Marius Petipa 200 ans - n 275 la revue internationale de la DANSE - BALLET2000

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Marius Petipa 200 ans - n 275 la revue internationale de la DANSE - BALLET2000
4,90 € (France et autres pays Euro) • UK 5,00 £ • Switzerland 8,00 CHF • USA 8,00 $ • Canada 7,00 $; TOM 650 CFP)

               Olga Smirnova
                                   200 ans

               Ballet du Bolchoï
                                   Marius Petipa

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                                                                                                                        n° 275 • la revue internationale de la DANSE

                                                                                                                                                                       FRANCE
Marius Petipa 200 ans - n 275 la revue internationale de la DANSE - BALLET2000
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Directeur - rédacteur en chef                                                                  Petipa de nos jours: sur la couverture
Alfio Agostini                                                                                 de cette édition de BALLET2000, Olga
                                                                                              Smirnova, du Bolchoï de Moscou, dans
Collaborateurs                                                                                 “La Bayadère”, c. Youri Grigorovitch
Erik Aschengreen
                                                  la revue internationale de la danse
                                                                                                                d’après Marius Petipa
Leonetta Bentivoglio                                                édition FRANCE                             (ph. Damir Yousoupov)
Donatella Bertozzi
Valeria Crippa
Clement Crisp
Gerald Dowler
Elisa Guzzo Vaccarino
Marc Haegeman
Anna Kisselgoff
Dieudonné Korolakina
Kevin Ng
Jean Pierre Pastori
Martine Planells
Olga Rozanova
Roger Salas
Sonia Schoonejans
René Sirvin
Lilo Weber

Rédacteur principal
Cristiano Merlo
Traductions
Simonetta Allder
Cristiano Merlo                            6    Echos – nouvelles du monde de la danse
Services d’édition, graphique, web
Luca Ruzza
                                           22   La couverture :
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                                           Marius Petipa, d’hier à aujourd’hui
pub@ballet2000.com
Chargée de communication et publicité
pour la France                             34   Biennale de Venise: la danse comme
Anne-Marie Fourcade 06.99.55.96.52
amfourcade@ballet2000.com
                                           laboratoire de théâtre

Abonnements
service@ballet2000.com                     28   En scène – critiques :                   Martha Graham Dance Company: “Cave of the Heart”
                                           Saburo Teshigawara
n° 275 - X. 2018                           Martha Graham Dance Company
                                           Nederlands Dans Theater I
                                           Göteborg Operans Danskompany & Eastman
                                           Cie Rosas A. T. De Keersmaeker
                                           Cie Maguy Marin
                                           Pontus Lidberg / Danish Dance Company
                                           Dimitris Papaioannou
                                           Leon and the Wolf Dance Company
                                           Aterballetto
                                                                                            “The Great Tamer” de Dimitris Papaioannou
                                           Natalia Ossipova
BALLET 2000                                Ballet du Capitole de Toulouse
B.P. 1283 – 06005 Nice cedex 01 – F        Ballet de l’Opéra de Paris
tél. (+33) 09.82.29.82.84

Éditions Ballet 2000 Sarl – France         51    Multimédia : TV, Web, Dvd, Cinéma...
ISSN 2493-3856
Commission Paritaire P.A.P. 0723K91919
Distribution : Messageries Lyonnaises de
Presse, 76 rue de Reuilly, 75012 Paris
                                           54    Adieux : Paul Taylor
Imprimé en France/Printed in France by
Imprimerie Trulli - 06140 Vence
                                           55    Programmes TV
www.ballet2000.com
e-mail: info@ballet2000.com                56     Calendrier international                        Natalia Ossipova: “Pure Dance”

                                                                    5
Marius Petipa 200 ans - n 275 la revue internationale de la DANSE - BALLET2000
Elena Vostrotina, Jesse Frazer
Zurich Ballet: “Winterreise”,
c. Christian Spuck (ph. G. Batardon)

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NEWS • ECHOS • BREVI
ECHOS           ECHOS• •BREVES   NEWS •• ECHOS
                         ECHOS • BREVI   ECHOS ••BREVI
                                                 ECHOS• •BREVES
                                                          ECHOS • NEWS
                                                                  ECHOS• ECHOS
                                                                         • ECHOS• BREVI • BREVES
                                                                                  • ECHOS  • ECHOS• ECHOS
                                                                                                    • ECHOS

                     Compagnies
      Twyla Tharp et des créations à
      Nancy
      Cette saison, le Ballet de Lorraine à l’Opéra de
      Nancy présente trois programmes, entre
      novembre 2018 et mars 2019, qui mettent en
      avant la création (on en prévoit quatre) mais aussi
      sur des pièces importantes de son répertoire (à
      noter trois pièces de Twyla Tharp, The Fugue,
      Nine Sinatra Songs et In The Upper Room, l’une
      des pièces les plus complexes et célèbres de la
      chorégraphe américaine post-modern). À signaler
      aussi l’entrée au répertoire d’un trio du
      chorégraphe japonais Saburo Teshigawara, alors
      que les créations ont été confiées à trois auteurs
      connus du panorama français actuel, Thomas
      Hauert de la compagnie Illico, Rachid Ouramdane
      et Olivia Grandville, outre Marcos Morau,
      directeur de la compagnie catalane La Veronal.
      Ce dernier est l’auteur d’une forme de danse-
      théâtre très personnelle qui commence à se faire
      connaître en dehors d’Espagne par des
      collaborations importantes (voir sa Carmen qui
      a débuté en septembre au Ballet Royal Danois).                  Ballet de Lorraine: “Murmuration”, c. Rachid Ouramdane (ph. L. Philippe)

      La Pologne de Chopin                                  La France de Cunningham                             rares troupes européennes (Rambert et le Bal-
      En novembre de cette année, la Pologne fête le        Il n’y a pas beaucoup d’occasion aujourd’hui        let Royal des Flandres), c’est surtout en France
      centenaire de son indépendance qui a eu lieu à la     de voir les pièces de Merce Cunningham (à no-       que l’on représente les pièces de Cunningham
      fin de la Première Guerre Mondiale avec le dé-        ter que l’année prochaine on fête les cent ans de   actuellement. Au répertoire du Centre Choré-
      mantèlement des empires de la vieille Europe. Pour    sa naissance). Après la mort du chorégraphe en      graphique National de la Danse d’Angers
      l’occasion, le Ballet National Polonais présente      2009, sa compagnie a été dissoute. Aujourd’hui      (aujourd’hui dirigée par un ancien
      au Teatro Wielki (Grand Théâtre) de Varsovie une      l’œuvre du chorégraphe américain est confiée        cunninghamien, Robert Swinston), de l’Opéra
      soirée avec deux créations confiées à deux            au Merce Cunningham Trust qui peut accorder         de Paris, du Ballet de Lorraine et de l’Opéra de
      chorégraphes de génération différente,                ses pièces aux compagnies qui les demandent.        Lyon, on en retrouve au total plus d’une di-
      respectivement à Liam Scarlett (33 ans,               Hormis quelques compagnies américaines et des       zaine. Et c’est en novembre que le Ballet de
      chorégraphe attitré du Royal Ballet de Londres),
      et à Krzysztof Pastor (62 ans), directeur de la
      compagnie polonaise et également du Ballet              ÉDITO                                                                         Alfio Agostini
      National de Lituanie de Vilnius. Ce n’est pas sans
      raison que ce soit Fryderyk Chopin dont on connaît      Quelqu’un se demandera, peut-être, pourquoi on s’intéresse encore à un chorégraphe né il y
      l’inspiration nostalgique pour la patrie lointaine      a deux cents ans. S’il posait la même question à propos de Mozart ou de Bizet, on le consi-
      qui ait été choisi comme compositeur de la soirée.      dérerait comme un sot, tout à fait étranger au monde de la musique et de l’art en général.
      Les deux chorégraphes créent respectivement sur         Mais la pensée sur la danse en est encore à un stade assez primitif et peut-être qu’il n’est
      son premier et deuxième Concerto pour piano.            pas inutile d’expliquer – non pas aux lecteurs de BALLET2000 qui le savent bien, mais aux
                                                              adulateurs de la contemporanéité – que les ballets qu’a créés Petipa, représentés dans le monde
                                                              entier à l’occasion de cet anniversaire et aimés d’un public désormais planétaire, sont nos
       Le chorégraphe Krzysztof Pastor, directeur             contemporains, idéalement et réellement; ils nous accompagnent, ils ont formé notre goût et
      du Ballet National de Pologne (ph. A. Fedisz)           ont évolué avec celui-ci dans la pratique de l’interprétation, objet du travail quotidien des
                                                              maîtres, des chorégraphes, des élèves et des danseurs. Leur poids sur l’histoire de la danse
                                                              est tel que depuis des décennies ils obsèdent la mémoire et la fantaisie des auteurs contempo-
                                                              rains qui créent leurs ‘remakes’ s’inspirant des sujets et de la musique de ces classiques pour
                                                              en faire de nouvelles chorégraphies. Et encore plus récent est le phénomène des reprises
                                                              ‘philologiques’, c’est-à-dire des tentatives de reconstitution des chorégraphies originelles de
                                                              Petipa (passées à travers plus d’un siècle de reprises et adaptations en Russie et ailleurs).
                                                              Ce numéro rend donc hommage à l’un des plus grands créateurs de danse de l’histoire avec
                                                              quelques réflexions sur son œuvre et sur sa représentation à l’heure actuelle.
                                                              Et encore, comme toujours, le panorama de l’actualité de la danse dans nos «Echos». Quoi de
                                                              neuf à signaler? Je dirai les créations des «seniors», Kylián, Ek, Forsythe; et de Preljocaj, et
                                                              de l’incontournable Wayne McGregor; et d’autres noms nouveaux dans le monde entier.
                                                              Les deux Biennales de la danse, de Lyon et de Venise, ont montré sur scène les contamina-
                                                              tions, qui désormais ne sont plus à considérer comme telles, entre théâtre et chorégraphie au
                                                              sens propre du terme. Parmi les comptes rendus, à noter le retour à Paris de la compagnie de
                                                              Martha Graham, le «Dompteur» de Dimitris Papaioannou, auteur à succès, à juste titre, et la
                                                              «matière scénique» de Sidi Larbi Cherkaoui.

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NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • NEWS • ECHOS • BREVI • BREVES • ECHOS
 •
l’Opéra de Lyon présente un programme com-
posé de Summerspace et Exchange: le premier
créé en 1958 montre les danseurs comme des
«créatures volantes» dans un jour d’été, sur une
musique de Morton Feldman qui évoque des
sons de la nature (bulles de savon ou des ton-
nerres menaçants au loin); la seconde pièce
remonte à 1978 et se situe dans une ambiance
urbaine: l’«échange» du titre fait allusion aux
rapports entre les trois parties chorégraphi-
ques qui composent la pièce, laquelle a
recours, dans sa structure combinatoire, au
principe du «hasard», cher à Cunningham.

Marie-Antoinette revient à
Versailles
Marie-Antoinette est sans doute la reine de
France qui a fait couler le plus d’encre. Tout
d’abord décriée comme le symbole de la cor-
ruption, de la frivolité et de l’indolence de la
noblesse de l’Ancien Régime, puis presque
érigée en martyre chrétienne suite à sa déca-
pitation, durant la période la plus sanguinaire
de la Révolution française. Elle a fait
récemment l’objet d’une analyse historique              Randy Castillo – Ballet de l’Opéra de Lyon: “Summerspace”, c. Merce Cunningham
plus pondérée et moins factieuse. Toutefois,                                            (ph. R. De La Cruz)

                                                   l’histoire et la légende de l’archiduchesse de     novembre prochain à Biarritz, puis en tournée
          L’affiche de la création                 la maison de Habsbourg-Lorraine devenue            en France et arrivera en mars dans son cadre
  “Marie-Antoinette” de Thierry Malandain          reine de France continue d’intriguer et de         idéal, l’Opéra Royal du Château de Versailles,
             (ph. O. Houeix)                       fasciner le public actuel (on ne compte pas        où Marie-Antoinette y a vécu dès l’âge de 15
                                                   les biographies et les films qu’on lui a           ans comme dauphine et puis comme reine, jus-
                                                   consacrés). À son tour, Thierry Malandain,         qu’à sa mort tragique. Il est intéressant de rap-
                                                   le chorégraphe directeur de la compagnie de        peler ici que Marie-Antoinette eut un maître de
                                                   Biarritz, s’inspire d’elle pour son prochain       danse d’exception, le réformateur du ballet Jean-
                                                   ballet. Marie-Antoinette sera présenté en          Georges Noverre.

                                                     Les Flandres au féminin
                                                     Aujourd’hui dirigée par le chorégraphe belgo-marocain Sidi
                                                     Larbi Cherkaoui, le Ballet Royal des Flandres, propose
                                                     un programme au féminin, en décembre tout d’abord à Bru-
                                                     ges puis à Gand (des villes belges où la compagnie fla-
                                                     mande se produit fréquemment, même si elle est installée
                                                     à Anvers). À noter tout d’abord une pièce de Jeanne Bra-
                                                     bants, la chorégraphe disparue en 2014 qui a été la fonda-
                                                     trice du Ballet Royal: Dialoog est un duo entre un homme
                                                                                                                            Jeanne Brabants,
                                                     et une femme qui entrent en contact en dépit de la dis-
                                                                                                                       fondatrice du Ballet Royal
                                                     tance. On affiche ensuite Trisha Brown, l’une des choré-
                                                                                                                              des Flandres
                                                     graphes emblématiques du post-modern américain le plus
                                                     radical, peu présente dans les compagnies de ballet; Twelve
                                                     Ton Rose est une œuvre de 1994 sur les Quatre pièces pour violon et piano d’Anton Webern.
                                                     Le programme est complété par Furioso de Meryl Tankard, chorégraphe australienne de
                                                                                                          63 ans: une pièce de danse-théâtre
                                                                                                          aérienne, où les interprètes dansent
                                                                                                          suspendus à des cordes, évoquant le mythe
                                                                                                          platonicien de l’androgyne sur l’origine de
                                                                                                          l’amour entre le masculin et le féminin.

                                                                                                          Deux danseurs du Ballet Royal
                                                                                                          des Flandres répètent “Dialoog”
                                                                                                          de Jeanne Brabants

                                                                          8
Marius Petipa 200 ans - n 275 la revue internationale de la DANSE - BALLET2000
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                 Jirí Kylián (ph. J. J. Bos)                                Mats Ek                                William Forsythe (ph. M. Zazzo)

        Les Septuagénaires reviennent
        Depuis le nouveau millénaire les chorégraphes en pointe du panorama international étaient incontestablement William Forsythe, Mats Ek
        et Jirí Kylián (tous les trois sont nés dans les années 40 – on ne compte pas ici John Neumeier, des trois l’aîné et qui n’appartient pas au
        monde de la danse contemporaine). Mais la nouvelle génération, celle de Ratmansky et de Wheeldon, comme les cadets, Justin Peck et Liam
        Scarlett, ne semble pas faire de l’ombre à ce triumvirat de septuagénaires encore sous les feux de la rampe.
        Forsythe a commencé en 2013 une collaboration avec l’Opéra de Paris qu’il a tout de suite interrompue à la démission de Benjamin Millepied
        alors directeur de la compagnie de ballet et en a entamé une autre avec le Boston Ballet, qui prévoit la reprise de certaines de ses pièces et
        des créations (la prochaine en mars 2019). Par ailleurs, le grand novateur du ballet de sa génération continue de créer pour plusieurs compagnies
        internationales (dernièrement pour l’English National Ballet) et à expérimenter dans des spectacles occasionnels: en octobre au Sadler’s Wells
        Theatre de Londres, il a présenté «A Quiet Evening of Dance», avec deux nouvelles pièces «de chambre» pour un groupe de ses fidèles danseurs.
        Mats Ek avait annoncé en 2016 ses adieux à la chorégraphie, pour ainsi dire, mais paradoxalement le Ballet de l’Opéra de Paris affiche deux
        créations du chorégraphe suédois l’été prochain (dont l’une
        sur le Boléro de Ravel). Sans oublier que Mats Ek continue de          Riley Watts et Parvaneh Scharafali dans “Seventeen Twentyone”
        monter sur les planches dans ses pièces aux côtés de son épouse                       de William Forsythe (ph. B. Cooper)
        et muse Ana Laguna (63 ans).
        Pas de création en vue, en revanche, pour Jirí Kylián:
        théoriquement il aurait fait ses adieux à la chorégraphie
        (pour se consacrer à la photographie et à la réalisation
        vidéo) mais, dans des entretiens, sur ce sujet le chorégraphe
        tchèque s’est montré réservé et ambigu. De toutes façons,
        ses pièces continuent d’être représentées dans de
        nombreuses compagnies du monde et suscitent
        l’admiration presque unanime du public et de la presse
        (bien qu’une partie de la critique, britannique le plus
        souvent, se soit montrée perplexe sur sa célèbre
        musicalité et sur son goût humoristique). Le prochain
        hommage à Kylián est attendu à l’Opéra de Zurich. C’est
        là que, en janvier prochain, la compagnie suisse dansera
        des pièces créées dans les années1980-90, Sweet Dreams,
        Stepping Stones, et deux perles de son catalogue, Bella
        Figura et Sechs Tänze. Un programme Kylián, en avril
        2019 à l’Opéra de Lyon, clôture ensuite trois saison
        de collaboration intensive entre le chorégraphe et la com-
        pagnie, avec la reprise, entre autres, de Wings of Wax
        et Gods and Dogs.

      De nouveaux Lacs                                  classiques). On a confié le nouveau Lac à           le sujet des origines et du déracinement où s’im-
      Le Lac des cygnes avec sa musique et son sym-     Benjamin Pech (44 ans), ancien danseur de           pose la composante multimédia. Le chorégra-
      bolisme magiques demeure l’un des ballets         l’Opéra de Paris et aujourd’hui maître de ballet    phe Emio Greco et le metteur en scène Peter
      les plus aimés du répertoire et ne cesse          à l’Opéra de Rome; Aldo Buti est l’auteur des       Scholten créent, eux aussi, leur Lac pour le
      d’inspirer les chorégraphes. Aux nouvelles        décors et des costumes. Par contre, le              Ballet de Marseille sous le titre Les Cygnes
      versions du Lac classique, basées sur la choré-   panorama des «lacs» français des prochains          et les autres. Il débute à Amsterdam en
      graphie signée par Marius Petipa et Lev           mois s’annonce fort différent. Le Ballet du         novembre pour terminer à Marseille en dé-
      Ivanov, s’ajoutent les vraies créations. En ce    Rhin, la compagnie de l’Opéra du Rhin instal-       cembre. Greco présente cette pièce comme un
      qui concerne les premières, une nouvelle          lée à Colmar, Strasbourg et Mulhouse, en a          hommage à Marius Petipa: les pièces du cho-
      production du Lac est à l’affiche à l’Opéra de    commandé un à Rachid Ouramdane (entre               régraphe italien puisent souvent dans la danse
      Rome entre décembre et janvier (la directrice     janvier et février prochains). Le chorégraphe       académique, même s’il la fusionne et la
      de la compagnie Eleonora Abbagnato est en         franco-tunisien (47 ans) s’est fait connaître en    réélabore en osmose avec sa veine créatrice et
      train de proposer de nouvelles versions des       France dans les années 90 avec des pièces sur       sa technique contemporaine.

                                                                               9
Marius Petipa 200 ans - n 275 la revue internationale de la DANSE - BALLET2000
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Baryshnikov danse!                                                                              Cendres et camélias à l’Opéra
Mikhail Baryshnikov (70 ans),                                                                   Entre fin novembre et janvier, le Ballet de
l’une des dernières grandes                                                                     l’Opéra de Paris se partage comme chaque année
vedettes du ballet, a quitté la                                                                 entre deux titres et entre ses deux théâtres, le
vraie danse depuis plusieurs                                                                    Palais Garnier (l’ancien opéra de la fin du XIXe
années déjà, mais il n’a jamais                                                                 siècle) et le moderne Opéra Bastille. Pour les
quitté la scène, où il continue                                                                 fêtes de fin d’année, on a choisi deux spectacles
de se produire dans des                                                                         pour ainsi dire «rassurants» et, en un certain
spectacles de théâtre                                                                           sens, traditionnels. La déjà ancienne Cendrillon
contemporain qui se                                                                             de Rudolf Noureev sur la musique de Sergueï
composent de mouvements, de                                                                     Prokofiev, revient ainsi à l’Opéra. C’est l’un des
mime et de parole. Cette année                                                                  rares ballets originaux du grand danseur qui fut
encore, il est apparu à Naples,                                                                 aussi directeur de la danse de l’Opéra dans les
à Florence et à Venise, dans                                                                    années 80: ce ballet, qui transpose le conte de
un «one-man show» où il                                                                         Perrault dans le Hollywood des années 30, pour
déclamait des vers du poète                                                                     faire de Cendrillon une diva du cinéma, fut créé à
russe, prix Nobel de littérature,                                                               l’époque pour une jeune Sylvie Guillem au début
Joseph Brodsky (sous le titre                                                                   de sa carrière; et Noureev garda pour lui le rôle
Brodsky/Baryshnikov, le                                                                         du producteur cinématographique sournois (qui
spectacle a été créé à Riga et                                                                  remplaçait la fée). Le succès du ballet, sur la
à New York en 2016 et                                                                           musique de Sergueï Prokofiev, est dû en partie
présenté en tournée aussi à                                                                     aux décors de Petrika Ionesco qui représentent
Paris). Mais maintenant le                                                                      des mythes du cinéma américain, comme King
danseur «russe» (bien qu’en                                                                     Kong ou les célèbres jambes de Betty Grable,
réalité il soit né en Lettonie)                                                                 reproduites en format géant. Parallèlement, on
est à nouveau revenu à la danse.                                                                reprendra aussi La Dame aux camélias, le ballet
Début octobre, dans son                                                                         de John Neumeier créé à Stuttgart en 1978 où
Baryshnikov Arts Center de              Mikhail Baryshnikov dans “Fiver” de Justin Peck         l’héroïne d’Alexandre Dumas fils fut incarnée
New York, il a dansé une pièce                                                                  par Marcia Haydée. Il s’agit du ballet aujourd’hui
créée pour lui par le jeune chorégraphe américain Justin Peck, sur la Dance Suite de Leonard    le plus représenté dans le monde du chorégraphe
Bernstein. Sous le titre de Fiver, la pièce se compose de cinq courts mouvements consacrés      américain. La longue série de représentations des
chacun à un «grand de la danse»: George Balanchine, Agnes de Mille, Jerome Robbins,             deux ballets affiche dans les distributions les
Antony Tudor et Baryshnikov lui-même.                                                           nombreux danseurs-étoiles de la compagnie et
                                                                                                des autres rangs.

                                Ballet de l’Opéra de Paris: “Cendrillon”, c. Rudolf Noureev (ph. L. Philippe)

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  Sylvia et Coppélia, toujours vivantes, toujours françaises
  Comme on l’a annoncé dans le dernier numéro, Manuel Legris, directeur du Ballet de l’Opéra de Vienne jusqu’en 2020, semble vouloir
  laisser une trace française à la troupe. À partir de novembre (et jusqu’en janvier), au Staatsoper on affiche Sylvia dans une nouvelle production
  de Legris lui-même (basée sur l’ancien ballet de Louis Mérante de la fin du XIXe siècle, comme il a été transmis au cours des années par les
  maîtres et les interprètes de l’Opéra de Paris). En plus, au Volksoper (de janvier et jusqu’en mars) on peut voir Coppélia dans la version de
  Pierre Lacotte. À la différence des autres titres du passé que Lacotte a remontés – des réinventions à lui «à la manière de» – ce ballet est,
  d’un certain point de vue, authentique. En effet, la Coppélia d’Arthur Saint-Léon de 1870, à l’exception de la Danse des heures, a été
  longtemps dansée et reprise à l’Opéra au cours du XXe siècle; et Lacotte, grand connaisseur de la tradition de la maison parisienne, a pu
  s’appuyer sur les souvenirs personnels de Carlotta Zambelli, l’ultime grande ballerine italienne à l’Opéra de Paris qui fut une Swanilda très
  aimée. C’est donc une évidence que ce ballet
  garde les valeurs esthétiques d’élégance et de
  souplesse de l’ancienne école française. Cette
  Coppélia qu’à l’Opéra on a ensuite remplacée
  par d’autres versions modernes était restée
  au répertoire de l’école de danse (un DVD
  nous montre un tout jeune Mathieu Ganio
  dans le rôle de Franz). Il faut rappeler
  également que le Ballet de l’Opéra de Nice,
  sous la direction d’Éric Vu-An, a pris soin
  de remettre en scène l’ancien répertoire
  français négligé par l’Opéra de Paris. Ainsi
  la présence d’un ancien danseur-étoile de
  l’Opéra de Paris à Vienne semble faire de la
  capitale autrichienne un nouveau fief pour
  ces ballets anciens et précieux.

       Manuel Legris répète “Sylvia” avec les
              danseurs de l’Opéra de Vienne

                                                  ment), et à la figure légendaire de Vaslav         Fokine à l’origine). Les deux autres sont des
Monte-Carlo et les Ballets                        Nijinsky, à l’origine interprète ou créateur des   créations: le Suédois Johan Inger et le Belge
Russes                                            titres que l’on propose ici. L’Allemand Marco      Jeroen Verbruggen récréent respectivement
Quatre titres des Ballets Russes mais récréés     Goecke reprend Le Spectre de la Rose qu’il créa    L’Après-midi d’un Faune et Pétrouchka. La
par des chorégraphes actuels. Ainsi les Ballets   pour la compagnie monégasque à l’occasion          soirée est à l’affiche de l’Opéra de Monte-
de Monte-Carlo rendent-ils hommage à la cé-       des cent ans des Ballets Russes en 2009 et le      Carlo en décembre prochain. Et également en
lèbre compagnie de Diaghilev, qui marqua l’un     directeur Jean-Christophe Maillot reprend          décembre a lieu une courte édition de l’habituel
des moments les plus fervents de la créativité    Daphnis et Chloé sur la musique de Maurice         Monaco Dance Forum qui présente les com-
chorégraphique du XXe siècle (et pas seule-       Ravel qu’il avait créé en 2010 (un ballet de       pagnies de quelques chorégraphes en pointe,
                                                                                                     de Hofesh Shechter à Dimitris Papaioannou
                                                                                                     (voir Calendrier).
         Les Ballets de Monte-Carlo: “Daphnis et Chloé”, c. Jean-Christophe Maillot
                                     (ph. M.-L. Briane)
                                                                                                     NYCB, de Balanchine à la
                                                                                                     génération Instagram
                                                                                                     La saison d’hiver que le New York City Ballet
                                                                                                     présente au David H. Koch Theater du Lincoln
                                                                                                     Center a lieu entre janvier et février 2019. On
                                                                                                     consacre à George Balanchine, fondateur de la
                                                                                                     compagnie, un programme centré sur les my-
                                                                                                     thes de la Grèce ancienne, avec Apollo, Agon
                                                                                                     et Orpheus, tous les trois créés par Balan-
                                                                                                     chine en collaboration avec Igor Stravinsky, et
                                                                                                     une soirée de ballets sur des musiques de
                                                                                                     Tchaïkovsky, avec Serenade, Mozartiana et
                                                                                                     Tschaikovsky Piano Concerto No. 2; mais on
                                                                                                     reprendra également Prodigal Son («Le fils
                                                                                                     prodigue») et Liebeslieder Walzer (Brahms),
                                                                                                     Duo concertant (Stravinsky) et Soupir, sur les
                                                                                                     Variations pour une porte et un soupir du
                                                                                                     compositeur Pierre Henry, que le grand
                                                                                                     chorégraphe créa en 1974. On affiche aussi un
                                                                                                     programme consacré à Jerome Robbins com-
                                                                                                     posé d’Interplay, d’In the Night et de N.Y.

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                             New York City Ballet: “Variations pour une Porte et un Soupir”, c. George Balanchine (ph. P. Kolnik)

      Export: Opus Jazz et la reprise de La Belle au       compagnie, présente aussi une création sur une   s’est fait connaître aux États-Unis pour ses
      bois dormant dans la version de Peter Martins.       musique commandée au jeune musicien              collaborations aux clips du chanteur pop Justin
      Dans les programmes mixtes, on retrouve des          américain Sufjan Stevens. Autre création au      Biber, idole des adolescentes, et pour les pho-
      pièces de Christopher Wheeldon, William              programme, celle d’Emma Portner: danseuse        tos et les vidéos artistiques sur son activité de
      Forsythe, Mauro Bigonzetti et Justin Peck.           et chorégraphe canadienne de 24 ans, elle a      danse (affichées sur son profil Instagram). Elle
      Ce dernier (31 ans), chorégraphe attitré de la       fondé sa compagnie de danse à New York et        crée pour la première fois pour le NYCB.

        Mode et danse
        De Coco Channel pour les Ballets Russes au tandem Maurice Béjart -
        Gianni Versace, la danse et la mode se sont souvent croisées et, peut-
        être, aidées l’une l’autre. Un genre de spectacle normalement considéré
        comme élitiste tel que le ballet trouve dans les paillettes d’une industrie
        riche et dynamique une manière de sortir de son créneau, et les stylistes,
        eux, se plaisent à flirter avec le monde du théâtre et à saupoudrer d’art
        leur travail. Depuis quelque temps, la tradition veut que la saison d’automne
        du New York City Ballet s’ouvre avec une soirée de gala centrée sur la
        collaboration entre les chorégraphes et les stylistes qui dessinent les costumes
        des nouvelles créations: ce qui attire la jet-set new-yorkaise. Cet été,
        également, un chorégraphe «intellectuel» comme Wayne McGregor a cédé
        à la tentation: lors de la 94e édition du salon florentin Pitti Uomo, la
        marque britannique Cos a présenté la collection masculine «Soma» qu’elle
        a confiée à la chorégraphie de McGregor et à ses danseurs. La marque
        présentait une «capsule» (c’est-à-dire une sorte de mini-garde-robe à bas
        prix, composée de vêtements assortis et interchangeables): le recours à la
        chorégraphie de McGregor servait à mettre en évidence le confort d’une              “Soma”, la chorégraphie de Wayne McGregor pour les
        tenue seyante et galbée, élément essentiel au vu des dynamiques de la vie                       vêtements dessinés par COS
        quotidienne actuelle.

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                                                                                                  projetées sur le rideau du théâtre, signé par
                                                                                                  Michael Hulls. Cet artiste des éclairages est connu
                                                                                                  dans le monde de la danse, surtout pour ses
                                                                                                  collaborations avec le chorégraphe Russell
                                                                                                  Maliphant. Et il se peut qu’il se révèle un spectacle
                                                                                                  plus «chorégraphique» que l’on pourrait penser.

                                                                                                                Chorégraphes
                                                                                                  Alastair Marriott et son soldat
                                                                                                  Le Royal Ballet de Londres parie beaucoup sur
                                                                                                  la création et peut compter sur trois chorégraphes
                                                                                                  attitrés à la carrière internationale, Christopher
                                                                                                  Wheeldon, Wayne McGregor et Liam Scarlett.
                                                                                                  Cependant, cette année aucun des trois ne présente
                                                                                                  une création au Covent Garden, même si plusieurs
                                                                                                  de leurs anciennes pièces sont reprises au cours
                                                                                                  de la saison. Le seul Anglais qui crée cette année
                                                                                                  pour la compagnie britannique la plus importante
                                                                                                  est Alastair Marriott; ce «mime» du Royal Ballet
                                                                                                  a cinquante ans et a déjà créé plusieurs pièces
                                                                                                  pour la compagnie et pour son école. En novem-
                                                                                                  bre, il présente The Unknown Soldier («Le soldat
     Nicoletta Manni et Timofej Andrijashenko du Ballet de La Scala dans “Don Quichotte”          inconnu»): lui aussi, comme d’autres auteurs, il a
                  dans la version de Rudolf Noureev (ph. Brescia-Armisano)                        choisi de rappeler les cent ans de la fin de la
                                                                                                  Première Guerre Mondiale; il raconte une historie
  La Scala en Chine                                                                               d’amour entre une femme et un homme prêt à
  Dès la fin août la tournée en Chine du Ballet de La Scala de Milan, qui a duré un mois, a       partir pour la guerre, pour mettre l’accent cette
  parcouru les villes de Shanghai, Macao, Xian et Tianjin.                                        fois sur la souffrance de ceux qui restent dans
  Depuis son ouverture en 1999, année où la souveraineté de Macao est revenue à la Chine, le      l’attente que le bien aimé revienne. La musique a
  Macao Cultural Centre a présenté de nombreuses compagnies de renommée internationale            été commandée au compositeur italien Dario
  des vingt dernières années.                                                                     Marianelli.
  Cette fois, la compagnie de La Scala a dansé un seul titre, Giselle dans l’ancienne version
  d’Yvette Chauviré. Un autre classique du répertoire, Don Quichotte (dans la version Noureev),   In memoriam d’Uwe Scholz
  a été donné dans certaines villes chinoises au cours de la tournée.
  Il s’agit des mêmes ballets qui ont été auparavant présentés au Hong Kong Arts Festival en      En 2004, le monde de la danse a perdu l’un des
  2014. Il faut noter que lors de leur dernière venue à Hong Kong, deux étoiles comme Svetlana    chorégraphes les plus talentueux de son époque:
  Zakharova, qui se partage principalement entre le Bolchoï de Moscou et La Scala, et David       l’Allemand Uwe Scholz qui n’avait alors que 46
  Hallberg de l’American Ballet Theatre, étaient à l’affiche. Mais pour cette dernière tournée,   ans. En décembre prochain, il aurait fêté ses 60
  Macao a été ravie de voir deux premiers danseurs de la compagnie dans les rôles principaux,     ans et pour l’occasion le Ballet de l’Opéra de
  Nicoletta Manni et Timofei Andryashenko. Ils sont tous les deux âgés d’un peu plus de           Leipzig, dont il fut le directeur, lui consacre une
  vingt ans. Le couple a enthousiasmé le public et a reçu de nombreux rappels.                    soirée de gala avec plusieurs extraits de son
  Les tournées en Chine du Ballet de La Scala sont assez fréquentes. La dernière a eu lieu il y   œuvre. Connu pour ses choix musicaux raffinés
  a seulement deux ans, mais dans des villes différentes.                                         et difficiles, dès ses débuts à Stuttgart, Scholz
                                                                                      Kevin Ng    s’imposa à l’époque comme «chorégraphe

Chorégraphie de lumière
Pluralité des langages, contamination des genres,
frontières esthétiques liquides: ce sont les devises
de l’époque postmoderne que les festivals de danse
ont accueillies dans les programmes des spectacles
plus proches du théâtre, de la «performing art»,
de l’installation ou du cirque dans toutes ses
désormais nombreuses déclinaisons. On ne
s’étonnera pas alors que le Sadler’s Wells
Theatre, la grande maison londonienne de la danse,
présente en octobre (mais on programmera
d’autres dates ensuite) un spectacle de lumières

                   Ballet de l’Opéra de Leipzig:
                          “Die Grosse Messe”,
                   c. Uwe Scholz (ph. I. Zenna)

                                                                        14
NEWS • ECHOS • BREVI
ECHOS           ECHOS• •BREVES   NEWS •• ECHOS
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                                                                                  • ECHOS  • ECHOS• ECHOS
                                                                                                    • ECHOS

                                                         symphonique». Il créa sur la Septième Symphonie          désaffectée du XVIIe siècle à Annonay. Il a créé
                                                         de Beethoven, sur la fantasmagorique Symphonie           pour diverses compagnies, notamment pour le Ballet
                                                         fantastique de Berlioz, sur Mozart et sur                de Lorraine à Nancy en 2001 et pour le Ballet de
                                                         Rachmaninov, sur La Création de Haydn et sur             l’Opéra de Paris, Le Souffle du temps, en 2006.
                                                         Pax questuosa d’Udo Zimmermann, où il
                                                         s’interrogea sur les troubles et les attentes de
                                                         l’homme contemporain; il réalisa aussi des ballets       Preljocaj à La Scala
                                                         narratifs comme Le Rouge et le noir (d’après             Angelin Preljocaj revient travailler avec le Ballet
                                                         Stendhal), que le Ballet du Rhin a représenté            de La Scala de Milan pour lequel il signe sa première
                                                         récemment. Hormis la compagnie de Leipzig, dont          création en janvier prochain. Le chorégraphe
                                                         certaines pièces du chorégraphe restent au               franco-albanais a aujourd’hui 61 ans et présente
                                                         répertoire, il dirigea le Ballet de l’Opéra de Zurich.   chaque année une création (parfois deux) pour
                                                         Toutefois depuis sa disparition (il y a 14 ans),         sa compagnie, le Ballet Preljocaj, installée au
                                                         ses œuvres ne sont représentées                          Pavillon Noir d’Aix-
                                                         qu’occasionnellement. Le Ballet de l’Opéra de            en-Provence. Mais
                                                         Nice a repris récemment son Oktett                       sa dernière création
                                                         (Mendelssohn).                                           pour          une
                                                                                                                  compagnie qui
                                                                                                                  ne soit pas la
                                                         Le Requiem de Dawson                                     sienne remonte
                                                         L’Anglais David Dawson (46 ans) est aujourd’hui          à 2013: Spec-
                                                         le chorégraphe attitré du Het Nationale Ballet           tral Evidence
                                                         (à côté de Hans van Manen,
        Samantha Figgins, Jeroboam Bozeman –             le plus grand chorégraphe
          Alvin Ailey American Dance Theater             hollandais et doyen de
                     (ph. A. Eccles)                     la       chorégraphie
                                                         moderne). En février
                                                         prochain, Dawson
        Alvin Ailey, 60 ans de                           présente pour la
        compagnie                                        compagnie d’Amsterdam
                                                         une création. Pour l’occasion, une
        L’Alvin Ailey American Dance Theater fête
                                                         Messe de Requiem a été commandée
        ses 60 ans avec une saison richissime pour
                                                         au compositeur britannique Gavin
        cinq saisons, entre novembre et décembre,
                                                         Bryars; c’est ainsi que les deux
        au New York City Center. En effet, Ailey
                                                         compatriotes veulent célébrer la fin de
        – parmi les chorégraphes les plus populaires
                                                         la Première Guerre Mondiale. Au
        et les plus aimés de l’histoire de la danse
                                                         même programme, la reprise du solo
        américaine – fonda sa compagnie en 1958;
                                                         que Dawson a créé pour le danseur
        formée principalement par des danseurs afro-
                                                         de la compagnie Edo Wijnen
        américain, elle était destinée à jouer un rôle
                                                         l’année dernière: intitulé Citizen
        unique sur la scène de danse des soixante
                                                         nowhere («Citoyen de nulle
        dernières années. Tout comme a été unique
                                                         part»), il puise son inspiration dans
        l’extraordinaire fusion de styles qui est la
                                                         le best-seller d’Antoine de Saint-
        pâte chorégraphique de son fondateur et
                                                         Exupéry, Le Petit Prince. Cette saison,
        démiurge, mort en 1989.
                                                         d’autres pièces de Dawson sont au
        Revelations, son chef-d’œuvre de 1960,
                                                         programme du San Francisco Ballet
        véritable carte de visite à grand succès de la
                                                         (Anima animus, sur la musique d’Ezio
        compagnie, scande les six programmes
                                                         Bosso) et au Ballet du Semperoper de
        présentés à cette occasion. Mais on donnera
                                                         Dresde, dont le chorégraphe est un habitué:
        également Night Creature et Cry (le célèbre
                                                         il y reprend The Four Seasons, sur la réécriture
        solo pour Judith Jamison, muse d’Ailey et
                                                         de Max Richter des Quatre Saisons de Vivaldi.
        longtemps directrice de la compagnie après
        la mort du chorégraphe; aujourd’hui elle en
        est la directrice émérite et, en septembre, on   Mozart pour Abou Lagraa
        lui a accordé le Living Legend Award). Mais
                                                         Abou Lagraa créa pour le Ballet du Grand-
        comme bien d’autres compagnies, quand son
                                                         Théâtre de Genève. Sa nouvelle pièce qui
        auteur disparaît, celle-ci ne se limite plus à
                                                         s’appuie sur la Messe en ut mineur de Mozart
        son rôle de gardienne des chorégraphies de
                                                         se présente comme «un voyage spirituel où les
        son fondateur, mais vit pleinement son
                                                         corps deviennent musique». Elle débutera fin                                              Carlo Di Lanno,
        époque avec des créations de chorégraphes
                                                         novembre à l’Opéra des Nations de la ville suisse                                           Luke Ingham,
        actuels, dans ce cas le plus souvent
                                                         (le Grand-Théâtre étant en phase de réaménage-                                             Sofiane Sylve –
        américains. Au cours des célébrations on
                                                         ment). Le chorégraphe franco-algérien, qui a                                                San Francisco
        affiche des pièces de Rennie Harris, Ronald
                                                         aujourd’hui 47 ans, est actif depuis le début des                                          Ballet: “Anima
        K. Brown, Wayne McGregor, Jessica Lang
                                                         années 90 et il est connu pour ses pièces où                                                  Animus”, c.
        et de l’actuel directeur de la compagnie
                                                         fusionnent plusieurs genres de danse, y compris                                            David Dawson
        Robert Battle. Battle et Harris présentent
                                                         le hip hop; il a fondé la compagnie La Baraka qui                                                   (ph. E.
        aussi une création chacun.
                                                         en février dernier s’est installée dans une chapelle                                           Tomasson)

                                                                                  15
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                                                     des cygnes, pour les dépouiller du romantisme       cygne noir incarné par Adam Cooper (principal
                                                     du ballet du XIXe siècle; la parodie                du Royal Ballet qui connut à l’époque un succès
                                                     irrévérencieuse de la famille royale anglaise; le   international). Une longue série de représenta-
                                                     récit d’un prince, qui rappelle Charles             tions à Londres nous dira si le succès perdure.
                                                     d’Angleterre, séduit par le charme morbide d’un     Treize ans après.

  “Gravité”, la dernière création d’Angelin
       Preljocaj pour sa compagnie
           (ph. J.-C. Carbonne)

pour le New York City Ballet. C’est à 2010 que
remonte la collaboration entre le Ballet Preljocaj
et le Ballet du Bolchoï de Moscou pour Suivront
mille ans de calme et la création de Siddartha à
l’Opéra de Paris; mais plusieurs de ses pièces
(La Stravaganza, Le Parc…) sont au répertoire
des compagnies de ballet de l’Europe entière (y
compris La Scala) qui les reprennent souvent.
Pour la création milanaise, Preljocaj a choisi les
24 Lieder du cycle Winterreise («Voyage
d’hiver») de Franz Schubert.

Les cygnes immortels de
Matthew Bourne
Matthew Bourne a aujourd’hui 58 ans et est
devenu une vedette du théâtre chorégraphique
grâce à ses «relectures» extravagantes des
grands ballets du répertoire, pimentées de
références à la culture pop et
cinématographique, tendant à la comédie
musicale. Ces dernières années, le public a pu
découvrir ou redécouvrir aussi un Bourne plus
intime, celui qui a précédé son succès
international, par une série de programmes
«revival» qui ont redonné vie à des pièces
créées entre les années 80 et le début des
années 90, influencées par la culture populaire
anglaise de l’époque. Maintenant, le
chorégraphe anglais et sa compagnie New
Adventures reviennent au Sadler’s Wells
Theatre de Londres, entre décembre et janvier,
avec la reprise de leur plus grand succès, Swan
Lake. Créé en 1995, le ballet fit sensation grâce      Matthew Ball – New Adventures:
à plusieurs ingrédients: ses cygnes-mâles, qui         “Swan Lake”, c. Matthew Bourne
mettaient l’accent sur le tempérament agressif         (ph. J. Persson)

                                                                            16
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Tour du monde en
Casse-Noisette
   Les compagnies de ballet et de danse du
monde se préparent à mettre en scène leur
Casse-Noisette, en vue des fêtes de Noël. Le
titre, qui attire le public de la danse mais aussi
un public plus large, est indispensable au box-
office. Et cette année comme de coutume, entre
décembre et janvier, la liste des Casse-Noisette
est longue et variée.
   Certaines compagnie russes en tournée en
Europe, qui exploitent l’aura et le mythe du
ballet russe, assurent que leur Casse-Noisette
est bien l’original dans la «chorégraphie de
Marius Petipa». Mais la chorégraphie de Casse-
Noisette, créée en 1892 à Saint-Pétersbourg, n’est
pas de Petipa. En effet, le grand chorégraphe
français, après avoir concocté la structure mu-
sicale avec Tchaïkovsky et avoir élaboré le li-
vret (qui n’était pas le sien) et la coupure des
tableaux, pour des raisons de santé confia la
chorégraphie à son assistant Lev Ivanov. Il est
donc plus probable que ces Casse-Noisette
puisent dans la tradition russe qui dérive de
Vassili Vaïnonen, auteur du ballet de 1934, au
répertoire du Théâtre Mariinsky (/Kirov) de
Saint-Pétersbourg (/Leningrad). La compagnie
pétersbourgeoise le reprend bien sûr pour Noël,
alors qu’à Moscou le Ballet du Bolchoï
dépoussière celui de Youri Grigorovitch, un
ballet toujours à succès, techniquement
époustouflant, qui remonte à 1966 et que cette
année on pourra voir au Teatro Carlo Felice
de Gênes avec le Ballet de l’Opéra d’Astana
(Kazakhstan).

   Une photo de promotion du nouveau
 “Casse-Noisette” de José Martínez pour la
      Compañía Nacional de Danza

                                                       Nina Kaptsova et Alexander Volchkov dans le “Casse-Noisette” de Youri Grigorovitch au
                                                                                    Théâtre Bolchoï de Moscou

                                                        À Paris, on peut choisir entre deux Casse-     let, sans compter celui de Peter Wright au
                                                     Noisette, celui du Ballet National de Chine       Covent Garden avec le Royal Ballet (selon
                                                     (à la Seine Musicale), produit de la              certains, ce serait le plus proche de l’original
                                                     globalisation, où la musique de Tchaïkovsky       de Lev Ivanov, transmis par le régisseur des
                                                     se mêle à des danses traditionnelles chinoises,   Théâtre Impériaux de Saint-Pétersbourg,
                                                     et un autre d’essence russe, celui du Ballet      Nikolaï Sergueev, qui monta le ballet pour
                                                     de l’Opéra de Kiev (au Théâtre des Champs-        le Vic Wells Ballet, ancêtre du Royal Ballet).
                                                     Élysées).                                            Les pays de langue allemande aussi abon-
                                                        Londres offre au Coliseum le Nutcracker        dent en Nussknacker. D’abord à Berlin, avec
                                                     de Wayne Eagling situé à l’époque                 la version de Vassili Medviediev et Youri
                                                     édouardienne avec l’English National Bal-         Bourlaka qui se propose de récréer le faste

                                                                           18
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                                                                                                                                       Noisette” de
                                                                                                                                             Vassili
                                                                                                                                       Medvedev et
                                                                                                                                    Youri Bourlaka
                                                                                                                                            pour le
                                                                                                                                     Staatsoper de
                                                                                                                                              Berlin
                                                                                                                                      (ph. B. Stöss)

                                                                                                                                 Sarah Lamb dans
                                                                                                                                 “Casse-Noisette”
                                                                                                                                de Peter Wright au
                                                                                                                                Covent Garden de
                                                                                                                                          Londres

                                                                                                                        espagnole). Le Béjart
          Ballet de Zurich: “Nussknacker und            Nouveauté: en                                                   Ballet Lausanne, qui se
           Mausekönig”, c. Christian Spuck           décembre le Nutcracker de                                         propose de ressusciter les
                   (ph. G. Batardon)                 George Balanchine, très aimé et popu-                            différents titres du très vaste
                                                     laire à New York (le New York City Ballet                       répertoire de son démiurge,
                                                     en donne comme toujours de nombreuses re-                      remet en scène après 19 ans
      kitsch du ballet originel, puis à Hambourg,    présentations) est enfin visible en Europe:     à Lausanne le Casse-Noisette de Maurice
      où pour John Neumeier le bizarre oncle         en effet, il entre au répertoire de La Scala    Béjart, un ballet autobiographique où le
      Drosselmeier ressemble à un Marius Petipa      de Milan dans une nouvelle production avec      chorégraphe raconte son enfance, en orphelin
      maniéré.                                       décors et costumes de Margherita Palli.         de mère, et son parcours d’initiation à la
        Incontournable que celui aux côtés psy-      Entre-temps, la Compañía Nacional de Danza      danse et à la chorégraphie.
      chanalytiques de Rudolf Noureev à l’Opéra      présente en Espagne son Cascanueces signé         Et ce n’est pas tout. Le lecteur pourra
      de Vienne, alors qu’à Zurich Christian Spuck   par le directeur José Carlos Martínez (l’une    trouver les autres Casse-Noisette au pro-
      revient à la source littéraire originelle      des initiatives de l’ancien danseur-étoile de   gramme entre décembre et janvier, d’Oslo
      d’E.T.A. Hoffmann avec son Nussknacker         l’Opéra de Paris qui cherche à remettre au      à Varsovie, de Stockholm à Naples, dans les
      und Mausekönig.                                répertoire classique la compagnie nationale     pages «Calendrier» à la fin du magazine.

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Les Adieux de Karl Paquette                      Rigal: quelle Merveille !                                                       L’image de
                                                                                                                                 l’affiche de la
Nommé danseur-étoile le 31 décembre 2009         L’Amphithéâtre Bastille (dans les sous-sols                                     soirée
dans le rôle de Drosselmeyer/le Prince dans      de l’Opéra Bastille à Paris) accueille en                                       anniversaire de
Casse-Noisette de Rudolf Noureev, c’est          décembre un drôle d’opéra-ballet intitulé                                       la Déclaration
aussi un 31 décembre, cette année, qu’il         Merveille. Il s’agit d’une collaboration entre                                  des Droits de
fera ses adieux dans Cendrillon, un autre        la compagnie Dernière Minute de Pierre Rigal                                    l’Homme
ballet de Noureev, dans le rôle de l’acteur-     et l’Académie de l’Opéra de Paris (l’école pour
vedette. Avec le départ de Karl Paquette         les métiers des arts du théâtre au sein de
(v. ci-dessous, ph. M. Hayez), le Ballet         l’Opéra de Paris). Pierre Rigal lui-même (45
de l’Opéra perd le danseur noble classique       ans), qui aime les illusions, les jeux optiques,
par excellence et un pilier. Le partenaire       les effets de la lumière et les visions
dont toutes les danseuses rêvent parce que       fantasmagoriques, en signe la conception, la
Karl c’est du solide, le danseur sur lequel      mise en scène et la chorégraphie, alors que la
tout maître de ballet peut compter parce         musique est attribuée à Gwenaël Drapeau et          70 ans de Déclaration
que Paquette peut remplacer au pied levé.        Julien Lepreux.
                                                                                                     Le 10 décembre 1948, à Paris, dans le théâtre
À cause de cela et pour bien des choses                                                              du Palais de Chaillot, 48 nations réunies
encore, le public de l’Opéra l’adore. Peut-              “Merveilles” de Pierre Rigal                signèrent la Déclaration des Droits de l’Homme.
être aussi pour sa ligne parfaite et son                                                             30 articles pour proclamer une même foi dans
élégance comme celles de son professeur                                                              la dignité et la valeur de la personne. Soixante-
Max Bozzoni qui l’a accueilli à neuf ans                                                             dix ans plus tard, dans ce même théâtre, des
dans son studio parisien du 53 rue Rodier.                                                           artistes, venus de divers horizons de la création,
De Karl, Max Bozzoni (1918/2003) nous                                                                rendent hommage lors d’une soirée spéciale à
confiait en 2001 peu de temps après que                                                              cet événement historique et crucial. Une soirée
le danseur ait obtenu le poste de premier                                                            anniversaire orchestrée par la metteuse en scène
danseur: «À l’école de danse de l’Opéra,                                                             Anne-Laure Liégeois qui collabore avec une très
il était rarement le premier mais lui, dans                                                          longue liste de noms d’artistes, acteurs, metteurs
sa tête, il se voyait premier. C’est un                                                              en scène, chorégraphes dont Carolyn Carlson,
volontaire». Il faut ajouter: réservé, timide,                                                       François Chaignaud, Alonzo King, Phia Ménard,
travailleur acharné, et patient. Neuf ans,                                                           Dominique Mercy, Mathilde Monnier, Angelin
c’est le temps qu’il attendra pour être                                                              Preljocaj, Ohad Naharin…
nommé danseur-étoile. Quand certains y
voyaient une injustice, lui abordait déjà
chaque rôle en étoile. De ses interprétations,
on veut garder en mémoire Armand dans              Une autre Scala, à Paris
La Dame aux camélias de John Neumeier,             Le 11 septembre dernier, un nouveau théâtre
sa transformation dans Abderam (un contre          a ouvert ses portes au 13, boulevard de
emploi) de Raymonda, le rôle masculin              Strasbourg à Paris dans le Xème
dans Le Sacre du Printemps de Pina                 arrondissement. Un épisode heureux pour cet
Bausch et Solor dans La Bayadère. À                établissement à l’histoire mouvementée qui
chaque fois, il nous convainquait par son          tient du feuilleton. C’est en 1873 que la veuve
physique de jeune premier, sa puissance,           d’un riche industriel du Nord fait construire
son engagement et la propreté de son style         un théâtre à l’emplacement du populaire café-
classique de l’école française.                    chantant le Cheval Blanc. Il a deux
                                         M.P.      caractéristiques : une coupole en verre qui
                                                   permet d’apercevoir le ciel et un nom
                                                                                                             Le Théâtre La Scala de Paris
                                                   prestigieux: La Scala. En effet, la propriétaire
                                                                                                                dans une photo de 1874
                                                   Marie-Reine Roisin admire éperdument le
                                                   théâtre de La Scala de Milan. À Paris, La Scala,
                                                   sera tour à tour un des plus célèbres cafés-
                                                   concerts qui accueille en 1895 la revue au titre sulfureux Paris fin de Sexe. Successivement,
                                                   les chanteurs Mayol, Fréhel, Yvette Guilbert, Mistinguett enflamment les lieux. Dans sa
                                                   correspondance, Marcel Proust séduit par le talent de Félix Mayol, parle de La Scala comme
                                                   d’un temple de la «chansonnette». Rideau sur la chanson, La Scala devient en 1936 un
                                                   cinéma Arts déco, puis le premier multiplexe pornographique des années 80 avant de céder
                                                   la place à une église baptiste brésilienne en 1999. Le rachat par Mélanie et Frédéric Biessy
                                                   en 2016 le destine à être un théâtre privé au service de la création. Richard Peduzzi et Luc
                                                   Bondy créent la couleur (bleue) et le dessin de cette salle modulable de 560 places. L’acoustique
                                                   est confiée au compositeur Philippe Manoury. Le coup d’envoi est donné par la création
                                                   Scala de Yoann Bourgeois, acrobate, poète et chorégraphe. Dans ce lieu à la programmation
                                                   éclectique, la danse s’inscrit sous le signe des longues séries avec la trilogie de Jaco Van
                                                   Dormael et Michele Anne de Mey: Kiss & Cry (décembre), Cold Blood (janvier), Amor, un
                                                   seule en scène de Michèle Anne de Mey (création française, janvier-février). Suit une carte
                                                   blanche à Aurélien Bory: aSH, Plexus, Questcequetudeviens? pièces pour les danseuses
                                                   Shantala Shivalingappa, Kaori Ito, Stéphanie Fuster (de février à mars).
                                                                                                                                               M.P.

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