Les Grecs anciens et l'émergence de la tradition éducative occidentale: humanisme et rationalité - Ces notes de cours renvoient au chapitre 1 du ...
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Plan 1. Origine et définition de l’éducation 2. L’éducation dans les sociétés traditionnelles 3. La crise de la culture et des traditions en Grèce ancienne. 4. Trois réponses éducatives à la crise de la culture: les Sophistes, Socrate et Platon
Définition de l’éducation L'éducation est une activité anthropologique fondamentale, comme le travail, l'art, la politique et la technique. Elle est donc constitutive de la « nature humaine » : être humain, c’est être éduqué. L’éducation est donc une activité universelle et nécessaire : il n’y a pas d’humanité et de société humaine sans éducation.
Définition de l’éducation selon Durkheim « L'éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné. » (Durkheim, 1922, Éducation et sociologie, 51)
La culture transmise par l’éducation est double La culture commune : les savoirs au sens large que tout le monde partage en commun qui définissent l’individu comme «être social » ou «culturel»: tout ce qu’un enfant doit apprendre, savoir et maîtriser pour être membre d’une société donnée à une époque donnée. La culture spécialisée : les savoirs au sens restreint qui sont la propriété de petits groupes, tels des artisans, des mages, des sorciers, des médecins, des forgerons, des prêtres, des scribes, des guerriers, des
Sociétés traditionnelles • Les sociétés traditionnelles sont appelées, selon les auteurs, des sociétés froides, fermées, stables, à évolution lente, des sociétés de forte cohésion sociale ou encore, des sociétés communautaires où l’individu est largement défini et contrôlé par la place qu’il occupe dans le groupe (clan, fratrie, tribu, lignée, etc.). • Or, avant les temps modernes (15e Ŕ 16e siècles), la majeure partie des sociétés humaines ont été des sociétés
Les peuples Inuits: une société vieille de 15 000 ans
Les peuples amérindiens: 15000 ans
Égypte ancienne: 4000 ans
Inde avec le système des castes: + de 3000 ans Photo issue de https://en.wikipedia.org/wiki/Caste_system_in_India
Inde avec le système des castes: + de 3000 ans Photo issue de http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Charles_Shepherd_and_Arthur_Robertson01.jpg
Chine traditionnelle: 5000 ans
Japon traditionnel : 3000 ans
Papouasie Plusieurs milliers d’années..
Afrique plusieurs milliers d’années
Aborigènes d’Australie: peut-être 40 000 ans
Exemple de peinture aborigène pariétale
La société chrétienne: 2000 ans
La société au moyen âge
Le Québec d’antan, une société encore à moitié traditionnelle…
Le Québec d’antan, une société encore à moitié traditionnelle…
Qu’est-ce qu’une société traditionnelle? Est traditionnelle la société dont la culture propose des modèles de vie (d’agir, de penser, d’aimer, etc.) basés selon le principe qu’ils existent depuis la nuit des temps. Ces modèles tirent leur origine des dieux, des forces de la nature, du destin, de mythes fondateurs, etc. Une société traditionnelle est donc basée sur un ordre qui passe pour immuable. On vit comme nos ancêtres ont vécu, on agit comme eux, on pense comme eux. Le « conformisme » est donc la valeur sociale
L’individu dans la société traditionnelle • L’éducation assigne une place à chacun dans la société et prépare à occuper cette place • L’individu a une place déterminée dans la société • Sa personnalité est définie socialement • Il n’y a pas de distinction entre sa personnalité et ses rôles sociaux • Les rôles sociaux le déterminent (artisan, homme, guerrier, prêtre, etc.)
Qu’est-ce qu’une tradition? (1) Une tradition est une routinisation de la vie en commun et des activités quotidiennes découlant de la répétition de modèles de conduite et de rôles sociaux qui tirent leur valeur et leur sens d'avoir toujours existé pour une communauté donnée. Elle se fonde sur le savoir du sens commun, le savoir partagé par tous au sujet de ce qu'il convient de faire et
Qu’est-ce qu’une tradition? (2) Avec les traditions, les activités sociales se donnent comme naturelles : elles vont de soi… Les activités traditionnelles garantissent la pérennité de la société : sa reproduction à travers le temps, malgré les nouveaux êtres humains et les nouvelles pratiques humaines.
Qu’est-ce qu’une tradition? (3) De façon métaphorique, on peut dire qu’une culture traditionnelle est comme un pièce de théâtre sans auteur connu et dont tout le monde connait par cœur le texte, les répliques, les rôles qu’il faut jouer dans telle et telle circonstance…
L’éducation dans une société traditionnelle (1) L’éducation traditionnelle est une éducation sans école, une éducation informelle qui se déroule dans le monde quotidien avec les gens ordinaires, la famille, la parenté, les voisins, le clan, la communauté. Dans une société traditionnelle, l'éducation a pour fonction de transmettre et d’imposer aux nouvelles générations les contenus
L’éducation dans une société traditionnelle (2) L'éducation propose des réponses aux diverses situations de la vie, mais ces réponses ne viennent pas de questions précises : elles s'imposent d'elles-mêmes. Les enfants doivent apprendre à vivre comme les ancêtres ont vécu et comme les adultes vivent actuellement, et comme leurs enfants vivront. Les traditions fournissent des modes d’emploi, des recettes (comment faire), des prêts-à-penser (quoi penser, dire, agir).
Le savoir traditionnel Le savoir transmis n’est donc pas un savoir réfléchi mais implicite ou tacite. Il ne s'agit pas non plus d'un savoir individuel mais d'un savoir socialement partagé : il est le savoir de « tous-et-chacun », le « sens commun ».
Toute tradition est transmise par éducation La façon de marcher des garçons et des filles; leur façon de s'asseoir; leur façon d’exprimer sa colère ou sa joie, de lancer un objet, de courir, de serrer la main, etc. L'attitude des hommes et des femmes devant la tristesse, la peine, devant la mort, la maladie Les manières de se tenir à table, de manger, de se conduire en public, de se présenter aux autres Les attitudes amoureuses et les rapports amoureux La culture marque de manière indélébile le corps, les comportements, nos attitudes, nos valeurs…
Toute tradition est transmise par l’éducation L’éducation est une inscription corporelle de la culture en chacun de nous : elle marque notre corps et notre esprit comme on marque une bête au fer rouge
L’importance des modèles et de l’imitation Enfant, nous devons nous intégrer à une communauté humaine déjà là. Nous devons apprendre à partager les modèles de vie des gens qui nous entourent. En ce sens, éduquer, c'est offrir aux enfants des modèles de vie ritualisés et conformes à la culture de notre communauté. Les enfants apprennent par contact direct et imitation, par habitude, imprégnation et expérience concrète. Ils incorporent des habitus sociaux.
La culture spécialisée (1) Dans les sociétés traditionnelles, il existe, outre la culture commune, une culture plus spécialisée, qui est la culture des artisans. Cette culture technique est transmise directement par les artisans eux- mêmes aux novices. Personne n’a pour unique fonction d'enseigner
La culture spécialisée (2) Il n’y a pas d’enseignants, pas de programmes, pas de ministères de l’Éducation ni de système d’éducation, pas de pédagogie, pas d’objectifs, de compétences… L'enseignant est toujours un artisan, qui transmet à d'autres, par contact direct, imitation et expérience, son savoir spécialisé. On apprend donc par immersion dans le travail, par répétition et imprégnation des
Partie 3 - La crise de la culture et des traditions en Grèce ancienne
Carte de la Grèce antique © 2001 Hachette Multimédia / Hachette Livre
Grèce moderne
Découpage de la Grèce antique en périodes et types d'éducation Période Organisation sociale Type d'éducation Période archaïque : de 2000 Palatine (de 1450 à 1180 Éducation aristocratique à 1180 avant JC avant JC) chevalier/guerrier Période des siècles obscurs: de 1180 à 750 avant JC Période préclassique : de Mise en place de la polis Éducation homérique : place 750 à 480 avant JC (cité grecque) importante de la poésie, de HOMÈRE l'épopée, du chant; éducation spartiate (physique, militaire). Les philosophes présocratiques. Période classique : de 480 à Démocratie Les Sophistes, Socrate, Platon, 323 avant JC aristocratique. Isocrate, Aristote.. - 5e siècle: Le siècle de Périclès. Période hellénistique : de Empire et conquête La Paideia ou culture générale : 323 à 30 avant JC romaine lettres, philosophie, sciences.
Homère • - 7 siècle. • Auteur individuel ou collectif? • L'Iliade et L'Odyssée • Autour de la Guerre de Troie • Éducateur de la Grèce
La poésie comme éducation : Homère. • Éducation aristocratique destinée aux jeunes nobles de la Grèce • Homère met en scène des héros qui ont soif de gloire et qui servent de modèle à la jeunesse • Il s’agit d’une éducation morale et aristocratique se faisant à travers la lecture des poèmes d’Homère • Homère traduit l’idéal culturel et moral qui anime la Grèce • Il ne s’agit pas d’une éducation technique ou spécialisée
Une éducation morale • « Homère enseigne tout ce que doit savoir un homme digne de ce nom : les activités du temps de paix et du temps de guerre, les métiers, la politique et la diplomatie, la sagesse, la courtoisie, le courage, les devoirs envers les parents et les dieux… » (Flacelière, 1959, 124). • L’éducation homérique est donc une éducation morale et civique, elle exalte les vertus les plus nobles et l’art de vivre- ensemble.
Une éducation aristocratique • Qui valorise l’esprit chevaleresque. • Le respect des règles du combat. • L’émulation. • La grandeur, y compris celle de l’adversaire terrassée. • La gloire qui seule assure la renommée et la pérennité des héros disparus. Par ses actions nobles, l’homme peut devenir immortel. La tâche des poètes est de
Les premiers philosophes (présocratiques) : du - 7e au -5e siècle Parménide Fin du - 6e siècle au Anaximandre milieu du - 5e siècle - 610 à - 546 Héraclite Fin – 6e siècle Anaximène Pythagore Thalès de Milet - 585 à - 525 - 580 à - 497 av. - 625 à - 547
Fin de l’ancienne éducation homérique, guerrière et aristocratique • Une importante transition s’amorce dans la pensée éducative des Grecs vers la première partie du Ve siècle AV J.—C. (500-450) • Sparte va décliner. • Athènes va devenir la capitale intellectuelle du monde grec : nombreux échanges, métèques, voyageurs… • L’éducation cesse d’être strictement militaire et devient intellectuelle, ainsi qu’un enjeu politique. • La dimension «morale» de l’éducation va néanmoins se maintenir mais autrement qu’à travers la formation aux armes • Nous sommes les héritiers de cette éducation qui tend à s’intellectualiser, de cette formation générale
Périclès: - 495 à - 429 Homme politique athénien, défenseur de la démocratie, contribua à l’expansion de l’empire athénien et à l’essor culturel d’Athènes
Discours célèbre de Périclès à propos de la démocratie athénienne « Notre constitution n'a rien à envier aux lois des autres : elle est un modèle et n'imite pas. Elle s'appelle démocratie parce qu'elle œuvre pour le plus grand nombre et non pour une minorité. Tous participent également aux lois concernant les affaires privées. C'est la valeur seule qui introduit des distinctions et les honneurs vont plus au mérite qu'à la fortune. Ni la pauvreté ni l'obscurité n'empêchent un citoyen capable de servir la cité. Étant libres en ce qui concerne la vie publique, nous le sommes également dans les relations quotidiennes. Chacun peut se livrer à ses plaisirs sans encourir de blâme ou des regards blessants, quand même ils ne causent pas de mal. Malgré cette tolérance dans notre vie privée, nous nous efforçons de ne rien faire d'illégal dans notre vie publique. Nous demeurons soumis aux magistrats et aux lois, surtout à celles qui protègent contre l'injustice, et à celles qui, pour ne pas être écrites, n'en apportent pas moins la honte à ceux qui les transgressent. »
Fondateurs d’école Socrate Protagoras Antisthène 469-399 BC 485-420 BC 444-365 BC Isocrate 436-338 BC Platon Aristote Épicure Zénon 427-348 BC 384-332 BC 342-270 BC 335-262 BC
La composition de la population d’Athènes Année Citoyens Total Métèques Total Total Total Athéniens Athéniens (hommes de Métèques Esclaves (de 18 à 59 18 à 59 ans) ans) - 431 43 000 172000 9 500 28 500 115 000 315500 - 400 22 000 90 000 - 323 28 000 112000 12 000 42 000 104000 258000
Théâtre grec
Temple grec
Site d’Epidaure
Notre histoire de l'éducation débute en Grèce. Pourquoi? Les Grecs ont été parmi les premiers à vivre une crise profonde de leur tradition, de leur culture, de leur éducation. Ils ont vécu un problème que nous vivons actuellement : celui de la pluralité des éducations, des cultures et des traditions.
Démocratie et pluralisme Cette crise des traditions est née en bonne partie de leur forme politique: la démocratie, et du rôle extraordinaire joué par la pensée et la discussion argumentée : logos, raison. La prééminence de la démocratie s’est traduite par l’importance de la parole publique sur l’Agora. Cette parole est agonistique, porteuse de contestation et de délibération
Vestiges d’une agora
Fragilisation des traditions grecques • Le développement du commerce. • La circulation des métèques . • Échanges d’idées, débats d’idées. • Pluralisme et relativisme. • Les conflits militaires. • Conflit entre nature et culture. • Société qui aime le débat et la confrontation sous toutes ses formes: guerre, combats, compétition (Olympiques) et débats (démocratie).
La Grèce ancienne, une civilisation agonistique qui oscille entre l’émulation et l’affrontement, la rivalité et la guerre, la compétition et le conflit, le débat et la discorde, la polémique et l’antagonisme
La Grèce ancienne, une civilisation très inventive, créatrice, chaude, qui nous a légué de grands mythes (Icare, Œdipe, Eurydice, etc.), la poésie homérique, la dialectique, les Olympiques, le théâtre, la mathématique théorique et la géométrie, la logique, la physique, la biologie, l’esthétique, la poétique, la philosophie, l’éthique,
En éducation… Les Grecs ont été parmi les premiers à faire l'expérience du pluralisme de opinions, des manières de vivre, de penser, etc. Ils ont connu dans le même temps l'éducation traditionnelle, militaire et aristocratique, et des éducations nouvelles : philosophiques, mystiques, sophistiques, politiques, etc.
Pluralisme et conflit des éducations Les Grecs ont été confrontés au problème suivant: s'il existe plusieurs formes d'éducation, laquelle est la meilleure? Laquelle choisir? Ce problème n'est pas d’ordre technique : il ne porte pas sur le comment éduquer mais sur le pourquoi, c'est-à-dire sur les fins poursuivies par l'éducation.
L’apport des Grecs à l’éducation Les Grecs ont posé le problème général de la finalité de l'éducation En d’autres termes, quelle forme humaine de vie doit-on favoriser par l'éducation? Il ne s'agit pas d'un problème technique mais culturel voire spirituel. Il porte sur la recherche du Bien, de la Vertu. Quel type d’homme doit former l’éducation? Un homme vertueux, un homme de bien, un homme raisonnable capable de contrôler des passions et ses actions. L’existence de ce problème montre que la tradition n'a pas ou n'a plus réponse à tout, qu'elle est uniquement une possibilité de réponse parmi
Partie 4 - Trois réponses éducatives à la crise de la culture: les Sophistes, Socrate et Platon
LES SOPHISTES Protagoras, le plus célèbre des sophistes (480-410): Sur l’homme « L'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont, du fait qu’elles sont; de celles qui ne sont pas du fait qu’elles ne sont pas.» Sur les dieux « Pour ce qui est des dieux, je ne peux savoir ni qu’ils sont ni qu’ils ne sont pas, ni quel est leur aspect. Beaucoup de choses empêchent de le savoir : d’abord l’absence d’indications à ce propos, ensuite la brièveté de la vie humaine »
Les Sophistes Les Sophistes sont des « savants » ou des « sages »: Protagoras, Gorgias, Hippias, Prodicos, etc. Ils peuvent être considérés comme les premiers professeurs, des hommes qui professent à des étudiants et vivent de leur enseignement. On peut les définir comme des maîtres du discours, du savoir-parler en public, du savoir- convaincre autrui dans une discussion. Longtemps décriés voire méprisés par la philosophie classique, on les considère aujourd’hui comme les premiers spécialistes de l’analyse du discours: rhétorique, logique,
Le métier de professeur Les sophistes étaient habituellement des étrangers, des voyageurs, qui se promenaient de ville en ville pour vendre leur talent oratoire et scientifique. Ils sont suivis de leurs élèves. Un métier déconsidéré, puisqu’il faut se faire payer, ce qui déplaît à une certaine aristocratie traditionnaliste. Commercialisation de l’éducation qui s’oppose à la dimension morale de l’éducation à laquelle les Grecs accordent tant d’importance. Certains prétendent à l’omniscience et à l’infaillibilité. Certains ont recours à des procédés publicitaires. Leur suffisance en irrite plusieurs. Pour les citoyens grecs ordinaires, philosophes et sophistes sont à peu près confondus.
But des Sophistes Apprendre à s'exprimer pour bien parler de n'importe quoi selon les circonstances. Ils concevaient le langage non comme un moyen de connaissance, mais un moyen de contrôle et d'action sur autrui. Ils sont les inventeurs de la rhétorique et de l'art oratoire qui vont jouer un rôle fondamental par la suite : le « savoir bien parler » restera jusqu'au XXe siècle le signe d'une bonne éducation.
But des Sophistes • Ils proposent une vision pragmatique et utilitariste du discours et de la parole : agir sur autrui, sur ces émotions, ses croyances, valeurs, etc. L’accent n’est plus mis sur la moralité ou la vérité, mais l’efficacité. Dire sert à faire faire ou faire croire. • Ce qui importe donc, ce n’est pas ce que le discours dit (référence) ou veut dire (intention), mais ce qu’il fait faire. Le discours ne porte pas sur le monde ou les choses (relation de vérité), mais s’adresse à autrui pour agir sur lui et le faire agir (relation d’efficacité).
Les Sophistes et le politique • Visent l’efficacité politique dans le contexte d’une démocratie naissante • L’efficacité dans la conduite des affaires publiques • Un enseignement pragmatique et nihiliste: les sophistes ne défendent aucune vérité en particulier • Ils enseignent comment l’emporter en toute discussion possible
L'éducation sophistique n'est pas traditionnelle Elle est consciente d'elle-même, elle poursuit un but volontairement, elle n'est pas spontanée mais organisée. Elle n'est pas collective mais individuelle. Il existe un professeur. Il faut payer pour suivre ses cours; il a une clientèle.
Sophistique et éducation technique traditionnelle Dans l'éducation technique traditionnelle, l'artisan, l'homme de métier et l'enseignant sont une seule et même personne Il a appris un savoir spécialisé et quelqu'un d'autre l'apprend de lui par contact direct, imitation.
Les Sophistes n'enseignent pas un savoir spécialisé, mais une culture générale : comment penser, comment vivre, comment connaître. Ils ne sont pas des artisans ou des techniciens spécialistes, mais exclusivement des enseignants. Leur métier, c'est d'enseigner. Ils n'enseignent pas une connaissance particulière mais générale. Ils valorisent le savoir théorique, général, abstrait.
SOCRATE PHILOSOPHE ÉDUCATEUR (469-399)
Socrate, le philosophe éducateur Deux genres d'être humain n'apprennent rien: celui qui sait tout n'a pas besoin d'apprendre, mais ce serait un dieu; celui qui est assez ignorant pour ignorer sa propre ignorance : il ne ressent pas le besoin d'apprendre, car son ignorance est telle qu'elle lui suffit.
Qui est Socrate ? Socrate est l'homme qui ne savait rien (s'oppose au savant), mais qui savait qu'il ne savait rien (s'oppose au parfait ignorant). Socrate est entre les deux: il est ignorant mais se sait ignorant; il est donc l’homme qui veut apprendre. Il discutait de tout avec tous, parce que du fond de son ignorance, il voulait apprendre et connaître les certitudes des autres hommes. Notre histoire de l'éducation commence donc avec un maître qui ne savait rien : le contraire de Jésus, Bouddha, Mahomet, les
Principe et but de l'enseignement socratique C'est en nous-mêmes, dans notre for intérieur, avec notre raison, que l'on doit s'assurer de la vérité. Est vrai, non ce que chacun dit (les puissants, les forts, les maîtres), mais ce que l'individu reconnaît pour vrai à la suite d'une réflexion rationnelle personnelle et dans le dialogue avec autrui. Il faut apprendre à se connaître soi-même : connaître ses limites et les principes qui nous guident, apprendre à trouver sa place dans la société et la nature.
Socrate fait appel à la raison Le principal problème éducatif de Socrate et de ses disciples était de savoir si la vertu peut s'enseigner. Bref, peut-on former un homme de bien? L'éducation peut-elle rendre l'homme bon, c’est-à-dire raisonnable et juste? Ils répondaient par l'affirmative, en soutenant que l'homme possède en lui, de naissance, la raison. Le tâche de l'éducation est de lui apprendre à utiliser cette faculté qu'il possède déjà.
La méthode de Socrate : la maïeutique Art du dialogue ou dialectique qui consiste à discuter avec autrui, et à lui montrer, par des questions et contre-questions, que ses idées, ses croyances reposent sur des contradictions ou des idées incertaines. Chez Platon, un grand nombre de dialogues socratiques sont dits « aporétiques », c’est-à-dire qu’ils finissent sur l’énoncé d’un problème. D’autres dialogues socratique aboutissent à la définition universelle d’un concept (justice, vertu, courage, piété, tempérance, amitié…) Si on sait ce qu’est la justice, on peut agir en toute justice, car « nul ne fait le mal volontairement », pense Socrate. Le savoir est donc doté, chez Socrate, d’une dimension éthique: savoir, c’est
La méthode de Socrate : la maïeutique Au bout du compte, la maïeutique est moins un art de discuter qu’un art de vivre. Chez Socrate, la philosophie ne se réduit pas du tout à une théorie, elle débouche nécessairement sur une sagesse de vie, sur une pratique quotidienne de la recherche d’une sagesse en acte. C’est pourquoi l’héritage de Socrate est si important: il nous apprend qu’il ne suffit pas de « penser sur la vie en général » pour bien vivre, encore faut-il que notre pensée guide concrètement notre vie quotidienne. Avec
Philosopher, c’est apprendre à mourir. Platon -428 à -347 av. J.-C.
Platon Peut-être le plus grand philosophe de toute l’histoire occidentale. Platon fut le disciple de Socrate. La mort de ce dernier fut pour lui une expérience majeure, dans la mesure où elle exprime l'échec, non du message socratique, mais de sa méthode, de son éducation. À quoi sert d'avoir raison et de faire appel à la raison d'autrui, si les autres me tuent ou me font violence?
Le but l’éducation pour Platon Pour Platon, l'être humain est composé de passions, sources de violence et de désordre, et de raison, de matière et d'esprit, d'un corps sensible et d'une âme intelligible. Le but de son éducation est de favoriser le triomphe de la pensée rationnelle sur les passions, sur le corps.
L’Allégorie de la Caverne de Platon (par Rober Tremblay: http://www.cvm.qc.ca/encephi )
Le monde sensible (humain et Le monde intelligible (les naturel) principes scientifiques et les Idées pures) Les éléments et les Les ombres sur le Les objets Les objets du Le Soleil étapes qu'on retrouve mur du fond artificiels reflétés monde naturel, la dans le mythe de la par les ombres lumière du jour Caverne Les 4 degrés Degré 1 Degré 2 Degré 3 Degré 4 de la connaissance Connaissance Opinions, Connaissance Vérité et auxquels sensorielle croyances, scientifique : connaissance correspondent les préjugés, savoirs mathématique, purement étapes du Mythe du sens commun physique, musique intellectuelle: la philosophie Nature des objets sur Les apparences, Les objets Les phénomènes Les Idées, le lesquels porte la les phénomènes matériels scientifiques: les divin. connaissance sans consistance. lois, les principes, Ces Ces phénomènes les causes phénomènes varient sont soustraits constamment au changement La cause des Le degré 2 est la Le degré 4 est phénomènes cause du degré 1 la cause du degré 3 Nature de Rupture, douleur Rupture, douleur Rupture, l'apprentissage et conversion du et conversion du douleur et regard regard conversion du regard
Le mythe de la caverne et son actualité en éducation • Nécessité de convertir le regard. • La connaissance conduit à la transformation de la vie intérieure. • Difficulté à contempler la lumière de la connaissance. • La marche vers la connaissance est aride, difficile, douloureuse. • Méprise sur les apparences que l’on tient pour des vérités.
Complément Alexandre le Grand (356- 323 av. J.-C.) 356-323: trente-trois ans. C'est la durée de la vie d'Alexandre, fils de Philippe II de Macédoine et d'Olympias d'Epire. Pendant ce bref laps de temps, Alexandre achève de soumettre la Grèce, conquiert l'immense Empire Perse et se prépare à l'agrandir du côté de la péninsule arabique. À sa mort, l'unité de la conquête est brisée et Alexandre jugeait avec raison bien des territoires échappent à ses qu'il est plus digne d'un roi de se vaincre lui-même que de successeurs. Mais l'éphémère n'est vaincre les ennemis pas le dernier mot du destin : l'histoire d'Alexandre, au contraire, ne fait que commencer.
En se proclamant lui-même dieu, Alexandre avait créé un précédent dont, jusqu'aux empereurs romains, tous ses successeurs s'inspirèrent. Les conquêtes d'Alexandre ont favorisé la naissance de la pensée occidentale telle que nous la connaissons aujourd'hui. C'est à travers la société hellénistique que l'art, la littérature et la philosophie grecque ont été transmis aux Romains et, par la suite, à l'ensemble de l'Europe. Enfin, en créant un Empire unifié qui a aboli, pour un temps, toute notion de frontière nationale ou de culte local, Alexandre a permis une nouvelle perception de la civilisation à l'échelle du monde. W.W. Tarn traduira en ces termes: Mosaïque représentant Alexandre à la bataille d’Issos (Musée Archéologique de "Alexandre a inspiré à Zénon la vision Naples) d'un monde dans lequel tous les hommes seraient les citoyens d'un
Le règne d’Alexandre le Grand : Les conquêtes Itinéraire suivi par Alexandre au cours de ses campagnes
Les conquêtes : L'empire d'Alexandre et son partage
Après la mort d’Alexandre • L’empire éphémère d’Alexandre est divisé entre ses généraux et des luttes de pouvoir destructurent les cités grecques. • Plusieurs cités ( Athènes, Sparte, Rhodes, etc.) s’efforcent d’échapper à l’emprise de la Macédoine; certaines s’allient aux Romains qui montent alors en puissance. • Progressivement, toutes les citées grecques tombent sous le joug romain aux IIe et 1er siècles avant Jésus-Christ. La Grèce devient une province romaine en Ŕ 27. • La culture grecque (philosophie, sciences, arts, etc.) est peu à peu incorporée à la culture romaine dont elle devient une composante importante. C’est ce que nous appelons la culture gréco-romaine, qui formera, avec la culture judéo- chrétienne, l’une des grandes traditions de base de la
Vous pouvez aussi lire