Les Trappistes dans Dorchester 5 Les ancêtres Marceau 11 Léon Provancher 18 L'hôtel La Belle Françoise 21
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Les Trappistes dans Dorchester 5 Les ancêtres Marceau 11 Léon Provancher 18 L’hôtel La Belle Françoise 21 Vol. 24 - n°3 - été 2012 7$
Au fil des ans - 91 parution e Présentation U ne fois de plus, nos collaborateurs nous entrainent dans des chemins Conseil d’administration nouveaux et variés, faits de curiosités et de surprises, parfois étonnants, président: Jean-Pierre Lamonde, 418 887-3761 lamondej@globetrotter.net jamais inintéressants. Saviez-vous qu’il y a déjà eu des Trappistes dans vice-président: Pierre Prévost, 418 882-3528 l’ex-comté de Dorchester? Et qu’ils ont colonisé, en quelque sorte, l’arrière-comté? pierre.prevost@globetrotter.net trésorière: Gisèle Lamonde, 418 887-3761 Par contre, qui n’a pas déjà entendu parler de La Belle Françoise? Quelle plaisir gisele.lamonde@globetrotter.net de la découvrir de l’intérieur, avec les yeux d’une jeune fille qui y a vécu avec ses secrétaire: Michel Tardif : 418 882-2402 micheltardif@rocketmail.com parents! Lise Fleury-Gosselin: 418 887- 6030 fleuryl@globetrotter.net Le patrimoine bâti, celui d’hier comme celui de demain, sa conservation et sa mise Réjean Bilodeau: 418 789- 3664 Réjean.bilodeau@promutuel.ca en valeur occupent un bel espace dans le présent numéro. Un détour du côté de Paul St-Arnaud: 418 884-4128 paulst-arnaud4@gmail.com la littérature attirera l’attention de nos lectrices et lecteurs, à n’en pas douter. Yvan De Blois: 418 883-3056 ydeblois@globetrotter.net Le prochain numéro de Au fil des ans devrait nous permettre de lire une autre Conrad Paré: 418 887-3238 Conpar@globetrotter.net page de la vie politique en Bellechasse, cette fois-ci, au cours du 20e siècle. Claude Gignac: 418 789-2990 Amateurs d’histoire régionale, de patrimoine et de généalogie, nous comptons claudegignac@hotmail.ca Membres d’honneur sur vous pour enrichir les futurs numéros. Les résultats des travaux d’inventaire du 0006 André Beaudoin 0008 Claude Lachance patrimoine bâti de Bellechasse de l’équipe dirigée par Pierre Lefebvre devraient 0016 Fernand Breton 0019 Benoît Lacroix 0038 Claudette Breton vous fournir de la matière pour des années à venir. Consultez le site de votre 0162 Charles-Henri Bélanger 0131 Conrad Paré société : http://shbellechasse.com Territoire Armagh, Beaumont, Buckland, Honfleur, La Durantaye, Saint- Bonne lecture. Anselme, Saint-Charles, Sainte-Claire, Saint-Damien, Saint-Gervais, Saint-Henri, Saint-Lazare, Saint-Léon-de-Standon, Saint-Malachie, Saint-Michel, Saint-Nazaire, Saint-Nérée, Saint-Philémon, Saint- Jean-Claude Tardif Raphaël, Saint-Vallier. Rédacteur en chef Responsable de la publication: Société historique de Bellechasse Rédacteur en Chef : Jean-Claude Tardif (jc.tardif@videotron.ca) Équipe éditoriale : Pierre Prévost, Claude Gignac, Jean-Pierre Lamonde, Yvan de Blois et Conrad Paré. Inscription et renouvellement : Lise Gosselin Révision des textes : Louise MacDonald Conception graphique : Julien Fontaine - julien.fontaine278@gmail.com Présentation 2 Je me suis construit une ancestrale 25 Couverture: Magnifiquement restaurée par Peter Stanford, cette maison du 18e siècle, située au 183 chemin de l’Anse à Au fil des mois 3 Inventaire du patrimoine bâti de Bellechasse 27 Saint-Vallier, est habitée par l’artiste-peintre Claude de Lorimier et sa famille. Paul St-Arnaud • Patrimoine mal aimé, menacé… Les Trappistes dans Dorchester 5 • Pierre et Renée - Un destin en Nouvelle- 28 Déjà 150 ans ! France Cotisation annuelle: 25 $ • Jean-Jules Richard, romancier - Originaire de St-Raphaël Adresse postale: 8, avenue Commerciale, Saint-Charles, GOR 2TO Les ancêtres des Marceau de Bellechasse 11 29 Courriel: redaction@shbellechasse.com • Création des paroisses et municipalités en Site Web: www.shbellechasse.com Bellechasse Dépôt légal: Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2006 ISSN 30 Petit vicaire deviendra grand Patrimoine bâti Sommaire D381 079 18 Les textes publiés dans cette revue sont la responsabilité de L’abbé Léon Provancher Deux exemples de belle ouvrage leurs auteurs. Le masculin est utilisé sans aucune discrimination et uniquement dans le but d’alléger le texte. La rédaction se réserve le droit d’adapter les textes pour leur publication. Sauf exception, Au fil des ans est publié L’hôtel La belle Françoise de Beaumont 21 Excursion à caractère historique 31 quatre fois l’an. La Société historique de Bellechasse, incorporée en 1985, est membre de la Fédération des sociétés d’histoire du Québec. 2
Au fil des ans -91 parution e Au fil des mois Par Jean-Claude Tardif • Le 10 avril 2012, la Caisse Desjar- et la production de plusieurs DVD d’Au fil des ans. (Le Progrès de Belle- dins des Seigneuries de Bellechasse mettant en valeur le parcours d’ainés chasse-Etchemins, 27 juin 2012, p. 14). a honoré, à l’occasion de son as- centenaires. (Le Tour des Ponts, 28 mai semblée générale à St-Gervais, les 2012, No 237, p.10). • Le Service des loisirs de St-Vallier et personnes et organismes qui se sont organisé des activités à l’occasion de mérités des honneurs, au cours de la • L’inventaire du patrimoine bâti fait la Fête Nationale, le 23 juin 2012. Ce dernière année. La Société histori- parler à St-Anselme alors que cette municipalité fait partie, avec St- fut l’occasion pour le Comité des fê- que de Bellechasse était du nombre. Elle était représentée par Jean-Pierre Henri, Ste-Claire, St-Malachie et St- tes du 300e anniversaire de St-Vallier Lamonde et Jean-Claude Tardif. Vallier, du grand projet qui touche de procéder au dévoilement du char (Une photo des personnes honorées se tout Bellechasse et doit se terminer allégorique promotionnel ainsi que retrouve dans le Journal de la caisse du en 2012. (« Le patrimoine bâti sera de la chanson-thème qui animera les mois de juin 2012, p.2). ausculté à St-Anselme », dans Le Tour festivités qui se dérouleront du 24 au des Ponts, 28 mai 2012, No 237, p. 34). 28 juillet 2013. (Le Progrès de Belle- • Le 3 mai dernier, la Société histori- chasse-Etchemins, 20 juin 2012, p. 12). que de Bellechasse, sous la plume • Le Comité de restauration de la croix de Pierre Lefebvre qui coordonne de la Montagne de St-Anselme, rap- l’activité, émettait un communiqué pelle les traditions qui ont entouré ce • Sainte-Claire a inauguré, le 24 juin de presse pour annoncer la poursuite site depuis 1930 : escalades, pèleri- 2012, le Parc Taschereau, en l’hon- des travaux d’inventaire du patri- nages et prières du mois de Marie, neur de la famille du même nom moine bâti en Bellechasse. excursions et pique-niques d’élè- qui possédait la Seigneurie Jolliet ves, etc. Cette croix est un bien pa- de 1785 à 1935 et qui a joué un rôle • Le 7 juin 2012, un Bellechassois trimonial qui marque le paysage de marquant dans la création de la mu- originaire de St-Philémon et fonda- Bellechasse sur ce flanc ouest de la nicipalité, au début des années 1800. teur des Ameublements Tanguay, Montagne. Elle attire l’attention des (Le Progrès de Bellechasse-Etchemins, Monsieur Maurice Tanguay, recevait voyageurs et demeure un lieu de l’Ordre national du Québec, soit la rencontre. ( Le Tour des Ponts, 28 mai 4 juillet 2012, p.11). plus haute distinction dans la provin- 2012, No 237, p. 15). ce. Depuis 1985, L’Ordre national • Le Comité de la restauration de la est décerné chaque année à des gens • L’historien Jean Provencher a donné croix de la Montagne de St-An- d’exception qui se sont illustrés dans une conférence à St-Léon-de-Stan- selme ameute la population locale l’une ou l’autre des sphères d’activi- don, devant une soixantaine de per- quant à l’état de détérioration de la té de la société québécoise. (Le Soleil, sonnes, le 3 juin 2012, dans le Musée croix et à la repousse de la végéta- 29 mai 2012, p. 37). les Espaces Mémoires. Il s’est entre- tion qui affecte la visibilité du site. tenu avec l’assistance sur le thème (« L’usure du temps », dans Le Tour • Le 23 mai 2012, Le Journal de Lévis « Les saisons en 1900 ». (La Voix du rendait compte de la dernière étape Sud, 30 mai 2012, p.26 et informations des Ponts, 25 juin 2012, No 238, p. 37). des travaux d’inventaire du patri- de Jean-Pierre Lamonde). • L’église de St-Charles est la premiè- moine bâti en Bellechasse qui seront re dans Bellechasse à être convertie à menés au cours de l’été 2012 (« Le • Le 17 juin 2012, une messe commé- patrimoine bâti sera ausculté dans cinq morative s’est tenue à Ste-Claire, en la géothermie. Cette forme d’énergie municipalités », dans Le Journal de Lé- présence d’une délégation de Ste- devrait permettre des économies de vis, 23 mai 2012, p. 3). Justine. Elle a permis de souligner le 66%. La municipalité et Hydro-Qué- départ des premiers Pères Trappistes bec assument une partie des frais. • Dans le cadre de la Semaine de l’ac- qui ont quitté St-Claire pour aller Selon le président de la Fabrique, tion bénévole, Yves Turgeon, prési- s’établir à Ste-Justine. L’événement Jean-Pierre Lamonde, la géothermie dent de la Société du patrimoine de a été organisé par les présidents des s’avère une solution économique St-Anselme, a été honoré pour son sociétés du patrimoine de Ste-Justine, qui permettra d’assurer la survie des engagement et ses actions de pro- Ghislain Royer, et de Ste-Claire, Ma- tection et de mise en valeur du pa- rio G. Fournier. Yvan DeBlois a en- églises « dans un contexte où nous trimoine local, notamment la croix tretenu les participants sur l’histoire sommes de moins en moins nom- de la montagne, la croix de chemin des Pères Trappistes dont on trouve- breux à payer et (là) où il ne sera pas de la rue Ste-Anne, les Fêtes du 175e ra le contenu dans le présent numéro possible de les conserver, cela rendra 3
Au fil des ans - 91 parution e nos bâtiments plus attrayants pour gue Napoléon Déry de St-Michel. ans de vie religieuse avec les Domi- les gens du milieu ou les promoteurs (Le Progrès de Bellechasse-Etchemins, nicains, le 4 août dernier. Il aura 97 qui souhaiteront les préserver et les 11 juillet 2012, p. 16; La Voix du Sud, 18 ans en septembre. « Je me sens libre. transformer. » (Le Progrès de Belle- juillet 2012, p.8). Je n’ai pas de réputation à sauver. J’ai envie de dire ce que je pense. chasse-Etchemins, 27 juin 2012, p. 5). • Les villages de Saint-Michel et de L’âge nous impose une liberté ». Saint-Vallier font dorénavant par- • Les résidents de St-Léon-de-Standon tie de l’Association des plus beaux Le 22 avril dernier, à l’occasion du et d’ailleurs peuvent maintenant par- villages de la Terre… rien de moins. Jour de la Terre, il a participé à la courir un circuit patrimonial au cœur L’Association des plus beaux villa- grande marche dans les rues de Mon- de la municipalité d’une longueur de ges du Québec et son réseau de 35 tréal. « Je suis allé au bout de mes 1,8 km. Appelé « À pas contés », il villages exceptionnels ont été re- forces. 3 heures de marche… Je n’ai est composé de 12 destinations com- connus lors de l’Assemblée géné- pas regretté ». À propos du conflit portant des panneaux, extraits audio rale de la Fédération des plus beaux étudiant, il dira : « Tout est à repen- et vidéo et des photos anciennes. villages de la Terre qui a eu lieu à ser. Les étudiants sont là pour nous le Françoise Bourgeault, membre de Gordes (Vaucluse) France du 6 au 8 dire, à leur manière. C’est un avertis- la Société historique de Bellechasse, juillet. Cette fédération regroupe, en- sement qui est donné à tout le mon- est une cheville ouvrière de ce projet, tre autres, les plus beaux villages de de, et c’est pour ça que les jeunes me avec Marc Genest, chargé de projet, France, Italie, Wallonie (Belgique) et fascinent. » Voilà ce qu’il a déclaré le tout chapeauté par la Société histo- Japon. (http://www.lavoixdusud.com 11 à la journaliste du Devoir, Amélie rique de Saint-Léon. (La Voix du Sud, juillet 2012). Daoust-Boisvert (6 août 2012, p.1). 4 juillet 2012, p. 1; La Progrès de Belle- • Le concours du Calendrier de la col- chasse-Etchemins, 4 juillet 2012, p. 6). • La découverte de la cage de la Cor- lection Bellechasse est lancé par la riveau ravive le doute sur sa culpa- • Le festival de chant choral de St-Mi- MRC de Bellechasse, sous la respon- bilité. C’est ce que nous révèle un chel qui s’est tenu du 7 au 9 juillet sabilité de son agent culturel, Claude article du Peuple Lévis, signé Dia- 2012 a été l’occasion de deux acti- Lepage. Les artistes-peintres sont ne Tremblay, Agence QMI (8 août vités sur le patrimoine. La première invités à soumettre leur œuvre avant 2012, p. 27) et un autre du Journal d’Yves Laframboise a consisté en le 14 septembre. Ce calendrier vise à de Lévis signé Érick Deschênes, une visite guidée du patrimoine bâti mettre en valeur le patrimoine du ter- (8 août 2012, p. 2). On fait état que de St-Michel. La seconde a permis ritoire de la MRC. (Le Progrès de Belle- la Société d’histoire régionale de Lé- à Gaston Deschênes de présenter chasse-Etchemins, 18 juillet 2012, p. 15). vis aurait retrouvé au Peabody Essex une conférence intitulée « La Côte- • Les 28 et 29 juillet 2012, une dizaine Museum de Boston la cage de fer qui du-Sud à l’heure de la guerre de la d’artistes ont élu domicile au cœur du aurait servi à l’exposition du corps conquête. » (Le Progrès de Bellechas- village de St-Léon-de-Standon pour de la Corriveau en 1763 au coin se-Etchemins, 25 juillet 2012, p. 14). peindre des éléments du patrimoine des rues St-Joseph et de l’Entente bâti. Certaines de leurs œuvres sont à Lévis. Érick Deschênes écrit ceci. • Québec, via le Conseil du patrimoine « La légende s’inspire de véritables religieux, investit 131 185 $ dans le exposées au sous-sol de l’église. (Courriel de Françoise Bourgault, 23 faits historiques étant survenus lors patrimoine religieux bellechassois. du début du régime britannique en Ces sommes serviront à la restaura- juillet 2012). 1763. Après un procès qui a fait du tion de la toiture, du parvis et du re- • Le père Benoît Lacroix, originaire bruit dans l’ancienne colonie fran- vêtement extérieur de l’église de St- de St-Michel et collaborateur de la çaise, Marie-Josephte Corriveau Charles et à la restauration de l’or- revue Au fil des ans, a célébré 75 de Saint-Vallier-de-Bellechasse est finalement condamnée à la pendai- son pour le meurtre de son second mari. Pratique populaire en Angle- terre, les Britanniques exhibent dans une cage le corps de la condamnée à Lévis durant un mois, semant l’épou- vante dans la population lévisienne créant par le fait même la célèbre légende. » L’année 2013 serait l’oc- casion de célébrer, à St-Vallier, le 250e anniversaire de la pendaison de la Corriveau et le 300e de la création de la paroisse. 4
Au fil des ans -91 parution e Les Trappistes dans Dorchester Déjà 150 ans ! par Pierre Prévost et Yvan De Blois Nos lecteurs connaissent sans Claire devenu principal de l’École doute le célèbre fromage « Oka», la normale Laval; Edmond-Charles- poule «Chantecler» ou le chocolat Hyppolite (1824-1889), secrétaire des Trappistines. Ces fruits de à l’archidiocèse de Québec, et l’agriculture ont été élaborés par un Hector-Louis (1826-1906), ancien ordre monastique originaire d’Europe maire de Québec, maintenant qui a essaimé un peu partout dans le député libéral-conservateur à la monde. Sous l’initiative du curé de Chambre d’Assemblée du Bas- Sainte-Claire, le Canada-Est reçoit ses Canada pour la circonscription de premiers Trappistes en 1862. Dorchester. Ces terres orphelines jugées favorables à la culture par l’arpenteur Casgrain doivent être distribuées Extrait de la carte indexée de la Province de pour être mises en valeur. À cet effet, Québec, Cie Scarborough, 1916. François Rouleau, notaire et maire de Cette généreuse assistance offerte par Sainte-Claire, reçoit le titre d’«agent l’abbé Mailloux permet au révérend des terres» de la Couronne. Aidé de Louis-Théodore Bernard de prendre son fils Édouard, il règle les actes quelques moments de répit, sa santé de concession du lointain township étant fragile. L’entreprenant curé Langevin au prix de 30¢ l’acre, chaque profite de l’occasion pour faire une terrain comptant 104 acres au total dont incursion à l’archevêché dans le but quatre sont réservés au Gouvernement avoué d’installer quelques moines (une acre équivaut à un carré d’un dans le township Langevin. Notre bon peu moins de 220 pieds de côté). curé avait été informé par monseigneur Autre personnalité de Sainte-Claire, Pierre-Flavien Turgeon, qu’un brave le major Joseph Fournier, qui est un À force de croisements, les Trappistes d’Oka ont créé la race «Chantecler», une volaille rustique destinée à la ponte et à la chair aujourd’hui reconnue comme élément du Patrimoine agricole grand ami de Hector-Louis Langevin, du Québec. Photo 1926, auteur inconnu. vient d’être nommé «conducteur de chemins». Il a le mandat de veiller à Le township Langevin la construction, à la surveillance et Au début de 1860, le comté de à l’entretien d’une route conduisant Dorchester déverse ses colons au township Langevin depuis Saint- dans les townships de Frampton, Léon-de-Standon. Standon, Cranbourne et Ware. Le 14 septembre 1861, le Gouvernement Un curé et son projet confie l’exploration de la vaste En ce printemps 1862, il y a de la grande étendue restante qui jouxte la visite à Sainte-Claire en la personne du frontière canado-américaine à grand vicaire Alexis Mailloux. Apôtre l’arpenteur Pierre-Amable-Eugène de la tempérance, l’austère révérend Casgrain. Ce township est érigé Mailloux (1801-1877) avait fondé la le 4 mars 1862 sous le nom de Société de la croix noire en 1841 pour Langevin, une famille dont les aînés contrer les méfaits de l’alcoolisme et rayonnent tant sur le plan politique s’implique depuis dans la colonisation que religieux: Jean-Pierre-François et le développement des cantons des Le curé Louis-Théodore Bernard en 1854. Photo (1821-1892), ancien curé de Sainte- hauts du comté de Bellechasse. Archives paroissiales de Sainte-Claire. 5
Au fil des ans - 91 parution e moine trappiste d’origine belge, le curé Bernard, l’arpenteur Casgrain son supérieur à sa cause. Chose Père André Leyten, voulait fonder avait recommandé dans son rapport faite, il quitte Rochefort le 10 mai un premier monastère dans ce qu’on du 15 février 1862 qu’on y construise 1823 en compagnie de cinq moines appelait encore le Bas-Canada. la future église, vu son élévation par à destination de la Nouvelle-Écosse rapport aux autres lots. pour fonder le monastère de Petit- En avril 1862, tous les initiateurs Clairvaux. du projet de Trappe se rencontrent Ces moines de l’ordre cistercien de à l’archevêché de Québec. Ayant la stricte observance, communément Faute de recrutement dans les particulièrement à cœur la cause, le appelé trappistes, ont un mode de vie environs de la Trappe, le père Vincent dévoué curé Bernard suggère à Mgr très strict basé sur la prière et le travail de Paul écrit le 28 janvier 1836 à Mgr Turgeon et aux trois frères Langevin comme le dicte leur devise «Ora et Turgeon, coadjuteur de l’archevêque de l’imiter en donnant chacun un lot labora». Leur exténuante journée de Québec, pour lui demander la de terrain pour l’établissement d’une qui commence aux alentours de deux permission d’aller s’établir dans son colonie de trappistes, proposition heures du matin est ponctuée de archidiocèse. Le Séminaire de Québec qu’ils acceptent tous. Le 31 mai 1862, moments de prière, de louange et de consent alors à céder aux moines les onze billets de location sont émis par lecture spirituelle. Ils vivent retirés du lots boisés de Saint-Joachim, sur la l’agent du ministère de la Colonisation. monde et font les vœux de chasteté, de côte de Beaupré, avec les bâtiments Ces lots du rang IX portant les numéros pauvreté et d’obéissance. De plus, ils qui s’y trouvent, mais Mgr Turgeon successifs de 14 à 25 sont attribués prônent le silence et communiquent désapprouve le projet : «J’avoue que à Lazare Royer, François Rouleau entre eux par signes, n’étant autorisés à si vous étiez 25 ans plus jeune et aviez (notaire, maire et agent des terres), parler qu’en cas d’extrême nécessité. une douzaine de compagnons capables Jean-Baptiste Fortier (marchand), Petit-Clairvaux, Nouvelle-Écosse d’affronter le travail immense que Thomas Fournier, Marcien Fournier Chassés de la France lors de la demanderait une fondation ici, je vous (meunier), son fils Joseph Fournier Révolution, les moines trappistes presserais de venir sur notre territoire (meunier), le major Joseph Fournier, s’apprêtaient à y retourner suite où vous feriez certainement beaucoup Joseph-André Leyten (le Père André), au départ de Napoléon Bonaparte. de bien.» N’ayant pu mener à terme Michel Bernard, Louis-Théodore Mais l’un d’eux, le Père Vincent de sa fondation, le Père Vincent de Paul Bernard (curé) et Edmond Langevin. Paul Merle, était demeuré dans cette finit par s’éteindre en janvier 1853 à Au cours de cette période, le Père terre d’accueil qu’est l’Amérique l’âge respectable de 84 ans. André Leyten s’installe au presbytère avec quelques autres religieux, le Durant le carême de 1859, arrive à de Sainte-Claire, le 1er mai 1862, afin temps de régler les affaires de la Tracadie un autre contingent de moines de préparer l’implantation de son communauté établie à New York. Il belges parmi lesquels se trouvent futur monastère dans le township finit par s’embarquer pour l’Europe, le Père Joseph-André Leyten et le Langevin. mais, profitant d’une escale à Halifax religieux de chœur François-Xavier C’est dans cet esprit de générosité pour faire quelques achats en ville, le de Brie. Dès l’instant, le Père André que les propriétaires des terrains moine constate à son retour au quai Leyten manifeste le désir de s’éloigner mentionnés se réunissent chez le notaire que le navire est parti sans lui, emporté et d’aller fonder un monastère au François-Xavier Blais, le 24 juin 1862, par un vent favorable. Seul à Halifax Bas-Canada. Il tente l’aventure à dans le but de se départir de leurs lots en cet automne 1814, il décide de se Montréal, mais, faute d’appuis, au profit de la Trappe du Saint-Esprit. lancer dans le ministère des âmes. doit rentrer penaud à Tracadie. Le Lors de cette rencontre, les détenteurs Au printemps de 1818, il découvre 26 décembre 1861, le supérieur de de billets de location des lots 14 à 21 près de Tracadie un terrain propice à Petit-Clairvaux écrit à monseigneur renoncent à leurs droits et cèdent les l’établissement d’un monastère. Sans Charles-François Baillargeon, 800 acres de terrain à la Corporation tarder, il achète le terrain de 300 acres, coadjuteur de l’archevêque de Archiépiscopale Catholique Romaine mais il lui manque les moines que son Québec, pour lui demander si le temps de Québec pour l’installation des supérieur refuse d’envoyer. En 1823, n’était pas venu de réaliser les désirs moines. Incidemment, le lot le plus sur l’avis de Mgr Plessis qui tient à du défunt Père Vincent de Paul. Le 16 éloigné, au numéro 14, est choisi établir les Trappistes dans le Bas- janvier 1862, Mgr Baillargeon répond pour l’érection du futur monastère. Canada, le Père Vincent s’embarque favorablement au Père Jacques, mais Quant au 24e lot que se réserve le pour la France dans le but de gagner évoque les difficultés que présentent 6
Au fil des ans -91 parution e les défrichements des terres au ciel et la protection de saint Jean- roues pour prendre le tombereau. Le Canada. Baptiste sur cette grande entreprise pire n’était cependant pas encore fait, si religieuse et si nationale en même car depuis le Lac Etchemin jusqu’au Fort de l’appui de ses homologues temps. M. le curé bénit au nom de lieu de destination, c’est-à-dire treize cette fois, le Père André quitte son Dieu les courageux religieux qui, ou quatorze milles, il fallait s’enfoncer monastère le 21 février et rejoint à l’exemple de saint Jean-Baptiste, à pied dans la forêt vierge où les Montréal. Les Sulpiciens y possèdent allaient s’enfoncer dans les bois pour seuls sentiers étaient ceux des bêtes encore plusieurs terres et lui offrent un y établir le règne de Jésus-Christ, et sauvages. Par conséquent il fallut terrain situé au nord du lac des Deux tous les généreux paroissiens de Ste- porter sur son dos les provisions et les Montagnes, à Oka. Les conditions claire qui allaient leur prêter secours bagages de première nécessité. Une posées ne lui convenant pas, il décline pour le défrichement et les nouvelles dizaine d’hommes accompagnèrent l’offre et arrête à Québec au retour, bâtisses de première nécessité. Au les religieux jusqu’à leur terrain et seconde alternative de son rêve de sortir de l’église, après avoir exprimé s’y établirent pour une semaine afin fondation. Rendu à l’archevêché, leur reconnaissance à M. le Curé, ils d’aider au défrichement; la semaine il reçoit un accueil chaleureux et, montèrent dans les voitures qui leur suivante une dizaine d’autres venaient par l’occasion, rencontre notre curé étaient offertes, et furent escortés remplacer les premiers et étaient à Bernard qui y séjourne. À bout de jusqu’à l’extrémité du village par une leur tour remplacés par d’autres la ressources, le moine doit accepter foule de personnes et par plus de 200 troisième semaine; cela dura un mois l’offre plus que raisonnable du curé de enfants qui conserveront sans doute le environ. Après leur longue journée Sainte-Claire qui lui promet de vastes souvenir d’un si beau jour. Monsieur de marche, les courageux voyageurs, étendues de terrain fertile dans une le curé Bernard et le Père André heureux d’avoir enfin atteint leur contrée passablement isolée. Le Père accompagnèrent quelque temps les «terre promise», durent dormir à la André en fait part à son supérieur qui, religieux en procession, puis rentrèrent belle étoile, car aucun abri ne les satisfait de cette réponse, lui envoie le à Ste-Claire pendant qu’une partie des attendait dans le canton Langevin. Père Placide Gubbels et deux frères paroissiens les conduisaient jusqu’au Mais le courage ne manquait pas à convers, Edmond Ruys et Clément Lac Etchemin, distant de Ste-Claire ces vaillants religieux habitués aux Van Bellegem. Les trois moines d’environ 10 lieues et en ramenèrent austérités de la vie cistercienne. Aussi, s’embarquent sur le Lady Head à les charrettes. De Ste-Claire à St- dès le lendemain, ils commencèrent à destination de Québec le lundi de la Malachie, la route était encore ce se fabriquer une cabane d’écorce et de Pentecôte de 1862 et, arrivés à bon qu’on pouvait appeler, dans le temps, branches, qui les abriterait jusqu’à la port, logent quelques jours au palais un beau chemin; mais de St-Malachie construction d’un premier monastère épiscopal puis rejoignent le Père au Lac Etchemin, elle n’était qu’un en bois rond…». André à Sainte-Claire. long marécage bordé de bois touffu. Les vivres qu’avaient apportés les La Trappe du Saint-Esprit Même à partir de Standon, on était religieux manquent dès la seconde Le départ pour le Canton Langevin nous forcé de laisser la voiture à quatre semaine, c’est pourquoi les pionniers est raconté d’une façon pittoresque dans le journal Le Canadien, édition du 27 juin 1862, par un citoyen de Ste-Claire qui signe S.F.: «Mardi le 24 juin, fête de saint Jean- Baptiste, patron des Canadiens, les bons religieux qui avaient édifié les paroissiens de Ste-Claire par leur piété si naïve et si sincère pendant leur séjour dans cette paroisse, devaient partir pour leur nouvel établissement. Vers 9 heures, le son de la cloche appelait les fidèles à l’église pour implorer le secours du Cette photo prise en 1892 montre bien la rusticité des 1ers établissements cisterciens au Québec. 7
Au fil des ans - 91 parution e doivent se résoudre à pêcher le poisson qui seront utilisées pour calfeutrer les dans les temps les plus difficiles. […] pour se nourrir correctement. Quant au rustiques bâtiments. Aussitôt après son installation, le Père André, il est demeuré au village Père François-Xavier se lança aussi de Sainte-Claire pour se procurer Le 14 juin 1863, en vertu d’une dans la construction d’un vaste et les choses les plus indispensables ordonnance de Mgr Charles-François beau monastère, capable de recevoir et recueillir les aumônes. Quatre Baillargeon, le monastère de Notre- environ quatre-vingts religieux. Le semaines passent avant que celui-ci Dame de la Trappe de Saint-Esprit bois fut choisi comme matériau, ne se pointe enfin le nez au township peut dorénavant recevoir des novices. mais on y employa de gros troncs Langevin, mais les paroissiens Le 18 juin, les sujets recrutés par le de cèdre équarris, et on n’épargna suspendent soudainement leur aide Père André retenu en Europe arrivent rien pour donner à ce monastère bénévole, car ils ne s’entendent guère à la Trappe. Le 20 juin, le Chapitre se une garantie de solidité et de durée, avec ce personnage trop enclin à la réunit et confirme le Père François- non moins qu’un certain cachet de privation. Ils s’étaient bien aperçus Xavier de Brie dans ses fonctions beauté simple qui faisait l’admiration que les moines étaient exténués et que de supérieur de la Trappe. Aussitôt des gens de Québec et de Montréal l’arrivée du Père André allait miner installé, ce dernier commence la qui venaient le visiter. […] Le Père le peu de courage qui leur restait. construction d’un monastère pouvant Placide servit d’architecte pour cette Aussi, les braves habitants dénoncent recevoir 80 religieux, des travaux qui construction. Il fit le plan, dirigea les la situation au curé Bernard qui en se termineront au milieu de l’année travaux, et allait lui-même choisir avise l’archevêque. Appelé en renfort, 1867. les arbres nécessaires, au milieu de le Père Jacques quitte son monastère la forêt. Le monastère avait la forme de Tracadie accompagné des Pères Dans les premiers jours d’août 1862, traditionnelle d’un vaste quadrilatère François-Xavier de Brie et Maur Ghijs le député bienfaiteur Hector Langevin dont les ailes de côté mesuraient 120 pour dénouer l’impasse. Arrivé le 14 se rend au modeste monastère. Il pieds chacune. Le préau était divisé août 1862, le sage supérieur constate prend note de ce qu’il voit et rédigera en deux cours distinctes, dont l’une rapidement que l’austérité excessive subséquemment un article à propos du servait de cimetière. L’église, dans sa du Père André sapait le moral des monastère que le journal Le Canadien simplicité bien monastique, présentait moines et décide de le remplacer par viendra à publier: un cachet tout particulier; comme le Père François-Xavier qui est à la dans toutes les églises cisterciennes, fois courageux et doué d’un bon sens «…Au mois de juillet dernier, il ne la nef comprenait deux parties dont d’organisation, deux qualités faisant se trouvait dans ce tomwnship aucun l’une était réservée aux frères convers de lui le candidat idéal pour diriger un chemin, il n’y résidait personne; pas un et l’autre aux religieux choristes.». monastère. Le Père Jacques renvoie arpent de terre n’y avait été défriché. donc le Père André en Europe en Au bout de trois mois, un chemin de Au cours de cette période, le presbytère prenant le soin d’écrire à l’abbaye de plus de treize milles de longueur y de Sainte-Claire voit passer plusieurs le retenir et s’installe à Sainte-Justine a été ouvert, un établissement de personnalités du clergé qui s’ajoutent pour six à sept mois le temps de Trappistes y est fondé, quinze à aux habitués des lieux, soient le curé restaurer la maison provisoire. vingt beaux lots de terre y laissent Louis-Théodore Bernard, le vicaire voir des défrichements de plusieurs Frédéric Caron, la sœur du curé Les préparatifs en vue de passer acres chacun, et les Pères Trappistes Bernard et la ménagère Adélaïde l’hiver vont bon train, mais les vivres y ont déjà récolté de belles patates Grenier. sont insuffisants. Grâce aux généreux et des navets qui feraient honneur dons des habitants de Sainte-Claire, à une vieille paroisse. […] Ils y ont Outre l’abbé Guillaume et le Père les moines obtiennent en octobre huit cents acres de terre; ils en ont Tacquet du monastère du Petit- 1862 une pleine charge de choux de au moins 10 acres défrichées, et leur Clairvaux, il faut mentionner Charles- Siam, navets, poireaux et carottes. Le monastère temporaire est une bâtisse Irénée Lagorce, prêtre d’abord chez 30 novembre suivant, cinq voitures en bois de 55 pieds sur 25. […] Ils ont les Clercs de Saint-Viateur, puis quittent à nouveau le presbytère aussi les sympathies des populations chez les Pères de Sainte-Croix, et qui chargées de légumes à l’attention des de Dorchester qui les ont puissamment poursuit désormais son œuvre parmi pères trappistes, puis huit s’écoulent aidés, surtout les habitants de Ste- les Trappistes du Township Langevin avant le transport de bottes d’étoupe Claire, en leur fournissant des corvées depuis 1862. De santé fragile, le Père 8
Au fil des ans -91 parution e Lagorce va s’éteindre au presbytère de paroissiens de Sainte-Claire sont Sainte-Claire le 22 février 1864 et sera de la partie, à commencer par les inhumé dans le cimetière paroissial. frères David-Théodore et Juste Cayouette; ce dernier deviendra le À la toute fin de l’année 1863, le premier maire de Sainte-Justine en curé Bernard se rend en personne à la 1869. Leur frère Joseph-Évangéliste, Trappe pour constater l’avancement habile constructeur, a participé à la des travaux et profite de l’occasion construction du monastère. pour apporter un voyage de planches Selon les vœux des habitants, une d’épinette destiné à la construction chapelle est construite en 1865 par les du bâtiment principal. Quelques soins du père François-Xavier qui en a mois plus tard, soit le 22 juin 1864, la responsabilité. La mission est placée le curé fait appel à la générosité des sous la protection de Sainte-Justine en gens de Sainte-Claire afin d’acquérir reconnaissance de Justine Têtu (1833- Mme Justine Têtu, épouse de l’Honorable Hector- Louis Langevin. Photo Livernois-Bienvenu, de la toile puis la transporter en 1882), épouse du député bienfaiteur BAnQ P560S2D1P617. même temps que d’autres provisions Langevin. En visite pastorale le 14 tions imposées par l’archidiocèse jusqu’au monastère. Du même juin 1868, Mgr Baillargeon y trouve menacent sa communauté, soit souffle, il rappelle à ses paroissiens de 110 communiants dont 22 reçoivent de l’affiliation à une communauté et la toujours arrêter au presbytère avant de ses mains la confirmation. La desserte conservation des titres de propriété « monter » au Canton Langevin pour connaît ensuite un accroissement en fidéicommis par l’archevêque cueillir l’éventuel courrier destiné aux rapide: au 30 septembre 1871, elle de Québec. À quelques reprises, pères Trappistes. compte déjà 330 âmes réparties dans il envoie des requêtes à l’archevê- La mission de Sainte-Justine 71 familles. Cette paroisse obtiendra ché pour l’obtention des titres de Recherchant la solitude et le silence, finalement son érection canonique le propriété, mais les réponses sont les moines sont bientôt rejoints par 6 février 1890, et son érection civile décevantes à chaque fois. Voulant d’autres pionniers. À l’invitation de le 20 mai de la même année. Suivra assurer l’avenir de sa communau- l’influent député Langevin, les colons l’érection municipale le 27 janvier té, le Père François-Xavier se voit s’agglutinent dans les environs du 1892 en vertu des articles 29 à 32 du obligé d’envoyer un émissaire en monastère et en viennent à former code municipal alors en vigueur. Europe à la recherche de quelques une mission secourue spirituellement Avec le temps, le Père François- postulants. Sans argent, le Père par les Pères Trappistes. Plusieurs Xavier constate que deux condi- Placide réussit à joindre l’Europe au commencement de l’automne 1865, mais ne ramène que deux seuls postulants. Au tour du Père François-Xavier de quitter l’Amé- rique, en automne 1869, pour sol- liciter une éventuelle union avec les monastères de Belgique et de France. Il revient bredouille de son voyage, mais, l’année suivante, un second contingent de sept recrues quitte l’Europe pour rejoindre les douze religieux de chœur et la vingtaine de frères convers de la Trappe Saint-Esprit. Le 25 août 1871, le père François- Xavier fait une nouvelle demande plus énergique d’incorporation Plan du monastère par Morisset, d’après Cayouette, L’historien de l’art Gérard Morisset a remanié le dessin esquissé de mémoire par J.-É. Cayouette en 1910. Croquis tiré du livre du 125e de Ste-Justine, p.35. civile à l’archevêque de Québec. 9
Au fil des ans - 91 parution e Mgr Taschereau répond par les mots monastère de Notre-Dame du Saint- des maisons et d’autres bâtiments «Du moment que je serai certain Esprit le 13 du mois, aussi pauvres des environs. 1903 sonne le glas de que la communauté a bonne chance qu’ils y étaient venus. Quatre moines la Trappe alors qu’est détruit ce qui de se soutenir et de se perpétuer, je étaient décédés et reposent dans le petit reste de la maison des étrangers. Dix n’aurai aucune objection à donner cimetière intra-muros du monastère. ans auront suffi à réduire à néant ces terres en pleine propriété aux Trois étaient morts de la tuberculose, le rêve d’un curé de campagne et religieux » et propose comme une maladie qui accable deux autres d’une poignée de moines. solution l’arrivée et le recrutement novices âgés dans la vingtaine. Tout de plusieurs membres, l’affiliation compte fait, il n’y a que deux ou trois Bibliographie et liens utiles du monastère à une communauté Frères qui jouissent encore de quelque nombreuse et fervente, et enfin, santé. Le 22 octobre 1872, les biens - CÔTÉ, André. Fondation de Sainte- Justine de Dorchester (1862-1872), article une règle mieux adaptée au climat constituant la Trappe sont liquidés, inspiré d’une thèse de maîtrise présentée canadien. Pour en avoir le cœur net, un actif évalué à 19 038 $ moins par l’auteur à l’université Laval en 1971 le Père Jacques, supérieur de Petit- une quelconque dette de 568,45 $. intitulée «L’ordre de Cîteaux et son établissement dans la province de Québec Clairvaux, se rend à Ste-Justine, le Les lots qu’occupaient les moines, depuis la Révolution française jusqu’à printemps venu, afin de sonder un de même que les bâtisses, meubles 1935», en ligne. éventuel un projet d’alliance avec la et effets immobiliers, récoltes - DE BLOIS, Yvan. Conférence présentée Grande Trappe. La quarantaine de engrangées, animaux, voitures à l’église de Sainte-Claire à l’occasion du 150e de fondation de la Trappe de Sainte- moines, dont les avis sont partagés, et instruments aratoires qui se Justine, 19 juin 2012. espère une réponse favorable trouvent sur lesdits lots échoient à - MERTON, Thomas. Le signe de Jonas, venant d’une communauté prête Olivier Labbé, cultivateur de Saint- traduction par Marie Tadié du récit à les parrainer, une réponse qui Joseph-de-Beauce, en échange biographique The Sign of Jonas, Éditions Albin Michel, Paris. Ce livre a appartenu n’arrivera jamais. De retour à son de 7000 $ (l’auteur Eugène à Antonia Girard, mère du Père Benoît monastère, le Père Jacques écrit à Rouillard indique un montant de Girard, aumônier des Cisterciennes de Dom Benoît, son supérieur, pour 4000 $ dans l’ouvrage traitant de Notre-Dame-du-Bon-Conseil. lui rendre compte de sa mission. la colonisation dans les comtés de - PINEAULT, Père Jacques. Des jours et des hommes, les Trappistes de Mistassini, Sous l’insistance des moines de la côte du Sud). Cette rondelette 1991. Sainte-Justine, le supérieur de somme sera versée à l’Université - PRÉVOST, Pierre. Texte complémentaire Petit-Clairvaux fait une dernière Laval et à l’Hôpital du Sacré-Cœur sur l’histoire des Trappistes, juin 2012. tentative auprès de l’archevêque. de Jésus de Québec qui devra - ROUILLARD, Eugène. La colonisation, Refusant obstinément de céder aux acquitter fidèlement les messes Dorchester, Bellechasse, Montmagny, L’Islet, Kamouraska, Québec, 1901. Trappistes les titres de propriété et prières prescrites en faveur - SHREPFER, Luke, Rev, o.s.a.. Pioneer de la Trappe du Saint-Esprit, Mgr des bienfaiteurs. De leur côté, les monks in Nova Scotia, New York, 1947. Taschereau se rend directement habitants de la mission de Sainte- Disponible en ligne. sur les lieux pour donner ses Justine conservent la chapelle et sa - VEILLEUX, Dom Armand, o.c.s.o.. instructions. La visite pastorale du sacristie ainsi que les ornements et La Trappe de N.-D. du Saint-Esprit au Québec, 1862-1872, 1962. Disponible en prélat a lieu le 2 juillet 1872. Ne les vases sacrés. Le Père François- ligne. tolérant pas qu’une congrégation Xavier, désormais sécularisé sous - Comité du livre-souvenir. Sainte-Justine, de son archidiocèse traîne des le nom Henri de Brie, continuera à 1862-1987, Imprimerie Appalaches, dettes, Son Excellence supprime la desservir la petite mission et finira Sainte-Justine, 1987. Trappe. Les conditions difficiles, ses jours, complètement aveugle - History of the monastery at Tracadie, Nova Scotia. Disponible en ligne. l’éloignement, le peu de recrues et dans sa dernière année, le soir du - Le Monastère Cistercien-Trappiste de surtout l’insuffisance de moyens 23 mars 1885 après s’être dévoué Notre-Dame du Calvaire à http://www. financiers ont eu raison de la petite à cette charge pendant 22 ans. calvaryabbey.com/francais/ communauté. On l’inhumera dans le chœur de - Monastère Notre-Dame de Mistassini à l’église paroissiale, du côté de http://www.monastermistassini.org/ Fin de la Trappe du Saint-Esprit - http://www.abbayes.net Sitôt la fermeture confirmée, la l’Épître. - Page officielle de l’Ordre Cistercien de la vingtaine de religieux font leurs Le bois provenant de la démolition Stricte Observance. préparatifs de départ et délaissent le du monastère servira à construire - Wikipedia, l’Encyclopédie en ligne. 10
Au fil des ans -91 parution e Les ancêtres des Marceau de Bellechasse Par Fernand Thibault Découvrir la petite histoire des l’île d’Orléans. En 1667, de nouveaux au Conseil souverain de ce pays.(…) Marceau, c’est découvrir l’histoire des recenseurs rapportent encore son nom Ont fait les accords et promesses de nombreuses familles venues de l’ile sans préciser de statut social. François mariage qui ensuivent Cest ascavoir d’Orléans et de la côte de Beaupré Marceau résidait donc en Nouvelle- que ledit Mercereau a promis et pour s’établir dans la seigneurie de France en 1666 et peut-être même promet prendre pour sa femme et Bellechasse à la fin du 17e siècle et avant; néanmoins, c’est surtout son légitime espouze la dite Beaupère au début du 18e siècle. Que l’on se avenir qui fait partie de nos préoccu- comme aussy elle promet prendre nomme Roy, Corriveau, Gautron, pations. pour son mari et légitime espoux le maintenant Larochelle, Hélie le dit Mercereau Iceluy mariage faire Breton, maintenant Breton, Fradette, Le 12 octobre 1671, à Sainte-Famille, et solenniser en face de Nostre mère Asselin, et combien d’autres, nos I.O. François épousa Marie Louise Ste-Églize Catholicque apostolicque ancêtres ont vécu exactement de la Bolper, fille du roi arrivée récemment et Romaine le plustost que faire ce même manière. Plusieurs ont épousé à Québec. Orpheline, âgée de 20 ans, pourra & quil sera advisé & délibérer des filles du roi, ont défriché les terres elle est native de Pont-Tanchefetu2 où Entreux leurs’d parens et amis si de l’île d’Orléans, ont fréquenté les était décédé son père Gilles Bolper Dieu et Nostre’d mère Ste-Églize y mêmes églises, les mêmes notaires, et où vivait sa mère Nicole Lechef. consentent et accordent pour estre les mêmes seigneurs. Ils ont traversé Auparavant, le 10 octobre, le couple les’d futurs conjoints uns et communs le fleuve en canot pour aller se choisir comparut devant le notaire Romain en tous biens meubles acquets & des terres et ont utilisé la goélette Becquet pour y rédiger leur contrat de conquets immeubles du jour le leurs pour transporter leurs possessions. mariage. L’épouse se voit douée par épouzailles a l’advenir suivant la La vie n’était pas facile, mais pour de son époux de la somme de 300 livres coutume de Paris. nombreux Français, elle était meilleure de douaire préfix. Pour sa part, l’épou- se apporte dans la communauté son Ne seront lesd. futurs conjoints tenus que celle qu’ils venaient de quitter trousseau d’une valeur de 300 livres aux dettes l’un de l’autre faites & dans leur pays. Amis de l’histoire et ainsi que 50 livres reçues en cadeau crées avant le futur mariage Ainsy de la généalogie, prenez le temps de du roi Louis XIV avant son départ de ( si) aucun y a seront payées & lire les registres paroissiaux présentés France. acquittées celuy qui les aura faictes & tout au long de ces pages. Prenez créées & sur son bien sera doué lad. le temps aussi de lire les documents (…) Pardevant Romain Becquet No. re future espouze du douaire coutumier notariés, ils sont révélateurs de la vie Royal & furent pr’snt en l’r personne ou de la somme de trois cent livres quotidienne de nos ancêtres. François Mercereau hab. de l’isle de douaire préfix pour une fois payer François Marceau1, fils d’André Mar- d’orléans du costé sud sur lad. isle, & ce au choix de lad. future espouze ceau et de Marie Grand ou Guignand, fils majeur de André Mercereau et Iceluy douaire a prendre & avoir sur vit le jour vers 1642 en Vendée, dans Marie Guignard ses père et mère de le plus beau & plus clair des biens l’ancienne province du Poitou, arron- Thiré, ar. Fontenay-le-Comte, év. dud. futur espoux qui en a dès a pres’nt dissement Fontenay-le-Comté, Thiré, Luçon, Poitou, Vendée d’une part; et chargez & hypothéqué et a led. futur diocèse de Luçon. Nous ne savons Louise Marie Beaupère fille de feu espoux présent lad. future espouse toujours pas en quelle année il tra- Gilles Beaupère et Nicole Lechef ses avec tous ses droits, noms raisons & versa l’Atlantique ni sur quel navire il père et mère de Ponttranchefeu, év. actions quelle a de prs’nt & qui luy voyagea. Au recensement de l’année de Chartres, Eure et Loire, France, pourront eschoir & sy après tant par 1666, il apparaît pour la première fois d’autre part; lesquels de leurs bons succession, donation qu’autrement & comme domestique engagé chez Jean grez & volonte & du consentement de en outre led. futur espoux a reconnu Allaire, le fermier de Claude Guyon l’r parens & amis pour ce assemblez et confessé que lad. future espouze luy de Ste-Famille. Il est alors âgé de scavoir, de dame Anne Gasnier et de a apporté & mis en la communauté 24 ans. À la fin de ce document, on monsieur maistre Jean Bourdon vivan jusqu’à la somme de trois cent livres y trouve une note disant qu’il est un écuyer seigneur de St-Jean & de St- courant don la moitié entrera dans travaillant non engagé demeurant à François procureur général la dite communauté et l’autre moitié 1 Généalogie des familles Marceau, de Pierre Bolduc, Charlesbourg. Ref : Gérard Lebel C.Ss.R, religieux à Ste-Anne-de-Beaupré, décédé en 1996 2 Située à environ 80 kilomètres de Paris. 11
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