Maladie de décompression dans l'aviation

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C U R R I C U LU M                              Forum Med Suisse No 15 10 avril 2002           343

    Maladie de décompression
    dans l’aviation
    C. Frigga, J. Stepanekb, A. Gmürc, J. Suterd, S. Huberd

                                         Introduction                                            bubbles from gases dissolved in body tissues.
                                                                                                 DCS follows dose-response characteristics at
                                         Dans l’aviation comme dans la plongée sous-             each involved tissue-site, the pathophysiolo-
                                         marine, les changements de pression jouent un           gical sequence that may or may not follow and
                                         rôle considérable. Dans le cas de la plongée, ces       finally result in clinical symptoms is subject to
                                         différences peuvent atteindre plusieurs atmo-           multiple moderating factors (humoral, tissue,
                                         sphères, contre en général moins d’une atmo-            individual susceptibility, operational and envi-
                                         sphère dans l’aviation. La dynamique et la sé-          ronmental factors.”
                                         vérité d’une maladie de décompression (en an-
                                         glais: decompression sickness, DCS) sont très
                                         différentes selon qu’il s’agit de plongée ou d’ex-      Pathophysiologie
                                         position à l’altitude, c’est-à-dire qu’il existe des
                                         cas relativement nombreux d’incidents de DCS            Le vol dans des avions sans pressurisation, le
                                         chez les plongeurs, très peu par contre chez les        séjour dans des chambres de pression négative,
                                         personnes se déplaçant en avion. Une autre dif-         travailler dans des tunnels sous pression ou pra-
                                         férence réside dans le fait que lorsque la pres-        tiquer la plongée sous-marine représentent des
                                         sion ambiante s’élève à moins d’une atmo-               conditions environnementales favorisantes. La
                                         sphère, les gaz métaboliques (O2, CO2, et vapeur        combinaison entre plongée sous-marine et vol
                                         d’eau) représentent une proportion plus impor-          consécutif peut également conduire au tableau
                                         tante dans les bulles gazeuses engendrées par           clinique d’une maladie de décompression. Ce ta-
                                         la DCS que lors de plongée sous-marine [1].             bleau clinique a été décrit pour la première fois
                                         Nous ne souhaitons pas décrire plus en détail           par les médecins français B. Pol et T. J .J. Watelle
                                         ci-après les effets des modifications de volumes        à l’occasion de travaux effectués en caisson. Les
                                         gazeux par changement de la pression baro-              avions de transport modernes se déplacent en
                                         métrique ambiante sur les cavités corporelles           général au cours de leurs vols commerciaux à
                                         remplies d’air, telles que par exemple l’oreille        une altitude située entre 9 et 14 km. Ils sont tous
                                         moyenne, les sinus frontaux et maxillaires, le          équipés de cabines pressurisées (équivalent al-
                                         tractus gastrointestinal etc., et qui, selon les cir-   titude environ 2500 m), qui apportent aux pas-
                                         constances, peuvent provoquer un traumatisme            sagers une protection contre le manque d’oxy-
                                         barométrique. Nous préférons nous concentrer            gène et contre une pression négative.
                                         sur la maladie de décompression, dont la phy-           Il existe d’autre part de petits avions de sport
                                         siologie pathologique et la pathogenèse ne sont         performants, la plupart du temps sans cabines
                                         pas encore complètement élucidées en ce qui             pressurisées, qui peuvent atteindre sans pro-
                                         concerne nombre de ses aspects. La maladie de           blème des altitudes maximales de jusqu’à 8000
                                         décompression comprend les tableaux cli-                mètres et plus.
                                         niques qui sont engendrés par la formation de           La pression atmosphérique à une altitude de
a
    Medizinische Klinik,                 bulles d’azote. Ce problème apparaît lors de di-        5500 mètres s’élève encore à la moitié de la pres-
    Kantonsspital, Zug                   minutions partielles rapides de la pression de          sion atmosphérique au niveau de la mer; à 10 000
b
    Section of Aerospace Medicine,       l’azote, dues à des diminutions rapides de la           mètres, elle s’élève encore à un quart de celle-ci.
    Division of Preventive and           pression ambiante. Nous nous concentrerons              La composition en pourcentages des différents
    Occupational Medicine, Mayo
                                         dans ce qui suit sur la physiologie pathologique        gaz atmosphériques demeure par contre
    Clinic Rochester, 200 First Street
    SW, USA-Rochester MN
                                         de la maladie de décompression, en explique-            constante à ces altitudes conformément à la loi
c
    HNO-Klinik, Rätisches Kantons-       rons les symptômes cliniques, le diagnostic et le       de Dalton sur les gaz. Ainsi, la teneur en azote
    und Regionalspital, Chur             traitement et parlerons des mesures de pro-             s’élève à 78% de l’air extérieur, indépendamment
d
    Fliegerärztliches Institut der       phylaxie de la maladie de décompression.                du niveau de la mer. L’azote (N2) fait partie des
    Schweizer Luftwaffe, Dübendorf                                                               gaz inertes, c’est-à-dire qu’il ne forme pas de liai-
                                                                                                 sons chimiques avec des composants cellulaires.
    Correspondance:
    Dr Christoph Frigg
                                         Définition                                              Le corps humain est normalement saturé avec de
    Medizinische Klinik
                                                                                                 l’azote dilué. La teneur en azote dans les tissus
    Kantonsspital Zug                    “Decompression sickness (DCS) is a clinical             adipeux est environ cinq fois plus élevée que dans
    Artherstrasse 27                     syndrome following a reduction in ambient               le sang. Le principe physique de la formation de
    CH-6300 Zug                          pressures sufficient to cause formation of              bulles de gaz par diminution de la pression at-
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mosphérique ambiante est basée sur la loi sur les        de la pression atmosphérique est bien tolérée,
gaz de Henry. Cette loi énonce que les pourcen-          dans la mesure où l’azote dilué dans les tissus
tages de gaz dilués dans un liquide ou dans un           corporels peut être éliminé par respiration et
tissu qui sont en contact l’un avec l’autre sont pro-    n’est ainsi, en règle générale, plus à même de
portionnels aux pressions partielles de ces gaz.         provoquer une DCS.
S’il se produit une rapide diminution de la pres-        Le plongeur court un risque lors de la remontée
sion atmosphérique ambiante, les tissus corpo-           à la surface, alors que l’aviateur, au contraire,
rels sont principalement sursaturés en azote             se «thérapise» lors du retour sur la terre ferme.
inerte. La pression partielle augmentée de
l’azote des tissus conduit à une diffusion de N2         Symptômes cliniques
superflu dans le sang, qui parvient dans la cir-         Dans la maladie de décompression, l’azote se ma-
culation pulmonaire et est partiellement éliminé         nifeste d’une part par des effets mécaniques et
par la respiration. Si l’azote dilué dépasse le          d’autre part par ses effets secondaires, qui condui-
seuil de solubilité, la saturation critique, la pos-     sent, par activation de l’endothélium, de leuco-
sibilité existe d’une formation de bulles de gaz.        cytes et de thrombocytes, à la libération d’un
Il faut se représenter visuellement ce phéno-            grand nombre de médiateurs vasoactifs qui peu-
mène de manière comparable à ce que l’on ob-             vent conduire à leur tour à une vasoconstriction.
serve dans une bouteille d’eau minérale conte-           Les symptômes d’une maladie de décompression
nant peu de bulles d’air avant son ouverture,            peuvent être répartis en deux catégories selon
parce que les pressions partielles au dessus et          Golding (1960). La DCS de type I: douleurs dans
au dessous de la surface de l’eau sont égales, et        les membres (douleurs articulaires, «pain-only
dans laquelle se forment de nombreuses bulles            bends») et/ou manifestations cutanées. Les bulles
de gaz après ouverture de la bouteille, parce que        de gaz extravasales dans les capsules articulaires,
le fait de l’ouvrir a soudainement fait diminuer         les ligaments, les tendons, les aponévroses, les
la pression partielle dans la phase gazeuse. Ce          muscles et la peau sont considérées comme res-
risque est en particulier présent dans les tissus        ponsables de ces symptômes. Les troubles au ni-
corporels et dans le système veineux, moins ce-          veau des membres et des articulations concernent
pendant dans le système artériel, dans la me-            typiquement les extrémités supérieures. Les sites
sure où la pression hémostatique élevée em-              de prédilection pour les manifestations cutanées
pêche la formation de bulles gazeuses. La loi sur        (démangeaisons, «Itches») concernent le tronc. La
les gaz de Boyle-Mariotte énonce que le produit          DCS de type II: «chokes» (étouffements) et/ou
du volume (V) et de la pression (p) pour une tem-        troubles d’ordre neurologique (systèmes nerveux
pérature constante demeure constant (p × V =             central et périphérique) ainsi que céphalées et cer-
const.). Si la pression extérieure s’élève encore        vicalgies, jusqu’au collapsus neurocirculatoire et
à un quart de la valeur initiale, le volume d’une        aux accidents vasculairess cérébrales (tabl. 1).
bulle gazeuse de taille initialement insignifiante       On entend par «chokes» des douleurs thora-
augmente de quatre fois. Ces bulles gazeuses             ciques substernales, augmentant à l’inspira-
nouvellement engendrées sont rendues respon-             tion, qui sont souvent associées à une dyspnée
sables des symptômes de la DCS. Le facteur pa-           ainsi qu’à une toux persistante non productive.
thogénétique d’une DCS n’est pas la basse pres-          Une explication possible de ce phénomène sont
sion en elle-même, mais la baisse de pression            des bulles gazeuses intravasculaires, qui pro-
en un court laps de temps. Une diminution lente          voquent ces symptômes pulmonaires.

 Tableau 1. Symptômes de la maladie de décompression.

 Type I                                     Type II
 Douleurs dans les articulations (bends)    Troubles du système nerveux central (au niveau cérébral, spinal)
 Douleurs musculaires                       Troubles de la vue
 Manifestations cutanées («itches»)         Symptômes pulmonaires (chokes)

 Tableau 2. Localisations de chambres hyperbares en Suisse.

 L’alarme est à donner par l’intermédiaire de la Garde aérienne suisse de sauvetage (REGA): tél. 1414.
 – Hôpital universitaire de Bâle
 – CHUV Lausanne
 – Hôpital cantonal de Genève (service temporaire seulement)
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La pression sanguine est encore normale dans le        durée du séjour en altitude après une montée ra-
stade clinique précoce, mais peut cependant            pide est de moins de trente minutes, le risque
conduire dans une phase ultérieure à une hy-           d’une maladie de décompression est relative-
pertension artérielle pulmonaire au niveau de la       ment faible et s’élève à 10%. Après trente minutes
circulation pulmonaire. Cette augmentation de          supplémentaires, le risque augmente brutale-
la résistance dans l’irrigation pulmonaire em-         ment et s’élève après une heure déjà à 30% [9].
pêche au niveau des veines le remplissage de
l’oreillette gauche, ce qui pourrait expliquer une     Diagnostic et traitement
chute de la tension artérielle dans le cas de la       Le traitement adéquat d’une DCS de type I se
DCS de type II. Des embolies cérébrales gazeuses       compose de l’administration de 100% d’oxy-
dans les centres de régulation de l’irrigation san-    gène et d’une économie de l’activité corporelle
guine peuvent également conduire à des troubles        jusqu’à la disparition des symptômes. Si les
importants de la pression artérielle. La question      symptômes persistent pendant plus de deux
de savoir si, chez les personnes sans shunt pa-        heures, on induit un traitement analogue à celui
thologique droite-gauche, des bulles gazeuses          d’une DCS de type II. Dans le cas de la maladie
isolées franchissent les capillaires pulmonaires       de décompression de type II, il faut administrer
et peuvent ainsi conduire à des manifestations         également 100% d’oxygène, si possible à l’aide
centrales, ou si des bulles gazeuses peuvent           d’un masque appliqué de manière parfaitement
éventuellement se former sur place à cause de la       étanche. Il faut en outre envisager une recom-
teneur élevée en lipides des structures céré-          pression du patient, c’est-à-dire que celui-ci
brales, demeure non éclaircie pour l’instant. Les      doit être transféré en temps utile dans une
cas sévères de DCS, qui peuvent conduire à la          chambre hyperbare. L’organisation des bulles
mort, sont rares lors d’exposition à l’altitude        gazeuses peut si possible être ralentie par sub-
dans l’aviation. Le dernier cas avec consé-            stitution volumique. L’utilisation de corticosté-
quences létales en vol a été décrit par Neubauer       roïdes et d’inhibiteurs de l’aggrégation throm-
[2] en 1988, et suivait la publication d’un cas pré-   bocytaire est controversée. Sous conditions et
cédent survenu en 1959 [3]. Les accidents de           selon le degré de sévérité des symptômes d’une
plongée sous-marine avec conséquences létales          DCS, des mesures de médecine intensives telles
sont par contre beaucoup plus fréquents.               qu’intubation ou mesures de soutien de la cir-
L’apparition de symptômes de la maladie de dé-         culation sanguine peuvent être nécessaires.
compression présente une grande diversité              Plus longtemps le début du traitement est dif-
selon les individus, en plus des facteurs phy-         féré, plus le pronostic est mauvais. Si le patient
siques. Selon les indications de la littérature,       doit être transporté par hélicoptère dans l’hô-
une DCS peut se manifester déjà aux alentours          pital le plus proche équipé d’une cabine de sur-
de 18 000 pieds (5486 m) dans des conditions           pression, l’hélicoptère doit voler aussi près du
définies. Une DCS apparaît rarement chez les           sol que possible, afin d’éviter de provoquer une
pilotes en dessous de 20 000 pieds (6096 m) [4,        aggravation de la symptomatologie. Un patient
5]. L’incidence de la maladie de décompression         stable peut tout à fait et doit être transporté par
s’élève à environ 105 cas pour 10 000 per-             des moyens de transport au sol dans le centre
sonnes exposées à l’altitude en exposition en          le plus proche équipé des moyens de traitement
chambres de pression négative (7622 m, 25 000          hyperbare, afin d’éviter une aggravation des
ft) [2]. Conformément aux indications de l’US          symptômes cliniques par expansion gazeuse.
Air Force, l’incidence en vol («in flight») s’est      A la date d’aujourd’hui, il n’existe pas encore
élevée dans les années 1980 à 1990 à environ           de procédé standard établi qui soit en mesure
0,2 à 0,3 pour 10 000 heures de vol. Les symp-         de prouver le diagnostic de présomption d’une
tômes peuvent également apparaître seulement           maladie de décompression. Il est occasionnel-
après le retour à l’altitude du sol, avec une cer-     lement possible de déceler de manière très pré-
taine latence qui peut s’élever à environ deux         coce, à l’aide de l’échocardiographie, la pré-
heures [6]. Certaines présomptions vont dans le        sence de bulles gazeuses dans les cavités car-
sens que les bulles gazeuses nécessitent un cer-       diaques. Un examen négatif ne plaide cepen-
tain laps de temps pour s’organiser et qu’elles        dant pas contre une DCS. En présence d’une ré-
peuvent conduire à des dépôts de fibrine réac-         ponse positive au traitement hyperbare, on peut
tive. Les symptômes cliniques peuvent, pour            considérer que le diagnostic posé est correct.
cette raison, apparaître avec un certain retard.       D’autres diagnostics différentiels internistes
Les facteurs prédisposant à un incident de pres-       doivent cependant être exclus auparavant.
sion négative sont l’altitude atteinte, une activité   Ainsi par exemple, l’angor d’une angine de poi-
corporelle pendant l’exposition à une pression         trine peut facilement être confondu avec des
négative, voler pendant les 24 heures consécu-         chokes. L’irradiation dans le bras gauche pour-
tives à des plongées sous-marines, l’âge (plus de      rait être due à des «bends». Les symptômes
42 ans), un grand froid (température inférieure à      d’un pneumothorax ressemblent également à
moins 23,3 °C), une déshydratation, de l’adipo-        des chokes, une différenciation peut en l’occur-
sité et un séjour prolongé en altitude [7, 8]. Si la   rence être obtenue dans de nombreux cas à
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                                l’aide d’une radiographie du thorax. Une hy-          dans les tissus corporels, par la création d’un
                                poxie, telle qu’elle apparaît à de très hautes al-    gradient artificiel de l’élimination de l’azote.
                                titudes (occasionnellement en relation avec une       Une méthode un peu moins efficace consiste en
                                DCS), peut se manifester au niveau du système         une élimination de l’azote grâce à une montée
                                nerveux central. Ces symptômes disparaissent          lente ainsi que par une courte durée de séjour
                                typiquement en l’espace de quelques secondes          en haute altitude. Si, malgré toutes les mesures
                                lors d’administration d’oxygène, les symptômes        de prévention, des symptômes d’une maladie
                                de DCS, par contre, ne disparaissent pas.             de décompression devaient apparaître pendant
                                En présence d’un diagnostic de présomption de         le vol, le pilote doit induire un vol plongeant,
                                DCS, le médecin traitant devrait prendre              afin d’induire ainsi son «traitement de recom-
                                contact le plus rapidement possible avec un           pression». Les symptômes principaux et les
                                centre de traitement hyperbare par l’intermé-         douleurs articulaires sont des symptômes qui
                                diaire de la Garde aérienne suisse de sauvetage       peuvent être relativement rapidement réver-
                                (REGA). La prise de contact précoce peut aider        sibles, et qui disparaissent de nouveau, en règle
                                sous conditions à éviter des erreurs grossières       générale déjà en dessous de 5500 mètres
                                (transport aérien, traitement etc.) (tabl. 2).        (18 000 pieds).
                                Un examen neurologique répété des patients
                                souffrant de DCS revêt une grande importance,
                                dans la mesure où l’on peut souvent constater         Conclusion
                                des manifestations de troubles neurologiques
                                de faible gravité, dont l’observation sérielle        On utilise aujourd’hui dans l’aviation sportive
                                permet d’obtenir des indications précieuses sur       des avions performants dont la grande majorité
                                la qualité de la réponse à un traitement hyper-       n’ont pas de cabine pressurisée. Le pilote peu
                                bare et exige, sous conditions, une re-classifi-      formé à la détection de l’apparition des symp-
                                cation du patient du type I en type II.               tômes d’une maladie de décompression et à ses
                                                                                      dangers n’accorde généralement aucune atten-
                                Prophylaxie                                           tion aux symptômes apparaissant pour cette
                                Il est possible de prévenir la maladie de dé-         raison et ne les conçoit pas en relation avec le
                                compression induite par l’altitude à l’aide de        vol en haute altitude. Les symptômes articu-
                                différentes mesures. Une cabine de pressurisa-        laires sont souvent interprétés de manière er-
                                tion apporte une bonne protection. Dans de            ronée comme symptômes d’une genèse diffé-
                                telles cabines de pressurisation, il peut arriver     rente. Les complications d’une DCS avec mani-
                                dans de rares cas, par ex. lors de collision avec     festations neurologiques sont relativement
                                un oiseau, que se produise des chutes acciden-        rares, peuvent cependant entraîner des consé-
                                telles de pression. Des combinaisons pressuri-        quences sévères pouvant aller jusqu’à la mort.
                                sées apportent également une bonne protec-            Les pilotes en cours de formation devraient être
                                tion, sont cependant associées à des restric-         sensibilisés pour cette raison aux dangers
                                tions pour les utilisateurs, telles que restriction   d’une maladie de décompression et être rendus
                                de la liberté de mouvement ou diminution du           attentifs à de possibles mesures de prévention.
                                champ visuel. La respiration préventive d’oxy-        Dans le cas d’une apparition de symptômes in-
                                gène pur avant une ascension en altitude per-         duisant la présomption d’une DCS, la personne
                                met de réduire la pression partielle de l’azote       affectée doit consulter un médecin sans at-
                                                                                      tendre. Conformément aux prescriptions inter-
                                                                                      nationales, le pilote est dans l’obligation d’an-
                                                                                      noncer sans délai de tels événements. L’inter-
Quintessence                                                                          niste qui connaît la maladie de décompression
                                                                                      plutôt sous l’angle d’un problème du sport de
 Chez les pilotes, la maladie de décompression (DCS) intervient avec une             plongée sous-marine doit, dans le cas de pilotes
  très grande probabilité plus souvent qu’elle n’est effectivement diagnos-           présentant les symptômes ou des symptômes
  tiquée, dans la mesure où les symptômes sont souvent interprétés de                 résiduels d’une DCS, essayer d’exclure le dia-
  manière erronée par la personne affectée.                                           gnostic de la maladie de décompression par des
                                                                                      questions ciblées concernant l’anamnèse et un
 Ne pas entreprendre de vols pendant les douze heures qui suivent une
                                                                                      examen neurologique détaillé. Une prise de
  exposition à une pression atmosphérique de jusqu’à 2 bar (environ
                                                                                      contact précoce avec un centre de traitement de
  10 mètres de profondeur d’eau), resp. pendant 24 heures après une
                                                                                      recompression hyperbare est indiqué en cas
  exposition à plus de 2 bars.
                                                                                      d’établissement du diagnostic. Même des
 Le traitement consiste en l’administration de 100% d’oxygène, en une                symptômes résiduels consécutifs à une DCS et
  recompression dans une chambre de pression (en règle générale à                     détectés tardivement peuvent encore être sou-
  2,8 bars, équivalente à une profondeur d’eau de 18 mètres) aussi rapide-            mis à un traitement de recompression hyper-
  ment que possible ainsi que dans le traitement d’éventuelles complications          bare et être fortement améliorés cliniquement.
  corollaires.
C U R R I C U LU M                                    Forum Med Suisse No 15 10 avril 2002               347

Références
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