La nouvelle Loi sur les compétences municipales : un travail inachevé
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Novembre 2005 Cités et villes La nouvelle Loi sur les compétences municipales : un travail inachevé Bulletin d’information — Volume 7, no 4 Par Me Jean Hétu Professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université de Montréal SOMMAIRE et avocat-conseil chez Dufresne Hébert Comeau CITÉS ET VILLES La nouvelle Loi sur les compétences municipales : Loi sur les compétences croire que les travaux de révision un travail inachevé ............................ 1 municipales se termineraient au début des an- Infrastructures municipales : L. Q. 2005, c. 6 L’entente finale Canada-Québec nées 1990. En effet, la Loi sur les se fait attendre .................................. 8 O n souhaite depuis très élections et les référendums dans ACTION GOUVERNEMENTALE longtemps que le législa- les municipalités fut sanctionnée Nouvelles règles au Tribunal teur provincial révise le 23 juin 1987 pour entrer en administratif du Québec .................... 6 La révision d’une décision de l’ensemble de la législation mu- vigueur le 1er janvier 1988 et la rejet d’une plainte disciplinaire nicipale et surtout mette fin à ce Loi sur l’organisation territoriale est-elle sujette au devoir d’agir municipale fut sanctionnée le équitablement ?.................................. 9 que nous avons déjà appelé « la La révision pour vice de fond............11 jungle de la législation m u n i c i - 17 juin 1988 pour entrer en SUIVI LÉGISLATIF .............................. 8 p a l e » . C ’ e s t e n 1 9 8 4 que le vigueur le 1er janvier 1989. Un gouvernement a réaffirmé sa document de consultation portant ENVIRONNEMENT Le Système de compensation volonté de faire disparaître les sur le livre III relatif à l’organisa- pour les gaz à effet de serre : distinctions qui existent entre le tion administrative fut préparé une protection réellement en octobre 1989 mais ne se environnementale ? ..........................14 Code municipal du Québec et la C'est au ministre et au Loi sur les cités et villes ainsi concrétisa pas en projet de loi. gouvernement qu'il appartient que de moderniser et de simplifier Puis les travaux de révision de décider ........................................ 21 le cadre juridique applicable de la législation municipale CONTRATS DES ORGANISMES PUBLICS tombèrent dans l’oubli alors que Les ententes de partenariat aux institutions municipales. Le public-privé ...................................... 24 futur « Code des municipalités du plusieurs autres provinces déci- JURISPRUDENCE EN BREF .............. 27 Québec » devait ainsi comporter dèrent de moderniser leur législa- six livres portant sur : les élections tion municipale. La province de NOTE DE LA RÉDACTION et les référendums; l’organisation l’Alberta fut la première en 1994 à Ce bulletin accompagne les mises à jour suivantes : territoriale municipale; l’organisa- doter ses municipalités d’une tion administrative; les finances nouvelle loi générale qui formule et l a f i s c a l i t é ; l e s pouvoirs; le les dispositions habilitantes en Feuilles mobiles CD-Rom Novembre 2005 Décembre 2005 judiciaire et le quasi-judiciaire. termes généraux et plus larges. Deux premiers livres furent Cette nouvelle approche législa- rapidement adoptés et on pouvait tive fut suivie notamment par le
Cités et villes Législation Rédaction : Manitoba en 1996, la Nouvelle-Écosse 62 remplace ou abroge ainsi plus de • François-Daniel Brodeur, fdbrodeur@cch.ca L'Environnement au Québec, en 1998 et plus récemment l’Ontario. 550 articles du Code municipal et Contrôle judiciaire de l'action gouvernementale C’est dans ce contexte que le ministère environ 160 articles de la Loi sur les • Lucie Boulanger, lboulanger@cch.ca des Affaires municipales du Québec a cités et villes (comprenant parfois Contrats des organismes publics québécois, plusieurs paragraphes) qui attribuent décidé de mettre de côté les livres III et • Jean St-Antoine, jstantoi@cch.ca IV pour s’attaquer au livre V relatif aux aux municipalités de façon très Code municipal et lois connexes Cités et villes compétences des municipalités. Un détaillée certaines compétences. projet de loi sur les compétences Notons toutefois que plusieurs des Collaboration : municipales (no 62) fut donc présenté à articles supprimés se sont retrouvés Mes Jean Hétu, Janick Perreault, Denis Lemieux, dans des lois sectorielles comme la Loi l’Assemblée nationale le 17 juin 2004 Odette Nadon, Frédéric Poirier, Lise Vézina et avant d’être adopté le 5 mai 2005 et sur l’aménagement et l’urbanisme ou Jean St-Antoine. sanctionné le 24 mai 2005. La Loi sur la Loi sur les transports. Dorénavant, il Coordination : les compétences municipales (L.Q. faudra donc présumer en lisant la Loi Jean-St-Antoine 2005, c. 6) (ci-après la Loi 62) entre en Infographie : vigueur le 1er janvier 2006. Cette loi, Le législateur a malgré son titre, a une portée limitée Pierrette Boulais sur les compétences des municipalités. voulu réécrire en des Production : Par ailleurs, en abrogeant plusieurs termes généraux certaines Impression : FalconPress articles du Code municipal ou de la Loi Distribution : TTS Distributing Inc. sur les cités et villes, elle apporte des compétences contenues changements importants à nos règles Publication : dans la de droit municipal. La Loi 62 ne vise pas à regrouper Loi sur les cités et villes et l’ensemble des compétences délé- PUBLICATIONS CCH LTÉE guées aux municipalités du Québec le Code municipal 7005, boul. Taschereau, bureau 190 Brossard (Québec) J4Z 1A7 comme le souligne d’ailleurs son du Québec afin de article 4 qui commence par les termes Téléphone : (450) 678-4443 Sans frais : 1 800 363-8304 « en outre des compétences qui lui donner aux http://www.cch.ca sont conférées par d’autres lois ». En Fréquence : 4 fois l’an municipalités une plus effet, les municipalités doivent encore Collection municipale et de droit public est compris dans l’abonnement annuel aux publications se référer au Code municipal du grande marge de suivantes : Cités et villes, Municipalités, Jurisprudence et Québec et à la Loi sur les cités et villes Modèles de règlements, L'Environnement au Québec, ainsi qu’à plusieurs lois sectorielles manœuvre dans leur Contrôle judiciaire de l'action gouvernementale, Contrats des organismes publics québécois et Relations du travail pour intervenir dans différents champs exercice en milieu municipal. d’activités (ex. : Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, Loi sur les biens 62 que tel ancien pouvoir de Droits réservés : culturels, Loi sur les transports, etc.). réglementation détaillé est probable- Cet ouvrage ne peut être reproduit en tout ou en partie par Par ailleurs, les chartes municipales ne ment compris dans une compétence quelque moyen que ce soit sans l’autorisation écrite de l’éditeur. sont pas affectées par l’adoption de la rédigée en termes très larges comme Dénégation de responsabilité : Loi 62. Force nous est donc de celle qui permet d’adopter, par Personne ne peut invoquer le contenu de cette publication constater que les sources législatives exemple, des règlements en matière sans avoir préalablement obtenu l’avis d’un professionnel des pouvoirs des municipalités sont d’environnement, de sécurité ou de qualifié. L’éditeur, les auteurs et les rédacteurs ne sont pas encore multiples et très dispersées. voirie. Mais pour éviter tout doute responsables de toutes actions et décisions entreprises sur la base de l’information contenue dans cette publication, pas Le législateur a voulu plutôt quant au pouvoir habilitant, l’article plus qu’ils ne peuvent être tenus responsables des erreurs ou réécrire en des termes généraux 248 de la Loi 62 prévoit que les des omissions qui auraient pu s’y glisser. L’éditeur ne fournit certaines compétences que nous règlements ou autres actes d’une pas de services juridiques, comptables et fiscaux, de conseils retrouvons déjà dans la Loi sur les cités municipalité adoptés en vertu d’une ou d’avis professionnels et recommande la consultation d’un et villes et le Code municipal du disposition remplacée ou abrogée professionnel si des conseils s’avèrent nécessaires. Québec afin de donner aux municipa- demeurent en vigueur. Numéro de convention Poste-publications: lités une plus grande marge de Il nous apparaît un peu contradic- 40064546. manœuvre dans leur exercice. La Loi toire de prétendre d’une part que la Loi 2 Collection municipale et de droit public - Novembre 2005
Cités et villes Législation 62 n’attribue pas en principe de de la Loi 62 vient étendre la portée du une autre loi sectorielle ou encore dans nouvelles responsabilités aux munici- pouvoir réglementaire (mais seulement la disposition générale permettant palités (n’étant qu’une simple reformu- quant aux compétences visées par d’adopter des règlements pour assurer lation de compétences déjà existantes cette loi) en autorisant toute prohibi- la paix, l’ordre, le bon gouvernement dans le Code municipal et la Loi sur les tion, la possibilité de restreindre et le bien-être général de la population cités et villes) et d’affirmer d’autre part l’application d’un règlement à une (art. 85), pour autant que l’exercice de qu’elle vise à élargir la marge de partie du territoire et d’établir des ces compétences n’est pas inconci- manœuvre des municipalités par règles spécifiques pour chacune, liable avec une loi ou un règlement l’octroi de pouvoirs réglementaires et l’établissement de catégories, l’exi- fédéral ou provincial (art. 3). De plus, administratifs rédigés en des termes gence de permis et la limitation de leur les municipalités devraient pouvoir généraux. De fait, la Loi 62 cherche à nombre, ou encore la référence à des profiter de leur statut de personne renforcer l’autonomie locale. L’article 2 normes édictées par un tiers. Ce seul morale de droit public pour jouir édicte que « les dispositions de la article devrait nous convaincre que les davantage de tous les droits que présente loi accordent aux municipa- pouvoirs municipaux ne seront plus les confère à de telles personnes le Code lités des pouvoirs leur permettant de mêmes à compter du 1er janvier 2006. civil du Québec (art. 301) et ajouter répondre aux besoins municipaux, Ajoutons aussi que, dans le cadre de la ainsi à leurs pouvoirs. Mais il faut, à ce divers et évolutifs, dans l’intérêt de stade-ci de notre réflexion, faire malgré la population ». On ajoute : « elles Le pouvoir réglementaire tout un certain acte de foi pour croire ne doivent pas s’interpréter de façon que les municipalités ont gardé toutes littérale ou restrictive », mais sous des M.R.C. s’est les compétences qui leur avaient été réserve toutefois de la compétence accordées au fil des ans par des en matière de développement éco- considérablement élargi dispositions expresses. Par exemple, on nomique local qui fait l’objet d’une pourrait se demander en vertu de interprétation restrictive (art. 4, al.1 puisqu’elles peuvent quelle disposition habilitante de la Loi (2)). De plus, après avoir énuméré, à 62 un règlement peut-il maintenant l’article 4, huit domaines de com- maintenant réglementer être adopté pour régir l’étalage pétence pouvant faire l’objet d’une toute matière de nature d’imprimés ou d’objets érotiques (art. mesure réglementaire ou administra- 414.1 L.C.V.; art. 545 C.M.). La tive (y compris en matière de services régionale relative à la réponse ne nous apparaît pas évidente. de garde), l’article 85 mentionne que Toutefois l’article 248 de la Loi 62, en toute municipalité locale peut adopter population de son prévoyant que « les règlements, résolu- tout règlement pour assurer la paix, tions, procès-verbaux, ententes et l’ordre, le bon gouvernement et le territoire qui n’est pas autres actes d’une municipalité locale bien-être général de sa population. De ou d’une municipalité régionale de même, une municipalité régionale de autrement régie comté adoptés conformément à une comté peut réglementer toute matière disposition remplacée ou abrogée par de nature régionale relative à la Loi 62, il n’est plus permis d’utiliser un la présente loi demeurent en vigueur population de son territoire qui n’est règlement pour poser un geste de ou continuent d’avoir effet » devrait pas autrement régie (art. 99). Les nature administrative quelle que soit nous réconforter et réduire les motifs articles 490 et 628 C.M. n’accordaient son importance; le règlement est dès de contestation de la réglementation par un pouvoir résiduaire à une MRC. lors réservé à l’édiction de normes et la municipale. Dans cette perspective, on Si l’on en croit l’interprétation de la résolution aux actes de nature adminis- serait donc bien avisé de conserver les Cour suprême du Canada dans 114957 trative (art. 5). dispositions du Code municipal et de Canada Ltée (Spraytech, Société Si l’on en croit les rédacteurs de la la Loi sur les cités et villes qui seront d’arrosage) c. Ville de Hudson, [2001] Loi 62, il faut penser que, de façon abrogées ou remplacées le 1er janvier 2 R.C.S. 241, portant sur l’article 410 générale, les compétences mention- 2006; ces dispositions devraient L.C.V. correspondant aux articles du nées dans les dispositions abrogées du pouvoir servir éventuellement à Code, il faut certainement en conclure Code municipal ou de la Loi sur les illustrer les compétences générales qu’on vient d’élargir considérablement cités et villes se retrouvent maintenant retenues par la Loi 62 ou, à défaut, le le pouvoir réglementaire des MRC. regroupées dans celles exprimées en pouvoir résiduaire de faire des Mais, de façon plus générale, l’article 6 termes généraux de la Loi 62 ou dans règlements pour la paix, l’ordre, le bon Collection municipale et de droit public - Novembre 2005 3
Cités et villes gouvernement et le bien-être général Parmi les autres changements non conforme aux titres, sont attribués de la population. législatifs, nous remarquons la dispari- à l’ensemble des municipalités locales, Les compétences traditionnelles tion de certains fonctionnaires associés donc aux villes (art. 73 et 74 de la Loi des municipalités locales sont regrou- aux municipalités rurales comme 62). Des pouvoirs qu’on ne retrouvait pées dans huit domaines (art. 4) : 1) la l’inspecteur agraire (art. 224 C.M.) et le que dans quelques chartes municipales culture, les loisirs, les activités gardien d’enclos publics (art. 249 sont accordés à toute municipalité communautaires et les parcs; 2) le C.M.). C’est une personne désignée par locale comme, par exemple, celui développement économique local, la municipalité locale qui va régler les permettant de procéder à la plantation dans la mesure prévue au chapitre III; mésententes relatives aux clôtures, aux et à l’entretien de végétaux sur la 3) la production d’énergie et les fossés, à des travaux de drainage ou au propriété privée avec le consentement systèmes communautaires de télécom- découvert en vertu du Code civil (art. du propriétaire (art. 54). Des approba- munication; 4) l’environnement; 5) la 35-36 de la Loi 62) selon une tions nécessaires à l’entrée en vigueur salubrité; 6) les nuisances; 7) la procédure différente de celle qui de règlement disparaissent comme sécurité; et 8) les transports. Cette celle requise du ministre de classification des domaines de Dans le cadre de la l’Environnement en ce qui concerne la compétences nous apparaît un peu réglementation relative aux matière arbitraire. Elle nous semble aussi un Loi 62, il n’est plus corrosives, toxiques ou radioactives peu courte et même redondante. Nous (art. 412 (32) L.C.V.; art. 555 (7.1) pensons, par exemple, que le législa- permis d’utiliser C.M.). teur aurait pu regrouper l’environ- En abrogeant des dizaines d’arti- un règlement pour poser cles dans le Code municipal, on a non nement, la salubrité et les nuisances et qu’il aurait été probablement utile un geste de nature seulement fait disparaître des disposi- d’avoir une compétence relative aux tion devenues désuètes, mais on a animaux. D’autre part, le contenu des administrative quelle que également modifié plusieurs règles de domaines de compétence porte parfois droit applicables aux municipalités sur des éléments dont le lien avec le soit son importance; régies par cette loi. D’abord, parmi les domaine n’est pas clairement établi. dispositions d’un autre âge, il y avait Par exemple, on peut se demander en le règlement est celles permettant de faire des quoi le pouvoir de régir « l’exposition, règlements « pour empêcher de passer le port ou la distribution d’imprimés ou dès lors réservé à plus vite qu’au trot ordinaire, en d’autres objets sur une voie publique voiture ou à cheval » (art. 627 (6) ou sur un immeuble privé » (art. 10 (3)) l’édiction de normes C.M.), « pour prohiber le port de relève du domaine du « développe- costumes de bain ou de vêtements et la résolution indécents » (art. 544 (5) (6) C.M.), ment économique local »? Enfin, tous « pour prohiber la vente de liqueurs les sujets relatifs aux huit domaines de aux actes de nature compétence mentionnés dans le Code alcooliques » (art. 543 C.M.) ou encore municipal ou la Loi sur les cités et villes administrative « pour déterminer les endroits et le n’ont pas été abrogés pour se retrouver genre de bâtisse dans lesquels la monte maintenant dans les domaines retenus régissait autrefois la sentence de des juments peut être pratiquée » (art. par la Loi 62. Par exemple, la section l’inspecteur agraire. Par exemple, tout 544 (9) C.M.). Par ailleurs, certains relative aux sociétés de développe- propriétaire intéressé pourra doréna- changements législatifs méritent d’être ment commercial (art. 458.1-458.44 vant demander à la Cour du Québec soulignés. Par exemple, il n’est plus L.C.V.; art. 634-677 C.M.) n’a pas de réviser la décision de la personne permis d’aliéner à titre gratuit l’assiette été transférée au chapitre III de la Loi désignée (art. 51). La compétence des d’un chemin aboli (art. 739 C.M.). Une 62 portant sur le développement MRC sur les cours d’eau et les lacs (art. municipalité ne peut plus acquérir, de économique local. Nous sommes 103) est grandement modifiée. Des façon générale, de terrain situé à d’avis qu’il faudra certainement réviser pouvoirs réservés jusqu’à maintenant l’extérieur de son territoire (art. 440 et compléter la liste des domaines de aux municipalités assujetties au Code C.M.). Mais, ce qui nous semble compétences lorsque viendra le temps municipal (art. 738.1-738.3), comme encore plus important de remarquer, de rapatrier celles qui ont été mises de celui qui permet de devenir proprié- c’est la disparition de certaines côté lors de la rédaction de la Loi 62. taire de l’assiette d’une voie publique exonérations de responsabilité en 4 Collection municipale et de droit public - Novembre 2005
Législation Élections municipales matière d’entretien des chemins. En effet, l’alinéa 3 de l’article 724 et Malgré les efforts déployés pour harmoniser les pouvoirs des munici- 2005 l’article 749 du Code municipal qui palités avec le Code civil du Québec et édictaient que « les voitures automo- pour leur déléguer des compétences biles circulent à leurs risques et périls dans les chemins de terre et dans les selon un modèle de rédaction législa- Voici le tive moins contraignant quant à leur chemins entretenus en hiver » sont abrogés. La Loi 62 ne traite donc pas exercice, il n’en demeure pas moins guide parfait seulement de compétences, elle atteint que le travail reste inachevé. La même le régime de responsabilité révision des compétences municipales pour vos n’est pas terminée d’autant plus que Les municipalités des domaines comme l’urbanisme et l’aménagement du territoire ne NOUVEAUX devraient pouvoir profiter sont que très peu abordés par la Loi 62. De nombreuses compétences sont ÉLUS de leur statut de encore dans plusieurs lois sectorielles. personne morale de droit De nombreuses compétences parti- culières, se retrouvant dans des chartes public pour jouir municipales, ne semblent pas avoir davantage de été examinées. Plusieurs dispositions désuètes ou inutiles sont encore tous les droits que présentes dans le Code municipal ou la Loi sur les cités et villes. Quant aux confère à de telles compétences en matière de fiscalité personnes le municipale, elles feront l’objet du livre IV. Bref, la Loi 62 s’est limitée Code civil du Québec et fondamentalement à assouplir le cadre ajouter ainsi à juridique présidant à la délégation de certaines compétences aux municipa- leurs pouvoirs lités et qui se trouvaient énumérées dans le Code municipal du Québec ou municipale. À cet égard, on peut aussi la Loi sur les cités et villes. Mais, ce mentionner que l’article 519 C.M. et n’est pas comme le mentionne les son correspondant de la Loi sur les cités Livre : 59.95$ notes explicatives de la Loi 62, un texte et villes (art. 412.25) qui accordaient une immunité de poursuite au membre législatif qui « propose de regrouper et du conseil qui fait partie du comité de simplifier les dispositions de responsable des demandes de démoli- diverses lois municipales qui traitent tion d’un immeuble ont été abrogés des compétences municipales ». La Loi même si la possibilité de constituer un 62 avec ses 126 articles (en excluant tel comité a été transférée dans la Loi les dispositions modificatives) nous sur l’aménagement et l’urbanisme (art. Pour commander, livre un résultat beaucoup moins 148.0.1). ambitieux. Force nous est de conclure composez le La Loi sur les compétences munici- pales a été présentée comme le livre V que le futur « Code des municipalités de la révision des lois municipales en du Québec » n’est certes pas pour 1 800 363-8304. matière de compétences municipales. demain! ■ Collection municipale et de droit public - Novembre 2005 5
Action gouvernementale Analyse Indemnisation des accidentés de la route Nouvelles règles au Tribunal administratif du Québec Par Me Janick Perreault, avocate L décision dont elle a demandé la résultant du défaut de l’autorité a Loi sur la justice administrative a révision si la Société n’a pas disposé récemment été modifiée1. Certains administrative de disposer d’une de la demande dans les 90 jours changements concernent plus suivant sa réception, sous réserve de demande de révision dans le délai fixé particulièrement les victimes d’acci- ce qui suit : par la loi5. 10. Lorsque la personne qui a En 1998, l’article 106 de la Loi sur dents de la route puisqu’ils ont un demandé la révision a requis un délai impact sur le processus de réclamation pour présenter ses observations ou la justice administrative avait élargi le des indemnités. produire des documents, le délai de critère permettant d’accorder une 90 jours court à partir de cette présen- prorogation de délai. L’ancien critère tation ou de cette production; La demande de révision 20. Lorsque la Société estime qu’un de l’« impossibilité en fait d’agir plus En vertu de la Loi sur l’assurance examen par un professionnel de la tôt »6 avait été remplacé par celui de automobile, une décision rendue par santé ou la transmission de documents « motifs sérieux et légitimes »7, joint à est nécessaire à la prise de la décision, l’absence de préjudice grave infligé l’agent d’indemnisation de la Société le délai est prolongé de 90 jours; la de l’assurance automobile du Québec personne qui a demandé la révision aux autres parties. Récemment, ce (SAAQ) doit être motivée et com- doit en être avisée.3» critère a de nouveau été modifié en muniquée par écrit à la personne Cette modification concerne éga- allégeant encore une fois le fardeau du intéressée. Elle doit en outre l’aviser de lement les dossiers en cours; il a été requérant. Selon le libellé du nouvel son droit de demander une révision. prévu que toute disposition de la loi article 1068, des « motifs raisonnables » Une décision rendue par le Bureau de introduisant un nouveau recours en suffisent dorénavant pour être relevé révision de la SAAQ peut à son tour contestation devant le Tribunal admi- du défaut de respecter un délai. être contestée devant le Tribunal nistratif du Québec d’une décision initiale prise par une autorité admi- Prolongation de délai administratif du Québec. nistrative est applicable aux demandes De plus, l’article 106 de la Loi sur Ce processus occasionne bien sûr de révision faites avant la date de son la justice administrative limitait la des délais. Suite aux dernières modifi- entrée en vigueur, comme si les prolongation de délai à une période de cations de la Loi sur l’assurance demandes avaient été reçues à cette 90 jours. La jurisprudence relevant de automobile, le fonctionnaire devra date4. Donc, tous les litiges qui sont la Section des affaires sociales était également aviser la personne qu’elle pendants devant le Bureau de révision, unanime sur le fait que le Tribunal peut directement contester la décision au moment de l’entrée en vigueur de administratif du Québec n’avait pas de l’agent devant le Tribunal admi- cette loi, et qui ne sont pas réglés dans compétence pour relever une partie du nistratif du Québec et ce, sans attendre un délai de 90 jours, pourraient faire défaut d’agir dans le délai imparti à que le Bureau de révision ait statué sur l’objet d’un recours devant le Tribunal l’expiration de ce délai supplémentaire sa demande2. En effet, dorénavant, il administratif du Québec. de 90 jours, même en présence de sera permis à la victime de contester motifs sérieux et légitimes. Le projet de une décision devant le Tribunal Le recours devant le Tribunal admi- loi 1039, par la suppression du administratif du Québec si le Bureau nistratif du Québec deuxième alinéa de l’article 106, met de révision n’a toujours pas disposé de Le recours devant le Tribunal est fin à cette limite de prolongation du la demande dans les 90 jours suivants formé par requête dans les 60 jours de délai. Le nouvel article 106 édicte : sa réception, sous réserve de certaines la notification de la décision, lorsque « Le Tribunal peut relever une conditions. C’est ce que prévoit le le recours concerne les matières partie du défaut de respecter un nouvel alinéa deux de l’article 83.49 : traitées par la Section des affaires délai prescrit par la loi si cette « En outre, une personne peut sociales. Toutefois, aucun délai n’est partie lui démontre qu’elle n’a pu, contester devant le Tribunal la applicable dans le cas d’un recours pour des motifs raisonnables, agir 6 Collection municipale et de droit public - Novembre 2005
Analyse plus tôt et si, à son avis, aucune Représentation par avocat de la Loi, renouvelable pour la même autre partie n’en subit de Ajoutons que lors de l’enquête et durée, n’existe plus. Le nouvel article préjudice grave. » de l’audition, en matière d’indemnisa- 38 de la Loi prévoit que le Tribunal est tion des victimes d’accident d’automo- composé de membres impartiaux et Conciliation obligatoire bile, les parties ne peuvent être indépendants, nommés durant bonne Jusqu’à présent, des séances de représentées que par un avocat16. Dans conduite par le gouvernement qui en conciliation étaient possibles avec le certaines autres matières, des non- détermine le nombre en tenant compte consentement des parties10. L’invitation avocats peuvent agir devant le Tribunal des besoins du Tribunal22. à participer à une séance de concilia- administratif du Québec; toutefois, le Sanctionnées le 17 juin 2005, il ne tion pouvait aussi être faite lors d’une nouvel article 10217 stipule que le reste qu’à attendre la date d’entrée en conférence de gestion11 auquel cas, les professionnel radié, déclaré inhabile à vigueur de ces nouvelles modifications parties étaient tenues d’y participer12. exercer sa profession ou dont le droit législatives. ■ En vertu des dernières modifications d’exercer des activités professionnelles législatives, le nouvel article 119.6 de a été limité ou suspendu en application * L’auteure est avocate chez Lacoste Langevin la Loi sur la justice administrative du Code des professions ou d’une loi énonce que, sur réception par le professionnelle ne peut agir comme 1 Loi modifiant la Loi sur la justice administra- Tribunal d’une copie d’un dossier en tive et d’autres dispositions législatives, L.Q., représentant. 2005, c. 17 (projet de loi 103), sanctionnée matière d’indemnité ou de prestation, le 17 juin 2005. le président, le vice-président respons- Décideur unique 2 L.Q., 2005, c. 17, art. 33. able de la section concernée ou le Un membre seul est appelé à 3 Id., art. 34. membre désigné par l’un d’eux doit, si 4 Id., art. 49. siéger lorsqu’il y a lieu de décider des 5 L.j.a., art. 110 tel que modifié par l’article 17 la matière et les circonstances d’une mesures relatives à la gestion des de la Loi modifiant la Loi sur la justice affaire le permettent, offrir aux parties recours ou des questions qui sont administrative et d’autres dispositions législa- la tenue d’une séance de conciliation tives, L.Q. 2005, c. 17. incidentes à ceux-ci18. Le Tribunal peut 6 Loi sur la Commission des affaires sociales, par un membre ou un membre du également, lorsqu’il l’estime utile L.R.Q., c. C-34, art. 32. personnel choisi par le président du prévoir une formation d’un seul 7 Loi sur la justice administrative, L.R.Q., c. J-3, Tribunal ou la personne qu’il désigne13. membre pour entendre et décider des art. 106 (L.Q. 1996, c. 54). Ainsi, alors que le Tribunal pouvait 8 Tel que modifié par l’article 15 de la Loi recours qui ne soulèvent pas de modifiant la Loi sur la justice administrative et convoquer les parties à une séance de difficultés particulières et ne nécessi- d’autres dispositions législatives, L.Q., 2005, conciliation, il devra désormais le tent pas une double expertise19. c. 17. faire. Rappelons que le but de la 9 L.Q. 2005, c. 17, art. 15. 10 L.j.a., art. 120, al. 2. conciliation est d’aider les parties à Inamovibilité 11 L.j.a., art 119.1, par. 4. communiquer, à négocier, à identifier Finalement, notons que les 12 L.j.a., art. 120, al. 2. leurs intérêts, à évaluer leurs positions membres du tribunal administratif du 13 Loi modifiant la Loi sur la justice administra- et à explorer des solutions mutuelle- tive et d’autres dispositions législatives, L.Q., Québec se voient dorénavant accorder 2005, c. 17, art. 19. ment satisfaisantes14. l’inamovibilité. Jusqu’à tout récem- 14 L.j.a., art. 121. ment, la durée normale du mandat 15 Tel qu’ajouté par l’article 18 de la Loi mo- Une indemnité additionnelle d’un membre était de cinq ans, lequel difiant la Loi sur la justice administrative et d’autres dispositions législatives, L.Q. 2005, C’est sur réception du dossier que pouvait être renouvelé pour cinq ans20. c. 17. les parties sont convoquées à une Cependant, en vertu de la Loi modifiant 16 L.j.a., art. 102; et Loi sur le Barreau, L.R.Q., c. conciliation. Les autorités administra- la Loi sur la justice administrative et B-1, art. 128. tives dont la décision est contestée d’autres dispositions législatives21, le 17 Tel que modifié par l’article 14 de la Loi modifiant la Loi sur la justice administrative et doivent transmettre au Tribunal copie terme du mandat d’un membre qui d’autres dispositions législatives, L.Q. 2005, du dossier relatif à l’affaire, dans les 30 était de cinq ans en vertu de l’article 48 c. 17. jours de la réception de la copie de la requête. Certaines autorités administra- tives faisaient lamentablement défaut SOYEZ TOUJOURS AU COURANT ! de respecter ce délai. Or, en vertu du nouvel article 114.1 de la Loi sur la Avec CCH en ligne, l’information est justice administrative15, un tel défaut mise à jour quotidiennement, du bureau de permet au requérant de demander une l’éditeur au vôtre. indemnité qui apparaît juste et raison- nable compte tenu des circonstances Pour en savoir plus, composez le 1 800 363-8304. de l’affaire et de la durée du retard. Collection municipale et de droit public - Novembre 2005 7
Action gouvernementale Analyse 18 L.j.a., art. 82, al. 4. législatives, L.Q. 2005, c. 17, art. 2. Ainsi, avaient été présentés, en 2003, par le 19 L.j.a., art. 82, al. 3, tel que modifié par conformément au projet de loi 103 présenté, ministre de la Justice de l’époque, l’hono- l’article 13 de la Loi modifiant la Loi sur la en 2005, par le ministre de la Justice, rable Marc Bellemare, soit le projet de loi 4, justice administrative et d’autres dispositions l’honorable Yvon Marcoux, et sanctionné en Loi modifiant la Loi sur la justice administra- législatives, L.Q. 2005, c. 17. juin 2005, à l’instar des juges de la Cour du tive, le 6 juin 2003, et le projet de loi 35, 20 L.j.a., art. 46 à 49, 51 à 54. Québec, la Loi sur la justice administrative Loi modifiant la Loi sur la justice administra- 21 L.Q. 2005, c. 17. L’article 5 abroge les prévoit dorénavant que les juges admi- tive et d’autres dispositions législatives, le articles 46 à 50. nistratifs soient nommés durant bonne 13 novembre 2003, lesquels prévoyaient 22 Tel que modifié par Loi modifiant la Loi sur la conduite. À l’égard d’un tel mode de également que les juges soient nommés justice administrative et d’autres dispositions nomination, deux projets de lois antérieures selon bonne conduite. Cités et villes Législation Infrastructures municipales : L’entente finale Canada-Québec se fait attendre Par Me Jean St-Antoine N ous avons, dans notre numé- le financement des infrastructures une entente finale devait être ro d’août 2005, traité de municipales signée le 21 juin dernier. conclue au plus tard le 31 octobre l’entente Canada-Québec sur Suite à cette entente de principe, dernier. Selon des informations prises en date du 3 novembre, les Suivi législatif négociations sont toujours en cours entre les gouvernements fédéral et provincial de telle sorte que le Lois ● Règlement modifiant le Code de délai prévu à l’entente de principe L es articles 116.1 et 116.1.1 (ajouté) construction, (2005) 137 G.O. II, 5730 de la Loi sur la qualité de l’environ- (n° 40, 2005-10-05). ne sera pas respecté. Les raisons de nement (L.R.Q., c. Q-2) ont été ● Règlement modifiant le Règlement ce retard demeurent inconnues. modifiés par la Loi modifiant la Loi sur le sur le tarif des rémunérations payables Par ailleurs, le gouvernement du ministère de l’Environnement, la Loi sur lors d’élections et de référendums la qualité de l’environnement et d’autres municipaux, (2005) 137 G.O. II, 5944 Québec n’a toujours pas procédé dispositions législatives (L.Q. 2004, c. (n° 42, 2005-10-19). (en date du 9 novembre) à la nomi- 24). Ces modifications sont entrées en ● Règlement modifiant le Règlement nation des membres de la Société vigueur le 1er octobre 2005. sur les exploitations agricoles, (2005) 137 G.O. II, 5455A (n° 39A, 2005-10-01). de financement des infrastructures L’article 7 de la Loi modifiant la Loi sur la justice administrative et d’autres ● Règlement modifiant le Règlement locales (SOFIL). Rappelons que cet dispositions législatives (L.Q. 2002, c. 22) sur les exploitations agricoles, (2005) 137 organisme, constitué en vertu de la Loi modifiant l’article 114 de la Loi sur la G.O. II, 5859A (n° 41A, 2005-10-14). sur la Société de financement des justice administrative (L.R.Q., c. J-3) est entré en vigueur le 1er octobre 2005 par Projets de règlement infrastructures locales du Québec D. 707-2005, 2005 G.O. 2, 4497. ● Règlement modifiant le Code de (L.R.Q., c. S-11.0102) entrée en construction, (2005) 137 G.O. II, 5813 vigueur le 17 décembre 2004, sera Règlements (n° 40, 2005-10-05). ● Règlement modifiant le Code de ● Règlement modifiant le Code de responsable de la gestion des fonds construction, (2005) 137 G.O. II, 5725 sécurité, (2005) 137 G.O. II, 5816 (n° 40, provenant de l’entente Canada- (n° 40, 2005-10-05). 2005-10-05). ■ Québec. ■ 8 Collection municipale et de droit public - Novembre 2005
Action gouvernementale Décision récente La révision d’une décision de rejet d’une plainte disciplinaire est-elle sujette au devoir d’agir équitablement ? Par Me Denis Lemieux, avocat Comité de déontologie policière c. plaignants ont demandé la révision de processus se situe à la fin de l’enquête Dechenault ces décisions de rejet devant le Comité administrative effectuée par le Com- EYB 2005-93142 (C.A.), inf. de déontologie policière. Les deux missaire. [2004] R.J.Q. 2808 policiers ont été informés de la tenue Ces décisions ont fait l’objet de Réf. : ¶40-070, 40-250 de l’audience du Comité et ont été requêtes en révision judiciaire. invités à s’y présenter, même si leur Monsieur le juge Lemelin a appliqué la L es principes de justice naturelle s’appliquent lorsqu’une décision présence n’était pas requise. Devant le norme de la décision raisonnable est susceptible d’affecter les Comité, le procureur de l’un des simpliciter à la détermination de droits d’une personne. Cependant, la policiers a demandé la permission de l’étendue de l’équité procédurale que jurisprudence a consacré l’existence soumettre des représentations. Le doit observer le Comité, compte tenu de garanties procédurales minima- Comité a refusé cette demande, des dispositions législatives applica- les (devoir d’agir équitablement) estimant qu’elle transformerait la bles mais également des facteurs lorsqu’une décision ne détermine pas dégagés dans l’arrêt Baker c. Canada, les droits d’une personne mais peut L’équité procédurale [1999] 2 R.C.S. 817. entraîner des conséquences graves Le juge Lemelin constate que le pour cette dernière. La Loi sur la justice ne s’applique pas à des législateur a voulu que le processus de administrative va plus loin encore traitement des plaintes soit transparent puisqu’à son article 2, elle reconnaît décisions à caractère et soumis à des règles d’équité que les décisions administratives procédurale exigeantes. Ces protec- susceptibles d’être défavorables pour préliminaire tions visent non seulement le une personne sont sujettes aux plaignant, mais également le policier exigences de l’équité procédurale. demande de révision en une audience concerné. La Cour estime inéquitable Néanmoins, de vastes zones grises disciplinaire, alors que le but de la que le plaignant, mais non le policier, subsistent quant à la portée et au procédure de révision était d’offrir au ait la possibilité de présenter ses contenu de l’équité procédurale dans plaignant insatisfait d’une décision du observations. une situation donnée. Commissaire un recours simple et Par ailleurs, depuis plusieurs Le jugement rendu par la Cour informel. Aussi le Comité a-t-il plutôt années, le Comité permettait au d’appel dans Comité de déontologie invité le procureur à présenter ses policier visé par une plainte d’inter- policière c. Dechenault illustre les observations sur ces questions lors venir à l’audience sur la révision et de différences d’attitudes à cet égard. d’une séance subséquente ou par écrit. se faire entendre. Ceci a créé une Le Comité estime que la révision attente légitime pour les requérants à Faits : n’est que la prolongation d’un l’effet qu’ils pourraient se faire Deux policiers ont fait l’objet de processus administratif. Il est d’avis entendre. Le Comité ne pouvait nier plaintes auprès du Commissaire à la que la Loi sur la police (L.R.Q., c. cette attente légitime. Il pouvait déontologie policière. P-13.1) ne prévoit pas que le policier changer sa procédure mais pour Ces plaintes furent rejetées par le visé par une plainte soit partie à une l’avenir seulement et en prévenant les Commissaire après enquête. Les instance en révision. Au surplus, le parties intéressées au préalable. Collection municipale et de droit public - Novembre 2005 9
Action gouvernementale Décision récente Au surplus, le juge Lemelin note indique que ce processus est com- juridique du processus d’examen des que le policier peut être sérieusement parable à celui prévu au code des plaintes et sur leur statut à cette étape. affecté par la transmission d’une professions lorsqu’un comité est saisi plainte au Comité. Il s’appuie sur un d’une demande de révision d’une Commentaires : passage du jugement Commissaire à la décision d’un syndic ayant rejeté une Même si le législateur peut déontologie policière c. Bourdon, plainte contre un membre d’un ordre apporter des restrictions au devoir [2000] R.J.Q. 2239 (C.A.), à la page professionnel. Dans l’arrêt Labrie c. d’équité procédurale, les tribunaux 2245, où madame la juge Marie Roy, J.E. 2004-90, l’honorable juge doivent normalement interpréter de Deschamps, alors à la Cour d’appel, Dalphond avait jugé que ce processus telles restrictions de manière à per- estimait que « le seul fait de faire était purement administratif et que le mettre que l’équité procédurale soit l’objet d’une plainte ou d’une enquête professionnel visé n’était pas une respectée dans toute la mesure du comporte un certain stigmate ». partie à cette étape. possible. Pour le juge Lemelin, l’avenir des L’équité procédurale ne s’applique La difficulté en l’espèce provient policiers « est en jeu parce que pas à des décisions à caractère préli- l’épreuve de l’enquête les marquera ». du fait que c’est la décision finale du minaire. Selon la Cour (par. 36) : « Il comité sur le mérite d’une plainte et La Cour supérieure conclut que faut donc que le processus admi- même s’ils n’étaient pas parties à non la citation devant le comité qui est nistratif ait atteint un stade suffisam- susceptible d’affecter la carrière d’un l‘instance en révision, les policiers ment avancé ou précis pour que l’on policier. pouvaient soumettre leurs représenta- doive appliquer les principes d’équité Nombre de régimes législatifs tions au Comité. procédurale. » prévoient l’existence d’organismes de La Cour cite l’arrêt Bourdon pour Jugé : surveillance qui peuvent demander à affirmer que l’équité procédurale Ce jugement a toutefois été infirmé un professionnel ou à un commerçant n’exige pas que le policier puisse faire par la Cour d’appel. Celle-ci s’est de venir justifier son comportement ou des représentations au stade prélimi- attachée à l’analyse des dispositions ses activités au regard de normes de naire de l’acceptation ou du rejet de la législatives applicables. La Cour conduites destinées à assurer la protec- constate que la loi prévoit expressé- plainte. C’est d’ailleurs l’intention du tion du public. ment quels sont les articles qui législateur, telle qu’elle ressort, Il est indéniable qu’une enquête régissent la demande en révision d’une notamment, des débats parlementaires. administrative et une citation à décision de rejet d’une plainte. Elle estime que la situation d’un policier n’est pas différente de celle de comparaître devant un organisme La loi prévoit que l’audience est disciplinaire entraînent des incon- publique et que la demande doit être tout membre d’un ordre professionnel qui est cité devant un comité de vénients plus ou moins sérieux pour la instruite et jugée d’urgence. Toutefois, discipline à la suite d’un processus personne visée. Mais n’est-ce pas le elle ne prévoit pas que le Commissaire administratif d’examen de la plainte. prix à payer lorsque l’on exerce une et le policier soient parties à l’instance, Quant à la pratique du Comité de occupation ou une activité régle- ni que le policier visé puisse se faire permettre au policier de faire des mentée ? entendre et présenter une défense pleine et entière. représentations, celle-ci est contraire à Nous nous interrogeons toutefois La Cour est d’avis que l’examen de la loi et ne peut donc conférer une sur la manière dont la Cour d’appel a la plainte par le Commissaire et la attente légitime au requérant. rejeté l’application du principe de révision de sa décision par le Comité Enfin, les policiers ont pu présen- l’attente légitime, pour le motif que la sont de nature administrative. La Cour ter leur point de vue sur la nature pratique antérieure du Comité violait la loi. Mais le juge Lemelin avait pris soin d’affirmer que les policiers ne seraient Vos publications sont mises à jour pas entendus en tant que parties, statut qu’ils n’avaient pas à cette étape, mais de façon continue dans Internet uniquement comme des mis en cause avec CCH en ligne ! qui doivent de toute façon être avisés de l’audience ainsi que de la décision Faites-en l’essai gratuitement. du Comité. À ce titre, ils auraient pu faire valoir leur point de vue Demandez votre code d’accès au informellement devant le Comité, sans 1 800 363-8304. bénéficier des mêmes droits procédu- raux que les plaignants. ■ 10 Collection municipale et de droit public - Novembre 2005
Action gouvernementale Décision récente La révision pour vice de fond Par Me Denis Lemieux CSST c. Fontaine décision donna lieu à un nouvel appel accordait à la requérante une indem- EYB 2005-94565 (C.A.) devant le CLP et à une nouvelle nité de remplacement de revenus transaction entre les parties. En vertu jusqu’à ce qu’elle trouve un emploi de N ombre de dispositions législa- de cette entente, la requérante était préposée à la billetterie ou, au plus tives prévoient la possibilité tard, jusqu’à la fin juin 2001. La jugée apte à occuper la fonction de pour un organisme admi- requérante institua un appel de cette caissière à la billetterie. La CSST nistratif de réviser, le plus souvent sur décision à la CLP. Celle-ci estima convenait de lui verser une indemnité demande, une décision qu’il a déjà que la requérante était incapable pour la période précédant ce nouvel rendue. Compte tenu du principe de la d’accepter cet emploi, mais cette emploi, que devait tenter d’obtenir la sécurité juridique des décisions, le décision fut infirmée par la CLP requérante. Il était convenu que la législateur a généralement encadré le siégeant en révision. La Cour requérante devait éviter des tâches qui pouvoir de révision en spécifiant que supérieure a annulé cette dernière pouvaient affecter sa colonne verté- celle-ci ne pouvait l’être que pour décision, estimant que la CLP avait brale. cause ou pour l’un des motifs commis un excès de compétence. Ce Cependant, la requérante fut énumérés exhaustivement dans la jugement a été porté en appel. hospitalisée à nouveau pour des disposition habilitante. Un jugement troubles lombaires. Elle présenta une récent de la Cour d’appel est venu Jugement : déterminer le cadre juridique du type La Cour d’appel a confirmé ce le plus courant de révision administra- La révision jugement, dans une opinion très tive, soit celle pour vice de fond. étoffée signée par monsieur le juge administrative Yves-Marie Morissette. Faits : La première question qu’a abordée Une auxiliaire familiale et sociale permet de corriger la Cour d’appel est celle de la norme auprès d’un CLSC subit une entorse de contrôle. lombaire alors qu’elle déplaçait une rapidement À la demande expresse de la CLP, patiente. Saisie d’une demande la Cour a accepté de réexaminer la et à moindre coût d’indemnisation, la CSST a estimé qu’il norme de contrôle applicable à une ne s’agissait pas d’une lésion profes- certaines illégalités décision relativement à l’existence sionnelle, mais plutôt d’une condition d’un vice de fond en révision. La Cour préexistante de la victime. Cette nouvelle réclamation qui donna lieu à avait déjà jugé antérieurement que la décision fut portée en appel devant la un refus de la CSST. Toutefois, la CLP norme de contrôle applicable était CALP et donna lieu à une entente suite infirma cette décision. La CLP celle de la décision raisonnable à une séance de conciliation. La CSST reconnaissait aussi à la requérante le simpliciter. Les jugements qui avaient reconnut 2 % de déficit anatomo- droit à une assistance financière pour utilisé cette norme de contrôle à physiologique à la requérante, tel que obtenir l’aide d’une personne à l’endroit de la CLP siégeant en révision l’évaluation initiale du médecin domicile suite à la chirurgie qu’elle trouvaient appui sur le jugement rendu traitant l’avait proposé. La requérante avait subie. par la Cour dans Godin c. TAQ, [2003] obtint également le droit à la réadapta- Une nouvelle évaluation médicale R.J.Q. 2490. La CLP estimait que l’arrêt tion que requérait sont état. a établi le taux d’incapacité de la Godin, et donc la norme de la décision Subséquemment, la requérante requérante à 22 %, au lieu de 2 %. Le raisonnable, ne pouvait trouver subit deux autres blessures au dos. La médecin traitant établit que la application dans le contexte particulier CSST conclut plus tard que la requérante ne pouvait effectuer aucun de la CLP. requérante était pleinement guérie de travail qui pouvait affecter la colonne La Cour constate d’abord que ses blessures. Elle arrêta donc de verser lombaire. l’article 154 de la Loi sur la justice l’indemnité de remplacement de En 2000, la CSST rendit une administrative, qui habilite le TAQ à revenus qui lui avait été allouée. Cette nouvelle décision dans le dossier. Elle réviser ses décisions, est sensiblement Collection municipale et de droit public - Novembre 2005 11
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