Musiques arabo-andalouses - Dimanche 13 mai 2018 - 16h30 - Philharmonie de Paris

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Musiques arabo-andalouses
     Dimanche 13 mai 2018 – 16h30

 GRANDE SALLE PIERRE BOULEZ – PHILHARMONIE
P H I L H A R M O N I E D E PA R I S
      MUSÉE DE LA MUSIQUE

                                       EX PO SI TI O N
                                         JU SQ U’ AU
                                        19 AOÛT
                                          2018

                                                         © sabir design studio
WEEK-END MUSIQUES ARABES (2)

Dans le cadre de l’exposition Al Musiqa qu’elle consacre aux musiques
arabes, la Philharmonie de Paris propose un week-end en forme de voyage
musical en terres arabes : Alep en 1930, les Gnawa du Maroc et les grandes
voix de la chanson.

Aujourd’hui ville sacrifiée, Alep s’est illustrée dans l’histoire syrienne par sa
richesse culturelle. Elle connut notamment, dans les années 1930, un âge
d’or de la musique. Waed Bouhassoun en recrée la saveur, en faisant sonner
un oud aux sonorités uniques réalisé par Abdoh George Nahhât en 1931
(vendredi 11 mai à 19h).

Le concert L’Afrique arabisée évoque à la fois les fameux Gnawa du Maroc,
originaires de l’Afrique subsaharienne, notamment du Sénégal, du Mali, du
Niger et de la Guinée, et l’art des griots mauritaniens, point de convergence
entre l’univers arabo-berbère et l’univers noir de l’Afrique de l’Ouest (ven-
dredi 11 mai à 20h30).

Dans le spectacle jeune public Kan Ya Ma Kan, la conteuse Halima Hamdane
et ses musiciens font revivre des contes marocains où il est question de
sultans, de jeunes filles belles comme la lune et de monstres terrifiants
(samedi 12 et dimanche 13 mai à 15h).

La Grande salle accueille une célébration de la grande chanson arabe au
féminin avec un hommage à Oum Kalsoum, Fairouz, Asmahan, Leila
Mourad, Mayada Alhenawy, Warda al Djazaïra, porté par les voix de la
Libanaise Abeer Nehme, la Palestinienne Dalal Abu Amneh et l’Égyptienne
Mai Farouk (samedi 12 mai à 20h30).

Enfin, l’Ensemble El Mawsili referme ce cycle de concerts en célébrant
les musiques arabo-andalouses. L’ensemble emprunte son nom au musi-
cien Ishaq El Mawsili, qui vécut au viiie siècle à Bagdad et dont l’art se
développa par la suite dans l’Espagne médiévale, avant de connaître son
apogée en Andalousie au xie siècle. Le Maghreb en est aujourd’hui l’héritier
(dimanche 13 mai à 16h30).
WEEK-END MUSIQUES ARABES (2)

           Vendredi 11 mai                             Samedi 12 mai
                                                      Dimanche 13 mai
19H00   CONCERT SUR INSTRUMENTS DU MUSÉE
                                            15H00               SPECTACLE JEUNE PUBLIC
UN SALON À ALEP EN 1930
WAED BOUHASSOUN, OUD ET OUD ABDOH           KAN YA MA KAN
NAHHÂT (1931, COLLECTION MUSÉE DE LA        HALIMA HAMDANE, CONTEUSE
MUSIQUE)
                                            JAOUAD EL GAROUGE, PERCUSSIONS, GUEMBRI
                                            SOFIANE NEGRA, OUD
20H30                             CONCERT

L’AFRIQUE ARABISÉE
L’ART DES GRIOTS DU DÉSERT (MAURITANIE)                Samedi 12 mai
COUMBANE MINT ELY WARAKANE, CHANT,
HARPE ÂRDÎN                                 20H30                            CONCERT
AYNIYANA MINT CHIGHALY, CHŒUR, HARPE
ÂRDÎN
                                            HOMMAGE AUX GRANDES DIVAS
CHEIKH OULD ABBA, LUTH TIDINÎT              DALAL ABU AMNEH, CHANT

BECHIR OULD MEGUET, PERCUSSION TBLAL        MAI FAROUK, CHANT

LOUBADE N’GHUIDHEYE, CHŒUR                  ABEER NEHME, CHANT
                                            ORCHESTRE DU MONDE ARABE
                                            RAMZI ABUREDWAN, DIRECTION,
MUSIQUES GNAWA (MAROC)
                                            ARRANGEMENTS, BOUZOUQ
AZIZ SAHMAOUI ET LA UNIVERSITY OF GNAWA
AZIZ SAHMAOUI, CHANT, MANDOLE, LUTHS
N’GONI, GUEMBRI
ALUNE WADE, BASSE, CHANT
AMEN VIANA, GUITARE, CHANT
CHEIKH DIALLO, CLAVIER, CHANT, LUTH-HARPE
KORA
ADHIL MIRGHANI, PERCUSSIONS, CHANT
JONATHAN GRANDCAMP, BATTERIE

OULAD MOGADOR
YOUSSEF JANDOUK, DANSE, CHANT, QRAQEB
MAROUAN CHADI, DANSE, CHANT, QRAQEB
KHALID EZZAHIRI, DANSE, CHANT, QRAQEB
Dimanche 13 mai                                AC T IVIT É S C E WEEK-END

16H30                                     CONCERT
                                                       SAMEDI
MUSIQUES                                               Visite-atelier du Musée à 14h30
ARABO-ANDALOUSES                                       INSTRUMENTS ET TRADITIONS
ENSEMBLE EL MAWSILI                                    DU MONDE
FARID BENSARSA, DIRECTION
Une Récréation musicale est proposée à 16h             Avant-concert à 18h30
aux enfants de 3 à 10 ans dont les parents assistent   RENCONTRE AVEC NADIA MEFLAH
au concert. 8€ par enfant, réservation conseillée.
                                                       SAMEDI ET DIMANCHE
                                                       Visite guidée de l’exposition à 11h
                                                       AL MUSIQA
                Lundi 14 mai
                                                       DIMANCHE
                                                       Conte dans l’exposition à 11h
10H30 ET 14H00      CONCERT EN TEMPS SCOLAIRE
                                                       LES CONTES HIKAYAT
MUSIQUE ARABE
WAED BOUHASSOUN, OUD                                   Un dimanche à la Philharmonie à 14h
                                                       UN DIMANCHE EN CHANSON
                                                       Divas arabes

                                                       Atelier-exposition à 14h30
                                                       AL MUSIQA EN FAMILLE

                                                                      E T AUS SI
                                                       Enfants et familles
                                                       Concerts, ateliers, activités au Musée…
PROGRAMME

Bachraf Mrabaa – ouverture instrumentale
Suite de trois pièces dans le mode Moual (do)
Suite de trois pièces dans le mode Zidane (ré)
Suite de quatre pièces dans le mode Raml elmaya (ré)
Suite de quatre pièces dans le mode Sika (mi)
Suite de neuf pièces dans différents modes

Ensemble El Mawsili
Farid Bensarsa, direction

Fin du concert (sans entr acte) vers 18h.

Retrouvez les traductions des textes chantés en page 16.
LE concert

Bachraf Mrabaa – ouverture instrumentale

Exposition de différents modes et rythmes caractéristiques de l’école de Constantine.
Durée : environ 13 minutes.

Suite de trois pièces dans le mode Moual (do)

I. Istikhbar Moual : prélude instrumental interprété à la kwitra et au violon
II. Inqilab Moual : Him fi elkhilaa, pièce vocale, école d’Alger
III. Msaddar de la nouba Dil : Tahya bikoum, 1re pièce vocale de la nouba, école d’Alger

Durée : environ 13 minutes.

Suite de trois pièces dans le mode Zidane (ré)

I. Istikhbar Zidane : prélude instrumental interprété au qanoun et au oud
II. Inqilab Zidane : Ya badi’ elhousn, pièce vocale, écoles d’Alger et de Tlemcen
III. Btaihi de la nouba Mjenba : Law kana elmilah younsifou, 2e pièce vocale
de la nouba, école d’Alger

Durée : environ 20 minutes.

Suite de quatre pièces dans le mode Raml elmaya (ré)

I. Istikhbar Raml elmaya : prélude instrumental interprété à la mandoline et au oud ‘arbi
II. Inqilab Raml elmaya : Mouniati men roumtou qourbah, pièce vocale, école d’Alger
III. Inqilab Raml elmaya : Lahkam maqdiya, pièce vocale, école de Constantine
IV. Derj de la nouba Raml elmaya : Mata nestarihou, 3e pièce vocale de la nouba,
école de Constantine

Durée : environ 10 minutes.

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Suite de quatre pièces dans le mode Sika (mi)

I. Istikhbar Sika : prélude instrumental interprété à la mandoline et à la guitare
II. Inqilab Sika : Ya qalbi khelli elhal, pièce vocale, école d’Alger
III. Insiraf Sika : Ya chabih deyy elhilal, 4e pièce vocale de la nouba, école d’Alger
IV. Dlidla Sika : Yferrej Rabbi, pièce vocale, écoles d’Alger et de Constantine

Durée : environ 11 minutes.

Suite de neuf pièces dans différents modes

I. Istikhbar Mezmoum : prélude instrumental interprété au piano
II. Inqilab Mezmoum : Ya qalbi asbar, pièce vocale, école d’Alger
III. Inqilab Mezmoum : Ana ‘ajbi, pièce vocale, école de Constantine
IV. Insiraf Mezmoum : Kem li fi elmachiyya, pièce vocale, école d’Alger
V. Khlas Mezmoum : Wa el atyarou tenched, pièce vocale, école d’Alger
VI. Khlas Sika : Ezzahrou qad tabassem, pièce vocale, école de Constantine
VII. Khlas Raml elmaya : Qoum tara, pièce vocale, école d’Alger
VIII. Khlas Zidane : Selli houmoumek, pièce vocale, école d’Alger
IX. Khlas Maya : Asfat elbakhanis, pièce vocale, école de Constantine

Durée : environ 20 minutes.

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La musique arabo-andalouse

Une école de musique arabo-andalouse à Saint-Denis

Fondée en 1991 en Seine-Saint-Denis, l’association El Mawsili (du nom
d’un grand musicien de l’époque abbasside) est une formation centrée
autour de l’enseignement de la musique San’a, plus connue en France
sous l’appellation de musique arabo-andalouse. Outre l’enseignement
qu’elle dispense en période scolaire à près de trois cents adhérents, elle
propose des concerts assurés par un grand ensemble du même nom,
El Mawsili, composé d’une cinquantaine de musiciens dirigés depuis
vingt-sept ans par maître Farid Bensarsa, ancien élève de la doyenne
des associations de musique algéroises.

Riche de sa longue expérience dans la pratique de la musique arabo-
andalouse, l’association El Mawsili poursuit par ailleurs l’objectif, en ges-
tation depuis de nombreuses années mais devenu un besoin impérieux
aujourd’hui, de créer une structure qui réunira différents pôles en lien
avec l’activité musicale.

Une musique savante pour tous

La musique arabo-andalouse, de genre modal et de tradition orale,
appartient au registre de la musique savante. Les règles qui la régissent
sont complexes, d’où la difficulté de son approche pour un audi-
toire néophyte.

Dans le but de mettre en lumière toute la richesse de la musique arabo-
andalouse puisée dans les répertoires des trois pôles musicaux de l’Algérie,
soit Alger, Constantine et Tlemcen, le programme de la soirée est constitué
d’un bouquet de différents modes musicaux, dans lequel est interprétée
une série de pièces vocales et instrumentales à thème profane. Afin de
rendre plus aisée son écoute, cette note revient sur son histoire et pro-
pose la traduction des poèmes de différents thèmes (amour courtois,
amitié, exil…), sur lesquels ont été adaptées de riches mélodies exprimées

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par les instruments utilisés dont le oud (luth oriental), le oud ‘arbi (luth
maghrébin), la kouitra (luth basse), le qanun (cithare sur table), la mandole,
la mandoline, la guitare, la kamendja (violon européen) et l’alto. La per-
cussion est assurée par la derbouka (calice en fonte sur lequel est tendue
une peau en galuchat ou en plastique) et le tar (tambourin à cymbales).

L’âge d’or des Abbassides

En 750, les Abbassides renversent les Omeyyades ; le pouvoir se déplace
à Bagdad, où la vie intellectuelle et artistique connaît un véritable âge
d’or. Les connaissances musicales font désormais partie de l’éducation
de l’honnête homme. Les califes mais aussi les nobles se font mécènes
et s’entourent de musiciens. Parmi les plus célèbres, deux d’entre eux,
Ibrâhîm et Ishâq al-Mawsili, père et fils, furent au cœur de plusieurs
querelles des Anciens et des Modernes, témoignant des efforts de
certains pour se libérer du carcan des règles rythmiques et mélodiques
des générations précédentes et laisser davantage de place à la création,
à l’ornementation dans l’interprétation, tout en s’ouvrant aux influences
perses très présentes à Bagdad.

Zyriab l’innovateur

Les écrits parvenus jusqu’à nous nous apprennent que la transmission de
cette musique de l’Orient à l’Occident musulman serait due à un célèbre
personnage semi-légendaire du nom de Zyriab. Disciple du maître Ishaq
al-Mawsili, le musicien officiel de Harun al Rashid, Zyriab s’est vu obligé
de quitter Bagdad à la suite d’une intrigue de cour pour se réfugier en
Ifriqiya (Tunisie actuelle), chez le souverain aghlabide Ziyadat Allah Ier.
Demandé en al-Andalus (Espagne musulmane) par l’émir omeyyade
Abderraman II, il part pour une retraite au Maghreb, qui ne durera pas
longtemps. En traversant le détroit de Gibraltar (Djabal Tariq), il sera
accueilli en grande pompe à Cordoue, et doté d’une généreuse pension.
Il y crée un conservatoire pour l’apprentissage de la musique, et intro-
duit en Occident musulman les modes vestimentaires et les traditions
culinaires de Bagdad.

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Al-Andalus

La musique et la poésie constituaient des arts d’agrément très prisés des
Andalous. Les villes de Cordoue, Séville et Grenade sont celles où cet art
musical était le plus florissant. Si, durant le Haut Moyen Âge, Cordoue,
siège du califat, était réputée pour les sciences et la littérature, sa rivale
Séville ne l’était pas moins, mais en matière de pratique musicale. La
musique était appréciée dans les cours princières et par l’aristocratie, qui
ne la pratiquait pas. Outre des musiciens, les musiciennes et chanteuses
(mughanniyat et qian) expertes en chant médinois étaient recherchées, et
l’on en faisait venir d’Orient à prix d’or. Certaines formaient des orchestres
appelés sitaras à Cordoue.

Postérités maghrébines

Après la Reconquista en 1492, les arabes et les juifs fuyant l’Espagne
transposent ce riche patrimoine musical en Afrique du Nord. On le
retrouve aujourd’hui dans tout le Maghreb sous des appellations et
des formes distinctes, en fonction à la fois de l’origine géographique
andalouse et de l’influence des traditions musicales populaires locales.

Il est établi depuis fort longtemps qu’une tradition musicale existait déjà
au Maghreb. Après la découverte du manuscrit de Tifashi, un auteur
tunisien du xiie siècle, il semble ainsi que des échanges ont existé de
longue date entre le Maghreb et l’Andalousie. Ceci explique pourquoi
cette tradition n’a pas cessé d’être pratiquée durant des siècles dans
de nombreuses cités des deux rives, puis après l’expulsion des derniers
Morisques d’Espagne en 1609, au Maghreb uniquement.

Le muwashshah, le zadjal et la nouba

En al-Andalus, la forme poétique courante était la qasida classique d’ori-
gine orientale, que les Andalous ont décidé, dès le ixe siècle, de remplacer
par un nouveau genre poétique appelé le muwashshah (« enjolivé »). Son
adoption n’a pas été aisée lors de sa création. De nombreux anthologues

                                       12
ont refusé d’insérer dans leurs œuvres des muwashshahat. Un autre genre
devait être créé un peu plus tard. Ce sera le zadjal (« émouvoir »), dont
la forme dialectale conviendra plus à la classe populaire.

Le muwashshah né en al-Andalus finira par séduire les lettrés andalous, y
compris les mystiques (Ibn ‘Arabi), et par acquérir ses lettres de noblesse
en Orient, également grâce à Ibn Sana’ al Mulk, un auteur égyptien du
xiie siècle qui lui a consacré tout un ouvrage, Dar at-tiraz. Le soufi Shushtari
produira une œuvre poétique dans le genre zadjal surtout.

La qasida est un poème monorime et monomètre alors que le muwashshah
alterne rimes (qafiya) et mètres, et se termine par une strophe finale dite
khardja. Ce sont ces poèmes strophiques de différents thèmes (amoureux,
bachique, floristique, élégiaque) que l’on chante dans la nouba, qui est
une suite de mouvements de rythmes différents mais dont le tempo lent,
tel un adagio sur le premier, s’accélère progressivement pour finir sur le
dernier, vif et dansant.

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Les INterprètes

Ensemble El Mawsili                 Ouds
                                    Abderrahmane Ait Hatrit
Violons                             Noureddine Aliane
Ahmed Ait Amar                      Mohammed Arbaoui
Amel Aouameur                       Mohamed Benani
Manel Belkacem                      Camila Chaoui
Nadjib Ben El Kadi                  Lyes Dehiman
Nacereddine Benmerabet              Simon Elbaz
Soâd Bensarsa                       Chawki Rebaine
Abdelhakim Berranen                 Dalila Rouabah
Fouzia Gharbi
Ines Kherif                         Ouds ‘arbi
Nabil Mahamdia                      Yassine Belkacem
Djalila Sellami                     Samy Benmahammad
Imane Zergui                        Farid Bensarsa

Altos                               Guitares
Zahia Bourim                        Aziz Djemai
Mokrane Boussaid                    Abdelkrim Hadj Tahar
                                    Karima Hannachi
Mandolines                          Krim Karamane
Sonia Achour                        Lamine Mazouni
Mahmoud Anas                        Zineddine Rakem
Naima Bedairia
Ahcene Belkacem                     Basse
Dana Benani                         Amrane Rarrbo
Zohra Bendaoud
Raouf Chaoui                        Derbouka
Nabila Chebli                       Youcef Allali
Hamid Foulani
Narimane Khodri                     Qanoun
Kamel Majore                        Hania Arbaoui
Hamou Oussaada
Mustapha Smati

                               14
Kwitra
Lila Bekari
Nadia Boutaleb

Tar
Djamel Bouzerar

Bongos
Moussa Zeroual

Pianos
Radia Boudjaja
Reda Bouriah

Festival Villes des Musiques du Monde et El Mawsili :
histoire d’un long compagnonnage

Villes des Musiques du Monde, via son festival et son action à l’année, accompagne
El Mawsili par le biais :
– d’une résidence d’implantation au long cours sur le territoire de la Seine-Saint-Denis,
en lien avec le Département et le Conservatoire de Saint-Denis ;
– d’une ouverture vers de nouveaux publics, en multipliant les concerts et des actions
culturelles dans d’autres villes et lieux ;
– d’une étude de préfiguration d’un lieu pérenne, un centre de ressources, afin de
partager le patrimoine de la musique arabo-andalouse auprès du plus grand nombre.

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TRADUCTION DES TEXTES CHANTÉS

Suite de trois pièces dans le mode Moual

II. Him fi elkhilaa                                         III. Tahia bikum

Adonne-toi aux plaisirs, au chant et à la joie              Toute terre foulée par vos pas ne sera que renaissante
          [en toute circonstance,                           Comme si vous étiez pour elle des pluies bienfaisantes
Dans les moments de gaieté ne t’oppose                      L’œil se délecte à admirer en vous une beauté éclatante
          [à aucune réjouissance,                           Comme si aux yeux des gens vous étiez la lune montante
Car rien ne peut être échangé pour de la peine
          [et de la souffrance                              Dès votre approche, de vous s’exhale une fragrance
Qui n’a point profité de la vie n’aura que des regrets      Comme si du jardin vous en étiez la plus pure essence
Et par l’austérité, il ne pourra nulle part s’y retrouver   D’aucun cœur votre affection ne sera évanescence
La terre de Dieu est vaste et rien de ce monde              Ô vous, à qui je témoigne ma plus grande déférence
          [n’est éternel
Profite des moments de plaisir ne serait-ce qu’un instant
Puisque tu ne sais quand adviendra la séparation
          [dans le temps
Suite de trois pièces dans le mode Zidane

II. Ya badi’ elhousn                                         III. Law kana elmilah younsifou

Ô admirable beauté, ô astre de la nuit obscure               Si les belles pouvaient seulement être vraiment
Qui scintille au travers des nuages, par ton teint                      [équitables
            [aux reflets d’or                                En ayant un peu de tendresse pour un amant
Unis-toi à l’amoureux transi, lui auquel manque                         [tel que moi,
            [ton amour                                       Elles qui savent combien cette passion me met
Il souffre de cette séparation, et ses larmes                           [en émoi
            [sont abondantes                                 Quand les coupes sont alignées pour boire le jus
Ô gazelle, qui lances des regards de tes yeux lumineux                  [de la treille,
Je suis à bout de patience, et perdu dans mes pensées        Ah, que de coupes passent par ma main dans les soirs
Mon secret s’est dévoilé, alors que demeure-t-il caché                  [de veille !
            [de cette passion ?
Je t’ai comparée à la pleine lune illuminant la nuit noire
Et l’étoile est embarrassée par ta beauté,
            [majestueux est Celui qui t’a créée
Ton regard ensorceleur s’est adressé au cœur
            [qu’il a meurtri
Il laisse transparaître dans la nuit obscure
            [l’éclat lumineux de ton visage
Toi qui par tes œillades as injustement peiné mon cœur
Suite de quatre pièces dans le mode Raml elmaya            III. Lahkam maqdhiya

II. Mouniati men roumtou qourbah                           Le Seigneur a déjà dicté ses commandements,
                                                           Qui s’imposent de sa volonté inéluctablement.
La belle que j’ai désirée m’a rejeté d’un simple regard,   Supporte cette épreuve sévère, car le malheur
Par le rose de ses joues, elle a possédé                              [est éphémère.
          [mon cœur hagard                                 La vie place certains sur un piédestal,
Émerveillé à la vue de sa beauté, j’ai failli y perdre     Et à d’autres, elle réserve un sort fatal.
          [la vie                                          Le soulagement viendra illico, cela tient
Pourtant, elle que j’aime, persiste dans son acrimonie                [du Tout-Puissant ;
Ô vous mes amis ! Allez intercéder pour moi                La tristesse et la joie sont aussi de la volonté
          [auprès d’elle,                                             [de l’Omniscient
La fin de son éloignement me soulagera                     Endure tes peines, le Seigneur t’apportera
          [d’une peine cruelle                                        [le soulagement
Mes larmes ruissellent toujours sur mes joues
          [telles les eaux d’une fontaine                  IV. Mata nestarihou
Pourtant celle que j’aime, encore injuste envers moi,
          [demeure inhumaine                               Quand viendra l’apaisement de la douleur intense,
                                                           Car l’éloignement de la belle n’est que souffrance.
                                                           Sa beauté est tel l’éclair transperçant les cieux,
                                                           Elle qui subjugue même les cavaliers preux.
                                                           Et que de peine dans cet attachement fougueux.
                                                           Je jure par Dieu que jamais je ne l’oublierai ;
                                                           Elle ne m’a point apporté la paix qui délivre
                                                           Je jure par Dieu que jamais je ne l’oublierai,
                                                           Tant que sur cette terre je continuerai à vivre.
Suite de quatre pièces dans le mode Sika

II. Ya qalbi khelli elhal

Ô mon cœur, laisse libre cours au temps                    La tristesse et la joie sont aussi de la volonté
Et point d’intérêt aux mots désobligeants                             [de l’Omniscient
Ton seul gage, être attentif aux paroles des sages,        Endure tes peines, le Seigneur t’apportera
Pas d’empressement, la récompense est aux patients                    [le soulagement
Le soulagement viendra illico, cela tient
           [du Tout-Puissant
La tristesse et la joie sont aussi de la volonté
           [de l’Omniscient
Endure tes peines, le Seigneur t’apportera
           [le soulagement

Si tu es préoccupé de ton état, sois humble
           [et bien sage
Pour être récompensé, seule ta patience te servira
           [de gage
Ne crois pas que le Seigneur est inattentif ou négligent
Il entend tout, voit tout, agit et règle
           [toutes les questions
Le soulagement viendra illico, cela tient
           [du Tout-Puissant
III. Ya chabih deyy elhila                                          IV. Iferredj Rabbi

Ô toi, dont l’apparence rappelle l’éclat du croissant               Ah, qui sait quand le Seigneur nous soulagera ?
          [de lune entouré d’étoiles,                               Ô mon frère, ô mon frère, Il nous soulagera,
Mais dis-moi, belle gazelle, qu’es-tu au juste, un ange             Il nous soulagera et nous connaîtrons
          [ou un humain ?                                                     [des jours heureux mérités,
Bel astre, dont l’attrait peut semer la discorde                    Ô mon frère, mon frère, mon cœur retrouvera
          [entre les hommes                                                   [à nouveau la gaieté
Ô reine des gazelles, qui dandines ta gracieuse taille
Pourquoi lors de nos rencontres plisses-tu les yeux ?
Dis-moi serait-ce par pudeur ou par gêne ?
Toi qui a hérité de la beauté de Yûsûf*
Mais dis-moi, belle gazelle, qu’es-tu au juste, un ange
          [ou un humain ?

* Référence au prophète Joseph, Yûsûf pour les musulmans, célèbre
pour sa beauté.
Suite de neuf pièces dans différents modes

II. Ya qalbi asbar                                     IV. Kem li fi elmachiyya

Ô mon cœur, sois patient, tu seras rassuré par Lui !   Je poursuis ma destinée et la gaieté de mon cœur
Tout est prédestiné et cela est bien écrit pour toi              [s’exprime,
D’avec l’ami tu triompheras et le Seigneur t’aidera    D’avoir passé de tendres moments
Mon seul but est de voir mes amis                                [avec ma belle intime,
          [dans un moment de bonheur                   En cette fin de jour dans ce jardin sublime.
Je jure par Dieu que jamais je ne les oublierai        Qu’il est doux le moment où le jour décline,
Tant que sur cette terre je ne continuerai à vivre     Une rencontre à évoquer avec tous les commensaux
                                                       Dans ce jardin qui avec ses sublimes fleurs est si beau,
                                                       À l’heure où le soleil doré en descendant vers l’horizon
III. Ana ‘ajbi                                                   [s’étale
                                                       Tel du véritable or coulant d’une belle coupe de cristal.
L’amoureux qui dévoile aux autres son secret est
          [pour moi impressionnant
Celui-là, ô mon ami, est un demeuré, ou bien il voit
          [les choses autrement
Moi, mon corps a dépéri, et je n’ai aucune nouvelle
          [de ma bien-aimée
Lorsqu’elle agit avec perfidie mon cœur s’est alors
          [par le feu consumé
Mais l’épris d’amour doit supporter le refus
          [et le départ de l’être aimé
V. Wa el atyarou tenched                             VIII. Selli houmoumek

Pendant que les rossignols perchés égrenaient        Oublie tes peines en ce jour qui se prépare à entamer
           [leurs notes mélodieuses,                           [sa fin,
La bien-aimée s’activait au luth en entamant         Car tu ne sais ce qui pourrait advenir de toi au matin
           [des tushiya merveilleuses                Dans cette nuit profonde, lève-toi et verse-nous à boire,
Alors que nous, heureux avec nos convives,           Prends plaisir avec les belles qui ne te laissent pas choir
           [assis entre les canaux,                  Lève-toi et profite des instants de bonheur,
Appréciions dans cet éden le murmure                 La vie n’est qu’une illusion de bon farceur
           [de toutes les eaux.                      Ô échanson, emplis nos coupes, alors qu’est distrait
Les norias tournaient en vidant leurs godets,                  [le délateur
           [dans leurs incessantes rondes,           Tandis que moi, assis près de la vasque d’eau,
De leurs eaux cristallines, sur les parterres                  [entouré de nobles gens,
           [qu’habituellement elles inondent         Je me délecte à admirer le soleil couchant qui disparaît
C’est là, en fin de jour, dans ce jardin                       [à l’horizon
           [d’une beauté toute féerique
Que ma bien-aimée m’a rejoint pour passer ensemble
           [un moment magique
Quelle fin de jour douce et fantastique !

Traduction M. Smati
VI. Ezzahrou quad tabassem                                                     IX. Asfat elbakhanis

Les roses s’ouvrent dans le jardin et l’ambre gris                             La bruine a cessé, le ciel a retrouvé ses lueurs
          [apparaît dès la nuit tombée                                         Et voici qu’arrive la saison des sublimes fleurs
Tandis que le narcisse, avec ses étamines, rappelle                            Le rameau sec a reverdi et s’est chargé de beaux fruits
          [les cils de tes beaux yeux fardés                                   Que chacun associe son convive au plaisir qui s’ensuit
Et n’as-tu pas vu le jasmin, tendant ses branches                              Ô échanson, offre cette coupe de nectar indescriptible
          [telles des mains en prière ?                                        Pendant ces moments de lever du jour bien paisibles
Et ne perçois-tu pas le bien-être de la vie                                    Écoute les oiseaux et le cliquetis
          [que notre parfaite existence requiert ?                                       [des cymbales vibrantes
                                                                               Broder au-dessus du ruisseau leurs notes apaisantes
                                                                               Dispose la coupe sans peine, elle libère
VII. Qoum tara                                                                           [bien de la gêne
Ami, viens contempler les fleurs de l’amandier                                 Retrouve aussitôt l’enthousiasme du vrai désir
Telles des pièces d’argent éparpillées                                         Et dilapide tout pour ces instants de plaisir
Que la brise matinale sur le sol à étalées
Lève-toi pour admirer les fleurs de l’amandier
Sur leurs pétales la rosée du matin a perlé
Les tendres rameaux du noyer bourgeonnent
Annonceurs d’heureux présages que l’on soupçonne
Ce jardin paré de fleurs aux multiples teintes
          [m’enchante
Qu’elle est belle la saison que ces réjouissances
          [agrémentent
Ô commensal, vient donc dans ce jardin
Et jouissons du bonheur quelques instants

Licences E.S. 1-1083294, 1-1041550, 2-1041546, 3-1041547 – Imprimeur : Impro
LES ÉDITIONS DE LA PHILHARMONIE

AL MUSIQA
VOIX & MUSIQUES DU MONDE ARABE

Catalogue de l’exposition
sous la direction de Véronique Rieffel.

Au XXIe siècle, les échos sonores du monde
arabe résonnent bien au-delà des frontières
– par ailleurs mouvantes – des pays qui le
constituent. De l’Arabie heureuse de la Reine
de Saba, en passant par l’âge d’or égyptien
symbolisé par Oum Kalthoum, jusqu’à
nos jours où les pays arabes oscillent entre
bouleversements politiques et luttes pour la
liberté, les sons et les voix de ce monde en
ébullition s’épanouissent en formant avec
les autres cultures un voisinage familier et
fécond.
Cet ouvrage, exploration de formes musicales traditionnelles et modernes,
mystiques et profanes, populaires et savantes, est un manifeste pour la sauvegarde
d’un patrimoine culturel aujourd’hui en danger, en même temps qu’un
témoignage de l’exceptionnelle vitalité de la création musicale contemporaine
dans le monde arabe.

                                          Coédition La Découverte • 224 pages • 24 x 28 cm • 39 €
                                                             ISBN 978-2-7071-9917-1 • AVRIL 2018
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