Motus (Écrire au plateau IV) - Service Université Culture
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Pierre-François Pommier Service Université Culture – saison 2021-2022 Projet artistique pour l’atelier théâtre Écrire au plateau Motus (Écrire au plateau IV) Avec la collaboration artistique de Sandrine Sauron, chorégraphe, danseuse, comédienne • Volume horaire : 60 heures, dont 24 heures avec Sandrine Sauron • Nombre de participants maximum : 20 • Salle Georges Guillot Écrire au plateau est un atelier de recherche théâtrale dont le principe est d’encourager l’acteur à être non seulement l’interprète mais aussi le créateur de ce qu’il joue. L’idée n’est pas de monter une pièce, le texte ne précède pas le jeu, le texte est peut-être même absent : ce qui s’écrit est une matière scénique, pensée pour le théâtre, dans un va-et-vient entre l’acteur et le metteur en scène. Aucun talent particulier d’écrivain ou de comédien n’est requis. Il suffit d’avoir envie d’inventer sur scène. Tous les participants construisent leur performance au plateau à partir d’exercices, d’improvisations et de documents divers rassemblés autour d’une thématique définie chaque saison (textes issus du théâtre ou de la littérature sous toutes ses formes, articles de presse, extraits d’ouvrages théoriques, blogs, témoignages, chansons, films, tableaux, photos…) Loin de se revendiquer comme un atelier chorégraphique ou comme un atelier d’écriture pure, Écrire au plateau constitue une dynamique de composition théâtrale en constante recherche. Le but n’est pas d’aboutir à une œuvre, à un produit fini ; le but est d’expérimenter, de réinterroger le théâtre comme un art sans cesse en renouvellement. L’image scénique a autant sa place que la parole : toute forme de représentation du réel peut s’inviter au cœur du dispositif. Ce programme est enrichi d’un parcours de spectateur. Car la création théâtrale ne peut se faire sans un minimum de connaissances sur la discipline, il est recommandé pour chaque participant d’assister à plusieurs spectacles dans l’année. De plus, au moins une sortie sera organisée dans le cadre de l’atelier. Après trois premiers volumes portant respectivement sur les thématiques du corps (CORPUS, 2018-2019), de l’habitat (DOMUS, 2019-2020) et de l’étranger (ALIENUS, 2020-2021), ce quatrième volume, MOTUS, portera sa réflexion sur le principe de mouvement. Bien évidemment, il est ouvert à tout le monde, il n’est pas nécessaire d’avoir participé aux précédents projets pour rejoindre celui-ci. 1/7
IV. MOTUS Le désir de travailler sur la notion de mouvement est en quelque sorte une réaction à plusieurs éléments : Il nait d’abord de l’envie d’en finir avec la sédentarité d’un mode de vie confiné. La crise sanitaire pèse sur nos corps et nos âmes, il est temps de mettre du mouvement partout où l’on trouvera un espace de liberté. La scène est un bon endroit pour cela, si l’on nous en autorise l’accès. Ce projet MOTUS constitue également une réponse aux trois précédents sujets de l’atelier Écrire au plateau mené au SUC depuis 2018. Il apporte des précisions au premier, CORPUS, qui s’intéressait au corps humain ; il apporte un contre-pied au second, DOMUS, qui prenait place dans l’immobilité de la maison ; et il prolonge le dernier, ALIENUS, où il était déjà question de mouvements : mouvements de population, flux migratoires… Comme pour les précédents projets, il s’agira bien sûr d’envisager le mot mouvement dans sa pluralité de sens, justement afin de créer une forme scénique plurielle, convoquant tout autant le corps, la parole, la technique. Plus que jamais, l’enjeu sera d’explorer le théâtre à la lisière d’autres disciplines, tout en cherchant à se revendiquer théâtre. À ce titre, la collaboration avec Sandrine Sauron, dont le domaine d’origine est celui de la danse, sera l’occasion d’interroger cette frontière entre les différentes disciplines de la scène. Mais il s’agit bien d’un atelier théâtre, ouvert à toutes personnes désireuses de s’interroger sur le théâtre par la pratique : évoquer la danse est ici un moyen d’explorer les limites du théâtre. Donc toutes les morphologies sont les bienvenues, aucun savoir-faire en danse ou en théâtre n’est requis. La matière nécessaire à ce travail sera composée d’éléments apportés par le metteur en scène, la chorégraphe, et par chaque personne participant à l’atelier. Elle pourra être constituée de lectures, de trouvailles personnelles, de témoignages personnels, de réflexions à partir d’expérimentations au plateau, du dialogue entre les différents acteurs du projet… Qu’il s’agisse d’observer le mouvement des corps dans l’espace scénique ou bien de mener une réflexion par la parole sur ce qui nous fait bouger ou sur nos modes de déplacement, l’idée est véritablement de questionner le théâtre en portant un regard sur les mouvements humains dans le monde contemporain. Quelques notes regroupées en trois chapitres donnent un aperçu global des premières pistes de réflexion et du processus de création : 2/7
CHAPITRE 1 L’animé / le mobile Qu’est-ce qui t’anime ? Qu’est-ce qui te met en mouvement ? Quel est ton moteur ? C’est à peu près ainsi qu’il faudrait formuler la première question posée aux acteurs : commencer par penser à ce qui nous déclenche, nous démarre, ce qui nous met en joie, en action, nous bouscule, nous donne de l’élan, nous fait vibrer, nous fait réagir… Peut-être pourrions-nous commencer par dresser la liste de ce qui nous met en mouvement, et inversement ce qui nous immobilise, nous paralyse. Et puis donner corps à cette liste : comment traduire en langage scénique ce désir de mobilité ? Imaginer, seul ou à plusieurs, les gestes de cette mise en mouvement. D’où provient le mouvement ? D’un corps dans l’espace, sans doute, oui… Mais qu’est- ce qui déclenche le geste ? Une vibration ? Une respiration ? Une pensée ? Une réaction épidermique à un événement ? Un automatisme ? Regardons ce qu’il est écrit dans le Petit Robert à l’entrée MOUVEMENT. Parmi plusieurs définitions très techniques, on trouve celle du mouvement pour la matière vivante : Changement de position ou de place effectuée par un organisme ou une de ses parties. (Mouvements du corps ou d’une partie du corps humain). Et c’est ici qu’intervient la notion de geste. Relevons quelques expressions, prenons quelques notes. Le dictionnaire distingue deux catégories de mouvements du corps humain : mouvements simples et mouvements complexes : Mouvements simples, effectués par un membre, une partie du corps : attitudes, positions, postures et mouvements. Les muscles, organes du mouvement. […] Abduction, élévation, extension, flexion, inclinaison, pronation, rotation, supination […] Mouvements complexes, effectués par tout le corps : agenouillement, balancement, bond, cabriole, chute, culbute, élan, gambade, pirouette, plongeon, rétablissement [c’est un terme de gymnastique], saut. Distinguer ces deux approches de la notion de mouvement permettra probablement de jouer sur deux tableaux : l’économie d’une part, et la débauche de moyens d’autre part. Un geste imperceptible, presque invisible à l’œil nu est déjà un mouvement. Peut-il faire autant événement sur une scène qu’une course, un saut ou un geste acrobatique ? De plus, ces mots donnés à titre d’exemple par le Petit Robert sont très évocateurs, et donnent encore des idées de liste. Non ? Après avoir dressé la liste de ce qui nous met en mouvement, en action, dressons la liste de tous les termes utilisés dans différentes disciplines impliquant le corps (en danse, en gym ou d’autres sports) : jouons avec ce vocabulaire, écrivons un poème à partir de ce lexique. (cf. la chanson de Philippe Katerine, Danse traditionnelle). Comme évoqué en introduction, cette réflexion sur la mobilité sera l’occasion d’apporter des précisions à un précédent travail mené sur le thème du corps humain. Tous les corps ne produisent pas les mêmes mouvements car tous les corps sont différents. Comment veiller à ce qu’au plateau chaque morphologie puisse apporter une image singulière et contribuer à la construction d’une dramaturgie ? 3/7
Observer les techniques du sportif, du kiné, du danseur, de l’acrobate, et les transposer au théâtre. Quel regard sur l’humain cela soulève-t-il ? À quelles interrogations nous amènent ces expériences ? CHAPITRE 2 L’inanimé / l’immobile Un canapé et des plantes vertes. Ce serait a priori le dispositif scénographique pour mener cette expérimentation. Pour qu’il y ait mouvement, il faut sans doute qu’il y ait eu immobilité au préalable. Le mouvement surgirait de l’inaction, de l’inerte, du statique. Le canapé est une des traductions possibles de l’inactif, du corps et du cerveau en veille, prêts à consommer toute forme d’audiovisuel, pourvu qu’elle ne demande pas trop d’effort. Car le canapé n’est pas un fauteuil : il n’est pas forcément une assise individuelle ; il a une fonction sociale, il invite l’autre, les autres, à faire de même, à s’adonner aux joies de l’inertie. C’est l’espace du spectateur, renvoyé frontalement (presque violemment) au vrai spectateur, celui qui est installé dans la salle. Ce canapé, et l’usage qu’en feront les acteurs, est un endroit de questionnement de nos sociétés : le repos après le travail passe par la consommation d’écrans : à la maison on n’est plus face à face, on est côte à côte, tous deux, tous trois, spectateurs d’un produit conçu spécialement pour notre besoin de vide. Faire le vide après une journée mouvementée. Et commenter. Commenter le creux, le médiocre, l’indigent. La télé-réalité est une source intarissable de discours pour le théâtre, soyons-en persuadés. Les plantes vertes sont quant à elles l’archétype du vivant inanimé. Qui n’a jamais employé ces expressions : faire tapisserie, faire la potiche… faire la plante verte ? Faire partie du décor, ne pas savoir ce qu’on fait là… Ça nous arrive à tous parfois (enfin, j’espère). Mettre l’acteur dans le décor. Non. Faire de l’acteur le décor : allez, go ! tous plantes vertes, tous tapisserie, tous hallebardiers. Et attendre de voir ce qui se passe. Quel élément, quel événement va finir par briser cette immobilité ? D’où va surgir le mouvement ? (On en revient toujours à ce point.) La plante verte est de plus très pratique : elle n’a pas la robustesse de son noble cousin, l’arbre ; on peut la déplacer au gré de nos envies ou de nos besoins en matière d’espace. On crée ainsi de l’animé avec de l’inanimé, et c’est tout à fait réjouissant. Et puis le Petit Robert (encore lui) parle des mouvements de l’air, des feuillages agités par le vent, [du] mouvement de l’eau. Alors ajoutons un ou deux ventilateurs à notre scénographie… Cette espace fait de plantes d’intérieur et d’un canapé répond à son tour à un précédent travail mené sur le thème de la maison : comment mettre en lumière la sédentarité de nos vies ? Enfoncer le clou du confinement et peut-être ainsi crever l’abcès de cette crise ? L’absence de mouvement peut aussi être due à la difficulté des corps à se mouvoir. Il n’y aurait plus cette léthargie du canapé, mais une réelle volonté de mouvement, empêchée. Qu’est-ce qui pourrait empêcher les corps de se mettre en mouvement ? Une forme de paralysie ? La contrainte d’un autre corps sur ce corps, le réduisant à l’immobilité ? Comme certains rêves parfois, où on devrait courir, on sait qu’il faut courir pour échapper au danger, mais nos jambes ne répondent pas… Ce serait intéressant d’expérimenter ces sensations. 4/7
De l’immobilité peut jaillir aussi toute une série de mouvements automatiques, inconscients, que l’on pourrait nommer réflexes. Et c’est le moment de revenir une fois de plus au Petit Robert qui donne comme exemple de mouvements inconscients les mots suivants : contraction, convulsion, frémissement, frisson, spasme, sursaut, tremblement, tressaillement. Poursuivons la liste, et faisons apparaître ces gestes au plateau : comment reproduire un geste incontrôlé sans que ça paraisse faux ? Ou alors, comment assumer ce faux et l’augmenter, créer un geste absurde / abstrait à partir de tous nos petits mouvements non maîtrisés ? CHAPITRE 3 Le mouvant / l’impermanent À quoi toutes ces tentatives vont-elles mener ? Quel sera le propos final de ce projet ? Il est bien difficile d’apporter d’ores et déjà une réponse puisque tout l’intérêt de ce travail est de chercher, juste chercher, sans savoir ce que l’on va trouver. Ce qui est à peu près certain, c’est que la forme scénique doit relever de l’hybride : entre acte théâtral pur et essai chorégraphique. Tenter de s’abandonner au mouvement, et laisser apparaître ce qui doit s’écrire. Le mouvement, ce n’est pas seulement l’action de bouger, c’est aussi le fait de changer, d’opérer des mutations, des glissements, des transitions, des transformations… On parle bien de mouvement littéraire, artistique, on parle de courant pour nommer des tendances évolutives dans les arts. Et s’il faut toutefois préciser le sujet, aller jusqu’à mener un propos, il ne pourra pas prendre toute la place. L’objet scénique qui sera réalisé parlera de plusieurs choses. Nous l’avons déjà évoqué, il sera question de corps humain, d’objets inanimés tels que des plantes vertes et un canapé, et il sera aussi question du mouvement à travers une approche plus collective. En effet, ce n’est pas pour rien si on emploie l’expression de mouvement social. Si le mouvement c’est aussi le désir de changement, alors il serait dommage de ne pas l’évoquer à travers ce prisme. Et, c’est pénible, mais je ne m’en lasse pas, je ressors à nouveau mon Petit Robert : un mouvement est aussi défini comme une action collective tendant à produire un changement d’idées, d’opinion ou d’organisation sociale : mouvement révolutionnaire, insurrectionnel, mouvement de grève, mouvement syndical. Ce serait alors très amusant de jouer à ça : à l’action collective sur un individu, qui tenterait d’opérer sur cet individu un changement de point de vue. Et puis recréer sur scène un mouvement social : qu’aurions-nous à revendiquer ? Que faudrait-il changer ? Mettre les acteurs en grève (immobilité), en manif (marche)… Se heurter aux forces de l’ordre, utiliser le matériel public pour se défendre : le canapé comme barricade, les plantes vertes comme projectiles, le terreau et les billes d’argile comme pavés… 5/7
Enfin, en prolongement du précédent travail mené ici, il est important, surtout aujourd’hui, d’évoquer la notion de mouvement en mettant en perspective l’humanité dans le monde : mouvements de populations, migrations, demandes d’asile… Là-dessus, ce précédent travail était essentiellement constitué de témoignages recueillis par les acteurs. En fonction des différentes sensibilités dans le groupe, il serait possible d’envisager de poursuivre ce travail. Mais puisqu’il est question de mouvement des corps, pourquoi ne pas tenter d’évoquer ces migrations par la création d’images au plateau ? Comment la parole se substitue au visible, comment les corps pourraient parler d’eux-mêmes… La notion de mouvement est vaste. C’est un sujet à la fois très abstrait, et à la fois ancré dans des réalités bien palpables. La réflexion menée ici est volontairement incomplète : au moment où le travail n’est pas encore entamé, il est important de laisser des zones de flou, des espaces vides, afin que chacun puisse apporter sa contribution à l’écriture du projet. Ces trois chapitres ne sont que les premières pistes de réflexion. Les acteurs seront chargés de poursuivre ce travail avec leur propre sensibilité. Le sujet abordé doit pouvoir s’ouvrir sur de nombreux aspects. Dans un premier temps il s’agira de rassembler toute la matière et de l’essayer au plateau, avant d’en faire le tri. Une fois que les différents chapitres du parcours auront été esquissés, un travail d’approfondissement sera réalisé au cours des répétitions. Pierre-François Pommier, septembre 2021. 6/7
Pierre-François Pommier Service Université Culture – saison 2021-2022 Atelier théâtre Écrire au plateau IV. Motus Calendrier sur 60 heures de répétitions Restitution publique à l’issue du parcours Salle Georges Guillot 1 samedi 9 octobre 14h-18h 20h30 : spectacle Fauves, Cour des 3 Coquins dimanche 10 octobre 14h-18h 2 dimanche 7 novembre 14h-18h 3 samedi 4 décembre 14h-18h Salle culturelle des Cézeaux dimanche 5 décembre 14h-18h Salle culturelle des Cézeaux 4 samedi 15 janvier 14h-18h dimanche 16 janvier 14h-18h 5 samedi 12 février 14h-18h dimanche 13 février 14h-18h 6 samedi 19 mars 14h-18h dimanche 20 mars 14h-18h 7 mercredi 6 avril 18h-22h jeudi 7 avril 18h-22h vendredi 8 avril 18h-22h samedi 9 avril 14h-18h dimanche 10 avril 14h-18h (restitution publique à 16h) Salle Georges Guillot – Résidence Philippe Lebon – 28 bd Côte-Blatin 63000 Clermont-Ferrand Salle culturelle des Cézeaux – Cité 2 – 15 rue Roche-Genès 63170 Aubière Contact : Pierre-François Pommier pommierpf@gmail.com 7/7
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