FICHE DE PRESENTATION - PURETE MOZARTIENNE, GRANDEUR BEETHOVENIENNE
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
W.A Mozart (1756-1791) Rondo pour piano et orchestre en ré majeur K 382 Concerto n°21 pour piano et orchestre en do majeur K 467 L.V Beethoven (1770-1827) Symphonie n°4 en si bémol majeur opus 60 Dans son Concerto n°21, Mozart célèbre plus que jamais l’harmonie du style classique, l’alliance d’ordre spirituel entre le fond et la forme. Son mouvement lent, l’un des plus connus du compositeur, porte l’auditeur au sommet de la félicité. La rare Quatrième Symphonie de Beethoven, dont l’énergie et l’expressivité n’ont rien à envier à la célèbre Cinquième, lui fait brillamment écho. Au clavier et au pupitre, François-Frédéric Guy dévoile l’universalité de son talent musical. Distribution François-Frédéric Guy, direction Orchestre Régional Avignon-Provence
Répétition générale ? La répétition générale est la dernière répétition avant le concert. Généralement, pour un concert exécuté le vendredi soir, l’orchestre a six services de répétition et une générale. Le lundi est un jour de repos. L’Orchestre Régional Avignon-Provence répète dans une salle adaptée, en Courtine. La répétition générale a lieu dans la salle de concert : l’Opéra du Grand-Avignon, le plus régulièrement. Au cours de cette générale, chaque œuvre doit être exécutée dans son intégralité. Puis, le chef peut décider de faire des « raccords » et faire rejouer certains passages. La générale est une ultime séance de travail qui doit se dérouler dans le silence et la concentration. Cette fiche pédagogique a pour objectif de présenter le programme : les compositeurs, les œuvres, le contexte de création ainsi que le chef d’orchestre. Elle propose par ailleurs différentes écoutes. Pour vous accompagner dans cette future expérience de spectateur, un cahier pédagogique « À la découverte du monde de l’orchestre » a aussi été élaboré par nos soins. Très complet, chacun pourra y trouver son chemin. Des informations sur les différents types d’orchestre, les instruments qui les composent, le répertoire symphonique, les métiers qui l’entourent... autant d'entrées dans cet univers fascinant ! http://www.orchestre-avignon.com/outils-pedagogiques/
Orchestre Régional Avignon-Provence Plus de deux cents ans d’histoire Fondé à la fin du XVIIIème siècle, l’Orchestre Régional Avignon-Provence appartient à ces orchestres qui, depuis longtemps, structurent la vie musicale française et y accomplissent les missions de service public à savoir la création, la diffusion et l’accompagnement des publics dans la découverte de programmes musicaux classiques et contemporains de qualité. En outre, la création du département Nouveaux Publics en 2009 permet aujourd’hui à des milliers de spectateurs d’assister aux concerts de l’Orchestre et de participer à des parcours d’éducation et de sensibilisation artistiques. Il est également le compagnon fidèle de l’Opéra Grand Avignon dont il accompagne toute la saison lyrique. Grâce à sa politique artistique, l’Orchestre Régional Avignon-Provence offre une profonde intelligence musicale et une rare souplesse dans l’approche des œuvres, quels que soient leur époque et leur style. Sollicité pour participer à de prestigieux festivals comme le Festival d’Avignon et le Festival International de Piano de la Roque d’Anthéron, l’Orchestre Régional Avignon-Provence est présent aussi bien en France qu’à l’international. De grands chefs le dirigent et de prestigieux solistes viennent se produire à ses côtés, qu’ils soient musiciens ou chanteurs. Parallèlement, la mise en place d’une politique discographique dynamique atteste de la haute qualité de cette formation orchestrale. Fidèle à son approche du jeune public, l’Orchestre a réalisé un livre disque pour le centenaire de Peter Pan à partir d’une œuvre commandée au compositeur Olivier Penard. En 2013, il a édité un enregistrement du Docteur Miracle, opéra- comique de Bizet, salué unanimement par la critique (Choc Classica). En juin 2014, est paru L’Amour Masqué de Messager, premier volet d’une collection Le Guitry musical chez Actes Sud. Le deuxième volet, La SADMP sera édité fin 2016, ainsi que l’Homeriade de Dimítris Dimitriádis avec Robin Renucci. En mai 2015, un disque avec le harpiste Emmanuel Ceysson est paru chez Naïve. En 2017 sortira un disque avec Nathalie Manfrino chez Decca Universal. Soutenu par l’État (Ministère de la Culture et de la Communication), le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil Général de Vaucluse, la Communauté d’Agglomération du Grand Avignon et la Ville d’Avignon, l’Orchestre Régional Avignon Provence apporte son concours à un territoire régional dont le patrimoine culturel et l’histoire musicale, tant passés que présents, sont parmi les plus riches d’Europe. Sous l’impulsion de Philippe Grison, son Directeur Général et de Samuel Jean, son Premier Chef Invité, l’Orchestre Régional Avignon-Provence rayonne désormais sur son territoire, en France et à l’international.
François-Frédéric Guy François-Frédéric Guy est considéré comme un spécialiste du répertoire romantique allemand et en particulier de Beethoven dont il a enregistré les 32 sonates, l’intégrale de la musique de chambre avec Tedi Papavrami au violon et Xavier Phillips violoncelle, ainsi que les 5 concertos avec l’Orchestre Philharmonique de Radio-France dirigé par Philippe Jordan. Il mène une carrière internationale aux côtés des plus grands chefs (Marc Albrecht, Jean-Claude Casadesus, Bernard Haitink, Daniel Harding, Philippe Jordan, Kent Nagano, Pascal Rophé, Esa-Pekka Salonen…). Curieux de la musique de son temps, il se produit dans les plus importants festivals de création et se fait l’interprète d’Hugues Dufourt, Bruno Mantovani, Marc Monnet ou Tristan Murail. Son enregistrement à deux pianos avec Jean-Efflam Bavouzet (Bartók, Debussy, Stravinsky) a été accueilli avec grand enthousiasme par la presse internationale, est choisi par le Sunday Times parmi les 100 meilleurs enregistrements de l’année 2015 tandis que son coffret consacré à la musique pour violoncelle et piano de Beethoven avec Xavier Phillips est nommé par Gramophone Enregistrement du mois en janvier 2016. Depuis 2012, il dirige régulièrement du piano, notamment l’intégrale des concertos de Beethoven, qu’il a donnés récemment au festival Berlioz, aux festivals de Montpellier et de Besançon, avec le Sinfonia Varsovia, l’Orchestre de Chambre de Paris, les orchestres d’Avignon, de Lille, de Limoges, l’Orchestre National de Lorraine et l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Après son Beethoven Projet, il commence en 2016 un Brahms Project conçu avant tout comme un dictionnaire amoureux du compositeur et non pas comme une intégrale exhaustive. Naturellement articulé autour du piano, véritable dénominateur commun d’un parcours original, il associe la musique de chambre, le Lied, les concertos et le piano solo. La prochaine saison l’emmènera à Vienne avec les Wiener Symphoniker et Philippe Jordan, au Canada (avec l’Orchestre Symphonique du Québec sous la direction de Fabien Gabel, et avec l’Orchestre Symphonique de Montréal dirigé par Bernard Labadie), au Canaries avec l’orchestre de Tenerife et Michal Nesterowicz. Il se produira également au Théâtre des Champs-Elysées à Paris avec l’Orchestre de Chambre de Paris qu’il dirigera. Il sera présent en récital et en musique de chambre à Londres, à l’Arsenal de Metz, à Lyon, au festival Berlioz de la Côte Saint-André, au festival de la Roque d’Anthéron, au Théâtre des Champs-Elysées et à la Philharmonie de Paris. Proposition d’écoute Sonate Pathétique, Second mouvement, Beethoven https://www.youtube.com/watch?v=k1jkx6mQrVQ
Wolfgang Amadeus Mozart Mozart voulait plaire, et d’ailleurs Mozart avait besoin de plaire, premier musicien de l’histoire de la musique qui, rompant avec le service des Grands, ait pris le risque d’aller chercher son argent dans la poche du public payant. Mais il entendait plaire dans ses termes propres André Tubeuf André Tubeuf écrit ceci à l’occasion du bicentenaire du compositeur. Celui-ci se définit lui- même, dans une lettre à son père, de la façon suivante, en 1777 : Papa chéri, Je ne puis écrire en vers, je ne suis pas poète. Je ne puis distribuer des phrases assez artistement pour leur faire produire des ombres et des lumières, je ne suis pas peintre. Je ne puis non plus exprimer par des signes et une pantomime mes sentiments et mes pensées, je ne suis pas danseur. Mais je le puis par les sons : je suis musicien. Musicien. Un musicien engagé, même s’il ne théorise jamais sur sa musique. En 1878, au moment où il compose Don Giovanni, Mozart a 31 ans. Il ne lui reste que quatre années à vivre. Quatre années pendant lesquelles les embarras financiers qui sont depuis longtemps son lot ne cessent de le harceler. Les années les plus noires de sa vie, au cours desquelles il compose ses ultimes chefs d’œuvre.
Sa carrière a commencé, incroyablement, 29 ans plus tôt. Grâce à son père, Leopold, violoniste compositeur, maître de chapelle du Prince-Archevêque de Salzbourg et auteur du plus important manuel de violon du XVIIIème siècle, le jeune Mozart, à peine âgé de six ans, parcourt alors l’Europe entière en compagnie de sa sœur : Paris, Londres, où il se lie avec Jean-Chrétien Bach, l’Italie, Vienne et Munich, Amsterdam... Il compose sa Première symphonie à huit ans, puis, quatre ans plus tard, un singspiel Bastien et Bastienne et son premier opéra, La finta Semplice. Des voyages successifs en Italie entre 1770 et 1773 confirment sa renommée de musicien prodige. Son opéra Mitridate, re di Ponto reçoit un accueil triomphal à Milan. De retour à Salzbourg, les Mozart doivent subir les humeurs et les caprices du nouveau Prince- Archevêque, le comte de Colloredo. En dépit de cette situation difficile, Mozart n’arrête pas de composer : six quatuors viennois, un opéra-bouffe La Finta Giardiniera (La Fausse jardinière), son Premier concerto pour piano. En 1777, Mozart excédé par le comportement de Colloredo, se démet de ses fonctions et ce, contre l’avis de son père. Un voyage à Mannheim puis à Paris lui réserve pourtant quelques désillusions : l’enthousiasme d’autrefois cède la place à un accueil plutôt mitigé de la part du public. Le décès de sa mère, l’année suivante, le ramène dans sa ville natale. Mozart s’aperçoit alors qu’il n’est plus l’enfant prodige qui a tant ému les foules. Il doit donc à vingt-trois ans, se plier de nouveau à la volonté paternelle et à l’autorité du Prince-Archevêque. Tout en occupant, à contrecœur, un poste d’organiste à la Cour de Colloredo, Mozart compose la Symphonie concertante pour violon et alto et achève l’opéra Thamos, Roi d’Egypte. En 1781, il se rend à Vienne pour la création d’Idoménée. À cette occasion, un nouveau différend avec le Prince-Archevêque entraîne une rupture définitive entre les deux hommes. Désormais installé à Vienne, Mozart doit donner des leçons pour vivre. Contre le gré de son père, il se marie avec Constance Weber à qui il dédie L’Enlèvement au Sérail en 1782. Les symphonies « Haffner » et « Linz » sont également composées à cette époque. Le bonheur avec Constance est de courte durée. Le couple perd son premier enfant et les dettes commencent à s’accumuler. En 1784, Mozart entre dans la franc-maçonnerie. Il manifeste tout son génie musical en écrivant cinq concertos pour piano et six quatuors à cordes qu’il dédie à son ami Joseph Haydn. Il met en musique la pièce de Beaumarchais, le Mariage de Figaro qui devient Les Noces de Figaro. L’opéra obtient un succès très relatif à Vienne, mais triomphe à Prague l’année suivante. Il compose encore la Petite musique de nuit, la Symphonie « Prague » et surtout Don Giovanni qui remporte un grand succès à Prague. En 1787, Mozart est nommé par l’Empereur Joseph II compositeur de la Chambre Royale, succédant ainsi à Gluck qui vient de mourir. Mais ses gages modestes ne le délivrent pas des soucis matériels : peu à peu, la misère s’installe chez les Mozart.
C’est toujours dans les moments tragiques que Mozart écrit ses musiques les plus fortes. Malgré le récent décès de son père, des difficultés financières inextricables et la maladie de Constance, il compose en 1789 Cosi fan tutte, un opéra bouffe pour Joseph II. Mais la mort de ce dernier le laisse sans protecteur. Mozart va d’échec en échec. Les concerts qu’il tente d’organiser sont désertés. Dans les derniers mois de sa vie, Mozart, dont la santé se détériore, trouve pourtant la force d’écrire des pages exceptionnelles : deux opéras, La Flûte enchantée et la Clémence de Titus, un Concerto pour clarinette et un Requiem qu’il ne pourra pas achever. Épuisé, Mozart meurt le 5 décembre 1791. Le mauvais temps oblige la dizaine d’amis venus accompagner le cercueil à déserter le cimetière. Ses deux fils resteront célibataires, la lignée du génie s’éteint. Genèse Rondo pour piano et orchestre en ré majeur K 382 En 1781, Mozart rejoint Colloredo à Vienne. Au soir du 9 mai de la même année, il écrira : « Aujourd’hui commence mon bonheur. » La rupture avec le Prince-Archevêque est enfin consommée. Tout en travaillant à l’Enlèvement au sérail, Wolfgang donne des leçons et tente de se faire connaître en tant que virtuose. Reprenant son Concerto en ré K 175, il lui compose un nouveau finale plus brillant que l’Allegro précédent, et qui sera accueilli par un franc succès.1 Genèse Concerto n°21 pour piano et orchestre en do majeur K 467 Jusqu'en 1967, on désignait toujours cette œuvre sous le nom de Concerto en do majeur K. 467 ou de Concerto n°21 en do. Mais, depuis la sortie du film suédois à l'eau de rose de Bo Widerberg, Elvira Madigan, on a commencé à faire référence à la musique de Mozart comme au concerto d'« Elvira Madigan », et ce titre lui est resté attaché. Le film a transformé le Concerto, qui jusqu'en 1967 était surtout prisé par les mordus de Mozart, en une musique instantanément reconnue et aimée par des millions de personnes. Le concerto « Elvira Madigan» est largement regardé comme l'un des plus grands triomphes de Mozart. C'est l'un des concertos d'une incroyable série, composés par Mozart entre 1784 et 1786 [… et destinés à être interprété par le compositeur au piano à Vienne]. Robert Markow2 1 Guide de la musique symphonique, Sous la direction de François-René Tranchefort, Fayard, Les indispensables de la musique 2 Boîte à musique CNA Frise Chronologique : http://artsalive.ca/collections/nacmusicbox/chronologique- timeline/index.php/fr/html/vue-view/105
Propositions d’écoutes Rondo pour piano et orchestre en ré majeur K 382 Vladimir Samoïlovitch Horowitz, pianiste Grosse Musikvereinsaal, Vienna, Autriche 31 mai 1987 https://www.youtube.com/watch?v=gVvpgiGySEo Concerto n°21 pour piano et orchestre en do majeur K 467 Orchestra filarmonica della Scala Maurizio Pollini, pianiste Riccardo Muti, chef d’orchestre 2004 https://www.youtube.com/watch?v=i2uYb6bMKyI Le Concerto n°21 au cinéma 1967 : Elvira Madigan de Bo Widerberg 1970 : La Maison des bories de Jacques Doniol-Valcroze 1987 : Attention bandits ! de Claude Lelouch 1999 : Le Créateur d'Albert Dupontel 2000 : Le Goût des autres d'Agnès Jaoui Elvira Madigan3 3 Photographie présente sur Versatile Mag, un journal d’actualité culturel indépendant en ligne.
Ludwig van Beethoven Solitaire, mélancolique, incompris, atteint de surdité dès l'âge de 28 ans, Beethoven se pose comme une véritable incarnation du musicien romantique. S'il est aujourd'hui l'un des compositeurs les plus universellement admirés, l'ampleur de son génie demeure ignorée de son vivant. Dernier grand maître de la symphonie et premier grand maître de la sonate pour piano, Beethoven est considéré, à l'échelle de l'histoire de la musique, comme le maillon fondateur entre le classicisme et le romantisme. Portrait by Joseph Karl Stieler, 1820 L'ENFANCE Né à Bonn (Allemagne) le 17 décembre 1770, Beethoven est le deuxième d'une fratrie de sept enfants. Il en devient rapidement l'aîné car la famille est frappée par le décès prématuré de quatre d'entre eux. Beethoven aime sa mère aussi profondément qu'il craint son père. Pourtant ce dernier perçoit très tôt les aptitudes de son fils qui s'amuse à faire crisser les poignées de fer des volets de la maison pour en entendre la variété des sons. L'enfance de Beethoven reste peu heureuse et marquée par la disparition rapide de sa mère. Si son père s'implique dans son éducation, ce n'est que pour faire de lui un enfant prodige, à la manière de Mozart, avant de s'en désintéresser totalement et de sombrer dans l'alcoolisme et la violence.
LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770-1827) L'apprentissage musical de Beethoven est d'abord pris en charge par son père, professeur de musique et ténor, puis assuré par différents maîtres de musique avant que ne s'achève l'entreprise de tournée d'exhibition des dons de l'enfant. Grâce à la bienveillance de la famille Breuning, qui deviendra peu à peu son foyer de cœur, le jeune Beethoven reçoit une éducation générale. Il étudie également le piano, l'orgue et la composition auprès de Christian Gottlieb Neefe, son premier maître sérieux, et fait de tels progrès qu'au cours de l'année 1782 il compose ses premières pièces pour piano et devient organiste suppléant à la cour de Cologne. Alors qu'il n'a que douze ans, Beethoven est rémunéré comme musicien et investi de responsabilités croissantes, tandis que son père s'enfonce plus encore dans la déchéance, le forçant à assurer la subsistance du reste de la famille. Le talent du jeune garçon se fait alors rapidement connaître, au point d'être remarqué par le comte Waldstein, au service du Prince- électeur de Cologne, qui décide de l'emmener pour un voyage d'études musicales à Vienne. C'est ainsi qu'en avril 1787, Beethoven rencontre Mozart et improvise devant lui sur un thème imposé par le génie de Salzbourg. Mozart confie alors à quelques amis présents : « Faites attention à celui-là, il fera parler de lui dans le monde ». Malheureusement écourté par une série de drames familiaux, ce premier séjour de Beethoven à Vienne ne fera qu'affirmer la nécessité d'y revenir. Ce n'est qu'en 1792, alors que Mozart n'est plus, que Beethoven retourne à Vienne. Le comte Waldstein, fidèle mécène, le présente cette fois à Haydn qui, impressionné par son talent de pianiste, lui propose de devenir son professeur. Après un retour rapide à Bonn et la mort « libératrice » de son père, Beethoven accepte la recommandation, demeurée célèbre, de Waldstein : « Cher Beethoven, vous allez à Vienne pour réaliser un souhait depuis longtemps exprimé ; le génie de Mozart est encore en deuil et pleure la mort de son disciple. En l'inépuisable Haydn, il trouve un refuge, mais non une occupation ; par lui, il désire encore s'unir à quelqu'un. Par une application incessante, recevez des mains de Haydn l'esprit de Mozart ». L'APPRENTISSAGE VIENNOIS Installé à Vienne et étudiant la composition avec celui qu'il nomme « papa Haydn », Beethoven connaît des rapports compliqués avec cette nouvelle figure paternelle et autoritaire. Le maître qualifie l'élève de sombre, étrange et fantaisiste, tandis que l'élève trouve le maître trop peu attentif. Ainsi, malgré l'échec de la relation maître élève, une amitié sincère et durable se noue entre les deux musiciens. HAYDN S'ADRESSANT À SON ELEVE « Vous avez beaucoup de talent et vous en acquerrez encore plus, énormément plus. Vous avez une abondance inépuisable d’inspiration, vous aurez des pensées que personne n’a encore eues, vous ne sacrifierez jamais votre pensée à une règle tyrannique, mais vous sacrifierez les règles à vos fantaisies ; car vous me faites l’impression d’un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes. » Témoignage de Louis Drouet
Conscient qu'il se trouve, à Vienne, au cœur du bouillonnement incessant de la capitale culturelle de l'Europe, Beethoven multiplie les rencontres et travaille avec de nombreux autres professeurs. Mais une nouvelle collaboration ne dure jamais bien longtemps. Beethoven puise çà et là les connaissances et les techniques d'écritures dont il a besoin, mais il demeure indocile et indiscipliné, au point d'avoir la réputation d'un « exalté libre-penseur musical ». Dès lors, Beethoven se pose comme un personnage intrigant, aussi touchant qu'irascible, aussi brillant qu'insaisissable. Après la composition de ses premiers Trios pour piano, violon et violoncelle (1794) et des premières Sonates pour piano (1795), Beethoven entreprend une tournée de concerts. Il est unanimement reconnu comme un pianiste virtuose, fougueux et torturé, bref... hautement romantique ! Beethoven s'intéresse alors aux écrits de Goethe et de Schiller qui vont l'accompagner et l'influencer pour tout le reste de sa vie. Tandis qu'il s'essaye au grand genre en composant son Premier Concerto pour piano (1798) et sa Première Symphonie (1800), Beethoven perçoit les premiers signes d'une surdité qui va progresser jusqu'à devenir définitive. Muré dans sa solitude et souvent jugé de misanthrope ou même de fou, Beethoven connaît pourtant une période de grande vitalité créatrice et compose en trois ans : 2 symphonies, 1 concerto, 1 oratorio, 12 sonates pour piano, 6 quatuors à cordes et une trentaine de variations et bagatelles. LA PÉRIODE HÉROÏQUE À partir de 1802, la composition de la Troisième Symphonie, dite « Héroïque », marque un tournant décisif dans l'œuvre du compositeur. Le style de Beethoven devient alors plus personnel. En employant chaque timbre instrumental à la construction d'une véritable architecture sonore, le compositeur se distingue par une écriture orchestrale grandiose et très inspirée. Cependant, la longueur nouvelle de cette œuvre symphonique et la profusion des idées musicales déchaînent les passions et déclenchent les plus vives critiques. Quelques années plus tard, ce seront les Quatuors à cordes opus 59 qui seront à nouveau incompris, au point que Beethoven réponde aux exécutants réticents : « Oh ce n'est pas pour vous, mais pour une époque ultérieure ! ». À trente-cinq ans, Beethoven, au sommet de son style, décide alors de s'attaquer au genre suprême et dans lequel Mozart s'était tant illustré, en composant son premier et unique opéra : Fidelio. Il connaît alors de très nombreuses difficultés, tant du point de vue de l'inspiration que du contexte plus général de création de l'œuvre. Pourtant, Beethoven parvient à affirmer encore davantage son style compositionnel et même à s'affranchir du mécénat aristocratique. Après trois versions remaniées, Fidelio voit le jour, mais ne remporte pas l'adhésion du public. Cet échec ne fragilise pas pour autant Beethoven qui, ayant gagné en maturité de style, compose en moins de cinq ans de nombreux chefs d'œuvre parmi lesquels la Cinquième Symphonie, la Symphonie pastorale, le Concerto de l'Empereur ou encore la délicate Lettre à Élise (témoignant du douloureux échec d'un projet de mariage).
LE DERNIER BEETHOVEN Dans la dernière décennie de son existence, malgré une reconnaissance unanime de son statut de grand compositeur et la découverte de ses chefs-d'œuvre, Beethoven semble encore incompris du public viennois qui préfère regretter Mozart ou se réjouir des œuvres plus souriantes et légères de Rossini. La situation matérielle du compositeur devient préoccupante, son isolement est toujours plus grand, ses crises de cirrhose chronique reprennent et plus encore sa surdité devient totale et définitive. Songeant au suicide, Beethoven pioche en lui-même la force de continuer à écrire. Mais on raconte alors dans les rues de Vienne que le grand maître se néglige, se cloître chez lui en sous-vêtements ou même totalement nu pour déchaîner sa folie sur ses quatre pianos, ignorant les amis qui tentent de lui rendre visite. Une ultime composition va alors catalyser l'ensemble de son génie musical et de sa pensée spirituelle. En quittant Bonn pour Vienne, Beethoven envisageait déjà de mettre en musique L'Ode à la joie de Schiller. C'est donc un projet vieux de trente ans qui est sur le point de se concrétiser par l'écriture de la Neuvième symphonie (1824), ultime œuvre pour orchestre auquel se joint dans le dernier mouvement un chœur et des solistes. Par son message humaniste et universel, la Neuvième symphonie est une œuvre où la vie et la fraternité triomphent sur le désespoir et la solitude. Pourtant, en composant ses cinq derniers Quatuors à cordes où il transcende une fois encore son style, le compositeur met un point final à sa production musicale. Contractant une double pneumonie et souffrant de diverses maladies chroniques et génétiques, Ludwig van Beethoven meurt à Vienne le 26 mars 1827. Jonathan Parisi Musicologue dramaturge spécialiste de l'opéra et de sa mise en scène Genèse Symphonie n°4 Mouvements : Adagio – Allegro vivace Adagio Menuetto. Allegro vivace Allegro ma non troppo Composition : quelques semaines de l’automne 1806. Création privée en mars 1807 chez le prince Lobkowitz, à Vienne Création publique le 15 novembre 1807 au Hoftheater, Vienne. En l’automne 1806, Beethoven est hébergé en Silésie chez son principal mécène, le prince Lichnowsky, qui lui verse une forte pension et qui lui témoigne, ainsi que son épouse, beaucoup d’intérêt. Ce séjour finira par une violente rupture, provoquée par Beethoven qui refuse de jouer devant des officiers français (l’Allemagne est alors occupée par Napoléon) ; cette rébellion lui aurait été pardonnée, comme tant d’autres, si le Maître ne s’était enfui en envoyant à son protecteur ce billet lapidaire et fameux : « Vous êtes prince par le hasard de la naissance. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Mais il n’y a qu’un seul Beethoven ». Après ce pavé dans la mare aussi grandiose que peu utile, le compositeur s’est retrouvé dans la gêne financière.
La Quatrième Symphonie est la seule de Beethoven qui ait fait l’objet d’une commande. En effet, pendant qu’il séjournait chez Lichnowsky, un seigneur voisin, le comte Oppersdorff, possesseur d’un bon orchestre et qui avait déjà fait exécuter la Deuxième Symphonie, lui propose d’écrire cette Quatrième. La composition a été rapide, et le ton général de l’ouvrage est enjoué et heureux. Une tradition attribue cette gaîté à de prétendues fiançailles que Beethoven aurait contractées en mai 1806 avec Thérèse von Brunswick ; mais cette légende sentimentale est contestée de nos jours. Isabelle Werck4 Propositions d’écoutes Enregistrement Herbert von Karajan, direction Philharmonia Orchestra Londres 1953 https://www.youtube.com/watch?v=uliun1CMR8s Captation Daniel Barenboim, direction West-Eastern Divan Orchestra BBC Proms 2012 https://www.youtube.com/watch?v=ctBqW5e16YM 4 Programme du concert 2013 Domaine privé Alexandre Tharaud. Münchener Kammerorchester. Alexander Liebreich, direction. Alexandre Tharaud, piano. : mardi 19 novembre 2013 Gilles Cantagrel, Isabelle Werck, Angèle Leroy Edité par : Cité de la musique. Paris
Vous pouvez aussi lire