Marius Petipa 200 ans - n 275 la revue internationale de la DANSE - BALLET2000
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4,90 € (France et autres pays Euro) • UK 5,00 £ • Switzerland 8,00 CHF • USA 8,00 $ • Canada 7,00 $; TOM 650 CFP) Olga Smirnova 200 ans Ballet du Bolchoï Marius Petipa 1 n° 275 • la revue internationale de la DANSE FRANCE
Directeur - rédacteur en chef Petipa de nos jours: sur la couverture Alfio Agostini de cette édition de BALLET2000, Olga Smirnova, du Bolchoï de Moscou, dans Collaborateurs “La Bayadère”, c. Youri Grigorovitch Erik Aschengreen la revue internationale de la danse d’après Marius Petipa Leonetta Bentivoglio édition FRANCE (ph. Damir Yousoupov) Donatella Bertozzi Valeria Crippa Clement Crisp Gerald Dowler Elisa Guzzo Vaccarino Marc Haegeman Anna Kisselgoff Dieudonné Korolakina Kevin Ng Jean Pierre Pastori Martine Planells Olga Rozanova Roger Salas Sonia Schoonejans René Sirvin Lilo Weber Rédacteur principal Cristiano Merlo Traductions Simonetta Allder Cristiano Merlo 6 Echos – nouvelles du monde de la danse Services d’édition, graphique, web Luca Ruzza 22 La couverture : Publicité Marius Petipa, d’hier à aujourd’hui pub@ballet2000.com Chargée de communication et publicité pour la France 34 Biennale de Venise: la danse comme Anne-Marie Fourcade 06.99.55.96.52 amfourcade@ballet2000.com laboratoire de théâtre Abonnements service@ballet2000.com 28 En scène – critiques : Martha Graham Dance Company: “Cave of the Heart” Saburo Teshigawara n° 275 - X. 2018 Martha Graham Dance Company Nederlands Dans Theater I Göteborg Operans Danskompany & Eastman Cie Rosas A. T. De Keersmaeker Cie Maguy Marin Pontus Lidberg / Danish Dance Company Dimitris Papaioannou Leon and the Wolf Dance Company Aterballetto “The Great Tamer” de Dimitris Papaioannou Natalia Ossipova BALLET 2000 Ballet du Capitole de Toulouse B.P. 1283 – 06005 Nice cedex 01 – F Ballet de l’Opéra de Paris tél. (+33) 09.82.29.82.84 Éditions Ballet 2000 Sarl – France 51 Multimédia : TV, Web, Dvd, Cinéma... ISSN 2493-3856 Commission Paritaire P.A.P. 0723K91919 Distribution : Messageries Lyonnaises de Presse, 76 rue de Reuilly, 75012 Paris 54 Adieux : Paul Taylor Imprimé en France/Printed in France by Imprimerie Trulli - 06140 Vence 55 Programmes TV www.ballet2000.com e-mail: info@ballet2000.com 56 Calendrier international Natalia Ossipova: “Pure Dance” 5
NEWS • ECHOS • BREVI ECHOS ECHOS• •BREVES NEWS •• ECHOS ECHOS • BREVI ECHOS ••BREVI ECHOS• •BREVES ECHOS • NEWS ECHOS• ECHOS • ECHOS• BREVI • BREVES • ECHOS • ECHOS• ECHOS • ECHOS Compagnies Twyla Tharp et des créations à Nancy Cette saison, le Ballet de Lorraine à l’Opéra de Nancy présente trois programmes, entre novembre 2018 et mars 2019, qui mettent en avant la création (on en prévoit quatre) mais aussi sur des pièces importantes de son répertoire (à noter trois pièces de Twyla Tharp, The Fugue, Nine Sinatra Songs et In The Upper Room, l’une des pièces les plus complexes et célèbres de la chorégraphe américaine post-modern). À signaler aussi l’entrée au répertoire d’un trio du chorégraphe japonais Saburo Teshigawara, alors que les créations ont été confiées à trois auteurs connus du panorama français actuel, Thomas Hauert de la compagnie Illico, Rachid Ouramdane et Olivia Grandville, outre Marcos Morau, directeur de la compagnie catalane La Veronal. Ce dernier est l’auteur d’une forme de danse- théâtre très personnelle qui commence à se faire connaître en dehors d’Espagne par des collaborations importantes (voir sa Carmen qui a débuté en septembre au Ballet Royal Danois). Ballet de Lorraine: “Murmuration”, c. Rachid Ouramdane (ph. L. Philippe) La Pologne de Chopin La France de Cunningham rares troupes européennes (Rambert et le Bal- En novembre de cette année, la Pologne fête le Il n’y a pas beaucoup d’occasion aujourd’hui let Royal des Flandres), c’est surtout en France centenaire de son indépendance qui a eu lieu à la de voir les pièces de Merce Cunningham (à no- que l’on représente les pièces de Cunningham fin de la Première Guerre Mondiale avec le dé- ter que l’année prochaine on fête les cent ans de actuellement. Au répertoire du Centre Choré- mantèlement des empires de la vieille Europe. Pour sa naissance). Après la mort du chorégraphe en graphique National de la Danse d’Angers l’occasion, le Ballet National Polonais présente 2009, sa compagnie a été dissoute. Aujourd’hui (aujourd’hui dirigée par un ancien au Teatro Wielki (Grand Théâtre) de Varsovie une l’œuvre du chorégraphe américain est confiée cunninghamien, Robert Swinston), de l’Opéra soirée avec deux créations confiées à deux au Merce Cunningham Trust qui peut accorder de Paris, du Ballet de Lorraine et de l’Opéra de chorégraphes de génération différente, ses pièces aux compagnies qui les demandent. Lyon, on en retrouve au total plus d’une di- respectivement à Liam Scarlett (33 ans, Hormis quelques compagnies américaines et des zaine. Et c’est en novembre que le Ballet de chorégraphe attitré du Royal Ballet de Londres), et à Krzysztof Pastor (62 ans), directeur de la compagnie polonaise et également du Ballet ÉDITO Alfio Agostini National de Lituanie de Vilnius. Ce n’est pas sans raison que ce soit Fryderyk Chopin dont on connaît Quelqu’un se demandera, peut-être, pourquoi on s’intéresse encore à un chorégraphe né il y l’inspiration nostalgique pour la patrie lointaine a deux cents ans. S’il posait la même question à propos de Mozart ou de Bizet, on le consi- qui ait été choisi comme compositeur de la soirée. dérerait comme un sot, tout à fait étranger au monde de la musique et de l’art en général. Les deux chorégraphes créent respectivement sur Mais la pensée sur la danse en est encore à un stade assez primitif et peut-être qu’il n’est son premier et deuxième Concerto pour piano. pas inutile d’expliquer – non pas aux lecteurs de BALLET2000 qui le savent bien, mais aux adulateurs de la contemporanéité – que les ballets qu’a créés Petipa, représentés dans le monde entier à l’occasion de cet anniversaire et aimés d’un public désormais planétaire, sont nos Le chorégraphe Krzysztof Pastor, directeur contemporains, idéalement et réellement; ils nous accompagnent, ils ont formé notre goût et du Ballet National de Pologne (ph. A. Fedisz) ont évolué avec celui-ci dans la pratique de l’interprétation, objet du travail quotidien des maîtres, des chorégraphes, des élèves et des danseurs. Leur poids sur l’histoire de la danse est tel que depuis des décennies ils obsèdent la mémoire et la fantaisie des auteurs contempo- rains qui créent leurs ‘remakes’ s’inspirant des sujets et de la musique de ces classiques pour en faire de nouvelles chorégraphies. Et encore plus récent est le phénomène des reprises ‘philologiques’, c’est-à-dire des tentatives de reconstitution des chorégraphies originelles de Petipa (passées à travers plus d’un siècle de reprises et adaptations en Russie et ailleurs). Ce numéro rend donc hommage à l’un des plus grands créateurs de danse de l’histoire avec quelques réflexions sur son œuvre et sur sa représentation à l’heure actuelle. Et encore, comme toujours, le panorama de l’actualité de la danse dans nos «Echos». Quoi de neuf à signaler? Je dirai les créations des «seniors», Kylián, Ek, Forsythe; et de Preljocaj, et de l’incontournable Wayne McGregor; et d’autres noms nouveaux dans le monde entier. Les deux Biennales de la danse, de Lyon et de Venise, ont montré sur scène les contamina- tions, qui désormais ne sont plus à considérer comme telles, entre théâtre et chorégraphie au sens propre du terme. Parmi les comptes rendus, à noter le retour à Paris de la compagnie de Martha Graham, le «Dompteur» de Dimitris Papaioannou, auteur à succès, à juste titre, et la «matière scénique» de Sidi Larbi Cherkaoui. 7
NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • ECHOS • l’Opéra de Lyon présente un programme com- posé de Summerspace et Exchange: le premier créé en 1958 montre les danseurs comme des «créatures volantes» dans un jour d’été, sur une musique de Morton Feldman qui évoque des sons de la nature (bulles de savon ou des ton- nerres menaçants au loin); la seconde pièce remonte à 1978 et se situe dans une ambiance urbaine: l’«échange» du titre fait allusion aux rapports entre les trois parties chorégraphi- ques qui composent la pièce, laquelle a recours, dans sa structure combinatoire, au principe du «hasard», cher à Cunningham. Marie-Antoinette revient à Versailles Marie-Antoinette est sans doute la reine de France qui a fait couler le plus d’encre. Tout d’abord décriée comme le symbole de la cor- ruption, de la frivolité et de l’indolence de la noblesse de l’Ancien Régime, puis presque érigée en martyre chrétienne suite à sa déca- pitation, durant la période la plus sanguinaire de la Révolution française. Elle a fait récemment l’objet d’une analyse historique Randy Castillo – Ballet de l’Opéra de Lyon: “Summerspace”, c. Merce Cunningham plus pondérée et moins factieuse. Toutefois, (ph. R. De La Cruz) l’histoire et la légende de l’archiduchesse de novembre prochain à Biarritz, puis en tournée L’affiche de la création la maison de Habsbourg-Lorraine devenue en France et arrivera en mars dans son cadre “Marie-Antoinette” de Thierry Malandain reine de France continue d’intriguer et de idéal, l’Opéra Royal du Château de Versailles, (ph. O. Houeix) fasciner le public actuel (on ne compte pas où Marie-Antoinette y a vécu dès l’âge de 15 les biographies et les films qu’on lui a ans comme dauphine et puis comme reine, jus- consacrés). À son tour, Thierry Malandain, qu’à sa mort tragique. Il est intéressant de rap- le chorégraphe directeur de la compagnie de peler ici que Marie-Antoinette eut un maître de Biarritz, s’inspire d’elle pour son prochain danse d’exception, le réformateur du ballet Jean- ballet. Marie-Antoinette sera présenté en Georges Noverre. Les Flandres au féminin Aujourd’hui dirigée par le chorégraphe belgo-marocain Sidi Larbi Cherkaoui, le Ballet Royal des Flandres, propose un programme au féminin, en décembre tout d’abord à Bru- ges puis à Gand (des villes belges où la compagnie fla- mande se produit fréquemment, même si elle est installée à Anvers). À noter tout d’abord une pièce de Jeanne Bra- bants, la chorégraphe disparue en 2014 qui a été la fonda- trice du Ballet Royal: Dialoog est un duo entre un homme Jeanne Brabants, et une femme qui entrent en contact en dépit de la dis- fondatrice du Ballet Royal tance. On affiche ensuite Trisha Brown, l’une des choré- des Flandres graphes emblématiques du post-modern américain le plus radical, peu présente dans les compagnies de ballet; Twelve Ton Rose est une œuvre de 1994 sur les Quatre pièces pour violon et piano d’Anton Webern. Le programme est complété par Furioso de Meryl Tankard, chorégraphe australienne de 63 ans: une pièce de danse-théâtre aérienne, où les interprètes dansent suspendus à des cordes, évoquant le mythe platonicien de l’androgyne sur l’origine de l’amour entre le masculin et le féminin. Deux danseurs du Ballet Royal des Flandres répètent “Dialoog” de Jeanne Brabants 8
NEWS • ECHOS • BREVI ECHOS ECHOS• •BREVES NEWS •• ECHOS ECHOS • BREVI ECHOS ••BREVI ECHOS• •BREVES ECHOS • NEWS ECHOS• ECHOS • ECHOS• BREVI • BREVES • ECHOS • ECHOS• ECHOS • ECHOS Jirí Kylián (ph. J. J. Bos) Mats Ek William Forsythe (ph. M. Zazzo) Les Septuagénaires reviennent Depuis le nouveau millénaire les chorégraphes en pointe du panorama international étaient incontestablement William Forsythe, Mats Ek et Jirí Kylián (tous les trois sont nés dans les années 40 – on ne compte pas ici John Neumeier, des trois l’aîné et qui n’appartient pas au monde de la danse contemporaine). Mais la nouvelle génération, celle de Ratmansky et de Wheeldon, comme les cadets, Justin Peck et Liam Scarlett, ne semble pas faire de l’ombre à ce triumvirat de septuagénaires encore sous les feux de la rampe. Forsythe a commencé en 2013 une collaboration avec l’Opéra de Paris qu’il a tout de suite interrompue à la démission de Benjamin Millepied alors directeur de la compagnie de ballet et en a entamé une autre avec le Boston Ballet, qui prévoit la reprise de certaines de ses pièces et des créations (la prochaine en mars 2019). Par ailleurs, le grand novateur du ballet de sa génération continue de créer pour plusieurs compagnies internationales (dernièrement pour l’English National Ballet) et à expérimenter dans des spectacles occasionnels: en octobre au Sadler’s Wells Theatre de Londres, il a présenté «A Quiet Evening of Dance», avec deux nouvelles pièces «de chambre» pour un groupe de ses fidèles danseurs. Mats Ek avait annoncé en 2016 ses adieux à la chorégraphie, pour ainsi dire, mais paradoxalement le Ballet de l’Opéra de Paris affiche deux créations du chorégraphe suédois l’été prochain (dont l’une sur le Boléro de Ravel). Sans oublier que Mats Ek continue de Riley Watts et Parvaneh Scharafali dans “Seventeen Twentyone” monter sur les planches dans ses pièces aux côtés de son épouse de William Forsythe (ph. B. Cooper) et muse Ana Laguna (63 ans). Pas de création en vue, en revanche, pour Jirí Kylián: théoriquement il aurait fait ses adieux à la chorégraphie (pour se consacrer à la photographie et à la réalisation vidéo) mais, dans des entretiens, sur ce sujet le chorégraphe tchèque s’est montré réservé et ambigu. De toutes façons, ses pièces continuent d’être représentées dans de nombreuses compagnies du monde et suscitent l’admiration presque unanime du public et de la presse (bien qu’une partie de la critique, britannique le plus souvent, se soit montrée perplexe sur sa célèbre musicalité et sur son goût humoristique). Le prochain hommage à Kylián est attendu à l’Opéra de Zurich. C’est là que, en janvier prochain, la compagnie suisse dansera des pièces créées dans les années1980-90, Sweet Dreams, Stepping Stones, et deux perles de son catalogue, Bella Figura et Sechs Tänze. Un programme Kylián, en avril 2019 à l’Opéra de Lyon, clôture ensuite trois saison de collaboration intensive entre le chorégraphe et la com- pagnie, avec la reprise, entre autres, de Wings of Wax et Gods and Dogs. De nouveaux Lacs classiques). On a confié le nouveau Lac à le sujet des origines et du déracinement où s’im- Le Lac des cygnes avec sa musique et son sym- Benjamin Pech (44 ans), ancien danseur de pose la composante multimédia. Le chorégra- bolisme magiques demeure l’un des ballets l’Opéra de Paris et aujourd’hui maître de ballet phe Emio Greco et le metteur en scène Peter les plus aimés du répertoire et ne cesse à l’Opéra de Rome; Aldo Buti est l’auteur des Scholten créent, eux aussi, leur Lac pour le d’inspirer les chorégraphes. Aux nouvelles décors et des costumes. Par contre, le Ballet de Marseille sous le titre Les Cygnes versions du Lac classique, basées sur la choré- panorama des «lacs» français des prochains et les autres. Il débute à Amsterdam en graphie signée par Marius Petipa et Lev mois s’annonce fort différent. Le Ballet du novembre pour terminer à Marseille en dé- Ivanov, s’ajoutent les vraies créations. En ce Rhin, la compagnie de l’Opéra du Rhin instal- cembre. Greco présente cette pièce comme un qui concerne les premières, une nouvelle lée à Colmar, Strasbourg et Mulhouse, en a hommage à Marius Petipa: les pièces du cho- production du Lac est à l’affiche à l’Opéra de commandé un à Rachid Ouramdane (entre régraphe italien puisent souvent dans la danse Rome entre décembre et janvier (la directrice janvier et février prochains). Le chorégraphe académique, même s’il la fusionne et la de la compagnie Eleonora Abbagnato est en franco-tunisien (47 ans) s’est fait connaître en réélabore en osmose avec sa veine créatrice et train de proposer de nouvelles versions des France dans les années 90 avec des pièces sur sa technique contemporaine. 9
NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • ECHOS • Baryshnikov danse! Cendres et camélias à l’Opéra Mikhail Baryshnikov (70 ans), Entre fin novembre et janvier, le Ballet de l’une des dernières grandes l’Opéra de Paris se partage comme chaque année vedettes du ballet, a quitté la entre deux titres et entre ses deux théâtres, le vraie danse depuis plusieurs Palais Garnier (l’ancien opéra de la fin du XIXe années déjà, mais il n’a jamais siècle) et le moderne Opéra Bastille. Pour les quitté la scène, où il continue fêtes de fin d’année, on a choisi deux spectacles de se produire dans des pour ainsi dire «rassurants» et, en un certain spectacles de théâtre sens, traditionnels. La déjà ancienne Cendrillon contemporain qui se de Rudolf Noureev sur la musique de Sergueï composent de mouvements, de Prokofiev, revient ainsi à l’Opéra. C’est l’un des mime et de parole. Cette année rares ballets originaux du grand danseur qui fut encore, il est apparu à Naples, aussi directeur de la danse de l’Opéra dans les à Florence et à Venise, dans années 80: ce ballet, qui transpose le conte de un «one-man show» où il Perrault dans le Hollywood des années 30, pour déclamait des vers du poète faire de Cendrillon une diva du cinéma, fut créé à russe, prix Nobel de littérature, l’époque pour une jeune Sylvie Guillem au début Joseph Brodsky (sous le titre de sa carrière; et Noureev garda pour lui le rôle Brodsky/Baryshnikov, le du producteur cinématographique sournois (qui spectacle a été créé à Riga et remplaçait la fée). Le succès du ballet, sur la à New York en 2016 et musique de Sergueï Prokofiev, est dû en partie présenté en tournée aussi à aux décors de Petrika Ionesco qui représentent Paris). Mais maintenant le des mythes du cinéma américain, comme King danseur «russe» (bien qu’en Kong ou les célèbres jambes de Betty Grable, réalité il soit né en Lettonie) reproduites en format géant. Parallèlement, on est à nouveau revenu à la danse. reprendra aussi La Dame aux camélias, le ballet Début octobre, dans son de John Neumeier créé à Stuttgart en 1978 où Baryshnikov Arts Center de Mikhail Baryshnikov dans “Fiver” de Justin Peck l’héroïne d’Alexandre Dumas fils fut incarnée New York, il a dansé une pièce par Marcia Haydée. Il s’agit du ballet aujourd’hui créée pour lui par le jeune chorégraphe américain Justin Peck, sur la Dance Suite de Leonard le plus représenté dans le monde du chorégraphe Bernstein. Sous le titre de Fiver, la pièce se compose de cinq courts mouvements consacrés américain. La longue série de représentations des chacun à un «grand de la danse»: George Balanchine, Agnes de Mille, Jerome Robbins, deux ballets affiche dans les distributions les Antony Tudor et Baryshnikov lui-même. nombreux danseurs-étoiles de la compagnie et des autres rangs. Ballet de l’Opéra de Paris: “Cendrillon”, c. Rudolf Noureev (ph. L. Philippe) 10
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NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • ECHOS • Sylvia et Coppélia, toujours vivantes, toujours françaises Comme on l’a annoncé dans le dernier numéro, Manuel Legris, directeur du Ballet de l’Opéra de Vienne jusqu’en 2020, semble vouloir laisser une trace française à la troupe. À partir de novembre (et jusqu’en janvier), au Staatsoper on affiche Sylvia dans une nouvelle production de Legris lui-même (basée sur l’ancien ballet de Louis Mérante de la fin du XIXe siècle, comme il a été transmis au cours des années par les maîtres et les interprètes de l’Opéra de Paris). En plus, au Volksoper (de janvier et jusqu’en mars) on peut voir Coppélia dans la version de Pierre Lacotte. À la différence des autres titres du passé que Lacotte a remontés – des réinventions à lui «à la manière de» – ce ballet est, d’un certain point de vue, authentique. En effet, la Coppélia d’Arthur Saint-Léon de 1870, à l’exception de la Danse des heures, a été longtemps dansée et reprise à l’Opéra au cours du XXe siècle; et Lacotte, grand connaisseur de la tradition de la maison parisienne, a pu s’appuyer sur les souvenirs personnels de Carlotta Zambelli, l’ultime grande ballerine italienne à l’Opéra de Paris qui fut une Swanilda très aimée. C’est donc une évidence que ce ballet garde les valeurs esthétiques d’élégance et de souplesse de l’ancienne école française. Cette Coppélia qu’à l’Opéra on a ensuite remplacée par d’autres versions modernes était restée au répertoire de l’école de danse (un DVD nous montre un tout jeune Mathieu Ganio dans le rôle de Franz). Il faut rappeler également que le Ballet de l’Opéra de Nice, sous la direction d’Éric Vu-An, a pris soin de remettre en scène l’ancien répertoire français négligé par l’Opéra de Paris. Ainsi la présence d’un ancien danseur-étoile de l’Opéra de Paris à Vienne semble faire de la capitale autrichienne un nouveau fief pour ces ballets anciens et précieux. Manuel Legris répète “Sylvia” avec les danseurs de l’Opéra de Vienne ment), et à la figure légendaire de Vaslav Fokine à l’origine). Les deux autres sont des Monte-Carlo et les Ballets Nijinsky, à l’origine interprète ou créateur des créations: le Suédois Johan Inger et le Belge Russes titres que l’on propose ici. L’Allemand Marco Jeroen Verbruggen récréent respectivement Quatre titres des Ballets Russes mais récréés Goecke reprend Le Spectre de la Rose qu’il créa L’Après-midi d’un Faune et Pétrouchka. La par des chorégraphes actuels. Ainsi les Ballets pour la compagnie monégasque à l’occasion soirée est à l’affiche de l’Opéra de Monte- de Monte-Carlo rendent-ils hommage à la cé- des cent ans des Ballets Russes en 2009 et le Carlo en décembre prochain. Et également en lèbre compagnie de Diaghilev, qui marqua l’un directeur Jean-Christophe Maillot reprend décembre a lieu une courte édition de l’habituel des moments les plus fervents de la créativité Daphnis et Chloé sur la musique de Maurice Monaco Dance Forum qui présente les com- chorégraphique du XXe siècle (et pas seule- Ravel qu’il avait créé en 2010 (un ballet de pagnies de quelques chorégraphes en pointe, de Hofesh Shechter à Dimitris Papaioannou (voir Calendrier). Les Ballets de Monte-Carlo: “Daphnis et Chloé”, c. Jean-Christophe Maillot (ph. M.-L. Briane) NYCB, de Balanchine à la génération Instagram La saison d’hiver que le New York City Ballet présente au David H. Koch Theater du Lincoln Center a lieu entre janvier et février 2019. On consacre à George Balanchine, fondateur de la compagnie, un programme centré sur les my- thes de la Grèce ancienne, avec Apollo, Agon et Orpheus, tous les trois créés par Balan- chine en collaboration avec Igor Stravinsky, et une soirée de ballets sur des musiques de Tchaïkovsky, avec Serenade, Mozartiana et Tschaikovsky Piano Concerto No. 2; mais on reprendra également Prodigal Son («Le fils prodigue») et Liebeslieder Walzer (Brahms), Duo concertant (Stravinsky) et Soupir, sur les Variations pour une porte et un soupir du compositeur Pierre Henry, que le grand chorégraphe créa en 1974. On affiche aussi un programme consacré à Jerome Robbins com- posé d’Interplay, d’In the Night et de N.Y. 12
NEWS • ECHOS • BREVI ECHOS ECHOS• •BREVES NEWS •• ECHOS ECHOS • BREVI ECHOS ••BREVI ECHOS• •BREVES ECHOS • NEWS ECHOS• ECHOS • ECHOS• BREVI • BREVES • ECHOS • ECHOS• ECHOS • ECHOS New York City Ballet: “Variations pour une Porte et un Soupir”, c. George Balanchine (ph. P. Kolnik) Export: Opus Jazz et la reprise de La Belle au compagnie, présente aussi une création sur une s’est fait connaître aux États-Unis pour ses bois dormant dans la version de Peter Martins. musique commandée au jeune musicien collaborations aux clips du chanteur pop Justin Dans les programmes mixtes, on retrouve des américain Sufjan Stevens. Autre création au Biber, idole des adolescentes, et pour les pho- pièces de Christopher Wheeldon, William programme, celle d’Emma Portner: danseuse tos et les vidéos artistiques sur son activité de Forsythe, Mauro Bigonzetti et Justin Peck. et chorégraphe canadienne de 24 ans, elle a danse (affichées sur son profil Instagram). Elle Ce dernier (31 ans), chorégraphe attitré de la fondé sa compagnie de danse à New York et crée pour la première fois pour le NYCB. Mode et danse De Coco Channel pour les Ballets Russes au tandem Maurice Béjart - Gianni Versace, la danse et la mode se sont souvent croisées et, peut- être, aidées l’une l’autre. Un genre de spectacle normalement considéré comme élitiste tel que le ballet trouve dans les paillettes d’une industrie riche et dynamique une manière de sortir de son créneau, et les stylistes, eux, se plaisent à flirter avec le monde du théâtre et à saupoudrer d’art leur travail. Depuis quelque temps, la tradition veut que la saison d’automne du New York City Ballet s’ouvre avec une soirée de gala centrée sur la collaboration entre les chorégraphes et les stylistes qui dessinent les costumes des nouvelles créations: ce qui attire la jet-set new-yorkaise. Cet été, également, un chorégraphe «intellectuel» comme Wayne McGregor a cédé à la tentation: lors de la 94e édition du salon florentin Pitti Uomo, la marque britannique Cos a présenté la collection masculine «Soma» qu’elle a confiée à la chorégraphie de McGregor et à ses danseurs. La marque présentait une «capsule» (c’est-à-dire une sorte de mini-garde-robe à bas prix, composée de vêtements assortis et interchangeables): le recours à la chorégraphie de McGregor servait à mettre en évidence le confort d’une “Soma”, la chorégraphie de Wayne McGregor pour les tenue seyante et galbée, élément essentiel au vu des dynamiques de la vie vêtements dessinés par COS quotidienne actuelle. 13
NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • ECHOS • projetées sur le rideau du théâtre, signé par Michael Hulls. Cet artiste des éclairages est connu dans le monde de la danse, surtout pour ses collaborations avec le chorégraphe Russell Maliphant. Et il se peut qu’il se révèle un spectacle plus «chorégraphique» que l’on pourrait penser. Chorégraphes Alastair Marriott et son soldat Le Royal Ballet de Londres parie beaucoup sur la création et peut compter sur trois chorégraphes attitrés à la carrière internationale, Christopher Wheeldon, Wayne McGregor et Liam Scarlett. Cependant, cette année aucun des trois ne présente une création au Covent Garden, même si plusieurs de leurs anciennes pièces sont reprises au cours de la saison. Le seul Anglais qui crée cette année pour la compagnie britannique la plus importante est Alastair Marriott; ce «mime» du Royal Ballet a cinquante ans et a déjà créé plusieurs pièces pour la compagnie et pour son école. En novem- bre, il présente The Unknown Soldier («Le soldat Nicoletta Manni et Timofej Andrijashenko du Ballet de La Scala dans “Don Quichotte” inconnu»): lui aussi, comme d’autres auteurs, il a dans la version de Rudolf Noureev (ph. Brescia-Armisano) choisi de rappeler les cent ans de la fin de la Première Guerre Mondiale; il raconte une historie La Scala en Chine d’amour entre une femme et un homme prêt à Dès la fin août la tournée en Chine du Ballet de La Scala de Milan, qui a duré un mois, a partir pour la guerre, pour mettre l’accent cette parcouru les villes de Shanghai, Macao, Xian et Tianjin. fois sur la souffrance de ceux qui restent dans Depuis son ouverture en 1999, année où la souveraineté de Macao est revenue à la Chine, le l’attente que le bien aimé revienne. La musique a Macao Cultural Centre a présenté de nombreuses compagnies de renommée internationale été commandée au compositeur italien Dario des vingt dernières années. Marianelli. Cette fois, la compagnie de La Scala a dansé un seul titre, Giselle dans l’ancienne version d’Yvette Chauviré. Un autre classique du répertoire, Don Quichotte (dans la version Noureev), In memoriam d’Uwe Scholz a été donné dans certaines villes chinoises au cours de la tournée. Il s’agit des mêmes ballets qui ont été auparavant présentés au Hong Kong Arts Festival en En 2004, le monde de la danse a perdu l’un des 2014. Il faut noter que lors de leur dernière venue à Hong Kong, deux étoiles comme Svetlana chorégraphes les plus talentueux de son époque: Zakharova, qui se partage principalement entre le Bolchoï de Moscou et La Scala, et David l’Allemand Uwe Scholz qui n’avait alors que 46 Hallberg de l’American Ballet Theatre, étaient à l’affiche. Mais pour cette dernière tournée, ans. En décembre prochain, il aurait fêté ses 60 Macao a été ravie de voir deux premiers danseurs de la compagnie dans les rôles principaux, ans et pour l’occasion le Ballet de l’Opéra de Nicoletta Manni et Timofei Andryashenko. Ils sont tous les deux âgés d’un peu plus de Leipzig, dont il fut le directeur, lui consacre une vingt ans. Le couple a enthousiasmé le public et a reçu de nombreux rappels. soirée de gala avec plusieurs extraits de son Les tournées en Chine du Ballet de La Scala sont assez fréquentes. La dernière a eu lieu il y œuvre. Connu pour ses choix musicaux raffinés a seulement deux ans, mais dans des villes différentes. et difficiles, dès ses débuts à Stuttgart, Scholz Kevin Ng s’imposa à l’époque comme «chorégraphe Chorégraphie de lumière Pluralité des langages, contamination des genres, frontières esthétiques liquides: ce sont les devises de l’époque postmoderne que les festivals de danse ont accueillies dans les programmes des spectacles plus proches du théâtre, de la «performing art», de l’installation ou du cirque dans toutes ses désormais nombreuses déclinaisons. On ne s’étonnera pas alors que le Sadler’s Wells Theatre, la grande maison londonienne de la danse, présente en octobre (mais on programmera d’autres dates ensuite) un spectacle de lumières Ballet de l’Opéra de Leipzig: “Die Grosse Messe”, c. Uwe Scholz (ph. I. Zenna) 14
NEWS • ECHOS • BREVI ECHOS ECHOS• •BREVES NEWS •• ECHOS ECHOS • BREVI ECHOS ••BREVI ECHOS• •BREVES ECHOS • NEWS ECHOS• ECHOS • ECHOS• BREVI • BREVES • ECHOS • ECHOS• ECHOS • ECHOS symphonique». Il créa sur la Septième Symphonie désaffectée du XVIIe siècle à Annonay. Il a créé de Beethoven, sur la fantasmagorique Symphonie pour diverses compagnies, notamment pour le Ballet fantastique de Berlioz, sur Mozart et sur de Lorraine à Nancy en 2001 et pour le Ballet de Rachmaninov, sur La Création de Haydn et sur l’Opéra de Paris, Le Souffle du temps, en 2006. Pax questuosa d’Udo Zimmermann, où il s’interrogea sur les troubles et les attentes de l’homme contemporain; il réalisa aussi des ballets Preljocaj à La Scala narratifs comme Le Rouge et le noir (d’après Angelin Preljocaj revient travailler avec le Ballet Stendhal), que le Ballet du Rhin a représenté de La Scala de Milan pour lequel il signe sa première récemment. Hormis la compagnie de Leipzig, dont création en janvier prochain. Le chorégraphe certaines pièces du chorégraphe restent au franco-albanais a aujourd’hui 61 ans et présente répertoire, il dirigea le Ballet de l’Opéra de Zurich. chaque année une création (parfois deux) pour Toutefois depuis sa disparition (il y a 14 ans), sa compagnie, le Ballet Preljocaj, installée au ses œuvres ne sont représentées Pavillon Noir d’Aix- qu’occasionnellement. Le Ballet de l’Opéra de en-Provence. Mais Nice a repris récemment son Oktett sa dernière création (Mendelssohn). pour une compagnie qui ne soit pas la Le Requiem de Dawson sienne remonte L’Anglais David Dawson (46 ans) est aujourd’hui à 2013: Spec- le chorégraphe attitré du Het Nationale Ballet tral Evidence (à côté de Hans van Manen, Samantha Figgins, Jeroboam Bozeman – le plus grand chorégraphe Alvin Ailey American Dance Theater hollandais et doyen de (ph. A. Eccles) la chorégraphie moderne). En février prochain, Dawson Alvin Ailey, 60 ans de présente pour la compagnie compagnie d’Amsterdam une création. Pour l’occasion, une L’Alvin Ailey American Dance Theater fête Messe de Requiem a été commandée ses 60 ans avec une saison richissime pour au compositeur britannique Gavin cinq saisons, entre novembre et décembre, Bryars; c’est ainsi que les deux au New York City Center. En effet, Ailey compatriotes veulent célébrer la fin de – parmi les chorégraphes les plus populaires la Première Guerre Mondiale. Au et les plus aimés de l’histoire de la danse même programme, la reprise du solo américaine – fonda sa compagnie en 1958; que Dawson a créé pour le danseur formée principalement par des danseurs afro- de la compagnie Edo Wijnen américain, elle était destinée à jouer un rôle l’année dernière: intitulé Citizen unique sur la scène de danse des soixante nowhere («Citoyen de nulle dernières années. Tout comme a été unique part»), il puise son inspiration dans l’extraordinaire fusion de styles qui est la le best-seller d’Antoine de Saint- pâte chorégraphique de son fondateur et Exupéry, Le Petit Prince. Cette saison, démiurge, mort en 1989. d’autres pièces de Dawson sont au Revelations, son chef-d’œuvre de 1960, programme du San Francisco Ballet véritable carte de visite à grand succès de la (Anima animus, sur la musique d’Ezio compagnie, scande les six programmes Bosso) et au Ballet du Semperoper de présentés à cette occasion. Mais on donnera Dresde, dont le chorégraphe est un habitué: également Night Creature et Cry (le célèbre il y reprend The Four Seasons, sur la réécriture solo pour Judith Jamison, muse d’Ailey et de Max Richter des Quatre Saisons de Vivaldi. longtemps directrice de la compagnie après la mort du chorégraphe; aujourd’hui elle en est la directrice émérite et, en septembre, on Mozart pour Abou Lagraa lui a accordé le Living Legend Award). Mais Abou Lagraa créa pour le Ballet du Grand- comme bien d’autres compagnies, quand son Théâtre de Genève. Sa nouvelle pièce qui auteur disparaît, celle-ci ne se limite plus à s’appuie sur la Messe en ut mineur de Mozart son rôle de gardienne des chorégraphies de se présente comme «un voyage spirituel où les son fondateur, mais vit pleinement son corps deviennent musique». Elle débutera fin Carlo Di Lanno, époque avec des créations de chorégraphes novembre à l’Opéra des Nations de la ville suisse Luke Ingham, actuels, dans ce cas le plus souvent (le Grand-Théâtre étant en phase de réaménage- Sofiane Sylve – américains. Au cours des célébrations on ment). Le chorégraphe franco-algérien, qui a San Francisco affiche des pièces de Rennie Harris, Ronald aujourd’hui 47 ans, est actif depuis le début des Ballet: “Anima K. Brown, Wayne McGregor, Jessica Lang années 90 et il est connu pour ses pièces où Animus”, c. et de l’actuel directeur de la compagnie fusionnent plusieurs genres de danse, y compris David Dawson Robert Battle. Battle et Harris présentent le hip hop; il a fondé la compagnie La Baraka qui (ph. E. aussi une création chacun. en février dernier s’est installée dans une chapelle Tomasson) 15
NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • ECHOS • des cygnes, pour les dépouiller du romantisme cygne noir incarné par Adam Cooper (principal du ballet du XIXe siècle; la parodie du Royal Ballet qui connut à l’époque un succès irrévérencieuse de la famille royale anglaise; le international). Une longue série de représenta- récit d’un prince, qui rappelle Charles tions à Londres nous dira si le succès perdure. d’Angleterre, séduit par le charme morbide d’un Treize ans après. “Gravité”, la dernière création d’Angelin Preljocaj pour sa compagnie (ph. J.-C. Carbonne) pour le New York City Ballet. C’est à 2010 que remonte la collaboration entre le Ballet Preljocaj et le Ballet du Bolchoï de Moscou pour Suivront mille ans de calme et la création de Siddartha à l’Opéra de Paris; mais plusieurs de ses pièces (La Stravaganza, Le Parc…) sont au répertoire des compagnies de ballet de l’Europe entière (y compris La Scala) qui les reprennent souvent. Pour la création milanaise, Preljocaj a choisi les 24 Lieder du cycle Winterreise («Voyage d’hiver») de Franz Schubert. Les cygnes immortels de Matthew Bourne Matthew Bourne a aujourd’hui 58 ans et est devenu une vedette du théâtre chorégraphique grâce à ses «relectures» extravagantes des grands ballets du répertoire, pimentées de références à la culture pop et cinématographique, tendant à la comédie musicale. Ces dernières années, le public a pu découvrir ou redécouvrir aussi un Bourne plus intime, celui qui a précédé son succès international, par une série de programmes «revival» qui ont redonné vie à des pièces créées entre les années 80 et le début des années 90, influencées par la culture populaire anglaise de l’époque. Maintenant, le chorégraphe anglais et sa compagnie New Adventures reviennent au Sadler’s Wells Theatre de Londres, entre décembre et janvier, avec la reprise de leur plus grand succès, Swan Lake. Créé en 1995, le ballet fit sensation grâce Matthew Ball – New Adventures: à plusieurs ingrédients: ses cygnes-mâles, qui “Swan Lake”, c. Matthew Bourne mettaient l’accent sur le tempérament agressif (ph. J. Persson) 16
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NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • ECHOS • Tour du monde en Casse-Noisette Les compagnies de ballet et de danse du monde se préparent à mettre en scène leur Casse-Noisette, en vue des fêtes de Noël. Le titre, qui attire le public de la danse mais aussi un public plus large, est indispensable au box- office. Et cette année comme de coutume, entre décembre et janvier, la liste des Casse-Noisette est longue et variée. Certaines compagnie russes en tournée en Europe, qui exploitent l’aura et le mythe du ballet russe, assurent que leur Casse-Noisette est bien l’original dans la «chorégraphie de Marius Petipa». Mais la chorégraphie de Casse- Noisette, créée en 1892 à Saint-Pétersbourg, n’est pas de Petipa. En effet, le grand chorégraphe français, après avoir concocté la structure mu- sicale avec Tchaïkovsky et avoir élaboré le li- vret (qui n’était pas le sien) et la coupure des tableaux, pour des raisons de santé confia la chorégraphie à son assistant Lev Ivanov. Il est donc plus probable que ces Casse-Noisette puisent dans la tradition russe qui dérive de Vassili Vaïnonen, auteur du ballet de 1934, au répertoire du Théâtre Mariinsky (/Kirov) de Saint-Pétersbourg (/Leningrad). La compagnie pétersbourgeoise le reprend bien sûr pour Noël, alors qu’à Moscou le Ballet du Bolchoï dépoussière celui de Youri Grigorovitch, un ballet toujours à succès, techniquement époustouflant, qui remonte à 1966 et que cette année on pourra voir au Teatro Carlo Felice de Gênes avec le Ballet de l’Opéra d’Astana (Kazakhstan). Une photo de promotion du nouveau “Casse-Noisette” de José Martínez pour la Compañía Nacional de Danza Nina Kaptsova et Alexander Volchkov dans le “Casse-Noisette” de Youri Grigorovitch au Théâtre Bolchoï de Moscou À Paris, on peut choisir entre deux Casse- let, sans compter celui de Peter Wright au Noisette, celui du Ballet National de Chine Covent Garden avec le Royal Ballet (selon (à la Seine Musicale), produit de la certains, ce serait le plus proche de l’original globalisation, où la musique de Tchaïkovsky de Lev Ivanov, transmis par le régisseur des se mêle à des danses traditionnelles chinoises, Théâtre Impériaux de Saint-Pétersbourg, et un autre d’essence russe, celui du Ballet Nikolaï Sergueev, qui monta le ballet pour de l’Opéra de Kiev (au Théâtre des Champs- le Vic Wells Ballet, ancêtre du Royal Ballet). Élysées). Les pays de langue allemande aussi abon- Londres offre au Coliseum le Nutcracker dent en Nussknacker. D’abord à Berlin, avec de Wayne Eagling situé à l’époque la version de Vassili Medviediev et Youri édouardienne avec l’English National Bal- Bourlaka qui se propose de récréer le faste 18
NEWS • ECHOS • BREVI ECHOS ECHOS• •BREVES NEWS •• ECHOS ECHOS • BREVI ECHOS ••BREVI ECHOS• •BREVES ECHOS • NEWS ECHOS• ECHOS • ECHOS• BREVI • BREVES • ECHOS • ECHOS• ECHOS • ECHOS “Le Casse- Noisette” de Vassili Medvedev et Youri Bourlaka pour le Staatsoper de Berlin (ph. B. Stöss) Sarah Lamb dans “Casse-Noisette” de Peter Wright au Covent Garden de Londres espagnole). Le Béjart Ballet de Zurich: “Nussknacker und Nouveauté: en Ballet Lausanne, qui se Mausekönig”, c. Christian Spuck décembre le Nutcracker de propose de ressusciter les (ph. G. Batardon) George Balanchine, très aimé et popu- différents titres du très vaste laire à New York (le New York City Ballet répertoire de son démiurge, en donne comme toujours de nombreuses re- remet en scène après 19 ans kitsch du ballet originel, puis à Hambourg, présentations) est enfin visible en Europe: à Lausanne le Casse-Noisette de Maurice où pour John Neumeier le bizarre oncle en effet, il entre au répertoire de La Scala Béjart, un ballet autobiographique où le Drosselmeier ressemble à un Marius Petipa de Milan dans une nouvelle production avec chorégraphe raconte son enfance, en orphelin maniéré. décors et costumes de Margherita Palli. de mère, et son parcours d’initiation à la Incontournable que celui aux côtés psy- Entre-temps, la Compañía Nacional de Danza danse et à la chorégraphie. chanalytiques de Rudolf Noureev à l’Opéra présente en Espagne son Cascanueces signé Et ce n’est pas tout. Le lecteur pourra de Vienne, alors qu’à Zurich Christian Spuck par le directeur José Carlos Martínez (l’une trouver les autres Casse-Noisette au pro- revient à la source littéraire originelle des initiatives de l’ancien danseur-étoile de gramme entre décembre et janvier, d’Oslo d’E.T.A. Hoffmann avec son Nussknacker l’Opéra de Paris qui cherche à remettre au à Varsovie, de Stockholm à Naples, dans les und Mausekönig. répertoire classique la compagnie nationale pages «Calendrier» à la fin du magazine. 19
NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • ECHOS • Les Adieux de Karl Paquette Rigal: quelle Merveille ! L’image de l’affiche de la Nommé danseur-étoile le 31 décembre 2009 L’Amphithéâtre Bastille (dans les sous-sols soirée dans le rôle de Drosselmeyer/le Prince dans de l’Opéra Bastille à Paris) accueille en anniversaire de Casse-Noisette de Rudolf Noureev, c’est décembre un drôle d’opéra-ballet intitulé la Déclaration aussi un 31 décembre, cette année, qu’il Merveille. Il s’agit d’une collaboration entre des Droits de fera ses adieux dans Cendrillon, un autre la compagnie Dernière Minute de Pierre Rigal l’Homme ballet de Noureev, dans le rôle de l’acteur- et l’Académie de l’Opéra de Paris (l’école pour vedette. Avec le départ de Karl Paquette les métiers des arts du théâtre au sein de (v. ci-dessous, ph. M. Hayez), le Ballet l’Opéra de Paris). Pierre Rigal lui-même (45 de l’Opéra perd le danseur noble classique ans), qui aime les illusions, les jeux optiques, par excellence et un pilier. Le partenaire les effets de la lumière et les visions dont toutes les danseuses rêvent parce que fantasmagoriques, en signe la conception, la Karl c’est du solide, le danseur sur lequel mise en scène et la chorégraphie, alors que la tout maître de ballet peut compter parce musique est attribuée à Gwenaël Drapeau et 70 ans de Déclaration que Paquette peut remplacer au pied levé. Julien Lepreux. Le 10 décembre 1948, à Paris, dans le théâtre À cause de cela et pour bien des choses du Palais de Chaillot, 48 nations réunies encore, le public de l’Opéra l’adore. Peut- “Merveilles” de Pierre Rigal signèrent la Déclaration des Droits de l’Homme. être aussi pour sa ligne parfaite et son 30 articles pour proclamer une même foi dans élégance comme celles de son professeur la dignité et la valeur de la personne. Soixante- Max Bozzoni qui l’a accueilli à neuf ans dix ans plus tard, dans ce même théâtre, des dans son studio parisien du 53 rue Rodier. artistes, venus de divers horizons de la création, De Karl, Max Bozzoni (1918/2003) nous rendent hommage lors d’une soirée spéciale à confiait en 2001 peu de temps après que cet événement historique et crucial. Une soirée le danseur ait obtenu le poste de premier anniversaire orchestrée par la metteuse en scène danseur: «À l’école de danse de l’Opéra, Anne-Laure Liégeois qui collabore avec une très il était rarement le premier mais lui, dans longue liste de noms d’artistes, acteurs, metteurs sa tête, il se voyait premier. C’est un en scène, chorégraphes dont Carolyn Carlson, volontaire». Il faut ajouter: réservé, timide, François Chaignaud, Alonzo King, Phia Ménard, travailleur acharné, et patient. Neuf ans, Dominique Mercy, Mathilde Monnier, Angelin c’est le temps qu’il attendra pour être Preljocaj, Ohad Naharin… nommé danseur-étoile. Quand certains y voyaient une injustice, lui abordait déjà chaque rôle en étoile. De ses interprétations, on veut garder en mémoire Armand dans Une autre Scala, à Paris La Dame aux camélias de John Neumeier, Le 11 septembre dernier, un nouveau théâtre sa transformation dans Abderam (un contre a ouvert ses portes au 13, boulevard de emploi) de Raymonda, le rôle masculin Strasbourg à Paris dans le Xème dans Le Sacre du Printemps de Pina arrondissement. Un épisode heureux pour cet Bausch et Solor dans La Bayadère. À établissement à l’histoire mouvementée qui chaque fois, il nous convainquait par son tient du feuilleton. C’est en 1873 que la veuve physique de jeune premier, sa puissance, d’un riche industriel du Nord fait construire son engagement et la propreté de son style un théâtre à l’emplacement du populaire café- classique de l’école française. chantant le Cheval Blanc. Il a deux M.P. caractéristiques : une coupole en verre qui permet d’apercevoir le ciel et un nom Le Théâtre La Scala de Paris prestigieux: La Scala. En effet, la propriétaire dans une photo de 1874 Marie-Reine Roisin admire éperdument le théâtre de La Scala de Milan. À Paris, La Scala, sera tour à tour un des plus célèbres cafés- concerts qui accueille en 1895 la revue au titre sulfureux Paris fin de Sexe. Successivement, les chanteurs Mayol, Fréhel, Yvette Guilbert, Mistinguett enflamment les lieux. Dans sa correspondance, Marcel Proust séduit par le talent de Félix Mayol, parle de La Scala comme d’un temple de la «chansonnette». Rideau sur la chanson, La Scala devient en 1936 un cinéma Arts déco, puis le premier multiplexe pornographique des années 80 avant de céder la place à une église baptiste brésilienne en 1999. Le rachat par Mélanie et Frédéric Biessy en 2016 le destine à être un théâtre privé au service de la création. Richard Peduzzi et Luc Bondy créent la couleur (bleue) et le dessin de cette salle modulable de 560 places. L’acoustique est confiée au compositeur Philippe Manoury. Le coup d’envoi est donné par la création Scala de Yoann Bourgeois, acrobate, poète et chorégraphe. Dans ce lieu à la programmation éclectique, la danse s’inscrit sous le signe des longues séries avec la trilogie de Jaco Van Dormael et Michele Anne de Mey: Kiss & Cry (décembre), Cold Blood (janvier), Amor, un seule en scène de Michèle Anne de Mey (création française, janvier-février). Suit une carte blanche à Aurélien Bory: aSH, Plexus, Questcequetudeviens? pièces pour les danseuses Shantala Shivalingappa, Kaori Ito, Stéphanie Fuster (de février à mars). M.P. 20
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