Musiques arabo-andalouses - Dimanche 13 mai 2018 - 16h30 - Philharmonie de Paris
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Musiques arabo-andalouses Dimanche 13 mai 2018 – 16h30 GRANDE SALLE PIERRE BOULEZ – PHILHARMONIE
P H I L H A R M O N I E D E PA R I S MUSÉE DE LA MUSIQUE EX PO SI TI O N JU SQ U’ AU 19 AOÛT 2018 © sabir design studio
WEEK-END MUSIQUES ARABES (2) Dans le cadre de l’exposition Al Musiqa qu’elle consacre aux musiques arabes, la Philharmonie de Paris propose un week-end en forme de voyage musical en terres arabes : Alep en 1930, les Gnawa du Maroc et les grandes voix de la chanson. Aujourd’hui ville sacrifiée, Alep s’est illustrée dans l’histoire syrienne par sa richesse culturelle. Elle connut notamment, dans les années 1930, un âge d’or de la musique. Waed Bouhassoun en recrée la saveur, en faisant sonner un oud aux sonorités uniques réalisé par Abdoh George Nahhât en 1931 (vendredi 11 mai à 19h). Le concert L’Afrique arabisée évoque à la fois les fameux Gnawa du Maroc, originaires de l’Afrique subsaharienne, notamment du Sénégal, du Mali, du Niger et de la Guinée, et l’art des griots mauritaniens, point de convergence entre l’univers arabo-berbère et l’univers noir de l’Afrique de l’Ouest (ven- dredi 11 mai à 20h30). Dans le spectacle jeune public Kan Ya Ma Kan, la conteuse Halima Hamdane et ses musiciens font revivre des contes marocains où il est question de sultans, de jeunes filles belles comme la lune et de monstres terrifiants (samedi 12 et dimanche 13 mai à 15h). La Grande salle accueille une célébration de la grande chanson arabe au féminin avec un hommage à Oum Kalsoum, Fairouz, Asmahan, Leila Mourad, Mayada Alhenawy, Warda al Djazaïra, porté par les voix de la Libanaise Abeer Nehme, la Palestinienne Dalal Abu Amneh et l’Égyptienne Mai Farouk (samedi 12 mai à 20h30). Enfin, l’Ensemble El Mawsili referme ce cycle de concerts en célébrant les musiques arabo-andalouses. L’ensemble emprunte son nom au musi- cien Ishaq El Mawsili, qui vécut au viiie siècle à Bagdad et dont l’art se développa par la suite dans l’Espagne médiévale, avant de connaître son apogée en Andalousie au xie siècle. Le Maghreb en est aujourd’hui l’héritier (dimanche 13 mai à 16h30).
WEEK-END MUSIQUES ARABES (2) Vendredi 11 mai Samedi 12 mai Dimanche 13 mai 19H00 CONCERT SUR INSTRUMENTS DU MUSÉE 15H00 SPECTACLE JEUNE PUBLIC UN SALON À ALEP EN 1930 WAED BOUHASSOUN, OUD ET OUD ABDOH KAN YA MA KAN NAHHÂT (1931, COLLECTION MUSÉE DE LA HALIMA HAMDANE, CONTEUSE MUSIQUE) JAOUAD EL GAROUGE, PERCUSSIONS, GUEMBRI SOFIANE NEGRA, OUD 20H30 CONCERT L’AFRIQUE ARABISÉE L’ART DES GRIOTS DU DÉSERT (MAURITANIE) Samedi 12 mai COUMBANE MINT ELY WARAKANE, CHANT, HARPE ÂRDÎN 20H30 CONCERT AYNIYANA MINT CHIGHALY, CHŒUR, HARPE ÂRDÎN HOMMAGE AUX GRANDES DIVAS CHEIKH OULD ABBA, LUTH TIDINÎT DALAL ABU AMNEH, CHANT BECHIR OULD MEGUET, PERCUSSION TBLAL MAI FAROUK, CHANT LOUBADE N’GHUIDHEYE, CHŒUR ABEER NEHME, CHANT ORCHESTRE DU MONDE ARABE RAMZI ABUREDWAN, DIRECTION, MUSIQUES GNAWA (MAROC) ARRANGEMENTS, BOUZOUQ AZIZ SAHMAOUI ET LA UNIVERSITY OF GNAWA AZIZ SAHMAOUI, CHANT, MANDOLE, LUTHS N’GONI, GUEMBRI ALUNE WADE, BASSE, CHANT AMEN VIANA, GUITARE, CHANT CHEIKH DIALLO, CLAVIER, CHANT, LUTH-HARPE KORA ADHIL MIRGHANI, PERCUSSIONS, CHANT JONATHAN GRANDCAMP, BATTERIE OULAD MOGADOR YOUSSEF JANDOUK, DANSE, CHANT, QRAQEB MAROUAN CHADI, DANSE, CHANT, QRAQEB KHALID EZZAHIRI, DANSE, CHANT, QRAQEB
Dimanche 13 mai AC T IVIT É S C E WEEK-END 16H30 CONCERT SAMEDI MUSIQUES Visite-atelier du Musée à 14h30 ARABO-ANDALOUSES INSTRUMENTS ET TRADITIONS ENSEMBLE EL MAWSILI DU MONDE FARID BENSARSA, DIRECTION Une Récréation musicale est proposée à 16h Avant-concert à 18h30 aux enfants de 3 à 10 ans dont les parents assistent RENCONTRE AVEC NADIA MEFLAH au concert. 8€ par enfant, réservation conseillée. SAMEDI ET DIMANCHE Visite guidée de l’exposition à 11h AL MUSIQA Lundi 14 mai DIMANCHE Conte dans l’exposition à 11h 10H30 ET 14H00 CONCERT EN TEMPS SCOLAIRE LES CONTES HIKAYAT MUSIQUE ARABE WAED BOUHASSOUN, OUD Un dimanche à la Philharmonie à 14h UN DIMANCHE EN CHANSON Divas arabes Atelier-exposition à 14h30 AL MUSIQA EN FAMILLE E T AUS SI Enfants et familles Concerts, ateliers, activités au Musée…
PROGRAMME Bachraf Mrabaa – ouverture instrumentale Suite de trois pièces dans le mode Moual (do) Suite de trois pièces dans le mode Zidane (ré) Suite de quatre pièces dans le mode Raml elmaya (ré) Suite de quatre pièces dans le mode Sika (mi) Suite de neuf pièces dans différents modes Ensemble El Mawsili Farid Bensarsa, direction Fin du concert (sans entr acte) vers 18h. Retrouvez les traductions des textes chantés en page 16.
LE concert Bachraf Mrabaa – ouverture instrumentale Exposition de différents modes et rythmes caractéristiques de l’école de Constantine. Durée : environ 13 minutes. Suite de trois pièces dans le mode Moual (do) I. Istikhbar Moual : prélude instrumental interprété à la kwitra et au violon II. Inqilab Moual : Him fi elkhilaa, pièce vocale, école d’Alger III. Msaddar de la nouba Dil : Tahya bikoum, 1re pièce vocale de la nouba, école d’Alger Durée : environ 13 minutes. Suite de trois pièces dans le mode Zidane (ré) I. Istikhbar Zidane : prélude instrumental interprété au qanoun et au oud II. Inqilab Zidane : Ya badi’ elhousn, pièce vocale, écoles d’Alger et de Tlemcen III. Btaihi de la nouba Mjenba : Law kana elmilah younsifou, 2e pièce vocale de la nouba, école d’Alger Durée : environ 20 minutes. Suite de quatre pièces dans le mode Raml elmaya (ré) I. Istikhbar Raml elmaya : prélude instrumental interprété à la mandoline et au oud ‘arbi II. Inqilab Raml elmaya : Mouniati men roumtou qourbah, pièce vocale, école d’Alger III. Inqilab Raml elmaya : Lahkam maqdiya, pièce vocale, école de Constantine IV. Derj de la nouba Raml elmaya : Mata nestarihou, 3e pièce vocale de la nouba, école de Constantine Durée : environ 10 minutes. 8
Suite de quatre pièces dans le mode Sika (mi) I. Istikhbar Sika : prélude instrumental interprété à la mandoline et à la guitare II. Inqilab Sika : Ya qalbi khelli elhal, pièce vocale, école d’Alger III. Insiraf Sika : Ya chabih deyy elhilal, 4e pièce vocale de la nouba, école d’Alger IV. Dlidla Sika : Yferrej Rabbi, pièce vocale, écoles d’Alger et de Constantine Durée : environ 11 minutes. Suite de neuf pièces dans différents modes I. Istikhbar Mezmoum : prélude instrumental interprété au piano II. Inqilab Mezmoum : Ya qalbi asbar, pièce vocale, école d’Alger III. Inqilab Mezmoum : Ana ‘ajbi, pièce vocale, école de Constantine IV. Insiraf Mezmoum : Kem li fi elmachiyya, pièce vocale, école d’Alger V. Khlas Mezmoum : Wa el atyarou tenched, pièce vocale, école d’Alger VI. Khlas Sika : Ezzahrou qad tabassem, pièce vocale, école de Constantine VII. Khlas Raml elmaya : Qoum tara, pièce vocale, école d’Alger VIII. Khlas Zidane : Selli houmoumek, pièce vocale, école d’Alger IX. Khlas Maya : Asfat elbakhanis, pièce vocale, école de Constantine Durée : environ 20 minutes. 9
La musique arabo-andalouse Une école de musique arabo-andalouse à Saint-Denis Fondée en 1991 en Seine-Saint-Denis, l’association El Mawsili (du nom d’un grand musicien de l’époque abbasside) est une formation centrée autour de l’enseignement de la musique San’a, plus connue en France sous l’appellation de musique arabo-andalouse. Outre l’enseignement qu’elle dispense en période scolaire à près de trois cents adhérents, elle propose des concerts assurés par un grand ensemble du même nom, El Mawsili, composé d’une cinquantaine de musiciens dirigés depuis vingt-sept ans par maître Farid Bensarsa, ancien élève de la doyenne des associations de musique algéroises. Riche de sa longue expérience dans la pratique de la musique arabo- andalouse, l’association El Mawsili poursuit par ailleurs l’objectif, en ges- tation depuis de nombreuses années mais devenu un besoin impérieux aujourd’hui, de créer une structure qui réunira différents pôles en lien avec l’activité musicale. Une musique savante pour tous La musique arabo-andalouse, de genre modal et de tradition orale, appartient au registre de la musique savante. Les règles qui la régissent sont complexes, d’où la difficulté de son approche pour un audi- toire néophyte. Dans le but de mettre en lumière toute la richesse de la musique arabo- andalouse puisée dans les répertoires des trois pôles musicaux de l’Algérie, soit Alger, Constantine et Tlemcen, le programme de la soirée est constitué d’un bouquet de différents modes musicaux, dans lequel est interprétée une série de pièces vocales et instrumentales à thème profane. Afin de rendre plus aisée son écoute, cette note revient sur son histoire et pro- pose la traduction des poèmes de différents thèmes (amour courtois, amitié, exil…), sur lesquels ont été adaptées de riches mélodies exprimées 10
par les instruments utilisés dont le oud (luth oriental), le oud ‘arbi (luth maghrébin), la kouitra (luth basse), le qanun (cithare sur table), la mandole, la mandoline, la guitare, la kamendja (violon européen) et l’alto. La per- cussion est assurée par la derbouka (calice en fonte sur lequel est tendue une peau en galuchat ou en plastique) et le tar (tambourin à cymbales). L’âge d’or des Abbassides En 750, les Abbassides renversent les Omeyyades ; le pouvoir se déplace à Bagdad, où la vie intellectuelle et artistique connaît un véritable âge d’or. Les connaissances musicales font désormais partie de l’éducation de l’honnête homme. Les califes mais aussi les nobles se font mécènes et s’entourent de musiciens. Parmi les plus célèbres, deux d’entre eux, Ibrâhîm et Ishâq al-Mawsili, père et fils, furent au cœur de plusieurs querelles des Anciens et des Modernes, témoignant des efforts de certains pour se libérer du carcan des règles rythmiques et mélodiques des générations précédentes et laisser davantage de place à la création, à l’ornementation dans l’interprétation, tout en s’ouvrant aux influences perses très présentes à Bagdad. Zyriab l’innovateur Les écrits parvenus jusqu’à nous nous apprennent que la transmission de cette musique de l’Orient à l’Occident musulman serait due à un célèbre personnage semi-légendaire du nom de Zyriab. Disciple du maître Ishaq al-Mawsili, le musicien officiel de Harun al Rashid, Zyriab s’est vu obligé de quitter Bagdad à la suite d’une intrigue de cour pour se réfugier en Ifriqiya (Tunisie actuelle), chez le souverain aghlabide Ziyadat Allah Ier. Demandé en al-Andalus (Espagne musulmane) par l’émir omeyyade Abderraman II, il part pour une retraite au Maghreb, qui ne durera pas longtemps. En traversant le détroit de Gibraltar (Djabal Tariq), il sera accueilli en grande pompe à Cordoue, et doté d’une généreuse pension. Il y crée un conservatoire pour l’apprentissage de la musique, et intro- duit en Occident musulman les modes vestimentaires et les traditions culinaires de Bagdad. 11
Al-Andalus La musique et la poésie constituaient des arts d’agrément très prisés des Andalous. Les villes de Cordoue, Séville et Grenade sont celles où cet art musical était le plus florissant. Si, durant le Haut Moyen Âge, Cordoue, siège du califat, était réputée pour les sciences et la littérature, sa rivale Séville ne l’était pas moins, mais en matière de pratique musicale. La musique était appréciée dans les cours princières et par l’aristocratie, qui ne la pratiquait pas. Outre des musiciens, les musiciennes et chanteuses (mughanniyat et qian) expertes en chant médinois étaient recherchées, et l’on en faisait venir d’Orient à prix d’or. Certaines formaient des orchestres appelés sitaras à Cordoue. Postérités maghrébines Après la Reconquista en 1492, les arabes et les juifs fuyant l’Espagne transposent ce riche patrimoine musical en Afrique du Nord. On le retrouve aujourd’hui dans tout le Maghreb sous des appellations et des formes distinctes, en fonction à la fois de l’origine géographique andalouse et de l’influence des traditions musicales populaires locales. Il est établi depuis fort longtemps qu’une tradition musicale existait déjà au Maghreb. Après la découverte du manuscrit de Tifashi, un auteur tunisien du xiie siècle, il semble ainsi que des échanges ont existé de longue date entre le Maghreb et l’Andalousie. Ceci explique pourquoi cette tradition n’a pas cessé d’être pratiquée durant des siècles dans de nombreuses cités des deux rives, puis après l’expulsion des derniers Morisques d’Espagne en 1609, au Maghreb uniquement. Le muwashshah, le zadjal et la nouba En al-Andalus, la forme poétique courante était la qasida classique d’ori- gine orientale, que les Andalous ont décidé, dès le ixe siècle, de remplacer par un nouveau genre poétique appelé le muwashshah (« enjolivé »). Son adoption n’a pas été aisée lors de sa création. De nombreux anthologues 12
ont refusé d’insérer dans leurs œuvres des muwashshahat. Un autre genre devait être créé un peu plus tard. Ce sera le zadjal (« émouvoir »), dont la forme dialectale conviendra plus à la classe populaire. Le muwashshah né en al-Andalus finira par séduire les lettrés andalous, y compris les mystiques (Ibn ‘Arabi), et par acquérir ses lettres de noblesse en Orient, également grâce à Ibn Sana’ al Mulk, un auteur égyptien du xiie siècle qui lui a consacré tout un ouvrage, Dar at-tiraz. Le soufi Shushtari produira une œuvre poétique dans le genre zadjal surtout. La qasida est un poème monorime et monomètre alors que le muwashshah alterne rimes (qafiya) et mètres, et se termine par une strophe finale dite khardja. Ce sont ces poèmes strophiques de différents thèmes (amoureux, bachique, floristique, élégiaque) que l’on chante dans la nouba, qui est une suite de mouvements de rythmes différents mais dont le tempo lent, tel un adagio sur le premier, s’accélère progressivement pour finir sur le dernier, vif et dansant. 13
Les INterprètes Ensemble El Mawsili Ouds Abderrahmane Ait Hatrit Violons Noureddine Aliane Ahmed Ait Amar Mohammed Arbaoui Amel Aouameur Mohamed Benani Manel Belkacem Camila Chaoui Nadjib Ben El Kadi Lyes Dehiman Nacereddine Benmerabet Simon Elbaz Soâd Bensarsa Chawki Rebaine Abdelhakim Berranen Dalila Rouabah Fouzia Gharbi Ines Kherif Ouds ‘arbi Nabil Mahamdia Yassine Belkacem Djalila Sellami Samy Benmahammad Imane Zergui Farid Bensarsa Altos Guitares Zahia Bourim Aziz Djemai Mokrane Boussaid Abdelkrim Hadj Tahar Karima Hannachi Mandolines Krim Karamane Sonia Achour Lamine Mazouni Mahmoud Anas Zineddine Rakem Naima Bedairia Ahcene Belkacem Basse Dana Benani Amrane Rarrbo Zohra Bendaoud Raouf Chaoui Derbouka Nabila Chebli Youcef Allali Hamid Foulani Narimane Khodri Qanoun Kamel Majore Hania Arbaoui Hamou Oussaada Mustapha Smati 14
Kwitra Lila Bekari Nadia Boutaleb Tar Djamel Bouzerar Bongos Moussa Zeroual Pianos Radia Boudjaja Reda Bouriah Festival Villes des Musiques du Monde et El Mawsili : histoire d’un long compagnonnage Villes des Musiques du Monde, via son festival et son action à l’année, accompagne El Mawsili par le biais : – d’une résidence d’implantation au long cours sur le territoire de la Seine-Saint-Denis, en lien avec le Département et le Conservatoire de Saint-Denis ; – d’une ouverture vers de nouveaux publics, en multipliant les concerts et des actions culturelles dans d’autres villes et lieux ; – d’une étude de préfiguration d’un lieu pérenne, un centre de ressources, afin de partager le patrimoine de la musique arabo-andalouse auprès du plus grand nombre. 15
TRADUCTION DES TEXTES CHANTÉS Suite de trois pièces dans le mode Moual II. Him fi elkhilaa III. Tahia bikum Adonne-toi aux plaisirs, au chant et à la joie Toute terre foulée par vos pas ne sera que renaissante [en toute circonstance, Comme si vous étiez pour elle des pluies bienfaisantes Dans les moments de gaieté ne t’oppose L’œil se délecte à admirer en vous une beauté éclatante [à aucune réjouissance, Comme si aux yeux des gens vous étiez la lune montante Car rien ne peut être échangé pour de la peine [et de la souffrance Dès votre approche, de vous s’exhale une fragrance Qui n’a point profité de la vie n’aura que des regrets Comme si du jardin vous en étiez la plus pure essence Et par l’austérité, il ne pourra nulle part s’y retrouver D’aucun cœur votre affection ne sera évanescence La terre de Dieu est vaste et rien de ce monde Ô vous, à qui je témoigne ma plus grande déférence [n’est éternel Profite des moments de plaisir ne serait-ce qu’un instant Puisque tu ne sais quand adviendra la séparation [dans le temps
Suite de trois pièces dans le mode Zidane II. Ya badi’ elhousn III. Law kana elmilah younsifou Ô admirable beauté, ô astre de la nuit obscure Si les belles pouvaient seulement être vraiment Qui scintille au travers des nuages, par ton teint [équitables [aux reflets d’or En ayant un peu de tendresse pour un amant Unis-toi à l’amoureux transi, lui auquel manque [tel que moi, [ton amour Elles qui savent combien cette passion me met Il souffre de cette séparation, et ses larmes [en émoi [sont abondantes Quand les coupes sont alignées pour boire le jus Ô gazelle, qui lances des regards de tes yeux lumineux [de la treille, Je suis à bout de patience, et perdu dans mes pensées Ah, que de coupes passent par ma main dans les soirs Mon secret s’est dévoilé, alors que demeure-t-il caché [de veille ! [de cette passion ? Je t’ai comparée à la pleine lune illuminant la nuit noire Et l’étoile est embarrassée par ta beauté, [majestueux est Celui qui t’a créée Ton regard ensorceleur s’est adressé au cœur [qu’il a meurtri Il laisse transparaître dans la nuit obscure [l’éclat lumineux de ton visage Toi qui par tes œillades as injustement peiné mon cœur
Suite de quatre pièces dans le mode Raml elmaya III. Lahkam maqdhiya II. Mouniati men roumtou qourbah Le Seigneur a déjà dicté ses commandements, Qui s’imposent de sa volonté inéluctablement. La belle que j’ai désirée m’a rejeté d’un simple regard, Supporte cette épreuve sévère, car le malheur Par le rose de ses joues, elle a possédé [est éphémère. [mon cœur hagard La vie place certains sur un piédestal, Émerveillé à la vue de sa beauté, j’ai failli y perdre Et à d’autres, elle réserve un sort fatal. [la vie Le soulagement viendra illico, cela tient Pourtant, elle que j’aime, persiste dans son acrimonie [du Tout-Puissant ; Ô vous mes amis ! Allez intercéder pour moi La tristesse et la joie sont aussi de la volonté [auprès d’elle, [de l’Omniscient La fin de son éloignement me soulagera Endure tes peines, le Seigneur t’apportera [d’une peine cruelle [le soulagement Mes larmes ruissellent toujours sur mes joues [telles les eaux d’une fontaine IV. Mata nestarihou Pourtant celle que j’aime, encore injuste envers moi, [demeure inhumaine Quand viendra l’apaisement de la douleur intense, Car l’éloignement de la belle n’est que souffrance. Sa beauté est tel l’éclair transperçant les cieux, Elle qui subjugue même les cavaliers preux. Et que de peine dans cet attachement fougueux. Je jure par Dieu que jamais je ne l’oublierai ; Elle ne m’a point apporté la paix qui délivre Je jure par Dieu que jamais je ne l’oublierai, Tant que sur cette terre je continuerai à vivre.
Suite de quatre pièces dans le mode Sika II. Ya qalbi khelli elhal Ô mon cœur, laisse libre cours au temps La tristesse et la joie sont aussi de la volonté Et point d’intérêt aux mots désobligeants [de l’Omniscient Ton seul gage, être attentif aux paroles des sages, Endure tes peines, le Seigneur t’apportera Pas d’empressement, la récompense est aux patients [le soulagement Le soulagement viendra illico, cela tient [du Tout-Puissant La tristesse et la joie sont aussi de la volonté [de l’Omniscient Endure tes peines, le Seigneur t’apportera [le soulagement Si tu es préoccupé de ton état, sois humble [et bien sage Pour être récompensé, seule ta patience te servira [de gage Ne crois pas que le Seigneur est inattentif ou négligent Il entend tout, voit tout, agit et règle [toutes les questions Le soulagement viendra illico, cela tient [du Tout-Puissant
III. Ya chabih deyy elhila IV. Iferredj Rabbi Ô toi, dont l’apparence rappelle l’éclat du croissant Ah, qui sait quand le Seigneur nous soulagera ? [de lune entouré d’étoiles, Ô mon frère, ô mon frère, Il nous soulagera, Mais dis-moi, belle gazelle, qu’es-tu au juste, un ange Il nous soulagera et nous connaîtrons [ou un humain ? [des jours heureux mérités, Bel astre, dont l’attrait peut semer la discorde Ô mon frère, mon frère, mon cœur retrouvera [entre les hommes [à nouveau la gaieté Ô reine des gazelles, qui dandines ta gracieuse taille Pourquoi lors de nos rencontres plisses-tu les yeux ? Dis-moi serait-ce par pudeur ou par gêne ? Toi qui a hérité de la beauté de Yûsûf* Mais dis-moi, belle gazelle, qu’es-tu au juste, un ange [ou un humain ? * Référence au prophète Joseph, Yûsûf pour les musulmans, célèbre pour sa beauté.
Suite de neuf pièces dans différents modes II. Ya qalbi asbar IV. Kem li fi elmachiyya Ô mon cœur, sois patient, tu seras rassuré par Lui ! Je poursuis ma destinée et la gaieté de mon cœur Tout est prédestiné et cela est bien écrit pour toi [s’exprime, D’avec l’ami tu triompheras et le Seigneur t’aidera D’avoir passé de tendres moments Mon seul but est de voir mes amis [avec ma belle intime, [dans un moment de bonheur En cette fin de jour dans ce jardin sublime. Je jure par Dieu que jamais je ne les oublierai Qu’il est doux le moment où le jour décline, Tant que sur cette terre je ne continuerai à vivre Une rencontre à évoquer avec tous les commensaux Dans ce jardin qui avec ses sublimes fleurs est si beau, À l’heure où le soleil doré en descendant vers l’horizon III. Ana ‘ajbi [s’étale Tel du véritable or coulant d’une belle coupe de cristal. L’amoureux qui dévoile aux autres son secret est [pour moi impressionnant Celui-là, ô mon ami, est un demeuré, ou bien il voit [les choses autrement Moi, mon corps a dépéri, et je n’ai aucune nouvelle [de ma bien-aimée Lorsqu’elle agit avec perfidie mon cœur s’est alors [par le feu consumé Mais l’épris d’amour doit supporter le refus [et le départ de l’être aimé
V. Wa el atyarou tenched VIII. Selli houmoumek Pendant que les rossignols perchés égrenaient Oublie tes peines en ce jour qui se prépare à entamer [leurs notes mélodieuses, [sa fin, La bien-aimée s’activait au luth en entamant Car tu ne sais ce qui pourrait advenir de toi au matin [des tushiya merveilleuses Dans cette nuit profonde, lève-toi et verse-nous à boire, Alors que nous, heureux avec nos convives, Prends plaisir avec les belles qui ne te laissent pas choir [assis entre les canaux, Lève-toi et profite des instants de bonheur, Appréciions dans cet éden le murmure La vie n’est qu’une illusion de bon farceur [de toutes les eaux. Ô échanson, emplis nos coupes, alors qu’est distrait Les norias tournaient en vidant leurs godets, [le délateur [dans leurs incessantes rondes, Tandis que moi, assis près de la vasque d’eau, De leurs eaux cristallines, sur les parterres [entouré de nobles gens, [qu’habituellement elles inondent Je me délecte à admirer le soleil couchant qui disparaît C’est là, en fin de jour, dans ce jardin [à l’horizon [d’une beauté toute féerique Que ma bien-aimée m’a rejoint pour passer ensemble [un moment magique Quelle fin de jour douce et fantastique ! Traduction M. Smati
VI. Ezzahrou quad tabassem IX. Asfat elbakhanis Les roses s’ouvrent dans le jardin et l’ambre gris La bruine a cessé, le ciel a retrouvé ses lueurs [apparaît dès la nuit tombée Et voici qu’arrive la saison des sublimes fleurs Tandis que le narcisse, avec ses étamines, rappelle Le rameau sec a reverdi et s’est chargé de beaux fruits [les cils de tes beaux yeux fardés Que chacun associe son convive au plaisir qui s’ensuit Et n’as-tu pas vu le jasmin, tendant ses branches Ô échanson, offre cette coupe de nectar indescriptible [telles des mains en prière ? Pendant ces moments de lever du jour bien paisibles Et ne perçois-tu pas le bien-être de la vie Écoute les oiseaux et le cliquetis [que notre parfaite existence requiert ? [des cymbales vibrantes Broder au-dessus du ruisseau leurs notes apaisantes Dispose la coupe sans peine, elle libère VII. Qoum tara [bien de la gêne Ami, viens contempler les fleurs de l’amandier Retrouve aussitôt l’enthousiasme du vrai désir Telles des pièces d’argent éparpillées Et dilapide tout pour ces instants de plaisir Que la brise matinale sur le sol à étalées Lève-toi pour admirer les fleurs de l’amandier Sur leurs pétales la rosée du matin a perlé Les tendres rameaux du noyer bourgeonnent Annonceurs d’heureux présages que l’on soupçonne Ce jardin paré de fleurs aux multiples teintes [m’enchante Qu’elle est belle la saison que ces réjouissances [agrémentent Ô commensal, vient donc dans ce jardin Et jouissons du bonheur quelques instants Licences E.S. 1-1083294, 1-1041550, 2-1041546, 3-1041547 – Imprimeur : Impro
LES ÉDITIONS DE LA PHILHARMONIE AL MUSIQA VOIX & MUSIQUES DU MONDE ARABE Catalogue de l’exposition sous la direction de Véronique Rieffel. Au XXIe siècle, les échos sonores du monde arabe résonnent bien au-delà des frontières – par ailleurs mouvantes – des pays qui le constituent. De l’Arabie heureuse de la Reine de Saba, en passant par l’âge d’or égyptien symbolisé par Oum Kalthoum, jusqu’à nos jours où les pays arabes oscillent entre bouleversements politiques et luttes pour la liberté, les sons et les voix de ce monde en ébullition s’épanouissent en formant avec les autres cultures un voisinage familier et fécond. Cet ouvrage, exploration de formes musicales traditionnelles et modernes, mystiques et profanes, populaires et savantes, est un manifeste pour la sauvegarde d’un patrimoine culturel aujourd’hui en danger, en même temps qu’un témoignage de l’exceptionnelle vitalité de la création musicale contemporaine dans le monde arabe. Coédition La Découverte • 224 pages • 24 x 28 cm • 39 € ISBN 978-2-7071-9917-1 • AVRIL 2018
Vous pouvez aussi lire