Les Community Health Workers, un projet de proximité - Education Santé

 
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Les Community Health Workers, un projet de proximité - Education Santé
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Un mensuel au service des intervenants francophones
en promotion de la santé – www.educationsante.be
N° 383 / DÉCEMBRE 2021

Les Community
Health Workers,
un projet de proximité.
Les Community Health Workers, un projet de proximité - Education Santé
Sommaire

                                             3                                                              Retrouvez tous nos articles
                                                                                                            et des inédits sur notre site
                                                                                                            www.educationsante.be
                                                INITIATIVES
                                                Les Community                                               Dans les inédits web ce mois-ci :
                                                Health Workers                                               	Inciter le consommateur à acheter des aliments
                                                                                                               bons pour la santé via un Nutri-Score demande
                                                                                                               des efforts, Sciensano

                                             8
                                                                                                             	Lu pour vous : « Comment le secteur de la PS
                                                                                                               peut-il contribuer aux enjeux soulevés par le
                                                                                                               changement climatique et l’urbanisation ? »,
                                                                                                               le RESO – service universitaire de promotion de la
                                                                                                               santé de l’UCL (UCLouvain IRSS/RESO)

                                                REPÈRES                                                     Éducation Santé est aussi présente sur les réseaux
                                                Agents de tracing                                                sociaux. Retrouvez-nous sur Facebook :

                                                et promotion                                                     www.facebook.com/revueeducationsante

                                                de la santé

                                             13
                                                DONNÉES
                                                L’hésitation
                                                vaccinale
                                                des soignants

           MENSUEL (11 numéros par an, ne paraît pas en août). ABONNEMENT : gratuit pour la Belgique. Pour l’étranger, nous contacter. RÉALISATION ET DIFFUSION : Alliance nationale
           des mutualités chrétiennes, dans le cadre de la Cellule de Coordination inter­mutualiste ANMC-UNMS. ONT COLLABORÉ CE MOIS-CI : Juliette Vanderveken, Benoit Pétré, l’équipe de
           promotion santé de Solidaris, Alice Lecroart, William D’Hoore, Paloma Carillo-Santisteve. RÉDACTRICE EN CHEF : France Gerard (education.sante@mc.be). ÉQUIPE : Rajae Serrokh,
           Juliette Vanderveken. CONTACT ABONNÉS : education.sante@mc.be. COMITÉ STRATÉGIQUE : Martine Bantuelle, Emmanuelle Caspers, Martin de Duve, Christel Depierreux,
           Dominique Doumont, Damien Favresse, Gaëlle Fonteyne, Olivier Gillis, Emma Holmberg, Marie Lefebvre, Denis Mannaerts, Daphné Scheppers, Catherine Spièce, Bernadette Taeymans,
           Chantal Vandoorne. COMITÉ OPÉRATIONNEL : Pierre Baldewyns, Nathalie Cobbaut, Dominique Doumont, Anne-Sophie Poncelet, Juliette Vanderveken. ÉDITEUR RESPONSABLE :
           Alexandre Verhamme, chaussée de Haecht 579/40, 1031 Bruxelles. MISE EN PAGE : Émerance Cauchie. ISSN : 0776 - 2623. Les articles publiés par Éducation Santé n’engagent que leurs
           auteurs. La revue n’accepte pas de publicité. Les textes parus dans Éducation Santé peuvent être reproduits après accord de la revue et moyennant mention de la source. POUR TOUS
           RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES : Éducation Santé ANMC, chaussée de Haecht 579/40, 1031 Bruxelles. INTERNET : www.educationsante.be. COURRIEL : education.sante@
           mc.be. Pour découvrir les outils francophones en promotion de la santé : www.pipsa.be. Les textes de ce numéro sont disponibles sur notre site www.educationsante.be. Notre site
           adhère à la plate-forme www.promosante.net. Éducation Santé est membre des fédérations wallonne et bruxel­loise de promotion de la santé. Bureau de dépôt : Bruxelles X – ISSN 0776-
           2623. Numéro d’agréation : P401139. Crédit photos : AdobeStock.

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Les Community Health Workers, un projet de proximité - Education Santé
Les Community                                                                                                     INITIATIVES

Health Workers
Le projet « Community Health Workers » – repris sous l’appellation « CHW » – est
un vaste projet en santé communautaire démarré en mars 2021. Le projet a été
conçu initialement pour favoriser l’adoption des gestes barrières et faciliter l’accès
à de l’information correcte. Il répond à un besoin préexistant et plus profond
d’améliorer l’accès aux soins et à la santé des personnes les plus précarisées qui,
paradoxalement, en sont les plus éloignées mais qui en ont le plus besoin. Les
barrières de l’accès aux soins et à la santé ont été cruellement renforcées par la
crise sanitaire et les intempéries qui ont touché la Belgique au cours de l’été.

  JULIETTE VANDERVEKEN

Qu’on les appelle « agents de santé communautaire » à
Bruxelles, « community health workers » en Flandre ou « fa-                     Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, les
cilitateur·trices en santé en Wallonie, ces travailleur·euses                   mutualités se regroupent pour mettre en place des
ont pour mission d’aller à la rencontre de ces publics, dans                    projets :
leurs lieux de vie, et de les accompagner dans une dé-                           Les agents de tracing
marche d’amélioration de l’accès aux soins et à la santé.                        Les Community Health Workers
                                                                                 Les agents de prévention (à Bruxelles)
Origine du projet
                                                                                Ces projets sont distincts et fonctionnent avec des
Le constat n’est pas nouveau et le phénomène est triste-                        enveloppes budgétaires séparées, mais se gèrent
ment familier. Le non-recours aux droits dans le domaine                        en étroite collaboration entre les mutualités.
de la santé1 et les barrières dans l’accès aux soins de santé
sont des problèmes connus, étudiés et documentés. Il en                         « Les projets intermutualistes, pour certains très
est de même pour les leviers et les différentes approches                       opérationnels comme celui-ci, sont une partie de
recommandées. Ces difficultés se situent à différents ni-                       l’avenir des mutualités. Nous montrons aux citoyens
veaux, de manière structurelle, sociétale et pas seulement                      et aux politiques que nous sommes chacun des ac-
individuelle. Il existe une corrélation entre le niveau de                      teurs forts et incontournables, mais aussi qu’en-
santé (et de bien-être) d’une population et le niveau so-                       semble, nous pouvons monter des projets solides,
cio-économique, d’éducation des personnes… et d’autres                          d’envergure, avec une visée et une vision partagée.
déterminants de la santé. La pandémie de Covid-19 n’a fait                      Je pense qu’on a tout intérêt à ce qu’on nous confie
que renforcer ces problématiques.                                               des missions comme celle des CHW. Il y a bien sûr
                                                                                toute une série d’autres acteurs qui mènent des
C’est dans ce contexte de lutte contre la pandémie que                          projets de santé communautaire mais en tant que
le Cabinet du Ministre fédéral de la santé, Franck Vanden-                      mutualité, nous avons notre place dans ce genre de
broucke, a lancé le projet pilote des « Community Health                        projet et c’est tout à fait légitime au regard de nos
Workers ». La mise en œuvre de ce projet a ainsi été confiée                    missions. » (Julien Demonceau, coordinateur MC)
au Collège Intermutualiste National2, et la coordination au

1	Le non-recours aux droits dans la santé recouvre différents types tels que la non-demande, la non-proposition, la non-connaissance, et le non-ac-
   cès, comme formulé par le SPP Intégration sociale, Lutte contre la Pauvreté, Économie sociale et Politique des Grandes Villes, et du SPF Sécurité
   sociale, dans son document « Proposition d’actions transversales pour un plan de lutte contre le non-recours aux droits sociaux » (https://www.
   mi-is.be/sites/default/files/documents/ntu_proposition_dactions_transversales_pour_un_plan_de_lutte_contre_le_non-recours_aux_droits_so-
   ciaux.pdf)
2	Le Collège Intermutualiste National (CIN) belge est une association de mutualités composée des représentants des 5 Unions Nationales de
   mutualités (la Mutualité chrétienne, Solidaris, Union nationale des Mutualités Libres, Union nationale des Mutualités Libérales, Union nationale
   des Mutualités Neutres) ainsi que de la Caisse Auxiliaire d'Assurance Maladie-Invalidité et de la Caisse des Soins de Santé de HR Rail. Ensemble
   le CIN représente toute la population belge assurée sociale soit plus de 10 millions de personnes. https://fra.mycarenet.be/bienvenue

                                                                                                                                   383 / ÉDUCATION SANTÉ   3
Les Community Health Workers, un projet de proximité - Education Santé
INITIATIVES

           niveau fédéral et de la Wallonie a été
           attribuée à la Mutualité chrétienne
           (MC). En effet, ce projet est au cœur
           des missions des mutualités.

           Le financement recouvre l’engage-
           ment d’environ 50 ETP, répartis sur
           le territoire de la manière suivante :
           12 ETP à Bruxelles, 17 ETP en Wal-
           lonie et 21 ETP en Flandre (ainsi que
           les frais de coordination et de mise en
           œuvre). Il couvre la période allant de
           mars à décembre 2021.

           Développement du projet
           en Wallonie

           En Wallonie, le Collège Intermutualiste Natio-
           nal a choisi dès le départ de conclure une convention de         exemple, en Flandre, le choix a été de se concentrer sur
           partenariat avec le Réseau Wallon de Lutte Contre la Pau-        les 5 grandes zones urbaines (Anvers, Ostende, Tirlemont,
           vreté (RWLP). « Le RWLP est un partenaire essentiel du           Genk et Gand), tandis qu’à Bruxelles, les agents de santé
           projet, par sa connaissance du terrain, son réseau et son        communautaire se sont répartis sur plusieurs zones dans
           travail au sein du comité de pilotage fédéral. Sa compré-        6 communes.
           hension de la réalité vécue sur le terrain par les gens qui
           subissent l’appauvrissement, la pauvreté et la pauvreté du-      En Wallonie, « en se tenant uniquement au classement
           rable, ainsi que le choix des zones à couvrir en priorité, son   des quartiers avec les revenus les plus faibles par habitant,
           implication dans le recrutement et l’accompagnement des          les moyens risquaient d’être très dispersés, avec certains
           facilitateur·trices sont des facteurs précieux qui contribuent   lieux très éloignés les uns des autres », constate Julien
           à la réussite de ce projet. », nous confie Julien Demonceau      ­Demonceau. Or « stratégiquement, il fallait aussi démon-
           (MC), coordinateur du projet CHW sur l’ensemble de la Ré-         trer avec cette mission-pilote que le travail en santé com-
           gion Wallonne. « Au départ, les mutualités se sont tournées       munautaire a une réelle plus-value. Donc, il fallait essayer
           vers nous avec des questions très concrètes concernant le         de concentrer l’action de manière plus conséquente dans
           travail avec les personnes qui subissent la pauvreté durable      des zones plus restreintes ». 3 zones ont finalement été
           et notre connaissance du réseau actif. Ce n’est pas le public     retenues, et des communes au sein de ces zones ont été
           habituel des mutualités car ces personnes n’y ont pas accès       ciblées : Charleroi – Châtelet, Liège et Verviers-Dison (où
           ou n’y ont pas nécessairement recours », appuie Antoine           opèrent respectivement 7,7 et 3 facilitateur·trices), ainsi
           Dujardin, en charge de suivre ce partenariat au RWLP.             qu’un facilitateur en région germanophone, dans la com-
                                                                             mune de la Calamine et certains quartiers d’Eupen.
           L’autre partenaire du projet est la Fédération des Maisons
           médicales. Ces deux associations sont à la fois membres          Des pair-aidant·es issus des quartiers
           du Comité de pilotage fédéral et wallon du projet. Sur le        d’intervention
           terrain, par exemple, l’équipe prend systématiquement
           contact avec les maisons médicales de chaque zone.               Le recrutement des facilitateur·trices en santé constituait la
                                                                            deuxième étape. Il a d’emblée été convenu avec le RWLP
           Délimitation des zones et ciblage                                d’engager des pair-aidant·es, c’est-à-dire des personnes
           des quartiers                                                    ayant une situation socio-économique équivalente (ou la
                                                                            plus proche possible) à celle du public-cible et issues de
           La première étape du projet, à l’échelle fédérale, a été de      ces quartiers. « L’intérêt d’avoir des personnes aux condi-
           délimiter les zones et les quartiers d’intervention. Sur le      tions socio-économiques équivalentes est qu’elles ont un
           papier, le projet s’adresse aux habitant·es des communes         parcours de vie et ont rencontré des difficultés similaires,
           et des quartiers les plus précarisés. Mais si on s’en tenait     et peuvent donc se comprendre, développer un lien, une
           à un classement des communes et quartiers en fonction            écoute, un accompagnement d’autant plus soutenant et
           du niveau de revenu moyen par habitant, tous les moyens          bien accueilli. L’approche territoriale est un autre facteur
           auraient été alloués à Bruxelles et en Wallonie. Pour équili-    très important. Les facilitateur·trices ont une connaissance
           brer la répartition des moyens, d’autres critères démogra-       du tissu social, relationnel, des lieux de vie et du moment
           phiques ont été ajoutés dans la balance.                         de la journée où ces lieux sont animés. Ces compétences
                                                                            et connaissances peuvent aussi s’acquérir au fur et à me-
           Les régions ont ensuite eu la main sur le choix des zones        sure sur le terrain, en allant à la rencontre des personnes.
           à couvrir, chacune développant sa propre stratégie. Par          J’ai par exemple accompagné Annas lors d’une maraude à

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Les Community Health Workers, un projet de proximité - Education Santé
INITIATIVES

Verviers. C’est surprenant de voir qu’il est salué dans toutes       CHW est un projet fédéral qui bénéficie de moyens consé-
les rues que nous avons traversées, il est constamment               quents, dans un horizon de temps relativement court (ndlr :
accosté par les gens du quartier, le lien se tisse tellement         du moins, au moment du démarrage), face à des acteurs ne
plus rapidement » nous raconte Antoine Dujardin.                     disposant pas toujours de moyens suffisants pour réaliser
                                                                     leurs missions. Une fois encore, la collaboration avec le
Un autre souhait était de composer une équipe avec des               RWLP s’est révélée précieuse pour introduire la mission,
bagages complémentaires pour créer un large éventail de              ouvrir certaines portes et clarifier notre action. » Plus de
connaissances et de compétences, avec une attention                  125 partenaires locaux ont ainsi été contactés en amont du
particulière pour l’équilibre de genre, l’accès à certaines          lancement de la mission.
communautés et une diversité de langues parlées. « Le
RWLP, en lançant un appel à leurs réseaux associatifs, nous          Concrètement, l’accompagnement
a renseigné des personnes candidates. On a travaillé au              des facilitateurs sur le terrain c’est…
recrutement avec des expert·es du vécu», complète Julien
Demonceau.                                                           (Re)tisser un lien de confiance avant tout
                                                                     « Nous l’avions identifié dès le départ mais le travail sur le
Accompagnement et formation                                          terrain le confirme : il n’y a jamais une seule barrière à lever
                                                                     pour garantir l’accès aux soins et favoriser la santé des per-
Au moment du lancement de la mission, toute l’équipe a               sonnes. La majorité des situations rencontrées concerne
reçu une formation sur l’accès aux soins, le fonctionnement          des problématiques multi-domaines, qui dépassent la ques-
et le rôle de la sécurité sociale, l’utilisation des outils, la      tion de l’accès aux soins de santé au sens strict du terme »,
pair-aidance (le statut, le fonctionnement…), la pauvreté            commence par souligner Julien Demonceau. « La mission
(ses origines, ses causes et conséquences), etc. Grâce               repose sur un processus long, qui se base avant tout sur le
aux intervisions et en fonction des besoins qui ont émergé           tissage de la confiance. »
au fur et à mesure, d’autres formations se sont ajoutées
au parcours, comme par exemple les questions liées au                Antoine Dujardin appuie ces propos : les personnes aux-
secret professionnel avec l’aide du Comité de Vigilance en           quelles s’adressent les facilitateur·trices « sont dans la dé-
Travail Social.                                                      brouille, dans le ‘trop peu de tout’, et ce souvent depuis
                                                                     des années. Avant tout, l’objectif est de (re)créer un lien
Pour encadrer et soutenir le travail des facilitateur·trices,        de confiance avec ces personnes qui peuvent avoir de la
des coachs sont en charge des différentes zones couvertes.           méfiance ou de la défiance envers l’État, le service public
Ces derniers sont issus principalement des secteurs social           ou les politiques parce que ça fait des années qu’elles n’ont
et de la promotion de la santé, certain·es d’ailleurs issu·es        pas eu droit à un logement, à la mobilité, à un travail dé-
du secteur mutuelliste. Ces coachs peuvent se référer à              cent, à être un citoyen reconnu ‘symboliquement’… Ces
un comité de pilotage opérationnel (composé de collabora-            droits sont tous liés dans un ensemble et se répondent,
teurs de la MC et de Solidaris). Ils sont les repères directs        se renforcent. »
des facilitateur·trices et sont présents pour permettre à ces
dernier·ères de déposer leur vécu.
                                                                           La méfiance ou la défiance envers
Une des missions confiées au RWLP (via Antoine Dujar-
                                                                         les mesures et la vaccination est plus
din) est l’organisation d’intervisions régulières, entre les             grande chez les personnes ayant des
équipes et les différentes zones, grâce à son expertise                    années de non-recours aux droits,
et son regard externe. Ces intervisions sont avant tout                   au-delà même de la santé, et qui ne
un espace de parole pour permettre aux facilitateur·trices                sont pas rattachées à un.e médecin
d’appréhender les situations difficiles auxquelles ils·elles
                                                                         généraliste ou une maison médicale.
sont confrontées. Elles permettent également de travailler
la posture des travailleur·euses et trouver la juste proximi-
                                                                          Elle est un symptôme de la fracture
té (« ne pas devenir une éponge émotionnelle », « éviter le              entre l’Etat, la classe politique et leur
syndrome du sauveur », par exemple).                                   vécu. Les inondations ont creusé le fossé,
                                                                        les personnes sinistrées se sont senties
Introduire la mission auprès des partenaires                              complètement abandonnées par les
                                                                            services publics et les politiques.
L’équipe de coordination a également veillé à un dernier
aspect essentiel avant de démarrer le projet : l’introduction                        (Antoine Dujardin, RWLP)
de la mission et des collègues auprès des partenaires lo-
caux et des acteurs de terrain. Julien Demonceau explique :
« C’est particulier de ‘débarquer’ ainsi, il faut veiller à ce que   Accompagner
les acteurs déjà en place ne nous voient pas comme des               Les facilitateur·trices n’ont pas d’impératif de résultat di-
concurrents. Nous sommes vigilants à nous positionner                rect dans leur travail. Un·e facilitateur·trice peut être ac-
comme complémentaires à leurs actions. En outre, le projet           costé·e dans la rue et discuter avec une personne sans

                                                                                                                      383 / ÉDUCATION SANTÉ   5
Les Community Health Workers, un projet de proximité - Education Santé
INITIATIVES

               Christine Geron et Dorothée Mardaga, coachs
               sur les zones de Verviers-Dison et Liège, nous ra-
               content les personnes et les situations rencontrées
               sur le terrain.

               « Les situations sont très diverses et variables, et
               dépendent aussi du profil de chaque facilitateur.
               trice. Par exemple, un des facilitateurs de Verviers
               accompagne beaucoup de personnes de la com-
               munauté arabophone car il parle l’arabe. Il fait par
               ailleurs face à beaucoup de démarches administra-
               tives concernant l’aide médicale urgente3, ce qui
               est moins le cas de deux autres facilitatrices de
               cette zone, qui assurent une permanence régulière
               dans les locaux de la Croix-Rouge où elles sont
               davantage en contact avec des personnes sous
               influence de substances diverses. Certain.es fonc-
               tionnent mieux seul.es, d’autres préfèrent travailler
               en binôme. Que l’on soit un homme ou une femme                        que cela ne donne lieu nécessairement à une intervention.
               amène aussi à rencontrer des personnes aux pro-                       Au fil d’une rencontre, un besoin peut être exprimé. Le·la
               fils différents. (…) À Liège, par exemple, beaucoup                   facilitateur·trice part par exemple d’une problématique de
               de demandes d’accompagnement concernaient la                          logement ou de mobilité pour – étape par étape, et à l’image
               vaccination au début. La fracture numérique, le la-                   d’un entonnoir – arriver progressivement à travailler sur l’ac-
               byrinthe administratif, la mobilité sont des freins                   cès aux soins de santé, si la personne le souhaite.
               que l’on rencontre fréquemment. (…)
                                                                                     Le·la facilitateur·trice en santé joue le rôle de personne-pivot
               On se trouve aussi face à la difficulté de travail-                   pour amener une personne vers une structure, ou lancer une
               ler sur des besoins urgents, des problèmes qui                        démarche favorable à sa santé et son bien-être, par exemple.
               ne peuvent pas ou plus attendre… Si on ne réagit                      Il·elle propose, accompagne, oriente mais ne fait pas « à
               pas très vite, on risque de perdre le lien avec la                    la place de ». L’accompagnement peut être plus ou moins
               personne. (…) Une fois le problème urgent réso-                       long, mais en ligne de mire l’objectif est que les personnes
               lu, on peut se retrouver face à une montagne de                       puissent prendre en charge elles-mêmes leur santé et leur
               problèmes sur le dos des personnes. Ce n’est pas                      accès aux soins. Délimiter l’action de chaque accompagne-
               forcément toujours vécu partout de la même fa-                        ment est un équilibre à trouver, qui se construit au fur et à
               çon, notamment parce que le projet pilote est dé-                     mesure et qui est spécifique à chaque situation rencontrée.
               limité dans le temps : certains essayent plutôt de
               débloquer une situation à un moment X pour que                        Un travail de longue haleine
               les personnes puissent ensuite avancer d’elles-                       Tout ce travail de rencontre et de lien à tisser avec les per-
               mêmes. Et parfois on ne saurait faire l’impasse                       sonnes peut prendre du temps, d’autant qu’il est souvent
               sur un travail de longue haleine et un accompa-                       alourdi par des procédures administratives longues et ar-
               gnement qui prend de l’envergure au fur et à me-                      dues pour débloquer ou faire avancer la situation de ces
               sure qu’on lève des barrières. Voici une situation                    personnes.
               rapportée par une facilitatrice : il s’agit d’un couple
               de personnes d’origine étrangère. La dame est en                      Avec les partenaires
               ordre au niveau de ses papiers et est enceinte ac-                    Les retours et les collaborations avec les autres acteurs pré-
               tuellement. Le monsieur a introduit une demande                       sents sur le terrain sont très positifs. Les facilitateur·trices
               de régularisation mais fait face à des soucis de                      et les coachs font un travail de proximité tant avec les bé-
               santé. La facilitatrice qui les suit est confrontée à                 néficiaires qu’avec les partenaires. Ils·elles ont su s’inté-
               un ensemble de problématiques qui impactent ce                        grer dans le tissu associatif en se positionnant de manière
               couple. (…)                                                           complémentaire, et mettre en place des partenariats et des
                                                                                     collaborations.

           3	L’Aide Médicale Urgente (AMU) est une forme d’aide sociale octroyée par les CPAS, qui a pour objectif de garantir l’accès aux soins médicaux
              aux personnes sans séjour légal.

6   ÉDUCATION SANTÉ / 383
Les Community Health Workers, un projet de proximité - Education Santé
INITIATIVES

« À Liège, nous raconte Dorothée Mardaga, coach sur cette          Pour mettre davantage en lumière les signaux d’alerte
zone, nous avons établi une belle collaboration avec l’asso-       structurels et la complexité des situations rencontrées,
ciation Smi’le4, qui réalise un travail de santé communau-         l’équipe de coordination envoie des rapports réguliers sur
taire auprès des personnes vivant en rue. Au départ, nous          base des retours directs du terrain. Le RWLP formule aussi
leur avions demandé de venir nous former aux maraudes et           régulièrement des recommandations, alimentées par son
à l’approche des personnes vivant en rue, parfois sous l’in-       regard nourri du travail avec les témoins du vécu et les
fluence de psychotropes. Une collaboration toute naturelle         militant·es.
s’est construite par rapport aux personnes que ces infir-
mières suivaient à partir du moment où celles-ci retrouvent        Un projet reconduit !
un logement. Les facilitateur·trices reprennent l’accompa-
gnement pour les questions ayant trait à la santé. »               À l’heure d’écrire cet article, nous apprenons que le projet
                                                                   est reconduit pour l’année 2022, en bénéficiant du même
Les inondations                                                    financement.
Un évènement a fortement impacté la mission au cours
de l’été : les inondations consécutives aux intempéries ont        Tous les éléments plaidaient en effet en faveur d’une pro-
rudement touché certains quartiers dans lesquels opèrent           longation : pour favoriser l’accès aux soins de santé et la
les facilitateur·trices. Du jour au lendemain et pendant plu-      santé des personnes les plus précarisées, une approche
sieurs semaines, leur travail a été centré sur l’aide d’ur-        communautaire, avec l’implication de pair-aidant·es, a tout
gence aux personnes les plus démunies et souvent les               son sens et est en mesure de produire des résultats po-
plus impactées. À Verviers, l’association Psy-Infi-Vesdre les      sitifs pour les personnes auxquelles on s’adresse. Des
a contacté·es pour établir les besoins psycho-sociaux des          éléments comme le taux de vaccination au sein de ces
personnes sinistrées. Par duo, ils·elles ont fait du porte-à-      populations ou la longueur des démarches administratives
porte. Preuve s’il en faut que leur expertise, leur connais-       à entamer viennent renforcer ces constats.
sance pointue du territoire et leurs contacts sont reconnus
sur le terrain. Ils permettent ainsi d’identifier et d’agir plus   Éducation Santé vous proposera d’en tirer le bilan avec
rapidement envers les personnes qui en ont le plus besoin,         l’équipe dans un an…
qui n’iraient peut-être pas chercher de l’aide ou ne se met-
traient pas en démarche dans ce sens.                                                                                         i
                                                                      Pour en savoir plus, rendez-vous
        Si au départ les problématiques                               sur www.chw-intermut.be/index-FR.php
      avaient trait à la santé mentale, au
     trauma vécu, etc., des problèmes de
    santé physique sont aussi arrivés dans
      les demandes, comme les maladies
     respiratoires liées aux champignons,
        à l’humidité et à l’insalubrité. (…)
      (Christine Geron et Dorothée Mardaga, MC)

Évaluation et plaidoyer

« Il est clair pour toutes les parties prenantes du projet
CHW que les facilitateur·trices ne vont pas « réparer » en
quelques mois des années de non-recours aux droits dans
le domaine de la santé. Mais tous perçoivent l’utilité de
cette mission. » nous explique d’emblée le coordinateur.
Au terme de ces quelques mois sur le terrain, l’évaluation
de la mission est confiée à des chercheurs de l’Université
d’Anvers. Dans leur travail quotidien, les facilitateur·trices
utilisent un outil qui fonctionne comme une street-map,
dans laquelle ils notent les situations rencontrées, comme
aider une personne à prendre rendez-vous pour la vacci-
nation. Ils participent également à des focus groups avec
l’équipe de recherche.

4   https://www.smi-le.org

                                                                                                                 383 / ÉDUCATION SANTÉ   7
Agents de tracing
           et promotion
           de la santé
           Retour sur une expérience d’accompagnement des agents de suivi
           des contacts dans une perspective de promotion de la santé.                                                  REPÈRES

             BENOIT PÉTRÉ ET L’ÉQUIPE DE PROMOTION DE LA SANTÉ DE SOLIDARIS

                                                                             les citoyens dans la participation aux mesures préven-
              Benoit Pétré travaille dans le Département des
                                                                             tives (5). Particulièrement, plusieurs observateurs plaident
              Sciences de la Santé publique de l’Université de
                                                                             pour une approche d’accompagnement des citoyens ins-
              Liège
                                                                             crite dans une perspective de promotion de la santé. (6).
                                                                             Cet angle d’approche se détache d’une politique paterna-
           Partout dans le monde, la pandémie de coronavirus a mis           liste, d’imposition des mesures préventives pour favoriser
           et continue de mettre au défi l’organisation et l’efficacité de   au contraire le soutien à l’autonomie, la prise de décision
           notre système de soins de santé. Les gouvernements du             éclairée et la mise en capacité des individus dans des stra-
           monde entier ont développé des réponses stratégiques afin         tégies de prévention en santé (empowerment).
           de minimiser l'impact de la maladie et de sa propagation
           sur la morbidité et la mortalité de leur population, ainsi que    Contexte
           les risques sociaux et économiques associés. L’aspect pré-
           ventif occupe une place centrale des réponses envisagées          En juin 2021, le service de Promotion de la Santé de So-
           permettant d’éviter la propagation du virus et la surcharge       lidaris reprend la coordination des agents de suivi de
           des services sanitaires dans l’accueil des patients. Parmi        contacts qui se rendent au domicile, principalement, des
           ces mesures préventives, le tryptique « testing, tracing          personnes atteintes du Covid19 et des personnes ayant eu
           (en français, suivi des contacts) et isolement » constitue        des contacts à haut risque. Composée d’une cinquantaine
           un socle fondamental en matière de santé publique pour            d’agents intermutuellistes couvrant le territoire de la Région
           contrôler l’évolution de la maladie (1).                          wallonne, ils sont chargés de se rendre à domicile à partir
                                                                             de 48h après un test positif effectué par un citoyen et un
           Une littérature spécialisée sur le suivi des contacts com-        contact sans succès effectué par le call center. À l’aide de
           mence à se développer. Toutefois les travaux restent assez        scripts (document type à utiliser), leur mission est d’appor-
           techniques sur les structures organisationnelles néces-           ter soutien et accompagnement à ces personnes vis-à-vis
           saires à un suivi des contacts structurés (2) ou décrivant        des mesures sanitaires (stratégies d’isolement, démarches
           l’efficacité des dispositifs (3). Peu de travaux se sont inté-    vers l’employeur…), d’effectuer le suivi des contacts (faire
           ressés jusqu’à présent aux aspects qui facilitent l’engage-       le relevé confidentiel des personnes ayant été en contact
           ment de la population dans la stratégie de prévention « suivi     avec le sujet positif pendant la période contagieuse) et
           des contacts ». Il existe bien quelques repères, notamment        d’inviter les personnes à des mesures préventives complé-
           dans les travaux du Centre pour le contrôle et la prévention      mentaires (vaccination et application de suivi des contacts).
           des maladies (CDC), ainsi que quelques premiers travaux           À ce moment de l’épidémie, un des problèmes constatés
           cherchant à identifier les freins et faiblesses d’engagement      était un déclin majeur dans le nombre de contacts rappor-
           des citoyens dans le suivi des contacts.                          tés : moins de 1 contact rapporté par personne rencontrée.
                                                                             C’est dans ce contexte que le service a fait appel à l’exper-
           Le succès du suivi des contacts (comme le testing et l’iso-       tise du Département des Sciences de la Santé publique de
           lement) repose sur la volonté des citoyens de respecter           l’U-Liège. La demande était de mettre en place un dispo-
           les mesures proposées. Les mesures de prévention se               sitif de soutien aux agents de contact afin d’aborder leurs
           concentrent en effet sur des stratégies qui appellent la parti-   pratiques selon un angle de promotion de la santé, dans
           cipation active des citoyens. Dans ce contexte, les sciences      la perspective d’augmenter le nombre de contacts rensei-
           du comportement devraient être mobilisées pour soutenir           gnés par les personnes.

8   ÉDUCATION SANTÉ / 383
REPÈRES

Soubassements théoriques,                                         Différentes ressources ont également été présentées et
intervention proposée et mise en œuvre                            renseignées aux participants, notamment pour resituer de
de l’accompagnement                                               manière plus globale la question de la gestion de la crise
                                                                  sanitaire sous l’angle de la promotion de la santé (9,10).
Le Département des Sciences de la Santé publique déve-
loppe depuis plusieurs années un domaine d’expertise au-          En fin de formation, les participants se sont vus remettre un
tour des questions d’éducation thérapeutique, éducation           document reprenant des expressions types, extraites des
en santé et plus largement de promotion de la santé à tra-        épreuves de simulation et de leur débriefing, à utiliser de
vers de nombreux projets de recherche et de missions as-          manière souple lors de leur visite au domicile (voir encadré).
surées pour la communauté. Il s’agissait ainsi de repenser
une activité relativement nouvelle sur le territoire wallon à     Chaque agent de suivi des contacts s’est vu proposer
travers des principes généraux bien connus de promotion           2 séances d’accompagnement, soit un total de 8 séances
de la santé.                                                      pour l’ensemble de la population considérée : l’une introdui-

L’accompagnement proposé a été envisagé davantage se-
lon des échanges d’expériences que comme des exposés
magistraux, méthode d’ailleurs favorisée par des travaux             Exemple de scénario
internationaux (7). Cela était d’autant plus cohérent que cer-       pour la simulation
tains agents étaient engagés depuis plus d’un an dans le
suivi des contacts. La stratégie pédagogique visée cher-             Jeremy, 35 ans, travaille en grande surface (remise
chait davantage à valider les stratégies développées par les         en rayon). Il a 3 enfants et une épouse qui vivent tous
agents de suivi de contacts et les rapprocher des principes          sous le même toit.
s’inscrivant dans une perspective de promotion de la santé.
                                                                     Il a fait le test car il souhaitait partir en France 3 jours
Plus spécifiquement, l’accompagnement s’est donné les                en weekend prolongé. Le test s’est révélé positif.
objectifs pédagogiques spécifiques suivants : renforcer le
pouvoir d’agir des personnes, amener une réflexion sur ce            Il n’a pas de symptôme. Il ne se sent pas très concer-
sur quoi elles ont du contrôle et favoriser le sentiment d’uti-      né par ce qui lui arrive. Il a pourtant des cas sévères
lité de la mission. Ces 3 objectifs ne sont pas sans rappeler        dans sa famille (maman hospitalisée).
les composantes de motivation dans l’apprentissage du pé-
                                                                     Il peine à comprendre ce qu’est le tracing, sa fonc-
dagogue Rolland Viau (8).
                                                                     tion. Il montre beaucoup d’hésitation dans le dia-
                                                                     logue (méfiance envers qui est la personne qu’il
Au niveau des méthodes pédagogiques, nous avons privilé-
                                                                     rencontre). La méfiance ne diminue que si l’agent
gié l’usage de la simulation. Méthode d’apprentissage actif
                                                                     tente d’accueillir cette émotion et clarifie son rôle.
par excellence, la simulation a comme avantage particulier
de stimuler le débat et l’échange d’idées autour d’une thé-          Il ne souhaite pas s’arrêter de travailler car il n’aurait
matique centrale abordée dans l’exercice, ce qui corres-             pas de rentrée financière. Il a peur de la réaction dewla
pond parfaitement à la recherche de partage d’expériences            patronne. Il a très peur que cela impacte son boulot
considérée. Les situations de simulation ont été conçues au          car les rentrées financières sont déjà limitées et il
plus près du terrain, en s’inspirant de situations rencontrées       vient de perdre sa responsabilité d’un secteur du
par les agents et par souci d’authenticité (voir encadré). Le        magasin. Il ne veut pas donner le nom du magasin
scénario reprenait systématiquement une phase d’engage-              car il a peur des répercussions pour lui.
ment dans la conversation avec la personne rencontrée, le
suivi des contacts et la vaccination.                                Contacts potentiels : il a fait une grosse fête au
                                                                     15 août mais ne veut pas dénoncer ses copains qui
En termes de contenus, il s’agissait d’introduire dans le dis-       ne peuvent pas se retrouver en quarantaine (la fête
positif et à travers le débriefing, moment d’apprentissage           était non autorisée). Il n’est pas motivé à donner les
le plus significatif dans la simulation, différentes techniques      noms des amis avec qui il a fait la fête le 15 août (il va
et méthodes (modèles des croyances relatives à la santé ;            jusqu’à revenir sur ce qui a été dit avant en déclarant
modèle dynamique de la motivation, techniques d’écoute               finalement n’avoir vu qu’1 ou 2 personnes).
active, gestion des émotions, introduction à l’entretien mo-
tivationnel) permettant d’approcher les citoyens rencontrés          Il est réfractaire au vaccin car il veut garder son choix
selon une perspective de promotion de la santé (Citoyen              libre sur la vaccination (et il n’en ressent pas le be-
acteur et partenaire de santé – Position active du patient           soin car son sentiment de vulnérabilité est faible).
– Vision positive de la santé – Soutien à l’autonomie des            Il montre de l’agressivité quand la question de la vac-
personnes dans la prise de décision – Approche globale de            cination est abordée en indiquant que l’agent n’est
la personne). Le lien entre les techniques et méthodes et            pas médecin. Il adhère partiellement aux théories
les principes clés de promotion de la santé étaient systé-           complotistes.
matiquement expliqués aux participants.

                                                                                                                     383 / ÉDUCATION SANTÉ   9
REPÈRES

                                                                            cipants à l’issue du 1er module d’entrainement. Les résultats
                                                                            suggèrent une haute satisfaction des participants. S’ils ont
                                                                            eu du plaisir à participer, ce sont surtout les deux indicateurs
                                                                            de découverte de nouveaux outils et du transfert dans la
                                                                            pratique qui doivent rassurer sur l’intérêt de la formation en
                                                                            réponse à un besoin d’accompagnement des agents.

                                                                                               Figure 1. Évaluation de la satisfaction
                                                                                               du 1er module d'entrainement (n=30)

                                                                            J’ai découvert de nouveaux outils
                                                                                     pour susciter l’ahdhésion
                                                                                                  des citoyens

                                                                                  J’ai eu plaisir à y participer

                                                                                        Transfert de contenu
                                                                                       dans ma pratique pro.
                                                                                                                   0       5       10   15    20      25   30   35
                                                                                              Pas du tout      1       2       3    4   6    Tout à fait

                                                                            Le besoin de se confronter, d’échanger sur leurs pratiques
                                                                            est ressorti comme élément central des enquêtes de sa-
                                                                            tisfaction. La simulation s’est révélée être une stratégie de
                                                                            1er choix pour soutenir cet échange d’expériences. Deux
                                                                            conditions d’apprentissage centrales véhiculées par la
                                                                            simulation (en particulier lors des débriefings) nous pa-
                                                                            raissent fondamentales vis-à-vis de la thématique abordée :
                                                                            l’interaction entre pairs comme source d’apprentissage et
                                                                            l’exercice de métacognition (entendue comme l’exercice
                                                                            de jugement, analyse et régulation effectué par un appre-
                                                                            nant sur ses propres performances (11)). Dans ces condi-
           sant les méthodes et techniques renseignées ci-dessus et         tions, l’expert en contenu (ici d’éducation et promotion de
           une seconde permettant leur approfondissement, toujours          la santé) prend un rôle de facilitateur des échanges, en pré-
           grâce à la mise en pratique par la simulation.                   parant les scénarios de simulation selon des objectifs pé-
                                                                            dagogiques précis, et en donnant le rythme des échanges
           Évaluations et apprentissages                                    avec une distribution de la parole et quelques interventions
                                                                            plus ponctuelles pour consolider les acquis des participants
           Pour évaluer le dispositif, différentes sources d’information    par l’introduction de quelques repères plus théoriques. Ce
           ont été utilisées. D’une part, il s’agit des échanges réalisés   dernier point permet de valider les stratégies mobilisées par
           pendant les séances d’accompagnement avec les agents,            les agents en les inscrivant dans des stratégies éprouvées
           les débriefings entre les équipes de Solidaris et du DSSP.       de promotion de la santé.
           D’autre part, les informations issues de deux outils permet-
           tant une collecte des données plus systématiques auprès          Ainsi, la simulation crée un espace sécurisé permettant aux
           des participants complètent l’évaluation : une enquête de        participants d’échanger librement et de manière structu-
           satisfaction appelant les participants à se positionner sur      rée sur leurs expériences de suivi des contacts. Il s’agit
           la plus-value du dispositif, le potentiel de transfert dans      également d’une réponse opérationnelle aux recommanda-
           leur pratique, les éléments appréciés et ceux à ajuster ;        tions, notamment du CDC, qui situent les échanges d’ex-
           une enquête avant/après formation cherchant à mesurer le         périences au cœur du renforcement de compétences des
           sentiment d’efficacité des agents dans l’engagement des          agents sans véritablement préciser comment les organiser.
           citoyens dans le suivi des contacts.
                                                                            Les participants ont également demandé à poursuivre le
           Ne s’agissant pas d’un article de recherche original au sens     travail d’échange pour aborder d’autres situations com-
           strict du terme, nous discutons ci-après quelques appren-        plexes rencontrées sur le terrain, notamment face à des in-
           tissages transversaux issus de ce travail et des informations    dividus agressifs ou pour faire face aux émotions générées
           collectées.                                                      par certaines situations.

           Une réception favorable et un besoin                             Travailler l’engagement de la personne avant
           d’accompagnement                                                 le suivi des contacts

           Même si l’arrivée tardive du dispositif a été dénoncée, les      Les agents de suivi se sont révélés assez rapidement bien
           participants se sont montrés très enthousiastes et satisfaits    préparés pour faciliter l’élicitation des contacts par la popu-
           de leur participation aux séances d’accompagnement. La           lation. Les scripts dont ils disposent offrent des méthodes
           Figure 1 reprend quelques données de satisfaction des parti-     permettant de structurer le rappel des évènements vécus

10   ÉDUCATION SANTÉ / 383
REPÈRES

par la personne et des contacts réalisés pendant une pé-         est un élément qui nous parait fondamental à travailler dans
riode donnée. La plus grosse difficulté identifiée concerne      ce type d’accompagnement.
bien la motivation ou les réticences des personnes positives
à communiquer leurs contacts. C’est ici qu’intervient toute      Les participants ont finalement émis le souhait de disposer
la subtilité des stratégies de promotion de la santé. Le suivi   d’informations actualisées sur les questions de vaccination,
des contacts peut en effet se réaliser selon plusieurs pers-     du suivi administratif et financier pour les personnes mises
pectives : d’une vision très contraignante, persuasive, à une    en quarantaine et de la manière de gérer les refus de col-
vision respectant davantage l’autonomie de la personne.          laboration.

Inscrite dans une approche de promotion de la santé, notre       Renforcer les compétences des agents :
vision et proposition d’accompagnement se situe davan-           une approche nécessaire mais non suffisante
tage dans la deuxième perspective visant à conférer aux
personnes les moyens d’assurer un plus grand contrôle            Un point saillant qui ressort de nos résultats et réflexions
sur leur santé individuelle et collective. Les techniques et     est relatif au positionnement des agents et leur limite d’ac-
méthodes présentées aux participants ont été considérées         tion dans le cadre du suivi des contacts.
comme très utiles et autant de ressources à mobiliser par
les participants. Ces derniers étaient généralement peu fa-      Ces constats questionnent les limites du pouvoir d’agir de la
miliers avec les théories évoquées. À titre d’exemple, voici     part des agents de suivi. Un point important discuté pendant
quelques éléments qui ont particulièrement émané des             les séances est celui d’accepter le refus de collaboration ou
discussions du groupe : se présenter de manière profes-          l’obtention d’une information partielle de la population. Ceci
sionnelle aux personnes et rappeler le sens de la visite en      rappelle que les acteurs engagés dans l’éducation en santé
mots simples et accessibles ; développer un panel de stra-       n’ont qu’un rôle limité sur les changements de comporte-
tégies pour lever les résistances à énumérer ses contacts ;      ments attendus. C’est toute la difficulté de la promotion de
aborder le sujet de la vaccination tout en restant dans son      la santé qui crée des opportunités sans assurer que cela se
rôle d’agent. Ce dernier point quant à la posture à adopter      traduise en transformations du comportement.

   Exemples de phrases clés proposés

   Ouvrir la communication – s’intéresser à la personne           
                                                                  Travailler sur la perception de gravité/vulnérabilité :
   – accueillir les réactions : « Avant toute chose, com-         « Cela touche tous les âges – nous sommes tous
   ment vous sentez-vous ? Comment allez-vous ? Com-              concernés » ; « un jour vous pouvez être bien et un
   ment cela se passe à la maison ? » « À quelles questions       autre jour pas »
   puis-je répondre avant de commencer ? »                        Utiliser l’argument de solidarité collective : « vous ne
                                                                  voulez pas que d’autres personnes soient contami-
   Expliquer ce qu’est le suivi des contacts : Expliquer la       nées »
   chaine de contamination : « Afin d'empêcher la propaga-        Ne pas vouloir convaincre à tout prix : « J’en appelle à
   tion du COVID-19 dans la communauté, nous devrons              votre conscience. Je vous laisse le choix. Je ne peux
   discuter avec les personnes qui ont pu être exposées et        vous contraindre à rien »
   travailler avec elles pour s'assurer qu'elles reçoivent des
   soins si nécessaire et qu'elles surveillent elles-mêmes       Évoquer la vaccination : « Avant de conclure l’entretien
   les symptômes afin de ne pas transmettre le virus à           et étant donné que nous sommes mandatés par l’AVIQ
                                                                                                                      w
   d'autres personnes par accident »                             qui soutient la vaccination, puis-je vous demander si
                                                                 vous êtes déjà vacciné ? ou si vous comptez vous faire
   Quelques stratégies pour lever l’hésitation :                 vacciner ? »
    Expliciter les bénéfices du suivi pour la personne ren-     « je voudrais encore vous parler de quelque chose. Avez-
     seignée : « votre ami aura droit à un test de dépistage     vous déjà eu l’occasion de vous faire vacciner ? »
     gratuit » ; « vous n’auriez pas envie de savoir vous si
     vous aviez été exposé ? » ; « certains de vos contacts      Réaction et orientation : « J’entends bien votre préoc-
     seront certainement contents d’avoir l’information          cupation. Il y a beaucoup de messages contradictoires
     pour protéger les contacts vulnérables »                    sur la vaccination et il est difficile de s’y retrouver. On
    Utiliser l’ambivalence soulevée par la personne : « Vous    entend beaucoup de choses sur la vaccination »
     mettez vos proches en danger alors que vous dites que       « Puis-je vous suggérer d’en discuter avec un soignant de
     leur sécurité est importante pour vous » ; « j’entends      référence (médecin ou pharmacien) », « n’hésitez pas à
     que la situation est déjà difficile pour vous mais vous     poser vos questions à votre soignant de référence ». « je
     ne souhaitez pas rendre la situation plus difficile sur     ne souhaite pas vous bousculer, prenez le temps d’y ré-
     votre lieu de travail ».                                    fléchir et d’en discuter avec des personnes de confiance »

                                                                                                                383 / ÉDUCATION SANTÉ   11
REPÈRES

           Cela rappelle également la nécessité de travailler sur les                    Figure 2: Évolution du sentiment d'efficacité des agents (n=22)
                                                                                     7
           environnements dans lesquels évoluent les personnes.                      6
                                                                                     5
           D’ailleurs, les recommandations du CDC (12) appellent aux                 4
                                                                                     3
           campagnes de promotion du suivi des contacts dans la                      2
                                                                                     1
           population générale et le plus tôt possible en amont du                   0
           testing afin de promouvoir une image positive du travail

                                                                                                                               at r vo s c gée e
                                                                                                                                                                le

                                                                                                              pl ou ye e se nte act n

                                                                                                                                                           io s

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                                                                                                                                                          nn ns

                                                                                                                                                               on

                                                                                                                                                                  s

                                                                                                                                                                  s

                                                                                                                                                                ce

                                                                                                                                                                 ·s

                                                                                                                                            la con ive

                                                                                                                                             no onn ns

                                                                                                                                                                te
                                                                                                             r v orm ide de diri w d

                                                                                                                                            es act nu

                                                                                                                                                              tif

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                                                                                                                                                        t io

                                                                                                                                                            t·e
                                                                                                      ap e in r g r su m rvi s

                                                                                                                                                               n

                                                                                                                                                               e

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                                                                                                                                                         ac
                                                                                                                                                        an
                                                                                                                                                         lo

                                                                                                               ue p n re co es

                                                                                                                                    ud per dit

                                                                                                                                                        ge
                                                                                                                                u r i- e

                                                                                                                                                       po
                                                                                                                                   e u r so

                                                                                                                                                       in

                                                                                                                                                       fo
                                                                                                                                                        o
                                                                                                                                                 pe d

                                                                                                                                                     on
                                                                                                                                                      G
           effectué et préparer la population à la visite de ces agents

                                                                                                                                                      n
                                                                                                  r l iq A ma dui es xpr

                                                                                                                                                      n
                                                                                                                                                     ip
                                                                                                                                                      o

                                                                                                                                            la on

                                                                                                                                                     ju
                                                                                                                                     rte acc

                                                                                                                                                    ts

                                                                                                                                                  tio
                                                                                                                                                   ts
                                                                                                                                                    e

                                                                                                                                                 tic
                                                                                                                                                   c
                                                                                                                                                  p

                                                                                                                                                  n
                                                                                                                                                  c

                                                                                                                                               rip
                                                                                                                                                 n
                                                                                                                                          d ’e

                                                                                                                                                 v

                                                                                                                                             de

                                                                                                            op hen cou ica
                                                                                                                                                r
                                                                                                                                               e
                                                                                                                                      de x

                                                                                                                                      de ux
                                                                                                                                               l

                                                                                                                                          pa
                                                                                                                                              i

                                                                                                                                           la

                                                                                                                                          m

                                                                                                                                          sc
                                                                                                                                             ’
           en cas de positivité.

                                                                                                                                         er

                                                                                                                                   iè l

                                                                                                                                       un
                                                                                                                                          n
                                                                                                                               vi s a

                                                                                                                    r u ion s a

                                                                                                                                         e
                                                                                                                                     de

                                                                                                                                      io

                                                                                                                                        s
                                                                                                                                     lit

                                                                                                                                     es

                                                                                                                                    le
                                                                                                                                      r

                                                                                                                                    m
                                                                                                                                    r

                                                                                                                             s r
                                                                                                                                  at
                                                                                                                                   ci

                                                                                                                                po

                                                                                                                                 m
                                                                                                                          de ou

                                                                                                                                 n

                                                                                                                                tit
                                                                                                                                  i

                                                                                                                               m
                                                                                                                                 c
                                                                                                                              Fa

                                                                                                                                 l
                                                                                                                             tio

                                                                                                                              re

                                                                                                                            ve
                                                                                                                               n

                                                                                                                             m

                                                                                                                             at
                                                                                                                            le
                                                                                                                            sc

                                                                                                                           co
                                                                                                                          Co

                                                                                                                      p u

                                                                                                                     é is
                                                                                                                         es

                                                                                                                           o

                                                                                                                         up

                                                                                                                         ta
                                                                                                                          e

                                                                                                                        ne
                                                                                                                         p

                                                                                                                  pr d
                                                                                                                         c

                                                                                                                       un

                                                                                                                       de
                                                                                                                     qu

                                                                                                                     en
                                                                                                                     so
                                                                                                                     es
                                                                                                                       f

                                                                                                                      e

                                                                                                              m tre
                                                                                                                                                                  T0
           Cet aspect plurifactoriel de compréhension des compor-

                                                                                                                     r

                                                                                                                   es
                                                                                                                   er
                                                                                                                  ot

                                                                                                                  m
                                                                                                                   s

                                                                                                                rd
                                                                                                                  la

                                                                                                                 re

                                                                                                          co vo

                                                                                                                 te
                                                                                                                                                                  T1

                                                                                                              pp

                                                                                                  Ad iqu
                                                                                                             ire
                                                                                                              iè
                                                                                                               r
                                                                                                            ge
                                                                                                En rde

                                                                                                     de ter
                                                                                                           lo
                                                                                                          m

                                                                                                          an
                                                                                                          te

                                                                                                          la

                                                                                                           n

                                                                                                       Ad
           tements humains et des interventions destinées à les

                                                                                                         ra
                                                                                               se éor

                                                                                                       ve

                                                                                                       ch
                                                                                                        si

                                                                                                      rc

                                                                                                      ap
                                                                                                       o

                                                                                                      m
                                                                                                     ou
                                                                                                   Ab

                                                                                                   Dé

                                                                                                    te
                                                                                                     a
                                                                                         th

                                                                                                   ue
                                                                                                  Ad

                                                                                                  de
                                                                                                   c

                                                                                                  s
                                                                                                iq
           modifier renvoient également à la complexité d’évaluation

                                                                                               de
                                                                                               er

                                                                                             un
                                                                                         as

                                                                                            is

                                                                                           er
                                                                                         m
                                                                                         til
                                                                                         p

                                                                                        is
                                                                                      Dé

                                                                                       m
           des stratégies d’éducation en santé. Si le dispositif exposé

                                                                                       U

                                                                                     til
                                                                                    Co

                                                                                    U
           dans le cadre de cette étude vise à améliorer l’efficaci-                Ces éléments d’évaluation d’efficacité de son action ont été
           té du suivi des contacts par l’augmentation du nombre                    largement discutés dans les groupes permettant aux partici-
           moyen de cas rapportés par les citoyens, tenter d’évaluer                pants d’échanger sur la posture éducative attendue. L’intro-
           notre intervention sur base de cet indicateur nous semble                duction de balises éthiques dans la discussion a permis de
           nier le contexte environnemental peu propice à l’élicita-                faciliter le débat autour des questions d’autonomie dans la
           tion des contacts. L’OMS parle à juste titre d’une fatigue               prise de décision et d’absence de jugements de valeur par
           pandémique (13) qui désigne le ras-le-bol général de la po-              rapport aux comportements des citoyens. Ceci a permis de
           pulation vis-à-vis des mesures sanitaires. Aussi, dans cette             clarifier avec les participants que le suivi des contacts n’est
           étude en particulier, nous avons préféré porter le dispositif            pas l’ultime et unique solution, et d’accepter les refus et les
           d’évaluation sur le sentiment d’efficacité des agents dans               informations même partielles provenant des citoyens.
           les stratégies d’engagement des citoyens utilisées (Fi-
           gure 2). Nous avons en effet décidé d’orienter l’évaluation              Conclusion
           sur des aspects pédagogiques plutôt que sur des aspects
           d’impact, compte tenu des raisons évoquées ci-avant. Le                  Cette étude propose d’envisager un des piliers des mesures
           sentiment d’efficacité est par ailleurs reconnu comme un                 préventives dans la lutte contre le Covid 19 – le suivi des
           élément déterminant majeur de l’engagement à la tâche.                   contacts – selon une perspective de promotion de la santé.
           Le suivi du sentiment d’efficacité entre le début et la fin de           Nous faisons une proposition et une discussion cohérentes
           la formation (évalué à partir de 22 sujets) montre d’ailleurs            d’un dispositif d’accompagnement des agents de suivi sur
           une évolution sur l’ensemble des indicateurs retenus (les                les aspects d’objectifs poursuivis, de méthodes utilisées,
           participants devaient situer leur sentiment d’efficacité sur             de contenus abordés et d’évaluation selon une logique de
           une échelle de 0 à 7 pour chacun des items). Globalement,                promotion de la santé. Ce document ouvre finalement la
           le sentiment d’efficacité a augmenté de 1,3 points, ce qui               voie pour réinterroger une série d’actions brèves menées
           est loin d’être négligeable et contribue à appuyer la perti-             auprès des citoyens en matière de santé selon cette même
           nence de la formation.                                                   logique de promotion.

               Références
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