Les ressources humaines plus importantes que jamais - MAIN-D'ŒUVRE - Du quota non négociable, pourquoi?
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MARS 2020
POLITIQUE LAITIÈRE
Du quota
non négociable,
pourquoi?
POSTE-PUBLICATIONS, CONVENTION No 40028511
MAIN-D’ŒUVRE
Les ressources humaines
plus importantes
que jamais
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SOMMAIRE
20V O L U M E
ÉDI TO RIAL
Budget fédéral 2020 :
4 0 – N U M É R O
mars
6
7
REPORTAGE À LA FERME
22
REPORTAGE À LA FERME OUTAOUAIS
passer de la parole aux actes . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Poursuivre la passion
au féminin
Pour la première fois en cinq générations, c’est une
ACTUALITÉ femme, Annie Chartrand, qui assure la relève de la
Toute une décennie! Ferme Outaouais de Plaisance au Québec. . . . . . . . . . . . . 22
L’agroéconomiste Luc Gagné a brossé le portrait
de l’évolution des troupeaux de 100 vaches et
plus depuis dix ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 RECHERCHE
Une luzerne plus sucrée pour améliorer
la production et la durabilité des fermes
POLITIQUE LAITIÈRE Une équipe multidisciplinaire de chercheurs de partout
Du quota non négociable, pourquoi? au Canada travaillent sur l’amélioration des fourrages,
Depuis janvier 2020, les producteurs de lait du Québec et plus précisément de la luzerne, dans le but d’accroître
peuvent produire 0,75 % de plus leur quota détenu l’efficacité de la production du lait et la durabilité
sous forme de quota non négociable . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 des fermes laitières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
13
MAIN-D’ŒUVRE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
PORTRAIT DU MARCHÉ DU TRAVAIL AGRICOLE 2019 ÉCHOGRAPHIE DOPPLER
Les ressources humaines plus importantes Un nouvel outil pour diagnostiquer
que jamais les vaches non gestantes plus tôt
Le comité sectoriel de main-d’œuvre de la production L’échographie Doppler permet de diagnostiquer
agricole, AGRIcarrières, vient d’actualiser l’état de les vaches non gestantes avec certitude aussi tôt
l’évolution du marché du travail du secteur, afin que 18 jours après la dernière saillie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
d’identifier les défis qui persistent et ceux qui émergent
en matière de main-d’œuvre, de gestion des ressources 30
humaines (RH) et de formation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
LACTANET 32
Viser l’efficacité en traite robotisée
pour améliorer la rentabilité
Pour la majorité des fermes, augmenter la production
par vache améliore la rentabilité. Pour les fermes en traite
robotisée, en plus d’augmenter le nombre de vaches
par robot, il est nécessaire d’ajouter la notion d’efficacité
de la traite dans le robot. C’est un peu comme améliorer
la productivité à l’intérieur des murs (ou des barrières!).
Lactanet offre maintenant un nouveau rapport interactif LES PRODUCTIONS SUPÉRIEURES DE VALACTA ...................26
pour faciliter le suivi et l’atteinte d’une meilleure
efficacité en traite robotisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 PARLONS NUTRITION ....................................................................34
LES PRODUITS LAITIERS S’ANNONCENT ..................................36
STATISTIQUES ...................................................................................40
LA RECETTE ......................................................................................46
AILLEURS DANS LE MONDE ........................................................48
L’ACTUALITÉ LAITIÈRE EN BREF ..................................................52
MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 3
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ÉDITORIAL
Budget fédéral 2020 :
passer de la parole aux actes
À l’instar du Mexique et des États-Unis, le processus de ratification de
l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) est officiellement entamé au
Parlement canadien. Il est prévu que l’accord entrera en vigueur le premier
jour du troisième mois suivant la ratification par le dernier pays partenaire. Nul
besoin de rappeler que le secteur laitier canadien a servi de monnaie d’échange
lors des négociations qui se sont conclues avec les Américains et les Mexicains.
Ces concessions auront des impacts négatifs sur notre secteur économique.
D’abord, on prévoit un accès additionnel au marché canadien de 100 000 tonnes
de produits laitiers, soit 3,9 % de la production canadienne ou 190 millions de
dollars de ventes de lait à la ferme par année.
Ensuite, l’ACEUM requiert l’abolition de la classe d’ingrédients qui permet-
Le dépôt du tait d’offrir à nos transformateurs des ingrédients laitiers à prix concurrentiels,
communément appelée la classe 7. Les produits de cette classe d’ingrédients
budget fédéral est doivent être reclassés selon leur utilisation finale et leur prix doit être basé sur
l’occasion pour celui des États-Unis. Le processus de ratification allant de l’avant, nous sommes
dans l’obligation de nous préparer à nous conformer aux exigences de l’Accord.
le gouvernement
L’industrie laitière a fait ses devoirs et les accommodements administratifs
minoritaire de demandés seront mis en place dans les délais prescrits.
Justin Trudeau Finalement, l’ACEUM vient plafonner, à 55 000 tonnes la première année de
l’Accord, puis à 35 000 tonnes la deuxième année, la quantité de concentrés de
de tenir parole et protéine de lait (CPL), de poudre de lait écrémé (PLÉ) et de préparations pour
s’engager à verser nourrissons que le Canada peut exporter, et ce, vers quelconque pays. Une
pénalité de 0,54 $/kg s’appliquera sur les exportations au-delà de ce seuil. En
une indemnisation
acceptant cette exigence, le gouvernement restreint notre capacité à valoriser les
complète et équitable solides non gras (SNG) sur les marchés internationaux, restriction qui engendrera
pour atténuer les des impacts financiers additionnels pour les producteurs que le gouvernement
devra compenser. Il crée aussi un dangereux précédent en acceptant que les
impacts de l’ACEUM, règles d’exportation pour les produits laitiers s’appliquent à tous les pays, et
comprenant les non seulement aux pays signataires de l’Accord. Il s’agit là de l’abandon d’une
partie de la souveraineté du Canada, une situation que son gouvernement
coûts additionnels
n’aurait jamais dû accepter. Si le Canada permet que les États-Unis limitent sa
de l’élimination de la liberté commerciale pour certains produits laitiers, permettra-t-il également de
délaisser sa souveraineté dans d’autres secteurs économiques?
classe d’ingrédients
Les répercussions négatives de l’ACEUM s’ajoutent à celles de l’Accord
et le plafonnement économique et commercial global (AECG) et de l’Accord de Partenariat trans-
des exportations. pacifique global et progressiste (PTPGP), qui sont actuellement en vigueur.
Ces trois accords représentent des pertes annuelles moyennes perpétuelles de
ventes de lait à la ferme de 450 millions de dollars. D’ici 2024, on prévoit même
4 MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
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« Durant la dernière campagne électorale fédérale,
toutes les formations politiques se sont engagées à
dédommager les producteurs pour les impacts de
l’ACEUM, incluant les libéraux de Justin Trudeau. »
que 18 % du marché laitier intérieur aura été cédé à la production étrangère, en incluant les
concessions des accords de l’OMC. C’est énorme!
Prochainement, les libéraux fédéraux déposeront leur premier budget en tant que
gouvernement minoritaire. Ce sera l’occasion pour eux de réitérer leurs engagements envers
les producteurs de lait. Nous demandons au gouvernement fédéral de continuer à verser
les compensations directes aux producteurs, de définir les modalités de ces versements,
d’annoncer les montants pour chaque année et d’inclure les crédits totaux du montant des
compensations dans le budget 2020.
Mais ces compensations ne concernent que les deux premiers accords. Le gouvernement
de Justin Trudeau doit aussi s’engager à verser une compensation pleine et complète pour
atténuer les impacts de l’ACEUM, comprenant les coûts additionnels de l’élimination de la
classe d’ingrédients et le plafonnement des exportations. L’hiver passé, des représentants
des producteurs ont participé aux travaux d’un groupe de travail visant à estimer les
pertes à compenser à long terme. Le rapport a été déposé en janvier 2019 au ministère de
l’Agriculture, et ses conclusions sur la valeur des pertes découlant des trois accords sont
toujours pertinentes.
Sans un engagement clair du gouvernement sur le soutien à long terme qu’il peut offrir à
l’industrie laitière, les impacts négatifs se feront sentir sur la filière, mais aussi dans l’ensemble
du pays. Avec ses 221 000 emplois équivalent temps plein (ETP) et sa contribution annuelle
au PIB de 19,9 milliards $, le secteur laitier contribue de façon importante à l’emploi et au
tissu socio-économique des régions et des communautés à travers tout le Canada.
Nous le répétons et continuerons de le répéter : aucune autre concession ne doit être faite
sur le dos des producteurs laitiers dans de futurs accords commerciaux. Le gouvernement
canadien doit participer activement à la défense de sa politique agricole de gestion de l’offre.
Le parti libéral, et tous les autres partis présents au Parlement se sont engagés à préserver
et protéger la gestion de l’offre. Durant la dernière campagne électorale fédérale, toutes
les formations politiques se sont engagées à dédommager les producteurs pour les impacts
de l’ACEUM, incluant les libéraux de Justin Trudeau. Pour passer de la parole aux actes,
nous demandons au gouvernement libéral d’être au rendez-vous en mars, lors du dépôt du
prochain budget.
président
MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 5
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Revue publiée 10 fois l’an par Les Producteurs
de lait du Québec (PLQ)
Tirage : 7 477 exemplaires
Date de parution : mars 2020
DIRECTEUR – PUBLICATIONS ET VENTES
Charles Couture
RESPONSABLE DE LA REVUE AUX PLQ ET
RÉDACTEUR EN CHEF
Yanick Grégoire
JOURNALISTE ET SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Yvon Gendreau
COLLABORATEURS
Agriculture et Agroalimentaire Canada, CIAQ, CRAAQ,
Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal,
Après six mois à planifier notre évasion Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation
de l’Université Laval, Grappe de recherche laitière,
pour voir les pâturages verts dont Groupes-conseils agricoles du Québec, ITA, Lactanet,
Les Producteurs laitiers du Canada, ministère de l’Agriculture,
des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Novalait,
tout le monde parlait, rien que du blanc partout! Op+lait, Réseau mammite, STELA/INAF, UPA, Faculté
des sciences de l’agriculture et de l’environnement,
Mes trayons sont gelés, retournons à l’étable! Université McGill
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Tél. : 450 679-8483, poste 7712-7398
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ADMINISTRATION
Vincent Bélanger-Marceau
TIRAGE ET ABONNEMENTS
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CONCEPTION GRAPHIQUE
Sonia Boucher, Groupe Charest inc.
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RÉVISION LINGUISTIQUE ET CORRECTION
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Yvon Gendreau
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Le diable est aux vaches La Terre de chez nous
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3e trimestre 1980
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du Québec
téléphone au 450 679-0540, Poste-publications, convention no 40028511
Maison de l’UPA Courrier 2e classe, enregistrement no 5066
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de lait québécois est interdite sans l’autorisation
un chèque (à l’ordre des bureau 415 du rédacteur en chef.
Producteurs de lait du Québec) Longueuil (Québec)
ainsi que votre nom, adresse J4H 4G3
et numéro de téléphone à
l’adresse suivante :
6 MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
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ACTUALITÉ
Par ANDRÉ PIETTE,
journaliste
Toute une
décennie!
L’agroéconomiste Luc Gagné a brossé le portrait
de l’évolution des troupeaux de 100 vaches et
plus depuis dix ans.
« Les fermes de 100 vaches et plus ont affiché une
belle évolution au cours des dix dernières années »,
estime Luc Gagné, conseiller au Groupement de
gestion agricole de l’Ontario. Dans le cadre du
dernier Rendez-vous d’expertise dans les fermes de
100 vaches et plus, l’agroéconomiste a présenté une
analyse de l’évolution de la performance technico-
économique de ces entreprises. Organisé par Via Pôle
d’expertise en services-conseils agricoles, l’événement
tenu à Victoriaville en décembre dernier en était à sa
dixième édition. D’où l’idée de scruter les résultats
de 46 entreprises, dont les résultats ont été compilés
durant chacune des dix années.
Luc Gagné constate que ces fermes ont beaucoup
investi. De 2009 à 2018, leur valeur a doublé! En
parallèle, leur performance technique s’est améliorée,
et ce, quel que soit l’angle sous lequel on l’examine :
lait par kilo de concentré, âge au premier vêlage, lait
par UTP, etc. Toutefois, les investissements massifs
ont entraîné une hausse de la dette par vache et une
détérioration du solde résiduel.
Le conseiller constate qu’il y a de la place dans les
étables et que ces entreprises sont en bonne position
pour accroître leur production. Mais il prévient qu’elles
devront surveiller de près leurs liquidités. « Une seule
variable, comme le taux d’intérêt, peut faire varier le
solde résiduel de façon marquée », dit-il.
MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 7
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A C T UA L I T É
EN CROISSANCE RAPIDE DEPUIS 2014
De 2009 à 2014, la production des
ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION DE LAIT
exploitations de 100 vaches et plus
augmente au même rythme que celle
GROUPE 100 VA+ VERSUS CANADA
de l’ensemble des fermes canadiennes. hl produits Canada hl produits 100 va+
100 30
À partir de 2014, les 100 vaches et plus
Millions hl de lait produits
Milliers hl de lait produits
accélèrent et leur rythme de croissance 25
80
surpasse nettement celui de la moyenne 20
des fermes. On se rappellera que le droit 60
de produire a commencé à augmenter 15
en 2014. 40
10
Comment expliquer cet écart du 20 5
rythme de croissance depuis 2014 : par
une hausse du nombre de vaches par 0 0
entreprise ou par une hausse de la 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
production de lait par vache? À partir
de 2014, les entreprises de 100 vaches
et plus accroissent plus rapidement
leur nombre de vaches. Pendant cette
période, l’ensemble des fermes cana- ÉVOLUTION DU NOMBRE DE VACHES PAR FERME
diennes mise plutôt sur une hausse de GROUPE 100 VA+ VERSUS CANADA
la production par vache. Curieusement,
250
il s’agit d’un renversement de tendance 130
Nombre de vaches/ferme
par rapport à la période 2009-2014. Au 200
final, sur la décennie complète, les trou- 125
peaux de 100 vaches et plus ont grossi 150
plus vite que la moyenne canadienne.
100
Si on donne à l’année 2009 un indice de
référence de 100, en 2018, la taille du 50
troupeau moyen de 100 vaches et plus a
100
grimpé à 130, alors que celle de la ferme 0
canadienne moyenne atteint maintenant 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
125. Pour ce qui est de la production de
Nombre de vaches/ Nombre de vaches/
lait par vache, les indices montrent que ferme Canada ferme 100 va+
les deux groupes affichent une progres-
sion comparable sur la décennie com-
plète (121 vs 120). Toutefois, la produc-
tion moyenne par vache des 100 vaches
et plus surpasse de 500 à 800 litres celle ÉVOLUTION DU LAIT PAR VACHE
du troupeau canadien moyen année GROUPE 100 VA+ VERSUS CANADA
après année pendant toute la décennie. 11 000
121
120
10 000
Litres/vache
9 000
8 000
100
7 000
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Lait/va Canada Lait/va 100 va +
Source : Centre canadien d’information laitière –
Gouvernement du Canada : http://www.dairyinfo.gc.ca
8 MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
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LE POURCENTAGE DE CHARGES OSCILLE, MAIS NE PROGRESSE PAS
L’augmentation de la taille et de la producti-
vité des troupeaux de 100 vaches et plus pen- ÉVOLUTION DU BÉNÉFICE, CHARGES
dant la décennie 2009-2018 n’a pas entraîné de ET SOLDE RÉSIDUEL
baisse notable du pourcentage de charges sur
60
les produits (en rouge). Celui-ci oscille entre
Pourcentage du revenu brut
50 et 56 %, influencé par des facteurs conjonctu- 50
rels comme, entre autres, de faibles rendements 40
fourragers ou une hausse des charges alimen-
30
taires. L’évolution du pourcentage de charges se
répercute sur le solde résiduel (en bleu). L’année 20
2018 témoigne de l’influence de ces facteurs. 10
La baisse du solde résiduel cette année-là est
0
aussi attribuable au fait que comme plusieurs 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
entreprises ont investi massivement au cours
Bénéfice en % % de charges % solde
des années précédentes, leurs paiements en des produits bruts sur produits résiduel
intérêt et leurs remboursements de capital s’en
sont trouvés accrus.
LES PERFORMANCES TECHNIQUES S’AMÉLIORENT
On peut trouver décevant que le pourcentage
de charges et le solde résiduel n’affichent pas LES GAINS 2009 À 2018
une progression. Toutefois, on décèle d’autres
130
facteurs encourageants. Cette figure montre
l’évolution de cinq indicateurs auxquels on se 125
réfère souvent pour évaluer l’efficacité d’une 120
entreprise. Or on peut constater que sur l’en-
115
semble de la dernière décennie, tous montrent
une progression. « Ces gains sont très impor- 110
tants, car ils permettent à nos fermes d’amé- 105
liorer leurs résultats financiers, commente Luc
100
Gagné. De plus, ce qui a été gagné au cours des 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
années passées apporte des gains récurrents
Lait/kg Âge premier kg gras/ Marge lait Lait/
pour les années futures. » concentré vêlage vache std/vache UTP
réparti
MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 9
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A C T UA L I T É
DES INVESTISSEMENTS MASSIFS DANS LE QUOTA,
LA TERRE ET LES BÂTIMENTS
La hausse de la production des exploitations,
en particulier à partir de 2014, a été soutenue
ÉVOLUTION DES INVESTISSEMENTS
par des investissements massifs. Ceux-ci ont
culminé en 2017 à 1,6 million $ par ferme en 1 800
1 600
moyenne, soit quatre fois plus qu’en 2014. Les 1 400
investissements se sont concentrés dans le 1 200
Milliers $
quota, le fonds de terre et les bâtiments. En 1 000
comparaison, les investissements en machi- 800
600
nerie (incluant les équipements d’étable) ont 400
augmenté beaucoup moins. « Ces 46 fermes ont 200
investi en moyenne 7,5 millions $ en 10 ans, 0
-200
rapporte Luc Gagné. Les actifs ont doublé en 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
valeur. Ces fermes se sont positionnées de façon
plus marquée au cours des dernières années et Machinerie Bâtiments Fonds terre Quota
Autres actifs Subventions Nouveaux emprunts
elles sont prêtes à produire encore plus de lait. »
Détail intéressant : en dépit de la croissance
marquée des investissements ces dernières
années, l’avoir net n’a pas baissé. En fait, il a
plutôt augmenté : alors qu’il s’élevait à 52 % en
2009, il atteignait 56 % en 2018. L’inflation du
prix des terres a contribué à cette augmentation.
LE SOLDE RÉSIDUEL A AMORCÉ UN DÉCLIN
Si les paiements ont augmenté, la capacité
de remboursement en a fait autant. Toutefois, ÉVOLUTION DE LA CDR ET DES PAIEMENTS
à partir de 2016, le rythme d’augmentation des
800 000
paiements a été nettement plus rapide que
700 000
celui de la capacité de remboursement. C’est
600 000
que cette période a été marquée non seulement
500 000
par un accroissement considérable des investis-
$
400 000
sements, mais aussi par une hausse des taux + 1 % sur la dette 2018 = 78 124 $
300 000
d’intérêt. Le solde résiduel des entreprises en
200 000 128 422 $
a subi le contrecoup. « Juste une seule variable
100 000
comme le taux d’intérêt peut faire varier le solde
0
résiduel de façon marquée, note Luc Gagné. 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Dans un tel contexte, une gestion rigoureuse
Solde résiduel CDR maximum Paiements totaux
de la trésorerie est requise afin d’éviter de mau-
vaises surprises à la fin de l’année. »
ENDETTEMENT : UN VERRE À DEMI-PLEIN OU À DEMI-VIDE?
Les investissements massifs des dernières
années ont-ils fait augmenter l’endettement ÉVOLUTION DE LA DETTE
au point qu’il devienne problématique? Tout
35 000
dépend sous quel angle on l’examine. « Si on
divise la dette par la quantité de quota, on 30 000
constate que le ratio n’a pas beaucoup aug- 25 000
menté, et c’est une bonne nouvelle, affirme Luc 20 000
$
Gagné. Par contre, si on divise la dette par le 15 000
nombre de vaches, on voit une hausse marquée. 10 000
De 2009 à 2018, la dette par vache s’est accrue
5 000
de 11 350 dollars. »
0
« L’accroissement de la marge par vache, qui 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
a découlé d’une amélioration de la productivité
Dette/vache Marge lait std/vache Dette/kg de quota fin
du troupeau, est venu contrebalancer la hausse
10 MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
PLQP_2020-03-01.indd 10 20-02-12 10:18Au cours de la dernière décennie, les
producteurs ont cherché à améliorer la qualité
de leurs fourrages. Ainsi, pendant que la
production de lait par vache augmentait, le
volume de lait produit par kilo de concentré
faisait de même.
de la dette par vache, mais seulement
de manière partielle, poursuit l’éco-
nomiste. Cet accroissement s’élève à
649 dollars par vache pour la même
période. À un tel rythme, il faudrait
25 ans avec un taux d’intérêt de 3 %
pour rembourser l’endettement sup-
plémentaire. »
Il ajoute : « Les profits supplémen-
taires provenant de l’acquisition de
terrain au cours des dernières années
pourraient aider à payer cette dette
additionnelle. Toutefois, compte tenu
des difficultés a cultiver les terres au
cours de la dernière année ainsi que
des rendements obtenus, j’ai préféré
ne pas en tenir compte dans mon
calcul. »
« Si l’on souhaitait payer cette dette
sur seulement 10 ans, conclut Luc
Gagné, il faudrait que la marge par
vache ait augmenté de 1 315 $ depuis
2009. Il faudrait donc travailler fort
pour améliorer la marge par vache
d’une autre tranche de 665 $ afin
d’atteindre un niveau de 4 742 $ par
vache. Cela n’est pas impossible, car
il y a présentement des fermes qui
réussissent à obtenir des marges de
plus de 5 000 $ par vache. » ■
MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 11
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POLITIQUE LAITIÈRE
Par RICHARD LAMOUREUX, économiste
principal, PLQ
Du quota Cette décision vise à assurer la
production du quota du programme
des cas de force majeure.
non négociable, LE PROGRAMME DES CAS
DE FORCE MAJEURE
pourquoi? Selon le Règlement sur les quotas
des producteurs de lait, un producteur
peut détenir son quota sans le produire
pour une période maximale de 24 mois
si l’une ou plusieurs des situations
suivantes s’appliquent :
• maladie des vaches laitières
• invalidité ou décès de l’exploitant
• force majeure causant des dom-
Depuis janvier 2020, les producteurs de lait du Québec mages au bâtiment d’élevage
Ce programme, dans sa forme
peuvent produire 0,75 % de plus leur quota détenu sous actuelle, existe depuis 2009.
À cette époque, les administrateurs
forme de quota non négociable.
des Producteurs de lait du Québec
(PLQ) étaient préoccupés par l’infla-
tion des prix de location de quota,
particulièrement dans un contexte de
prix plafond appliqué aux transactions
de quota dans le cadre du Système
centralisé de vente de quota. Il a donc
été décidé que les entreprises en cas
de force majeure puissent céder tem-
porairement leur quota à la réserve
provinciale au prix de 5 $/kg. Encore
aujourd’hui, les PLQ peuvent par la
suite louer ce quota aux producteurs-
transformateurs au même prix. Jusqu’à
maintenant, l’offre de quota loué a
généralement dépassé la demande des
producteurs-transformateurs.
Historiquement, la quantité prêtée
aux PLQ a varié mensuellement selon
le nombre de producteurs en cas de
force majeure. Avant 2017, la quantité
de quota prêtée aux PLQ qui ne trou-
vait pas preneur auprès des produc-
teurs-transformateurs était inférieure
à 0,5 % de la part du Québec du quota
P5. Par contre, depuis 2017, cet écart a
pris de plus en plus d’importance, à tel
point qu’il est maintenant pertinent de
rendre disponible ce quota non produit
à tous les producteurs. Cela n’aurait
pas été opportun en 2018, dans un
contexte de surplus de lait.
Le graphique 1 montre que le quota
associé aux cas de force majeure a
considérablement augmenté à partir
de l’année 2015-16. Ce quota, exprimé
MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 13
PLQP_2020-03-01.indd 13 20-02-12 10:19POLITIQUE LAITIÈRE
en pourcentage de la part du Québec quota non négociable, dont le calcul la base du quota moyen disponible
du quota P5, a représenté aussi peu est basé sur une moyenne de six dans la réserve pour la période du
que 0,11 % au tout début du pro- mois se terminant en octobre 2019. 1er novembre 2019 au 30 avril 2020. Cet
gramme en 2009, alors qu’il a dépassé Le calcul a donc fixé cette moyenne à ajustement sera effectué tous les six
0,9 % en 2018. 0,75 % du quota détenu. Ce pourcen- mois, soit le 1er janvier et le 1er juillet
Dans ce contexte de fluctuations tage s’appliquera pour la période du de chaque année.
mensuelles, le conseil d’administration 1er janvier au 30 juin 2020; par ailleurs,
des PLQ a opté pour une émission de il sera ajusté le 1er juillet 2020, sur CAS DE FORCE MAJEURE
À L’ÉCHELLE DE P5
Dans le cadre de la politique de
GRAPHIQUE 1 : QUOTA ASSOCIÉ AUX CAS FORCE MAJEURE EN % quota P5, la gestion des cas de force
DE LA PART DU QUÉBEC DU QUOTA P5 majeure n’a jamais été harmonisée.
1,0 Les provinces maritimes n’ont pas de
programme en tant que tel, leurs cas
0,8 d’incendie de fermes et de maladie
du troupeau ou de l’exploitant étant
0,6 gérés grâce à leur système de location
de quota et d’échange de tolérance.
0,4
Pour ce qui est de l’Ontario, le quota
non produit associé aux cas de force
majeure est échangé entre produc-
0,2
teurs à l’échelle individuelle. Pour
l’instant, l’absence d’une politique har-
0,0
monisée à l’échelle de P5 et le niveau
09
10
19
15
12
11
13
14
18
16
17
de sous-utilisation du quota lié aux cas
U
U
U
U
U
U
U
U
U
U
U
AO
AO
AO
AO
AO
AO
AO
AO
AO
AO
AO
de force majeure justifie l’attribution
de quota non négociable au Québec. ■
14 MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
PLQP_2020-03-01.indd 14 20-02-12 10:19PLQP_2020-03-01.indd 15 20-02-12 10:20
M AI N-D’ŒUVRE
Par ROBERT OUELLET, coordonnateur
à l’emploi agricole, AGRIcarrières
PORTRAIT DU MARCHÉ DU TRAVAIL AGRICOLE 2019
Les ressources
humaines plus
importantes humaines en agriculture . Près de la
que jamais moitié des travailleurs du secteur sont
les producteurs eux-mêmes. L’enjeu
du transfert d’entreprises demeure
préoccupant, avec l’âge moyen des
exploitants en hausse, seul un pro-
priétaire sur cinq ayant une relève
bien établie. Toutefois, celle-ci est
Le comité sectoriel de main-d’œuvre de la production davantage formée et scolarisée. Le
tiers des entreprises embauchent de la
agricole, AGRIcarrières, vient d’actualiser l’état de l’évolution main-d’œuvre. Pour celles-ci, la péren-
nité passe par la disponibilité de ges-
du marché du travail du secteur, afin d’identifier les défis tionnaires, de chefs de production et
qui persistent et ceux qui émergent en matière de de travailleurs engagés et compétents.
main-d’œuvre, de gestion des ressources humaines (RH) et L’AGRICULTURE RÉSISTE À
de formation. LA RARETÉ DE MAIN-D’ŒUVRE
Les entreprises agricoles connaissent
le phénomène de la rareté de main-
Réalisés par le Groupe AGÉCO, les leur lot d’inquiétudes et d’opportunités d’œuvre depuis plus de quinze ans. Deux
travaux incluent une revue documen- pour les entreprises du secteur. types de rareté soulèvent des enjeux et
taire, une vingtaine d’entrevues avec dictent des actions différentes.
des acteurs clés, quatre groupes de UN NOMBRE STABLE Le premier concerne les emplois
discussions avec des employeurs ainsi D’EMPLOIS non spécialisés. Il s’agit probablement
que des sondages auprès de plus de Le niveau d’emploi est stable depuis d’un des constats les plus significatifs
325 travailleurs locaux et étrangers près d’une décennie, soit environ du rapport : la rareté de ces emplois a
temporaires. 70 500 emplois (voir Tableau 1, p.18). été comblée par une hausse de 121 %
Il y aura peu de changements d’ici de travailleurs étrangers temporaires
CONTEXTE ET DÉFIS 2029, selon les prévisions récentes du (TET) embauchés (de 6 970 en 2012
DES ENTREPRISES Conseil canadien pour les ressources à 15 399 en 2018). Il s’agit d’un vrai
L’étude mentionne d’entrée de jeu succès quantitatif. La progression se
que les défis et les enjeux présents en poursuit de plus en plus en production
2014 le sont toujours, cinq ans plus tard, animale. Toutefois, la disponibilité de
et avec plus d’intensité. Ainsi, le sec- TET ne signifie pas pour autant qu’il
L
teur de la production agricole constitue n’y aura pas d’enjeux qualitatifs pour
encore un poids non négligeable dans ’attraction et la les prochaines années.
l’industrie agroalimentaire québécoise rétention des Le second type de rareté concerne
(8,8 milliards $ sur 26 milliards $). Le la disponibilité de personnes compé-
nombre d’entreprises a très légèrement travailleurs locaux tentes pour les emplois spécialisés.
diminué (2 %), mais les revenus bruts
moyens par année ont augmenté de
passent par des Selon le rapport, « l’écart se creuse
entre les exigences des employeurs
23 %. La consolidation et la diversifica- conditions de travail pour pourvoir des postes spécialisés
tion se sont poursuivies dans tous les et les compétences des travailleurs
types de culture. De nouvelles ententes liées à la qualité de disponibles », en particulier ceux d’ou-
commerciales, une instabilité politique, vie et à la conciliation vriers qualifiés, de chefs de culture
des enjeux environnementaux et cli- et de gérants. Il est proposé que les
matiques ainsi qu’une évolution des travail-famille. initiatives déjà amorcées se pour-
attentes des consommateurs génèrent suivent, notamment : promouvoir ces
16 MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
PLQP_2020-03-01.indd 16 20-02-12 10:20emplois auprès de clientèles locales spontanément pour décrire leur réa- oublier la nécessité de disposer d’une
plus diversifiées, soutenir les efforts de lité d’« employeur agricole », ceux-ci bonne productivité pour absorber tous
valorisation des métiers, d’attraction, s’avèrent lourds de sens : insécurité, les coûts afférents.
de fidélisation et offrir des conditions stress, jonglerie, complexité.
de travail compétitives et des environ- Ils sont reconnaissants des pro- À L’ÉCOUTE DES
nements de travail attrayants. grammes gouvernementaux qui favo- TRAVAILLEURS LOCAUX
L’attraction de travailleurs locaux, risent la disponibilité des TET, et ils ET DES TET
l’immigration de candidats étrangers apprécient le travail de cette main- Le sondage en ligne réalisé auprès
et le développement des TET qui d’œuvre. Du même coup, ils sont de 117 travailleurs locaux présente ce
souhaiteraient évoluer vers des postes conscients que ce n’est pas sans défi portrait : passionnés, appréciation des
spécialisés font partie des solutions. d’adaptation d’accueillir et d’accom- tâches à réaliser et envie de continuer
pagner autant de nouveaux employés à pratiquer le métier. Ils se disent
LES EMPLOYEURS NOMMENT en si peu de temps. Cela génère des satisfaits de leurs conditions de tra-
LEUR DÉFI : UN NIVEAU exigences significatives en matière de vail. Ils souhaitent se perfectionner
DE GESTION ACCRU gestion : langue, logement adéquat, davantage et se sentir impliqués.
On a demandé aux producteurs équité, santé et sécurité, délais de trai- Ce sont 194 TET qui ont accepté
les mots qui leur viennent en tête tement, formation et intégration, sans de répondre au questionnaire d’AGRI-
MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 17
PLQP_2020-03-01.indd 17 20-02-12 10:20MA I N - D ’Œ UV R E
TABLEAU 1 : LE MARCHÉ DU TRAVAIL ET L’EMPLOI L’IMPORTANCE
DU DÉVELOPPEMENT
PROFIL DE LA MAIN-D’ŒUVRE AGRICOLE* DES COMPÉTENCES
Afin d’être compétitif, la présence
Total de la main-d’œuvre agricole au Québec : 70 515
de personnes engagées et compé-
tentes est incontournable. Pour y
Main-d’œuvre Exploitants parvenir, les programmes de formation
sont indispensables. À cet égard, l’at-
trait pour les programmes de forma-
TET :
29 000 fermes tion professionnelle est variable : ceux
13 415 X 1,45 exploitants menant aux métiers en production hor-
POSTES
VACANTS : par ferme ticole et maraîchère biologique sont
2 681 en forte croissance, ceux en produc-
=
tion animale montrent une stabilité.
EMPLOYÉS 1/3 TEMPS 42 000 exploitants Au niveau collégial, on observe une
LOCAUX : PLEIN relance significative des inscriptions
67 108 aux programmes Technologie de la
production horticole agroenvironne-
mentale et Gestion et technologies
d’entreprise agricole, notamment à la
Plus du tiers des entreprises En 2018 : 1 200 entreprises faveur d’options récentes en produc-
embauchent de la main-d’œuvre. embauchent 15 400 tion biologique.
De celles-ci, une entreprise sur travailleurs étrangers En matière de formation continue,
quatre (1/4) embauche de 1 à temporaires (TET) du l’accès à distance, une variété accrue,
4 employés. Mexique et du Guatemala. l’admissibilité des TET ainsi que les
Maraichers : 54 % des programmes tels que FermEmploi
Les principaux employeurs
embauches de TET. et AGRIfrancisation sont de bonnes
se trouvent dans les secteurs
avenues à poursuivre.
horticoles (maraicher, fruitier,
Les solutions relevant de la forma-
serricole) et d’élevage (laitier,
tion et du développement des com-
porcin, avicole).
pétences sont centrales tant pour
Conditions de travail : en appuyer l’intégration et la transition
progression lente depuis les des TET vers des postes qualifiés que
dernières années concernant Salaire moyen des
pour intéresser des candidats locaux à
la rémunération, les horaires employés du secteur :
occuper des emplois plus spécialisés.
de travail, les primes et les 17,91 $/h
avantages sociaux. LES PROCHAINS DÉFIS
Le secteur agricole a répondu au
* Données 2017 défi de la rareté de main-d’œuvre en
s’ouvrant rapidement aux TET et aux
travailleurs locaux détenant moins
carrières lors d’activités sociales dans DEUX APPROCHES d’expérience. Au point de vue quanti-
six régions du Québec. Les résultats POUR LA GRH tatif, l’arrivée des milliers de TET en sol
révèlent qu’ils sont fiers et globale- L’étude relève que les TET et les québécois doit être interprété comme
ment satisfaits de leur emploi et de travailleurs locaux présentent « des défis un succès. Toutefois, les prochaines
leurs conditions de travail. Une très distincts en matière de recrutement, de années devront viser un succès quali-
grande proportion veut revenir au fidélisation, de formation et de condi- tatif d’intégration et de développement
Québec l’année prochaine. Ils sou- tions de travail ». L’attraction et la réten- de ces nouvelles ressources. Les défis
haitent se développer, notamment tion des TET passent par leur intégra- de relève, d’attraction et de fidélisation
apprendre le français et évoluer dans tion harmonieuse dans les entreprises, des travailleurs demeurent majeurs.
leurs tâches. Certaines préoccupations tandis que pour les travailleurs locaux, AGRIcarrières entend s’y consacrer
ont été exprimées : grande méconnais- c’est davantage par des conditions de en mobilisant ses ressources vers des
sance de leurs droits et des ressources travail collées au système de valeurs actions concrètes, en collaboration
existantes, rémunération insuffisante de la nouvelle génération (qualité de avec les employeurs, les associations
pour les tâches et les responsabilités vie et conciliation travail-famille). Il y de travailleurs, les associations des
confiées. a lieu d’y voir non pas des approches secteurs de production ainsi que les
contradictoires, mais une opportunité partenaires institutionnels.
de combiner les forces et les attentes de Le rapport complet est disponible
chacun, par une gestion personnalisée. sur www.agricarrieres.qc.ca. ■
18 MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
PLQP_2020-03-01.indd 18 20-02-12 10:20L A C TA N E T
Par GERVAIS BISSON, agronome, expert
en production laitière – robots de traite,
MARIO SÉGUIN, agronome, expert en
production laitière – contrôle laitier et
données, et JULIE BAILLARGEON,
Viser l’efficacité agronome, experte en transfert du savoir,
Lactanet
en traite robotisée FERME JAUNE : 1,33 kg de lait
pour améliorer par minute dans le robot X
1181 minutes = 1 571 kg de lait
la rentabilité FERME VERTE : 2,07 kg de lait
par minute dans le robot X
1181 minutes = 2 445 kg de lait
Ainsi, les deux troupeaux produisent
en moyenne 10 000 kg par vache par
année et occupent les robots à temps
plein. Par contre, la ferme verte peut
Pour la majorité des fermes, augmenter la production produire 874 kg de lait supplémentaire
par vache améliore la rentabilité. Pour les fermes en traite par robot. Avec une marge alimentaire
moyenne de 0,503 4 $/kg de lait, cela
robotisée, en plus d’augmenter le nombre de vaches équivaut à 440 $/jour ou 160 600 $/année
de bénéfice net pour l’entreprise1. Voilà
par robot, il est nécessaire d’ajouter la notion d’efficacité un bel exemple de l’impact de l’effica-
de la traite dans le robot. C’est un peu comme améliorer cité en traite robotisée.
la productivité à l’intérieur des murs (ou des barrières!). QUATRE NOUVEAUX
PARAMÈTRES POUR VISER
Lactanet offre maintenant un nouveau rapport interactif L’EFFICACITÉ
pour faciliter le suivi et l’atteinte d’une meilleure efficacité Mesurer et suivre l’efficacité de
la traite est un des éléments prin-
en traite robotisée. cipaux du nouveau rapport inte-
ractif de Lactanet, intitulé Robot de
MÊME PRODUCTION, ROBOT
AU MAXIMUM DE SA CAPACITÉ,
GRAPHIQUE 1. VARIATION DE LA MOYENNE DE PRODUCTION DE LAIT
MAIS L’EFFICACITÉ?
SUR 12 MOIS PAR RAPPORT À L’EFFICACITÉ MESURÉE EN KG DE LAIT
L’efficacité en robot de traite se
PAR MINUTE DANS LE ROBOT*
mesure en kilo de lait par minute
occupée par une vache dans le robot.
On pourrait croire que plus la produc- 15 000
tion annuelle en lait du troupeau aug-
14 000
mente, plus les vaches sont efficaces.
Moyenne de lait 12 mois
Or, comme les données le démontrent 13 000
dans le graphique 1, ce n’est pas 12 000
nécessairement vrai. En fait, la corré-
11 000
lation entre la moyenne sur 12 mois
et les kg de lait par minute dans le 10 000
robot n’est que de 26,6 %, ce qui est 9 000
assez faible. R2 = 0,26562
8 000
Un robot à pleine capacité, soit
à 10 % de temps libre, dispose de 7 000
1 181 minutes par jour pour traire des 1,00 1,20 1,40 1,60 1,80 2,00 2,20 2,40 2,60 2,80
kg de lait par minute dans le robot
vaches. Sur la ligne de la moyenne
de lait sur 12 mois à 10 000 kg, deux
fermes différentes sont identifiées en *Données de 222 troupeaux holsteins en traite robotisée, Lactanet, décembre 2019.
jaune et en vert :
MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 19
PLQP_2020-03-01.indd 19 20-02-12 10:20L A C TA N E T
traite : production et efficacité. En com-
binant le temps libre avec un facteur
fixe pour évaluer les périodes de lavage,
4 La production maximum de gras
par robot permise (en kg) quand il
sera à pleine capacité.
refus et autres périodes pour lesquelles
le robot n’est pas disponible pour des QUELLE EST LA PRODUCTION
traites, le temps de traite est évalué à MAXIMUM À VISER POUR
U
chaque contrôle laitier. Par des calculs, CHAQUE ROBOT?
cette méthode permet d’obtenir des Les quatre indicateurs clés pré- n bénéf ice net
valeurs comparables entre les différents
fabricants de robot de traite :
sentés à la première colonne du
tableau 1 sont calculés pour le jour du
de 160 000 $ par
an peut démarquer un
1 Le temps moyen de traite mesuré
en minutes;
test et la moyenne mobile sur 12 mois.
La production maximale permise (lait
troupeau eff icace vs
2 L’efficacité de la traite mesurée en
kg de lait par minute dans le robot.
max. estimé/robot) est calculée avec
l’hypothèse de 10 % de temps libre.
Ce calcul de la production maximale
non eff icace à la traite
Des projections sont également pré- permet d’utiliser la valeur actuelle robotisée.
sentées à partir des résultats actuels : d’efficacité et de se projeter dans le
3 La production maximum de lait par
robot permise (en kg) quand il sera
à pleine capacité;
futur. Comme l’amélioration de l’effi-
cacité est un processus d’amélioration
continue, cela permet de commencer
le travail tout de suite, si la projection
TABLEAU 1 : VALEURS CALCULÉES POUR MESURER L’EFFICACITÉ EN TRAITE de la valeur maximale ne comble pas
ROBOTISÉE déjà les attentes.
À l’aide de graphiques sur le rap-
INDICATEURS CLÉS RÉSULTATS 12 MOIS MOY. PROV. HAUT 20 % port (voir un exemple au graphique 2),
ROBOTS (7 JRS) ROBOT ROBOT
on peut également suivre la variation
Temps moyen/traite (min)* 7,34 7,30 7,00 7,00
de cette valeur maximale dans les
Efficacité (kg lait/min robot)* 1,92 1,87 1,74 1,92
douze derniers tests. Le calcul est
Lait max estimé/robot (kg)* 2 273 2 212 2 049 2 267
fait à partir de la moyenne mobile de
Gras max estimé/robot (kg)* 88,2 86,2 81,9 90,8
12 mois pour limiter l’effet des varia-
Valeur du lait/vache ($) 23,24 7 976 7 254 7 818
tions de contrôle en contrôle et pour
Valeur du lait/robot ($) 1 589,5 1 565,4 1 217,6 1 501,8
une meilleure approximation du futur.
* Valeur calculée
20 MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
PLQP_2020-03-01.indd 20 20-02-12 10:21GRAPHIQUE 2. ESTIMATION DU LAIT MAXIMUM POUVANT ÊTRE PRODUIT À ce stade, il y a moins de lait dans le
PAR ROBOT AU COURS DES 12 DERNIERS TESTS pis et les trayons sont plus rapprochés.
Cela complique l’installation des gobe-
Lait max estimé/robot (kg) 12 mois, troupeau holstein
lets trayeurs et augmente les échecs
2 240
de traites. Il est donc recommandé de
tarir les vaches dont la production est
2 230 de moins de 15 kg de lait/jour.
Quels sont les facteurs qui
influencent l’efficacité au robot dans
2 220 votre entreprise? Pour vous accompa-
gner dans votre plan d’amélioration
de l’efficacité au robot ou pour tout
2 210 autre objectif, faites appel à l’un des
conseillers Lactanet spécialisés en
2 200
traite robotisée. ■
018 2018 2018 2018 2018 2018 2018 2018 2019 2019 2019 2019
I2 N JUL OU SEP CT OV ÉC AN ÉV AR VR 1874 kg/jour x 0,5034 $/kg pour la race
MA JU A O N D J F M A holstein, selon la carte de régie Lactanet 2020.
QU’EST-CE QUI INFLUENCE
L’EFFICACITÉ EN TRAITE
ROBOTISÉE? NOUVEAU TYPE DE RAPPORT INTERACTIF
Outre la sélection des animaux
les plus performants pour améliorer
POUR CONSULTER VOS DONNÉES
l’efficacité en traite robotisée, certains Pour ce rapport, on délaisse la version traditionnelle en PDF pour
points de régie ont aussi une influence migrer vers un fichier de données à consultation dynamique. Deux
sur la quantité de lait recueilli par tableaux et huit graphiques se consultant par des clics permettent
minute dans le robot. de mieux évaluer l’efficacité de la traite de votre troupeau.
Les traites incomplètes
POUVOIR SE COMPARER AVEC LES MEILLEURES FERMES
Les traites incomplètes ou échecs
EN TRAITE ROBOTISÉE
de traites sont probablement ce qui
influence le plus l’efficacité. Quand les L’introduction du nouveau rapport interactif permet aussi
traites incomplètes sont à la hausse, le d’afficher ce qui était attendu depuis plusieurs mois, soit la
temps libre diminue, et donc l’efficacité moyenne provinciale selon la race principale pour les indicateurs
aussi. C’est probablement le premier clés liés aux robots de traite. Une colonne additionnelle donne la
facteur à contrôler. moyenne pour les fermes du groupe du meilleur 20 % classé selon
la production de gras par robot. Au tableau 2, on voit l’écran des
Le temps de préparation indicateurs clés robot de traite.
à la traite TABLEAU 2. ÉCRAN DES INDICATEURS CLÉS ROBOT
Le temps de traitement ou de
préparation à la traite (lavage des
trayons, pose des gobelets trayeurs,
etc.) compte dans le temps de traite.
Ce temps peut être influencé par le
robot (équipement défectueux, len-
tille de caméra sale, etc.) ou par la
vache (conformation inadéquate du
pis, mauvais tempérament, poils longs,
etc.). Les entretiens recommandés des
robots et le maintien de poils courts
sur la glande mammaire contribueront
à réduire le temps de préparation à
la traite.
Les vaches en fin de lactation
Les vaches en fin de lactation
peuvent être une source d’inefficacité.
MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 21
PLQP_2020-03-01.indd 21 20-02-12 11:50R E P O R TA G E À L A F E R M E
Par YVON GENDREAU, journaliste, PLQ
REPORTAGE À LA FERME OUTAOUAIS
Poursuivre
la passion
au féminin
Pour la première fois en cinq
générations, c’est une femme,
Annie Chartrand, qui assure
la relève de la Ferme Outaouais
de Plaisance au Québec.
22 MARS 2020 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
PLQP_2020-03-01.indd 22 20-02-12 10:21Vous pouvez aussi lire
