LES DONNÉES, MOTEUR DU CHANGEMENT: PRÉSENTATION DE L'INDICE DU GENRE DANS LES ODD AU SÉNÉGAL RAPPORT NATIONAL - Equal Measures 2030

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LES DONNÉES, MOTEUR DU CHANGEMENT: PRÉSENTATION DE L'INDICE DU GENRE DANS LES ODD AU SÉNÉGAL RAPPORT NATIONAL - Equal Measures 2030
LES DONNÉES, MOTEUR DU CHANGEMENT:
PRÉSENTATION DE L’INDICE DU GENRE DANS LES ODD AU SÉNÉGAL

                   RAPPORT NATIONAL
LES DONNÉES, MOTEUR DU CHANGEMENT: PRÉSENTATION DE L'INDICE DU GENRE DANS LES ODD AU SÉNÉGAL RAPPORT NATIONAL - Equal Measures 2030
MENTIONS LÉGALES ET COPYRIGHT
Les recherches et les conclusions de ce rapport (y compris les pièces jointes ou les annexes) ont été préparées à
l'usage et le bénéfice exclusif, et sont jugées exactes.

Ce document ne représente qu’une source d’information et orientation générale. Les vues exprimées ici ne représentent pas
les positions officielles d’Equal Measures 2030, qui fait partie de Plan International, ses organisations partenaires ou Plan
International Sénégal.

Les lecteurs sont autorisés à reproduire les informations pour leurs propres produits, à condition que le crédit soit attribué aux
auteurs. Pour faire mention de la source, nous suggérons la citation suivante : Equal Measures 2030 et Plan International
Sénégal, 2018, « Les Données, Moteur du Changement : Présentation de l’Indice du Genre dans les ODD au Sénégal –
Rapport National ».

Crédit photo de la couverture: Jessica Lomelin / Equal Measures 2030

CONTACTEZ-NOUS
Equal Measures 2030 (basé au siège de Plan International), Dukes Court, Block A, Duke Street, Woking, Surrey GU21 5BH,
Royaume-Uni.
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Visitez notre Plateforme de Données pour le Plaidoyer pour l’Égalité de Genre: www.data.em2030.org
Contactez-nous à : info@equalmeasures2030.org

REMERCIEMENTS
Le présent dossier a été rédigé par Megan O’Donnell, Responsable Principale des Politiques, ONE Campaign, avec les
conseils de la Directrice de l’Afrique de l’Ouest francophone chez ONE, Oulie Keita et du Responsable des Politiques et du
Plaidoyer, Dr. Serigne Tacko Kandji. La révision a été assurée par les représentants et représentantes des partenaires
nationaux d’Equal Measures 2030, qui sont Madina Dia, Conseillère en Genre et Plaidoyer chez Plan International Sénégal et
Anta Fall Basse, Présidente du Forum des Éducatrices Africaines (FAWE) Sénégal, ainsi que par les membres suivantes du
Secrétariat d’Equal Measures 2030 : Amanda Austin, Martha Flynn, Nina Margareta Høie et Jessica Lomelin.

Nous tenons également à remercier les représentants et représentantes d’organisations partenaires basées au Sénégal
et d’organismes gouvernementaux pour leurs apports à ce dossier, dont notamment l’Association des Femmes de l’Afrique
de l’Ouest (AFAO/WAWA), la Comité des ONG et Syndicats pour la Défense de l’Éducation Publique (COSYDEP),
TOSTAN et ActionAid Sénégal.

Ce rapport a été réalisé avec le soutien financier et technique d’Equal Measures 2030 et est basé sur les conclusions du
rapport d’EM2030 de 2018, « Data Driving Change: Introducing the EM2030 SDG Gender Index. » Pour en savoir plus, visitez
notre site web:   www.equalmeasures2030.org        et      notre   Plateforme   de   Données pour le    Plaidoyer pour l’Égalité
de Genre: www.data.em2030.org.
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Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal

À PROPOS D’EQUAL MEASURES 2030
Equal Measures 2030 – un partenariat indépendant entre la société civile et le secteur privé – envisage
un monde où l’égalité de genre est réalisée et chaque fille et chaque femme compte et peut être
comptée. Pour concrétiser cette vision, nous relions les données et les preuves aux activités de
plaidoyer et aux actions, permettant ainsi de susciter de nouveaux progrès vers l’égalité de genre. Cela
veut dire en partie s’assurer que les mouvements et les défenseurs et défenseures des droits des filles
et des femmes, et les décideurs disposent de données et d’éléments factuels faciles à utiliser pour
orienter les efforts visant à réaliser le programme transformateur des Objectifs de Développement
Durable (ODD) d’ici à 2030 et à ne laisser personne pour compte.

Le partenariat constitue un effort conjoint des principales organisations régionales et globales de la
société civile, et des secteurs du développement et privé, notamment : Asian-Pacific Resource and
Research Centre for Women (ARROW), Bill & Melinda Gates Foundation, Data2X, The African
Women’s Development and Communication Network (FEMNET), The International Women’s Health
Coalition (IWHC), KPMG International, ONE Campaign, Plan International et Women Deliver.

À PROPOS DES PARTENAIRES NATIONAUX D’EM2030 AU
SÉNÉGAL
Le Forum des Éducatrices Africaines (FAWE) est une organisation non gouvernementale panafricaine
fondée en 1992 par cinq femmes ministres de l’éducation dans le but de promouvoir l’éducation des
filles et des femmes en Afrique subsaharienne. Les membres de l’organisation incluent des femmes
ministres de l’éducation, des vice-chanceliers d’université, des responsables des politiques éducatives,
des chercheuses, des spécialistes du genre et des activistes des droits humains.

Plan International est une organisation humanitaire internationale, non gouvernementale, sans affiliation
religieuse ou politique qui œuvre pour le développement humain en se concentrant sur les besoins des
enfants et l’égalité des filles. Ses 35 années d’expérience au Sénégal ont montré que les filles sont bien
souvent les plus vulnérables. Cependant, le fait d’investir en faveur de l’éducation, dans les secteurs de
la santé, de la protection et de l’autonomisation des filles profite à tous, y compris aux hommes et aux
garçons. Le programme de parrainage est la base de sa source de financement. 34710 enfants ont été
inscrits au programme. Ils travaillent dans 5 régions. Un financement supplémentaire à travers des
projets et programmes financées par les partenaires leur permet de travailler dans d’autres zones

ONE Campaign est une organisation internationale de campagne et de plaidoyer soutenue par plus de
neuf millions de personnes dans le monde, qui agissent pour en finir avec l’extrême pauvreté et les
maladies évitables, particulièrement en Afrique. ONE fait pression sur les gouvernements pour qu’ils
agissent davantage en vue de promouvoir l’égalité de genre, combattre le sida et d’autres maladies
évitables et traitables dans les endroits les plus pauvres de la planète, favoriser l’autonomisation des
petits exploitants agricoles, améliorer l’accès à l’énergie et lutter contre la corruption afin que les
gouvernements rendent des comptes à leurs citoyens.

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MESSAGES CLÉS

1.   En tant que pays à faible revenu enregistrant des niveaux élevés de pauvreté et très
     faibles de protection sociale, le Sénégal continue de faire face à des obstacles de
     taille, et ce particulièrement dans les zones rurales. Nombre de ces obstacles
     empêchent la réalisation de l’égalité de genre et sont, à leur tour, entretenus par la
     pauvreté. Ces facteurs sont illustrés par les faibles niveaux d’achèvement de la
     scolarité secondaire par les filles au Sénégal, ainsi que par des niveaux élevés
     d’analphabétisme et la pérennité de pratiques traditionnelles néfastes.

2.   La volonté politique croissante en faveur de la promotion de l’égalité de genre dans le
     pays est néanmoins évidente. Fait saillant, le Sénégal témoigne de progrès notables
     dans le domaine du leadership politique des femmes suite aux récents amendements
     de la législation nationale, comme en témoigne la loi de 2010 sur la parité. Alors
     qu’en 2009 les femmes n’occupaient que 22 pour cent des sièges à l’Assemblée
     Nationale,1 leur représentation a presque doublé depuis cette date.

3.   Les principaux domaines dans lesquels des progrès demeurent nécessaires incluent
     de garantir une scolarisation complète et qualitative pour les filles, de résoudre la
     question du travail non rémunéré et de réduire la violence à l’égard des filles et des
     femmes. Lorsque seulement 6,1 % des femmes (ayant entre 3 et 5 ans de plus que
     l’âge prévu de fin d’études) ont terminé leurs études secondaires, que le mariage des
     enfants continue d’enregistrer des niveaux élevés (31 pour cent) et qu’une part
     disproportionnée des tâches domestiques de soins non rémunérées leur incombe, les
     filles et les femmes au Sénégal sont confrontées à des obstacles de tailles dans leur
     accès aux opportunités scolaires et économiques.

4.   Les investissements supplémentaires dans les divers secteurs du développement
     doivent être orientés par la demande, être centrés sur la personne, faire l’objet de
     consultations approfondies avec les parties prenantes et être enracinés dans les
     données relatives aux réalités vécues des filles et des femmes. Exploiter au mieux les
     données et améliorer l’inclusivité des processus de prise de décisions et de mise en
     œuvre permettront à ces investissements de mieux prendre en compte la dimension
     du genre et de réduire les écarts qui persistent à l’échelle du pays entre les lois
     progressives et la réalité sur le terrain.

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CONTEXTE

Les Objectifs de Développement Durable (ODD) renferment des promesses de transformation visant à
atteindre l’égalité de genre et réaliser les droits humains des filles et des femmes, trop longtemps freinés
dans tous les pays du fait de politiques et de pratiques ayant normalisé la discrimination basée sur le
genre et exacerbé les inégalités.

Le fait que les ODD soient si exhaustifs entraîne, néanmoins, de sérieuses difficultés au niveau des
données permettant la mesure et le suivi des progrès réalisés pour chacun des objectifs. La demande
actuelle d’une amélioration, tant quantitative que qualitative, des données relatives à l’égalité de genre
est sans précédent – tout comme l’appel à davantage de données portant sur la qualité des actions de
développement. La réalisation des ODD nécessite que les données soient issues de sources plus
variées et fiables, et que leur format permette une utilisation par des parties prenantes plus
diversifiées. Les données –particulièrement lorsqu’elles portent sur les réalités vécues des filles et des
femmes, sur ce qui fonctionne et sur les points où nous prenons du retard – ont le pouvoir de tenir les
gouvernements pour responsables, de mettre en lumière des questions invisibles et de modifier les
lois, les politiques et les décisions budgétaires.

Safi Mballo, 18 ans, prépare à manger. Photo de : Ricci Shryock. Saré Kanta (6 novembre 2017)

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 « Les récits m’ont émue, mais les données m’ont
 transformée »
  Participante à l’enquête d’EM2030 à l’attention des défenseurs et défenseures de
   l’égalité de genre

Equal Measures 2030 (EM2030) œuvre à atteindre l’égalité de genre au niveau mondial, en s’appuyant
sur des données solides ; un monde où chaque fille et chaque femme compte, et est comptée. Ce
partenariat unique, mené par la société civile et le secteur privé, met en lien les données et les éléments
probants avec le plaidoyer et l’action. Nous avons pour objectif de faire en sorte que les mouvements
de filles et de femmes, les défenseurs et défenseures et les responsables des prises de décisions
disposent des données exhaustives dont ils et elles ont besoin, au moment opportun, et dans un format
qui leur permet de les utiliser pour promouvoir les avancées en termes d’égalité de genre.

EM2030 pense qu’on ne peut trop insister sur l’urgence de cette question. Et d’après notre dernière
enquête auprès des défenseurs et défenseures de l’égalité de genre, neuf personnes sur dix (89 pour
cent) sont d’accord avec nous sur le fait qu’une percée dans les avancées des ODD visant à aider les
filles et les femmes les plus désavantagées ne sera pas possible sans disposer de données
pertinentes.2 Près de la moitié (49 pour cent) des défenseurs et défenseures estiment que l’égalité de
genre ne s’est ni améliorée ni dégradée, mais qu’elle est, au contraire, demeurée statique au cours des
cinq dernières années. Les personnes en première ligne de la lutte pour l’égalité de genre sont inquiètes
de la stagnation des progrès, et pensent que le chemin est encore long avant de pouvoir témoigner des
avancées transformationnelles nécessaires à la réalisation des ODD.

En 2018, EM2030 a présenté un nouvel outil – l’Indice du Genre dans les ODD – qui contribue à rendre
compte des progrès réalisés en faveur des filles et des femmes, et à déterminer si le monde est sur la
bonne voie pour la réalisation de l’égalité de genre d’ici à 2030. Cet Indice répond à l’urgente nécessité
de disposer de données sur l’égalité de genre, vu le rôle essentiel qu’elles jouent dans la réalisation de
progrès vers les objectifs visés.

BIENVENUE À L’INDICE DU GENRE DANS LES ODD
L’Indice du Genre dans les ODD et les outils connexes d’EM2030 – dont une nouvelle Plateforme de
Données pour le Plaidoyer pour l’Égalité de Genre facilitant le partage de données, d’éléments probants
et de récits sur l’égalité du genre et les ODD3 – s’appuient sur les deux premières années d’engagement
et de recherche de notre partenariat.

L’Indice du Genre dans les ODD d’EM2030 est unique en ce qu’il a été élaboré par un partenariat
rassemblant des membres de la société civile et du secteur privé, ainsi qu’une implication dans les six
pays à l’étude d’EM2030 : la Colombie, l’Inde, l’Indonésie, le Kenya, le Salvador et le Sénégal. La
conception de l’Indice est le fruit de consultations menées au sein du partenariat et auprès du public,
des points de vue d’un Groupe Technique de Référence, et des résultats de nos enquêtes auprès de
plus de 100 responsables de décisions politiques et plus de 600 défenseurs et défenseures de l’égalité

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Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal

de genre à travers le monde.4 L’ensemble de ces informations nous a permis de mieux comprendre
l’étendue des besoins de données relatives au genre et les défis et opportunités inhérents à la mise en
lien de ces données avec le plaidoyer et l’action en faveur de l’égalité de genre. Les points de vue des
défenseurs et défenseurs de l’égalité de genre, en particulier, ont été essentiels à l’élaboration de
l’Indice du Genre dans les ODD.

S’appuyant sur cette combinaison d’implication dans plusieurs pays et de consultations et recherches
au niveau mondial, l’Indice du Genre dans les ODD est l’indice sur l’égalité de genre le plus aligné sur
les ODD et le plus exhaustif à ce jour. Dans sa première version, l’Indice du Genre dans les ODD inclut
43 indicateurs portant sur 12 des 17 ODD et, dans un premier temps, testé dans les six pays à l’étude
par EM2030, dont le Sénégal. L’Indice sera affiné à la fin de l’année 2018 à l’aide des rétroactions
obtenues. L’Indice complet pourra ainsi être lancé en 2019 et il couvrira autant de pays que possible.
La liste détaillée de l’ensemble des indicateurs et questions inclus dans l’Indice pilote de 2018 est
disponible en Annexes 1 et 2.

FIGURE 1 : LES SCORES PILOTES GLOBAUX DE L’INDICE DU GENRE DANS LES ODD POUR
LES SIX PAYS À L’ÉTUDE

L’Indice s’appuie sur le cadre officiel de suivi des ODD, en adoptant l’optique du genre pour examiner
les objectifs de près et relever ainsi autant de problématiques liées au genre que possible dans chacun
des 12 objectifs mesurés (en ayant recours à des indicateurs complémentaires lorsque cela était
nécessaire). Il vise également à inclure certaines des questions importantes aux yeux des défenseurs
et défenseures et en vue de permettre un environnement favorable à l’égalité de genre, mais qui
pourraient ne pas se refléter de manière satisfaisante dans le cadre officiel de suivi des ODD, dont la

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Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal

fiscalité progressive, des cadres juridiques concernant l’avortement, et la mesure dans laquelle les
femmes sont représentées aux fonctions principales dans les gouvernements.

L’Indice porte particulièrement sur les indicateurs complémentaires qui collectent des informations sur
les lois, les politiques et la finance publique, car ces dernières traduisent les progrès obtenus aujourd’hui
dans la réalisation des ODD au niveau national, alors que les données relatives à la totalité des
indicateurs de résultats officiels des ODD ne peuvent pas encore être collectées ou rapportées.

L’Indice du Genre dans les ODD est un point de départ pour les défenseurs et défenseures de l’égalité
de genre au niveau national : une compréhension exhaustive de ses résultats nécessite de dépouiller
les indicateurs, d’analyser le contexte national et de pouvoir chercher un peu plus loin, à l’aide de
données nationales et infranationales, de manière à examiner les résultats pour différents groupes de
filles et de femmes. Il nécessite également des données et éléments probants générés par les
communautés, qui viennent compléter les statistiques officielles du gouvernement, et notamment des
données qualitatives et des récits de personnes qui vont au-delà des seuls chiffres. C’est la raison pour
laquelle ce rapport inclut les résultats de l’Indice du Genre dans les ODD aux côtés d’une
contextualisation, d’une analyse et de données supplémentaires plus approfondies sur la situation de
l’égalité de genre au Sénégal.

INTERPRÉTER LES RÉSULTATS DE L’INDICE DU GENRE
La première version de l’Indice du Genre dans les ODD vise à tester la pertinence de son relevé des
questions de genre, à la fois dans les pays et entre eux, dont au Sénégal. Les résultats individuels et
globaux de l’Indice sur les ODD sont des résultats relatifs basés sur la performance des pays en fonction
de certains indicateurs sélectionnés, par rapport aux cinq autres pays du groupe. Plus le résultat d’un
pays tend vers le vert foncé, plus sa performance est élevée en termes d’indicateurs en lien avec le
genre, par rapport aux autres pays. Plus le résultat d’un pays tend vers le rouge, plus sa performance
est faible en termes d’indicateurs relatifs au genre, par rapport aux autres pays.

FIGURE 2 : LES SCORES PILOTES GLOBAUX DE L’INDICE DU GENRE DANS LES ODD POUR
CHAQUE PAYS ET CHAQUE ODD

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Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal

Il est important de préciser que le résultat ne représente pas le degré de proximité ou d’éloignement
d’un pays donné par rapport au « point d’arrivée » pour l’ODD concerné. Il ne représente que la
performance du pays en fonction des indicateurs sélectionnés, comparativement aux autres pays du
groupe. Cette méthode de résultats relatifs permettra de procéder à des comparaisons entre pays bien
plus enrichies lorsque l’Indice du Genre dans les ODD inclura, en 2019, un plus grand nombre de pays.

Ceci étant une étude pilote, les résultats des six pays, y compris ceux du Sénégal, diffèreront au moment
de la publication de l’Indice du Genre dans les ODD de 2019, contenant des données du monde entier
pour autant de pays que possible. Ceci est vrai pour plusieurs raisons : de nouvelles données seront
disponibles, les résultats de chaque pays seront calculés en fonction de ceux d’un groupe élargi de
pays ayant des niveaux de développement économique différents, les questions et indicateurs inclus
dans l’Indice seront adaptés avant 2019 (du fait, notamment, de restrictions de disponibilité des
données) et les techniques utilisées pour calculer les résultats pourraient également changer, en
fonction des rétroactions obtenues. Néanmoins, puisque ces six pays s’étendent sur trois régions et
représentent plus de 22% de la population mondiale de filles et de femmes, les comparaisons au sein
de cette série de pays demeurent pertinentes en tant que recherche isolée.

L’Annexe 1 et 2 présentent l’ensemble des résultats de l’Indice du Genre dans les ODD et toutes les
valeurs des indicateurs sous-jacents. La section suivante passe en revue les résultats de l’Indice du
Genre dans les ODD pour le Sénégal.

  COMMENT EM2030 A CHOISI LES SIX PREMIERS PAYS À L’ÉTUDE ?
 La Colombie, l’Inde, l’Indonésie, le Kenya, le Salvador et le Sénégal ont été sélectionnés comme
 premiers pays à l’étude pour Equal Measures 2030 par les partenaires centraux de l’initiative, sur
 la base des lignes directrices et principes suivants :

     ●   les pays étaient fortement touchés par les principales questions des ODD en lien avec le
         genre ;
     ●   les pays représentent des couvertures géographiques, tailles, populations et niveaux de
         revenu diversifiés ;
     ●   les pays étaient considérés contenir des espaces sûrs dans lesquels la société civile
         pouvait mener des actions de plaidoyer et avoir une influence avec un certain niveau de
         liberté ;
     ●   des données et analyses supplémentaires, ainsi qu’un investissement dans l’utilisation et
         l’accessibilité des données, ajouteraient de la valeur aux efforts actuellement déployés
         par la société civile dans ces pays ; et
     ●   la présence de partenaires d’EM2030 était forte dans ces pays, ainsi que celle de réseaux
         de défenseurs et défenseures et de connexions avec des responsables des prises de
         décision, permettant de faciliter l’approche du projet.

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Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal

RÉSULTATS DE L’INDICE POUR
LE SÉNÉGAL

FIGURE 3 : TABLEAU DE L’INDICE DU GENRE DANS LES ODD DU SÉNÉGAL

Le Sénégal jouit d’une force relative dans plusieurs des domaines de l’Indice, et ce d’autant plus qu’il
est le pays le moins développé économiquement des six pays à l’étude – en fonction du PIB par habitant.

L’ODD 5 sur l’égalité de genre : le Sénégal enregistre des points forts et faibles pour cet objectif. Il est
en effet en tête du groupe avec 42 pour cent des sièges détenus par des femmes au parlement en 2018.
Le Sénégal est suivi en cela par le Salvador, avec 32 pour cent (voir la Figure 4). La section suivante
présente les grandes lignes des évolutions juridiques et politiques qui ont permis au pays d’enregistrer
une si bonne performance pour cet indicateur, tout en soulignant les autres indicateurs en lien avec
l’ODD 5 qui demeurent problématiques pour le Sénégal.

              FIGURE 4 : PROPORTION DE SIÈGES OCCUPÉS PAR DES FEMMES
              DANS LES PARLEMENTS NATIONAUX

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Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal

L’ODD 6 sur l’eau et l’assainissement : alors que le Sénégal est toujours confronté à des obstacles
dans ses efforts d’amélioration de l’accès aux services essentiels d’eau potable et d’assainissement
(WASH), la performance du pays dans ce domaine est meilleure que ce à quoi on pouvait s’attendre,
au vu de son niveau de développement économique. Le Sénégal est également le pays ayant enregistré
le résultat le plus élevé en termes de mesure dans laquelle ses politiques et plans WASH incluent des
dispositions particulières visant à atteindre les femmes.

L’ODD 10 sur les inégalités : le résultat du Sénégal sur l’Indice est le plus élevé du groupe de six pays
pour cet objectif. Ses niveaux d’inégalités de revenu étaient en effet relativement faibles en 2012, et ses
résultats plutôt élevés en 2017 en termes de perceptions par les experts de l’égalité du partage du
pouvoir politique entre hommes et femmes et de la mesure dans laquelle la Constitution nationale
garantit, en 2017, l’égalité de genre.

L’ODD 13 sur le climat : Le Sénégal enregistre également le résultat le plus élevé de l’Indice pour
l’objectif sur le changement climatique. Ceci est principalement dû au fait que le pays connaissait le
taux le plus faible de personnes ayant été touchées par des catastrophes ces dernières années, et
parce qu’il s’est fixé des objectifs relativement ambitieux de réduction des émissions, comparativement
à sa « juste part ».

Crédit Photo: Jessica Lomelin / EM2030

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Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal

Domaines susceptibles d’être améliorés
Plusieurs dimensions de l’égalité de genre étudiées pour le Sénégal gagneraient à être améliorées.

L’ODD 1 sur la pauvreté : Le Sénégal avait, en 2011 (dernière année disponible), la proportion de la
population vivant au-dessous du seuil de pauvreté fixé au niveau national la plus élevée, avec 47 pour
cent. Parmi les six pays à l’étude, il avait également le pourcentage le plus faible de personnes les plus
pauvres bénéficiant d’une couverture sociale, avec 5,1 pour cent en 2011, contre 81 pour cent en
Colombie (2014) par exemple. Le pays enregistrait de même un faible résultat pour la mesure dans
laquelle les lois offrent aux femmes comme aux hommes un accès sûr et équitable à l’usage et au
contrôle de la terre et à la propriété foncière, des éléments qui se révèlent néanmoins indispensables à
l’autonomisation économique des femmes.

L’ODD 3 sur la santé : La performance du Sénégal en termes de l’accès à la planification familiale est
très faible, avec seulement 47 pour cent de femmes ayant déclaré en 2016 que leurs besoins en
planification familiale sont satisfaits par des méthodes modernes, contre au moins 72 pour cent (et
souvent davantage) dans les cinq autres pays.

L’ODD 4 sur l’éducation : Le Sénégal est vraiment en marge des autres pays pour ce qui a trait à
l’achèvement de la scolarité secondaire des filles : 6 pour cent seulement d’entre elles avaient en effet
terminé leurs études secondaires en 2016, contre près de 40 pour cent en Indonésie et au Kenya
(données 2014) et en Inde (2016). De plus, les taux d’alphabétisation des femmes sont également très
bas, ce qui laisse entendre que ce problème existe de longue date, et ce que viennent confirmer les
données : en effet, seules 34 pour cent d’entre elles maîtrisaient en 2013 les compétences de base en
alphabétisation, contre 79 pour cent au Kenya en 2014 et 94 pour cent en Indonésie en 2016.

L’ODD 5 sur l’égalité de genre : Le Sénégal doit relever d’importants défis concernant cet objectif,
malgré sa bonne performance en termes de représentation des femmes au parlement national évoquée
précédemment. Le pays enregistre en effet le taux de mariages d’enfants, précoces et forcés le plus
élevé du groupe des six pays à l’étude, avec 31 pour cent en 2015, de même que le pourcentage le
plus élevé de femmes considérant comme justifié dans certaines circonstances le fait qu’un homme
batte sa femme (49 pour cent des femmes en 2016). De plus, tout comme le Salvador, le Sénégal
n’admet aucun motif légal à l’avortement en 2017 (voir la Figure 5).

             FIGURE 5 : ÉTENDUE DES MOTIFS LEGAUX DE L’AVORTEMENT (SCORE
             COMPOSITE BASÉ SUR 10 MOTIFS LÉGAUX)

                                                                                                      11
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal

ANALYSE ÉLARGIE DE
L’ÉGALITÉ DE GENRE AU
SÉNÉGAL

Les domaines dans lesquels le Sénégal a réalisé des progrès au niveau de l’égalité de genre sont
largement reconnus, le plus notable étant celui du leadership politique des femmes. Cependant, les
défis qui demeurent sont également bien connus et identifiés. En effet, malgré le fort engagement du
Sénégal à réaliser les ODD, un important décalage est perçu entre les lois et les politiques –
relativement positives en ce sens sur le papier – et leur mise en application. Dans l’ensemble, les
problématiques suivantes nécessitent d’être placées en tête des priorités nationales pour que les vies
des filles et des femmes connaissent de réelles améliorations.

Achèvement par les filles d’une éducation de qualité
La volonté politique est évidente au niveau national pour ce qui a trait à la priorisation de l’éducation :
le Sénégal a, en effet, récemment coorganisé la Campagne 2018 de financement du Partenariat
Mondial pour l’Éducation (GPE) et, sous la présidence de M. Macky Sall, le Sénégal est devenu le
premier pays en développement à contribuer au GPE en tant que donateur. Les lois sur le papier, même
accompagnées de marques supplémentaires de volonté politique et de dépenses gouvernementales,
ne se traduisent néanmoins pas par des améliorations dans les taux d’achèvement par les filles de leur
scolarité secondaire et dans les résultats de leurs apprentissages.

Seules 6,1 % des Sénégalaises (ayant entre 3 et 5 ans de plus que l’âge prévu de fin d’études) ont
terminé leurs études secondaires5, et ce phénomène est à mettre en lien avec le faible niveau de leurs
résultats d’apprentissage, démontré par le fait que 34 pour cent seulement des femmes de plus de
15 ans savent lire et écrire, contre 53 pour cent des hommes.6 Cette situation est la conséquence des
obstacles face à l’achèvement d’une scolarité de secondaire de qualité, tels que des coûts prohibitifs,
qui viennent malheureusement s’ajouter aux normes sociales qui accordent la priorité de l’éducation
aux garçons lorsque les ressources financières des ménages sont faibles.

Des obstacles matériels se dressent également devant l’accès des filles à l’éducation, tels que la forte
probabilité qu’elles abandonnent l’école lorsque l’établissement scolaire secondaire se trouve éloigné
de leur foyer. Les facteurs relatifs à la santé et l’assainissement jouent également un rôle dans leur
faible fréquentation de l’école secondaire. Le manque d’infrastructures sensibles au genre (toilettes
individuelles et produits d’hygiène menstruelle), par exemple, ainsi que les risques de violence auxquels
les élèves sont exposées (abus ou harcèlement de la part des enseignants), ont un véritable effet

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Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal

dissuasif. Enfin, les normes sociales élargies entendent que les filles assument une part
disproportionnée des tâches domestiques non rémunérées chez elles, allant de la collecte d’eau à celle
de combustibles, en passant par les soins à prodiguer aux autres membres du foyer, et les soumettent
à des incitations fortes à se marier et avoir des enfants avant d’atteindre l’âge adulte.

Le travail domestique non rémunéré
Outre le fait que le travail non rémunéré pèse de manière disproportionnée sur les filles et qu’il constitue
un réel obstacle à l’achèvement de leur scolarité secondaire le « manque de temps » imposé aux filles
et aux femmes par ce biais est également lourd d’autres conséquences. Responsables de la gestion
des ménages, de la collecte de l’eau et des ressources combustibles, et du soin aux enfants et aux
personnes âgées du foyer, les femmes disposent en effet de moins de temps que les hommes pour
mener et développer des activités économiques susceptibles d’améliorer leur revenu, renforcer leurs
économies et assurer leur indépendance financière. Les agricultrices sont ainsi moins productives et
moins à même que les agriculteurs de passer d’une culture de subsistance à une culture commerciale
leur permettant d’améliorer leur situation économique.7 Les micro-entrepreneures ont du mal à investir
le temps nécessaire au développement de leur activité, à l’augmentation de leur revenu et à la création
d’emplois pour d’autres personnes.8

Et, dès le départ, la capacité des filles et des femmes à profiter de la même manière que les garçons et
les hommes d’une scolarité formelle et d’une formation professionnelle (services de vulgarisation
agricole, formation à la gestion commerciale, etc.) est freinée, ce qui les freine dans leur acquisition de
compétences nécessaires à l’accès à des opportunités d’emploi de qualité et de création d’entreprise.

Tant que le travail non rémunéré n’est pas reconnu, réduit et redistribué, les femmes au Sénégal
continueront à être ralenties dans leur autonomisation économique. Pour remédier à cette situation, la
réduction du travail non rémunéré doit, dans un premier temps, être priorisée en tant que solution à
court terme. En parallèle, des membres de la société civile et des acteurs et actrices du gouvernement
en mesure de s’impliquer au niveau des communautés doivent œuvrer conjointement en vue de
transformer graduellement les normes sociales qui empêchent l’égalité pour les filles et les femmes au
sein des ménages. De plus, la réduction du travail non rémunéré ne sera rendue possible au Sénégal
que par des investissements dans des infrastructures de qualité, et surtout la fourniture d’eau, de
sources d’énergie et de transports, indispensables pour permettre aux filles et aux femmes de ne pas
passer autant de temps à se procurer ces ressources essentielles.

      6.1% 41.8%
 Pourcentage de Sénégalaises (ayant de 3 à                   Pourcentage de sièges de l’Assemblée
5 ans de plus que l’âge prévu de fin d’études)               nationale occupés par des femmes au
  qui ont terminé leurs études secondaires                                 Sénégal

                                                                                                       13
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal

La violence à l’égard des filles et des femmes
Les violences basées sur le genre, ainsi que les normes patriarcales sous-jacentes, sont également
reconnues comme un obstacle majeur à l’égalité de genre au sein du pays, tout comme le révèlent les
résultats de l’Indice d’EM2030 selon lesquels 60 pour cent des filles et des femmes ne se sentent pas
en sécurité lorsqu’elles circulent en extérieur la nuit.9 Cette violence persistante est liée aux attitudes
sociales, y compris celles des femmes elles-mêmes, qui servent à justifier le recours à la violence
conjugale dans certaines circonstances et à continuer à faire accepter le mariage d’enfants. Le Sénégal
est, au sein de l’étude des six pays retenus pour l’Indice, celui dans lequel le pourcentage de femmes
estimant qu’il puisse être justifié pour un homme de battre sa femme dans certaines circonstances est
le plus élevé, avec 49 pour cent de femmes pensant ainsi. 10 De même, la violence dans le cadre
scolaire, incluant les mauvais traitements et abus de la part des enseignants à l’égard des élèves, est
un problème particulièrement criant qui pousse parfois des filles à interrompre leur scolarité. Certaines
pratiques traditionnelles néfastes persistent également, telles que le mariage d’enfants, avec 31 pour
cent des femmes âgées de 20 à 24 ans au Sénégal ayant été mariées avant leurs 18 ans,11 et les
mutilations sexuelles féminines (23 pour cent des filles et des femmes de 15 à 49 ans ayant subi une
telle mutilation).12

Domaines de progression
Le Sénégal est considéré avoir réalisé une bonne performance en matière d’avancées vers l’égalité de
genre grâce à ses dispositions juridiques progressives, à la fois au niveau national et du fait de
l’adhésion du pays aux engagements pris à l’échelle de la région africaine. Le Sénégal a, par exemple,
promulgué une loi sur la parité dans le leadership politique qui a eu des résultats positifs.

En effet, les femmes qui n’occupaient que 22 pour cent des sièges à l’Assemblée nationale en 2009
occupent désormais 41,8 pour cent de ces mêmes sièges, suite à la mise en application de la loi sur
l’égalité de genre.13 Ces efforts doivent néanmoins être étendus aux départements gouvernementaux,
tels que les fonctions au sein de cabinets ministériels par exemple, où la représentation des femmes
demeure faible.14

De manière plus globale, le pays a également adopté une stratégie nationale en faveur de l’égalité de
genre et a entrepris de mettre en pratique une budgétisation sensible au genre ces dernières années.
La Stratégie Nationale pour l’Équité et l’Égalité de Genre (2016-2026) vise à garantir que les filles, les
femmes, les garçons et les hommes jouissent des mêmes occasions de participer à, et de profiter du
développement du pays dans la même mesure.

Dans l’ensemble, si le Sénégal peut encore réaliser des progrès au niveau de plusieurs objectifs de
l’Indice du Genre dans les ODD d’EM2030, les preuves d’avancées dans la promotion de l’égalité de
genre qui sont évidentes devraient être reconnues et célébrées. Afin de garantir que le Sénégal soit en
mesure de continuer à réaliser des progrès, la volonté politique qui a incité ces nouvelles politiques
audacieuses devrait être renforcée et inclure la totalité des questions dont traitent les ODD.

                                                                                                       14
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal

COMMENT LES DONNÉES
PEUVENT GARDER LES
FILLES À L’ÉCOLE
Diarra vit et travaille dans la région de Kaffrine, au centre
du pays, où l’accès à l’école et le maintien des filles dans
le système scolaire peuvent être compliqués. Alors que
les filles figurent souvent parmi les élèves ayant les
meilleurs résultats, elles doivent réellement se battre
pour continuer leur scolarité jusqu’à la fin.

En 2017, une seule fille dans la région de Kaffrine a
obtenu un diplôme en sciences, et les filles ne
représentaient que 12 pour cent des étudiants et
étudiantes à passer leurs examens universitaires. Et 20
pour cent seulement des nouvelles mères de la région              Yaye Kandia dans sa salle de classe, dans la
                                                                  région de Kaffrine, au Sénégal. Crédit photo:
retournent à l’école après leur accouchement, explique            Jessica Lomelin/ EM2030
Yaya Kandia.

Lorsque Diarra (maintenant âgée de 23 ans) est tombée enceinte, elle a demandé à sa professeure
principale – Yaye Kandia – de l’aider à ne pas interrompre sa scolarité.

« J’ai toujours accordé de l’importance à mon éducation », déclare Diarra. À l’école, elle a rejoint
un club pour organiser des séances et des campagnes pédagogiques sur l’éducation et les droits
des filles. « Nous avons dû faire face à de nombreux obstacles, au début. Mais maintenant les
gens nous écoutent. »

Diarra travaille désormais avec l’administration de l’école à la collecte de données relatives au
nombre de filles qui tombent enceintes, et au nombre d’entre elles qui terminent leur scolarité.
Ces informations aident Diarra et l’école à faire face à ce problème.

« Pour aider les filles à revenir à l’école, le ministère de l’Éducation pourrait, entre autres, leur
accorder une bourse afin qu’elles puissent, elles-mêmes, couvrir les frais de leur scolarité »,
déclare Yaya Kandia. « Ceci permettrait aux filles d’avoir davantage de liberté pour choisir leur
propre avenir. »

« L’éducation est un moyen de prévenir la violence, et de la combattre », explique Diarra. «
Lorsqu’une fille est éduquée, elle est en mesure de se faire sa propre opinion sur ce qui se passe
dans la communauté. Cela nous aide à voir les choses autrement, et à provoquer le
changement.»

                                                                                                                  15
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal

APERÇU RAPIDE DU PROJET
NATIONAL

Equal Measures 2030 soutient le Forum des Éducatrices Africaines (FAWE) au Sénégal dans ses
efforts d’influencer le changement au niveau national en s’appuyant sur les données. FAWE Sénégal
vise à promouvoir l’équité et une égalité de genre dans l’éducation en encourageant l’adoption de
politiques, de pratiques et d’attitudes positives à l’égard de l’éducation et de la formation des filles et de
l’autonomisation des femmes. Grâce au soutien d’Equal Measures 2030, le projet de FAWE se centre
sur les régions de Ziguinchor et Sédhiou, dans lesquelles les filles sont confrontées à des obstacles
particulièrement significatifs dans l’achèvement de leur scolarité, du fait des mariages d’enfants,
précoces et forcés, des grossesses adolescentes et de la violence basée sur le genre. Les recherches
initiales auprès d’élèves, de parents, d’enseignants et d’enseignantes et de responsables pédagogiques
visent à déterminer la mesure de ces défis. Armés de ces données probantes, les groupes de
défenseurs et défenseures dans ces régions entreprennent des actions de plaidoyer et de mobilisation
de la population basées sur les données en impliquant les médias de manière à réaliser pleinement
l’ODD 4 sur l’éducation et l’ODD 5 sur l’égalité de genre.

Crédit photo : Jessica Lomelin/EM2030

                                                                                                         16
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal

CONCLUSION

Le Sénégal a enregistré un certain nombre d’avancées prometteuses dans plusieurs secteurs, y compris
une augmentation impressionnante des taux de fréquentation de l’école primaire et des hausses de la
représentation des femmes dans le leadership politique. Ceci a été rendu possible, dans une large
mesure, par l’introduction de nouvelles lois et politiques progressives, telles que la loi de 2010 sur la
parité, ainsi que les investissements connexes, tels que la Stratégie Nationale pour l’Équité et l’Égalité
de Genre (2016-2026).

Malgré la volonté politique dont fait preuve le Sénégal, des obstacles persistent et maintiennent le pays
à un niveau élevé de pauvreté et la couverture sociale demeure faible, créant des défis continus au
niveau national. Selon l’Indice du Genre dans les ODD d’EM2030, 47 pour cent de la population vit au-
dessous du seuil de pauvreté fixé au niveau national15 et seuls 5 pour cent de la population se situant
dans le quintile de richesse le plus pauvre bénéficient d’une couverture sociale.16 Ces situations se
reflètent clairement au niveau de l’égalité de genre par les faibles niveaux d’achèvement de la scolarité
secondaire des filles au Sénégal, les niveaux élevés d’analphabétisme et la pérennité des pratiques
traditionnelles néfastes, dont le mariage d’enfants. Un décalage subsiste, dans plusieurs secteurs, entre
les lois et politiques, relativement fortes et audacieuses dans la théorie, et leur mise en application
pratique. Il y a lieu de faire davantage d’efforts en vue de traduire les engagements politiques en
améliorations des réalités vécues par les filles et les femmes.

Pour réduire ces écarts, les investissements futurs dans les secteurs du développement doivent être
orientés par la demande, centrés sur la personne, et reposer sur les conclusions de consultations
approfondies avec les parties prenantes auprès des bénéficiaires prévues et des acteurs et actrices
communautaires sur le terrain. Ils doivent également être enracinés dans les données relatives aux
réalités que vivent les filles et les femmes, afin de garantir que les interventions adoptent des démarches
qui ont fait leurs preuves et que les gouvernements puissent être tenus responsables en termes de
progrès annoncés. Exploiter au mieux les données et améliorer l’inclusivité des processus de prise de
décisions et de mise en œuvre permettront à ces investissements de mieux prendre en compte la
dimension du genre et de réduire les écarts qui persistent entre les lois progressives et la réalité sur le
terrain.

                                                                                                      17
Rapport National d’EM2030 - Le Sénégal

ANNEXE 1
LE CADRE DE L’INDICE DU GENRE DANS LES ODD
                                                      Référence de         Indicateur
                                                    l’indicateur des      sensible au
 Réf                  Indicateur                   ODD / additionnel         genre           Source des données

1a     Proportion de la population vivant au-             1.2.1              Non        World Development Indicators
       dessous du seuil de pauvreté fixé au                                             (World Bank)
       niveau national

1b     Proportion du quintile le plus pauvre de        Additionnel           Non        Aspire database (World Bank)
       la population couverte par les
       programmes d’assistance sociale

1c     Mesure dans laquelle les lois offrent aux          5.a.2              Oui        Women, Business and the Law
       femmes comme aux hommes un accès                                                 (World Bank)
       sûr et équitable à l’utilisation et au
       contrôle de la terre et à la propriété
       foncière (score composite)

2a     Prévalence du retard de croissance          2.2.1 (seulement les      Oui        Demographic and Health
       (indice taille/âge inférieur à - 2 écarts           filles)                      Survey for Colombia,Kenya,
       types par rapport à la médiane des                                               Senegal, NFHS for India,
       normes de croissance de l’enfant                                                 UNICEF MICS for El Salvador,
       définies par l’OMS) chez les enfants de                                          RISKEDAS for Indonesia
       moins de 5 ans

2b     Prévalence de l’obésité chez les femmes         Additionnel           Oui        Global Nutrition Report dataset
       de 20 ans et plus                                                                (WHO)

2c     Pourcentage de la population de femmes          Additionnel           Oui        Global Health Observatory
       non enceintes (15-49 ans) souffrant                                              Repository (WHO)
       d'anémie

3a     Pourcentage de la population de femmes             3.1.1              Oui        SDG Indicators Global
       non enceintes (15-49 ans) souffrant                                              Database beta 0.2.52 (UNSD)
       d'anémie

3b     Taux de natalité chez les adolescentes             3.7.2              Oui        Demographic and Health
       (15 à 19 ans) pour 1 000 adolescentes                                            Survey for Colombia,Kenya,
       du même groupe d’âge                                                             Senegal, NFHS for India,
                                                                                        UNICEF MICS for El Salvador,
                                                                                        RISKEDAS for Indonesia

3c     Proportion de femmes mariées ou en                 3.7.1              Oui        SDG Indicators Global
       union dont les besoins de planification                                          Database beta 0.2.52 (UNSD)
       familiale sont satisfaits par des
       méthodes de contraception modernes

3d     Incidence du VIH parmi les femmes non              3.3.1              Oui        SDG Indicators Global
       infectées en âge de procréer (15 à 49                                            Database beta 0.2.52 (UNSD)
       ans)

4a     Pourcentage de filles suivant une               Additionnel           Oui        Institute for Statistics
       scolarité primaire plus âgées que la                                             (UNESCO)
       moyenne

4b     Pourcentage de femmes qui ont entre 3           Additionnel           Oui        Institute for Statistics
       et 5 ans de plus que l'âge prévu de fin                                          (UNESCO), WIDE (UNESCO)
       d'études, ayant terminé leur scolarité                                           for Indonesia
       secondaire

4c     Proportion de femmes (15 ans +) dotées          Additionnel           Oui        Institute for Statistics
       de compétences de base en                                                        (UNESCO)
       alphabétisation

                                                                                                                    18
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