Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d'une étude statistique
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Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique © UNICEF Sénégal/2017/Giacomo Pirozzi
© Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Division des données, de l’analytique, de la planification et du suivi, février 2022. Remerciements Cette synthèse de données a été élaborée par Claudia Cappa et Colleen Murray (Section des données et de l’analytique, siège de l’UNICEF), avec la contribution de Laetitia Bazzi (UNICEF Sénégal). Munkhbadar Judge (Section des données et de l’analytique, siège de l’UNICEF), Lisa Fleming et Celia Hubert (consultantes indépendantes) ont appuyé le traitement des données. Nous remercions Tom Pullum d’ICF International pour ses conseils sur les analyses de tendances. La présente publication a été révisée par Lois Jensen et mise en page par Era Porth (consultantes indépendantes). Pour citer ce document Fonds des Nations Unies pour l’enfance, Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique, UNICEF, New York, 2022. Sources des données Les données sur les mutilations génitales féminines proviennent des enquêtes démographiques et de santé de 2005, 2010-2011, 2012-2014, 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019. Les données démographiques proviennent de l’édition numérique du rapport Perspectives de la population dans le monde de 2019, publié par la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies. 3 © UNICEF Sénégal/2018/TOSTAN
Table des matières Les mutilations génitales féminines dans le programme mondial de développement.......................................................................................... 2 L’élimination des MGF : cible de l’objectif de développement durable no 5 Informations clés sur les MGF........................................................................ 3 Résumé des principales informations présentées dans ce dossier Prévalence actuelle des MGF......................................................................... 4 Vue d’ensemble de la pratique au Sénégal, avec notamment le nombre total de filles et de femmes touchées, les taux de prévalence nationaux et les groupes de population les plus à risque Contexte des MGF......................................................................................... 11 Informations concernant l’âge des filles mutilées, les formes de MGF les plus courantes et les catégories de praticiens réalisant l’intervention Attitudes à l’égard des MGF......................................................................... 14 Opinions de la population du Sénégal sur les MGF, notamment sur leur statut d’obligation religieuse et la persistance de la pratique Évolution au fil des générations................................................................... 19 Évolution des taux de prévalence nationaux et infranationaux au cours des deux dernières décennies Perspectives pour 2030................................................................................ 21 Incidence des tendances liées aux MGF sur la réalisation de la cible visant leur élimination d’ici à 2030 Riposte programmatique du Sénégal face aux MGF.................................. 23 Résumé des engagements, lois et programmes nationaux visant à prévenir les MGF Notes techniques.......................................................................................... 24 Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique 1
Les mutilations génitales féminines dans le programme mondial de développement ODD nº 5 Les mutilations génitales féminines (MGF) Parvenir à l’égalité des sexes constituent une violation des droits de la et autonomiser toutes les femmes personne. Chaque fille et chaque femme a et les filles le droit d’être protégée contre cette pratique néfaste aux conséquences dévastatrices, symptôme d’inégalités de genre CIBLE 5.3 INDICATEUR 5.3.2 persistantes. Les MGF sont désormais Éliminer toutes les pratiques Proportion de filles et de préjudiciables, telles que femmes âgées de 15 à 49 ans inscrites dans le programme mondial de le mariage des enfants, le ayant subi une mutilation ou mariage précoce ou forcé et une ablation génitale, par âge développement, particulièrement grâce à la mutilation génitale féminine la cible 5.3 des objectifs de développement durable (ODD), qui appelle à éliminer cette pratique d’ici à 2030. 2 Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique
INFORMATIONS Au Sénégal, les MGF sont Au Sénégal, près de deux millions CLÉS le plus souvent réalisées par de filles et de femmes des praticiens traditionnels. ont subi des MGF. sur les MGF La forme de MGF la plus grave, qui consiste à suturer l’orifice vaginal, existe dans de nombreuses régions et est la plus La prévalence des MGF courante dans la région de Kolda. varie considérablement d’un groupe ethnique à l’autre : parmi les filles et les femmes soninkées et mandingues/sossées, Au total, 25 % des filles et deux tiers ont subi cette des femmes âgées de 15 à pratique, tandis que les MGF 49 ans ont subi des MGF. sont extrêmement rares parmi les populations sérères et wolofs. La plupart des MGF au Sénégal sont réalisées sur des filles de moins de 5 ans, et rarement après 10 ans. La majorité de la population La cible des ODD qui vise à sénégalaise pense que les MGF éliminer les MGF d’ici à 2030 doivent être éliminées. ne semble pas atteignable L’opposition à cette pratique est au Sénégal. Si les tendances plus fréquente dans les régions actuelles se maintiennent, où les MGF sont rares, ainsi les MGF toucheront encore La prévalence des MGF reste que dans celles où les niveaux au moins 1 fille sur 5 pratiquement inchangée d’éducation sont plus élevés. au Sénégal en 2030. depuis au moins deux décennies. Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique 3
Prévalence actuelle des MGF Au Sénégal, près de deux millions de filles et de femmes ont subi des MGF. Au total, 25 % des filles et des femmes ont subi cette pratique, allant de plus de 90 % dans la région de Kédougou à un peu moins de 1 % dans celle de Diourbel. FIG. 1 Pourcentage de filles et de femmes âgées de 15 à 49 ans ayant subi des MGF SAINT-LOUIS 0 %–19 % 20 %–39 % 40 %–59 % LOUGA 60 %–79 % MATAM 80 %–100 % THIÈS DIOURBEL DAKAR KAFFRINE FATICK TAMBACOUNDA KAOLACK KAYES KOLDA SÉDHIOU ZIGUINCHOR KÉDOUGOU SIKASSO Remarque : Les frontières, noms et désignations indiqués sur cette carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielle de la part de l’Organisation des Nations Unies. Sources : Sauf indication contraire, les données figurant dans cette publication proviennent de l’enquête démographique et de santé (EDS) de 2019. Sur cette page, les données nationales figurant dans le titre proviennent de l’EDS de 2019. Les données régionales figurant sur la carte ainsi que dans l’ensemble de cette publication proviennent de l’EDS de 2017, dernière enquête conçue de manière à être représentative au niveau régional. Pour de plus amples détails, voir les notes techniques. 4 Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique
Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique 5 © UNICEF Sénégal/2018/TOSTAN
Les MGF sont plus fréquentes chez les filles et les femmes les plus pauvres et celles qui s’identifient comme musulmanes ; les différences en fonction du niveau d’éducation et du lieu de résidence sont moins marquées. FIG. 2 Pourcentage de filles et de femmes âgées de 15 à 49 ans ayant subi des MGF Quintile le plus pauvre 48 Quintile de richesse Deuxième quintile 30 Troisième 23 quintile Quatrième 18 quintile Quintile le plus riche 15 Islam 26 Religion Christianisme 8 Pas d’instruction 27 Niveau d’études Enseignement 23 primaire Enseignement 24 secondaire Enseignement 22 supérieur Zones résidence 29 rurales Lieu de Zones 21 urbaines 6 Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique
La prévalence des MGF varie considérablement d’un groupe ethnique à l’autre : parmi les filles et les femmes soninkées et mandingues/sossées, deux tiers ont subi cette pratique, tandis que les MGF sont extrêmement rares parmi les populations sérères et wolofs. FIG. 3 Pourcentage de filles et de femmes âgées de 15 à 49 ans ayant subi des MGF 66 66 60 54 51 37 1 1 Soninkées Mandingues/Sossées Diolas Peules Non sénégalaises Autre groupe Sérères Wolofs ethnique sénégalais Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique 7
L’origine ethnique et le lieu de résidence influencent la probabilité qu’une fille subisse des MGF : chez les Peuls, la prévalence varie de 3 % dans la région de Diourbel à 90 % dans la région de Kédougou. FIG. 4a Pourcentage de filles et de femmes âgées de 15 à 49 ans ayant subi des MGF Groupe ethnique : Mandingues/Sossées Non sénégalaises Peules Soninkées 3 98 95 92 83 74 71 57 54 53 14 93 84 76 62 60 58 48 90 80 80 78 77 76 63 32 30 21 18 15 11 90 52 Région : Sédhiou Kédougou Ziguinchor Tambacounda Kolda Fatick Dakar Thiès Kaolack Saint-Louis Kédougou Tambacounda Sédhiou Dakar Ziguinchor Matam Kolda Kédougou Sédhiou Tambacounda Ziguinchor Kolda Matam Saint-Louis Dakar Kaffrine Fatick Kaolack Louga Thiès Diourbel Tambacounda Matam Remarques : Les valeurs présentées s’appuient sur un minimum de 25 cas non pondérés. Les données relatives à certains groupes ethniques et certaines régions ont été supprimées, car le nombre de cas était insuffisant pour réaliser l’analyse. Source : EDS 2017. 8 Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique
Kédougou Sédhiou Tambacounda Kolda Ziguinchor Kaolack Dakar Fatick Saint-Louis Autres Sénégalaises Thiès 81 70 62 56 50 38 21 21 16 16 5 Diourbel 0 Louga Sédhiou Ziguinchor Dakar Diolas 79 68 54 32 Thiès FIG. 4b Pourcentage de filles et de femmes âgées de 15 à 49 ans ayant subi des MGF Ziguinchor 50 9 Tambacounda 9 Sédhiou 6 Saint-Louis 2 Fatick 1 Dakar Sérères 0 Thiès 0 Diourbel 0 Kaffrine 0 Kaolack Matam 38 22 Ziguinchor 8 Kolda 4 Tambacounda 4 Sédhiou 1 Kaolack 1 Thiès 1 Wolofs Louga 0 Kaffrine 0 Dakar 0 Saint-Louis 0 Diourbel 0 Fatick Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique 9
Au Sénégal, 16 % des filles âgées de moins de 15 ans ont subi des MGF ; plus on approche de l’âge auquel cette intervention est habituellement pratiquée dans leur communauté, plus ce taux est élevé. FIG. 5 Pourcentage de filles âgées de 0 à 14 ans ayant subi des MGF Les informations recueillies auprès des filles âgées de moins de 15 ans rendent compte de leur situation actuelle vis-à-vis des MGF, mais cette situation n’est pas définitive. Certaines filles n’ayant pas subi de MGF peuvent encore être mutilées lorsqu’elles atteignent l’âge auquel cette intervention est habituellement pratiquée dans leur communauté. De ce fait, 0 à 14 ans, 16 % la prévalence chez les filles âgées de moins de 15 ans est une sous- estimation de l’étendue réelle 0 à 4 ans, 11 % de cette pratique. Cette variabilité doit être prise en compte lors 5 à 9 ans, 18 % de l’interprétation des données sur la prévalence des MGF pour 10 à 14 ans, 20 % un groupe d’âge donné. Dans la mesure où les MGF sont pratiquées à des âges variables, la proportion de cette sous- estimation varie également (voir figure 8). Au Sénégal, la plupart des MGF sont infligées avant l’âge de 5 ans et rarement après 10 ans. Par conséquent, dans ce contexte, la prévalence peut être considérée comme indicative de la situation définitive des filles âgées de 10 à 14 ans en matière de MGF. 10 Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique
Contexte des MGF Les MGF sont réalisées uniquement par des praticiens traditionnels au Sénégal, où le personnel médical est rarement impliqué dans cette intervention. FIG. 6 Répartition en pourcentage des filles âgées de 10 à 14 ans ayant subi des MGF, par type de praticien Exciseurs traditionnels, 94 % Accoucheurs traditionnels, 4 % Personnel médical, 1 % Autres praticiens traditionnels, 0,3 % Données inconnues/manquantes, 0,1 % Remarque : En raison des arrondis, la somme des valeurs n’est pas égale à 100 %. Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique 11
La forme de MGF la plus grave, qui consiste à suturer l’orifice vaginal, existe dans de nombreuses régions et est la plus courante dans la région de Kolda. FIG. 7 Répartition en pourcentage des filles âgées de 10 à 14 ans ayant subi des MGF, par type de MGF Avec suture de l’orifice vaginal Sans suture de l’orifice vaginal 100 80 54 60 83 82 85 87 90 96 97 40 46 20 17 18 15 14 10 5 3 0 Sénégal Kolda Kédougou Saint-Louis Tambacounda Matam Sédhiou Ziguinchor Remarques : Les valeurs présentées s’appuient sur un minimum de 25 cas non pondérés. Les données relatives à certaines régions ont été supprimées, car le nombre de cas était insuffisant pour réaliser l’analyse. En raison des arrondis, la somme de certaines valeurs n’est pas égale à 100 %. Source : EDS 2017. 12 Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique
Au Sénégal, la majorité des MGF sont pratiquées avant l’âge de 5 ans, et rarement après 10 ans. FIG. 8 Répartition en pourcentage des filles âgées de 10 à 14 ans ayant subi des MGF, par âge auquel la mutilation a eu lieu Avant l’âge de 1 an Entre 1 et 4 ans Entre 5 et 9 ans Entre 10 et 14 ans Données manquantes/inconnues 1 1 1 0 0 0 100 1 0 2 1 3 0,4 1 2 1 2 2 1 9 13 10 7 16 21 21 22 80 42 42 55 60 58 57 50 40 74 74 48 46 20 35 29 25 25 0 Sénégal Saint-Louis Matam Tambacounda Kolda Sédhiou Ziguinchor Kédougou Remarques : Les valeurs présentées s’appuient sur un minimum de 25 cas non pondérés. Les données relatives à certaines régions ont été supprimées, car le nombre de cas était insuffisant pour réaliser l’analyse. En raison des arrondis, la somme de certaines valeurs n’est pas égale à 100 %. Source : EDS 2017. Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique 13
Attitudes à l’égard des MGF La majorité de la population sénégalaise pense que les MGF doivent être éliminées. Les personnes issues de zones urbaines, bénéficiant d’un niveau d’éducation plus élevé, vivant dans des ménages plus riches ou s’identifiant comme chrétiennes sont les plus enclines à penser que cette pratique doit être éliminée. FIG. 9 Pourcentage de filles, de femmes, de garçons et d’hommes âgés de 15 à 49 ans qui ont entendu parler des MGF et pensent que cette pratique doit être éliminée Filles et femmes Garçons et hommes Quintile 47 55 le plus pauvre Quintile de richesse Deuxième quintile 68 76 Troisième 81 77 quintile Quatrième quintile 90 87 Quintile le plus riche 94 86 Islam Religion 79 78 Christianisme 94 84 Pas d’instruction 73 71 Niveau d’études Enseignement primaire 80 79 Enseignement secondaire 86 83 Enseignement supérieur 96 82 Zones résidence rurales 69 72 Lieu de Zones urbaines 89 83 14 Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique
L’opposition aux MGF est plus fréquente dans les régions où elles sont rarement pratiquées et parmi les personnes qui n’ont pas subi cette pratique ; néanmoins, de nombreuses filles et femmes des communautés pratiquantes pensent aussi que les MGF doivent être éliminées. FIG. 10 Prévalence des MGF chez les filles et les femmes âgées de 15 à 49 ans et pourcentage de filles et de femmes âgées de 15 à 49 ans qui ont entendu parler des MGF et pensent que cette pratique doit être éliminée (opposition), par situation en matière de MGF Prévalence des MGF Opposition aux MGF : Total Aucune MGF MGF 100 96 94 93 93 91 90 90 83 80 76 73 72 68 68 64 60 59 54 48 46 41 40 36 30 20 18 9 9 8 5 5 1 0 Kédougou Sédhiou Matam Tambacounda Ziguinchor Kolda Saint-Louis Dakar Kaffrine Kaolack Fatick Thiès Louga Diourbel Comment lire le graphique : Dans la région de Tambacounda, 72 % des filles et des femmes ont subi des MGF (barre violette), et 48 % de l’ensemble des filles et des femmes pensent que cette pratique doit être éliminée (barre rose). L’opposition est plus fréquente chez celles qui n’ont pas subi de MGF que chez celles qui en ont subi. Source : EDS 2017. Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique 15
On constate une forte opposition aux MGF depuis longtemps. FIG. 11 Pourcentage de filles et de femmes âgées de 15 à 49 ans qui ont entendu parler des MGF et pensent que cette pratique doit être éliminée 100 81 81 80 81 80 79 80 76 73 60 40 20 0 2005 2010-2011 2012-2014 2015 2016 2017 2018 2019 Sources : EDS de 2005 à 2019. 16 Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique
La conviction que les MGF constituent une obligation religieuse varie selon les régions et est plus répandue à Matam. Dans certaines régions, les garçons et les hommes sont plus susceptibles que les filles et les femmes de penser que cette pratique est une obligation religieuse. FIG. 12 Pourcentage de filles, de femmes, de garçons et d’hommes âgés de 15 à 49 ans qui ont entendu parler des MGF et pensent que cette pratique est une obligation religieuse Filles et femmes Garçons et hommes 100 80 68 63 60 47 42 40 36 36 30 30 27 25 25 22 22 21 20 15 10 8 9 7 6 6 5 6 6 3 3 2 2 0 Matam Sédhiou Saint-Louis Ziguinchor Tambacounda Kolda Kédougou Dakar Kaffrine Louga Kaolack Fatick Thiès Diourbel Source : EDS 2017. Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique 17
La conviction que les MGF constituent une obligation religieuse est plus fréquente chez les musulmans que chez les chrétiens. FIG. 13 Pourcentage de filles, de femmes, de garçons et d’hommes âgés de 15 à 49 ans qui ont entendu parler des MGF et pensent que cette pratique est une obligation religieuse Filles et femmes Garçons et hommes 14 13 14 13 1 1 Sénégal Musulmans Chrétiens 18 Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique
Évolution au fil des générations La prévalence des MGF chez les adolescentes reste pratiquement inchangée depuis au moins deux décennies. FIG. 14 Pourcentage d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans ayant subi des MGF 100 80 60 40 26 22 20 0 1994 1999 2004 2009 2014 2019 Remarques : Les tendances de la prévalence des MGF au niveau national ont été calculées à partir des données des EDS de 2005, 2010-2011, 2012-2014, 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019. Les estimations pour chaque tranche d’âge ont été confirmées d’une enquête à l’autre et, sur cette base, certaines données ont été exclues du calcul des tendances dans les cas où les taux étaient très incohérents et donc peu concluants. Les données publiées ici diffèrent donc de celles publiées dans les rapports nationaux des EDS. La bande grisée autour de la ligne indique les intervalles de confiance à 95 %. La différence entre 1994 et 2019 n’est pas significative sur le plan statistique. Pour de plus amples détails, voir les notes techniques. Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique 19
Les niveaux de MGF sont restés constants au fil du temps dans toutes les régions. FIG. 15 Pourcentage d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans ayant subi des MGF 100 Kédougou Kolda 80 Matam Sédhiou Tambacounda 60 Ziguinchor 40 Saint-Louis 20 Dakar Kaffrine Kaolack Fatick Thiès 0 Louga Diourbel 1994 1999 2004 2009 2014 Remarques : cette analyse par région s’appuie sur des données issues d’enquêtes conçues de manière à être représentatives au niveau régional, notamment les EDS de 2005, 2010-2011, 2012-2014 et 2017. Les estimations pour chaque tranche d’âge ont été confirmées d’une enquête à l’autre et, sur cette base, certaines données ont été exclues du calcul des tendances. C’est pourquoi les données ne sont présentées que jusqu’en 2014, dernière année pour laquelle au moins deux estimations comparables étaient disponibles pour permettre leur confirmation. Les intervalles de confiance ne sont pas présentés ici en raison des contraintes d’espace. Les baisses visibles ne sont significatives sur le plan statistique dans aucune région, sauf pour celles de Diourbel et Kaolack. Pour de plus amples détails, voir les notes techniques. 20 Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique
Perspectives pour 2030 La cible des ODD qui vise à éliminer les MGF d’ici à 2030 ne semble pas atteignable au Sénégal. Si les tendances actuelles se maintiennent, les MGF toucheront encore au moins une fille sur cinq au Sénégal en 2030. En raison de la croissance démographique du Sénégal, de plus en plus de filles seront confrontées à cette pratique néfaste. D’importants efforts seront nécessaires pour changer la donne et engager le Sénégal dans l’élimination des MGF. 21 © UNICEF Sénégal/2018/TOSTAN
22 Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique © UNICEF/UNI363298/Tremeau
Riposte programmatique du Sénégal face aux MGF Les MGF constituent une pratique profondément ancrée au Sénégal, qui touche généralement les filles à un très jeune âge. Malgré les efforts en cours, les niveaux de MGF stagnent depuis au moins deux décennies. Pour atteindre la cible 5.3 des ODD d’ici à 2030, le Sénégal doit augmenter et accélérer les investissements dans la prévention et la lutte contre les MGF. Une volonté politique accrue est essentielle et doit se traduire en interventions multisectorielles financées et coordonnées. Celles‑ci doivent comprendre des approches éprouvées permettant d’engager un dialogue avec les communautés et de transformer les normes sociales et de genre liées aux MGF. Une évolution positive des normes est fondamentale pour engendrer une surveillance active au niveau communautaire afin de favoriser l’application de la loi interdisant les MGF. Des rôles, des objectifs et des indicateurs clairs doivent être assignés à chaque secteur contribuant à l’abandon des MGF, assortis de mécanismes de redevabilité précis. Créer un mouvement fort de la société civile en opposition à cette pratique est également essentiel pour stimuler les efforts de plaidoyer et accroître la demande de changement, notamment par le biais des responsables politiques et des chefs religieux. Le Sénégal a promulgué en 1999 une loi interdisant les MGF et a mis en œuvre plusieurs plans d’action pour mettre fin à cette pratique. L’abandon des MGF est un objectif du Plan national de développement, et une stratégie nationale est en cours d’élaboration à cette fin. Le Ministère de la femme, de la famille, du genre et de la protection des enfants est responsable de la mise en œuvre de la stratégie, avec la participation d’autres ministères, d’organisations de la société civile et d’entités des Nations Unies. Les domaines prioritaires sont les suivants : 1. Création d’un environnement favorable à la protection des droits des filles : de santé et les travailleurs sociaux, afin de parvenir à un consensus et à un La coordination multisectorielle et les mécanismes de redevabilité sont en cours engagement en faveur de l’abandon des MGF. Les dialogues communautaires de renforcement, avec notamment la création au niveau du gouvernement visent à élargir la compréhension des effets néfastes des MGF tout en impliquant central du Conseil national de promotion de l’abandon de l’excision au Sénégal, les chefs religieux, dont l’influence est cruciale. Dans le cadre de ce processus, mais aussi de diverses plateformes décentralisées, dont des comités de les adolescentes ont renforcé leur autonomie et sont en capacité de s’exprimer protection de l’enfance dirigés par les autorités locales. Ces plateformes contre les MGF. Toutes les interventions visent à s’attaquer aux causes profondes visent à harmoniser les services sectoriels et à coordonner les efforts de des inégalités de genre. prévention et de lutte déployés par les organisations de la société civile, notamment les groupes de femmes et de jeunes ainsi que les chefs religieux 3. Des services de qualité pour la prévention, la protection et la prise en et communautaires. L’application de la loi est une question fondamentale charge des MGF : La capacité des prestataires de services à promouvoir prioritaire. Des efforts sont déployés pour sensibiliser aux questions juridiques, l’abandon des MGF et à intervenir face à des cas de MGF est renforcée. Des renforcer le signalement, poursuivre les personnes responsables et garantir que investissements sont en cours pour améliorer l’accès des survivantes de MGF ces personnes sont sanctionnées. Les MGF ayant une importante dimension à des services de qualité, notamment à des informations et des services en transfrontière, il est essentiel que le Sénégal unisse ses forces à celles des matière de santé et droits reproductifs adaptés aux adolescentes, ainsi qu’à pays voisins. Des efforts sont également déployés pour promouvoir des un soutien juridique, psychosocial et médical. engagements multisectoriels pris par les décideurs en faveur du plan d’action national sur les MGF, par exemple, et de l’intégration des MGF dans les 4. Acquisition de connaissances : Les données probantes constituent le politiques et institutions sectorielles. fondement du plaidoyer, de la programmation et du suivi des progrès réalisés pour mettre fin aux MGF. La collecte de ces données implique le renforcement 2. Mobilisation sociale, participation communautaire et autonomisation des mécanismes de suivi et d’établissement de rapports, la collecte de données des filles : Le Sénégal concentre actuellement ses efforts sur la promotion du administratives dans les secteurs connexes, en particulier la santé, un cadre dialogue au niveau communautaire, en vue d’impliquer aussi bien les hommes de suivi et d’évaluation efficace et des partenariats avec des institutions de que les femmes, les jeunes et les personnes âgées, ainsi que le personnel recherche pertinentes. Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique 23
Notes techniques Pour mesurer la prévalence des MGF, cette analyse s’est appuyée sur l’indicateur 5.3.2 des ODD, qui s’intéresse à la proportion de filles et de femmes âgées de 15 à 49 ans ayant subi cette pratique. Le nombre de filles et de femmes ayant subi des MGF est calculé d’après les données démographiques de 2019. Les intervalles de confiance ne sont pas précisés pour toutes les figures du présent document. La prudence est donc de mise lors de l’interprétation des résultats, car les différences apparentes entre les groupes ne sont pas nécessairement significatives. Les principaux intitulés décrivant les figures ont été rédigés en tenant compte des intervalles de confiance pour toutes les valeurs. Ainsi, toute différence entre les groupes mentionnée dans un titre est significative sur le plan statistique. Les données sur le contexte des MGF au Sénégal sont présentées ici telles que mesurées chez les filles âgées de 10 à 14 ans. La majorité des MGF ayant lieu avant l’âge de 5 ans au Sénégal, les données pour cette tranche d’âge concernent des mutilations relativement récentes. En revanche, les données relatives aux femmes plus âgées ont trait à des mutilations effectuées il y a plusieurs décennies. La prévalence des MGF a été mesurée dans le cadre de différentes enquêtes au Sénégal. Leurs résultats, en particulier au niveau infranational, ont été irréguliers dans le temps. Ce constat est particulièrement marqué lorsque l’on évalue les tendances en matière de prévalence des MGF en comparant les taux chez les femmes plus âgées à ceux des petites filles. Les résultats de la plupart des enquêtes indiquent des taux stables dans le temps. Cependant, les résultats des différentes enquêtes ne sont pas cohérents entre eux, et indiquent souvent des valeurs absolues très différentes. Ce phénomène touche les régions dans lesquelles les MGF sont le plus couramment pratiquées, qui sont aussi les moins peuplées. Il est donc difficile de déterminer avec certitude les taux de MGF dans les groupes de population qui les pratiquent et de suivre l’évolution de cette pratique dans le temps. Afin de résoudre ce problème, l’approche utilisée dans la présente publication pour évaluer les tendances a consisté à regrouper les données de toutes les enquêtes disponibles et à ajuster les lignes de prévalence à partir des valeurs prédites. L’analyse s’est limitée aux périodes pour lesquelles plusieurs sources de données étaient disponibles, afin d’éviter de s’appuyer de manière trop importante sur une seule source de données. Les tendances de la prévalence des MGF au niveau national ont été calculées à partir des données des EDS de 2005, 2010-2011, 2012-2014, 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019. L’analyse par région s’appuie sur des données issues d’enquêtes conçues de manière à être représentatives au niveau régional, notamment les EDS de 2005, 2010-2011, 2012-2014 et 2017. Les résultats de l’EDS de 2005 n’ont pas été exploités pour les régions qui n’avaient pas encore été créées ou dont les limites ont changé après 2005. Les estimations pour chaque tranche d’âge ont été confirmées d’une enquête à l’autre et, sur cette base, certaines données ont été exclues du calcul des tendances dans les cas où les taux étaient très incohérents et donc peu concluants. Les estimations fondées sur les données d’une seule enquête ont été abandonnées, car elles n’ont pas pu être confirmées. Ainsi, les estimations pour la période postérieure à 2014 n’ont pas été utilisées, car elles ne sont renseignées que par l’enquête de 2017. Cela comprend les dernières estimations de l’enquête de 2017 qui n’ont pas pu être confirmées. Il convient également de noter qu’au cours des deux dernières décennies, des changements considérables sont survenus dans la répartition de la population entre les régions rurales et les zones autour de la région de Dakar, pouvant aussi brouiller les tendances régionales. Pour toutes ces raisons, la prudence est de mise dans l’interprétation des résultats des tendances. 24 Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique
© UNICEF Senegal/2018/TOSTAN Mutilations génitales féminines au Sénégal : Bilan d’une étude statistique 25
Pour en savoir plus sur les données présentées dans cette publication : Pour en savoir plus sur les MGF au Sénégal : UNICEF, Section des données et de l’analytique UNICEF Sénégal Division des données, de l’analytique, de la planification et du suivi Immeuble Madjiguene, route des Almadies 3 United Nations Plaza BP 29720, Dakar – Yoff, Sénégal New York, NY 10017, États-Unis Site Internet : unicef.org/wca/fr/thèmes/sénégal Adresse électronique : data@unicef.org Site Internet : data.unicef.org
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