MARILYN MONROE CONFESSION INACHEVEE MY STORY

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MARILYN MONROE CONFESSION INACHEVEE MY STORY
MARILYN MONROE
                                                                                     CONFESSION INACHEVEE
                                                                                           MY STORY
                                                                                           De Ben Hecht en collaboration avec Marilyn Monroe
                                                                                     Traduction française de Janine Hérisson - Editions Robert Laffont.

                                                                                                        UPDATE MARILYN
                                                                              				Un projet transmédia

                                                                                                        DOGS NEVER BITE ME. JUST HUMANS
                                                                                                                           MARILYN MONROE

                                                                                                             LES CHIENS NE M’ONT JAMAIS MORDUE.
                                                                                                                         SEULEMENT LES HUMAINS.
Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene www.archiveimages.com

                                                                                     PRODUCTION PRINCIPE ACTIF - MEMOIRE D’IMAGES
                                                                             EN PARTENARIAT AVEC ABG ET JOSHUA GREENE / ARCHIVE IMAGES, LLC

                                                                                     L A FAMILLE
  C

                                                                                      ATELIER CRÉATIF
MARILYN MONROE CONFESSION INACHEVEE MY STORY
NOTE D’INTENTION

UPDATE MARILYN – MY STORY est une
œuvre artistique originale créée pour une
narration transmédia (Théâtre, Installation,
Site Internet, Webseries). Les contenus
s’alimentent les uns les autres, pour ser-
vir l’élément central du projet : la pièce de
Théâtre MY STORY (d’après le texte ori-
ginal écrit par Ben Hecht en collaboration
avec Marilyn Monroe).

Un tel projet, moderne et innovant, qui
s’appuie sur l’icône complexe et attachante
qu’est Marilyn et qui, de fait, est susceptible
de fédérer un large public jusqu’à traverser
l’Atlantique, dont le texte est signé Ben
Hecht, l’un des plus talentueux scénaristes
de Hollywood, sans oublier les photos my-
thiques de Milton Greene et la composition
musicale de Daniel Yvinek, ne peut-être
qu’une source inépuisable de motivation
pour une équipe artistique.

Pour UPDATE MARILYN nous avons l’en-
vie de développer une écriture transmédia,
qui utilise la spécificité dramaturgique des
différents supports de création pour inviter
à la réflexion et faire émerger de nouvelles
formes, de nouvelles narrations au service
du spectacle vivant.

                                                  Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene
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LE CONCEPT

      NOTE D’INTENTION                                                   Le projet
             2-6                                                    UPDATE MARILYN
                                                     s’inscrit dans UNE ÉCRITURE TRANSMéDIA.

         LE CONCEPT                             Il s’articule autour de plusieurs questions fondamentales :
              5                                             Qui se cache derrière l’icône Marilyn?
                                                 Que représente aujourd’hui Marilyn dans notre société?
                                                Quel langage inventer pour parler de Marilyn aujourd’hui ?

L’ INSTALLATION DÉAMBULATOIRE               Que nous dit-elle sur notre civilisation, notre société, notre temps?
               8                Que nous dit-elle sur nous même, à une époque où l’on ne cesse de susciter de nouvelles stars,
                                                      pour de nouvelles gloires toujours plus éphémères?

                                             L’écriture de ce projet se décline au travers de plusieurs médias :
     LA PIÈCE - MY STORY                                              Une installation
              24                                           Une pièce de théâtre - MY STORY -
                                                                      Un site internet
                                                               Une application smartphone
LE SITE INTERNET / SMARTPHONE
              38

                                       Tous les supports s’alimentent les uns les autres, et contribuent à la création,
                                                  de la pièce de théâtre, la figure centrale de notre projet.

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NOTE D’INTENTION

Nous souhaitons nous interroger sur les           On lui doit les scénarios de LA DAME DU
traces laissées par Marilyn dans notre            VENDREDI et de SCARFACE pour lequel
société, questionner le mythe, et laisser         il a remporté l’Oscar du Meilleur Scénario.
apparaître la femme bien souvent restée
cachée derrière l’icône qu’elle incarne.          Les photos de Milton Greene, le livre Mari-
                                                  lyn MY STORY et notre rencontre enthou-
Ce projet se développe en collaboration           siaste avec Joshua Greene ont été les élé-
avec les États-Unis, en partenariat avec          ments déclencheurs de cette aventure. Nous
ABG et Joshua Greene, le fils de Milton           avons alors cherché une forme pouvant être
Greene. Joshua Greene met à la dispo-             à la hauteur du mythe et de la modernité
sition de ce projet les œuvres photogra-          qu’incarne Marilyn. L’idée de développer ce
phiques de son père, qu’il a récemment            projet dans le cadre d’une œuvre trans-
restaurées. On découvre dans ces clichés          média s’est alors imposée d’elle-même.
Marilyn saisie comme une femme et non
comme un sex-symbol. Une Marilyn mé-              Nous nous proposons d’explorer ces nou-
lancolique, qui cherche à s’émanciper de          veaux espaces de narration qu’offre au-
l’image de bombe sexuelle pulpeuse dont           jourd’hui l’écriture transmédia.
Hollywood l’a trop rapidement habillée.
                                                  Dans un premier temps, UPDATE MA-
Joshua Greene nous offre également en             RYLIN sera créé en France puis dans un
exclusivité la matière fondamentale de ce         second temps, sera exporté aux États-Unis
projet à savoir le livre MY STORY, un texte       par l’intermédiaire de Joshua Greene.

                                                                                                    Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene
coécrit par Marilyn elle-même et le scéna-
riste Ben Hecht, collaborateur entre autres
de Howard Hawks, Otto Preminger, Henry
Hathaway ou encore Alfred Hitchcock.

                                              6                                                 7
MARILYN MONROE CONFESSION INACHEVEE MY STORY
Marilyn voyage dans des lieux où nous
                                                                                    NOTE D’INTENTION                                                       ne l’attendons pas, nous lui inventons
                                                                                                                                                           une nouvelle vie. L’étonnement, le choc,
                                                                                                                                                           l’ambiguïté, la fiction provoqués par ces
                                                                                                                                                           confrontations de l’image de Marilyn «
                                                                      L’INSTALLATION DÉAMBULATOIRE                                                         d’hier » à notre monde contemporain,
                                                                                                                                                           l’humanisent. Nous amenons le specta-
                                                                                                                                                           teur à la regarder différemment.

                                                                                                                                                           Pour ce faire, nous utilisons le talent
                                                                 Hollywood a construit une image                                                           d’un photographe français et d’un pho-
                                                         totalement fabriquée de Marilyn. Une                                                              tographe américain : Milton Greene et
                                                                                                                                                           Pierre Alivon. Milton Greene, décédé             Faire dialoguer un photographe de pla-
                                                         blonde qui ondule et marche comme
                                                                                                                                                           en 1985, est un photographe de studio,           teau et un photographe de terrain nous a
                                                         « une nénette » qu’on siffle dans la rue
                                                                                                                                                           dont la carrière couronnée de succès             semblé pertinent pour le projet de cette
                                                         et que ça ne dérange pas. Une créature
                                                                                                                                                           est jalonnée par plus de cent-cinquante          installation : inventer une nouvelle vie à
                                                         fascinante, une machine à désir qui ne
                                                                                                                                                           couvertures de magazines de mode et              Marilyn en la faisant voyager à travers le
                                                         sait jamais quoi dire quand on lui adresse
                                                                                                                                                           des milliers de publications. Et pourtant,       monde.
                                                         la parole.
                                                         Mais le problème de Marilyn, ce n’est                                                             aujourd’hui encore on se souvient sur-
                                                                                                                                                           tout de lui pour ses collaborations avec         Dans notre installation plusieurs modules
                                                         pas qu’elle est une blonde idiote, c’est
                                                                                                                                                           Marilyn Monroe entre 1953 et 1957. Il            seront proposés aux spectateurs avec à
                                                         qu’elle n’était ni blonde ni idiote. Elle
                                                                                                                                                           est l’un des premiers à la photographier         chaque fois des propositions différentes
                                                         ne souhaite pas être une star hollywoo-
                                                                                                                                                           non pas comme une icône, mais comme              : images fixes sur support Diasec (tirage
                                                         dienne, un sex-symbol, mais une femme
                                                                                                                                                           une femme.                                       photographique encollé sur plexiglas),
                                                                                                                                                                                                            images avec projections de vidéos, vidéos
                                                                                                            fois l’ange irradiant de blancheur, de blon-   Pierre Alivon est un photographe re-             avec du texte, vidéos seules, paysage
                                                                                                            deur et l’ange à l’innocence salie, violée,    porter. Il parcourt le monde pour aller          sonore, mini reconstitution d’un studio
                                                                                                            malmenée, puis achevée par les hommes.         photographier l’humanité des gens dans           photographique, borne web…
                                                                                                            Beaucoup d’auteurs ont écrit sur elle,         les endroits les plus improbables. Son
                                                                                                            beaucoup d’artistes se sont emparés de         travail implique d’être invisible au mi-         Les lieux accueillant l’installation s’inté-
                                                                                                            son image. Boris Cyrulnik, psychiatre,         lieu des êtres, pour être au plus proche         greront également photographiquement
                                                                                                            nous parle de ses carences affectives, fai-    de leur humanité et d’anticiper ainsi la         au projet. Cette installation n’est donc
                                                                                                            sant d’elle un oisillon déplumé et trem-       scène à photographier.                           pas fixe, mais conçue pour se réinventer
                                                                                                            blant, ne trouvant personne pour l’aider à                                                      au fur et à mesure de ses voyages, des
                                                                                                            créer du lien et du sens pour réparer son                                                       réactions du public, du contexte et des
                                                                                                            enfance bousculée. Pour lui, l’émouvante                                                        lieux qui nous accueilleront.
                                                                                                            Marilyn, brisée dans son enfance, n’est
                                                         moderne et une actrice. Elle ne veut pas           pas revenue à la vie. Elle est restée morte
                                                         être aimée pour son physique, son                  et c’est son fantôme que le public adore.
                                                         image, mais pour ce qu’elle est au fond
                                                         d’elle même.                                       À travers cette installation, nous ques-
                                                         Marilyn est une héroïne romanesque,                tionnons de manière ludique et poétique
Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013

                                                                                                                                                                                                                                                           Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013
                                                         parce qu’elle a croisé tout ce qui a comp-         ce qui se cache derrière ce fantôme. Nous
                                                         té au XXe siècle : le cinéma, la psycha-           nous éloignons de l’icône « papier glacé
                                                         nalyse, la littérature et la politique. Elle       », construite par Hollywood, pour l’huma-
                                                         connait une enfance digne d’un roman               niser et raconter cette femme singulière,
                                                         de Dickens. Elle incarne à la                      féministe et moderne qu’elle est.

                                                                                                        8                                                                                               9
MARILYN MONROE CONFESSION INACHEVEE MY STORY
MARILYN À CUBA, 2013

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Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013
MARILYN MONROE CONFESSION INACHEVEE MY STORY
L’INSTALLATION DÉAMBULATOIRE

L’installation est conçue pour accompa-                 notre quotidien?
gner la pièce de théâtre et immerger le
spectateur dans notre univers. Mais elle                Dans cette enquête fiction, diverses postures
est également conçue pour être autonome.                sont proposées aux spectateurs, les rendant
                                                        actifs et constructeurs d’images mentales et
C’est une installation sonore, musicale, tex-           concrètes.
tuelle et visuelle : un voyage multimédia                                                                « LES GENS AVAIENT LA MANIE
et poétique dans l’univers de Marilyn. Une              La scénographie de l’installation montre les     DE   ME   REGARDER   COMME     SI
mise en perspective de l’icône fantasmée et             processus de fabrication d’une icône et si
                                                                                                         J’AVAIS ÉTÉ UNE SORTE DE MIROIR
de la femme singulière qu’elle est.                     le spectateur joue à être Marilyn ou à s’en
                                                        rapprocher, c’est toujours dans un dispositif    ET NON PAS UN ÊTRE HUMAIN
Hollywood a construit le mythe, « l’icône »             visible qu’il construit lui même de manière      COMME LES AUTRES. CE N’ÉTAIT
Marilyn. Cette installation cherche à la sor-           active.
tir du « papier glacé » par la confrontation de                                                          PAS MOI QU’ILS VOYAIENT, MAIS
ses écrits intimes, de sa voix, de ses photos, à        Ces témoignages, impressions, révélations,       LE REFLET DE LEURS OBSESSIONS.
la parole et aux espaces contemporains. Elle            confessions, portraits, produits par les spec-
                                                                                                         ILS SE DISCULPAIENT ENSUITE EN
s’attache à révéler l’être profond, l’humanité          tateurs lors de l’installation, viennent ali-
de Marilyn.                                             menter le projet transmédia et la pièce de       M’ACCUSANT MOI, DE LASCIVITÉ. »
                                                        théâtre.
Une scénographie ludique, à travers plu-                                                                             MARILYN MONROE, 1954.
sieurs espaces, questionne « le mythe » : qui
est vraiment Marilyn ? Qui se cache derrière
l’icône ? Que représente-t-elle aujourd’hui,
pour le public? Où trouver son reflet, dans

                                                                                                                                             Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene
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MARILYN MONROE CONFESSION INACHEVEE MY STORY
Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013

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                                                                                                                                                                                                          Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013
L’ESPACE 1
MARILYN DANS NOTRE MONDE CONTEMPORAIN

Marilyn voyage à travers le monde.                     réalité, ou d’un reflet. A chaque fois, elle                 accueille l’installation.                                                                                                                           incitant, qui sait, le spectateur à regarder
                                                       crée du sens et nous raconte une histoire.                                                                                                                                                                       autour de lui pour y découvrir les « Mari-
Nous la découvrons, à Cuba, en Colombie,                                                                            En mélangeant les espaces-temps, en réin-                                                                                                           lyn » d’aujourd’hui. Ces rencontres, ces
à Bangkok, à Paris. Elle s’invite à la FIAC,           Une autre série de photos est proposée aux                   troduisant Marilyn dans notre modernité,                                                                                                            frottements se font aussi avec humour et
elle discute avec une petite fille à Cuba, elle        spectateurs, mais cette fois, à l’arrière-plan,              nous cherchons à produire un choc, une                                                                                                              produisent de nouvelles histoires, un nou-
voyage dans les pensées d’une adolescente en           comme décor, comme espace graphique,                         matière à discussion. Le spectateur la perçoit                                                                                                      veau regard…
Allemagne, elle accompagne les songes d’un             ils découvrent leur ville. Marilyn photogra-                 enfin comme une femme. Elle n’est plus dés-
chauffeur de taxi à Bangkok… 			                       phiée par Milton Greene y apparaît mixée                     humanisée par le poids du mythe. Son huma-
Son apparition peut prendre la forme de la             à une photographie prise dans la ville qui                   nité contamine notre monde contemporain,

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MARILYN MONROE CONFESSION INACHEVEE MY STORY
MARILYN À LA FIAC, 2012

                                                                                                                                                    Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013

L’ESPACE 2                                                                                      L’ESPACE 3
L’ESPACE INTIME                                                                                 L’ESPACE ÉLECTROACOUSTIQUE

Dans cet espace les spectateurs sont invités        Elle n’est plus une icône fantasmée, mais   Une œuvre électroacoustique de Michel
à emprunter des casques audio et à s’asseoir        une personne humaine, réelle.               Bertier, paysagiste sonore offre un rendez-
face à la projection murale d’une série de                                                      vous d’une émouvante intimité avec cette
photos fixes de Marilyn.                                                                        voix si singulière.

Des paroles extraites du texte écrit par                                                        Ce travail se compose d’extraits et de frag-
Ben Hecht et Marilyn leur sont adressées,                                                       ments de documents sonores de Marilyn,
racontées par une comédienne. La confron-                                                       du timbre de sa voix et de ses respirations
tation des photos et des textes nous fait                                                       sculptées, de l’accentuation de ses pho-
quitter l’icône et rencontrer la personne.                                                      nèmes jusqu’à parfois des abstractions son-
                                                                                                ores surprenantes.

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MARILYN MONROE CONFESSION INACHEVEE MY STORY
L’ESPACE 4
LA BORNE MARILYN

Le spectateur peut se connecter au site internet www.updatemarilyn.com et accéder aux
contenus du site. Nous lui proposons notamment de se glisser dans la peau de Marilyn pour répondre au
questionnaire UPDATE MARILYN.

Les réponses à ce questionnaire sont dans un deuxième temps traduites photographiquement par Pierre
Alivon.

L’ESPACE 5
TÉMOIGNAGES
                                                                                                                  « JE ME RENDIS COMPTE QUE,
                                                                                                                  TOUT COMME J’AVAIS DÛ ME
Sur un écran sont diffusés des entretiens dans lesquels des artistes, des philosophes, des historiens, des
auteurs nous évoquent ce que représente Marilyn pour eux. Ils nous livrent leur interprétation du mythe           BATTRE POUR FAIRE DU CINÉMA
- Pourquoi Marilyn est-elle encore et toujours une icône mondiale ? – et par ce témoignage, ils nous              ET DEVENIR UNE ACTRICE, JE DE-
donnent à voir le miroir de notre époque.
                                                                                                                  VRAIS MAINTENANT ME BATTRE
Le spectateur peut aussi s’il le souhaite témoigner et nous raconter ce que représente Marilyn pour lui :         POUR OBTENIR LE DROIT D’ÊTRE
ce qu’il aime chez elle, ce qu’elle lui évoque, l’objet, la couleur qu’elle pourrait être...Quelques-uns de ces
                                                                                                                  MOI-MÊME ET D’UTILISER MES
entretiens viendront rejoindre les contenus du site.
                                                                                                                  TALENTS. SI JE NE ME DÉFEN-
                                                                                                                  DAIS PAS, JE DEVIENDRAIS UNE
L’ESPACE 6                                                                                                        MARCHANDISE BONNE À ÊTRE

NOUS SOMMES TOUS DES MARILYN !                                                                                    VENDUE DANS LES VITRINES DES
                                                                                                                  CINÉMAS. »
                                                                                                                               MARILYN MONROE, 1954.

Qui n’a jamais rêvé de se retrouver, ne serait-ce une heure, dans la peau de Marilyn ?
Qui n’a jamais rêvé de passer, un moment avec elle?

Dans cet espace tout est possible…

Le spectateur est mis en situation de star hollywoodienne. Un mini studio photo est reconstitué pour lui. On
y trouve un fond photographique, un ventilateur, un projecteur sur pied, une machine à fumée… et une photo
de Marilyn.

                                                                                                                                                       Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013
Il peut se faire photographier avec elle. A lui de composer « sa pause »...
Une fois sa photo prise, il peut la mettre en ligne sur le site www.updatemarilyn.com

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MARILYN AU CAFÉ DE LA PAIX, 2013

                                   «CE QUE J’AIMECHEZ MARILYN,C’ESTQUE
                                   TOUT LE MONDE LA PRENAIT POUR UNE
                                   CONNE, MAIS QUE CE N’EN ÉTAIT PAS
                                   UNE! »
                                        ANDRÉA, BERLIN, JANVIER 2013

                                                                              Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013
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LA PIECE DE THEATRE
                  « MY STORY »
d’après « Marilyn Monroe - Confession inachevée »
        de Ben Hecht en collaboration avec Marilyn Monroe
             Traduction française de Janine Hérisson
                     Editions Robert Laffont.

                                                                                  « IL Y AVAIT QUELQUE CHOSE DE
                                                                                  SPÉCIAL CHEZ MOI, ET JE SAVAIS CE
                                                                                  QUE C’ÉTAIT. J’ÉTAIS LE GENRE DE
                                                                                  FILLE QU’ON RETROUVE MORTE DANS
                                                                                  UNE CHAMBRE MINABLE, UN FLACON
                                                                                  DE SOMNIFÈRES VIDE À LA MAIN. »
                                                SYNOPSIS
                                                                                              MARILYN MONROE, 1954.
                                C’est en 1954 que l’agent de Marilyn,
                                Charles Feldman, contacte Ben Hecht
                                pour lui demander d’aider l’actrice à écrire
                                ses mémoires. À 28 ans, elle a déjà tourné
                                une vingtaine de films, dont ses premiers
                                succès - Niagara et Les hommes
                                préfèrent les blondes - et elle
                                est lasse des inventions et potins des feuilles
                                à scandale.

                                Elle lui dicte ses mots qu’il couche sur le
                                papier... Pour des raisons personnelles, elle
                                ne poursuit pas ces séances de travail, mais
                                confie le texte inachevé au photographe
                                Milton Greene, son ami de toujours.

                                Vingt ans après avoir recueilli ces feuillets,
                                douze ans après cette soirée d’août où Ma-
                                rilyn s’est endormie à jamais dans la solitude
                                de sa villa, Milton Greene décide de révéler
                                au public ce que la star elle-même avait à
                                dire.

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Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene
Qui était Marilyn Monroe ? Une blonde un             et déteste Hollywood, avec ses ratés, ses dra-
peu gourde qui pose nue sur des calendriers,         gueurs et ses escrocs, et qui reste pourtant lu-
un sex-symbol, une actrice ingénue? Ou               cide sur la tragédie de son milieu d’adoption :
bien une jeune femme mélancolique,
perfectionniste, cultivée, passionnée de              «À Hollywood, la vertu d’une jeune fille a
littérature ?                                        beaucoup moins d’importance que le style
                                                     de sa coiffure. On vous juge sur votre ap-
Lire cette Confession inachevée, c’est se            parence, pas sur le reste. Hollywood, c’est
rapprocher d’elle, entendre sa voix nous             un endroit ou on vous offre mille dollars
dévoiler les deux faces de sa personnalité,          d’un baiser et cinquante cents de votre
raconter les secrets de sa brève existence.          âme. Je le sais, j’ai assez souvent refusé la
                                                     première proposition et tenu bon pour les
D’abord Norma Jean, l’enfant dont la                 cinquante cents. »
mère est internée et qui est ballottée

                                                                                                                                                                     Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene
entre différentes familles d’accueil, puis           Tiraillée entre les paillettes et les coulisses, entre
la jeune fille qui crie son manque d’amour,          la beauté et la souffrance, ce n’est pas qu’une
son besoin constant d’attirer l’attention, et        fragile Marilyn qui se livre dans ce texte, mais
épouse le premier homme qu’elle fréquente.           aussi une observatrice lucide et intelligente.

Enfin Marilyn, le sex-symbol qui côtoie

                                                24
LA PRESSE EN PARLE

« ON AVAIT OUBLIÉ CONFESSION INACHEVÉE,

QUI SERA RÉÉDITÉ PAR ROBERT L AFFONT FIN OCTOBRE,

ET C’EST COMME UN PETIT COFFRE AUX TRÉSORS

DE LUCIDITÉ, DE MALICE ET D’HUMOUR. [...]

UNE VISION CASH DES RAPPORTS HOMMES-FEMMES OU FEMMES-

FEMMES.

LE TOUT AVEC UN ART POÉTIQUE ET DRÔLE DE L A MÉTAPHORE.

COMME QUOI, ON PEUT AVOIR UN NÈGRE, C’EST AVANT TOUT

L A VOIX QUI COMPTE.

MARILYN, MEILLEURE ÉCRIVAINE QUE CERTAINS

DE NOS CONTEMPORAINS?»

                                   NELLY KAPRIÈLIAN, LES INROCKS
                                                        19/09/2011

                                                                          Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene
                              26                                     27
ne pas percevoir, si l’on s’arrête à la simple
                                                                                                                                                                  contemplation de l’icône. Elles ins-
                                                                                                                                                                  crivent Marilyn dans le monde contem-
                                                                                    NOTE D’INTENTION                                                              porain. Marilyn est présente partout, elle
                                                                                                                                                                  peut surgir à tout moment, dans les lieux
                                                                                                                                                                  les plus communs et les plus incongrus,
                                                                                                                                                                  dans les moments les plus inattendus.
                                                       Lorsq­ue nous choisissons de nous empa-
                                                       rer d’une œuvre, nous fonctionnons tou-
                                                                                                                                                                  Le travail de Milton Greene et de Pierre
                                                       jours au coup de cœur et ce texte est l’un de
                                                                                                                                                                  Alivon, est une matière inépuisable
                                                       nos plus vibrants. Il y a des projets qui vous
                                                                                                                                                                  pour faire exister de manière théâtrale
                                                       apportent l’énergie nécessaire à leur accom-
                                                                                                                                                                  le récit écrit par Marilyn et Ben Hecht.
                                                       plissement, MY STORY est de ceux-là.
                                                                                                                                                                  Il apporte une densité au texte et per-
                                                                                                                                                                  met de passer de façon élégante et sur-               mais sa voix intime, la femme ca-
                                                       La peinture sensible et détaillée de l’envers
                                                                                                                                                                  prenante d’un espace-temps à l’autre.                 chée derrière l’icône, Norma Jeane...
                                                       de ce mythe, l’humour, la sensibilité et
                                                       l’acuité avec lesquels Marilyn nous raconte
                                                                                                                                                                  L’ensemble de ce dispositif est mis en                Il s’agit pour nous de faire connaître le combat
                                                       son quotidien à Hollywood nous ont touchés.
                                                                                                                                                                  lien par une comédienne, qui interprète               que fut sa vie, mettre en scène des éléments
                                                                                                                                                                  le texte MY STORY et deux musiciens                   permettant de mieux la comprendre et donc de
                                                                                                                                                                  de jazz, multi-instrumentistes. La mise               l’aimer. L’aimer, pour ce qu’elle était et non pas,
                                                                                                                                                                  en musique, conçue par Daniel Yvinec,                 seulement, pour le mythe et la légende qu’elle
                                                                                                             D’autre part, le texte MY STORY porté
                                                                                                                                                                  entend donner une vision fantasmée et                 représente. De ce voyage le spectateur ressor-
                                                                                                             par le talent de Ben Hecht, scénariste
                                                                                                                                                                  contemporaine des multiples visages de                tira avec l’envie de revoir ses films, de réécou-
                                                                                                             et écrivain de l’âge d’or du cinéma hol-
                                                                                                                                                                  Marilyn, de son époque et de ce qu’elle               ter ses chansons avec un nouveau regard : celui
                                                                                                             lywoodien, offre une formidable peinture
                                                                                                                                                                  représente aujourd’hui. Un voyage in-                 d’une petite orpheline qui rêvait d’Hollywood,
                                                                                                             acerbe et humoristique de la société amé-
                                                                                                                                                                  temporel mêlant composition person-                   vêtue de sa robe bleue et de sa blouse de l’or-
                                                                                                             ricaine des années 50 et de son industrie
                                                                                                                                                                  nelle, documents d’archives, acoustique               phelinat. Une petite fille qui a réussi à force de
                                                                                                             du spectacle. Un portrait caustique et
                                                                                                                                                                  et électronique pour une partition ori-               travail et grâce à son intelligence et sa sensibilité
                                                                                                             plein de vérité du royaume du faux-sem-
                                                                                                                                                                  ginale qui sera jouée en direct sur scène             à incarner son rêve de gosse. Une femme cha-
                                                                                                             blant, de l’incongru et de l’absurde dans
                                                                                                                                                                  intégrée au dispositif global de la pièce.            leureuse, impulsive, timide et solitaire. Un être
                                                                                                             une Amérique en proie au Maccarthisme,
                                                                                                                                                                                                                        affamé de vie et de connaissance, d’une naïveté
                                                                                                             à la guerre froide et au début de la contre
                                                                                                                                                                  Dans ce spectacle, Marilyn est incarnée               enfantine, timide, vibrante et d’une sensibilité
                                                                                                             culture. Ce texte, emprunt de modernité
                                                                                                                                                                  à travers les photos de Milton Greene                 étonnante. Une femme, avec un quelque chose
                                                       Ce texte est pour nous l’opportunité de faire         fait, aujourd’hui, curieusement écho à notre
                                                                                                                                                                  et la composition musicale. La comé-                  en plus, à laquelle tout le monde voudrait s’iden-
                                                       découvrir les différentes facettes de Marilyn         société contemporaine. C’est cette réso-
                                                                                                                                                                  dienne n’incarne pas l’icône Marilyn,                 tifier. Une qualité lumineuse, combinaison de
                                                       et de les mettre en scène sous la forme d’une         nance que nous avons envie de questionner.
                                                                                                                                                                  l’incarnation d’un tel mythe ne pouvant               mélancolie, d’éclat, de désir et d’intelligence…
                                                       représentation théâtrale. Si Marilyn est
                                                                                                                                                                  engendrer que frustration et déception,
                                                       passée dans la pensée collective du statut            Nous pensons à une mise en scène dont les dé-
                                                                                                                                                                                                                        D’autre part, nous voulons inscrire Marilyn dans
                                                       de star à celui de mythe, voire de rêve, nous         cors et l’univers sonore s’appuient sur des pho-
                                                                                                                                                                                                                        notre présent. Lui donner, une nouvelle réalité
                                                       souhaiterions rendre à Marilyn son statut de          tos, des projections et des vidéos. Ce dispositif
                                                                                                                                                                                                                        en la faisant voyager à travers à travers le monde
                                                       femme. Rendre au personnage intemporel                nous permettra de mettre en parallèle l’image
                                                                                                                                                                                                                        actuel. Dans notre projet, deux réalités, deux
                                                       qu’en ont fait les médias, cette âme sensible         de la femme et la réalité de l’icône, de retrouver
                                                                                                                                                                                                                        espaces-temps, deux volumes se rencontrent.
                                                       et intelligente qui avait des choses à dire.          Marilyn dans sa dimension artistique et humaine.
                                                                                                                                                                                                                        Celui de Milton Greene, Ben Hecht et Mari-
                                                                                                                                                                                                                        lyn et le nôtre. Nous réinterrogerons le mythe
Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene

                                                                                                                                                                                                                                                                                Photographed by Milton H Greene © 2013 Joshua Greene
                                                       La représentation théâtrale est une formidable        Dans notre dispositif de projection, des scènes
                                                                                                                                                                                                                        dans notre modernité. Que représente Marilyn
                                                       opportunité pour mettre en scène le combat            de rue fixes et des scènes de rue filmées, à New
                                                                                                                                                                                                                        aujourd’hui dans notre société? Pourquoi tant
                                                       de Marilyn et rencontrer cette femme,                 York et dans le monde entier, par Pierre Alivon
                                                                                                                                                                                                                        de personnes à travers le monde s’identifient-
                                                       dont le mythe faisant écran, nous laisse              viennent se juxtaposer aux photos de Milton
                                                                                                                                                                                                                        elles encore à elle? Pourquoi le symbole qu’elle
                                                       encore, aujourd’hui, une image inachevée.             Greene. Ces superpositions photo-vidéo ré-
                                                                                                                                                                                                                        incarne est-il toujours aussi puissant au XXIe
                                                                                                             vèlent l’envers de Marilyn, sa face cachée, les
                                                                                                                                                                                                                        siècle?
                                                                                                             sentiments qui la traversent et qu’on pourrait

                                                                                                        28                                                                                                         29
LA SCÉNOGRAPHIE

L’espace scénographique et les éléments                 procédés de narration - apparition et dis-
scéniques font référence à un plateau de                parition de la figure de Marilyn dans nos
tournage, un studio de prise de vue, à des              espaces contemporains - et de métamor-
lieux de fabrication d’icônes. Dans l’espace            phose de l’espace par sa fragmentation, sa
des murs noirs et nus des théâtres, une simple          concentration ou sa dilatation par des jeux
surface blanche au sol ne recouvre que par-             avec la profondeur et la perspective.              SÉRIE 1
tiellement la scène. Des écrans, réflecteurs de
lumière ou surfaces de projection, un carré de          L’écran suspendu en fond de scène, en PVC          PROCÉDÉS DE NARRATION
faux gazon, une machine à fumée et son ven-             de rétroprojection gris anthracite, peut vi-
                                                                                                           Recherches de narration
tilateur, des projecteurs sur pied, structurent         suellement disparaître dans l’obscurité ou être    procédant par des apparitions
et modulent l’espace dans le temps de la re-            le support d’une projection partielle. Les trois   et des disparitions de la figure
présentation. Au-devant de la scène, un piano           écrans mobiles, munis chacun d’un vidéopro-        de Marilyn et travaillant sur
blanc, objet mythique, que Marilyn a retrouvé           jecteur, sont dans des PVC de rétroprojection      son incrustation dans des lieux
                                                                                                           contemporains faisant sens
et conservé toute sa vie, sur lequel un pianiste        crème, gris clair et gris anthracite, donnant
                                                                                                           avec le texte.
jouera.                                                 des qualités d’images diverses et jouant hors
                                                        projection de leur aspect de paroi translu-
Les écrans de projection, un cadre fixe                 cide avec le sol blanc et l’obscurité du fond de
suspendu en fond de scène et trois cadres               scène. Ces trois écrans sont manipulés dans le
mobiles sur scène offrent de multiples                  jeu par la comédienne.

                                                   30                                                                                         31
Avec le noir du fond du théâtre,
plus de cadre d’image,
seule la figure
de Marilyn apparait.

Le cadre de l’image se confond
avec le mur de la scène,
créant un effet de profondeur.

                                        SÉRIE 2
                                        TRAVAIL SUR LA FRAGMENTATION
                                        DE L’ IMAGE ET SUR LA PROFONDEUR

                                        Modification des sensations d’espaces suivant
                                        l’image projetée.
                                        Un même espace est présenté avec des points de
                                        vue et cadrages différents.

                                   32                                                    33
EXTRAITS

«...Enfin, je gagnais assez d’argent pour
régler le loyer de ma chambre et m’offrir
un repas par jour, même s’il m’arrivait par-
fois de me serrer la ceinture. Mais c’était
sans importance. Quand on est jeune et
bien portant, ce n’est pas tragique de
rester de temps en temps sur sa faim.

L’important, c’était la solitude. Quand on
est jeune et bien portant, la solitude peut
prendre des proportions démesurées.
Je posais sur les rues un regard
désolé. Je n’avais ni parents à aller
voir ni copains avec qui sortir.

Tante Grace et Tante Anna travaillaient
dur pour se nourrir et payer leur loyer.
Quand j’allais les voir, elles s’apitoyaient
sur moi et voulaient absolument m’ai-
der. Je savais à quel point elles avaient
besoin des quelques pièces restant
dans leur porte-monnaie; je m’abste-
nais donc de leur rendre visite, à moins
d’avoir de l’argent et de pouvoir les
emmener au restaurant ou au cinéma.
                                                         Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013

                                               34   35
«...J’ÉTAIS SEULE AVEC MOI-MÊME.

LE SOIR, QUAND JE SORTAIS DU RESTAURANT

POUR RENTRER CHEZ MOI LE LONG DES RUES ILLUMINÉES,

AU MILIEU DE LA FOULE QUI ENCOMBRAIT LES TROTTOIRS,

J’OBSERVAIS LE VISAGE DES GENS QUI BAVARDAIENT ENTRE EUX

OU SE PRESSAIENT DANS TELLE OU TELLE DIRECTION.

JE ME DEMANDAIS OÙ ILS ALLAIENT ET QUEL EFFET

ÇA POUVAIT BIEN FAIRE

DE SAVOIR OÙ ALLER OU DE CONNAÎTRE D’AUTRES PERSONNES...»
EXTRAITS

  DANS LE RÊVE,
                                                                                         «...À mesure que je grandissais, je me rendais
                                                                                         compte que je n’étais pas comme les autres en-
                                                                                         fants, parce qu’il n’y avait dans ma vie ni baisers
                                                                                         ni promesses en perspective. Très souvent, je me
                                                                                         sentais si seule que j’avais envie de mourir. J’es-

J’ENTRAIS DANS
                                                                                         sayais de me consoler en me laissant aller à mes
                                                                                         rêves éveillés, mais impossible d’imaginer que
                                                                                         l’on pourrait un jour m’aimer comme l’étaient
                                                                                         tant d’autres enfants sous mes yeux. Mes son-
                                                                                         geries ne pouvaient pas m’emporter aussi loin. Je

                L’ÉGLISE                                                                 me contentais de rêver que j’attirais l’attention
                                                                                         de quelqu’un (Dieu mis à part), que des gens me
                                                                                         regardaient et prononçaient mon nom.

                                                               Ce besoin d’attirer l’attention jouait un rôle, je
                                                               pense, dans les problèmes qui m’assaillaient le
                                                               dimanche à l’église. À peine étais je assise sur
                                                               mon banc, avec l’orgue qui jouait et les fidèles
                                                               qui chantaient en chœur des cantiques, qu’une
                                                               envie irrésistible me prenait d’enlever tous mes
                                                               vêtements. Je voulais désespérément me dres-
                                                               ser, entièrement nue, pour que Dieu et les autres
                                                               me regardent. Je devais serrer les dents et me
                                                               maintenir assise sur mes mains pour me retenir
                                                               de me déshabiller. Parfois, j’en étais réduite à
                                                               prier ardemment et à supplier le Seigneur de me
                                                               donner la force de rester habillée.

                                                                                         Il m’arrivait même d’en rêver. Dans le rêve, j’en-
                                                                                         trais dans l’église, portant une jupe évasée sans
                                                                                         rien dessous. Les fidèles étaient allongés sur le
                                                                                         dos dans la nef de l’église, je les enjambais pour
                                                                                         passer et ils regardaient sous ma jupe. Mon désir
                                                                                         de me montrer nue et les rêves où cela m’arrivait
                                                                                         ne m’inspiraient aucune confusion, aucun sens
                                                                                         du péché. Je me sentais moins seule lorsque je
                                                                                         rêvais que des gens me regardaient. Je voulais
                                                                                         qu’ils me voient nue, je pense, parce que j’avais
                                                                                         honte des vêtements que je portais l’éternelle
                                                                                         robe bleu délavé de la pauvreté. Nue, j’étais
                                                                                         comme les autres filles et non pas une orpheline
                                                                                         en uniforme…»
                           Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013

           38                                                                       39
LE SITE INTERNET                                                          SITE

                                 UPDATE MARILYN                                                            PROCÉDÉS DE NARRATION

                                                                                                           Pour le site internet, le procédé
                                                                                                           retenu est le scroll vertical en paral-
                                                                                                           laxe.
                                                                                                           l’effet de parallaxe:
                                                                                                           Il s’agit d’une illusion d’optique
                                                                                                           qui s’inspire d’une des règles de
                                                                                                           perspective élémentaire : par
                                                                                                           rapport à un observateur, plus un
                                                                                                           objet est éloigné, plus celui-ci est
                                                                                                           petit et moins il se déplace vite.
                                                                                                           Un exemple classique : à bord d’un
                                                                                                           train, un passager regardant par
                                                                                                           la fenêtre voit les arbres les plus
                                                                                                           proches se déplacer plus rapide-
                                                                                                           ment que ceux au loin. La paral-
                                                                                                           laxe consiste donc à animer des
                                                                                                           éléments à des vitesses différentes
                                                                                                           afin de suggérer plusieurs plans en
                                                                                                           mouvement.
                                                                                                           La parallaxe permet à l’internaute
                                                                                                           d’avoir une meilleure perception de
                                                                                                           l’univers avec une navigation fluide,
                                                                                                           intuitive et évolutive.

UPDATE MARILYN.COM met en scène                          lyn. Il est une matière vivante. UPDATE MA-
l’aspect spectral, les multiples facettes du             RILYN joue avec notre imaginaire, s’amuse
mythe Marilyn. Comme piste de réflexion,                 de la réalité pour rejoindre la fiction et pro-
nous partons de l’hypothèse qu’une icône                 poser une relecture du « mythe Marilyn ».
perdure aussi bien par les faits exceptionnels
de sa vie privée et publique que par les inter-          Nous invitons l’internaute à un voyage.
prétations que chacun s’en fait. Ces projec-             Nous l’immergeons dans une fiction où les
tions maintiennent en vie l’identité de l’icône.         images et les ambiances sonores ramènent
                                                         Marilyn dans notre monde d’aujourd’hui.
Le site se crée en amont de l’installation et            Parfois des phrases, des pensées de Mari-
de la pièce de théâtre afin de nourrir les pistes        lyn viennent se mêler à cette narration.
de réflexion d’ UPDATE MARILYN et d’en
traduire son identité visuelle. Il fédère de             Visuellement UPDATE MARILYN met en scène
façon sensible toute une communauté de                   plusieurs profondeurs de champ qui donnent vie
spectateurs qui s’approprie l’aventure. Il est           et mouvement à l’icône. Les auteurs créent dans
un lieu de rêveries. Puis, il restera le témoin,         les décors des parallaxes et s’amusent avec.
la proposition artistique de cette œuvre,
fixant sur le web la quintessence du projet.

De façon sensible, il réinvente l’icône Mari-

                                                    40                                                                                               41
Partie : Agenda

Sur la page d’accueil du site, L’ AGENDA IMAGINAIRE de Marilyn est mis à disposition de l’inter-
naute qui arrive sur le site. Il est ouvert à la date du jour. Il y découvre une actualité, un poème, une
pensée, un rendez-vous, une photo, une musique, une dépêche de l’AFP, un commentaire sur l’actua-
lité... Dés évènements fictionnés se mélangent à des évènements d’aujourd’hui, laissant penser que
Marilyn est parmi nous.

L’internaute a accès à la semaine qui vient de s’écouler, il peut la consulter et entrevoir les rencontres,
les centres d’intérêt de Marilyn. Si Marilyn a vu une exposition au palais de Tokyo, si elle a commenté un
twitte ou si elle a assisté à la première d’un film ou d’une pièce, il peut découvrir son point de vue.

La communauté suit l’évolution du projet UPDATE MARILYN à travers une websérie documentaire
intitulée A DATE WITH MARILYN - Les coulisses d’un rendez-vous (format 15X6mi-
nutes) reliant les États-Unis et la France. Les internautes suivent le projet en construction aussi bien
à travers ses progrès que ses difficultés. Les personnages principaux de cette websérie sont Stéphanie
Sphyras et Benoit Nguyen Tat, les réalisateurs du projet, Joshua Greene, leur partenaire aux États-Unis
et toute l’équipe artistique d’UPDATE MARILYN. Les internautes peuvent réagir à la websérie via le
blog, poser des questions et faire des propositions.

Il est important pour nous de fédérer autour de ce projet une communauté de spectateurs qui s’appro-
prie notre aventure. Dans cette démarche, un compte TWITTER, une page FACEBOOK sont bien
entendu créés.
                                                                                                              Partie : A date with marilyn
Les spectateurs peuvent venir sur le site via Facebook, Twitter, Pinterest et les blogs, mais aussi par la
pièce de théâtre et l’installation. Nous fédérons la communauté en France, Joshua Greene s’occupe des
États-Unis. Le site a une version française et une version anglaise.

                                                    42                                                                                       43
Nous souhaitons lancer sur le site internet du projet UNE ENQUÊTE IMAGINAIRE autour de Mari-
                                    lyn. Les internautes sont invités à y participer. L’enquête prend la forme d’un questionnaire à la manière
                                    de celui inventé par Marcel Proust et réinventé par James Limpton pour son émission télévisée Inside
                                    the Actors Studio 3. L’internaute pour y répondre se glisse dans la peau de Marilyn : Quel livre aurais-je
                                    pu écrire ? Qu’est ce que je fais quand je suis angoissée ? Quel est l’endroit du monde où j’aimerais me
                                    réfugier ? Quelle est la chose que j’apprécie le plus dans le monde d’aujourd’hui ? Quelle est la chose que
                                    je déteste le plus dans le monde d’aujourd’hui ? Quelle est la femme d’aujourd’hui qui me ressemble le
                                    plus intérieurement ? Ce que je pense de ces cinquante dernières années ? Si je devais résumer ma vie
                                    en une phrase-choc, je dirais...

                                    Quelques-unes de ces enquêtes imaginaires sont alors choisies, pour être fantasmées par l’artiste pho-
                                    tographe Pierre Alivon.

                                    Lorsque nous avons commencé à travailler sur Marilyn, nous avons interrogé des personnes de diffé-
                                    rentes nationalités et d’univers variés sur ce que représentait ce mythe pour elles et nous avons été
                                    frappés de la place importante qu’il occupait dans leur imaginaire. Marilyn avait fait partie de leur vie à un
                                    moment donné, elles entretenaient avec elle un rapport très affectif, leur avis sur Marilyn était toujours
                                    très tranché. À travers leur vision de Marilyn, ils se racontaient, mais ils racontaient également une part
Partie : A date with marilyn        de notre époque. Ces entretiens, au départ informels, nous ont donné l’envie d’aller plus loin et de créer
                                    la websérie DATING MARILYN - Rendez-vous avec Marilyn (format 20X8 minutes).

                                    Nous souhaitons interviewer des gens de tous horizons, des fans, des artistes, des personnalités mar-
                                    quantes de notre époque et leur demander à travers leur regard de donner leur interprétation du
                                     « mythe Marilyn ». Ce qui nous intéresse c’est des réunir des personnalités aussi singulières que Camille,
                                    Pierre Lescure, Karl Lagerfeld, Nathalie Dessay, Juliette Binoche, Boris Cyrulnik… pour questionner
                                    l’icône Marilyn et récolter un témoignage intime, état des lieux de notre époque.

                                    Nous voulons terminer chaque format court par une photographie qui synthétise l’essence de leur té-
                                    moignage, leur rencontre avec Marilyn. Eux se trouvent dans leur décor, leur intimité et Marilyn surgit
                                    au milieu de leur quotidien. L’interviewé, dans son décor, est photographié par Pierre Alivon. Quant à
                                    Marilyn, elle, apparaît à travers le regard de Milton Greene. La photo de Milton Greene se mixe alors à
                                    celle de Pierre Alivon. Deux espaces-temps se rencontrent pour nous raconter une nouvelle histoire.

                                    Pour chaque personne interviewée, un décor est choisi faisant sens par rapport à son histoire personnelle
                                    et à ce qu’il a à nous dire sur Marilyn. Nous lui demandons d’amener un objet qu’il a envie de partager
                                    spécifiquement avec Marilyn. Cet objet est alors mis en scène dans le cadre de l’interview et de la pho-
                                    tographie finale.

                                    Quelques-unes de ces interviews s’intègrent également à l’installation et au dispositif théâtral d’UPDATE
                                    MARILYN.

                                    L’INSTALLATION se réinvente en fonction des lieux qui l’accueillent et des publics qui la traversent.
Partie : A date with marilyn        Elle est également visible via le site.
                                    Dans L’ESPACE 6 de l’installation, NOUS SOMMES TOUS DES MARILYN !

                               44                                                        45
Nous questionnons le processus de fabrication d’une icône, en proposant au spectateur de se mettre lui
                                    même en « posture » d’icône. Il peut se faire photographier, avec, à côté ou à la place de Marilyn. Ces
                                    photographies sont mises en ligne, par l’internaute, sur le site.

                                    Marilyn imprègne bien sûr aujourd’hui notre société à travers les personnages qu’elle a incarnés, mais
                                    aussi à travers les chansons qu’elle a interprétées. Nous souhaitons demander à des auteurs d’écrire,
                                    de composer autour de ce que Marilyn représente pour eux. Ces œuvres musicales « boite à fan-
                                    tasmes » questionnant l’icône Marilyn sont mises en ligne sur le site, puis intégrées dans la forme
                                    théâtrale du projet. Daniel Yvinek, Bassiste, multi-instrumentiste, directeur artistique de l’Orchestre
                                    National de Jazz de 2008 à 2013, en assure la ligne artistique.

                                    Il propose également des compositions musicales qu’il interprète avec des invités, au fur et à mesure de
                                    la construction du projet.

                                    Tel un nuage, en suspension au-dessus de nos têtes, chaque contenu du site sert à alimenter et à modé-
                                    liser, en temps réel, UN PORTRAIT MOSAÏQUE EN RELIEF qui reproduit en gros plan le visage de
                                    Marilyn. Il est mis en ligne sur le site, se composant devant l’internaute au fur et à mesure de l’avancée
                                    d’UPDATE MARILYN. Cette apparition de Marilyn est également réintégrée, sous forme de sculpture
Partie : A date with marilyn        vidéo, monumentale, dans les lieux qui accueillent l’installation.

                                    L’ APPLICATION SMARTPHONE

                                    L’abonné choisit parmi plusieurs photos, celle qu’il préfère de Marilyn.

                                    Il a alors la possibilité de prendre une photo avec Marilyn, qu’il peut placer où il veut dans son cadre et qu’il
                                    peut mettre à la taille de son choix.

                                    Une fois la photo prise, une bulle apparaît, il peut y écrire un dialogue. On lui propose également des
                                    citations de Marilyn qu’il peut utiliser à sa convenance.

                                    Les photos de Marilyn, prises par les abonnés, se promenant dans les espaces de leurs choix sont mises
                                    en ligne sur le site. Une carte localise les lieux de prises de vues. Marilyn grâce aux abonnés continue son
                                    voyage autour du monde à travers les lieux les plus insolites.

Partie : A date with marilyn

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DATING MARILYN
                                                                                                   SCÉNARIO

                                                              SEQ.1/INT.SCENE D’UN THÉÂTRE

                                                              LA RÉALISATRICE
                                                              Pourquoi avoir choisi un théâtre pour nous parler de Marilyn, qui est plutôt une actrice de cinéma
                                                              ?

                                                              BORIS CYRULNIK
                                                              C’est un choix symbolique ! Dans la vie, il y a des choses tellement lourdes qu’on ne peut en
                                                              parler qu’avec légèreté. Le théâtre participe à ce travail d’allègement. Le regard éloigné permet
                                                              l’intellectualisation et tient à distance le retour de l’émotion. « Le blessé » retrouve alors un peu
                                                              de maitrise de soi.

                                                              LA RÉALISATRICE
                                                              Les artistes, le théâtre, les films sont donc essentiels à l’épanouissement de nos sociétés modernes
                                                              et des êtres qui y vivent ?

                                                              BORIS CYRULNIK
                                                              Les artistes mettent en scène nos débats intérieurs. Ils font des images avec nos conflits sociaux
                                                              et construisent des récits de nos épreuves. Ils sont nos maîtres à rêver. Ils transforment en poésie
                                                              nos souffrances indicibles. Celui qui décrirait le réel « obscène » sans le transformer serait un
                                                              auteur indécent, un agresseur supplémentaire. L’artiste, lui, permet une transposition, une inté-
                                                              gration de la douleur.

                                                              LA RÉALISATRICE
                                                              Dans quel film, Marilyn, pour vous, incarne-t-elle le mieux cette fonction ?

                                                              BORIS CYRULNIK
                                                              Les Desaxées ! Elle transfigure le réel insupportable pour lui donner une forme compréhensible
                                                              et partageable.

                                                              Un temps.

                                                              LA RÉALISATRICE
                                                              J’aimerais savoir ce que vous inspire cette photographie ?

                                                              La réalisatrice lui montre la photographie de Pierre Alivon « Marilyn à Cuba » (photo p.10)
                                                              Boris Cyrulnik regarde longuement la photographie.
     Photographed by Milton H Greene / Pierre Alivon © 2013

                                                              BORIS CYRULNIK
                                                              Marilyn a connu des orphelinats glacés, peut-être comme cette petite fille… Elle est une enfant
                                                              illégitime. Un enfant ne peut se développer ailleurs qu’au milieu des lois inventées par les hommes.
                                                              Et Marilyn avant même de naître se trouvait hors la loi…

                                                              Un temps. Il regarde toujours la photographie.

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BORIS CYRULNIK                                                                                          LA RÉALISATRICE
Quand je regarde Marilyn, je me dis qu’on s’est tous laissé piéger par son apparence, sa belle          Vous auriez pu la soigner ?
image, sa chaleur. Mais Marilyn, elle, était morte depuis longtemps et personne ne s’en est rendu
compte, tant son merveilleux fantôme nous ensorcelait. Il n’est pas nécessaire d’être mort pour         LA RÉALISATRICE
ne pas vivre.                                                                                           Comment auriez-vous fait ?

LA RÉALISATRICE                                                                                         BORIS CYRULNIK
Comment a-t-elle fait pour survivre, alors ?                                                            J’aurais essayé de pénétrer dans son monde psychique.

Un temps. Un sourire.                                                                                   LA RÉALISATRICE
                                                                                                        C’est à dire ?
BORIS CYRULNIK
Pour survivre ? Elle s’est inventé une identité ! Puisque sans ses rêves fous elle était condamnée      BORIS CYRULNIK
à vivre dans un monde de boue.                                                                          Je l’aurai aidé à faire un travail d’ « historisation » qui aurait donné sens à son enfance bousculée.

LA RÉALISATRICE                                                                                         LA RÉALISATRICE
Elle a déclaré que Clark Gable était son vrai père et qu’elle appartenait à une famille royale.         Vous ne vous seriez pas laissé piéger par sa beauté ?

BORIS CYRULNIK                                                                                          Rire.
Tant qu’à faire !
(rires)                                                                                                 BORIS CYRULNIK
                                                                                                        C’est un risque ! Être aveuglé par son immense beauté et ne pas voir son immense désespoir.
Un silence.
                                                                                                        LA RÉALISATRICE
Quand le réel est mort, le délire procure un sursaut de bonheur.                                        Imaginons… On vous l’aurait amenée, enfant, qu’auriez-vous fait pour l’aider ?

LA RÉALISATRICE                                                                                         Un temps
Marilyn avait tendance à rester au lit, à ne plus se laver, à s’engourdir. Comment l’auriez-vous aidé
?                                                                                                       BORIS CYRULNIK
                                                                                                        Je lui aurais cherché les contes, les récits, les histoires dont elle avait besoin afin de comprendre
BORIS CYRULNIK                                                                                          comment il lui fallait vivre pour sortir de la boue.
Un baiser pouvait la réveiller…
                                                                                                        LA RÉALISATRICE
LA RÉALISATRICE                                                                                         Et plus grande ? Qu’auriez-vous fait?
De quoi souffrait-elle ?
                                                                                                        BORIS CYRULNIK
BORIS CYRULNIK                                                                                          Quel âge ?
Je pense que la carence affective avait fait d’elle un oisillon déplumé, tremblant, recroquevillé,
incapable d’ouverture sur le monde et les gens.                                                         LA RÉALISATRICE
                                                                                                        Disons, 17 ans.
Dans l’histoire d’une vie on n’a jamais qu’un seul problème à résoudre, celui qui donne sens à notre
existence. Le lien et le sens permettent la résilience, mais Marilyn n’a jamais pu les rencontrer.      BORIS CYRULNIK
Sans lien et sans histoire, comment voulez-vous devenir vous même ?                                     Je l’aurais aidée à donner du sens à sa déchirure ! À la raccommoder !

Un temps Boris Cyrulnik regarde l’espace vide du théâtre.                                               LA RÉALISATRICE
                                                                                                        Que lui auriez-vous dit, pour l’encourager dans ce combat avec elle même ?
BORIS CYRULNIK
Je me le suis laissé croire.                                                                            Un temps

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BORIS CYRULNIK                                                                                               résilience, son émergence même jaillit de l’imaginaire. Soigner un enfant, le nourrir, le laver est
Ta vie est une bagarre et c’est ce qui la rend intéressante ! Lutter contre ton malheur te permettra         une nécessité physique bien sûr, mais ne déclenche pas un processus de résilience. Si le panse-
d’arracher du plaisir à vivre, malgré les fantômes cachés au fond de ta mémoire.                             ment n’est pas « sensé », imprégné de signification et de direction, l’enfant retournera à son vide
                                                                                                             et Marilyn à ses fantômes.
LA RÉALISATRICE
Marilyn était un être carencé, terrorisé par l’ombre du passé, hypersensible, pouvant s’enthou-              LA RÉALISATRICE
siasmer ou s’effondrer suivant les rencontres et le contexte. Êtes-vous d’accord avec cela?                  Errer sans but et sans rêverie nous soumet à l’immédiat. En revanche, si l’on donne à l’enfant
                                                                                                             l’occasion de se faire une représentation de ce qui s’est passé, on pourra déclencher son processus
BORIS CYRULNIK                                                                                               de résilience, c’est bien cela ?
Oui
                                                                                                             BORIS CYRULNIK
LA RÉALISATRICE                                                                                              Un jour, j’ai vu un adulte organiser un café philo avec des enfants de la rue ! Un observateur naïf
Comment en est-elle arrivée là ?                                                                             aurait pu s’indigner : ils savent à peine lire et écrire et on leur parle de Platon et de Confucius ! En
                                                                                                             fait, en évoquant ces penseurs abstraits, on invite les enfants à la transcendance, on leur propose
BORIS CYRULNIK                                                                                               de conquérir un autre monde que celui qu’ils ont à affronter et, si l’échange intellectuel se passe à
Quand autour d’un petit enfant, les tuteurs sensoriels de développement viennent à manquer, le               l’intérieur d’un lien amical, on peut assister à une métamorphose !
monde ne se dessine plus. Et quand il n’y a plus de figure saillante, ni d’objet « historisé », quand
une information en vaut une autre, le monde psychique devient flou et la vie mentale ne se struc-            LA RÉALISATRICE
ture plus.                                                                                                   Pourtant Marilyn a incarné son rêve de gosse. Elle avait un but, un rêve : devenir une actrice,
                                                                                                             devenir Marilyn. Elle était une artiste complète, elle chantait, écrivait, jouait. Et pourtant, elle n’a
Marilyn n’avait personne à idéaliser, ni aucune figure d’attachement à laquelle accorder son par-            pu échapper à son mal-être, elle n’a pu faire acte de « résilience », pourquoi ?
don. Marilyn, confuse, engourdie, trop sage, ne pouvait même pas repérer son mal-être et per-
sonne ne s’en est rendu compte.                                                                              BORIS CYRULNIK
                                                                                                             Norma Jean a mis toute l’énergie qu’elle possédait pour devenir Marilyn, mais elle s’est noyée
LA RÉALISATRICE                                                                                              dans l’image qui la réparait.
Pourquoi en grandissant, a-t-elle retourné sa douleur contre elle-même ?
                                                                                                             Un temps, il regarde l’objet qu’il a apporté pour parler de Marilyn.
BORIS CYRULNIK
J’imagine que petite, Marilyn s’est vidée de sa vie, parce qu’il y avait du vide autour d’elle. S’infliger   LA RÉALISATRICE
une souffrance, c’était une façon de se réanimer. La douleur fait revivre un peu de vie en soi. La           C’est l’objet que vous avez choisi pour vous évoquer Marilyn ?
douleur réveille et contraint au réel, cruel, mais tellement moins angoissant que le vide de son
propre monde.                                                                                                BORIS CYRULNIK
                                                                                                             Oui
LA RÉALISATRICE
Le cas de Marilyn était-il sans espoir de guérison ?                                                         BORIS CYRULNIK
                                                                                                             Vous pouvez m’en parler?
BORIS CYRULNIK
Une braise de résilience est toujours possible si l’on souffle dessus avec attention. Mais il faut de        BORIS CYRULNIK
l’humanité autour de soi ! Des tuteurs de résilience. Sinon pour qui voulez-vous qu’un enfant                C’est le vilain petit canard, de Hans Christian Andersen. Andersen est né dans la
fasse l’effort de comprendre ?                                                                               prostitution de sa mère, la folie de ses parents, la mort, l’orphelinage précoce, la misère domes-
                                                                                                             tique et la violence sociale.
LA RÉALISATRICE
Y a-t-il d’autres facteurs qui aident à la résilience ?                                                      LA RÉALISATRICE
                                                                                                             Ça fait beaucoup !
BORIS CYRULNIK
L’espoir ! Un enfant qui a appris l’espoir projette sur la scène de son théâtre intime un rêve idéal         BORIS CYRULNIK
où il se donne un rôle : celui d’un enfant aimé, d’un héros prestigieux ou d’un adulte au bonheur            Comment ne pas rester mort quand on vit comme ça ?
simple. Ce travail imaginaire le sauve de l’horreur en le libérant du contexte et l’invite au boulot
en lui proposant un idéal de soi à réaliser. Ce qui est remarquable, c’est que l’enclenchement de la

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