Les écrits du numérique #5 Télé/graphie(s) - ENSA Bourges
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Les écrits du numérique #5 Télé/graphie(s) Alphabetville et La Marelle En partenariat avec l’observatoire Leonardo, l’Ensad, l’IRI Jeudi 8 & vendredi 9 avril 2021 8 avril de 14h00 à 19h30 9 avril de 11h00 à 19h00 Rencontres en ligne Inscriptions à : alphabetville@orange.fr Présentations des interventions et biographies des intervenants Ecrire s’adresse/ Refaire le code - un petit manifeste, et son bilan dix ans après - Cécile Portier En 2011, c’était encore une évidence, c’était déjà une inquiétude, d’écrire qu’écrire s’adresse. En 2021, si on refait le point, on est bien forcés de s’apercevoir qu’écrire se répète, écrire s’échine, écrire se machine à refaire son code un peu partout où les interfaces nous le demandent. Et dans ce même continuum de nos gestes réduits et mille fois répétés à tenter de se loguer quelque part, qu’est-ce qu’on peut bien fabriquer encore comme écriture, et comment élargir nos espaces de réponse ? Cécile Portier est autrice. Elle a écrit de nombreuses pièces poétiques, quatre récits Contact (Seuil, collection Déplacements), Saphir Antalgos, travaux de terrassement du rêve, (publie.net), Les Longs Silences (publie.net), De toutes pièces, (Quidam), et deux fictions web sur la fabrique de nos identités en régime numérique (Traques Traces et Etant Donnée) Son site : www.petiteracine.net L’acte signataire : entre subjectivation, authentification, automatisation et délégation – Emmanuel Mahé – Jérôme Poret Assis aux côtés de signataires humains, un bras robotique a signé « de sa main » un contrat, devant les médias le 27 septembre 2017 à la Salle des Actes de l’Institut Pasteur à Paris. SEING Performance - Seing est le nom médiéval des différentes manières de marquer, de faire signe par un symbole - est une recherche-action dont l’une des hypothèses est que le robot serait progressivement doté d’une existence non seulement juridique mais également sociale, voire politique. S’appuyant sur cette expérience performative, la signature robotisée est le fil rouge de cette intervention selon trois principes : les formes de visibilité (design), les formes des énoncés (droit), les processus de subjectivation (sujet, socialité). En quoi est-elle télé-graphique et quelles questions pose-t-elle au design, au droit et donc la société ? Emmanuel Mahé échange avec Jérôme Poret autour de ce protocole questionnant l’authenticité et l’indexation, avec ce pouvoir d’adresse. Il présentera des formulations qu'il expérimente dans le domaine du champ sonore et au travers d’instruments propres à une certaine archéologie des médias.
Emmanuel Mahé Directeur de la recherche de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (EnsAD) à Paris, il dirige également le programme doctoral et le Laboratoire « Sciences Arts Création et Recherche » (SACRe - EA 7410) de l’université Paris Sciences & Lettres (PSL). Docteur (HDR) en Sciences de l'Information et de la Communication, Emmanuel Mahé est spécialiste des usages émergents, en particulier dans les domaines du design et des arts en lien avec les sciences et les technologies. Combinant activités de recherche en propre et responsabilité de dispositifs institutionnels dans le domaine des arts et des sciences, il s’attèle depuis de nombreuses années à ouvrir les laboratoires scientifiques, les Centres de R&D, les instituts de recherche aux artistes et aux designers. Jérôme Poret Plasticien, musicien, cofondateur du centre d’art Le Transpalette à Bourges et responsable de sa programmation jusqu’en 2007. Son travail se développe au travers de médiums tels que l’installation, la phonogravure, la vidéo ou encore la performance. Il s’inscrit essentiellement dans une pratique plastique et sonore à la croisée de l’électroacoustique et de la culture musicale dite des marges. Il fonde et gère le label de disque vinyle expérimental Labelle69 depuis 2004, questionnant principalement le support-disque et sa phonographie. Descente de mediums – Nathalie Quintane Dans Descente de médiums (P.O.L., 2014), je m'intéresse au cas de Ted Serios, qui prétendait pouvoir prendre des photos de sa pensée, mais aussi au personnage d'Allan Kardec, l'un des fondateurs du spiritisme, au XIXe siècle. Comme l'ont compris tous les médiums, vrais ou faux, on fait tourner les tables et on invoque les Esprits quand il n'y a plus d'autres solutions. Accessoirement, les témoignages spirites montreront qu'ils sont en général de droite. Et en particulier ? Nathalie Quintane, née en 1964, a publié des livres chez P.O.L. et à la Fabrique. Derniers ouvrages : Un hamster à l'école (la fabrique, 2021), J'adore apprendre plein de choses (Hourra éd., 2021) ; à paraître : La cavalière (P.O.L., octobre 2021). Machin-Machine – Jean-Marc Chapoulie MACHIN -MACHINE est un spectre d'engins que l'on ne sait plus très bien comment nommer aujourd'hui. Entre le fémur du Kinétoscope et la clavicule du Cinématographe, Machin-Machine est désormais animé-é comme un peep show - télé/internet - du côté Edison. Et de l'autre côté avec les Brothers Lumière, les images sont peuplées en direct par des fantômes morts/nés. Une histoire de l'image passe par la compréhension de ce Machin-Machine. Machin-machine est une exposition de l’artiste au centre culturel Jean Cocteau des Lilas : https://www.ville- leslilas.fr/centreculturel/30-169-47/expositions/jean-marc-chapoulie-machin-machine Jean-Marc Chapoulie est cinéaste et vidéaste. Né en 1967 à Poitiers, Jean-Marc Chapoulie vit et travaille aux Lilas. Son œuvre a été montrée dans d’importantes institutions d’art contemporain. Commissaire d’exposition associé à la Biennale de Lyon en 2001, il enseigne depuis 2006 à l’École supérieure d’art Annecy Alpes (ESAAA). Son dernier film, La Mer du milieu, a reçu le Grand Prix de la compétition Française au FID (Festival International du Documentaire) de Marseille en 2019. xx.com – Jean Gilbert xx.com est un célèbre site de sexcam live. Les camgirls et camboys parlent, écrivent et se montrent au tout venant au cours de journées de travail où toutes les minutes comptent. Cette plateforme vouée à une rentabilisation maximale est aussi un lieu de socialité, l’espace possible de rencontres d’autant plus intenses et authentiques qu’elles se déploient dans un univers fake. J’en ai fait un terrain d’expérimentation – à tous les sens du terme – sûrement une expérience spectrale, qui est aussi une expérience de vie et même d’écriture commune. Jean Gilbert est auteur, et il enseigne la philosophie dans le secondaire. xx.com est son deuxième livre, et il a participé à plusieurs expositions. Il anime depuis plus de 10 ans l’association PAN! (Limoges), vouée à la diffusion des écritures poétiques contemporaines. xx.com a été publié aux éditions Questions théoriques en 2020.
Télégraphies hyperstitionnelles – Yves Citton Nick Land a décrit les hyperstitions – qui, davantage que des superstitions, sont des agrégateurs de hype – comme des « objets sémiotiques qui se rendent eux-mêmes réels ». Basées sur « la sensibilité que les objets présentent aux postulats projetés sur eux », les hyperstitions sont « réellement conjurées à exister du fait même des approches adoptées à leur égard ». La question que j’aimerais poser est au cœur de tout un activisme poétique qui date de très longtemps, même ses formes et ses formulations varient d’époque en époque : comment imaginer un activisme mobilisant les puissances hyperstitionnelles des télégraphies ? Yves CITTON est professeur de littérature et media à l’université Paris 8, après avoir enseigné à l’Université Grenoble Alpes et à l’Université de Pittsburgh (USA). Il est directeur exécutif de l’EUR ArTeC (Arts, Technologies, numérique, médiations humaines et Création), co-dirige la revue Multitudes et a publié récemment Faire avec. Conflits, coalitions, contagions (Les Liens qui Libèrent, 2021), Générations Collapsonautes. Naviguer en temps d’effondrements (avec Jacopo Rasmi, Seuil, 2020) Littératures, performances, technologies - Allan Deneuville, Lucile Olympe Haute Si les outils et technologies numériques sont désormais intégrés et invisibles dans les domaines les plus triviaux ou les plus nobles de nos vies, ils donnent néanmoins lieu à des pratiques artistiques qui peuvent être abordées d'un point de vue poétique aussi bien que critique. Faire performance en littérature, et plus particulièrement en littérature avec les technologies numériques, ouvre un champ de pratiques multiples et singulières qui s’accompagnent d’un positionnement vis-à-vis des conditions technologiques mobilisées. Comment ces pratiques se déploient-elles dans le champ de la littérature – et plus précisément encore : dans la littérature au croisement de la performance, domaine du fugitif, hic et nunc ? C’est la question qui a structuré le numéro 22 de la revue Formules dédiée aux créations formelles et nouvelles formes d'écriture, que nous avons co-dirigé, en pleine pandémie mondiale, et qui vient de paraître. Allan Deneuville Diplômé d’une licence de philosophie de l’Université Panthéon-Sorbonne (Paris I), de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et du master de création littéraire de l’Université Vincennes–Saint- Denis (Paris VIII), il est aujourd’hui doctorant contractuel. Sa thèse porte, à travers la figure du « copier-coller », sur l’appropriation et la circulation des textes sur et à partir des réseaux sociaux. Il est co-fondateur du projet de recherches et de créations « Après les réseaux sociaux » (http://after-social- networks.com/fr/). Il vient de co- diriger, avec Lucile Haute, le numéro 22 de la revue Formules de l’université de l’état de New York à Buffalo sur les liens entre littératures, performances et technologies. » Lucile Haute est plasticienne, performeuse, vidéaste, artiste plurimedia. Elle a une activité de recherche et de création. Elle enseigne, elle écrit, elle performe, elle code, elle édite... La technologie numérique est au croisement de ses pratiques. La théorie et la critique, la fiction et l’imaginaire, sont au croisement de son écriture. Présence et absence, survivance et actualisation, composent des situations singulières et génèrent des dispositifs inédits, toujours investis et incarnés. Oracle télégraphique. Tirage collectif et inter-espèces Performance de Lucile Olympe Haute Avec la complicité de Hélène Gugenheim, Alexia Venot, Claire Sistach et Allan Deneuville Depuis la galerie Jeune Création, Romainville L’île aux hologrammes et la radio à explorer le temps… - Eduardo Berti et Pascal Jourdana La littérature regorge d’objets aux usages multiples parfois étonnamment prophétiques. L’écrivain argentin Eduardo Berti a ainsi eu l’idée, avec le duo d’artistes Monobloque, de rassembler une centaine d’inventions imaginées par des écrivains du monde entier. Au sein de cet inventaire, nous souhaitions ici interroger celles qui cherchent à “recréer” la présence humaine, après sa disparition ou son absence. L’Invention de Morel (1940), chef d’œuvre de l'écrivain argentin Adolfo Bioy Casares, est à ce titre remarquable. Ce court roman recourt à la
puissance magique de l’image pour aborder la question de la permanence du vivant (ou de son simulacre ?) par un procédé mécanique qui n’est pas sans rappeler les usages que nous faisons des outils numériques. D’autres inventions recensées dans ce livre invoquent des figures fantomatiques, des existences spectrales. Pour convoquer des êtres vivants dont on ne sait s’ils sont absents ou présents, réels ou virtuels… Eduardo Berti est né en Argentine, en 1964. Écrivain de langue espagnole, mais aussi de langue française, il est l’auteur de plusieurs recueils de nouvelles et romans. Il est traduit en huit langues, notamment en langue française où on peut trouver presque toute son œuvre. Son premier roman écrit en français est paru en 2017 chez Flammarion : Une présence idéale. Ces derniers livres publiés en France sont Inventaire d’inventions (inventées), fruit d’une collaboration avec le collectif Monobloque, les Poèmes de babyfoot et L’Ivresse sans fin des portes tournantes. Vient de paraître (janvier 2021) la traduction de son roman Un père étranger (La Contre Allée). Il est membre de l’Oulipo depuis juin 2014. https://www.oulipo.net/fr/oulipiens/eb Pascal Jourdana est le fondateur et directeur artistique de La Marelle. Il a travaillé pendant une quinzaine d’années au sein de différentes maisons d’édition, et a ensuite créé une des premières agences littéraires en France, Premières Impressions. Il a été journaliste littéraire, modérateur, conseiller littéraire et programmateur d’événements littéraires. Il est actuellement chargé de cours d’Écritures numériques à l’Université d’Aix- Marseille. Il a entre autres publié « Méditerranée et exil aujourd’hui » (préface, dir. Michel Gironde, L’Harmattan, 2014). Il a dirigé, ou codirigé : « La renaissance de l’utopie » (dossier Magazine Littéraire, mai 2000) ; « D’Encre et d’exil #9 », Insulaires (éditions BPI, 2010) ; Pour Cortázar (Meet/La Marelle, 2016). Ghost in the machine – Mathieu Vabre Ghost in the machine était le titre d’une des expositions de Chroniques, Biennale des Imaginaires Numériques (10 Novembre 2020 - 16 Janvier 2021, Région Sud), évoquant le désir d’immortalité, ce vieux rêve humain poursuivi aujourd’hui par les transhumanistes. Au cœur de l’exposition, Véronique Béland présentait Haunted Telegraph, une création accompagnée par la Biennale, en référence aux travaux de Thomas Edison, un des premiers scientifiques de l’ère moderne travaillant sur des machines capables d’immortaliser des composantes de l’être humain et de donner corps à ces formes spectrales et fantomatiques. https://chroniques.org/event/21-bis-mirabeau/ Mathieu Vabre est spécialisé dans les relations entre arts contemporains et technologies. Il est un des fondateurs et directeur depuis juillet 2016 de Seconde Nature, structure culturelle qui a pour mission d’accompagner les mutations culturelles de notre société à l’ère numérique au travers des regards singuliers et sensibles des artistes. Il est aussi directeur artistique de la Biennale Chroniques Haunted Telegraph – pour un imaginaire sonore de l'au-delà - Véronique Béland Connecté à des capteurs permettant d’élargir le seuil de la perception humaine, le récepteur d’un télégraphe à aiguilles réagit aux variations puisées dans son environnement immédiat. Cette démarche consiste en l’entraînement d’une intelligence artificielle pour analyser des phénomènes imperceptibles – l’évolution d’ondes électromagnétiques présentes dans l’espace – afin d’y détecter du sens : paroles, mots, phrases... Le spectateur est d’abord invité à écouter le son produit par cette étrange machine, qui transpose en fréquences audibles le flux étudié par le réseau neuronal : une sorte de bruit blanc fluctuant, dont les modulations s’apparentent parfois aux formants de la voix. Lorsque des occurrences sont trouvées, le télégraphe s’active pour transmettre ces messages en provenance de l’invisible. Si nous semblons prisonniers de l’illusion d’un monde unique, cette installation tente de révéler l’imaginaire d’autres mondes possibles, parallèles ou sous-jacents à celui- ci, en s’appuyant sur les promesses technologiques du futur pour proposer une nouvelle lecture du présent. Née au Québec, Véronique Béland vit en France depuis plus de dix ans, où elle a été diplômée du Studio national des arts contemporains le Fresnoy en 2012. Sa pratique artistique, qui gravite entre les arts médiatiques et la littérature, s’intéresse à des phénomènes insaisissables à échelle humaine, dans une tentative constante d’ausculter ce qui semble vide pour en révéler le contenu. Par divers protocoles de traduction ou de transcodage, qui convoquent à la fois les mondes de l’art et de la science, ses oeuvres cherchent à faire contact entre le perceptible et l’imperceptible, d’où en jaillit une certaine forme de narration.
Écrire à l’âge des esprits dociles – Sara Baranzoni et Paolo Vignola Notre hypothèse est que les nombreux confinements et l’ordre de distanciation sociale qui vient avec sont en train de contribuer à la réalisation d’une nouvelle forme de discipline, dont l’enjeu n’est pas seulement celui de la production, mais de l’immunisation algorithmique. (Rouvroy et Berns). Dans cette forme d’hypercontrôle à l’âge pandémique, la distanciation sociale produit effectivement ce que nous appelons une « distanciation mentale ». Dans cette veine, nous soutenons que le but de la discipline numérique n’est plus de fabriquer des « corps dociles » : il s’agit plutôt de concevoir des « esprits dociles ». Face à tout cela, nous invitons à une forme d’errance intensive. Peut-être alors que notre distanciation physique, avec la distanciation mentale qui en procède, pourrait se retourner en condition de possibilité pour se réunir autrement, sans pour autant suivre la direction d’une pacification avec cette réalité sociale. Dans la séparation qui nous sépare de nous-mêmes, il s’agirait plutôt d’apprendre du virus l’autre du même. Sara Baranzoni, docteur PhD en Études Théâtrales et Cinématographiques, est professeure de performance et coordinatrice de la carrière de création théâtrale à l'Université des arts de Guayaquil (UArtes, Équateur), et adjunct lecturer à l'Université technologique de Dublin, en Irlande. Ses recherches portent sur la philosophie de la technologie, en écologie politique et en études de la performance. Elle a publié nombreux essais en italien, français, espagnol et anglais. Elle est co-fondatrice de la revue internationale La Deleuziana, membre du Réseau d'études latino-américaines sur Deleuze et Guattari. Paolo Vignola, docteur PhD en Philosophie, est professeur d'Esthétique et de Littérature et Nouvelles Technologies à l'Université des Arts de Guayaquil (UArtes, Équateur), professeur de Philosophie Contemporaine dans le Master de l’Université des Azogues (Équateur) et adjunct lecturer à l'Université technologique de Dublin, Irlande. Spécialiste de la philosophie française contemporaine, de l'esthétique et de l'écologie politique, il a publié de nombreux essais en italien, français, espagnol et anglais, en particulier sur Deleuze & Guattari, Bernard Stiegler et l'Anthropocène. Il est co-fondateur de la revue international La Deleuziana, membre du Réseau d'études latino- américaines sur Deleuze et Guattari, membre du CdA de l’Association des Amis de la Génération Thunberg. P(e)anser la télé-intermittence -Vincent Puig Le confinement compromet définitivement les équilibres que nous avions pu établir entre automatique et idiomatique, entre synchronique et diachronique, entre le calculable et l’incalculable. Ces modes « d’intermittence » seront abordés dans le contexte du jeu vidéo Minetest où il s’agit de se jouer des stéréotypes pour rechercher, en prenant soin de nouvelles formes de télé-écriture, à leur articuler des traumatypes et de l’improvisation comme modalités du développement des savoirs. Vincent Puig Praticien et théoricien des relations culture, recherche et industrie au sein du Centre Pompidou depuis 1993 (Ircam, DDC, IRI), Vincent Puig a fondé en 2006 avec le philosophe Bernard Stiegler, l’Institut de Recherche et d’Innovation dont il assure aujourd’hui la direction. Inventions idiomatiques – Colette Tron et Fabien Zocco Les artefacts numériques constituent, et sont constitués, des flux propres à leur temporalité machinique. Ils coordonnent une temporalisation dont les échelles de vitesse disruptent le temps humain, et où il donc devient « surhumain » d’« habiter le temps ». On se demandera ici si les actuelles machines à calculer que sont les objets techniques digitaux permettent encore d’œuvrer à un montage du flux, c’est-à-dire de donner lieu à des fluctuations, des variations, des rythmes, des différances, des singularités, cela signifiant des émergences idiomatiques ; inadéquates à tout calcul, et matières à penser. Ce questionnement sera mis en relation avec certaines œuvres de l’artiste Fabien Zocco, à leur tentative, ou tension, poétique. Colette Tron est auteur et critique. Directrice artistique d’Alphabetville, laboratoire des écritures multimédia. www.alphabetville.org. Impliquée depuis près de vingt ans dans une pratique et une critique des arts et des technologies, notamment numériques, elle expérimente et explore les formes, les singularités, les hybridations qui
y sont à l’œuvre. Elle intervient régulièrement dans des colloques, rencontres et festivals en France et à l’étranger. Elle a dirigé deux ouvrages et publié de nombreux articles. Elle est aussi membre d’Ars industrialis/Association des Amis de la Génération Thunberg, et du collectif Internation. La démarche artistique de Fabien Zocco donne lieu à des objets ou à des situations des plus hétérogènes : film dont les dialogues sont générés par une intelligence artificielle, robots s’affrontant dans une partie infinie de jeu vidéo, araignée mécanique se comportant en fonction des émotions de l’artiste… Ses œuvres proposent les bases d’une technologie-fiction où les attributs propres à l’humain et plus généralement au vivant (le langage, la parole, le texte, le mouvement, le jeu...) sont désormais à partager et à négocier avec la machine. Son travail a été présenté en France, en Chine, au Mexique, au Canada, en Pologne, en Belgique, en Allemagne, en Italie et en ligne. Fabien Zocco est diplômé du Fresnoy (2016). www.fabienzocco.net J’ai comme vous-même j’imagine besoin de pas mal de silence et de distance – Jérôme Joy S'il s'agissait (il y a un peu plus de vingt ans maintenant) de re-questionner de façon critique et de manière exploratoire et expérimentale, la composition et la performance en musique, en investissant les concerts en réseau, tout en ré-étudiant les espaces dans lesquelles elle s'étend et qu'elle excite, il va sans doute falloir aujourd'hui être d'autant plus critique et développer encore plus d'expérimentations et de recherches (après celles que j'ai pu développer : nocinema.org, NMSAT, les Auditoriums Internet, l'auditorium Terre-Mars et Mars-Terre, etc.). Mais changer d'échelle, changer de point de vue, changer de place et de position, comme changer de lunettes, en jouant et en modulant des distances, des proximités et des éloignements, nous permettent de mieux poser les questions quant à l'influence des contextes sur nous-mêmes. Notre monde ne peut être qu'intime, que des expériences de l'intime, de nos intimes qui se modulent dans des espaces que nous créons, par les plus infimes distances. Et c'est pour cela que toutes les alternatives de ré-occupations et de "re-circuitage" des espaces par nous-mêmes sont essentielles aujourd'hui. Jérôme Joy est artiste compositeur, improvisateur, interprète, auteur. Artiste-professeur ENSArt Écoles Nationales Supérieures d'Art (Bourges depuis 2010, Nice Villa Arson (1992-2010)). Création-recherche (cursus Ph.D. Univ. Laval Québec, Locus Sonus 2004-2015, AGGLO 2001-2004). Membre de The Thing (NYC), d’Avatar (Qc) et du P9 (F). Membre de différentes formations musicales (QWAT ?, NOii, etc.). Depuis 1982, performances, concerts, expositions, résidences : France, USA, Japon, Égypte, Canada, Hong-Kong, Autriche, Allemagne, Estonie, Grande-Bretagne, Irlande, Espagne, etc. Collections FRAC et privées. Éditions ère (Paris) et Le Mot et le Reste. Publications d’articles dans revues francophones et anglophones. Récemment : NaA (Palais de Tokyo, avec David Ryan), Audiosfera (Museo Reina Sofia, Madrid), WAou (ENSArt Bourges avec Ralf Nuhn), etc. Il co-élabore sans cesse. http://jeromejoy.org/ Avant l’Élektrorama (trailer sans conducteur), avant-première de l’opéra Élektrorama – Jérôme Joy, André Éric Létourneau durée : 20mn.© SOCAN, SODRAC 2021. Élektrorama est un opéra-manœuvre en 12 actes, actuellement en cours de réalisation. Dans Élektrorama nous nous inspirons du Ramayana, un récit traditionnel central dans la culture indienne et dans l’hindouisme, pour le réexplorer de manière « transductive ». Dans cette variation sur le Ramayana, Sita, la princesse kidnappée par un démon dans le récit original, devient la kidnappeuse. Son personnage nous permet d'explorer différentes dimensions du mythe original, par les interactions qu’elle établit avec d’autres personnages. Les personnages du répertoire de l’opéra coexistent acousmatiquement à travers différents modes d’existence sonores, d’existences parallèles, voire d’aucune existence, quelle qu’elle soit. Élektrorama fait partie d'une « tétralogie » in-progress de « cinq » opéras pour les dix ans à venir. Voyage à Virusland, lecture-performance – G Wagon, P Cassou Noguès Voyage à Virusland est un projet qui retrace le développement d’une forme de vie soumise à la viralité. Virusland ne désigne pas une région du globe mais une forme de vie. Le virus a modifié nos habitudes, nos gestes et nos
visages, et reconfiguré nos relations les uns aux autres et le rapport de chacun à son corps, touché aussi la sphère mentale, déplacé ce que nous considérons comme normal et anormal, moral et immoral. Les virus de Virusland sont à la fois biologiques et informationnels. Nous nous interrogeons particulièrement sur les technologies de communication qui sous-tendent cette forme de vie. Voyage à Virusland sera présenté sous forme d’une performance où nous jouons en direct les dialogues tout en naviguant dans le montage de notre film. Pierre Cassou-Noguès, philosophe, écrivain, est professeur à l’université Paris 8. Il a publié une dizaine d’essais. Son dernier livre; Technofictions, est un recueil de nouvelles qui analysent par le biais de l’imaginaire l’impact des nouvelles technologies sur nos formes de vie. Gwenola Wagon, artiste, réalisatrice de nombreux films dont avec Stéphane Degoutin (Cyborgs dans la brume, Le Monde comme entrepôt de livraison, World Brain, Dance Party in Iraq, Psychanalyse de l’aéroport, Institut de néoténie) et seule (Globodrome, Quel effet cela fait-il d’être une luciole ? L’invasion des lémuriens). d-w.fr
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