LES ANNÉES POP LIVRET D'AIDE À LA VISITE POUR LES ENSEIGNANTS NIVEAU COLLÈGE - MUPOP
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SOMMAIRE Introduction p. 3 1) Proposition de parcours Salle 3 : les bals populaires p. 4 Salle 4 : le virage électrique des années 60, vu d’en France p. 5 Salle 5 : l’ère de la pop music et la naissance des grands festivals - années 1965 à 1976 p. 11 2) Les instruments : de la guitare acoustique à la guitare électrique p. 16 3) Suggestion de questionnaire pour compléter la visite p. 24 Atelier Lestrade Années 80 Pop music Le virage électrique 10 Cornemuses Parcours D 6 musical 3e niveau Atelier Pajot 5 4 Parcours instrumental 8 9 7 Vielles 3 Chambre 1 2 d’ado Début de la 2e niveau Médiation visite Musiques Le bal Fanfares du monde rural et harmonies C Cour 1er niveau Charnisay Rez de rue 11 Parcours 14 instrumental 12 13 Anches 15 libres 16 salle Batteries des Machines Des guitares acoustiques aux guitares électriques Salle de conférences Exposition Bureaux, temporaire B archives Rez de jardin Accueil boutique billeterie Rue Notre Dame Vers la place Notre - Dame Entrée LES ANNÉES POP 2 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
Les années Pop, ou l’émergence d’une nouvelle classe d’âge : les jeunes À la découverte des musiques populaires pendant les Trente Glorieuses Objectifs : Illustré de nombreux extraits musicaux, et à travers un parcours instrumental riche et varié (où les instruments sont mis en scène dans leur contexte culturel, social et politique), les élèves seront amenés à réfléchir à cette question : Comment à partir des années 60, la musique populaire touche toujours plus de monde et devient à son tour un objet de consommation? Au cours de ce parcours, les élèves pourront : • découvrir que ces musiques sont en accord avec l’avènement des loisirs et le développement de la société de consommation d’après-guerre. • découvrir que l’électricité a révolutionné la musique populaire grâce à l’invention de nouveaux instruments de musique tels que la guitare électrique et de nouveaux appareils de diffusion (Teppaz et disques vinyles, juke-box, Scopitone, magnetophone, enregistreur sur bandes). • Découvrir que ces années correspondent à une pratique musicale de masse. La musique et l’histoire : - la musique et son contexte : culturel, social et politique Niveaux envisagés: 4e, 3e et lycée. Compétences développées en lien avec les piliers du Parcours d’Éducation Artistique et Culturelle : Fréquenter (rencontres) : – Découvrir le rôle et les missions des principaux acteurs et lieux culturels de son territoire. – Rencontre avec des oeuvres artistiques et des objets patrimoniaux. – Découverte personnelle d’oeuvres artistiques de cette période (ex : enquêtes personnelles auprès des familles sur les musiques écoutées par les grands-parents). Pratiquer (pratiques) : – Mettre en oeuvre un processus de création (prise d’initiatives, engagement, exercice de sa créativité) – Concevoir et réaliser la présentation d’une production (ex : réalisation d’une installation, montages sonores musicaux en lien avec des créations en arts plastiques) – Utiliser des techniques d’expression artistiques adaptées à une production. S’approprier (connaissances) : – Exprimer une émotion esthétique et un jugement critique (défendre un point de vue en l’argumentant). – Mettre en relation différents champs de connaissances (situer des oeuvres du passé et du présent dans leurs contextes à travers des questionnements transversaux). LES ANNÉES POP 3 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
1) PROPOSITION DE PARCOURS SALLE 3 : les bals populaires Animation de la salle : spectacle sur le parquet de bal (durée 4’) I) Introduction Le bal musette occupe une place centrale au sein des musiques populaires du XXe siècle. Il succède, tout en conservant son nom, au bal à la musette des Auvergnats de Paris de la seconde moitié du XIXe siècle. C’est donc d’abord la petite cornemuse des Auvergnats qui mène le bal : on y danse des bourrées, mazurkas, polkas et scottishs traditionnelles. Mais dans les années 20, la musette sera contrainte à céder la place à l’accordéon des Italiens. En devenant le roi du bal, l’accordéon donnera naissance à un nouveau répertoire dansant : le musette. Portrait du cabretaire parisien Bouscatel, avec sa cabrette (cornemuse). Sons SEM liés aux objets dans la vitrine “Musette” : * Reine de musette par Émile Vacher (accordéon chromatique), 1927. (Cible liée à l’accordéon chromatique Dallape & Figli 2008.13.3). Le musette lui-même évoluera sans cesse, intégrant de multiples influences musicales venues d’ailleurs qui l’entraîneront loin de ses valses et javas primitives : le swing à la fin des années 30, puis le mambo, le cha-cha-cha, la rumba dans les années 50. C’est les débuts du jazz en France avec l’arrivée du swing et de ses orchestres. Exemples de chansons disponibles dans le Juke-box “Swing et jazz” Jazz Le Jazz de Paris, In the mood (1941) Django Reinhardt & Stéphane Grappelli, Ménilmontant (1949) Sidney Bechet et Claude Luter, Promenade aux Champs-Elysées (1951) Variété Swing Jacques Météhen& son orchestre, Machine à écrire swing (1943) Ray Ventura, Qu’est-ce-qu’on attend pour être heureux ? (1938) Charles Trenet, Je chante (1938), Boum (1938) Swing Musette Gus Viseur, Josette (1940) Tony Murena, Milk bar (1942) Gus Viseur, Philipp’s Stomp (1949) Michel Varlop, Sérénade (1935) Charles Verstraete, Honeysuckle Rose (1945) Gus Viseur, Anomalie (1942) Gus Viseur, Anomalie (1942) LES ANNÉES POP 4 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
II) L’heure de la reconstruction Après la Seconde Guerre mondiale, c’est l’effervescence de la reconstruction. C’est l’heure du plein emploi et des progrès technologiques. En ville, le bal règne sur les dancings, les salles de cafés et les places publiques. À la périphérie des villes, il occupe les guinguettes. À la campagne, il vagabonde de villages en villages, en suivant les parquets de bal itinérants des « entrepreneurs de bals ». Ailleurs, on peut aussi faire jouer le phonographe ou allumer le Les passeurs du Bal champêtre à Nogent-sur-Marne. poste de TSF pour danser entre soi. *grâce aux entrepreneurs de bals : voir en salle le parquet monté reconstitué en salle. *grâce aux patrons de dancing : voir en salle le dancing du Lion d’or à Montluçon reconstitué. Au début des années 60, l’arrivée du rock’n’roll et des guitares électriques mettra progressivement fin à 50 ans de règne du bal musette. De gauche à droite : Montage du parquet de bal Meissonnier dans l’Allier. Parquet de bal Rivière dans la région de Châteaumeillant. Collection Gilles Martin. De gauche à droite : Intérieur de parquet monté avec danseurs dans le Cher. Collection Thiaulins de Lignières. « Au Petit Charleston » à Paris, avec accordéon et batterie. Collection André. Pistes de travail avant ou après la visite de cette salle Histoire : Des années folles au Front populaire. Les progrès sociaux. Le développement des voies de communication (voiture, bateau, avion). Musique : Le mélange des cultures (Américains en France lors de la Libération, orchestres de swing). LES ANNÉES POP 5 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
Salle 4 « Le virage électrique » des années 60, vu d’en France ! I) L’électrification révolutionne le quotidien Observer les objets ménagers du quotidien (fer à repasser, aspirateur, pendule, moulin à café électrique...) Observer la mise en scène et en espace de la salle : au centre, observer la grande ampoule de néons en spirale qui se déroule comme un fil conducteur, pour se diriger sur le mur des guitares électriques. Ce « virage électrique », sera l’avènement d’une nouvelle classe d’âge, la jeunesse, et ses loisirs, dont la musique ! En effet, cette électrification va aussi se produire dans la musique, notamment dans l’électrification des modes de production du son : la guitare électrique naît vers 1930 et séduira toute la jeunesse en France entre 1960 et 1964. Tous les jeunes veulent désormais jouer de la guitare électrique. LES ANNÉES POP 6 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
Citer et montrer les marques / pays à partir du «mur» de guitares. Les groupes sont équipés d’abord de guitares françaises (Di Mauro, Jacobacci), suédoises (Hagström), allemandes (Höfner), italiennes (Eko) puis américaines (Fender). Elles occupent désormais le devant de la scène. Leurs amplis de fabrication artisanale de chez Stimer, Garen ou RV sont encore modestes ; mais 4 ou 5 lampes et quelques watts suffisent à prendre « le virage électrique ». Guitare fabriquée artisanalement par Bernard Cognon. On achète sa guitare ou on se la construit soi-même ! Observer les guitares artisanales du mur de guitares ou dans la chambre d’ado (guitare au fond, à côté du clavier électrique). De guitares totalement artisanales, on peut aller aux modèles les plus convoités (guitares américaines Fender, Gibson pour tenter d’approcher le son des «Shadows» par exemple ). Et pour amplifier le son, le poste de radio familial ou un simple tourne-disque suffit ! Le rock’n’roll, venu des États-Unis quelques années plus tôt, déchaîne les passions et devient l’emblème de toute une génération. Cela bouleversera le paysage musical français ! C’est le début de la musique amplifiée et aussi de la diffusion massive, grâce aux nouveaux médias, amenés par l’électricité (radios, télé, disque, scopitone, juke-box...) Guitare Fender modèle Stratocaster, Etats- Unis, 1972. Dépôt de Marc Sabatier. Observer les nouveaux objets diffuseurs de musique : • le petit poste de radio ( générique de SLC « Salut Les Copains » (Chambre d’adolescent, cible n°4). Il permet de diffuser pour le plus grand nombre des émissions musicales en direction de la jeu- nesse qui alléchée par certains titres, aura envie d’en acheter les disques ! La musique devient alors un objet de consommation massif et d’industrialisation ! • le tourne - disque (modèle Teppaz « Os- car ») dans le décor de la Chambre, cible n°7). Au début des années 60, à l’aide de disques vinyles de petits formats (45 tours, conte- nant souvent 2 ou 4 titres) ou grands formats (33 tours, contenant une dizaine de titres), il permet d’écouter ses musiques préférées chez soi ! Tourne-disque modèle Oscar, Teppaz, Lyon vers 1960. LES ANNÉES POP 7 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
• le juke-box (centre de la pièce) Dans les années 50-60, il permet de diffuser de la musique dans les cafés, mais il faut payer pour écouter un titre ! • le Scopitone (centre de la pièce) Au début des années 60, il ajoute de l’image au son, sous la forme de petits films 8 mm ; c’est l’ancêtre du clip ! Juke-box modèle Radar continental 200, Eden-Ami, Scopitone. Camera, Courbevoie, après 1960. France, 1959. II) Pourquoi cet engouement massif pour cette musique appellée Rockn’roll ? 1) De nouveaux appareils permettent une diffusion massive Johnny Hallyday, les Chaussettes noires ou les Chats Sauvages incarnent cette « musique des jeunes », tout comme de très nombreux groupes locaux, imitant la musique de leurs idoles américaines large- ment diffusée par le disque, la radio et désormais la télévision. Liste des comparaisons entre versions originales et versions françaises dans le Juke-box : *Les Pingouins, Cherche / The Coasters, Searchin’ *Johnny Halliday, O Carol (VF) / The Rolling Stones, Carol (VO) *Franck Alamo, Je veux prendre ta main / The Beatles, I want to hold your hand (versions assez proches) *Eddy Mitchell, Comment vas-tu mentir ? / Eddie Cochran, Come on everybody *Johnny Halliday, Le Pénitencier / The Animals, The House of the rising sun *Eddy Mitchell, Rien qu’un seul mot / The Rolling Stones, (I can’t get no) Satisfaction (versions assez proches) *Ronnie Bird, Tu perds ton temps / The pretty things, Don’t bring me down *Hugues Auffray, Cauchemard psychomoteur / Bob Dylan, Another side off (versions différentes) *Les Chaussettes Noires, Repose Beethoven / Chuck Berry, Roll on over Beethoven (texte français amusant) *Les Chaussettes Noires, Eddy sois bon / Chuck Berry, Johnny be good *Les chats sauvages, Est-ce-que tu le sais ? / Ray Charles, What I’d say *Lucky Blondo, Dis-moi oui / Cliff Richard et les Shadows, She say yeah (twist) *Les Chaussettes Noires, Be bop a lula / Gene Vincent, Be bop a lula (binaire pour Eddy / ternaire pour Gene) *Johnny Halliday, Viens danser le twist / Chubby Checker, Let’s twist again *Richard Anthony, Fich’ le camp Jack / Ray Charles, Hit the road Jack *Les Lionceaux, Je te veux tout à moi / The Beatles, I wanna be your man *El Toro & Les cyclones, Vingtième étage / Eddy Cochran, Twenty flight rock LES ANNÉES POP 8 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
2) Les jeunes s’identifient au rock’n roll a) Une façon d’être Pour les adolescents de la première moitié des années 60, cette musique symbolise une rupture avec la musique des générations précédentes. C’est aussi une aspiration à vivre autrement : la guerre d’Algérie vient de prendre fin. D’après le sociologue Edgar Morin, après la “Nuit de la Nation” à Paris en juin 1963, le rockn’ roll devient un phénomène sociologique majeur, qui incarne l’émergence d’une nouvelle classe d’âge : les jeunes. Il les appelle les “yéyés”. L’adolescent yéyé écoute sa musique en 45 tours sur son Teppaz. Il a ses revues: “ Disco Revue ” et “Salut les copains”, émission qu’il écoute aussi sur Europe n°1. Parfois, en regardant “Âge tendre et tête de bois” sur le téléviseur du salon, il se dit que lui aussi monterait bien un groupe de guitares électriques avec des copains. Montluçon n’échappe pas à ce nouveau phénomène. Au début des années 60, trois groupes notoires se formeront : * “les Anges du twist” en 1961. * “les Randger’s” en 1963. Les musiciens ont 15, 16 et 17 ans. Alain Bigatin, guitare, Bernard Cognon, basse, Jacky Pelletier, batterie et Marcel Picodon, guitare rythmique, répètent tous les jeudis dans un appentis au fond d’un jardin de la rue Charles Péguy. Leurs premières guitares sont fabriquées maison, mais quelques bals plus tard, des EKO les remplaceront, accompagnés d’ampli Alfar, achetés en kit chez Cibot à Paris. Ils sont très influencés par le son des Shadows (beaucoup « Les Rand’gers » en répétition à Montluçon. d’effets d’écho et de réverbération) Cible n°1 : “ Apache ” par les Shadows, 1960 (Cible sur la grande photo noir et blanc des Rand’gers). Cible n°3 : Little B par les Shadows, 1960. «Foot Tapper» (répertoire des Shadows), interprété par les Rand’gers en 1963 (cible n°2 située dans la vitrine des Rand’gers). Son particulier, car il s’agit d’un propre enregistrement du groupe, réalisé sur leur magnétophone à bande (vitrine des Rand’gers). Cet objet permet à des amateurs de s’enregistrer lors de répétition pour entendre ce qu’ils produisent, mais la bande magnétique sert aussi de maquette pour envoyer à des maisons de disques, si on n’a assez pas d’argent pour aller enregistrer dans un studio. Magnétophone à bande RA9110 et son micro Radiola, Pays-Bas, 1965. * “ Les Dalby’s ” se forment au milieu des années 60. Ils sont différents des deux autres groupes, car très influencé par le son plus dur des « Rolling Stones ». « Les Dalby’s », groupe formé à Montluçon, 1964-1965. LES ANNÉES POP 9 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
b) Une façon de faire de la musique Les chansons sont plutôt assez simples dans leur structure musicale (couplets/ refrain) et leurs tournures peu virtuoses. Généralement, trois positions d’accords sur la guitare suffisent pour créer une chanson entre copains. Et le tout associé (guitare électrique, guitare basse, batterie et chant) est très vite flatteur. Ces chansons ont souvent des sujets qui s’adressent à la jeunesse : - l’amour (Rock’n’roll attitudes) - retrouver ses amis pour faire la fête, danser. (Le twist / Surprise-party) - l’envie de farniente (Yéyé) - revendiquer, critiquer la société (Vu à la télé) Sélection de films au choix, sur l’écran du Scopitone (ancêtre du vidéo clip) Rock’n’roll attitudes Vince Taylor, Tell me what I’d say Vince Taylor, Twenty flight rock Johnny Hallyday, Je suis mordu Les Chaussettes noires, Fou d’elle Les Chats sauvages, Est-ce que tu le sais ? Yéyé Betty Claire, Scopitone party (publicité pour le Scopitone). Franck Alamo, Sur un signe de la main Françoise Hardy, Tous les garçons et les filles Sheila, L’école est finie Antoine, Élucubrations Claudine Coppin, Le twist du bac Les parisiennes, Il fait trop beau pour travailler Le twist Nancy Holloway, Dum dum twist (son davantage jazz). Danyel Gérard, Petit Gonzales Vince Taylor, Peppermint twist Richard Anthony, Ya ya twist Glenn Jack, Zizi la twisteuse Le slow Johnny Hallyday, L’idole des jeunes Dany Logan et les Pirates, Dany Surprise-party Claude Bolling, Madison time Sylvie Vartan, Locomotion Johnny Hallyday, Boom chez John Johnny Hallyday, Mashed potatoes Vu à la télé Nino Ferrer, Je voudrais être noir (images pas accordées avec le son). Michel Delpech, Inventaire 66 Sylvie Vartan, La plus belle pour aller danser Jaccques Dutronc, Et moi et moi et moi LES ANNÉES POP 10 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
3) Chaque groupe de rock peut tenter sa chance et se faire connaître Il s’agit d’abord de se retrouver entre copains. Le groupe peut aussi être amené à animer des bals, pour faire danser les gens les week-ends, et parfois amener certains jeunes à avoir envie de devenir célèbres. À Paris, le « Golf Drouot » devient le temple d’un rock’n’roll qui partout en France détrône le musette, tandis que la guitare électrique vole la vedette à l’accordéon. Qu’est-ce que le « Golf Drouot » ? À l’origine, c’est un golf miniature couvert, situé au 2 rue Drouot au coeur de Paris. Il sera transformé à la fin des années 50 par Colette et Henri Leproux en première discothèque rock pour les jeunes. Ces derniers jouent de la guitare, chantent et dansent autour d’un électrophone et d’un juke-box. Ceux-ci sont alimentés par des disques 45 tours arrivant d’Amérique par les bases américaines, ou par des jeunes qui fréquentent le golf, comme les futurs Eddy Mitchell et Johnny Hallyday. Dès 1962, il est aménagé en scène musicale : «le Tremplin du vendredi», dédié aux jeunes groupes de rock et de twist. Les guitares électriques remplacent les cannes de golf. Mur consacré au Golf Drouot à Paris. Toutes les semaines entre 1962 et décembre 1981,Colette et Henri Leproux y accueillent de façon bienveillante et familiale des dizaines de milliers de publics de passionnés et des milliers de groupes amateurs et professionnels. Les musiciens viennent des quatre coins de la France et de l’étranger pour jouer sur la petite scène dans tous les styles musicaux amplifiés, devant les journalistes des revues pionnières de rock : Disco revue, Rock et Folk, Best, Extra, Pop Music... Ce lieu pionnier est indissociable de l’histoire des sociabilités musicales des jeunes nés pendant la guerre et de ceux du baby-boom. Très vite, au début des années 60, le Golf Drouot, devient le «temple du rock». Les premières émissions musicales de télévision pour le jeunesse – Âge tendre et Tête de bois de Albert Raisner - y sont tournées. Le film sur « Les vendredis du Golf Drouot », dans le téléviseur ancien, résume bien cet engouement pour la musique, car comme aujourd’hui, elle reste un vecteur d’ascension sociale. Animation sur l’écran du téléviseur : *« Reportage au Golf Drouot » (durée 2’25) Ce film illustre la création d’un groupe amateur leur passage sur scène au Golf Drouot. *« Naissance des grands concerts rocks » (durée 2’35) Mur consacré au Golf Drouot à Paris. Ce film illustre comment en peu de temps, de jeunes musiciens peuvent devenir très célèbres (exemple des Beatles entre autres). LES ANNÉES POP 11 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
Le Golf Drouot illustre la naissance de l’adhésion massive de la jeunesse au phénomène du rock. Chaque groupe a envie de se faire connaître et monte sur scène pour défendre sa musique. Le « tremplin du Golf-Drouot » est une sorte d’immense radio-crochet où un jury de professionnels décerne un diplôme (comme les émissions musicales d’aujourd’hui où l’on cherche des voix nouvelles et porteuses d’avenir pour l’industrie du disque !) Johnny Hallyday, les Chaussettes noires ou les Chats Sauvages incarnent cette « musique des jeunes », tout comme de très nombreux groupes locaux, imitant la musique de leurs idoles américaines. Photos à observer ; la numérotation correspond à celle de l’exposition (voir le cartel des crédits photo) : - Photo 16 : Johnny et sa fameuse posture (au-dessus de l’écran de télé). - photos 9, 13 et 17 pour Eddy Mitchell et les Chaussettes Noires. Observer : l’ardoise du Golf Drouot annonçant le passage des Chaussettes Noires, puis de Johnny Hallyday. Pistes de travail avant ou après la visite de cette salle Histoire : - Les Trente Glorieuses - Les débuts de la société de consommation - La guerre d’Algérie HIDA : - Andy Wahrol Éducation musicale : - Pratiques de chansons venues d’Amérique et adaptées, arrangées en français. - Restitutions fidèles de chants français de cette époque (voir liste du Scopitone), et adaptations diverses et variées selon le matériel de la classe. - Création de grilles d’accords simples et invention d’une mélodie par-dessus / mise en musique d’un texte créé en français dans l’esprit de l’époque. (Vulgarisation de la musique, car utilisation de matériaux musicaux simples). Anglais : - Étude et comparaison des textes des chansons venues d’Amérique et adaptées, arrangées en français. Sciences physiques : - Fonctionnement d’une guitare électrique : transformer un signal électrique en son. LES ANNÉES POP 12 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
Salle 5 : l’ère de la pop music et la naissance des grands festivals (années 1965 à 1976) 1) Le contexte Animation de l’écran : * «Monterey pop festival» (1967) : Janis Joplin et Jimmi Hendrix (durée 4’ environ). * «Woodstock» (1969) : Joe Cocker (durée 4’ environ). * «Concert pour le Bangladesh» (1971) : Ravi Shankar puis Georges Harrison (durée 4’ environ). Dans cette salle, on se situe plus du côté du spectateur vivant une expérience musicale collective ; mis en vibration par la démesure sonore de l’électro-amplification, il aura ensuite envie de pratiquer la musique. Ces années sont l’âge d’or des musiques électro-amplifiées qui vont Pochette de disque 33 tours du festival de Woodstock. aller en s’accentuant et devenir totalement démesurées, du côté matériel (voir la taille des amplis), comme du côté humain (immenses rassemblements humains comme ceux de Woodstock, de l’Ile de Wight, d’Amougies et de toutes leurs répliques locales). Mur de son réalisé avec une sonorisation modulaire, Martin Audio, Londres, 1976. Cette image montre la réalisation de nouveaux systèmes de sonorisation adaptés aux esthétiques des années 70, aux grandes salles et plein air, avec la recherche du son grave et de la puissance. Ce matériel est importé en France par Régiscène, importante société de sonorisation dans les années 70 et 80 qui construit de véritables murs de son avec ces « châteaux » de sonorisation dans les festivals et fêtes politiques. Ce type de sonorisation est resté longtemps un standard, et a perduré dans les raves parties des années 90 et 2000. Chaque système comporte deux caissons de basse de 115; 67 kg et 500 watts chacun, un pavillon bas-médium MH2 12, 70 kg, 250watts, un pavillon de haut-médium HF2M, 28 kg, 50 watts et un filtre électronique coupant à 250 Hz et 1,5 Khz. LES ANNÉES POP 13 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
Ces musiques débutent aux États-Unis et en Angleterre puis vont déferler dans le monde entier. L’Angleterre est le moteur d’un mouvement qui ne se réduit pas seulement à un type de répertoire et un style de musique en particulier. La Pop est un ensemble hétéroclite d’expériences musicales infiniment variées qui explorent chacune à leur manière les possibilités sonores et vibratoires des technologies de l’électro-amplification. La Pop se décline donc tout à la fois en : - folk rock : Bob Dylan - british blues : Éric Clapton - rock psychédélique : Jefferson Airplane - funk - rock progressif : Pink Floyd - free jazz, etc. Les musiciens français vont évidemment assimiler cette culture pop anglo-saxonne tout en s’en démarquant pour créer une pop française, comme par exemple, «Triangle», «Martin Circus», «Magma», «Gong», «Catherine Ribeiro». Autodidactes ou non, ils sont tout à la fois imprégnés des musiques afro-américaines, du rock’n’roll, du folk, de la country, de chansons, comme des musiques classiques et contemporaines. Grâce au perfectionnement des appareils de diffusion, les influences sont donc multiples et variées. L’expérience pop ne se limite pas à la musique, elle porte aussi sur l’usage de substances hallucinogènes, et sur les arts graphiques comme en témoignent les affiches et les pochettes des 33 tours de cette période résolument psychédélique. Pochette de disque 33 tours du groupe 13th Floor elevator Pochette de disque 33 tours de la Comédie musicale Hair. Pochette de disque 33 tours de Jimi Hendrix, album Electric (album The Psychedelic Sound of the 13th Floor Elevator), 1966. Ladyland, 1968. Liste des sons disponibles avec les SEM : (classés ci-dessous par année et par ordre alphabétique). 1965 * The Beatles, Rubber soul (album Norwegian wood) * Bob Dylan, Like a rolling stone (album Highway 61 revisited), 1966 * Bluesbreakers et Eric Clapton, All your love (album Bluesbreakers) * 13th Floor elevator, Roller coaster (album The Psychedelic Sound of the 13 th Floor Elevator) * The Troggs, Wild things (album The Troggs) 1967 * Jefferson Airplane, Somebody to love (album Surrealistic pillow) * Jefferson Airplane, Spare Chaynge (album After Bathing at Baxter’s) * Pink Floyd, Interstellar overdrive (album The piper at the gates of dawn) LES ANNÉES POP 14 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
1968 * Big Brothers & The holding Company with Janis Joplin, Summertime (album Cheap Thrills) * Cream, White room (album Wheels of fire) * The Doors, Light my fire (album Stranges Days) * Jimi Hendrix, Voodoo chile ( album Electric Ladyland) 1969 * (The) Chicago transit authority, I’m a man (album The Chicago Transit Authority) * King Crimson, 21st Century Schizoïd man (album In the court of the Crimson King) * MC5, Kick out the Jams (album Kick out the Jams) * Miles Davis, John MC Laughlin (album Bitches brew) * (The) Stooges, I wanna be your dog (abum Fun House) * Triangle, Peut-être demain, et Catherine Ribeiro + Alpes, Une infinie tendresse, 1970 et 1969 * (Les) Variations, Come along (album Nador) 1970 * Deep Purple, Speed King (album In rock) * Magma, Mekanïk kommandöh (album Magma) * (The) Rolling Stones, Midnight rambler (album Get yer ya ya’s out) * Steppenwolf, Born to be wild (album Steppenwolf live) 1971 Gong, Fohat digs holes in space (album Camembert électrique) 1972 * Alan Stivell, Pop plinn (Album à l’Olympia) * Crium delirium, Shilum baba, (album Concerts live 1972-1975) * Procol harum, Conquistador (album Live in concert with the Edmonton symphony orchestra) * Rory Gallagher, Laundromat (album Live in Europe) 1974 * Jacques Higelin, Boxon (album BBH75) 1976 * Weather report, Teen Town (album Heavy Weather) 1977 * Tangerine Dream, Encore (album Cherokee lane) 1979 * François Béranger, Manifeste (album En public) LES ANNÉES POP 15 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
2) LE SON ou la culture du potentiomètre et du bain sonore Hommes de l’ombre de la modernité sonore, les sonorisateurs de concerts ont, en acteurs de la Pop music, transformé le son en expérience corporelle, tandis que les ingénieurs du son et des studios d’enregistrement, avec leurs magnétophones multipistes, donnent naissance à une infinité de signatures sonores gravées sur vinyles. Le vinyle et la chaîne hi-fi constituent le son de référence que les sonorisateurs vont devoir s’attacher à reproduire en salle ou en plein air. C’est ainsi qu’ils vont piloter du bout de leurs Console de sonorisation, Michel Benedetti (Golden Sound), doigts des tables de mixage aux Marseille, années 70. mille potentiomètres et commander les effets de spatialisation sonore. L’ingénieur sort de ses studios pour sonoriser ces immenses rassemblements. Le métier de sonorisateur est en train de naître. Les appareils pour écouter de la musique, la diffuser n’en finissent plus d’évoluer et de se perfectionner. Les sonos sont de plus en plus imposantes ! L’amplification doit être optimum, puisque des concerts se déroulent en extérieur, devant une foule dense (ex : Woodstock , 500 000 spectateurs). Patrick Clerc, ingénieur du son de François Béranger aux Tandis que les amplificateurs manettes de sa console de sonorisation Golden Sound. Compacte, complexe et prestigieuse, elle est adaptée aux conditions de sont sans cesse plus puissants, tournées sur les routes de France. les ingénieurs acousticiens conçoivent des systèmes de « châteaux de son » équipés notamment de redoutables canons de basse générateurs de graves fédérateurs, qui unissent les corps bien avant l’avènement des raves parties. Pour répondre au gigantisme croissant des rassemblements des années 70, ces châteaux sont empilés en de vastes « murs de son » : les corps vibrent, immergés dans des bains sonores de masse. Murs de son installé pour un concert, années 70. Archives Marc Touché. Dans tous les pays occidentaux, l’industrie du disque est florissante et devient un pan incontournable de l’économie de ces pays. On cultive cette culture” jeune”, qui rapporte désormais de l’argent. Les métiers qui tournent autour de cette industrie sont très nombreux et variés : * ingénieur son * fabricants d’enceintes,des systèmes d’amplification.... * fabricants d’instruments (développement de certains instruments en fonction de l’évolution des styles joués, comme par exemple la batterie). La batterie de” hard rock ” n’a rien à voir avec la batterie du début des années 60. Elle est en effet munie de deux grosses caisses afin de créer désormais des roulements de son dans le grave. Double batterie en métal, ASBA, France, années 60 ; utilisée par Alain Batterie modèle « Super Classic », Ludwig, Chicago, 1965. Franceschi, ex-batteur du groupe montluçonnais « Les Dalby’s ». LES ANNÉES POP 16 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
Pistes de travail avant ou après la visite de cette salle Histoire : Changements dans la société : - La société de consommation d’après-guerre en évolution constante. - L’assassinat de Kennedy - L’assassinat de Martin Luther King - Les défenseurs de la cause noire (Rosa Parks, Angela Davis...) - La guerre du Vietnam - Le mouvement hippie - Les contestations de la jeunesse (Mai 68 en France, le mouvement hippie) HIDA : - Andy Warhol - Le psychédélisme - Créations sur l’imaginaire, le «surréalisme», en lien avec les pochettes de disques psychédéliques de cette période. Éducation musicale : -Le développement technologique permet de développer encore et encore les modes de diffusion désormais massifs, pour le plus grand nombre (ex : phénomène « Beatles », « Rolling Stones », « Jimi Hendrix », concert de Woodstock, etc.). - Rencontres et confrontations artistiques de ces musiciens qui s’influencent mutuellement, tout en gardant leur style. - Pratique de chant emblématiques de cette période. - Pratique ou écoute de quelques chansons montrant la diversité des genres et les influences mutuelles des musiciens... Possibilité de poursuivre la visite dans les salles consacrées à la guitare du parcours instrumental, au premier étage du musée (salles 13, 14 et 15). LES ANNÉES POP 17 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
2) Les instruments – De la guitare acoustique à la guitare électrique Les objets des images dont la légende est soulignée sont présentés au Mupop. 1) À la recherche de l’augmentation du volume sonore de la guitare D’après les experts, on trouve peu de traces d’un instrument semblable à la guitare avant le XVe siècle. Mais c’est au cours du XIXe siècle que la guitare commença à prendre la forme de l’instrument que l’on appelle aujourd’hui guitare «classique». Ce développement incombe principalement au luthier espagnol Antonio de Torres. L’influence de Torres se répandit à travers l’Espagne et le reste de l’Europe. Les guitares acoustiques peuvent se diviser en deux catégories : - les « Flat-top » : celles qui ont une table plane. - les « Archtops » : celles qui ont la table bombée et qui permet d’augmenter le volume sonore. Elles seront créées par Orville Gibson. Les « Archtops » : Créé par Orville H. Gibson en 1912, le premier modèle de guitare archtop L-4 évincera la mandoline et les banjos ténors de l’âge du jazz. Puis en 1922 naîtra l’emblématique modèle L-5, référence pour tous les modèles d’archtops ultérieurs. Guitare Gibson modèle L-4. Guitare Gibson modèle L-5. Avec ces nouvelles guitares, voici ce qui change par rapport à une guitare « classique » de type espagnol : - la barre de renfort adaptable permet d’affiner le manche. - le chevalet de hauteur est adaptable. - des ouïes remplacent la rosace. Ainsi, l’instrument gagne en puissance, en timbre, en fiabilité. Au cours du XXe siècle, les guitaristes de big bands de jazz, genre alors très populaire, chercheront à obtenir plus de puissance sonore. Mais les solutions imaginées se limiteront souvent à l’ajout de micros sur des guitares traditionnelles de type espagnol et des guitares archtops. Avec la popularité croissante de la guitare, des inventeurs entreprenants, des luthiers et des guitaristes réalisèrent rapidement que la puissance de volume des guitares acoustiques était limitée. L’amplification électrique était la solution ! À partir des années 1930, les fabricants commencèrent à explorer des matériaux comme la bakélite et la fonte d’aluminium pour remplacer le bois. On peut citer les marques Dobro, National et Vivi-Tone, avec leurs guitares à résonateur. Au MuPop, voir la guitare Dobro dans la vitrine de guitares en face de l’atelier Selmer. Le résonateur en aluminium et le corps très souvent en métal donnent à ces guitares un son très « brut », prisé par certains musiciens de blues et pour la musique hawaïenne. À la même époque, Mario Macafferri cherche aussi à amplifier le son avec un système de résonateur (voir l’objet dans la vitrine de l’atelier de guitares Selmer, salle 13). Guitare Dobro. LES ANNÉES POP 18 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
Peu à peu, il devient évident que la solution la plus pratique est l’amplification au moyen de micros électromagnétiques. L’idée s’inspire de la technique du tourne-disque électrique, appelé pick-up. En effet, la lecture du disque fonctionne grâce à une bobine et un aimant ; c’est le principe du micro. Principe physique de fonctionnement d’une guitare électrique La corde en métal est mise en vibration par le musicien qui perturbe le champ magnétique de l’aimant, ce qui induit un courant dans la bobine de fil de cuivre. Ce courant a les caractéristiques du timbre et de la fréquence de la note jouée. Ce courant passe dans le volume et la tonalité de la guitare (boutons de contrôle, potentiomètres). Puis il sort grâce au câble jack de la guitare relié à l’ampli. Guitare acoustique Guitare électrique Tête Mécaniques d’accord Sillet Touche Manche Frettes Repères 12éme case Sélecteur de micro Eclisse Ouïe (rosace) Plaque de protection Micros (Pickguard) électromagnétiques Caisse Cordes Boutons (potentiomètres) de control de volume et de tonalité Chevalet Table Prise Jack Cordier Corps En 1931, la « Frying Pan » (poêle à frire) de Rickenbaker utilisait une paire d’aimants en forme de fer à cheval comme premier micro électroacoustique, et bientôt une nouvelle génération de guitares apparaîtra (voir fac-similé du brevet dans la vitrine atelier Selmer). Cette méthode fut appliquée aux steel guitars avec succès, puis on l’appliqua aux guitares espagnoles (ex : Modèle Rickenbaker Electro Spanish, vers 1932 et modèle Rickenbaker Ken Roberts, vers 1935). Rickenbaker, «Frying pan», 1931. LES ANNÉES POP 19 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
Le modèle Rickenbaker Electro Modèle B pourrait bien être considéré comme la première guitare électrique solidbody (voir un modèle semblable dans le show room « Jacobacci Royal »). Peu de temps après, une poignée de visionnaires (dont Les Paul - abréviation de Lester Paul -, mais aussi Paul Bigsby, Merle Travis et Leo Fender), décida de remplacer le corps évidé de la guitare par une construction massive (corps plein = solidbody). Cela réduisit l’interférence du corps avec la guitare, simplifia la production et ouvrit la voie à la guitare électrique telle que nous la connaissons aujourd’hui. Gibson se lance dans le jeu en 1936 et met sur le marché sa première guitare « Electric Spanish » Guitare Jacobacci modèle Royal, semblable au modèle le modèle ES-150 (voir vitrine contigüe à l’atelier Electro B de Rickenbaker. Selmer). Avec cette guitare, le jeu clair, fluide et velouté du jeune guitariste texan Charlie Christian établit la guitare électrique comme un instrument soliste. Les expériences continuèrent, mais ce ne fut qu’en 1950 que la Guitare Gibson modèle ES 150. première solidbody électrique commerciale apparut. Guitare Gibson modèle Les Paul Goldtop. Il faut noter le rôle majeur de Les Paul et de ses inventions, qui ont changé le visage de la musique moderne, la plus célèbre étant la solidbody électrique Gibson Les Paul, lancée en 1952. Pourtant en 1940, lorsque Les Paul a présenté le prototype de la « Log » à Gibson, les luthiers et ingénieurs ont ri à cette idée, et l’ont appelé « le gosse avec le manche à balais couvert de micros ». (La Log est une guitare électrique semi- solide, où la partie centrale appelée la « bûche » est un bloc de pin massif). En conclusion, l’invention de la guitare électrique ne peut être attribuée à personne en particulier. L’instrument évolua suite à une série d’expériences et Gibson ES-150 et son amplificateur. de collaborations entre des musiciens, des fabricants et des ingénieurs, principalement aux États-Unis, entre 1930 et 1940. Ils voulaient obtenir une guitare plus sonore, mais dont le timbre reproduirait correctement celui de l’instrument acoustique. Guitare Les Paul «Log». LES ANNÉES POP 20 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
2) Le tournant « guitare solidbody » Les guitares Fender En 1950, en Californie, Leo Fender et George Fullerton dessinent et fabriquent la première solidbdy électrique à succès commercial, la Fender Broadcaster (bientôt rebaptisée Telecaster) ; au MuPop, voir la Telecaster de 1968 dans la salle 5. C’est la première guitare électrique au monde commercialisée avec son corps solidbody et son manche vissé. L’ensemble du désign de Leo Fender était pensé pour la production en série et pour que l’instrument électrique soit simple et efficace. Les rivaux de Fender rejettent son allure dépouillée en la qualifiant Guitare Fender modèle Telecaster. Guitare Fender. modèle Jazzbass (1960-1970). de « pelle » ou de «pagaie de canoë»! Son timbre brillant, tranchant ainsi que son fonctionnement simple et pragmatique plaisent à de nombreux artistes issus d’univers musicaux variés (ex : Muddy Waters, Radiohead, etc...) Après plus d’un demi-siècle, de nombreux artistes continuent à jouer ce modèle, dans sa merveilleuse simplicité. Un an après cette première solidbody, Fender inventa la basse électrique solidbody. Au MuPop, voir la Fender Jazzbass des années 60-70 dans la salle 5. En 1954, la compagnie Fender lance la Stratocaster à l’apparence stylée. Au Mupop, voir la Stratocaster de 1964 salle 4 et deux autres de 1969 et 1972 dans la salle 5. La Stratocaster sera sans doute la guitare la plus populaire et la plus imitée. Cette élégante guitare à ailerons (quintessence du design des années 50) fut fabriquée d’après l’idée d’une guitare destinée à la production en série, plutôt que fabriquée à la main pour un musicien précis. Guitare Fender. modèle Stratocaster (1964). Guitare Fender. modèle Stratocaster (1972) Dépôt de Marc Sabatier. Voici ce qui est nouveau dans cet instrument : - trois micros au lieu d’un ou deux habituellement ; - une unité vibrato faite pour modifier la hauteur des cordes ; - chacune des six cordes a son propre sillet mobile indépendant à accorder avec précision l’instrument ; - corps travaillé pour le confort du musicien ; - sortie jack logée sur la table. LES ANNÉES POP 21 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
En 1951-1952, Gibson réagit au lancement de la Broadcaster (telecaster) en recontactant Les Paul. L’année suivante, Gibson commercialise sa première solidbody, le modèle Gibson Les Paul Goldtop. Le style Gibson, d’esprit plus artisanal, contraste avec le style Fender et ses guitares plates, produites en masse : - table fortement galbée - tête classique symétrique - corps massif assez lourd La Guitare Gibson Les Paul Custom, (1968) - manche collé et non vissé comporte deux humbuckers - incrustations sur la touche Guitare Gibson modèle Les Paul Goldtop (modèle gaucher). La Gibson Les Paul Custom, (1968) comporte deux humbuckers (le humbucker est un micro à double bobinage réduisant le bruit parasite qui peut provenir du réseau électrique : „hum“). Du coup, la puissance du micro est doublée et la couleur sonore est spécifique : pas trop d’aigus, mais du médium gras qui permettra la distorsion (effet très utilisé dans le blues et le rock). Au MuPop, une Les Paul de 1976 est présentée salle 5). Elle aussi restera pratiquement inchangée durant ses 40 ans d’histoire et avec la Fender Stratocaster, cet instrument fera partie des guitares électriques les plus populaires et les plus imitées. RAPPEL : Il ne faut pas oublier que la guitare ne fait pas du son tout seul : il faut un ampli, un câble, etc. Grâce à la chaîne d’amplication, la guitare électrique offre des possibilités de création illimitées et permet de personnaliser son jeu à l’infini ! Dans la petite salle 14 du parcours instrumental (près des guitares), il est possible d’expérimenter les modifications du son dans cette chaîne d’amplification, en manipulant les potentiomètres et pédales d’effet. 3) LA GUITARE BASSE En 1950, Leo Fender et ses collègues furent les premiers à commercialiser une guitare électrique solidbody, mais ils ne s’arrêtèrent pas là. Un an plus tard, Fender eut une nouvelle idée : la guitare basse électrique. Avant, les musiciens étaient habitués à la contrebasse acoustique, instrument volumineux, encombrant et souvent à peine audible que Fender surnommait la „niche“. Il se dit que les bassistes apprécieraient un instrument plus sonore et plus transportable qui offrirait des hauteurs de notes fiables. En 1951 Fender met en vente la première guitare basse électrique à frettes disponible dans le commerce et nommée avec pertinence Precision bass. Au début des années 60, la guitare basse était devenue un élément essentiel de la musique moderne. La Fender Jazz Bass sera le deuxième modèle de basse de Fender, introduit en 1960. (Au MuPop, une Jazz Bass aux micros modifiés est présentée dans la salle 5 du parcours musical. Différences entre la Fender Jazz Bass et la Precision bass : - manche plus étroit et rétrécissement très marqué vers le sillet de tête. - gamme de sons plus étendue - taille désaxée futuriste, esthétique et ergonomique Guitare Fender. modèle Jazzbass (1960-1970). - son plus brillant et plus orienté vers les aigus. LES ANNÉES POP 22 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
Dans les années 70, la „Jazz Bass“, qui continuera d’évoluer ainsi que le jeu des bassistes, sera très appréciée par des musiciens tels que Jaco Pastorius et Marcus Miller. Il faut attendre 1957 pour que Rickenbaker lance sa première guitare basse, la Rickenbaker 4000. Le modèle Rickenbaker 4001 joué par Paul Mc Cartney (Beatles) dans les années 60 et Chris Squire (Yes) dans les années 70 aidera Rickenbaker à établir sa popularité dans le milieu des bassistes. Au MuPop, voir la Rickenbaker 4001 dans la vitrine de la salle 5. Quant à Gibson, la marque n’aura pas autant de succès avec ses basses qu’avec ses guitares. Fender était le fabriquant majeur incontesté pour les basses, et les musiciens ont régulièrement jugé d’un “peut mieux faire“ les basses Gibson. Jusque dans les années 70, la combinaison des “humbucker“ donne un son trop épais et le diapason court demande trop de minutie à l’interprète. Mais ces Basse Rickenbaker modèle série 4001. faiblesses deviendront aussi des forces pour certains musiciens, comme Jack Bruce du groupe Cream dans les années 60, avec la Gibson EB-3. (La Gibson EB-3 n’est pas visible au MuPop, qui expose toutefois un modèle semblable de la marque Alembic (marque jouée par Marcus Miller) dans la salle 15. À la fin des années 60, les bassistes ont envie d’évoluer et pas seulement de faire l’accompagnement rythmique avec la batterie. Du coup, des marques moins connues vont émerger. Puis l’instrument se développe et va devenir un instrument soliste avec des musiciens tels que Jaco Pastorius Basse Gibson, modèle EB-3. ou Marcus Miller… Sans oublier des progrès énormes dans l’amplification de l’instrument : des amplificateurs spécifiques pour la basse sont désormais conçus. Quelques autres marques visibles au Mupop et leur provenance : Burns, Baldwin : Angleterre Eko, Wandré : Italie Epiphone : ramification de Gibson Gretsch : Etats-Unis (vient de Friedrich Gretsch, immigré allemand) Hagström : Suède Höfner : Allemand Jacobacci, Di Mauro, Favino, Selmer : France Rio : Suisse Basse Alembic modèle Stanley Clarke Deluxe, Etats-Unis, 1988, semblable à la basse Gibson, modèle EB-3. LES ANNÉES POP 23 Livret d’aide à la visite pour les enseignants - Niveau collège
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