FICHE DE PRESENTATION - PURETE MOZARTIENNE, GRANDEUR BEETHOVENIENNE

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FICHE DE PRESENTATION - PURETE MOZARTIENNE, GRANDEUR BEETHOVENIENNE
FICHE DE PRESENTATION
PURETE MOZARTIENNE, GRANDEUR BEETHOVENIENNE
FICHE DE PRESENTATION - PURETE MOZARTIENNE, GRANDEUR BEETHOVENIENNE
W.A Mozart (1756-1791)
Rondo pour piano et orchestre en ré majeur K 382
Concerto n°21 pour piano et orchestre en do majeur K 467
L.V Beethoven (1770-1827)
Symphonie n°4 en si bémol majeur opus 60

Dans son Concerto n°21, Mozart célèbre plus que jamais l’harmonie du style classique,
l’alliance d’ordre spirituel entre le fond et la forme. Son mouvement lent, l’un des plus connus
du compositeur, porte l’auditeur au sommet de la félicité. La rare Quatrième Symphonie de
Beethoven, dont l’énergie et l’expressivité n’ont rien à envier à la célèbre Cinquième, lui fait
brillamment écho. Au clavier et au pupitre, François-Frédéric Guy dévoile l’universalité de son
talent musical.

Distribution
François-Frédéric Guy, direction
Orchestre Régional Avignon-Provence
FICHE DE PRESENTATION - PURETE MOZARTIENNE, GRANDEUR BEETHOVENIENNE
Répétition générale ?
La répétition générale est la dernière répétition avant le concert.

Généralement, pour un concert exécuté le vendredi soir, l’orchestre a six services de répétition
et une générale. Le lundi est un jour de repos.

L’Orchestre Régional Avignon-Provence répète dans une salle adaptée, en Courtine. La
répétition générale a lieu dans la salle de concert : l’Opéra du Grand-Avignon, le plus
régulièrement.

Au cours de cette générale, chaque œuvre doit être exécutée dans son intégralité. Puis, le chef
peut décider de faire des « raccords » et faire rejouer certains passages.

La générale est une ultime séance de travail qui doit se dérouler dans le silence et la
concentration.

Cette fiche pédagogique a pour objectif de présenter le programme : les compositeurs, les
œuvres, le contexte de création ainsi que le chef d’orchestre. Elle propose par ailleurs
différentes écoutes.

Pour vous accompagner dans cette future expérience de spectateur, un cahier pédagogique
« À la découverte du monde de l’orchestre » a aussi été élaboré par nos soins.
Très complet, chacun pourra y trouver son chemin.
Des informations sur les différents types d’orchestre, les instruments qui les composent, le
répertoire symphonique, les métiers qui l’entourent... autant d'entrées dans cet univers
fascinant ! http://www.orchestre-avignon.com/outils-pedagogiques/
FICHE DE PRESENTATION - PURETE MOZARTIENNE, GRANDEUR BEETHOVENIENNE
Orchestre Régional Avignon-Provence
Plus de deux cents ans d’histoire

Fondé à la fin du XVIIIème siècle, l’Orchestre Régional Avignon-Provence appartient à ces
orchestres qui, depuis longtemps, structurent la vie musicale française et y accomplissent les
missions de service public à savoir la création, la diffusion et l’accompagnement des publics
dans la découverte de programmes musicaux classiques et contemporains de qualité. En
outre, la création du département Nouveaux Publics en 2009 permet aujourd’hui à des milliers
de spectateurs d’assister aux concerts de l’Orchestre et de participer à des parcours
d’éducation et de sensibilisation artistiques.

Il est également le compagnon fidèle de l’Opéra Grand Avignon dont il accompagne toute la
saison lyrique.

Grâce à sa politique artistique, l’Orchestre Régional Avignon-Provence offre une profonde
intelligence musicale et une rare souplesse dans l’approche des œuvres, quels que soient leur
époque et leur style.

Sollicité pour participer à de prestigieux festivals comme le Festival d’Avignon et le Festival
International de Piano de la Roque d’Anthéron, l’Orchestre Régional Avignon-Provence est
présent aussi bien en France qu’à l’international.

De grands chefs le dirigent et de prestigieux solistes viennent se produire à ses côtés, qu’ils
soient musiciens ou chanteurs.

Parallèlement, la mise en place d’une politique discographique dynamique atteste de la haute
qualité de cette formation orchestrale. Fidèle à son approche du jeune public, l’Orchestre a
réalisé un livre disque pour le centenaire de Peter Pan à partir d’une œuvre commandée au
compositeur Olivier Penard. En 2013, il a édité un enregistrement du Docteur Miracle, opéra-
comique de Bizet, salué unanimement par la critique (Choc Classica). En juin 2014, est
paru L’Amour Masqué de Messager, premier volet d’une collection Le Guitry musical chez
Actes Sud. Le deuxième volet, La SADMP sera édité fin 2016, ainsi que l’Homeriade de Dimítris
Dimitriádis avec Robin Renucci. En mai 2015, un disque avec le harpiste Emmanuel Ceysson
est paru chez Naïve. En 2017 sortira un disque avec Nathalie Manfrino chez Decca Universal.
Soutenu par l’État (Ministère de la Culture et de la Communication), le Conseil Régional
Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil Général de Vaucluse, la Communauté
d’Agglomération du Grand Avignon et la Ville d’Avignon, l’Orchestre Régional Avignon
Provence apporte son concours à un territoire régional dont le patrimoine culturel et l’histoire
musicale, tant passés que présents, sont parmi les plus riches d’Europe.

Sous l’impulsion de Philippe Grison, son Directeur Général et de Samuel Jean, son Premier
Chef Invité, l’Orchestre Régional Avignon-Provence rayonne désormais sur son territoire, en
France et à l’international.
FICHE DE PRESENTATION - PURETE MOZARTIENNE, GRANDEUR BEETHOVENIENNE
Orchestre Régional Avignon-Provence
François-Frédéric Guy
François-Frédéric Guy est considéré comme un spécialiste du répertoire romantique allemand et en
particulier de Beethoven dont il a enregistré les 32 sonates, l’intégrale de la musique de chambre avec
Tedi Papavrami au violon et Xavier Phillips violoncelle, ainsi que les 5 concertos avec l’Orchestre
Philharmonique de Radio-France dirigé par Philippe Jordan.

Il mène une carrière internationale aux côtés des plus grands chefs (Marc Albrecht, Jean-Claude
Casadesus, Bernard Haitink, Daniel Harding, Philippe Jordan, Kent Nagano, Pascal Rophé, Esa-Pekka
Salonen…).

Curieux de la musique de son temps, il se produit dans les plus importants festivals de création et se
fait l’interprète d’Hugues Dufourt, Bruno Mantovani, Marc Monnet ou Tristan Murail.

Son enregistrement à deux pianos avec Jean-Efflam Bavouzet (Bartók, Debussy, Stravinsky) a été
accueilli avec grand enthousiasme par la presse internationale, est choisi par le Sunday Times parmi
les 100 meilleurs enregistrements de l’année 2015 tandis que son coffret consacré à la musique pour
violoncelle et piano de Beethoven avec Xavier Phillips est nommé par Gramophone Enregistrement du
mois en janvier 2016.

Depuis 2012, il dirige régulièrement du piano, notamment l’intégrale des concertos de Beethoven, qu’il
a donnés récemment au festival Berlioz, aux festivals de Montpellier et de Besançon, avec le Sinfonia
Varsovia, l’Orchestre de Chambre de Paris, les orchestres d’Avignon, de Lille, de Limoges, l’Orchestre
National de Lorraine et l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège.

Après son Beethoven Projet, il commence en 2016 un Brahms Project conçu avant tout comme
un dictionnaire amoureux du compositeur et non pas comme une intégrale exhaustive. Naturellement
articulé autour du piano, véritable dénominateur commun d’un parcours original, il associe la musique
de chambre, le Lied, les concertos et le piano solo.

La prochaine saison l’emmènera à Vienne avec les Wiener Symphoniker et Philippe Jordan, au Canada
(avec l’Orchestre Symphonique du Québec sous la direction de Fabien Gabel, et avec l’Orchestre
Symphonique de Montréal dirigé par Bernard Labadie), au Canaries avec l’orchestre de Tenerife et
Michal Nesterowicz. Il se produira également au Théâtre des Champs-Elysées à Paris avec l’Orchestre
de Chambre de Paris qu’il dirigera.

Il sera présent en récital et en musique de chambre à Londres, à l’Arsenal de Metz, à Lyon, au festival
Berlioz de la Côte Saint-André, au festival de la Roque d’Anthéron, au Théâtre des Champs-Elysées et
à la Philharmonie de Paris.

Proposition d’écoute
Sonate Pathétique, Second mouvement, Beethoven
https://www.youtube.com/watch?v=k1jkx6mQrVQ
Wolfgang Amadeus Mozart
Mozart voulait plaire, et d’ailleurs Mozart avait besoin de plaire, premier musicien de l’histoire
de la musique qui, rompant avec le service des Grands, ait pris le risque d’aller chercher son
argent dans la poche du public payant. Mais il entendait plaire dans ses termes propres
                                                                                   André Tubeuf

André Tubeuf écrit ceci à l’occasion du bicentenaire du compositeur. Celui-ci se définit lui-
même, dans une lettre à son père, de la façon suivante, en 1777 :
Papa chéri, Je ne puis écrire en vers, je ne suis pas poète. Je ne puis distribuer des phrases
assez artistement pour leur faire produire des ombres et des lumières, je ne suis pas peintre.
Je ne puis non plus exprimer par des signes et une pantomime mes sentiments et mes pensées,
je ne suis pas danseur. Mais je le puis par les sons : je suis musicien.

Musicien. Un musicien engagé, même s’il ne théorise jamais sur sa musique.

En 1878, au moment où il compose Don Giovanni, Mozart a 31 ans. Il ne lui reste que quatre
années à vivre. Quatre années pendant lesquelles les embarras financiers qui sont depuis
longtemps son lot ne cessent de le harceler. Les années les plus noires de sa vie, au cours
desquelles il compose ses ultimes chefs d’œuvre.
Sa carrière a commencé, incroyablement, 29 ans plus tôt. Grâce à son père, Leopold, violoniste
compositeur, maître de chapelle du Prince-Archevêque de Salzbourg et auteur du plus
important manuel de violon du XVIIIème siècle, le jeune Mozart, à peine âgé de six ans, parcourt
alors l’Europe entière en compagnie de sa sœur : Paris, Londres, où il se lie avec Jean-Chrétien
Bach, l’Italie, Vienne et Munich, Amsterdam... Il compose sa Première symphonie à huit ans,
puis, quatre ans plus tard, un singspiel Bastien et Bastienne et son premier opéra, La finta
Semplice.

Des voyages successifs en Italie entre 1770 et 1773 confirment sa renommée de musicien
prodige. Son opéra Mitridate, re di Ponto reçoit un accueil triomphal à Milan. De retour à
Salzbourg, les Mozart doivent subir les humeurs et les caprices du nouveau Prince-
Archevêque, le comte de Colloredo. En dépit de cette situation difficile, Mozart n’arrête pas de
composer : six quatuors viennois, un opéra-bouffe La Finta Giardiniera (La Fausse jardinière),
son Premier concerto pour piano.

En 1777, Mozart excédé par le comportement de Colloredo, se démet de ses fonctions et ce,
contre l’avis de son père. Un voyage à Mannheim puis à Paris lui réserve pourtant quelques
désillusions : l’enthousiasme d’autrefois cède la place à un accueil plutôt mitigé de la part du
public. Le décès de sa mère, l’année suivante, le ramène dans sa ville natale. Mozart s’aperçoit
alors qu’il n’est plus l’enfant prodige qui a tant ému les foules. Il doit donc à vingt-trois ans, se
plier de nouveau à la volonté paternelle et à l’autorité du Prince-Archevêque.

Tout en occupant, à contrecœur, un poste d’organiste à la Cour de Colloredo, Mozart compose
la Symphonie concertante pour violon et alto et achève l’opéra Thamos, Roi d’Egypte.

En 1781, il se rend à Vienne pour la création d’Idoménée. À cette occasion, un nouveau différend
avec le Prince-Archevêque entraîne une rupture définitive entre les deux hommes. Désormais
installé à Vienne, Mozart doit donner des leçons pour vivre. Contre le gré de son père, il se marie
avec Constance Weber à qui il dédie L’Enlèvement au Sérail en 1782. Les symphonies « Haffner
» et « Linz » sont également composées à cette époque.

Le bonheur avec Constance est de courte durée. Le couple perd son premier enfant et les
dettes commencent à s’accumuler. En 1784, Mozart entre dans la franc-maçonnerie. Il
manifeste tout son génie musical en écrivant cinq concertos pour piano et six quatuors à
cordes qu’il dédie à son ami Joseph Haydn.

Il met en musique la pièce de Beaumarchais, le Mariage de Figaro qui devient Les Noces de
Figaro. L’opéra obtient un succès très relatif à Vienne, mais triomphe à Prague l’année
suivante. Il compose encore la Petite musique de nuit, la Symphonie « Prague » et surtout Don
Giovanni qui remporte un grand succès à Prague.

En 1787, Mozart est nommé par l’Empereur Joseph II compositeur de la Chambre Royale,
succédant ainsi à Gluck qui vient de mourir. Mais ses gages modestes ne le délivrent pas des
soucis matériels : peu à peu, la misère s’installe chez les Mozart.
C’est toujours dans les moments tragiques que Mozart écrit ses musiques les plus fortes.
Malgré le récent décès de son père, des difficultés financières inextricables et la maladie de
Constance, il compose en 1789 Cosi fan tutte, un opéra bouffe pour Joseph II. Mais la mort de
ce dernier le laisse sans protecteur. Mozart va d’échec en échec. Les concerts qu’il tente
d’organiser sont désertés. Dans les derniers mois de sa vie, Mozart, dont la santé se détériore,
trouve pourtant la force d’écrire des pages exceptionnelles : deux opéras, La Flûte enchantée
et la Clémence de Titus, un Concerto pour clarinette et un Requiem qu’il ne pourra pas achever.
Épuisé, Mozart meurt le 5 décembre 1791. Le mauvais temps oblige la dizaine d’amis venus
accompagner le cercueil à déserter le cimetière. Ses deux fils resteront célibataires, la lignée
du génie s’éteint.

Genèse Rondo pour piano et orchestre en ré majeur K 382
En 1781, Mozart rejoint Colloredo à Vienne. Au soir du 9 mai de la même année, il écrira :
« Aujourd’hui commence mon bonheur. » La rupture avec le Prince-Archevêque est enfin
consommée.

Tout en travaillant à l’Enlèvement au sérail, Wolfgang donne des leçons et tente de se faire
connaître en tant que virtuose. Reprenant son Concerto en ré K 175, il lui compose un nouveau
finale plus brillant que l’Allegro précédent, et qui sera accueilli par un franc succès.1

Genèse Concerto n°21 pour piano et orchestre en do majeur K 467
Jusqu'en 1967, on désignait toujours cette œuvre sous le nom de Concerto en do majeur K. 467
ou de Concerto n°21 en do. Mais, depuis la sortie du film suédois à l'eau de rose de Bo
Widerberg, Elvira Madigan, on a commencé à faire référence à la musique de Mozart comme
au concerto d'« Elvira Madigan », et ce titre lui est resté attaché. Le film a transformé le
Concerto, qui jusqu'en 1967 était surtout prisé par les mordus de Mozart, en une musique
instantanément reconnue et aimée par des millions de personnes.

Le concerto « Elvira Madigan» est largement regardé comme l'un des plus grands triomphes
de Mozart. C'est l'un des concertos d'une incroyable série, composés par Mozart entre 1784 et
1786 [… et destinés à être interprété par le compositeur au piano à Vienne].
                                                                             Robert Markow2

1
  Guide de la musique symphonique, Sous la direction de François-René Tranchefort, Fayard, Les indispensables
de la musique
2
   Boîte à musique CNA Frise Chronologique : http://artsalive.ca/collections/nacmusicbox/chronologique-
timeline/index.php/fr/html/vue-view/105
Propositions d’écoutes
Rondo pour piano et orchestre en ré majeur K 382
Vladimir Samoïlovitch Horowitz, pianiste
Grosse Musikvereinsaal, Vienna, Autriche
31 mai 1987
https://www.youtube.com/watch?v=gVvpgiGySEo

Concerto n°21 pour piano et orchestre en do majeur K 467
Orchestra filarmonica della Scala
Maurizio Pollini, pianiste
Riccardo Muti, chef d’orchestre
2004
https://www.youtube.com/watch?v=i2uYb6bMKyI

Le Concerto n°21 au cinéma
      1967 : Elvira Madigan de Bo Widerberg
      1970 : La Maison des bories de Jacques Doniol-Valcroze
      1987 : Attention bandits ! de Claude Lelouch
      1999 : Le Créateur d'Albert Dupontel
      2000 : Le Goût des autres d'Agnès Jaoui

                                                 Elvira Madigan3

3
    Photographie présente sur Versatile Mag, un journal d’actualité culturel indépendant en ligne.
Ludwig van Beethoven
Solitaire, mélancolique, incompris, atteint de surdité dès l'âge de 28 ans, Beethoven se pose
comme une véritable incarnation du musicien romantique. S'il est aujourd'hui l'un des
compositeurs les plus universellement admirés, l'ampleur de son génie demeure ignorée de
son vivant. Dernier grand maître de la symphonie et premier grand maître de la sonate pour
piano, Beethoven est considéré, à l'échelle de l'histoire de la musique, comme le maillon
fondateur entre le classicisme et le romantisme.

                                Portrait by Joseph Karl Stieler, 1820

L'ENFANCE
Né à Bonn (Allemagne) le 17 décembre 1770, Beethoven est le deuxième d'une fratrie de sept
enfants. Il en devient rapidement l'aîné car la famille est frappée par le décès prématuré de
quatre d'entre eux. Beethoven aime sa mère aussi profondément qu'il craint son père.
Pourtant ce dernier perçoit très tôt les aptitudes de son fils qui s'amuse à faire crisser les
poignées de fer des volets de la maison pour en entendre la variété des sons. L'enfance de
Beethoven reste peu heureuse et marquée par la disparition rapide de sa mère. Si son père
s'implique dans son éducation, ce n'est que pour faire de lui un enfant prodige, à la manière de
Mozart, avant de s'en désintéresser totalement et de sombrer dans l'alcoolisme et la violence.
LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770-1827)
L'apprentissage musical de Beethoven est d'abord pris en charge par son père, professeur de
musique et ténor, puis assuré par différents maîtres de musique avant que ne s'achève
l'entreprise de tournée d'exhibition des dons de l'enfant.
Grâce à la bienveillance de la famille Breuning, qui deviendra peu à peu son foyer de cœur, le
jeune Beethoven reçoit une éducation générale. Il étudie également le piano, l'orgue et la
composition auprès de Christian Gottlieb Neefe, son premier maître sérieux, et fait de tels
progrès qu'au cours de l'année 1782 il compose ses premières pièces pour piano et devient
organiste suppléant à la cour de Cologne.

Alors qu'il n'a que douze ans, Beethoven est rémunéré comme musicien et investi de
responsabilités croissantes, tandis que son père s'enfonce plus encore dans la déchéance, le
forçant à assurer la subsistance du reste de la famille. Le talent du jeune garçon se fait alors
rapidement connaître, au point d'être remarqué par le comte Waldstein, au service du Prince-
électeur de Cologne, qui décide de l'emmener pour un voyage d'études musicales à Vienne.
C'est ainsi qu'en avril 1787, Beethoven rencontre Mozart et improvise devant lui sur un thème
imposé par le génie de Salzbourg.
Mozart confie alors à quelques amis présents : « Faites attention à celui-là, il fera parler de lui
dans le monde ». Malheureusement écourté par une série de drames familiaux, ce premier
séjour de Beethoven à Vienne ne fera qu'affirmer la nécessité d'y revenir. Ce n'est qu'en 1792,
alors que Mozart n'est plus, que Beethoven retourne à Vienne. Le comte Waldstein, fidèle
mécène, le présente cette fois à Haydn qui, impressionné par son talent de pianiste, lui propose
de devenir son professeur.

Après un retour rapide à Bonn et la mort « libératrice » de son père, Beethoven accepte la
recommandation, demeurée célèbre, de Waldstein : « Cher Beethoven, vous allez à Vienne pour
réaliser un souhait depuis longtemps exprimé ; le génie de Mozart est encore en deuil et pleure
la mort de son disciple. En l'inépuisable Haydn, il trouve un refuge, mais non une occupation ;
par lui, il désire encore s'unir à quelqu'un. Par une application incessante, recevez des mains
de Haydn l'esprit de Mozart ».

L'APPRENTISSAGE VIENNOIS
Installé à Vienne et étudiant la composition avec celui qu'il nomme « papa Haydn », Beethoven
connaît des rapports compliqués avec cette nouvelle figure paternelle et autoritaire. Le maître
qualifie l'élève de sombre, étrange et fantaisiste, tandis que l'élève trouve le maître trop peu
attentif. Ainsi, malgré l'échec de la relation maître élève, une amitié sincère et durable se noue
entre les deux musiciens.

HAYDN S'ADRESSANT À SON ELEVE « Vous avez beaucoup de talent et vous en acquerrez
encore plus, énormément plus. Vous avez une abondance inépuisable d’inspiration, vous aurez
des pensées que personne n’a encore eues, vous ne sacrifierez jamais votre pensée à une règle
tyrannique, mais vous sacrifierez les règles à vos fantaisies ; car vous me faites l’impression
d’un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes. »
                                                                  Témoignage de Louis Drouet
Conscient qu'il se trouve, à Vienne, au cœur du bouillonnement incessant de la capitale
culturelle de l'Europe, Beethoven multiplie les rencontres et travaille avec de nombreux autres
professeurs. Mais une nouvelle collaboration ne dure jamais bien longtemps. Beethoven puise
çà et là les connaissances et les techniques d'écritures dont il a besoin, mais il demeure
indocile et indiscipliné, au point d'avoir la réputation d'un « exalté libre-penseur musical ».

Dès lors, Beethoven se pose comme un personnage intrigant, aussi touchant qu'irascible,
aussi brillant qu'insaisissable. Après la composition de ses premiers Trios pour piano, violon et
violoncelle (1794) et des premières Sonates pour piano (1795), Beethoven entreprend une
tournée de concerts. Il est unanimement reconnu comme un pianiste virtuose, fougueux et
torturé, bref... hautement romantique ! Beethoven s'intéresse alors aux écrits de Goethe et de
Schiller qui vont l'accompagner et l'influencer pour tout le reste de sa vie. Tandis qu'il s'essaye
au grand genre en composant son Premier Concerto pour piano (1798) et sa Première
Symphonie (1800), Beethoven perçoit les premiers signes d'une surdité qui va progresser
jusqu'à devenir définitive. Muré dans sa solitude et souvent jugé de misanthrope ou même de
fou, Beethoven connaît pourtant une période de grande vitalité créatrice et compose en trois
ans : 2 symphonies, 1 concerto, 1 oratorio, 12 sonates pour piano, 6 quatuors à cordes et une
trentaine de variations et bagatelles.

LA PÉRIODE HÉROÏQUE
À partir de 1802, la composition de la Troisième Symphonie, dite « Héroïque », marque un
tournant décisif dans l'œuvre du compositeur. Le style de Beethoven devient alors plus
personnel. En employant chaque timbre instrumental à la construction d'une véritable
architecture sonore, le compositeur se distingue par une écriture orchestrale grandiose et
très inspirée. Cependant, la longueur nouvelle de cette œuvre symphonique et la profusion des
idées musicales déchaînent les passions et déclenchent les plus vives critiques. Quelques
années plus tard, ce seront les Quatuors à cordes opus 59 qui seront à nouveau incompris, au
point que Beethoven réponde aux exécutants réticents : « Oh ce n'est pas pour vous, mais pour
une époque ultérieure ! ». À trente-cinq ans, Beethoven, au sommet de son style, décide alors
de s'attaquer au genre suprême et dans lequel Mozart s'était tant illustré, en composant son
premier et unique opéra : Fidelio. Il connaît alors de très nombreuses difficultés, tant du point
de vue de l'inspiration que du contexte plus général de création de l'œuvre. Pourtant,
Beethoven parvient à affirmer encore davantage son style compositionnel et même à
s'affranchir du mécénat aristocratique. Après trois versions remaniées, Fidelio voit le jour,
mais ne remporte pas l'adhésion du public. Cet échec ne fragilise pas pour autant Beethoven
qui, ayant gagné en maturité de style, compose en moins de cinq ans de nombreux chefs
d'œuvre parmi lesquels la Cinquième Symphonie, la Symphonie pastorale, le Concerto de
l'Empereur ou encore la délicate Lettre à Élise (témoignant du douloureux échec d'un projet
de mariage).
LE DERNIER BEETHOVEN
Dans la dernière décennie de son existence, malgré une reconnaissance unanime de son
statut de grand compositeur et la découverte de ses chefs-d'œuvre, Beethoven semble encore
incompris du public viennois qui préfère regretter Mozart ou se réjouir des œuvres plus
souriantes et légères de Rossini. La situation matérielle du compositeur devient
préoccupante, son isolement est toujours plus grand, ses crises de cirrhose chronique
reprennent et plus encore sa surdité devient totale et définitive.

Songeant au suicide, Beethoven pioche en lui-même la force de continuer à écrire. Mais on
raconte alors dans les rues de Vienne que le grand maître se néglige, se cloître chez lui en
sous-vêtements ou même totalement nu pour déchaîner sa folie sur ses quatre pianos,
ignorant les amis qui tentent de lui rendre visite. Une ultime composition va alors catalyser
l'ensemble de son génie musical et de sa pensée spirituelle.
En quittant Bonn pour Vienne, Beethoven envisageait déjà de mettre en musique L'Ode à la
joie de Schiller. C'est donc un projet vieux de trente ans qui est sur le point de se concrétiser
par l'écriture de la Neuvième symphonie (1824), ultime œuvre pour orchestre auquel se joint
dans le dernier mouvement un chœur et des solistes. Par son message humaniste et universel,
la Neuvième symphonie est une œuvre où la vie et la fraternité triomphent sur le désespoir et
la solitude. Pourtant, en composant ses cinq derniers Quatuors à cordes où il transcende une
fois encore son style, le compositeur met un point final à sa production musicale. Contractant
une double pneumonie et souffrant de diverses maladies chroniques et génétiques, Ludwig
van Beethoven meurt à Vienne le 26 mars 1827.
                                                                                  Jonathan Parisi
                                                                       Musicologue dramaturge
                                                    spécialiste de l'opéra et de sa mise en scène

Genèse Symphonie n°4
Mouvements : Adagio – Allegro vivace Adagio Menuetto. Allegro vivace Allegro ma non troppo
Composition : quelques semaines de l’automne 1806.
Création privée en mars 1807 chez le prince Lobkowitz, à Vienne
Création publique le 15 novembre 1807 au Hoftheater, Vienne.

En l’automne 1806, Beethoven est hébergé en Silésie chez son principal mécène, le prince
Lichnowsky, qui lui verse une forte pension et qui lui témoigne, ainsi que son épouse, beaucoup
d’intérêt. Ce séjour finira par une violente rupture, provoquée par Beethoven qui refuse de
jouer devant des officiers français (l’Allemagne est alors occupée par Napoléon) ; cette
rébellion lui aurait été pardonnée, comme tant d’autres, si le Maître ne s’était enfui en
envoyant à son protecteur ce billet lapidaire et fameux : « Vous êtes prince par le hasard de la
naissance. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Mais il n’y a qu’un seul
Beethoven ». Après ce pavé dans la mare aussi grandiose que peu utile, le compositeur s’est
retrouvé dans la gêne financière.
La Quatrième Symphonie est la seule de Beethoven qui ait fait l’objet d’une commande. En
effet, pendant qu’il séjournait chez Lichnowsky, un seigneur voisin, le comte Oppersdorff,
possesseur d’un bon orchestre et qui avait déjà fait exécuter la Deuxième Symphonie, lui
propose d’écrire cette Quatrième. La composition a été rapide, et le ton général de l’ouvrage
est enjoué et heureux. Une tradition attribue cette gaîté à de prétendues fiançailles que
Beethoven aurait contractées en mai 1806 avec Thérèse von Brunswick ; mais cette légende
sentimentale est contestée de nos jours.
                                                                             Isabelle Werck4

Propositions d’écoutes
Enregistrement
Herbert von Karajan, direction
Philharmonia Orchestra
Londres
1953
https://www.youtube.com/watch?v=uliun1CMR8s

Captation
Daniel Barenboim, direction
West-Eastern Divan Orchestra
BBC Proms
2012
https://www.youtube.com/watch?v=ctBqW5e16YM

4
 Programme du concert 2013
Domaine privé Alexandre Tharaud. Münchener Kammerorchester. Alexander Liebreich, direction. Alexandre
Tharaud, piano. : mardi 19 novembre 2013
Gilles Cantagrel, Isabelle Werck, Angèle Leroy
Edité par : Cité de la musique. Paris
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