MARILYN MONROE CONFESSION INACHEVEE MY STORY
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MARILYN MONROE CONFESSION INACHEVEE MY STORY De Ben Hecht en collaboration avec Marilyn Monroe Traduction française de Janine Hérisson - Editions Robert Laffont. UPDATE MARILYN Un projet transmédia DOGS NEVER BITE ME. JUST HUMANS MARILYN MONROE LES CHIENS NE M’ONT JAMAIS MORDUE. SEULEMENT LES HUMAINS. Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene www.archiveimages.com PRODUCTION PRINCIPE ACTIF - MEMOIRE D’IMAGES EN PARTENARIAT AVEC ABG ET JOSHUA GREENE / ARCHIVE IMAGES, LLC L A FAMILLE C ATELIER CRÉATIF
NOTE D’INTENTION UPDATE MARILYN – MY STORY est une œuvre artistique originale créée pour une narration transmédia (Théâtre, Installation, Site Internet, Webseries). Les contenus s’alimentent les uns les autres, pour ser- vir l’élément central du projet : la pièce de Théâtre MY STORY (d’après le texte ori- ginal écrit par Ben Hecht en collaboration avec Marilyn Monroe). Un tel projet, moderne et innovant, qui s’appuie sur l’icône complexe et attachante qu’est Marilyn et qui, de fait, est susceptible de fédérer un large public jusqu’à traverser l’Atlantique, dont le texte est signé Ben Hecht, l’un des plus talentueux scénaristes de Hollywood, sans oublier les photos my- thiques de Milton Greene et la composition musicale de Daniel Yvinek, ne peut-être qu’une source inépuisable de motivation pour une équipe artistique. Pour UPDATE MARILYN nous avons l’en- vie de développer une écriture transmédia, qui utilise la spécificité dramaturgique des différents supports de création pour inviter à la réflexion et faire émerger de nouvelles formes, de nouvelles narrations au service du spectacle vivant. Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene
LE CONCEPT NOTE D’INTENTION Le projet 2-6 UPDATE MARILYN s’inscrit dans UNE ÉCRITURE TRANSMéDIA. LE CONCEPT Il s’articule autour de plusieurs questions fondamentales : 5 Qui se cache derrière l’icône Marilyn? Que représente aujourd’hui Marilyn dans notre société? Quel langage inventer pour parler de Marilyn aujourd’hui ? L’ INSTALLATION DÉAMBULATOIRE Que nous dit-elle sur notre civilisation, notre société, notre temps? 8 Que nous dit-elle sur nous même, à une époque où l’on ne cesse de susciter de nouvelles stars, pour de nouvelles gloires toujours plus éphémères? L’écriture de ce projet se décline au travers de plusieurs médias : LA PIÈCE - MY STORY Une installation 24 Une pièce de théâtre - MY STORY - Un site internet Une application smartphone LE SITE INTERNET / SMARTPHONE 38 Tous les supports s’alimentent les uns les autres, et contribuent à la création, de la pièce de théâtre, la figure centrale de notre projet. 4 5
NOTE D’INTENTION Nous souhaitons nous interroger sur les On lui doit les scénarios de LA DAME DU traces laissées par Marilyn dans notre VENDREDI et de SCARFACE pour lequel société, questionner le mythe, et laisser il a remporté l’Oscar du Meilleur Scénario. apparaître la femme bien souvent restée cachée derrière l’icône qu’elle incarne. Les photos de Milton Greene, le livre Mari- lyn MY STORY et notre rencontre enthou- Ce projet se développe en collaboration siaste avec Joshua Greene ont été les élé- avec les États-Unis, en partenariat avec ments déclencheurs de cette aventure. Nous ABG et Joshua Greene, le fils de Milton avons alors cherché une forme pouvant être Greene. Joshua Greene met à la dispo- à la hauteur du mythe et de la modernité sition de ce projet les œuvres photogra- qu’incarne Marilyn. L’idée de développer ce phiques de son père, qu’il a récemment projet dans le cadre d’une œuvre trans- restaurées. On découvre dans ces clichés média s’est alors imposée d’elle-même. Marilyn saisie comme une femme et non comme un sex-symbol. Une Marilyn mé- Nous nous proposons d’explorer ces nou- lancolique, qui cherche à s’émanciper de veaux espaces de narration qu’offre au- l’image de bombe sexuelle pulpeuse dont jourd’hui l’écriture transmédia. Hollywood l’a trop rapidement habillée. Dans un premier temps, UPDATE MA- Joshua Greene nous offre également en RYLIN sera créé en France puis dans un exclusivité la matière fondamentale de ce second temps, sera exporté aux États-Unis projet à savoir le livre MY STORY, un texte par l’intermédiaire de Joshua Greene. Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene coécrit par Marilyn elle-même et le scéna- riste Ben Hecht, collaborateur entre autres de Howard Hawks, Otto Preminger, Henry Hathaway ou encore Alfred Hitchcock. 6 7
Marilyn voyage dans des lieux où nous NOTE D’INTENTION ne l’attendons pas, nous lui inventons une nouvelle vie. L’étonnement, le choc, l’ambiguïté, la fiction provoqués par ces confrontations de l’image de Marilyn « L’INSTALLATION DÉAMBULATOIRE d’hier » à notre monde contemporain, l’humanisent. Nous amenons le specta- teur à la regarder différemment. Pour ce faire, nous utilisons le talent Hollywood a construit une image d’un photographe français et d’un pho- totalement fabriquée de Marilyn. Une tographe américain : Milton Greene et Pierre Alivon. Milton Greene, décédé Faire dialoguer un photographe de pla- blonde qui ondule et marche comme en 1985, est un photographe de studio, teau et un photographe de terrain nous a « une nénette » qu’on siffle dans la rue dont la carrière couronnée de succès semblé pertinent pour le projet de cette et que ça ne dérange pas. Une créature est jalonnée par plus de cent-cinquante installation : inventer une nouvelle vie à fascinante, une machine à désir qui ne couvertures de magazines de mode et Marilyn en la faisant voyager à travers le sait jamais quoi dire quand on lui adresse des milliers de publications. Et pourtant, monde. la parole. Mais le problème de Marilyn, ce n’est aujourd’hui encore on se souvient sur- tout de lui pour ses collaborations avec Dans notre installation plusieurs modules pas qu’elle est une blonde idiote, c’est Marilyn Monroe entre 1953 et 1957. Il seront proposés aux spectateurs avec à qu’elle n’était ni blonde ni idiote. Elle est l’un des premiers à la photographier chaque fois des propositions différentes ne souhaite pas être une star hollywoo- non pas comme une icône, mais comme : images fixes sur support Diasec (tirage dienne, un sex-symbol, mais une femme une femme. photographique encollé sur plexiglas), images avec projections de vidéos, vidéos fois l’ange irradiant de blancheur, de blon- Pierre Alivon est un photographe re- avec du texte, vidéos seules, paysage deur et l’ange à l’innocence salie, violée, porter. Il parcourt le monde pour aller sonore, mini reconstitution d’un studio malmenée, puis achevée par les hommes. photographier l’humanité des gens dans photographique, borne web… Beaucoup d’auteurs ont écrit sur elle, les endroits les plus improbables. Son beaucoup d’artistes se sont emparés de travail implique d’être invisible au mi- Les lieux accueillant l’installation s’inté- son image. Boris Cyrulnik, psychiatre, lieu des êtres, pour être au plus proche greront également photographiquement nous parle de ses carences affectives, fai- de leur humanité et d’anticiper ainsi la au projet. Cette installation n’est donc sant d’elle un oisillon déplumé et trem- scène à photographier. pas fixe, mais conçue pour se réinventer blant, ne trouvant personne pour l’aider à au fur et à mesure de ses voyages, des créer du lien et du sens pour réparer son réactions du public, du contexte et des enfance bousculée. Pour lui, l’émouvante lieux qui nous accueilleront. Marilyn, brisée dans son enfance, n’est moderne et une actrice. Elle ne veut pas pas revenue à la vie. Elle est restée morte être aimée pour son physique, son et c’est son fantôme que le public adore. image, mais pour ce qu’elle est au fond d’elle même. À travers cette installation, nous ques- Marilyn est une héroïne romanesque, tionnons de manière ludique et poétique Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013 Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013 parce qu’elle a croisé tout ce qui a comp- ce qui se cache derrière ce fantôme. Nous té au XXe siècle : le cinéma, la psycha- nous éloignons de l’icône « papier glacé nalyse, la littérature et la politique. Elle », construite par Hollywood, pour l’huma- connait une enfance digne d’un roman niser et raconter cette femme singulière, de Dickens. Elle incarne à la féministe et moderne qu’elle est. 8 9
L’INSTALLATION DÉAMBULATOIRE L’installation est conçue pour accompa- notre quotidien? gner la pièce de théâtre et immerger le spectateur dans notre univers. Mais elle Dans cette enquête fiction, diverses postures est également conçue pour être autonome. sont proposées aux spectateurs, les rendant actifs et constructeurs d’images mentales et C’est une installation sonore, musicale, tex- concrètes. tuelle et visuelle : un voyage multimédia « LES GENS AVAIENT LA MANIE et poétique dans l’univers de Marilyn. Une La scénographie de l’installation montre les DE ME REGARDER COMME SI mise en perspective de l’icône fantasmée et processus de fabrication d’une icône et si J’AVAIS ÉTÉ UNE SORTE DE MIROIR de la femme singulière qu’elle est. le spectateur joue à être Marilyn ou à s’en rapprocher, c’est toujours dans un dispositif ET NON PAS UN ÊTRE HUMAIN Hollywood a construit le mythe, « l’icône » visible qu’il construit lui même de manière COMME LES AUTRES. CE N’ÉTAIT Marilyn. Cette installation cherche à la sor- active. tir du « papier glacé » par la confrontation de PAS MOI QU’ILS VOYAIENT, MAIS ses écrits intimes, de sa voix, de ses photos, à Ces témoignages, impressions, révélations, LE REFLET DE LEURS OBSESSIONS. la parole et aux espaces contemporains. Elle confessions, portraits, produits par les spec- ILS SE DISCULPAIENT ENSUITE EN s’attache à révéler l’être profond, l’humanité tateurs lors de l’installation, viennent ali- de Marilyn. menter le projet transmédia et la pièce de M’ACCUSANT MOI, DE LASCIVITÉ. » théâtre. Une scénographie ludique, à travers plu- MARILYN MONROE, 1954. sieurs espaces, questionne « le mythe » : qui est vraiment Marilyn ? Qui se cache derrière l’icône ? Que représente-t-elle aujourd’hui, pour le public? Où trouver son reflet, dans Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene 12 13
Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013 Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013 Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013 L’ESPACE 1 MARILYN DANS NOTRE MONDE CONTEMPORAIN Marilyn voyage à travers le monde. réalité, ou d’un reflet. A chaque fois, elle accueille l’installation. incitant, qui sait, le spectateur à regarder crée du sens et nous raconte une histoire. autour de lui pour y découvrir les « Mari- Nous la découvrons, à Cuba, en Colombie, En mélangeant les espaces-temps, en réin- lyn » d’aujourd’hui. Ces rencontres, ces à Bangkok, à Paris. Elle s’invite à la FIAC, Une autre série de photos est proposée aux troduisant Marilyn dans notre modernité, frottements se font aussi avec humour et elle discute avec une petite fille à Cuba, elle spectateurs, mais cette fois, à l’arrière-plan, nous cherchons à produire un choc, une produisent de nouvelles histoires, un nou- voyage dans les pensées d’une adolescente en comme décor, comme espace graphique, matière à discussion. Le spectateur la perçoit veau regard… Allemagne, elle accompagne les songes d’un ils découvrent leur ville. Marilyn photogra- enfin comme une femme. Elle n’est plus dés- chauffeur de taxi à Bangkok… phiée par Milton Greene y apparaît mixée humanisée par le poids du mythe. Son huma- Son apparition peut prendre la forme de la à une photographie prise dans la ville qui nité contamine notre monde contemporain, 14 15
MARILYN À LA FIAC, 2012 Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013 L’ESPACE 2 L’ESPACE 3 L’ESPACE INTIME L’ESPACE ÉLECTROACOUSTIQUE Dans cet espace les spectateurs sont invités Elle n’est plus une icône fantasmée, mais Une œuvre électroacoustique de Michel à emprunter des casques audio et à s’asseoir une personne humaine, réelle. Bertier, paysagiste sonore offre un rendez- face à la projection murale d’une série de vous d’une émouvante intimité avec cette photos fixes de Marilyn. voix si singulière. Des paroles extraites du texte écrit par Ce travail se compose d’extraits et de frag- Ben Hecht et Marilyn leur sont adressées, ments de documents sonores de Marilyn, racontées par une comédienne. La confron- du timbre de sa voix et de ses respirations tation des photos et des textes nous fait sculptées, de l’accentuation de ses pho- quitter l’icône et rencontrer la personne. nèmes jusqu’à parfois des abstractions son- ores surprenantes. 16 17
L’ESPACE 4 LA BORNE MARILYN Le spectateur peut se connecter au site internet www.updatemarilyn.com et accéder aux contenus du site. Nous lui proposons notamment de se glisser dans la peau de Marilyn pour répondre au questionnaire UPDATE MARILYN. Les réponses à ce questionnaire sont dans un deuxième temps traduites photographiquement par Pierre Alivon. L’ESPACE 5 TÉMOIGNAGES « JE ME RENDIS COMPTE QUE, TOUT COMME J’AVAIS DÛ ME Sur un écran sont diffusés des entretiens dans lesquels des artistes, des philosophes, des historiens, des auteurs nous évoquent ce que représente Marilyn pour eux. Ils nous livrent leur interprétation du mythe BATTRE POUR FAIRE DU CINÉMA - Pourquoi Marilyn est-elle encore et toujours une icône mondiale ? – et par ce témoignage, ils nous ET DEVENIR UNE ACTRICE, JE DE- donnent à voir le miroir de notre époque. VRAIS MAINTENANT ME BATTRE Le spectateur peut aussi s’il le souhaite témoigner et nous raconter ce que représente Marilyn pour lui : POUR OBTENIR LE DROIT D’ÊTRE ce qu’il aime chez elle, ce qu’elle lui évoque, l’objet, la couleur qu’elle pourrait être...Quelques-uns de ces MOI-MÊME ET D’UTILISER MES entretiens viendront rejoindre les contenus du site. TALENTS. SI JE NE ME DÉFEN- DAIS PAS, JE DEVIENDRAIS UNE L’ESPACE 6 MARCHANDISE BONNE À ÊTRE NOUS SOMMES TOUS DES MARILYN ! VENDUE DANS LES VITRINES DES CINÉMAS. » MARILYN MONROE, 1954. Qui n’a jamais rêvé de se retrouver, ne serait-ce une heure, dans la peau de Marilyn ? Qui n’a jamais rêvé de passer, un moment avec elle? Dans cet espace tout est possible… Le spectateur est mis en situation de star hollywoodienne. Un mini studio photo est reconstitué pour lui. On y trouve un fond photographique, un ventilateur, un projecteur sur pied, une machine à fumée… et une photo de Marilyn. Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013 Il peut se faire photographier avec elle. A lui de composer « sa pause »... Une fois sa photo prise, il peut la mettre en ligne sur le site www.updatemarilyn.com 18 19
MARILYN AU CAFÉ DE LA PAIX, 2013 «CE QUE J’AIMECHEZ MARILYN,C’ESTQUE TOUT LE MONDE LA PRENAIT POUR UNE CONNE, MAIS QUE CE N’EN ÉTAIT PAS UNE! » ANDRÉA, BERLIN, JANVIER 2013 Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013 20 21
LA PIECE DE THEATRE « MY STORY » d’après « Marilyn Monroe - Confession inachevée » de Ben Hecht en collaboration avec Marilyn Monroe Traduction française de Janine Hérisson Editions Robert Laffont. « IL Y AVAIT QUELQUE CHOSE DE SPÉCIAL CHEZ MOI, ET JE SAVAIS CE QUE C’ÉTAIT. J’ÉTAIS LE GENRE DE FILLE QU’ON RETROUVE MORTE DANS UNE CHAMBRE MINABLE, UN FLACON DE SOMNIFÈRES VIDE À LA MAIN. » SYNOPSIS MARILYN MONROE, 1954. C’est en 1954 que l’agent de Marilyn, Charles Feldman, contacte Ben Hecht pour lui demander d’aider l’actrice à écrire ses mémoires. À 28 ans, elle a déjà tourné une vingtaine de films, dont ses premiers succès - Niagara et Les hommes préfèrent les blondes - et elle est lasse des inventions et potins des feuilles à scandale. Elle lui dicte ses mots qu’il couche sur le papier... Pour des raisons personnelles, elle ne poursuit pas ces séances de travail, mais confie le texte inachevé au photographe Milton Greene, son ami de toujours. Vingt ans après avoir recueilli ces feuillets, douze ans après cette soirée d’août où Ma- rilyn s’est endormie à jamais dans la solitude de sa villa, Milton Greene décide de révéler au public ce que la star elle-même avait à dire. 22
Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene Qui était Marilyn Monroe ? Une blonde un et déteste Hollywood, avec ses ratés, ses dra- peu gourde qui pose nue sur des calendriers, gueurs et ses escrocs, et qui reste pourtant lu- un sex-symbol, une actrice ingénue? Ou cide sur la tragédie de son milieu d’adoption : bien une jeune femme mélancolique, perfectionniste, cultivée, passionnée de «À Hollywood, la vertu d’une jeune fille a littérature ? beaucoup moins d’importance que le style de sa coiffure. On vous juge sur votre ap- Lire cette Confession inachevée, c’est se parence, pas sur le reste. Hollywood, c’est rapprocher d’elle, entendre sa voix nous un endroit ou on vous offre mille dollars dévoiler les deux faces de sa personnalité, d’un baiser et cinquante cents de votre raconter les secrets de sa brève existence. âme. Je le sais, j’ai assez souvent refusé la première proposition et tenu bon pour les D’abord Norma Jean, l’enfant dont la cinquante cents. » mère est internée et qui est ballottée Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene entre différentes familles d’accueil, puis Tiraillée entre les paillettes et les coulisses, entre la jeune fille qui crie son manque d’amour, la beauté et la souffrance, ce n’est pas qu’une son besoin constant d’attirer l’attention, et fragile Marilyn qui se livre dans ce texte, mais épouse le premier homme qu’elle fréquente. aussi une observatrice lucide et intelligente. Enfin Marilyn, le sex-symbol qui côtoie 24
LA PRESSE EN PARLE « ON AVAIT OUBLIÉ CONFESSION INACHEVÉE, QUI SERA RÉÉDITÉ PAR ROBERT L AFFONT FIN OCTOBRE, ET C’EST COMME UN PETIT COFFRE AUX TRÉSORS DE LUCIDITÉ, DE MALICE ET D’HUMOUR. [...] UNE VISION CASH DES RAPPORTS HOMMES-FEMMES OU FEMMES- FEMMES. LE TOUT AVEC UN ART POÉTIQUE ET DRÔLE DE L A MÉTAPHORE. COMME QUOI, ON PEUT AVOIR UN NÈGRE, C’EST AVANT TOUT L A VOIX QUI COMPTE. MARILYN, MEILLEURE ÉCRIVAINE QUE CERTAINS DE NOS CONTEMPORAINS?» NELLY KAPRIÈLIAN, LES INROCKS 19/09/2011 Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene 26 27
ne pas percevoir, si l’on s’arrête à la simple contemplation de l’icône. Elles ins- crivent Marilyn dans le monde contem- NOTE D’INTENTION porain. Marilyn est présente partout, elle peut surgir à tout moment, dans les lieux les plus communs et les plus incongrus, dans les moments les plus inattendus. Lorsque nous choisissons de nous empa- rer d’une œuvre, nous fonctionnons tou- Le travail de Milton Greene et de Pierre jours au coup de cœur et ce texte est l’un de Alivon, est une matière inépuisable nos plus vibrants. Il y a des projets qui vous pour faire exister de manière théâtrale apportent l’énergie nécessaire à leur accom- le récit écrit par Marilyn et Ben Hecht. plissement, MY STORY est de ceux-là. Il apporte une densité au texte et per- met de passer de façon élégante et sur- mais sa voix intime, la femme ca- La peinture sensible et détaillée de l’envers prenante d’un espace-temps à l’autre. chée derrière l’icône, Norma Jeane... de ce mythe, l’humour, la sensibilité et l’acuité avec lesquels Marilyn nous raconte L’ensemble de ce dispositif est mis en Il s’agit pour nous de faire connaître le combat son quotidien à Hollywood nous ont touchés. lien par une comédienne, qui interprète que fut sa vie, mettre en scène des éléments le texte MY STORY et deux musiciens permettant de mieux la comprendre et donc de de jazz, multi-instrumentistes. La mise l’aimer. L’aimer, pour ce qu’elle était et non pas, en musique, conçue par Daniel Yvinec, seulement, pour le mythe et la légende qu’elle D’autre part, le texte MY STORY porté entend donner une vision fantasmée et représente. De ce voyage le spectateur ressor- par le talent de Ben Hecht, scénariste contemporaine des multiples visages de tira avec l’envie de revoir ses films, de réécou- et écrivain de l’âge d’or du cinéma hol- Marilyn, de son époque et de ce qu’elle ter ses chansons avec un nouveau regard : celui lywoodien, offre une formidable peinture représente aujourd’hui. Un voyage in- d’une petite orpheline qui rêvait d’Hollywood, acerbe et humoristique de la société amé- temporel mêlant composition person- vêtue de sa robe bleue et de sa blouse de l’or- ricaine des années 50 et de son industrie nelle, documents d’archives, acoustique phelinat. Une petite fille qui a réussi à force de du spectacle. Un portrait caustique et et électronique pour une partition ori- travail et grâce à son intelligence et sa sensibilité plein de vérité du royaume du faux-sem- ginale qui sera jouée en direct sur scène à incarner son rêve de gosse. Une femme cha- blant, de l’incongru et de l’absurde dans intégrée au dispositif global de la pièce. leureuse, impulsive, timide et solitaire. Un être une Amérique en proie au Maccarthisme, affamé de vie et de connaissance, d’une naïveté à la guerre froide et au début de la contre Dans ce spectacle, Marilyn est incarnée enfantine, timide, vibrante et d’une sensibilité culture. Ce texte, emprunt de modernité à travers les photos de Milton Greene étonnante. Une femme, avec un quelque chose Ce texte est pour nous l’opportunité de faire fait, aujourd’hui, curieusement écho à notre et la composition musicale. La comé- en plus, à laquelle tout le monde voudrait s’iden- découvrir les différentes facettes de Marilyn société contemporaine. C’est cette réso- dienne n’incarne pas l’icône Marilyn, tifier. Une qualité lumineuse, combinaison de et de les mettre en scène sous la forme d’une nance que nous avons envie de questionner. l’incarnation d’un tel mythe ne pouvant mélancolie, d’éclat, de désir et d’intelligence… représentation théâtrale. Si Marilyn est engendrer que frustration et déception, passée dans la pensée collective du statut Nous pensons à une mise en scène dont les dé- D’autre part, nous voulons inscrire Marilyn dans de star à celui de mythe, voire de rêve, nous cors et l’univers sonore s’appuient sur des pho- notre présent. Lui donner, une nouvelle réalité souhaiterions rendre à Marilyn son statut de tos, des projections et des vidéos. Ce dispositif en la faisant voyager à travers à travers le monde femme. Rendre au personnage intemporel nous permettra de mettre en parallèle l’image actuel. Dans notre projet, deux réalités, deux qu’en ont fait les médias, cette âme sensible de la femme et la réalité de l’icône, de retrouver espaces-temps, deux volumes se rencontrent. et intelligente qui avait des choses à dire. Marilyn dans sa dimension artistique et humaine. Celui de Milton Greene, Ben Hecht et Mari- lyn et le nôtre. Nous réinterrogerons le mythe Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene La représentation théâtrale est une formidable Dans notre dispositif de projection, des scènes dans notre modernité. Que représente Marilyn opportunité pour mettre en scène le combat de rue fixes et des scènes de rue filmées, à New aujourd’hui dans notre société? Pourquoi tant de Marilyn et rencontrer cette femme, York et dans le monde entier, par Pierre Alivon de personnes à travers le monde s’identifient- dont le mythe faisant écran, nous laisse viennent se juxtaposer aux photos de Milton elles encore à elle? Pourquoi le symbole qu’elle encore, aujourd’hui, une image inachevée. Greene. Ces superpositions photo-vidéo ré- incarne est-il toujours aussi puissant au XXIe vèlent l’envers de Marilyn, sa face cachée, les siècle? sentiments qui la traversent et qu’on pourrait 28 29
LA SCÉNOGRAPHIE L’espace scénographique et les éléments procédés de narration - apparition et dis- scéniques font référence à un plateau de parition de la figure de Marilyn dans nos tournage, un studio de prise de vue, à des espaces contemporains - et de métamor- lieux de fabrication d’icônes. Dans l’espace phose de l’espace par sa fragmentation, sa des murs noirs et nus des théâtres, une simple concentration ou sa dilatation par des jeux surface blanche au sol ne recouvre que par- avec la profondeur et la perspective. SÉRIE 1 tiellement la scène. Des écrans, réflecteurs de lumière ou surfaces de projection, un carré de L’écran suspendu en fond de scène, en PVC PROCÉDÉS DE NARRATION faux gazon, une machine à fumée et son ven- de rétroprojection gris anthracite, peut vi- Recherches de narration tilateur, des projecteurs sur pied, structurent suellement disparaître dans l’obscurité ou être procédant par des apparitions et modulent l’espace dans le temps de la re- le support d’une projection partielle. Les trois et des disparitions de la figure présentation. Au-devant de la scène, un piano écrans mobiles, munis chacun d’un vidéopro- de Marilyn et travaillant sur blanc, objet mythique, que Marilyn a retrouvé jecteur, sont dans des PVC de rétroprojection son incrustation dans des lieux contemporains faisant sens et conservé toute sa vie, sur lequel un pianiste crème, gris clair et gris anthracite, donnant avec le texte. jouera. des qualités d’images diverses et jouant hors projection de leur aspect de paroi translu- Les écrans de projection, un cadre fixe cide avec le sol blanc et l’obscurité du fond de suspendu en fond de scène et trois cadres scène. Ces trois écrans sont manipulés dans le mobiles sur scène offrent de multiples jeu par la comédienne. 30 31
Avec le noir du fond du théâtre, plus de cadre d’image, seule la figure de Marilyn apparait. Le cadre de l’image se confond avec le mur de la scène, créant un effet de profondeur. SÉRIE 2 TRAVAIL SUR LA FRAGMENTATION DE L’ IMAGE ET SUR LA PROFONDEUR Modification des sensations d’espaces suivant l’image projetée. Un même espace est présenté avec des points de vue et cadrages différents. 32 33
EXTRAITS «...Enfin, je gagnais assez d’argent pour régler le loyer de ma chambre et m’offrir un repas par jour, même s’il m’arrivait par- fois de me serrer la ceinture. Mais c’était sans importance. Quand on est jeune et bien portant, ce n’est pas tragique de rester de temps en temps sur sa faim. L’important, c’était la solitude. Quand on est jeune et bien portant, la solitude peut prendre des proportions démesurées. Je posais sur les rues un regard désolé. Je n’avais ni parents à aller voir ni copains avec qui sortir. Tante Grace et Tante Anna travaillaient dur pour se nourrir et payer leur loyer. Quand j’allais les voir, elles s’apitoyaient sur moi et voulaient absolument m’ai- der. Je savais à quel point elles avaient besoin des quelques pièces restant dans leur porte-monnaie; je m’abste- nais donc de leur rendre visite, à moins d’avoir de l’argent et de pouvoir les emmener au restaurant ou au cinéma. Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013 34 35
«...J’ÉTAIS SEULE AVEC MOI-MÊME. LE SOIR, QUAND JE SORTAIS DU RESTAURANT POUR RENTRER CHEZ MOI LE LONG DES RUES ILLUMINÉES, AU MILIEU DE LA FOULE QUI ENCOMBRAIT LES TROTTOIRS, J’OBSERVAIS LE VISAGE DES GENS QUI BAVARDAIENT ENTRE EUX OU SE PRESSAIENT DANS TELLE OU TELLE DIRECTION. JE ME DEMANDAIS OÙ ILS ALLAIENT ET QUEL EFFET ÇA POUVAIT BIEN FAIRE DE SAVOIR OÙ ALLER OU DE CONNAÎTRE D’AUTRES PERSONNES...»
EXTRAITS DANS LE RÊVE, «...À mesure que je grandissais, je me rendais compte que je n’étais pas comme les autres en- fants, parce qu’il n’y avait dans ma vie ni baisers ni promesses en perspective. Très souvent, je me sentais si seule que j’avais envie de mourir. J’es- J’ENTRAIS DANS sayais de me consoler en me laissant aller à mes rêves éveillés, mais impossible d’imaginer que l’on pourrait un jour m’aimer comme l’étaient tant d’autres enfants sous mes yeux. Mes son- geries ne pouvaient pas m’emporter aussi loin. Je L’ÉGLISE me contentais de rêver que j’attirais l’attention de quelqu’un (Dieu mis à part), que des gens me regardaient et prononçaient mon nom. Ce besoin d’attirer l’attention jouait un rôle, je pense, dans les problèmes qui m’assaillaient le dimanche à l’église. À peine étais je assise sur mon banc, avec l’orgue qui jouait et les fidèles qui chantaient en chœur des cantiques, qu’une envie irrésistible me prenait d’enlever tous mes vêtements. Je voulais désespérément me dres- ser, entièrement nue, pour que Dieu et les autres me regardent. Je devais serrer les dents et me maintenir assise sur mes mains pour me retenir de me déshabiller. Parfois, j’en étais réduite à prier ardemment et à supplier le Seigneur de me donner la force de rester habillée. Il m’arrivait même d’en rêver. Dans le rêve, j’en- trais dans l’église, portant une jupe évasée sans rien dessous. Les fidèles étaient allongés sur le dos dans la nef de l’église, je les enjambais pour passer et ils regardaient sous ma jupe. Mon désir de me montrer nue et les rêves où cela m’arrivait ne m’inspiraient aucune confusion, aucun sens du péché. Je me sentais moins seule lorsque je rêvais que des gens me regardaient. Je voulais qu’ils me voient nue, je pense, parce que j’avais honte des vêtements que je portais l’éternelle robe bleu délavé de la pauvreté. Nue, j’étais comme les autres filles et non pas une orpheline en uniforme…» Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013 38 39
LE SITE INTERNET SITE UPDATE MARILYN PROCÉDÉS DE NARRATION Pour le site internet, le procédé retenu est le scroll vertical en paral- laxe. l’effet de parallaxe: Il s’agit d’une illusion d’optique qui s’inspire d’une des règles de perspective élémentaire : par rapport à un observateur, plus un objet est éloigné, plus celui-ci est petit et moins il se déplace vite. Un exemple classique : à bord d’un train, un passager regardant par la fenêtre voit les arbres les plus proches se déplacer plus rapide- ment que ceux au loin. La paral- laxe consiste donc à animer des éléments à des vitesses différentes afin de suggérer plusieurs plans en mouvement. La parallaxe permet à l’internaute d’avoir une meilleure perception de l’univers avec une navigation fluide, intuitive et évolutive. UPDATE MARILYN.COM met en scène lyn. Il est une matière vivante. UPDATE MA- l’aspect spectral, les multiples facettes du RILYN joue avec notre imaginaire, s’amuse mythe Marilyn. Comme piste de réflexion, de la réalité pour rejoindre la fiction et pro- nous partons de l’hypothèse qu’une icône poser une relecture du « mythe Marilyn ». perdure aussi bien par les faits exceptionnels de sa vie privée et publique que par les inter- Nous invitons l’internaute à un voyage. prétations que chacun s’en fait. Ces projec- Nous l’immergeons dans une fiction où les tions maintiennent en vie l’identité de l’icône. images et les ambiances sonores ramènent Marilyn dans notre monde d’aujourd’hui. Le site se crée en amont de l’installation et Parfois des phrases, des pensées de Mari- de la pièce de théâtre afin de nourrir les pistes lyn viennent se mêler à cette narration. de réflexion d’ UPDATE MARILYN et d’en traduire son identité visuelle. Il fédère de Visuellement UPDATE MARILYN met en scène façon sensible toute une communauté de plusieurs profondeurs de champ qui donnent vie spectateurs qui s’approprie l’aventure. Il est et mouvement à l’icône. Les auteurs créent dans un lieu de rêveries. Puis, il restera le témoin, les décors des parallaxes et s’amusent avec. la proposition artistique de cette œuvre, fixant sur le web la quintessence du projet. De façon sensible, il réinvente l’icône Mari- 40 41
Partie : Agenda Sur la page d’accueil du site, L’ AGENDA IMAGINAIRE de Marilyn est mis à disposition de l’inter- naute qui arrive sur le site. Il est ouvert à la date du jour. Il y découvre une actualité, un poème, une pensée, un rendez-vous, une photo, une musique, une dépêche de l’AFP, un commentaire sur l’actua- lité... Dés évènements fictionnés se mélangent à des évènements d’aujourd’hui, laissant penser que Marilyn est parmi nous. L’internaute a accès à la semaine qui vient de s’écouler, il peut la consulter et entrevoir les rencontres, les centres d’intérêt de Marilyn. Si Marilyn a vu une exposition au palais de Tokyo, si elle a commenté un twitte ou si elle a assisté à la première d’un film ou d’une pièce, il peut découvrir son point de vue. La communauté suit l’évolution du projet UPDATE MARILYN à travers une websérie documentaire intitulée A DATE WITH MARILYN - Les coulisses d’un rendez-vous (format 15X6mi- nutes) reliant les États-Unis et la France. Les internautes suivent le projet en construction aussi bien à travers ses progrès que ses difficultés. Les personnages principaux de cette websérie sont Stéphanie Sphyras et Benoit Nguyen Tat, les réalisateurs du projet, Joshua Greene, leur partenaire aux États-Unis et toute l’équipe artistique d’UPDATE MARILYN. Les internautes peuvent réagir à la websérie via le blog, poser des questions et faire des propositions. Il est important pour nous de fédérer autour de ce projet une communauté de spectateurs qui s’appro- prie notre aventure. Dans cette démarche, un compte TWITTER, une page FACEBOOK sont bien entendu créés. Partie : A date with marilyn Les spectateurs peuvent venir sur le site via Facebook, Twitter, Pinterest et les blogs, mais aussi par la pièce de théâtre et l’installation. Nous fédérons la communauté en France, Joshua Greene s’occupe des États-Unis. Le site a une version française et une version anglaise. 42 43
Nous souhaitons lancer sur le site internet du projet UNE ENQUÊTE IMAGINAIRE autour de Mari- lyn. Les internautes sont invités à y participer. L’enquête prend la forme d’un questionnaire à la manière de celui inventé par Marcel Proust et réinventé par James Limpton pour son émission télévisée Inside the Actors Studio 3. L’internaute pour y répondre se glisse dans la peau de Marilyn : Quel livre aurais-je pu écrire ? Qu’est ce que je fais quand je suis angoissée ? Quel est l’endroit du monde où j’aimerais me réfugier ? Quelle est la chose que j’apprécie le plus dans le monde d’aujourd’hui ? Quelle est la chose que je déteste le plus dans le monde d’aujourd’hui ? Quelle est la femme d’aujourd’hui qui me ressemble le plus intérieurement ? Ce que je pense de ces cinquante dernières années ? Si je devais résumer ma vie en une phrase-choc, je dirais... Quelques-unes de ces enquêtes imaginaires sont alors choisies, pour être fantasmées par l’artiste pho- tographe Pierre Alivon. Lorsque nous avons commencé à travailler sur Marilyn, nous avons interrogé des personnes de diffé- rentes nationalités et d’univers variés sur ce que représentait ce mythe pour elles et nous avons été frappés de la place importante qu’il occupait dans leur imaginaire. Marilyn avait fait partie de leur vie à un moment donné, elles entretenaient avec elle un rapport très affectif, leur avis sur Marilyn était toujours très tranché. À travers leur vision de Marilyn, ils se racontaient, mais ils racontaient également une part Partie : A date with marilyn de notre époque. Ces entretiens, au départ informels, nous ont donné l’envie d’aller plus loin et de créer la websérie DATING MARILYN - Rendez-vous avec Marilyn (format 20X8 minutes). Nous souhaitons interviewer des gens de tous horizons, des fans, des artistes, des personnalités mar- quantes de notre époque et leur demander à travers leur regard de donner leur interprétation du « mythe Marilyn ». Ce qui nous intéresse c’est des réunir des personnalités aussi singulières que Camille, Pierre Lescure, Karl Lagerfeld, Nathalie Dessay, Juliette Binoche, Boris Cyrulnik… pour questionner l’icône Marilyn et récolter un témoignage intime, état des lieux de notre époque. Nous voulons terminer chaque format court par une photographie qui synthétise l’essence de leur té- moignage, leur rencontre avec Marilyn. Eux se trouvent dans leur décor, leur intimité et Marilyn surgit au milieu de leur quotidien. L’interviewé, dans son décor, est photographié par Pierre Alivon. Quant à Marilyn, elle, apparaît à travers le regard de Milton Greene. La photo de Milton Greene se mixe alors à celle de Pierre Alivon. Deux espaces-temps se rencontrent pour nous raconter une nouvelle histoire. Pour chaque personne interviewée, un décor est choisi faisant sens par rapport à son histoire personnelle et à ce qu’il a à nous dire sur Marilyn. Nous lui demandons d’amener un objet qu’il a envie de partager spécifiquement avec Marilyn. Cet objet est alors mis en scène dans le cadre de l’interview et de la pho- tographie finale. Quelques-unes de ces interviews s’intègrent également à l’installation et au dispositif théâtral d’UPDATE MARILYN. L’INSTALLATION se réinvente en fonction des lieux qui l’accueillent et des publics qui la traversent. Partie : A date with marilyn Elle est également visible via le site. Dans L’ESPACE 6 de l’installation, NOUS SOMMES TOUS DES MARILYN ! 44 45
Nous questionnons le processus de fabrication d’une icône, en proposant au spectateur de se mettre lui même en « posture » d’icône. Il peut se faire photographier, avec, à côté ou à la place de Marilyn. Ces photographies sont mises en ligne, par l’internaute, sur le site. Marilyn imprègne bien sûr aujourd’hui notre société à travers les personnages qu’elle a incarnés, mais aussi à travers les chansons qu’elle a interprétées. Nous souhaitons demander à des auteurs d’écrire, de composer autour de ce que Marilyn représente pour eux. Ces œuvres musicales « boite à fan- tasmes » questionnant l’icône Marilyn sont mises en ligne sur le site, puis intégrées dans la forme théâtrale du projet. Daniel Yvinek, Bassiste, multi-instrumentiste, directeur artistique de l’Orchestre National de Jazz de 2008 à 2013, en assure la ligne artistique. Il propose également des compositions musicales qu’il interprète avec des invités, au fur et à mesure de la construction du projet. Tel un nuage, en suspension au-dessus de nos têtes, chaque contenu du site sert à alimenter et à modé- liser, en temps réel, UN PORTRAIT MOSAÏQUE EN RELIEF qui reproduit en gros plan le visage de Marilyn. Il est mis en ligne sur le site, se composant devant l’internaute au fur et à mesure de l’avancée d’UPDATE MARILYN. Cette apparition de Marilyn est également réintégrée, sous forme de sculpture Partie : A date with marilyn vidéo, monumentale, dans les lieux qui accueillent l’installation. L’ APPLICATION SMARTPHONE L’abonné choisit parmi plusieurs photos, celle qu’il préfère de Marilyn. Il a alors la possibilité de prendre une photo avec Marilyn, qu’il peut placer où il veut dans son cadre et qu’il peut mettre à la taille de son choix. Une fois la photo prise, une bulle apparaît, il peut y écrire un dialogue. On lui propose également des citations de Marilyn qu’il peut utiliser à sa convenance. Les photos de Marilyn, prises par les abonnés, se promenant dans les espaces de leurs choix sont mises en ligne sur le site. Une carte localise les lieux de prises de vues. Marilyn grâce aux abonnés continue son voyage autour du monde à travers les lieux les plus insolites. Partie : A date with marilyn 46 47
DATING MARILYN SCÉNARIO SEQ.1/INT.SCENE D’UN THÉÂTRE LA RÉALISATRICE Pourquoi avoir choisi un théâtre pour nous parler de Marilyn, qui est plutôt une actrice de cinéma ? BORIS CYRULNIK C’est un choix symbolique ! Dans la vie, il y a des choses tellement lourdes qu’on ne peut en parler qu’avec légèreté. Le théâtre participe à ce travail d’allègement. Le regard éloigné permet l’intellectualisation et tient à distance le retour de l’émotion. « Le blessé » retrouve alors un peu de maitrise de soi. LA RÉALISATRICE Les artistes, le théâtre, les films sont donc essentiels à l’épanouissement de nos sociétés modernes et des êtres qui y vivent ? BORIS CYRULNIK Les artistes mettent en scène nos débats intérieurs. Ils font des images avec nos conflits sociaux et construisent des récits de nos épreuves. Ils sont nos maîtres à rêver. Ils transforment en poésie nos souffrances indicibles. Celui qui décrirait le réel « obscène » sans le transformer serait un auteur indécent, un agresseur supplémentaire. L’artiste, lui, permet une transposition, une inté- gration de la douleur. LA RÉALISATRICE Dans quel film, Marilyn, pour vous, incarne-t-elle le mieux cette fonction ? BORIS CYRULNIK Les Desaxées ! Elle transfigure le réel insupportable pour lui donner une forme compréhensible et partageable. Un temps. LA RÉALISATRICE J’aimerais savoir ce que vous inspire cette photographie ? La réalisatrice lui montre la photographie de Pierre Alivon « Marilyn à Cuba » (photo p.10) Boris Cyrulnik regarde longuement la photographie. Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013 BORIS CYRULNIK Marilyn a connu des orphelinats glacés, peut-être comme cette petite fille… Elle est une enfant illégitime. Un enfant ne peut se développer ailleurs qu’au milieu des lois inventées par les hommes. Et Marilyn avant même de naître se trouvait hors la loi… Un temps. Il regarde toujours la photographie. 14 49
BORIS CYRULNIK LA RÉALISATRICE Quand je regarde Marilyn, je me dis qu’on s’est tous laissé piéger par son apparence, sa belle Vous auriez pu la soigner ? image, sa chaleur. Mais Marilyn, elle, était morte depuis longtemps et personne ne s’en est rendu compte, tant son merveilleux fantôme nous ensorcelait. Il n’est pas nécessaire d’être mort pour LA RÉALISATRICE ne pas vivre. Comment auriez-vous fait ? LA RÉALISATRICE BORIS CYRULNIK Comment a-t-elle fait pour survivre, alors ? J’aurais essayé de pénétrer dans son monde psychique. Un temps. Un sourire. LA RÉALISATRICE C’est à dire ? BORIS CYRULNIK Pour survivre ? Elle s’est inventé une identité ! Puisque sans ses rêves fous elle était condamnée BORIS CYRULNIK à vivre dans un monde de boue. Je l’aurai aidé à faire un travail d’ « historisation » qui aurait donné sens à son enfance bousculée. LA RÉALISATRICE LA RÉALISATRICE Elle a déclaré que Clark Gable était son vrai père et qu’elle appartenait à une famille royale. Vous ne vous seriez pas laissé piéger par sa beauté ? BORIS CYRULNIK Rire. Tant qu’à faire ! (rires) BORIS CYRULNIK C’est un risque ! Être aveuglé par son immense beauté et ne pas voir son immense désespoir. Un silence. LA RÉALISATRICE Quand le réel est mort, le délire procure un sursaut de bonheur. Imaginons… On vous l’aurait amenée, enfant, qu’auriez-vous fait pour l’aider ? LA RÉALISATRICE Un temps Marilyn avait tendance à rester au lit, à ne plus se laver, à s’engourdir. Comment l’auriez-vous aidé ? BORIS CYRULNIK Je lui aurais cherché les contes, les récits, les histoires dont elle avait besoin afin de comprendre BORIS CYRULNIK comment il lui fallait vivre pour sortir de la boue. Un baiser pouvait la réveiller… LA RÉALISATRICE LA RÉALISATRICE Et plus grande ? Qu’auriez-vous fait? De quoi souffrait-elle ? BORIS CYRULNIK BORIS CYRULNIK Quel âge ? Je pense que la carence affective avait fait d’elle un oisillon déplumé, tremblant, recroquevillé, incapable d’ouverture sur le monde et les gens. LA RÉALISATRICE Disons, 17 ans. Dans l’histoire d’une vie on n’a jamais qu’un seul problème à résoudre, celui qui donne sens à notre existence. Le lien et le sens permettent la résilience, mais Marilyn n’a jamais pu les rencontrer. BORIS CYRULNIK Sans lien et sans histoire, comment voulez-vous devenir vous même ? Je l’aurais aidée à donner du sens à sa déchirure ! À la raccommoder ! Un temps Boris Cyrulnik regarde l’espace vide du théâtre. LA RÉALISATRICE Que lui auriez-vous dit, pour l’encourager dans ce combat avec elle même ? BORIS CYRULNIK Je me le suis laissé croire. Un temps 50 51
BORIS CYRULNIK résilience, son émergence même jaillit de l’imaginaire. Soigner un enfant, le nourrir, le laver est Ta vie est une bagarre et c’est ce qui la rend intéressante ! Lutter contre ton malheur te permettra une nécessité physique bien sûr, mais ne déclenche pas un processus de résilience. Si le panse- d’arracher du plaisir à vivre, malgré les fantômes cachés au fond de ta mémoire. ment n’est pas « sensé », imprégné de signification et de direction, l’enfant retournera à son vide et Marilyn à ses fantômes. LA RÉALISATRICE Marilyn était un être carencé, terrorisé par l’ombre du passé, hypersensible, pouvant s’enthou- LA RÉALISATRICE siasmer ou s’effondrer suivant les rencontres et le contexte. Êtes-vous d’accord avec cela? Errer sans but et sans rêverie nous soumet à l’immédiat. En revanche, si l’on donne à l’enfant l’occasion de se faire une représentation de ce qui s’est passé, on pourra déclencher son processus BORIS CYRULNIK de résilience, c’est bien cela ? Oui BORIS CYRULNIK LA RÉALISATRICE Un jour, j’ai vu un adulte organiser un café philo avec des enfants de la rue ! Un observateur naïf Comment en est-elle arrivée là ? aurait pu s’indigner : ils savent à peine lire et écrire et on leur parle de Platon et de Confucius ! En fait, en évoquant ces penseurs abstraits, on invite les enfants à la transcendance, on leur propose BORIS CYRULNIK de conquérir un autre monde que celui qu’ils ont à affronter et, si l’échange intellectuel se passe à Quand autour d’un petit enfant, les tuteurs sensoriels de développement viennent à manquer, le l’intérieur d’un lien amical, on peut assister à une métamorphose ! monde ne se dessine plus. Et quand il n’y a plus de figure saillante, ni d’objet « historisé », quand une information en vaut une autre, le monde psychique devient flou et la vie mentale ne se struc- LA RÉALISATRICE ture plus. Pourtant Marilyn a incarné son rêve de gosse. Elle avait un but, un rêve : devenir une actrice, devenir Marilyn. Elle était une artiste complète, elle chantait, écrivait, jouait. Et pourtant, elle n’a Marilyn n’avait personne à idéaliser, ni aucune figure d’attachement à laquelle accorder son par- pu échapper à son mal-être, elle n’a pu faire acte de « résilience », pourquoi ? don. Marilyn, confuse, engourdie, trop sage, ne pouvait même pas repérer son mal-être et per- sonne ne s’en est rendu compte. BORIS CYRULNIK Norma Jean a mis toute l’énergie qu’elle possédait pour devenir Marilyn, mais elle s’est noyée LA RÉALISATRICE dans l’image qui la réparait. Pourquoi en grandissant, a-t-elle retourné sa douleur contre elle-même ? Un temps, il regarde l’objet qu’il a apporté pour parler de Marilyn. BORIS CYRULNIK J’imagine que petite, Marilyn s’est vidée de sa vie, parce qu’il y avait du vide autour d’elle. S’infliger LA RÉALISATRICE une souffrance, c’était une façon de se réanimer. La douleur fait revivre un peu de vie en soi. La C’est l’objet que vous avez choisi pour vous évoquer Marilyn ? douleur réveille et contraint au réel, cruel, mais tellement moins angoissant que le vide de son propre monde. BORIS CYRULNIK Oui LA RÉALISATRICE Le cas de Marilyn était-il sans espoir de guérison ? BORIS CYRULNIK Vous pouvez m’en parler? BORIS CYRULNIK Une braise de résilience est toujours possible si l’on souffle dessus avec attention. Mais il faut de BORIS CYRULNIK l’humanité autour de soi ! Des tuteurs de résilience. Sinon pour qui voulez-vous qu’un enfant C’est le vilain petit canard, de Hans Christian Andersen. Andersen est né dans la fasse l’effort de comprendre ? prostitution de sa mère, la folie de ses parents, la mort, l’orphelinage précoce, la misère domes- tique et la violence sociale. LA RÉALISATRICE Y a-t-il d’autres facteurs qui aident à la résilience ? LA RÉALISATRICE Ça fait beaucoup ! BORIS CYRULNIK L’espoir ! Un enfant qui a appris l’espoir projette sur la scène de son théâtre intime un rêve idéal BORIS CYRULNIK où il se donne un rôle : celui d’un enfant aimé, d’un héros prestigieux ou d’un adulte au bonheur Comment ne pas rester mort quand on vit comme ça ? simple. Ce travail imaginaire le sauve de l’horreur en le libérant du contexte et l’invite au boulot en lui proposant un idéal de soi à réaliser. Ce qui est remarquable, c’est que l’enclenchement de la 52 53
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