LES DONNÉES, MOTEUR DU CHANGEMENT: PRÉSENTATION DE L'INDICE DU GENRE DANS LES ODD AU SÉNÉGAL RAPPORT NATIONAL - Equal Measures 2030
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LES DONNÉES, MOTEUR DU CHANGEMENT: PRÉSENTATION DE L’INDICE DU GENRE DANS LES ODD AU SÉNÉGAL RAPPORT NATIONAL
MENTIONS LÉGALES ET COPYRIGHT Les recherches et les conclusions de ce rapport (y compris les pièces jointes ou les annexes) ont été préparées à l'usage et le bénéfice exclusif, et sont jugées exactes. Ce document ne représente qu’une source d’information et orientation générale. Les vues exprimées ici ne représentent pas les positions officielles d’Equal Measures 2030, qui fait partie de Plan International, ses organisations partenaires ou Plan International Sénégal. Les lecteurs sont autorisés à reproduire les informations pour leurs propres produits, à condition que le crédit soit attribué aux auteurs. Pour faire mention de la source, nous suggérons la citation suivante : Equal Measures 2030 et Plan International Sénégal, 2018, « Les Données, Moteur du Changement : Présentation de l’Indice du Genre dans les ODD au Sénégal – Rapport National ». Crédit photo de la couverture: Jessica Lomelin / Equal Measures 2030 CONTACTEZ-NOUS Equal Measures 2030 (basé au siège de Plan International), Dukes Court, Block A, Duke Street, Woking, Surrey GU21 5BH, Royaume-Uni. Abonnez-vous à notre bulletin : www.equalmeasures2030.org/news/newsletter Suivez-nous sur Twitter : @Equal2030 Suivez-nous sur Facebook : Equal Measures 2030 Visitez notre site web : www.equalmeasures2030.org Visitez notre Plateforme de Données pour le Plaidoyer pour l’Égalité de Genre: www.data.em2030.org Contactez-nous à : info@equalmeasures2030.org REMERCIEMENTS Le présent dossier a été rédigé par Megan O’Donnell, Responsable Principale des Politiques, ONE Campaign, avec les conseils de la Directrice de l’Afrique de l’Ouest francophone chez ONE, Oulie Keita et du Responsable des Politiques et du Plaidoyer, Dr. Serigne Tacko Kandji. La révision a été assurée par les représentants et représentantes des partenaires nationaux d’Equal Measures 2030, qui sont Madina Dia, Conseillère en Genre et Plaidoyer chez Plan International Sénégal et Anta Fall Basse, Présidente du Forum des Éducatrices Africaines (FAWE) Sénégal, ainsi que par les membres suivantes du Secrétariat d’Equal Measures 2030 : Amanda Austin, Martha Flynn, Nina Margareta Høie et Jessica Lomelin. Nous tenons également à remercier les représentants et représentantes d’organisations partenaires basées au Sénégal et d’organismes gouvernementaux pour leurs apports à ce dossier, dont notamment l’Association des Femmes de l’Afrique de l’Ouest (AFAO/WAWA), la Comité des ONG et Syndicats pour la Défense de l’Éducation Publique (COSYDEP), TOSTAN et ActionAid Sénégal. Ce rapport a été réalisé avec le soutien financier et technique d’Equal Measures 2030 et est basé sur les conclusions du rapport d’EM2030 de 2018, « Data Driving Change: Introducing the EM2030 SDG Gender Index. » Pour en savoir plus, visitez notre site web: www.equalmeasures2030.org et notre Plateforme de Données pour le Plaidoyer pour l’Égalité de Genre: www.data.em2030.org.
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal À PROPOS D’EQUAL MEASURES 2030 Equal Measures 2030 – un partenariat indépendant entre la société civile et le secteur privé – envisage un monde où l’égalité de genre est réalisée et chaque fille et chaque femme compte et peut être comptée. Pour concrétiser cette vision, nous relions les données et les preuves aux activités de plaidoyer et aux actions, permettant ainsi de susciter de nouveaux progrès vers l’égalité de genre. Cela veut dire en partie s’assurer que les mouvements et les défenseurs et défenseures des droits des filles et des femmes, et les décideurs disposent de données et d’éléments factuels faciles à utiliser pour orienter les efforts visant à réaliser le programme transformateur des Objectifs de Développement Durable (ODD) d’ici à 2030 et à ne laisser personne pour compte. Le partenariat constitue un effort conjoint des principales organisations régionales et globales de la société civile, et des secteurs du développement et privé, notamment : Asian-Pacific Resource and Research Centre for Women (ARROW), Bill & Melinda Gates Foundation, Data2X, The African Women’s Development and Communication Network (FEMNET), The International Women’s Health Coalition (IWHC), KPMG International, ONE Campaign, Plan International et Women Deliver. À PROPOS DES PARTENAIRES NATIONAUX D’EM2030 AU SÉNÉGAL Le Forum des Éducatrices Africaines (FAWE) est une organisation non gouvernementale panafricaine fondée en 1992 par cinq femmes ministres de l’éducation dans le but de promouvoir l’éducation des filles et des femmes en Afrique subsaharienne. Les membres de l’organisation incluent des femmes ministres de l’éducation, des vice-chanceliers d’université, des responsables des politiques éducatives, des chercheuses, des spécialistes du genre et des activistes des droits humains. Plan International est une organisation humanitaire internationale, non gouvernementale, sans affiliation religieuse ou politique qui œuvre pour le développement humain en se concentrant sur les besoins des enfants et l’égalité des filles. Ses 35 années d’expérience au Sénégal ont montré que les filles sont bien souvent les plus vulnérables. Cependant, le fait d’investir en faveur de l’éducation, dans les secteurs de la santé, de la protection et de l’autonomisation des filles profite à tous, y compris aux hommes et aux garçons. Le programme de parrainage est la base de sa source de financement. 34710 enfants ont été inscrits au programme. Ils travaillent dans 5 régions. Un financement supplémentaire à travers des projets et programmes financées par les partenaires leur permet de travailler dans d’autres zones ONE Campaign est une organisation internationale de campagne et de plaidoyer soutenue par plus de neuf millions de personnes dans le monde, qui agissent pour en finir avec l’extrême pauvreté et les maladies évitables, particulièrement en Afrique. ONE fait pression sur les gouvernements pour qu’ils agissent davantage en vue de promouvoir l’égalité de genre, combattre le sida et d’autres maladies évitables et traitables dans les endroits les plus pauvres de la planète, favoriser l’autonomisation des petits exploitants agricoles, améliorer l’accès à l’énergie et lutter contre la corruption afin que les gouvernements rendent des comptes à leurs citoyens. 2
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal MESSAGES CLÉS 1. En tant que pays à faible revenu enregistrant des niveaux élevés de pauvreté et très faibles de protection sociale, le Sénégal continue de faire face à des obstacles de taille, et ce particulièrement dans les zones rurales. Nombre de ces obstacles empêchent la réalisation de l’égalité de genre et sont, à leur tour, entretenus par la pauvreté. Ces facteurs sont illustrés par les faibles niveaux d’achèvement de la scolarité secondaire par les filles au Sénégal, ainsi que par des niveaux élevés d’analphabétisme et la pérennité de pratiques traditionnelles néfastes. 2. La volonté politique croissante en faveur de la promotion de l’égalité de genre dans le pays est néanmoins évidente. Fait saillant, le Sénégal témoigne de progrès notables dans le domaine du leadership politique des femmes suite aux récents amendements de la législation nationale, comme en témoigne la loi de 2010 sur la parité. Alors qu’en 2009 les femmes n’occupaient que 22 pour cent des sièges à l’Assemblée Nationale,1 leur représentation a presque doublé depuis cette date. 3. Les principaux domaines dans lesquels des progrès demeurent nécessaires incluent de garantir une scolarisation complète et qualitative pour les filles, de résoudre la question du travail non rémunéré et de réduire la violence à l’égard des filles et des femmes. Lorsque seulement 6,1 % des femmes (ayant entre 3 et 5 ans de plus que l’âge prévu de fin d’études) ont terminé leurs études secondaires, que le mariage des enfants continue d’enregistrer des niveaux élevés (31 pour cent) et qu’une part disproportionnée des tâches domestiques de soins non rémunérées leur incombe, les filles et les femmes au Sénégal sont confrontées à des obstacles de tailles dans leur accès aux opportunités scolaires et économiques. 4. Les investissements supplémentaires dans les divers secteurs du développement doivent être orientés par la demande, être centrés sur la personne, faire l’objet de consultations approfondies avec les parties prenantes et être enracinés dans les données relatives aux réalités vécues des filles et des femmes. Exploiter au mieux les données et améliorer l’inclusivité des processus de prise de décisions et de mise en œuvre permettront à ces investissements de mieux prendre en compte la dimension du genre et de réduire les écarts qui persistent à l’échelle du pays entre les lois progressives et la réalité sur le terrain. 3
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal CONTEXTE Les Objectifs de Développement Durable (ODD) renferment des promesses de transformation visant à atteindre l’égalité de genre et réaliser les droits humains des filles et des femmes, trop longtemps freinés dans tous les pays du fait de politiques et de pratiques ayant normalisé la discrimination basée sur le genre et exacerbé les inégalités. Le fait que les ODD soient si exhaustifs entraîne, néanmoins, de sérieuses difficultés au niveau des données permettant la mesure et le suivi des progrès réalisés pour chacun des objectifs. La demande actuelle d’une amélioration, tant quantitative que qualitative, des données relatives à l’égalité de genre est sans précédent – tout comme l’appel à davantage de données portant sur la qualité des actions de développement. La réalisation des ODD nécessite que les données soient issues de sources plus variées et fiables, et que leur format permette une utilisation par des parties prenantes plus diversifiées. Les données –particulièrement lorsqu’elles portent sur les réalités vécues des filles et des femmes, sur ce qui fonctionne et sur les points où nous prenons du retard – ont le pouvoir de tenir les gouvernements pour responsables, de mettre en lumière des questions invisibles et de modifier les lois, les politiques et les décisions budgétaires. Safi Mballo, 18 ans, prépare à manger. Photo de : Ricci Shryock. Saré Kanta (6 novembre 2017) 4
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal « Les récits m’ont émue, mais les données m’ont transformée » Participante à l’enquête d’EM2030 à l’attention des défenseurs et défenseures de l’égalité de genre Equal Measures 2030 (EM2030) œuvre à atteindre l’égalité de genre au niveau mondial, en s’appuyant sur des données solides ; un monde où chaque fille et chaque femme compte, et est comptée. Ce partenariat unique, mené par la société civile et le secteur privé, met en lien les données et les éléments probants avec le plaidoyer et l’action. Nous avons pour objectif de faire en sorte que les mouvements de filles et de femmes, les défenseurs et défenseures et les responsables des prises de décisions disposent des données exhaustives dont ils et elles ont besoin, au moment opportun, et dans un format qui leur permet de les utiliser pour promouvoir les avancées en termes d’égalité de genre. EM2030 pense qu’on ne peut trop insister sur l’urgence de cette question. Et d’après notre dernière enquête auprès des défenseurs et défenseures de l’égalité de genre, neuf personnes sur dix (89 pour cent) sont d’accord avec nous sur le fait qu’une percée dans les avancées des ODD visant à aider les filles et les femmes les plus désavantagées ne sera pas possible sans disposer de données pertinentes.2 Près de la moitié (49 pour cent) des défenseurs et défenseures estiment que l’égalité de genre ne s’est ni améliorée ni dégradée, mais qu’elle est, au contraire, demeurée statique au cours des cinq dernières années. Les personnes en première ligne de la lutte pour l’égalité de genre sont inquiètes de la stagnation des progrès, et pensent que le chemin est encore long avant de pouvoir témoigner des avancées transformationnelles nécessaires à la réalisation des ODD. En 2018, EM2030 a présenté un nouvel outil – l’Indice du Genre dans les ODD – qui contribue à rendre compte des progrès réalisés en faveur des filles et des femmes, et à déterminer si le monde est sur la bonne voie pour la réalisation de l’égalité de genre d’ici à 2030. Cet Indice répond à l’urgente nécessité de disposer de données sur l’égalité de genre, vu le rôle essentiel qu’elles jouent dans la réalisation de progrès vers les objectifs visés. BIENVENUE À L’INDICE DU GENRE DANS LES ODD L’Indice du Genre dans les ODD et les outils connexes d’EM2030 – dont une nouvelle Plateforme de Données pour le Plaidoyer pour l’Égalité de Genre facilitant le partage de données, d’éléments probants et de récits sur l’égalité du genre et les ODD3 – s’appuient sur les deux premières années d’engagement et de recherche de notre partenariat. L’Indice du Genre dans les ODD d’EM2030 est unique en ce qu’il a été élaboré par un partenariat rassemblant des membres de la société civile et du secteur privé, ainsi qu’une implication dans les six pays à l’étude d’EM2030 : la Colombie, l’Inde, l’Indonésie, le Kenya, le Salvador et le Sénégal. La conception de l’Indice est le fruit de consultations menées au sein du partenariat et auprès du public, des points de vue d’un Groupe Technique de Référence, et des résultats de nos enquêtes auprès de plus de 100 responsables de décisions politiques et plus de 600 défenseurs et défenseures de l’égalité 5
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal de genre à travers le monde.4 L’ensemble de ces informations nous a permis de mieux comprendre l’étendue des besoins de données relatives au genre et les défis et opportunités inhérents à la mise en lien de ces données avec le plaidoyer et l’action en faveur de l’égalité de genre. Les points de vue des défenseurs et défenseurs de l’égalité de genre, en particulier, ont été essentiels à l’élaboration de l’Indice du Genre dans les ODD. S’appuyant sur cette combinaison d’implication dans plusieurs pays et de consultations et recherches au niveau mondial, l’Indice du Genre dans les ODD est l’indice sur l’égalité de genre le plus aligné sur les ODD et le plus exhaustif à ce jour. Dans sa première version, l’Indice du Genre dans les ODD inclut 43 indicateurs portant sur 12 des 17 ODD et, dans un premier temps, testé dans les six pays à l’étude par EM2030, dont le Sénégal. L’Indice sera affiné à la fin de l’année 2018 à l’aide des rétroactions obtenues. L’Indice complet pourra ainsi être lancé en 2019 et il couvrira autant de pays que possible. La liste détaillée de l’ensemble des indicateurs et questions inclus dans l’Indice pilote de 2018 est disponible en Annexes 1 et 2. FIGURE 1 : LES SCORES PILOTES GLOBAUX DE L’INDICE DU GENRE DANS LES ODD POUR LES SIX PAYS À L’ÉTUDE L’Indice s’appuie sur le cadre officiel de suivi des ODD, en adoptant l’optique du genre pour examiner les objectifs de près et relever ainsi autant de problématiques liées au genre que possible dans chacun des 12 objectifs mesurés (en ayant recours à des indicateurs complémentaires lorsque cela était nécessaire). Il vise également à inclure certaines des questions importantes aux yeux des défenseurs et défenseures et en vue de permettre un environnement favorable à l’égalité de genre, mais qui pourraient ne pas se refléter de manière satisfaisante dans le cadre officiel de suivi des ODD, dont la 6
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal fiscalité progressive, des cadres juridiques concernant l’avortement, et la mesure dans laquelle les femmes sont représentées aux fonctions principales dans les gouvernements. L’Indice porte particulièrement sur les indicateurs complémentaires qui collectent des informations sur les lois, les politiques et la finance publique, car ces dernières traduisent les progrès obtenus aujourd’hui dans la réalisation des ODD au niveau national, alors que les données relatives à la totalité des indicateurs de résultats officiels des ODD ne peuvent pas encore être collectées ou rapportées. L’Indice du Genre dans les ODD est un point de départ pour les défenseurs et défenseures de l’égalité de genre au niveau national : une compréhension exhaustive de ses résultats nécessite de dépouiller les indicateurs, d’analyser le contexte national et de pouvoir chercher un peu plus loin, à l’aide de données nationales et infranationales, de manière à examiner les résultats pour différents groupes de filles et de femmes. Il nécessite également des données et éléments probants générés par les communautés, qui viennent compléter les statistiques officielles du gouvernement, et notamment des données qualitatives et des récits de personnes qui vont au-delà des seuls chiffres. C’est la raison pour laquelle ce rapport inclut les résultats de l’Indice du Genre dans les ODD aux côtés d’une contextualisation, d’une analyse et de données supplémentaires plus approfondies sur la situation de l’égalité de genre au Sénégal. INTERPRÉTER LES RÉSULTATS DE L’INDICE DU GENRE La première version de l’Indice du Genre dans les ODD vise à tester la pertinence de son relevé des questions de genre, à la fois dans les pays et entre eux, dont au Sénégal. Les résultats individuels et globaux de l’Indice sur les ODD sont des résultats relatifs basés sur la performance des pays en fonction de certains indicateurs sélectionnés, par rapport aux cinq autres pays du groupe. Plus le résultat d’un pays tend vers le vert foncé, plus sa performance est élevée en termes d’indicateurs en lien avec le genre, par rapport aux autres pays. Plus le résultat d’un pays tend vers le rouge, plus sa performance est faible en termes d’indicateurs relatifs au genre, par rapport aux autres pays. FIGURE 2 : LES SCORES PILOTES GLOBAUX DE L’INDICE DU GENRE DANS LES ODD POUR CHAQUE PAYS ET CHAQUE ODD 7
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal Il est important de préciser que le résultat ne représente pas le degré de proximité ou d’éloignement d’un pays donné par rapport au « point d’arrivée » pour l’ODD concerné. Il ne représente que la performance du pays en fonction des indicateurs sélectionnés, comparativement aux autres pays du groupe. Cette méthode de résultats relatifs permettra de procéder à des comparaisons entre pays bien plus enrichies lorsque l’Indice du Genre dans les ODD inclura, en 2019, un plus grand nombre de pays. Ceci étant une étude pilote, les résultats des six pays, y compris ceux du Sénégal, diffèreront au moment de la publication de l’Indice du Genre dans les ODD de 2019, contenant des données du monde entier pour autant de pays que possible. Ceci est vrai pour plusieurs raisons : de nouvelles données seront disponibles, les résultats de chaque pays seront calculés en fonction de ceux d’un groupe élargi de pays ayant des niveaux de développement économique différents, les questions et indicateurs inclus dans l’Indice seront adaptés avant 2019 (du fait, notamment, de restrictions de disponibilité des données) et les techniques utilisées pour calculer les résultats pourraient également changer, en fonction des rétroactions obtenues. Néanmoins, puisque ces six pays s’étendent sur trois régions et représentent plus de 22% de la population mondiale de filles et de femmes, les comparaisons au sein de cette série de pays demeurent pertinentes en tant que recherche isolée. L’Annexe 1 et 2 présentent l’ensemble des résultats de l’Indice du Genre dans les ODD et toutes les valeurs des indicateurs sous-jacents. La section suivante passe en revue les résultats de l’Indice du Genre dans les ODD pour le Sénégal. COMMENT EM2030 A CHOISI LES SIX PREMIERS PAYS À L’ÉTUDE ? La Colombie, l’Inde, l’Indonésie, le Kenya, le Salvador et le Sénégal ont été sélectionnés comme premiers pays à l’étude pour Equal Measures 2030 par les partenaires centraux de l’initiative, sur la base des lignes directrices et principes suivants : ● les pays étaient fortement touchés par les principales questions des ODD en lien avec le genre ; ● les pays représentent des couvertures géographiques, tailles, populations et niveaux de revenu diversifiés ; ● les pays étaient considérés contenir des espaces sûrs dans lesquels la société civile pouvait mener des actions de plaidoyer et avoir une influence avec un certain niveau de liberté ; ● des données et analyses supplémentaires, ainsi qu’un investissement dans l’utilisation et l’accessibilité des données, ajouteraient de la valeur aux efforts actuellement déployés par la société civile dans ces pays ; et ● la présence de partenaires d’EM2030 était forte dans ces pays, ainsi que celle de réseaux de défenseurs et défenseures et de connexions avec des responsables des prises de décision, permettant de faciliter l’approche du projet. 8
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal RÉSULTATS DE L’INDICE POUR LE SÉNÉGAL FIGURE 3 : TABLEAU DE L’INDICE DU GENRE DANS LES ODD DU SÉNÉGAL Le Sénégal jouit d’une force relative dans plusieurs des domaines de l’Indice, et ce d’autant plus qu’il est le pays le moins développé économiquement des six pays à l’étude – en fonction du PIB par habitant. L’ODD 5 sur l’égalité de genre : le Sénégal enregistre des points forts et faibles pour cet objectif. Il est en effet en tête du groupe avec 42 pour cent des sièges détenus par des femmes au parlement en 2018. Le Sénégal est suivi en cela par le Salvador, avec 32 pour cent (voir la Figure 4). La section suivante présente les grandes lignes des évolutions juridiques et politiques qui ont permis au pays d’enregistrer une si bonne performance pour cet indicateur, tout en soulignant les autres indicateurs en lien avec l’ODD 5 qui demeurent problématiques pour le Sénégal. FIGURE 4 : PROPORTION DE SIÈGES OCCUPÉS PAR DES FEMMES DANS LES PARLEMENTS NATIONAUX 9
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal L’ODD 6 sur l’eau et l’assainissement : alors que le Sénégal est toujours confronté à des obstacles dans ses efforts d’amélioration de l’accès aux services essentiels d’eau potable et d’assainissement (WASH), la performance du pays dans ce domaine est meilleure que ce à quoi on pouvait s’attendre, au vu de son niveau de développement économique. Le Sénégal est également le pays ayant enregistré le résultat le plus élevé en termes de mesure dans laquelle ses politiques et plans WASH incluent des dispositions particulières visant à atteindre les femmes. L’ODD 10 sur les inégalités : le résultat du Sénégal sur l’Indice est le plus élevé du groupe de six pays pour cet objectif. Ses niveaux d’inégalités de revenu étaient en effet relativement faibles en 2012, et ses résultats plutôt élevés en 2017 en termes de perceptions par les experts de l’égalité du partage du pouvoir politique entre hommes et femmes et de la mesure dans laquelle la Constitution nationale garantit, en 2017, l’égalité de genre. L’ODD 13 sur le climat : Le Sénégal enregistre également le résultat le plus élevé de l’Indice pour l’objectif sur le changement climatique. Ceci est principalement dû au fait que le pays connaissait le taux le plus faible de personnes ayant été touchées par des catastrophes ces dernières années, et parce qu’il s’est fixé des objectifs relativement ambitieux de réduction des émissions, comparativement à sa « juste part ». Crédit Photo: Jessica Lomelin / EM2030 10
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal Domaines susceptibles d’être améliorés Plusieurs dimensions de l’égalité de genre étudiées pour le Sénégal gagneraient à être améliorées. L’ODD 1 sur la pauvreté : Le Sénégal avait, en 2011 (dernière année disponible), la proportion de la population vivant au-dessous du seuil de pauvreté fixé au niveau national la plus élevée, avec 47 pour cent. Parmi les six pays à l’étude, il avait également le pourcentage le plus faible de personnes les plus pauvres bénéficiant d’une couverture sociale, avec 5,1 pour cent en 2011, contre 81 pour cent en Colombie (2014) par exemple. Le pays enregistrait de même un faible résultat pour la mesure dans laquelle les lois offrent aux femmes comme aux hommes un accès sûr et équitable à l’usage et au contrôle de la terre et à la propriété foncière, des éléments qui se révèlent néanmoins indispensables à l’autonomisation économique des femmes. L’ODD 3 sur la santé : La performance du Sénégal en termes de l’accès à la planification familiale est très faible, avec seulement 47 pour cent de femmes ayant déclaré en 2016 que leurs besoins en planification familiale sont satisfaits par des méthodes modernes, contre au moins 72 pour cent (et souvent davantage) dans les cinq autres pays. L’ODD 4 sur l’éducation : Le Sénégal est vraiment en marge des autres pays pour ce qui a trait à l’achèvement de la scolarité secondaire des filles : 6 pour cent seulement d’entre elles avaient en effet terminé leurs études secondaires en 2016, contre près de 40 pour cent en Indonésie et au Kenya (données 2014) et en Inde (2016). De plus, les taux d’alphabétisation des femmes sont également très bas, ce qui laisse entendre que ce problème existe de longue date, et ce que viennent confirmer les données : en effet, seules 34 pour cent d’entre elles maîtrisaient en 2013 les compétences de base en alphabétisation, contre 79 pour cent au Kenya en 2014 et 94 pour cent en Indonésie en 2016. L’ODD 5 sur l’égalité de genre : Le Sénégal doit relever d’importants défis concernant cet objectif, malgré sa bonne performance en termes de représentation des femmes au parlement national évoquée précédemment. Le pays enregistre en effet le taux de mariages d’enfants, précoces et forcés le plus élevé du groupe des six pays à l’étude, avec 31 pour cent en 2015, de même que le pourcentage le plus élevé de femmes considérant comme justifié dans certaines circonstances le fait qu’un homme batte sa femme (49 pour cent des femmes en 2016). De plus, tout comme le Salvador, le Sénégal n’admet aucun motif légal à l’avortement en 2017 (voir la Figure 5). FIGURE 5 : ÉTENDUE DES MOTIFS LEGAUX DE L’AVORTEMENT (SCORE COMPOSITE BASÉ SUR 10 MOTIFS LÉGAUX) 11
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal ANALYSE ÉLARGIE DE L’ÉGALITÉ DE GENRE AU SÉNÉGAL Les domaines dans lesquels le Sénégal a réalisé des progrès au niveau de l’égalité de genre sont largement reconnus, le plus notable étant celui du leadership politique des femmes. Cependant, les défis qui demeurent sont également bien connus et identifiés. En effet, malgré le fort engagement du Sénégal à réaliser les ODD, un important décalage est perçu entre les lois et les politiques – relativement positives en ce sens sur le papier – et leur mise en application. Dans l’ensemble, les problématiques suivantes nécessitent d’être placées en tête des priorités nationales pour que les vies des filles et des femmes connaissent de réelles améliorations. Achèvement par les filles d’une éducation de qualité La volonté politique est évidente au niveau national pour ce qui a trait à la priorisation de l’éducation : le Sénégal a, en effet, récemment coorganisé la Campagne 2018 de financement du Partenariat Mondial pour l’Éducation (GPE) et, sous la présidence de M. Macky Sall, le Sénégal est devenu le premier pays en développement à contribuer au GPE en tant que donateur. Les lois sur le papier, même accompagnées de marques supplémentaires de volonté politique et de dépenses gouvernementales, ne se traduisent néanmoins pas par des améliorations dans les taux d’achèvement par les filles de leur scolarité secondaire et dans les résultats de leurs apprentissages. Seules 6,1 % des Sénégalaises (ayant entre 3 et 5 ans de plus que l’âge prévu de fin d’études) ont terminé leurs études secondaires5, et ce phénomène est à mettre en lien avec le faible niveau de leurs résultats d’apprentissage, démontré par le fait que 34 pour cent seulement des femmes de plus de 15 ans savent lire et écrire, contre 53 pour cent des hommes.6 Cette situation est la conséquence des obstacles face à l’achèvement d’une scolarité de secondaire de qualité, tels que des coûts prohibitifs, qui viennent malheureusement s’ajouter aux normes sociales qui accordent la priorité de l’éducation aux garçons lorsque les ressources financières des ménages sont faibles. Des obstacles matériels se dressent également devant l’accès des filles à l’éducation, tels que la forte probabilité qu’elles abandonnent l’école lorsque l’établissement scolaire secondaire se trouve éloigné de leur foyer. Les facteurs relatifs à la santé et l’assainissement jouent également un rôle dans leur faible fréquentation de l’école secondaire. Le manque d’infrastructures sensibles au genre (toilettes individuelles et produits d’hygiène menstruelle), par exemple, ainsi que les risques de violence auxquels les élèves sont exposées (abus ou harcèlement de la part des enseignants), ont un véritable effet 12
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal dissuasif. Enfin, les normes sociales élargies entendent que les filles assument une part disproportionnée des tâches domestiques non rémunérées chez elles, allant de la collecte d’eau à celle de combustibles, en passant par les soins à prodiguer aux autres membres du foyer, et les soumettent à des incitations fortes à se marier et avoir des enfants avant d’atteindre l’âge adulte. Le travail domestique non rémunéré Outre le fait que le travail non rémunéré pèse de manière disproportionnée sur les filles et qu’il constitue un réel obstacle à l’achèvement de leur scolarité secondaire le « manque de temps » imposé aux filles et aux femmes par ce biais est également lourd d’autres conséquences. Responsables de la gestion des ménages, de la collecte de l’eau et des ressources combustibles, et du soin aux enfants et aux personnes âgées du foyer, les femmes disposent en effet de moins de temps que les hommes pour mener et développer des activités économiques susceptibles d’améliorer leur revenu, renforcer leurs économies et assurer leur indépendance financière. Les agricultrices sont ainsi moins productives et moins à même que les agriculteurs de passer d’une culture de subsistance à une culture commerciale leur permettant d’améliorer leur situation économique.7 Les micro-entrepreneures ont du mal à investir le temps nécessaire au développement de leur activité, à l’augmentation de leur revenu et à la création d’emplois pour d’autres personnes.8 Et, dès le départ, la capacité des filles et des femmes à profiter de la même manière que les garçons et les hommes d’une scolarité formelle et d’une formation professionnelle (services de vulgarisation agricole, formation à la gestion commerciale, etc.) est freinée, ce qui les freine dans leur acquisition de compétences nécessaires à l’accès à des opportunités d’emploi de qualité et de création d’entreprise. Tant que le travail non rémunéré n’est pas reconnu, réduit et redistribué, les femmes au Sénégal continueront à être ralenties dans leur autonomisation économique. Pour remédier à cette situation, la réduction du travail non rémunéré doit, dans un premier temps, être priorisée en tant que solution à court terme. En parallèle, des membres de la société civile et des acteurs et actrices du gouvernement en mesure de s’impliquer au niveau des communautés doivent œuvrer conjointement en vue de transformer graduellement les normes sociales qui empêchent l’égalité pour les filles et les femmes au sein des ménages. De plus, la réduction du travail non rémunéré ne sera rendue possible au Sénégal que par des investissements dans des infrastructures de qualité, et surtout la fourniture d’eau, de sources d’énergie et de transports, indispensables pour permettre aux filles et aux femmes de ne pas passer autant de temps à se procurer ces ressources essentielles. 6.1% 41.8% Pourcentage de Sénégalaises (ayant de 3 à Pourcentage de sièges de l’Assemblée 5 ans de plus que l’âge prévu de fin d’études) nationale occupés par des femmes au qui ont terminé leurs études secondaires Sénégal 13
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal La violence à l’égard des filles et des femmes Les violences basées sur le genre, ainsi que les normes patriarcales sous-jacentes, sont également reconnues comme un obstacle majeur à l’égalité de genre au sein du pays, tout comme le révèlent les résultats de l’Indice d’EM2030 selon lesquels 60 pour cent des filles et des femmes ne se sentent pas en sécurité lorsqu’elles circulent en extérieur la nuit.9 Cette violence persistante est liée aux attitudes sociales, y compris celles des femmes elles-mêmes, qui servent à justifier le recours à la violence conjugale dans certaines circonstances et à continuer à faire accepter le mariage d’enfants. Le Sénégal est, au sein de l’étude des six pays retenus pour l’Indice, celui dans lequel le pourcentage de femmes estimant qu’il puisse être justifié pour un homme de battre sa femme dans certaines circonstances est le plus élevé, avec 49 pour cent de femmes pensant ainsi. 10 De même, la violence dans le cadre scolaire, incluant les mauvais traitements et abus de la part des enseignants à l’égard des élèves, est un problème particulièrement criant qui pousse parfois des filles à interrompre leur scolarité. Certaines pratiques traditionnelles néfastes persistent également, telles que le mariage d’enfants, avec 31 pour cent des femmes âgées de 20 à 24 ans au Sénégal ayant été mariées avant leurs 18 ans,11 et les mutilations sexuelles féminines (23 pour cent des filles et des femmes de 15 à 49 ans ayant subi une telle mutilation).12 Domaines de progression Le Sénégal est considéré avoir réalisé une bonne performance en matière d’avancées vers l’égalité de genre grâce à ses dispositions juridiques progressives, à la fois au niveau national et du fait de l’adhésion du pays aux engagements pris à l’échelle de la région africaine. Le Sénégal a, par exemple, promulgué une loi sur la parité dans le leadership politique qui a eu des résultats positifs. En effet, les femmes qui n’occupaient que 22 pour cent des sièges à l’Assemblée nationale en 2009 occupent désormais 41,8 pour cent de ces mêmes sièges, suite à la mise en application de la loi sur l’égalité de genre.13 Ces efforts doivent néanmoins être étendus aux départements gouvernementaux, tels que les fonctions au sein de cabinets ministériels par exemple, où la représentation des femmes demeure faible.14 De manière plus globale, le pays a également adopté une stratégie nationale en faveur de l’égalité de genre et a entrepris de mettre en pratique une budgétisation sensible au genre ces dernières années. La Stratégie Nationale pour l’Équité et l’Égalité de Genre (2016-2026) vise à garantir que les filles, les femmes, les garçons et les hommes jouissent des mêmes occasions de participer à, et de profiter du développement du pays dans la même mesure. Dans l’ensemble, si le Sénégal peut encore réaliser des progrès au niveau de plusieurs objectifs de l’Indice du Genre dans les ODD d’EM2030, les preuves d’avancées dans la promotion de l’égalité de genre qui sont évidentes devraient être reconnues et célébrées. Afin de garantir que le Sénégal soit en mesure de continuer à réaliser des progrès, la volonté politique qui a incité ces nouvelles politiques audacieuses devrait être renforcée et inclure la totalité des questions dont traitent les ODD. 14
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal COMMENT LES DONNÉES PEUVENT GARDER LES FILLES À L’ÉCOLE Diarra vit et travaille dans la région de Kaffrine, au centre du pays, où l’accès à l’école et le maintien des filles dans le système scolaire peuvent être compliqués. Alors que les filles figurent souvent parmi les élèves ayant les meilleurs résultats, elles doivent réellement se battre pour continuer leur scolarité jusqu’à la fin. En 2017, une seule fille dans la région de Kaffrine a obtenu un diplôme en sciences, et les filles ne représentaient que 12 pour cent des étudiants et étudiantes à passer leurs examens universitaires. Et 20 pour cent seulement des nouvelles mères de la région Yaye Kandia dans sa salle de classe, dans la région de Kaffrine, au Sénégal. Crédit photo: retournent à l’école après leur accouchement, explique Jessica Lomelin/ EM2030 Yaya Kandia. Lorsque Diarra (maintenant âgée de 23 ans) est tombée enceinte, elle a demandé à sa professeure principale – Yaye Kandia – de l’aider à ne pas interrompre sa scolarité. « J’ai toujours accordé de l’importance à mon éducation », déclare Diarra. À l’école, elle a rejoint un club pour organiser des séances et des campagnes pédagogiques sur l’éducation et les droits des filles. « Nous avons dû faire face à de nombreux obstacles, au début. Mais maintenant les gens nous écoutent. » Diarra travaille désormais avec l’administration de l’école à la collecte de données relatives au nombre de filles qui tombent enceintes, et au nombre d’entre elles qui terminent leur scolarité. Ces informations aident Diarra et l’école à faire face à ce problème. « Pour aider les filles à revenir à l’école, le ministère de l’Éducation pourrait, entre autres, leur accorder une bourse afin qu’elles puissent, elles-mêmes, couvrir les frais de leur scolarité », déclare Yaya Kandia. « Ceci permettrait aux filles d’avoir davantage de liberté pour choisir leur propre avenir. » « L’éducation est un moyen de prévenir la violence, et de la combattre », explique Diarra. « Lorsqu’une fille est éduquée, elle est en mesure de se faire sa propre opinion sur ce qui se passe dans la communauté. Cela nous aide à voir les choses autrement, et à provoquer le changement.» 15
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal APERÇU RAPIDE DU PROJET NATIONAL Equal Measures 2030 soutient le Forum des Éducatrices Africaines (FAWE) au Sénégal dans ses efforts d’influencer le changement au niveau national en s’appuyant sur les données. FAWE Sénégal vise à promouvoir l’équité et une égalité de genre dans l’éducation en encourageant l’adoption de politiques, de pratiques et d’attitudes positives à l’égard de l’éducation et de la formation des filles et de l’autonomisation des femmes. Grâce au soutien d’Equal Measures 2030, le projet de FAWE se centre sur les régions de Ziguinchor et Sédhiou, dans lesquelles les filles sont confrontées à des obstacles particulièrement significatifs dans l’achèvement de leur scolarité, du fait des mariages d’enfants, précoces et forcés, des grossesses adolescentes et de la violence basée sur le genre. Les recherches initiales auprès d’élèves, de parents, d’enseignants et d’enseignantes et de responsables pédagogiques visent à déterminer la mesure de ces défis. Armés de ces données probantes, les groupes de défenseurs et défenseures dans ces régions entreprennent des actions de plaidoyer et de mobilisation de la population basées sur les données en impliquant les médias de manière à réaliser pleinement l’ODD 4 sur l’éducation et l’ODD 5 sur l’égalité de genre. Crédit photo : Jessica Lomelin/EM2030 16
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal CONCLUSION Le Sénégal a enregistré un certain nombre d’avancées prometteuses dans plusieurs secteurs, y compris une augmentation impressionnante des taux de fréquentation de l’école primaire et des hausses de la représentation des femmes dans le leadership politique. Ceci a été rendu possible, dans une large mesure, par l’introduction de nouvelles lois et politiques progressives, telles que la loi de 2010 sur la parité, ainsi que les investissements connexes, tels que la Stratégie Nationale pour l’Équité et l’Égalité de Genre (2016-2026). Malgré la volonté politique dont fait preuve le Sénégal, des obstacles persistent et maintiennent le pays à un niveau élevé de pauvreté et la couverture sociale demeure faible, créant des défis continus au niveau national. Selon l’Indice du Genre dans les ODD d’EM2030, 47 pour cent de la population vit au- dessous du seuil de pauvreté fixé au niveau national15 et seuls 5 pour cent de la population se situant dans le quintile de richesse le plus pauvre bénéficient d’une couverture sociale.16 Ces situations se reflètent clairement au niveau de l’égalité de genre par les faibles niveaux d’achèvement de la scolarité secondaire des filles au Sénégal, les niveaux élevés d’analphabétisme et la pérennité des pratiques traditionnelles néfastes, dont le mariage d’enfants. Un décalage subsiste, dans plusieurs secteurs, entre les lois et politiques, relativement fortes et audacieuses dans la théorie, et leur mise en application pratique. Il y a lieu de faire davantage d’efforts en vue de traduire les engagements politiques en améliorations des réalités vécues par les filles et les femmes. Pour réduire ces écarts, les investissements futurs dans les secteurs du développement doivent être orientés par la demande, centrés sur la personne, et reposer sur les conclusions de consultations approfondies avec les parties prenantes auprès des bénéficiaires prévues et des acteurs et actrices communautaires sur le terrain. Ils doivent également être enracinés dans les données relatives aux réalités que vivent les filles et les femmes, afin de garantir que les interventions adoptent des démarches qui ont fait leurs preuves et que les gouvernements puissent être tenus responsables en termes de progrès annoncés. Exploiter au mieux les données et améliorer l’inclusivité des processus de prise de décisions et de mise en œuvre permettront à ces investissements de mieux prendre en compte la dimension du genre et de réduire les écarts qui persistent entre les lois progressives et la réalité sur le terrain. 17
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal ANNEXE 1 LE CADRE DE L’INDICE DU GENRE DANS LES ODD Référence de Indicateur l’indicateur des sensible au Réf Indicateur ODD / additionnel genre Source des données 1a Proportion de la population vivant au- 1.2.1 Non World Development Indicators dessous du seuil de pauvreté fixé au (World Bank) niveau national 1b Proportion du quintile le plus pauvre de Additionnel Non Aspire database (World Bank) la population couverte par les programmes d’assistance sociale 1c Mesure dans laquelle les lois offrent aux 5.a.2 Oui Women, Business and the Law femmes comme aux hommes un accès (World Bank) sûr et équitable à l’utilisation et au contrôle de la terre et à la propriété foncière (score composite) 2a Prévalence du retard de croissance 2.2.1 (seulement les Oui Demographic and Health (indice taille/âge inférieur à - 2 écarts filles) Survey for Colombia,Kenya, types par rapport à la médiane des Senegal, NFHS for India, normes de croissance de l’enfant UNICEF MICS for El Salvador, définies par l’OMS) chez les enfants de RISKEDAS for Indonesia moins de 5 ans 2b Prévalence de l’obésité chez les femmes Additionnel Oui Global Nutrition Report dataset de 20 ans et plus (WHO) 2c Pourcentage de la population de femmes Additionnel Oui Global Health Observatory non enceintes (15-49 ans) souffrant Repository (WHO) d'anémie 3a Pourcentage de la population de femmes 3.1.1 Oui SDG Indicators Global non enceintes (15-49 ans) souffrant Database beta 0.2.52 (UNSD) d'anémie 3b Taux de natalité chez les adolescentes 3.7.2 Oui Demographic and Health (15 à 19 ans) pour 1 000 adolescentes Survey for Colombia,Kenya, du même groupe d’âge Senegal, NFHS for India, UNICEF MICS for El Salvador, RISKEDAS for Indonesia 3c Proportion de femmes mariées ou en 3.7.1 Oui SDG Indicators Global union dont les besoins de planification Database beta 0.2.52 (UNSD) familiale sont satisfaits par des méthodes de contraception modernes 3d Incidence du VIH parmi les femmes non 3.3.1 Oui SDG Indicators Global infectées en âge de procréer (15 à 49 Database beta 0.2.52 (UNSD) ans) 4a Pourcentage de filles suivant une Additionnel Oui Institute for Statistics scolarité primaire plus âgées que la (UNESCO) moyenne 4b Pourcentage de femmes qui ont entre 3 Additionnel Oui Institute for Statistics et 5 ans de plus que l'âge prévu de fin (UNESCO), WIDE (UNESCO) d'études, ayant terminé leur scolarité for Indonesia secondaire 4c Proportion de femmes (15 ans +) dotées Additionnel Oui Institute for Statistics de compétences de base en (UNESCO) alphabétisation 18
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