LES DÉPIGMENTATIONS NASALES : INTÉRÊT DE LA BIOPSIE - Lapvso

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LES DÉPIGMENTATIONS NASALES : INTÉRÊT DE LA BIOPSIE - Lapvso
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                                                                                          ACTUALITÉ DIAGNOSTIQUE

    Avril 2018

    LES DÉPIGMENTATIONS NASALES :
         INTÉRÊT DE LA BIOPSIE
                                     Jean-Charles HUSSON, Frédérique DEGORGES-RUBIALES
                    Charline PRESSANTI, Daniel COMBARROS, Line-Alice LECRU, Marie-Christine CADIERGUES

                             Les dépigmentations de la truffe sont fréquentes en dermatologie canine.
               Ces pertes de pigments sont la conséquence de la disparition ou de la destruction des mélanocytes
                  présents dans la peau. Ces cellules particulières se situent à la jonction dermo-épidermique,
             au sein de l’assise basale de l’épiderme (stratum basale) et sont à l’origine de la synthèse de pigments
                qui permettent la coloration de la peau et des tiges pilaires. Différents mécanismes sont à l’origine
                 de la disparition de ces mélanocytes. Il peut s’agir de phénomènes qui ciblent exclusivement les
            mélanocytes et qui ne s’accompagnent pas d’une altération ou d’une destruction des structures cutanées
              adjacentes ; ou il peut s’agir de mécanismes visant à la fois les mélanocytes et d’autres cellules de la
            peau, en particulier les kératinocytes. Ces derniers vont donc se traduire par la présence d’autres lésions
                                              qui accompagneront la dépigmentation.
LES DÉPIGMENTATIONS NASALES : INTÉRÊT DE LA BIOPSIE - Lapvso
PARTICULARITÉS ANATOMIQUES
DE LA TRUFFE :
INTÉRÊT EN PRATIQUE
La truffe est une région cutanée particulière. Il s’agit d’une
structure qui comprend un épiderme plus épais que le reste
du corps et qui est dépourvue de follicules pileux, de glandes
sébacées et de glandes sudoripares. Il s’agit d’un épiderme
pigmenté, épais dont la couche cornée est très développée.
Selon la race, la couleur peut varier : noire, grise, marron…
L’épiderme est ondulé et possède des crêtes et des replis
qui sont visibles macroscopiquement. Ces motifs, appelés
dermatoglyphes, forment une sorte de pavage (cf. photo 1).
Certaines dermatoses affectant la truffe vont s’accompagner
d’œdème et d’infiltration inflammatoire ou tumorale du derme
et de l’épiderme. Cliniquement, ces dermatoses induiront in fine
une perte des dermatoglyphes.
De par sa forte pigmentation, la truffe peut donc subir des
dépigmentations qui sont facilement observées par les                   Photo 1 : Vue rapprochée de la truffe chez un chien, noter les
propriétaires. Les maladies associées à ces dépigmentations             dermatoglyphes.
vont être décrites dans la partie suivante. D’un point de               Crédit : ENVT dermatologie
vue lésionnel, il est important de distinguer deux types de
dépigmentations nasales. Celles qui s’accompagnent de perte
des dermatoglyphes et celles dans lesquelles les dermatoglyphes         jonctions muco-cutanées, les coussinets, les conduits auditifs
sont préservés. Le vitiligo et l’hypopigmentation nasale                et les griffes. En effet, il est rare que les dermatoses détaillées
idiopathique (« snow nose ») seront notamment distingués des            ci-après n’atteignent que la truffe. Dans tous les cas, un
autres dermatoses à localisation nasale (cf. fig. 1). Il est toujours   examen histologique de biopsies cutanées permet de confirmer
indispensable de compléter l’examen de la truffe par un examen          ou d’étayer la suspicion en précisant le type d’inflammation/
attentif de toutes les autres structures cutanées en incluant les       d’infiltration et sa localisation.

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                                                                                              Figure 1 : diagramme     d’aide
                   DÉPIGMENTATIONS                                                                      au diagnostic lors de
                   NASALES DU CHIEN                                                                     dépigmentation de la
                                                                                                         truffe chez le chien

                                                                                                          • Lupus cutané nasal
                                                                                                          • Pemphigus superficiel
      • Vitiligo                                                                                          • Lymphome T épithéliotrope
      • Hypopigmentation              PERSISTANCE DES                    ABSENCE DE                      • Aspergillose/rhinite
         nasale idiopathique           DERMATOGLYPHES                   DERMATOGLYPHES                    • Leishmaniose
                                                                                                          • Syndrome uvéo-cutané
                                                                                                          • Dermatomyosite

                           Examens
                                                                                                                                              7

                    complémentaires                                                                  Recherche d’autres
                       dont biopsies                                                                 lésions cutanées
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    LES CAUSES DE DÉPIGMENTATIONS
    NASALES CHEZ LE CHIEN
    Toutes les dermatoses occasionnant une dépigmentation nasale
    ne seront pas abordées ici. Seules les plus fréquentes seront
    décrites.

    AVEC PERSISTANCE DES DERMATOGLYPHES
    • LE VITILIGO

    Il s’agit d’une dermatose à support génétique qui va se traduire
    par une dépigmentation progressive non inflammatoire qui in-        Photo 2 : Macule dépigmentée sur la truffe d’un jeune croisé
    téresse surtout la région faciale et les jonctions cutanéo-mu-      berger présentant un vitiligo. Noter la très nette persistance des
    queuses (babines, truffe, paupières, muqueuse buccale). Les         dermatoglyphes dans la zone hypopigmentée.
    mécanismes exacts de cette entité sont encore non élucidés 1.       Crédit : Dermatologie ENVT

    Dans la région de la truffe, l’absence d’inflammation permet le
    maintien des dermatoglyphes. La perte de pigment se traduit ini-
    tialement par la présence de macules hypopigmentées (cf. pho-
    to 2). Le jeune âge de l’animal, l’absence d’inflammation et de
    retentissement sont évocateurs. La confirmation est histopatho-
    logique. On observera une discrète inflammation lymphocytaire
    dermique superficielle, voire très subtile et strictement percep-
    tible au sein de la couche basale de l’épiderme, associée à une
    disparition de la mélanine dans le stratum basale, avec défaut
    d’exportation aux kératinocytes supra-basaux, mélanine qui sera
    retrouvée phagocytée dans le derme au sein des macrophages,
    ces derniers devenant pigmentés (mélanophages). Ce phéno-
    mène est appelé « incontinence pigmentaire » 8.

    • L’HYPOPIGMENTATION IDIOPATHIQUE DE LA TRUFFE

    Il s’agit d’une dépigmentation encore incomprise qui entraîne
    une hypopigmentation progressive de la truffe. Encore appelée
    « snow nose » en anglais, elle touche préférentiellement les Re-
    trievers, le bouvier bernois et les races nordiques.
    Souvent saisonnière (hivernale), elle n’a aucune conséquence        Photo 3 : Hypopigmentation sans perte des dermatoglyphes chez un
    sur le confort de vie de l’animal. Non inflammatoire, elle n’en-    alaskan malamute.
    traîne pas de lésion secondaire et de pertes des dermato-           Crédit : Dermatologie ENVT
    glyphes 1.

    L’aspect clinique est suffisamment évocateur pour établir le dia-
    gnostic (cf. photo 3).

    AVEC DISPARITION DES DERMATOGLYPHES
    • LA LEISHMANIOSE

    Il s’agit avant tout d’une affection systémique et cutanée. En-
    viron 80 % des leishmanioses viscérales s’accompagnent de
    symptômes cutanés. La truffe est une région couramment affec-
    tée lors de leishmaniose 2,3. Il s’agit d’une dépigmentation avec
    pertes de dermatoglyphes et de pertes de substances (érosions,
    ulcérations) (cf. photo 4).
    Le diagnostic est avant tout sérologique basé sur la mise en évi-
    dence d’IgG dirigés contre les parasites (immunofluorescence
                                                                        Photo 4 : Chien de chasse atteint de Leishmaniose. Noter l’absence
    indirecte) ainsi que la mise en évidence par la cytologie des       de dermatoglyphes, la dépigmentation, les érosions et ulcérations qui
    formes amastigotes du protozoaire (notamment dans les nœuds         touchent aussi les babines.
    lymphatiques). L’histologie peut dans certains cas permettre le     Crédit : Dermatologie ENVT
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diagnostic. Il est décrit neuf types d’inflammation associée à la
leishmaniose mais, pour simplifier, le pathologiste sera alerté,
dans cette région anatomique, par une inflammation dermique
en bande lichénoïde à prédominance histiocytaire, plasmocy-
taire et souvent éosinophilique, ce qui le conduira à chercher les
amastigotes présents dans les macrophages.
Les parasites sont parfois rares et difficiles à détecter (formes
pauciparasitaires). Il est estimé que dans 50 % des cas, les pa-
rasites ne sont pas détectés à l’examen histopathologique, ce
qui doit inciter le pathologiste à alerter le clinicien lorsque les
lésions cutanées restent suspectes malgré l’absence d’amasti-
gotes visibles 9. Il est parfois difficile de distinguer une forme
nasale de lupus érythémateux discoïde d’une forme pauci-para-
sitaire de leishmaniose 10.

• LE PEMPHIGUS SUPERFICIEL

Il s’agit d’une dermatose auto-immune entraînant la destruction        Photo 7 : Aspect histologique de pemphigus superficiel. On notera les
des jonctions inter-kératinocytaires : les desmosomes. Il en résulte   nombreux kératinocytes qui s’arrondissent et se détachent (flèches)
                                                                       associés aux granulocytes neutrophiles (astérisques).
la formation de pustules de grande taille, fragiles qui se rompent
et sèchent en formant des croûtes claires 4. Cette dermatose           Crédit : LAPVSO
touche fréquemment le chanfrein, les paupières, les coussinets,        L’examen histopathologique est indispensable à son diagnostic.
la face interne des pavillons auriculaires et peut parfois s’étendre   L’analyse histologique montre classiquement des pustules super-
à la truffe. On observe alors une perte des dermatoglyphes, de         ficielles et des croûtes contenant un certain nombre de kératino-
l’érythème, des croûtes, des érosions et parfois des pustules en       cytes « acantholytiques » isolés et arrondis entourés de granulo-
cours de formation (cf. photos 5 et 6).                                cytes neutrophiles 8 (cf. photo 7). Ces images peuvent aussi se
                                                                       retrouver en cytologie par ponction, étalement et coloration du
                                                                       contenu d’une pustule fraîche.
                                                                       L’administration de corticoïdes dans les jours précédant la biop-
                                                                       sie complique le diagnostic de cette dermatose, car elle peut ra-
                                                                       pidement atténuer l’acantholyse voire totalement la supprimer.

                                                                       • LE LUPUS CUTANÉ NASAL

                                                                       Appelé anciennement lupus érythémateux discoïde localisé, il
                                                                       s’agit d’une dermatose auto-immune touchant préférentielle-
                                                                       ment la truffe. Une prédisposition est constatée pour les bergers
                                                                       notamment les bergers allemands et belges. Elle résulte d’une
                                                                       destruction des kératinocytes de la couche basale par le système
                                                                       immunitaire de l’individu. Ces lésions, aggravées par les UV, se
                                                                       traduisent par une inflammation de la truffe, une perte des der-
Photo 5 : Perte des dermatoglyphes et de pigments avec persistance     matoglyphes et des pertes de substances (érosions, ulcères et
dans la région du raphé médian, érythème et érosion sur les ailes du
nez, noter la présence de très nombreuses croutes jaunâtres sur le     croûtes, cf. photos 8 et 9, page suivante).
planum nasale.
Crédit : Dermatologie ENVT
                                                                                                                                               9

                                                                       Photo 8 : Forme débutante de lupus nasal chez un berger australien.
Photo 6 : Vue rapprochée du planum nasale du même chien avec           La perte des dermatoglyphes est bien visible, associé à la
visualisation des pustules en cours de formation.                      dépigmentation sur le planum nasale et les ailes du nez.
Crédit : Dermatologie ENVT                                             Crédit : Dermatologie ENVT
LES DÉPIGMENTATIONS NASALES : INTÉRÊT DE LA BIOPSIE - Lapvso
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                                                                                Photo 11 : WHWT de 12 ans. Forme cutanéo-muqueuse de LTE avec
                                                                                dépigmentation et perte des dermatoglyphes surtout visible en région
                                                                                ventrale.
                                                                                Crédit : Dermatologie ENVT

                                                                                types lésionnels qui peuvent co-exister chez un même animal.
                                                                                Il s’agit de l’érythrodermie exfoliative, des masses, des plaques
     Photo 9 : Forme plus ancienne chez un berger allemand, avec des            (cf. photo 10), des atteintes de jonctions cutanéomuqueuses se
     pertes de substance profondes par endroit (fissures), une perte totale     traduisant par de la dépigmentation et des ulcères (cf. photo 11)
     des dermatoglyphes, des croûtes et un érythème.                            et des atteintes de la cavité orale se traduisant par une gingivite
     Crédit : Dermatologie ENVT                                                 hyperplasique très érythémateuse 5. La truffe peut donc être la
                                                                                cible de cette infiltration lymphomateuse.
     En début d’évolution les lésions sont surtout visibles dans la région
     du planum nasale. Un examen histologique est classiquement                 Elle débute souvent dans la partie ventrale du raphé médian
     indispensable à son diagnostic. Celui-ci révèle une inflamma-              près du philtrum labial et entraine une dépigmentation, une
     tion à prédominance lymphocytaire formant une épaisse bande                perte des dermatoglyphes et des pertes de substances dans les
     sous-épidermique (dermatite lichénoïde) associée à des signes              formes les plus évoluées. Souvent la truffe semble plus épais-
     de souffrance cellulaire des kératinocytes basaux et à une incon-          sie (« infiltrée, gonflée») que dans les autres dermatoses. His-
     tinence pigmentaire (dermatite d’interface riche en cellules) 8.           tologiquement, une infiltration du derme d’intensité minime à
                                                                                marquée par des lymphocytes modérément atypiques, parfois
     L’administration de corticoïdes complique là aussi l’analyse his-
                                                                                mitotiques est classiquement observée. Ces lymphocytes tu-
     tologique en atténuant les lésions d’interface. Il est donc sou-
                                                                                moraux colonisent souvent l’épiderme et les gaines folliculaires
     haitable de réaliser une antibiothérapie systémique préalable
                                                                                (épithéliotropisme) de manière anarchique ou plus organisée,
     afin d’éliminer la possibilité d’une pyodermite muco-cutanée
                                                                                en petites géodes de cellules appelées « micro-abcès de Pau-
     d’autant plus que les lésions dans les deux entités sont parfois
                                                                                trier » 8. L’infiltration de l’épiderme est parfois la seule lésion
     difficiles à distinguer.
                                                                                visible (cf. photo 12).

     • LE LYMPHOME T ÉPITHÉLIOTROPE (LTE)

     Il s’agit d’une tumeur primitivement cutanée qui se traduit par
     une infiltration de l’épiderme et de ses annexes par des lym-
     phocytes T tumoraux. Cette infiltration, selon son intensité, sa
     profondeur et la structure cutanée atteinte va induire différents

     Photo 10 : Forme dominée par des masses solides avec un début                  Photo 12 : Lymphome T épithéliotrope. Infiltration de
     d’infiltration de la truffe dans la région ventrale gauche chez un chien       l’épiderme par des lymphocytes tumoraux. L’un d’entre eux
     croisé de 14 ans.                                                              est en mitose (flèche).
     Crédit : Dermatologie ENVT                                                     Crédit : LAPVSO
LES DÉPIGMENTATIONS NASALES : INTÉRÊT DE LA BIOPSIE - Lapvso
• LE SYNDROME UVÉO-CUTANÉ

Egalement appelée pseudo-syndrome de Vogt-Koyanagi-Harada
par analogie à la médecine humaine, il s’agit d’une maladie rare
associant des symptômes cutanés et oculaires 6. Une prédispo-
sition raciale est rapportée pour les races nordiques, notamment
l’Akita inu 7. Il s’agit d’une affection dysimmunitaire ciblant les
mélanocytes de la peau et de l’uvée.
Cliniquement, les animaux développent une uvéite et une dé-
pigmentation de la peau, surtout sur la face (paupières, truffe
et babines). La truffe dépigmentée, est le siège d’une perte pro-
gressive des dermatoglyphes, d’un érythème associé à des éro-
sions, des ulcères et des croûtes (cf. photo 13).
Le diagnostic définitif est histologique et montre une bande
inflammatoire située sous l’épiderme (dermatite lichénoïde)
composée principalement de macrophages dont certains ont
phagocyté de la mélanine. Le pathologiste sera amené à vérifier
l’absence de leishmanies sur les biopsies et à mentionner cette
éventualité au vétérinaire prescripteur car la leishmaniose peut,
elle aussi, provoquer des lésions nasales et des uvéites avec des
lésions histologiques protéiformes.

• LES DÉPIGMENTATIONS NON SPÉCIFIQUES
                                                                      Photo 13 : Macules hypopigmentées sur la truffe d’un chien présentant
Les inflammations des voies respiratoires supérieures, associées      un pseudo VKH. La perte des dermatoglyphes est progressive surtout
                                                                      sur les ailes du nez. Noter l’uvéite hypertensive de l’œil gauche.
à un jetage vont souvent être à l’origine d’une inflammation non
                                                                      Crédit : Dermatologie ENVT
spécifique de la truffe. Il faut notamment les suspecter dès lors
que l’atteinte de la truffe est unilatérale.
Les causes souvent rapportées sont l’aspergillose, les corps
étrangers ou encore les tumeurs. Les lésions cutanées sont non
spécifiques et sont dominées par des lésions inflammatoires (cf.
photo 14) dont l’intensité varie avec l’ancienneté de la rhinite.
Sur le plan histologique, on observe classiquement une derma-
tite lichénoïde riche en plasmocytes sans véritable atteinte d’in-
terface de l’épiderme, associée à une exsudation variable de
neutrophiles à différentes hauteurs du massif épidermique que
le pathologiste classera en pyodermite muco-cutanée, une mo-
dalité réactionnelle inflammatoire peu spécifique des jonctions
muco-cutanées 8.

CONCLUSION
Les dépigmentations de la truffe sont courantes chez le chien et
sont la manifestation de dermatoses plus ou moins spécifiques.
Les autres lésions cutanées qui les accompagnent sont fré-
quentes et permettent souvent d’affiner les hypothèses diagnos-
tiques.
Cependant, les lésions nasales ont des aspects souvent proches
et ne permettent pas toujours un diagnostic définitif. L’analyse
                                                                                                                                              11

histologique de biopsies cutanées nasales apporte très souvent
des informations permettant de conforter ou d’infirmer les hy-
pothèses du clinicien voire d’établir un diagnostic de certitude.
                                                                      Photo 14 : Rhinite unilatérale gauche chez un chien berger allemand
Une bonne communication entre le clinicien et son pathologiste,       atteint d’aspergillose. Présence d’une dépigmentation localisée,
dans l’idéal avec des photos cliniques à l’appui des commémo-         perte des dermatoglyphes, squames et croûtes .
ratifs, est donc importante pour aboutir à un diagnostic robuste.     Crédit : Dermatologie ENVT
LES DÉPIGMENTATIONS NASALES : INTÉRÊT DE LA BIOPSIE - Lapvso
12

                                                                                          Encadré 1 :

                                                         PARTICULARITÉ DES BIOPSIES DE LA TRUFFE
     Il s’agit d’une région anatomique particulière. Des                                         dépigmentation et qui prennent souvent un aspect grisâtre
     prélèvements tissulaires de bonne qualité sont souvent                                      ou bleuté.
     difficiles à obtenir dans cette zone.
                                                                                                 Lors de lupus, le prélèvement du planum nasale et des
     Il est recommandé d’utiliser des trépans à biopsies de 4 ou                                 ailes du nez est souvent intéressant et lors de LTE la zone
     6 mm de diamètre et éviter les biopsies de pleine épaisseur.                                ventrale au raphé médian est souvent le siège de lésions
     Le « biopsy punch » est utilisé comme « une cuillère »                                      utiles au diagnostic.
     pour réaliser un prélèvement suffisamment profond pour
                                                                                                 Lors de biopsies mal réalisées (trop superficielles), trop
     la pertinence diagnostique.
                                                                                                 peu nombreuses ou mal situées (trop à la jonction truffe-
     Certaines régions sont à éviter comme le raphé médian, en                                   chanfrein, peau velue) la force du diagnostic histologique
     effet, la vascularisation est abondante et les saignements                                  s’en trouve affectée. Il peut être alors pertinent dans
     souvent difficiles à contrôler. Il est important de prélever les                            certains cas de référer le patient à un confrère plus habitué
     zones dépigmentées en privilégiant les zones en cours de                                    à pratiquer ce genre de geste.

                                                                                                                Planum nasale

                                                                                                                         Ailes du nez

                                                                                                                       Raphé médian

                                                                                                                           Philtrum

                                                                     RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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