui seront bientôt remplacés par 57 Urbos de la firme CAF d’une capacité de 180 voyageurs par véhicule. Cette ligne très populaire qui longe toute la côte belge depuis Knokke jusqu’à la Panne va de record en record en termes de fréquentation et a transporté plus de 2 millions de passagers chaque année depuis 2015. La Flandre a la volonté de poursuivre le développement du tramway dans les années à venir. On citera notamment dans ce sens le projet Hasselt –Maastricht en light rail (projet Spartacus), les projets visant à rejoindre Bruxelles depuis Leuven et Boom de manière à compléter le réseau RER de la SNCB, la prolongation de la ligne n°62 jusqu’à l’aéroport de Zaventem, les projets autour d’Anvers vers Malle et Lommel, les projets reliant Leuven vers Diest et Aarschot, le projet Courtrai-Ypres et Waregem et Le Loop à Gand. Nul doute que si ces projets se réalisent, le tram a un bel avenir en Flandre !
16 Le transport public ferré C. La Wallonie A ce stade, seule la ville de Charleroi dispose d’un réseau de « métro léger » construit entre 1976 et 2013. Comprenant 4 lignes et 48 stations ou arrêts, il utilise des véhicules similaires à ceux du Kusttram fabriqués par BN-ACEC. Circulant en partie en souterrain, cette flotte a permis en 2018 de transporter 5.674.000 passagers. Il n’y a cependant pas d’extension de ce réseau prévue à ce jour. La Ville de Liège a elle décidé en 2018 de se doter d’une première ligne de tram allant de Sclessin à Coronmeuse et Droixhe sur une longueur de 11,7 km et équipée de 21 stations. Confiée pour sa construction et son matériel roulant à un consortium rassemblant le Groupe Colas et l’espagnol CAF, la ligne devrait entrer en service commercial en 2022 et constituer l’épine dorsale du transport public à Liège. 3.2. L’industrie ferroviaire en Belgique Etant un des pays pionniers du chemin de fer au 19ème siècle, la Belgique dispose depuis longtemps d’une industrie ferroviaire solide et expérimentée, implantée dans toutes les régions du pays. Outre les grands acteurs internationaux bien connus tels Alstom (Charleroi), Bombardier (Bruges) et Siemens Mobility (Huizingen), un nombre impressionnant de PME industrielles de toutes tailles permettent à cette industrie de réaliser un chiffre de ventes s’élevant à plus d’1,4 milliard d’euros et de donner un emploi à 4000 personnes (chiffres de 2017). C’est une perspective à garder à l’esprit lorsqu’on essaye de dessiner le système de mobilité qu’on désire mettre en place à l’horizon de 2050.
La situation en Belgique 17 3.3. Les plans de mobilité existants A défaut d’avoir mis en œuvre une mobilité durable comparable à celle qu’on trouve par exemple en Suisse et dans les Pays Scandinaves, la Belgique est coutumière de l’élabora- tion de multiples plans de mobilité (régionaux, provinciaux, communaux, métropolitains et autres découpages territoriaux) qui, souvent peu concrets et peu ambitieux, sont très moyennement mis en œuvre. Il serait sans doute hasardeux et inutile d’en faire l’inventaire exhaustif et nous nous bornerons à énoncer ceux qui sont en vigueur ou en préparation immédiate dans les trois Régions : En Flandre, le Gouvernement a lancé depuis des années un long processus d’élaboration d’un « Mobiliteitsplan » mais, à ce jour, le projet existant n’a pas encore été approuvé. Il est à espérer que le Gouvernement sorti des élections de mai 2019 aura à cœur de finaliser un Plan qui doit servir de balise et de cap pour tous les acteurs de la mobilité en Flandre et ailleurs. La Wallonie s’est dotée d’une vision dite Fast (« Vision de la mobilité wallonne d’ici 2030 » approuvée le 26 octobre 2017) et d’un Plan de mobilité et Infrastructures 2019- 2024 approuvé par le Gouvernement en fin de législature (11 avril 2019). A Bruxelles, qui est considérée comme la ville la plus embouteillée de Belgique, le gouver- nement Vervoort a approuvé en première lecture le 4 avril 2019, à l’initiative du Ministre P. Smet, un projet de Plan Régional de mobilité baptisé « Good Move ». Ce document est ambitieux et concret, tant en termes stratégiques qu’opérationnels. Il devrait l’être encore plus si le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale (RBC) devait inclure les nombreuses promesses faites en matière de mobilité lors de la campagne électorale. Res- tera ensuite à trouver les ressources nécessaires pour réaliser tous les projets envisagés. A noter que le Gouvernement fédéral a tenté ces derniers temps de bâtir avec les Régions une vision interfédérale de la mobilité à l’échelle du pays, cherchant par ce biais à favoriser la coordination intégrée des politiques régionales. Ce plan n’a pas encore abouti.
4. Renforcer le rôle des réseaux ferrés pour favoriser le modal shift 5 et pour en tirer le bénéfice sociétal maximum 4.1. Optimiser les réseaux existants 4.2. Les courtes distances
Renforcer le rôle des réseaux ferrés 19 4.1. Optimiser les réseaux existants 4.1.1. Le chemin de fer belge La Belgique dispose d’un réseau de chemin de fer d’une densité rarement égalée et la finalisation du RER ne fera que renforcer cette situation. Son état technique est globa- lement satisfaisant et en voie de large amélioration, grâce au Plan ERTMS6. Néanmoins, il rencontre aujourd’hui des problèmes importants de capacité, de ponctualité et de robustesse, notamment en raison de la sous-capacité de la Jonction Nord-Midi. C’est pourquoi son exploitation (système de lignes) doit être revisitée pour tendre vers ce qu’elle aurait pu être depuis longtemps, à savoir un réseau de type « métro ». Ce système vise à privilégier une exploitation du réseau en corridors ou sous-réseaux. Ceci demande une révision progressive des dessertes (lignes) répondant à l’essentiel de la demande. L’objectif est de favoriser la systématisation et la lisibilité de l’offre, la desserte de et vers les grands centres urbains du pays, l’augmentation des fréquences de passage et le cadencement des horaires de train. Il existe dans les cartons de la SNCB et d’Infrabel de nombreuses études qui plaident en faveur de ce type de réseau. Une grande source d’inspiration peut également être trouvée dans les succès engrangés en la matière aux Pays-Bas, en Suisse et en Autriche depuis 20 ans au moins. Ces réflexions doivent servir de base à un Plan de Transport répondant aux besoins. 5 Modal shift ou transfert modal : modification des parts de marché des différents modes de transport entre elles. Le plus couramment utilisée dans le sens de la promotion des alternatives à l’automobile et au camion. 6 European Rail Traffic Management System (ERTMS) : système européen de surveillance du trafic ferro- viaire visant à réaliser l’interopérabilité au sein de l’UE et à améliorer la sécurité du réseau ferroviaire. Il présente également l’avantage de réduire les charges d’investissements et d’entretien des instal- lations fixes (par exemple, les signaux), d’augmenter la capacité des lignes et d’améliorer la vitesse moyenne des circulations.
20 Le transport public ferré Noeuds de correspondance en Suisse Schafhausen Kreuzlingen Basel Romanshorn 30’ 30’ Zürich 30’ 30’ Delémont 30’ Winterthur St Gallen Olten 30’ 30’ 60’ Biel/Bienne 45’ 60’ 60’ Bern Sargans Luzern 60’ 120 ’ Chur 60’ Interlaken Gothard 30’ 60’ Lötschberg Lausanne Visp Genève 90’ Lugano (après miseen collaboration de la NLFA) Milano Noeuds existants ou Nouveau noeud: .00/.30 à réaliser Nouveau noeud: .15/.45 Noeud partiellement formé 60’ Temps systématique (en mn) Source : Feuille Fédérale Suisse (2007)
Renforcer le rôle des réseaux ferrés 21 Un tel redesign qui vise à simplifier le système pour en systématiser et industrialiser son fonctionnement, présente l’avantage substantiel de limiter les investissements d’in- frastructures requis (essentiellement destinés à la simplification des nœuds ferroviaires) et de permettre d’augmenter la capacité du réseau de 40% environ7, tout en assurant une meilleure ponctualité (élargi au concept plus moderne de robustesse8 de la grille horaire et du schéma d’exploitation). Outre l’achèvement des lignes du RER, il existe évidemment quelques missing links çà et là sur le territoire du Royaume et ces investissements ne doivent pas être négligés à terme (100km de voies ont été construits durant la dernière législature). Mais, à court et moyen termes, l’essentiel de l’effort devrait être concentré sur l’optimisation de l’ex- ploitation des infrastructures existantes. En voici deux autres exemples concrets au-delà de la révision du système de lignes : • L’utilisation des technologies d’automatisation de la conduite des trains devrait éga- lement permettre d’augmenter la fréquence des circulations. Cette automatisation est déjà une réalité dans de nombreux pays (surtout pour le métro mais également en Asie pour les trains de fret) et a montré son efficacité même si, en raison de la complexité du réseau belge, ce ne sera sans doute jamais généralisable à toutes les lignes. • Face au problème récurrent du maintien des petites lignes dont la fréquentation est faible par rapport aux coûts d’exploitation, plusieurs options doivent être envisagées avant de prendre la décision radicale de les faire disparaître. Parmi elles, la réduction des coûts par l’abandon de l’électrification traditionnelle et le recours à des trains dotés de traction « propre » pourrait être envisagée. 7 Etude Phoenix, 2009, Infrabel 8 La robustesse est la capacité d’une grille horaire à résorber un retard isolé (incidents, travaux courants…) par de la marge (différence entre la marche tracée et la marche la plus rapide dont le train est capable, usuellement 5 à 9% selon le type de trains) et par l’instauration de sillons de respiration (sans circulation de train) régulièrement positionnés.
22 Le transport public ferré Le succès de fréquentation aux Pays-Bas Interview de M. Bert Meerstad, ancien CEO des Nederlandse Spoorwegen (NS) Lorsque j’ai rejoint le board de NS, le problème principal que nous rencontrions était le manque de trains parce que le Gouvernement et NS étaient en discussions difficiles quant à la garantie de bonne fin de nos acquisitions de nouveau matériel roulant. Depuis longtemps, une des meilleures compétences de NS était la planification et la construction des horaires. Nous connaissions depuis un moment le cadencement inté- « Notre vision à gré de nos trains, mettant en exergue l’importance de la logistique lorsqu’il s’agissait terme était à la de coupler et découpler des trains pour maintenir le maximum possible de liaisons de fois de changer point à point. les horaires de fa- Lorsque je suis devenu CEO de NS, notre vision à terme était à la fois de changer les çon systémique, horaires de façon systémique et d’augmenter le nombre de circulations. d’augmenter le Aujourd’hui, sur certaines lignes Intercities (IC) comme celle entre Amsterdam et Eind- nombre de circu- hoven, il y a un train toutes les 10 minutes, ce qui a fait exploser la fréquentation de lations et d’utiliser cette ligne. Il faut donc en permanence faire un compromis entre le souhait de nos voyageurs de disposer de liaisons de point à point et la robustesse du système d’exploi- le réseau de façon tation (ponctualité et fiabilité). Dans ce cadre, nous avons réduit de quelques pourcents optimale. » le nombre de lignes directes et bien sûr il y eut beaucoup de discussions à ce propos. Mais en augmentant le nombre de trains, nous avons connu ces dernières années un grand succès de fréquentation et NS ne reçoit d’ailleurs plus aucun subside du Gouvernement néerlandais depuis les années ‘90. A ce propos, nous connaissons aussi à Schiphol un goulet d’étranglement comparable à celui de la Jonction Nord-Midi à Bruxelles. Malgré cette contrainte et les risques de déstabilisation du réseau qui pouvaient en résulter, nous avons réussi la plupart du temps à maintenir un transport ferré de qualité et fiable.
Renforcer le rôle des réseaux ferrés 23 Utilisation du réseau en 2016 et taux de croissance moyen 2011-2016 50.000 LT LV HR 45.000 RO EL EE 40.000 ES Trains-kilomètres/lignes-kilomètres FI 35.000 LU FR DK 30.000 BE BG EU 25.000 IE CZ HU 20.000 UK AT 15.000 NL IT PT 10.000 DE SE SI 5.000 SK PL 0 NO NL UK AT DK LU DE BE IT SI CZ EU FR SE PT SK HU PL NO ES IE LV HR FI RO BG EE LT EL -10% 0% 10% Source : RMMS, 2018 and Statistical pocketbook, 2018
24 Le transport public ferré Vers une nouvelle logique d’exploitation pour plus de fréquence, de lisibilité et de ponctualité Interview de Frédéric Nyssens, ancien Head of Strategy Infrabel Si les problèmes de capacité du système ferroviaire belge sont sans doute en partie conditionnés par quelques « missing links » majeurs (notamment à terme un nouveau double pertuis dans la Jonction Nord-Midi et un deuxième accès au Port d’Anvers), ils le sont surtout par le schéma d’exploitation c’est-à-dire, en quelque sorte, le plan de transport ferroviaire. Celui-ci est un héritage de la seconde moitié du 20ème siècle, « De façon figu- avec la mise en service de la Jonction Nord-Midi (1952) et le Plan IC-IR (’84) qui, malgré rée, l’exploita- ses vertus intrinsèques, a fini par « s’étouffer » lui-même. Ce plan de transport est basé tion actuelle du sur de grandes radiales traversant tout le pays, en étoile depuis et vers Bruxelles, et passant par la Jonction Nord Midi. réseau pourrait être comparée Au cœur de cette jonction, Bruxelles-Central est devenu aujourd’hui un goulet d’étrangle- ment majeur. De façon figurée, l’exploitation actuelle du réseau pourrait être comparée à à la conduite la conduite d’une Rolls-Royce très confortable mais dont l’efficacité peut être améliorée : d’une Rolls-Royce d’une part, il offre de nombreuses liaisons directes avec Bruxelles, mais d’autre part le confortable et an- plan de transport est aujourd’hui structurellement conditionné par le nœud bruxellois de la Jonction et par le Diabolo de l’aéroport. Cela provoque une distorsion majeure cienne mais dont dans le système, avec des phénomènes de surutilisation en son centre en périodes de l’efficacité peut pointe et des sous-utilisations en périphérie, hors pointes. être largement La SNCB et Infrabel s’interrogent donc sur une nouvelle manière d’utiliser le réseau exis- améliorée. » tant. Serait-il possible d’obtenir une meilleure utilisation de l’infrastructure ferroviaire pour faire face à l’augmentation de la demande stimulée notamment par la conscience grandissante des problèmes d’environnement auxquels la société belge doit faire face ? Un audit et une analyse théorique réalisés par un partenaire externe ont été lancés dans ce but et ont permis de mettre au point un scénario « en chambre » dont les résultats apparaissent suffisamment probants pour justifier que nous poursuivions et appro- fondissions la réflexion en ce sens, en y incluant les entreprises ferroviaires et les plus gros acteurs de la mobilité (notamment les sociétés de logistique, les industriels et les autorités et sociétés régionales de transport).
Renforcer le rôle des réseaux ferrés 25 Un tel même redesign exercicequi vise s’impose à simplifier pour lelePort système d’Anvers pouroù en la systématiser part du railetdevrait industrialiser doublerson au fonctionnement, cours des dix prochaines présente années l’avantage pour substantiel le transportde delimiter conteneurs, les investissements accélérant ainsi d’in- le frastructures shift modal souhaitable requis (essentiellement (outre les raisons destinés écologiques, à la simplification notonsdes également nœuds ferroviaires) le fait que et réseau le de permettre routierd’augmenter soit déjà particulièrement la capacité du réseausaturé). deCe40%ouenviron, ces nouveauxtout en schémas assurantd’ex- une meilleure ponctualité ploitation ainsi établis (élargi devraient au concept permettre, plus moderne sans investissement de robustessemajeur, 7 de la grille d’accroître horaire et du schéma d’exploitation). sensiblement l’utilisation du réseau où et quand c’est possible ; c’est-à-dire donc plus de trains aux bons endroits et/ou aux bons moments pour un taux d’utilisation accru, Outrecela tout l’achèvement en cherchant desà lignes améliorer du RER, le service il existeauxévidemment usagers finaux.quelques missing links çà et là sur le territoire du Royaume et ces investissements ne doivent pas être négligés à termela(100km Pour mise endeœuvrevoies d’un ont ététel construits projet, il fautdurant d’abord la dernière s’accorder législature). sur un objectif Mais, clair à court de et moyendes schéma termes, dessertes l’essentiel à atteindre de l’effort à longdevrait terme être et élaborer concentréensuite sur l’optimisation un rétro-planning de l’ex- ploitation des permettant sainfrastructures réalisation parexistantes. étapes successives En voici deux (un autres « big bang exemples » n’étant concrets au-delà pas réaliste) de faire et la révision du systèmeles ainsi bénéficier deusagers lignes : finaux d’améliorations progressives du système d’exploitation. • L’utilisation Quelques des technologies investissements déjà éprouvéestrès localisés, d’automatisation notamment de la conduite pour éviter des cisaillements trains devrait et pour également fluidifierpermettre le trafic dans d’augmenter la Jonction, la fréquence seront très desprobablement circulations. Cette né- cessaires. automatisation Ils contribueront est déjààune la mise réalité en dans placede d’une nombreux structurepaysd’exploitation (surtout pourorganisée le métro en ‘sous-réseaux mais également étanches’, en Asie pour permettant les trainsde deconfiner fret) et a les montré éventuelles son efficacité perturbations même si, au en (seul) raison sous-réseau de la complexité concerné. du réseau belge, ce ne sera sans doute jamais généralisable à toutes les lignes. Dans le même • Face temps,récurrent au problème nous pourrons basculer du maintien desvers un système petites lignes dontindustriel de ‘navettes’ la fréquentation est puissantes faible parentre rapport et autour aux coûts de toutes d’exploitation, les grandes plusieurs villes du options pays,doivent sans que être tout envisagées ne reste concentré avant de autour prendrede Bruxelles. la décisionL’exercice radicale de n’est les pas fairesimple disparaître. et la capacité Parmi elles,à construire la réduction ces sous-réseaux des coûtsemboîtés par l’abandon va requérir de l’électrification de l’intelligence traditionnelle et du talent, etmaisle recours il n’y a pas à des de raison trains que dotés la Belgique de traction ne soit « propre pas capable » (trains deàfaire hydrogènes aussi bien ouque à batteries) la Suissepourrait ou les Pays-Bas, s’avérer une qui ont solution activé un schéma de ce type avec succès depuis près de 20 ans. Cette nouvelle logique d’exploitation, qui peut être comparée à celle des réseaux de métro urbain, permettrait de simplifier l’infrastructure à plusieurs endroits (nombre de liaisons et donc d’aiguillages, importantes sources de dysfonctionnements et de coûts). Elle devrait aussi être globalement profitable aux entreprises ferroviaires, direc- tement 7 d’abord, La robustesse est la par un meilleur capacité d’une grilletaux d’utilisation horaire à résorber undu matériel retard roulant travaux isolé (incidents, et du personnel courants…) de bord, par et indirectement de la marge (différence entreensuite, la marche par une et tracée réduction la marchedu coûtrapide la plus marginal dont lede la redevance train est capable, d’infrastructure usuellement 5 à 9% (rapport audevolume selon le type trains) etde partrains.kilomètres) liée l’instauration de sillons à son intensité de respiration accrue (sans circulation d’utilisation. de Cela permettrait train) régulièrement positionnés.enfin de rendre l’offre beaucoup plus attractive pour les usagers : plus fréquente, plus robuste et plus lisible. Les voyageurs pourraient donc découvrir plus facilement toute la richesse de l’offre ferroviaire au lieu de se limiter aux trajets routiniers quotidiens par méfiance de s’aventurer dans un système peu intuitif et donc relativement difficile à appréhender.
26 Le transport public ferré 4.1.2. Les réseaux ferrés régionaux A. Le métro bruxellois Longtemps, Bruxelles a paru une ville de taille-limite pour justifier l’existence d’un mé- tro. Ces temps-là sont passés : si l’on excepte certaines zones qui restent peu denses, Bruxelles, avec ses 1,2 millions d’habitants et ses 350.000 navetteurs quotidiens a besoin, comme de pain, d’un réseau de métro offrant une meilleure couverture du territoire que le réseau actuel. Dès les années 1960, un plan complet du futur réseau de métro nécessaire avait d’ail- leurs été élaboré. Ce plan peut très probablement servir de base pour définir les lignes complémentaires à envisager dans les 20 ans à venir. Ainsi, la ligne Nord (Gare du Nord vers Haren) dont les études ont été lancées et qui devrait entrer en service en 2031 est une première évidence : traversant les communes de Schaerbeek, Evere et Haren à haute densité de population, les lignes de tramway de surface desservant actuellement ces communes sont à saturation depuis longtemps malgré les fréquences élevées dont elles bénéficient. D’autres zones justifient peut-être d’être dotées d’une ligne de métro : de Simonis vers Grand Bigard dans le Nord-Ouest, vers Uccle et Forest au Sud, à travers Ixelles par exemple. Pour le métro comme à terme pour le train lourd, la technologie de l’automatisation de la conduite des trains va permettre d’augmenter significativement la fréquence des circulations et donc la capacité du système pour un coût bien moindre que celui de la construction de nouveaux tunnels. Les lignes actuelles du métro bruxellois doivent être progressivement automatisées (lignes 1 et 5 en cours). Toute nouvelle ligne devra l’être dès le départ. B. Les tramways- light rails à Bruxelles, en Flandre et en Wallonie Très heureusement, la Belgique n’a pas suivi les pays voisins en démantelant tous ses réseaux de tramway au moment où, dans les années 60, les autorités ont cru que l’avenir de la mobilité passerait uniquement par la route. Si le réseau vicinal a malheureusement disparu à cette époque, les villes de Bruxelles, Gand, Anvers et Charleroi ont conservé et ensuite redéveloppé leur réseau de tramway urbain. Le Tram de la Côte complète brillamment ces réseaux urbains.
Renforcer le rôle des réseaux ferrés 27 Les réseaux de Bruxelles (dans ce cas avec le réseau de métro), Gand, Anvers voire Charleroi, bien développés constituent l’épine dorsale d’une offre de mobilité intégrée et sont de ce fait structurants pour les voyageurs. Chacun de ces réseaux devra connaître dans les 20 ans à venir de nouvelles extensions justifiées par le développement des conurbations urbaines. La ville de Liège va dans le même temps se doter d’une première ligne de tramway qui devrait avoir le même effet structurant sur le réseau de transport public de l’agglomération liégeoise. 4.2. Le chaînon manquant : les courtes distances A la lecture du descriptif qui précède, on aura sans doute remarqué que les trajets de moyennes et longues distances sont correctement assurés par le chemin de fer et que les trajets de très courtes distances le sont par les transports publics urbains. Par contre, les déplacements de courte distance (périurbains et ruraux) ne sont pas bien couverts par les modes ferrés et sont pris en charge par les réseaux bus, avec toutes les fragilités que cela implique. Ce chaînon manquant doit absolument être traité si l’on veut favori- ser le modal shift dans ces zones dont le développement n’est pas près de s’arrêter. La création de réseaux RER autour des grandes agglomérations et le recours au light rail 9 pourraient être pris en considération pour offrir à la population une alternative sérieuse à la mobilité individuelle. L’offre de trains S répond déjà en partie à ce besoin de renfor- cement autour des grandes villes. Pour les lignes ferrées à faible fréquentation autour des agglomérations, le recours à des bus type BHN10 voire ensuite autonomes sur les voies de chemin de fer transformées en sites propres devraient également être une option à étudier. 9 Light rail ou métro léger : Forme de transport en commun urbain ferroviaire disposant généralement d’une capacité et d’une vitesse inférieures à celles d’un train ou d’un métro, mais supérieures à celles des systèmes traditionnels de tramway. / Le tram-train est un véhicule dérivé du tramway, apte à circuler à la fois sur des voies de tramway en milieu urbain et sur le réseau ferroviaire, afin de relier sans rupture de charge des destinations situées dans le périurbain, voire au-delà. Le tram-train connaît certaines réussites exemplaires à Karlsruhe, Sarrebruck, Cardiff mais n’a pas les faveurs de la SNCB. 10 BHNS: le bus à haut niveau de service présente les caractéristiques suivantes : une forte fréquence (5 à 10 min en heures pleines et moins de 15 min en heures creuses) avec amplitude horaire élevée (circulation la semaine, en soirée et le week-end), un parcours rationalisé avec un itinéraire intégralement ou par- tiellement en sites propres et un système de priorité aux feux tricolores et aux ronds-points garantie par des aménagements spécifiques, un plancher bas pour faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite.
28 Le transport public ferré LesMultimodalité réseaux de Bruxelleset innovation (dans ce cas avec le réseau de métro), Gand, Anvers voire Charleroi, bien développés constituent l’épine dorsale de l’offre de mobilité et sont de Jean-Pierre ce fait Farandou, structurants pour Président de Keolis les voyageurs. Chacun d’entre eux devra connaître dans les 20 ans à venir de nouvelles extensions justifiées Keolis par exploite le développement des réseaux dedes transport conurbations public dans urbaines. 16 pays La et ville surde 4 continents. Liège va dans Chaque le mêmeannée, temps plussededoter 3 milliards d’une de première voyageurs ligne utilisent de tramway ses services. qui devrait Le Groupe avoirest le même un pionnier effet de structurant la multimodalité sur le réseau et des desolutions transportde public transport de l’agglomération innovantes. Il est liégeoise. aussi le leader mondial de l’exploitation de métro automatique et de tramway. 4.2. Le chaînon Réseau multimodalmanquant à Lille : les courtes distances La Métropole Européenne de Lille (MEL) est un territoire de Territoire de 90 communes A larassemblant lecture du descriptif 1,2 millionquid’habitants. précède, Keolis on auray propose sans douteun nouveau remarqué projet quede lesmobilité trajets de visant « A l’avenir, 75% moyennes à augmenteret longues le trafic distances de 18% (223,7millions sont correctement de voyages) assurés à l’horizon par le chemin 2024.de Pour feryetparvenir, que les trajets Keolis mise de très surcourtes une nouvelle distances offrelefondée sont parsurles unetransports restructuration publicsdu urbains. réseau.ParPlus contre, efficient, d e s h a b i t a n t s les celui-ci déplacements veillerade à garantir courte distance un traitement (périurbains équitableet ruraux) des territoires ne sont pas de labien MEL.couverts Ainsi, 75% de la Métropole pardes les modes habitantsferrés de et la Métropole sont pris enEuropéenne charge par les deréseaux Lille se trouveront bus, avec toutes à proximité les fragilités d’un axe Européenne de quefort cela:métro, implique.tramway, Ce chaînon Lianemanquant (bus) ou TER doit(train absolument régional).êtreDès traité 2019,si le l’on nombre veut favori- de Liane ser (bus le modal à hautshift niveau dansde cesservice) zones dont sera doublé le développement pour formern’estun réseau pas près hiérarchisé de s’arrêter. autourLa de Lille se trouve- création 23 lignes de réseaux structurantes. RER autour De nouveaux des grandes services agglomérations tels que leettransport le recours audemande à la light rail 8ou9 le ront à proximité pourrait covoiturage être prisdynamique en considération verrontpour également offrir à la le population jour. une alternative sérieuse à la mobilité individuelle. Le recours à des bus type BHNS voire ensuite autonomes sur 10 d’un axe fort et les voies Stratégie d’innovation de chemin technique au en de fer transformées Pays depropres sites Galles devraient également être une structurant. » option En mai à étudier 2018, Keolis pour les a remporté lignes ferréesun contrat à faible de fréquentation. 15 ans pour exploiter la franchise Wales & Borders et développer le métro du sud du pays de Galles. Dans ce cadre, le Groupe mise sur de nouveaux véhicules légers sur rail de trois voitures. Dès 2022, Les trains tri- 8 modes Light circuleront rail ou métro légeren modedediesel : Forme au sud transport de Cardiff en commun et en urbain mode électrique ferroviaire vers Caerphilly disposant généralement etcapacité d’une Rhymney, au nord et d’une deinférieures vitesse la capitale galloise. à celles L’utilisation d’un train de cemais ou d’un métro, matériel permettra supérieures à cellesune des électrification discrète, systèmes traditionnels évitant ainsi de remodeler 55 ponts. de tramway. 9 Le tram-train est un véhicule dérivé du tramway, apte à circuler à la fois sur des voies de tramway en Lesurbain milieu trainsetpermettront l’embarquement sur le réseau ferroviaire, à niveau afin de relier et offriront sans rupture la climatisation, de charge des destinationsdes prises situées dansde le courant, devoire périurbain, grands écrans au-delà. d’information Le tram-train connaîtetcertaines de l’espace pourexemplaires réussites six bicyclettes. à Karlsruhe, Sarrebruck, Cardiff mais n’a pas les faveurs de la SNCB. 10 BHNS: le bus à haut niveau de service présente les caractéristiques suivantes : une forte fréquence (5 à 10 min en heures pleines et moins de 15 min en heures creuses) avec amplitude horaire élevée (circulation la semaine, en soirée et le week-end), un parcours rationalisé avec un itinéraire intégralement ou par- tiellement en sites propres et un système de priorité aux feux tricolores et aux ronds-points garantie par des aménagements spécifiques, un plancher bas pour faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite.
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