N 45Printemps-été 2020 - Fondation des Artistes
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Le Fil d’Argent Le journal Maison des résidents nationale LE FIL 2 des artistes D’ARGENT Printemps-été 2020 N° 45
En couverture : Des sur-blouses cousues pour les équipes de la Maison nationale des artistes, en solidarité pour les artistes ! Photographie (détail) Cathy Chotard, 2020 3
2 Carnet SOMMAIRE 3 Éditorial : Réinventer demain 4 CHEZ NOUS 4-5 Pour que la vie continue à la Maison 6-7 Exposition à la Maison nationale des artistes : Lise Déramond Follin 8-9 Expositions à la MABA : à venir 10-11 Rencontres : Christophe Martin, Isabelle Le Minh 12-14 Conférences : Toulouse-Lautrec, El Greco, Matisse 15 On ne peut plus lire ? On va se parler 16 Gazette de confinement 17-18 Un immense merci ! 19 Une forme de liberté par la pensée dans un monde confiné 20 Projet d’écriture avec les enfants Bâtisseurs de paix 21 Concerts de la Maison nationale des artistes 22 La nature s’invite à la Maison 23 Petits médiateurs à la MABA 24 HORS - LES - MURS 24 La restauration du Portrait de femme au paravent asiatique de Madeleine Smith 25 MOMENTS CHOISIS 25-27 Vernissages, anniversaires, sorties 28 HISTOIRE(S) DE VIE(S) 28 Guy Deplus 29 Maurice Delbez 30 DATES À RETENIR 30-31 À vos agendas 1
Bienvenue ! Souvenir CARNET En février En mars À Mme Simone Blaison Mme Monique Chapelay Mme Jeanine Rouyat Mme Micheline Fisher Renault Mme Paulette Galan En mars M. Maurice Delbez À Mme Claude Collet Mme Geneviève Pérignon En avril Mme Claude Bassereau Mme Monique Bézard M. Roland Binhas M. André Courseau M. Bernard Guillo M. Max Herzberg M. Jacques Husson Mme Jeannine Jurquet Mme Éliane Lardier M. Louis Mazé Mme Ana Mortola Mme Hélène Boishus Mme Madeleine Leviel M. Michel Rivier En mai Mme Éliane Lemaire M. Marcel Querat Mme Jovita Concha Mme Marie Martzolf Comité de rédaction : François Bazouge, Caroline Cournède, Eléonore Dérisson, Laurence Maynier, Seval Özmen, Déborah Zehnacker Comité de Lecture : Jacqueline Duhême, Cécile Dropsy, Dominique Bassereau, Michel Vray Achevé d’imprimer : juin 2020 2
la situation imposait et le risque de ÉDITO contamination pour eux-mêmes et leurs familles. Saluons tout particulièrement le petit groupe de soignants qui a assuré sans relâche la continuité du fonctionnement de la Maison. Nos remerciements vont aussi à celles et ceux qui, confinés dans leurs logements, ont suscité une formidable mobilisation, dès le 17 mars, afin de soutenir à distance les résidents et les Réinventer demain personnels de la Maison nationale des artistes. C’est l’occasion de saluer ainsi Qui pouvait imaginer l’ampleur la belle chaîne d’acteurs de la solidarité du séisme que nous traversons ? qui fournissent un quotidien, La Gazette Comment aurions-nous pu envisager de la Maison, des chocolats, du muguet, l’arrêt complet de nos activités, de des masques, des gants, des charlottes, nos déplacements, pour vivre un qui cousent des sur-blouses, offrent confinement ? Comment penser le des tablettes numériques et d’autres confinement dans le confinement que équipements dans un même élan de nous avons imposé à nos aînés, terrible générosité. décision à prendre mais nécessaire pour les protéger de cet ennemi invisible, le Depuis peu, vous pouvez de nouveau Covid-19 ? retrouver le plaisir d’une promenade dans le parc, rencontrer vos familles Vous y avez pourtant été contraints, dès qui reprennent le chemin de Nogent- le 21 mars, après avoir dû surmonter la sur-Marne et, a minima, sortir de vos suspension des visites de vos familles, chambres pour faire quelques pas celle des repas et des goûters partagés accompagnés. Nous avons, dans le avec les autres résidents, celle des même temps, le plaisir de retrouver activités culturelles quotidiennes, pour progressivement les collègues guéris. vous retrouver confinés dans vos chambres. Pourtant, rien ne sera et ne doit plus Quelle violence à supporter par des être comme avant. résidents que nous avons justement pour mission d’accompagner… et à Il nous appartient d’imaginer le assumer, par toutes les équipes de la fonctionnement de la Maison nationale Maison nationale des artistes. des artistes pour retrouver ses fondamentaux mais dans ce qui est, et Nos pensées vont vers les résidents restera, une situation à hauts risques. qui ont été emportés par ce terrifiant virus et tous ceux qui sont partis depuis Nous ne sommes pas sortis du drame le mois de mars. Nous adressons nos sanitaire et économique, mais c’est condoléances les plus attristées à toutes au prix de l’évolution de notre société les familles touchées. dans son rapport au Grand Âge, d’une profonde solidarité et, peut-être de À situation exceptionnelle, réaction choix que nous devrons faire sans impressionnante. jamais perdre de vue la raison d’être de la Fondation, que nos missions d’intérêt Il nous faut rendre un hommage général au service des artistes sont plus appuyé au personnel de l’EHPAD que jamais essentielles. qui n’a compté ni son temps, ni son énergie, ni son dévouement pour tenir Il s’agit de se souvenir pour réinventer au cœur de la tourmente et assurer ses demain, dès aujourd’hui. 3 missions à votre service et ce, malgré l’exceptionnel surcroît de travail que Laurence Maynier et François Bazouge
Pour que la vie continue à la Maison CHEZ NOUS La Maison nationale des artistes est une Dès la mi-mars, un véritable studio maison de retraite singulière par le profil d’enregistrement en duplex a été d’un grand nombre de ses résidents aménagé par le régisseur Sébastien artistes. Son projet est délibérément Aubrun, dans la Bibliothèque Smith- orienté vers l’art et la culture et elle Lesouëf, pour permettre d’assurer en propose une programmation culturelle temps réel l’interactivité, la diffusion en riche et variée, tout au long de l’année : salle Guy Loë de conférences, lectures, trois expositions consacrées à des thé-philo. Ainsi, une conférence sur Les résidents plasticiens ; une invitation d’un chants des oiseaux par Alice Rouffy et artiste en résidence ; des rencontres, une autre sur La peinture hollandaise du des conférences, des concerts, des XVIIe siècle par Éléonore Derisson, ont lectures, des projections, des thé- pu être réalisées jusqu’à la décision d’un philo… sont proposés chaque jour aux confinement en chambre. résidents et au public extérieur. Mais dans le même temps, les résidents Le drame sanitaire lié au Covid-19 ont commencé de recevoir tous les que nous traversons, nous a contraint matins la Gazette de la Maison (cf. page à suspendre tous les projets qui 16), pour les divertir, les faire chanter, mobilisaient des personnalités jouer et entretenir leur curiosité. L’après- extérieures à l’établissement pour midi, des animations individuelles protéger au mieux les résidents de comme l’écoute musicale, la lecture ce terrible virus. Il en est ainsi de la et des moments de discussions leur résidence de Mario d’Souza, des projets ont été proposés dans leurs chambres intergénérationnels, des conférences, respectives. Ils ont aussi régulièrement des lectures et des événements reçu des dessins et des mots, adressés culturels qui ont été reportés à une date par les enfants de l’école Albert de Mun ultérieure. Nous avons, pour autant, de Nogent, pour leur grand plaisir. réfléchi avec toutes les équipes à de nouveaux projets qui puissent s’adapter aux contraintes de la situation afin de maintenir l’esprit de la Maison. 4
Toujours dans cette démarche qui pouvaient toucher. « Ça allait mieux culturelle, deux beaux projets avec en raccrochant » m’ont dit certains des théâtres ont été mis en place. Le résidents. Théâtre de la Colline et le Théâtre de la Ville s’interrogeaient sur la manière Début juillet, nous accueillerons les de continuer à inventer le théâtre, à musiciens de l’Orchestre de Paris qui préserver les liens en cette période de offrent un voyage musical avec L’Octuor confinement. La Colline a ainsi organisé de Mendelssohn qui sera joué dans le Au creux de l’oreille, début mai, pour parc, sous les fenêtres des résidents et un grand nombre de résidents et offert pour leur plaisir… Ce concert offert par des moments individuels et privilégiés des artistes à d’autres artistes est un joli de lectures, de poésie, de théâtre, de cadeau : il sera filmé et diffusé comme littérature au téléphone. Les comédiens un symbole fort de la solidarité que ont alors lu des textes de Rainer l’épreuve de la pandémie nous révèle Maria Rilke, Maupassant, de Jean-Luc aussi. Lagarce, des poèmes d’Apollinaire, d’Éluard… Les résidents ont été heureux En attendant des jours meilleurs, de partager ces instants murmurés, d’autres rendez-vous musicaux dans le véritables rendez-vous artistiques et parc ainsi que des événements culturels humains. qui s’adaptent à la situation actuelle, Les comédiens du Théâtre de la sont en cours de programmation. Ville, avec leurs Consultations poétiques à compter du 11 mai, Seval Özmen ont également amené du bonheur Chargée des actions culturelles grâce à des « remèdes poétiques et téléphoniques » aux oreilles des résidents... Tout commençait comme chez le médecin, ou plutôt chez un psy, par un « Comment ça va ? » et selon la réponse, des poèmes s’imposaient aux acteurs. Selon l’humeur perçue, la comédienne ou le comédien a su piocher les passages et les mots 5 comme de petits gestes lumineux, des cadeaux, des petits bonheurs légers…
Exposition à la Maison nationale CHEZ NOUS des artistes : On ira cueillir des soleils la nuit, Lise Déramond Follin C’est l’occasion de revenir sur cette exposition et de continuer à découvrir l’univers cinématographique de cette téléaste prolifique (plus de 400 films à son actif !), à travers d’autres films et extraits de scénario qui n’ont pas pu être présentés dans le cadre de cette belle exposition. Lise Déramond Follin a collaboré à des émissions qui ont fait date dans l’histoire de la télévision : en 1967 avec Dim, Dam, Dom ; en 1970, avec une série de 26 émissions de 3 minutes pour Le courrier des Shadoks ; en 1973, avec Sainte Antenne, Priez pour Nous sur Ménie Grégoire ; entre 1984 et 1987, avec Contre-Enquête. L’un de ses téléfilms les plus poignants est Le devoir de Réponse, un cri de révolte implacable contre la thèse révisionniste niant l’existence des chambres à gaz (1986). Lise Déramond Follin se révolte devant l’irruption du négationnisme et ce scandale donne naissance à La Maison nationale des artistes est Devoir de réponse. fermée au public depuis le 8 mars 2020 « Les horribles négationnistes racontent et, comme beaucoup d’événements que les chambres à gaz n’ont pas culturels annulés et/ou reportés à une existé, que tout cela est une fiction. date ultérieure, l’exposition J’emballe Alors, soutenue par ma grande ce précieux regard de Mythia Kolesar amie Anne Hoang, qui produisait la Dewasne, prévue le 22 avril, a été courageuse émission Contre-enquête, reportée en 2021. j’ai interviewé, pour démonter leur ignoble théorie, des juifs, d’anciens L’exposition On ira cueillir des soleils résistants, un tzigane, un homosexuel et la nuit de Lise Déramond Follin ils racontaient cette horreur. » présentée du 16 janvier au 29 mars n’a malheureusement pas pu accueillir de Autre film remarqué, Neiges Noires visiteurs extérieurs, durant le dernier (1986) qui reconstitue la mort mois de sa présentation. Elle est restée accidentelle d’un couple de vieillards, cependant accrochée jusqu’à l’été pour Claudie 86 ans et Fernand 81 ans, le plaisir des résidents et des personnels dans la courette de leur petite maison confinés. ouvrière près de Lens. Un film à deux voix, qu’elle a réalisé avec Gérard Follin, racontant l’histoire d’amour infiniment tendre et triste de deux personnes mortes ensemble chez elles, dans le bassin minier. Une 11 CV légère traversait le champ, remplie de fleurs, 6
comme pour des funérailles nationales Le film à faire : qu’on aurait faites à Claudie et Fernand. Comment, plus de cent ans après, Paul Verlaine peut-il encore susciter tant Voici des extraits du scénario, qui d’amour, de haine, tant de noirceur et montrent que cette cinéaste inclassable tant de lumière ? Comment peut-on est arrivée au cinéma par l’écriture. songer à priver toute une commune de son eau, de la vie en quelque sorte ? Prologue I : La neige s’est mise à Quelle est cette fin de siècle étrange et tomber un vendredi soir de février monstrueuse ? La nuit du 7 juin 1997… sur un faubourg de Lens. Et elle a dû Pendant la nuit du samedi 7 juin, les lui dire d’aller chercher du charbon murs de Coulommes sont « tagués » en dans la cour. Il allait faire très froid, rouge et noir. Extraits des poèmes les sûrement. Et les fins de semaine sont plus « scandaleux » de Verlaine, l’enfer si longues, si longues. Ils s’aimaient de Verlaine dont « Mille Êtres » qui ne depuis 38 ans. Lui, Fernand, ancien laissent aucun doute quant au goût de mineur. Elle, Claudie 86 ans, veuve de Verlaine pour l’ensemble des hommes mineur. Jamais ils ne s’étaient mariés. et des femmes. Penchants renouvelés À quoi bon ? Elle 86 ans. Lui 81 ans. de civilisations antiques. Androgyne Mais pas vraiment des « petits vieux ». universel. Ils ne comptaient que sur eux-mêmes Après la nuit de « taguage ». Avec et regardaient parfois par la fenêtre caméra et son tour du village encore. (elle, Claudie avant de ne plus voir, Parole de chacun. Caméra un peu tenue lui toujours) leur rue toute droite de comme par Melba, le dernier ours des maisons du nord. Pyrénées ariégeoises. Visite chez les Blanc-noir, Noir-Neige, Noirs-Neiges, descendants des « petits amis » de ils vécurent entre terril et hiver, entre Verlaine, si blessés au fond que « LE » Noir et Neige. Après le noir des terrils, Verlaine ait pu lutiner leur aïeul. ils moururent dans la neige. Vie entre Aujourd’hui que le désir est revenu Noir et Blanc. Dans ce pays noir aux et que les choses semblent moins habitants desquels on dit : « Le charbon dénuées de sens, aujourd’hui qu’il c’est fini ». Et ils ont donné leur vie pour y a une grande chaleur au cœur et le charbon. C’est trop tard. La neige une faim joyeuse de vivre, il faut se tombe pendant qu’on les raconte. La précipiter avec toute l’énergie retrouvée neige de ces boules naïves au sein sur les établis, les cahiers, les burins, desquelles on installe des paysages de les Mac Magic, les caméras, les contes de fée. Le PROLOGUE est sur magnétophones, les stylos, les pinceaux ces images. Il y a des flocons de neige pour mettre rouge sur noir ce qui nous comme il pleut du POP CORN. reste d’envie de dire, de filmer, d’écrire, Noir Neige, une féérie du nord. 1986 de vivre, d’aimer. Très, très simplement. Avant tout être simple. La fête à Verlaine, Aléas, FR3, 1996, durée : 8’27 7 S. Ö.
Expositions à la MABA : à venir CHEZ NOUS Les Gens d’Uterpan, image de travail, 2020 Cécile Hartmann, image extraite du film Le Serpent Noir, 2020 8
dans une exposition sur le vivant et le mouvement, vont bénéficier de temps pour se développer et se déployer avec plus d’ampleur. Désormais, notre prochain rendez- vous ensemble sera consacré, comme chaque automne, à l’exploration de la scène graphique contemporaine. Cette rentrée, la critique et commissaire d’expositions Vanina Pinter nous propose une sélection de travaux de 7 graphistEs (avec un E majuscule pour signifier que ce seront uniquement des graphistes femmes qui seront mises à l’honneur !). Autour des travaux de Margaret Gray, Catherine Guiral, Annette Lenz, Fanette Mellier, Marie Proyart, Susanna Shannon, Sylvia Tournerie en graviteront d’autres, en particulier ceux de jeunes professionnelles. Chaque projet témoignera de comment une Margaret Gray, graphiste a composé, peaufiné, osé, élément de composition de la façade ou de comment des graphistes, à des archives du Bas-Rhin, 2020 corps perdus et à têtes pensantes, ont élaboré un acte culturel. Certains projets n’ont pas été acceptés par les commanditaires, d’autres paraîtront Comme beaucoup d’autres secondaires. Pour d’autres encore, on lieux et événements culturels, ne soupçonnera pas les heures ou les cinémas, théâtres, musées, centres sommes de recherches en amont. Il chorégraphiques, salles de concerts, s’agira donc de révéler les récits – les festivals... la MABA a dû fermer et obsessions, les détails, les déroutes, anticiper de quelques semaines la fin les desseins – rarement perceptibles de l’exposition Ô Saisons, ô Chats ! dans l’objet finalisé, et d’entrer dans consacrée au travail de l’artiste Alain des face-à-face avec des travaux de Séchas. Il nous a fallu également compositions graphiques, aux écritures reporter, en janvier 2021, l’exposition poétiques ou politiques particulièrement Le Serpent noir de Cécile Hartmann intenses. qui devait ouvrir à la fin du mois d’avril. La résidence d’une année menée avec Aussi profitons de l’été qui s’annonce la Cie des gens d’Uterpan et débutée pour penser et nous reposer, car la au mois de février a, elle aussi, été rentrée sera remplie d’activités et de stoppée. Ces projets ont été reportés projets ! mais rien n’a été annulé : il nous faudra juste patienter un peu plus longtemps Caroline Cournède avant d’avoir le plaisir de les découvrir... Directrice de la MABA D’ici là, ces projets ambitieux autour du trajet du Keystone XL (pipeline géant qui traverse aux USA des réserves amérindiennes) de Cécile Hartmann, ou autour des rythmes, des usages de la/des Maison(s) et des corps qui 9 y habitent ou la traversent pour les gens d’Uterpan qui se matérialisera
Rencontre avec Christophe Martin, CHEZ NOUS auteur et metteur-en-scène d’Auteurs Solidaires et de la Fondation des Artistes dans une démarche intergénérationnelle d’écriture, entre octobre 2017 et juin 2018. Nous n’avions pas trouvé le temps de découvrir son univers durant cette belle aventure, il a donc accepté de revenir pour en parler. Lors de cette rencontre du 22 janvier, il a raconté son parcours et a présenté les extraits de quelques-unes de ses pièces. Il a écrit 501 Blues à partir d’un atelier d’écriture mené avec les anciennes ouvrières de l’usine Levi’s de La Bassée (Nord) à Culture Commune, scène nationale de Loos-en-Gohelle (62) : il y raconte le destin de ces femmes, depuis leur entrée dans l’usine jusqu’à sa fermeture, le chômage, la lutte pour tenter de conserver un emploi. Les Révoltés est une pièce qui s’attaque avec virtuosité aux diverses formes de Christophe Martin est l’auteur d’une luttes armées et donne différents points vingtaine de pièces de théâtre, mises- de vue du « terrorisme ». En alternant en-scène notamment par Philippe scènes de famille, miroirs de nos Minyana (Murjane), par Pascal vies et celles de la lutte, de la révolte Antonini : Vous allez tous mourir et d’activistes, la pièce cherche à saisir « la pas moi ; par Bruno Lajara : 501 Blues, part d’humanité de ceux qu’on présente Fuites, Les révoltés ; par Didier Ruiz : comme des monstres sanguinaires, Syndromes aériens, Le bal d’amour ; mais aussi notre part de monstruosité, par Kheireddine Lardjam : Bleu blanc nous paisibles citoyens occidentaux de vert ; par la compagnie Metalovoice : pays en paix ». Chemin de fer… ou bien par lui-même, Je ne vois que la rage de ceux qui n’ont comme ce fut le cas de Quartier de la plus rien est un coup de projecteur sur République. la mondialisation à partir d’une histoire vraie : l’histoire de 1 130 ouvrières qui Pour les Tréteaux de France, centre périrent dans les décombres d’une dramatique national dirigé par Robin usine, le Rana Plaza, l’histoire « d’un Renucci, il collabore aux Portraits de monde où tout est possible pour les territoire, territoires de partage et écrit grandes puissances marchandes. Un théâtre sur la route dans le cadre du Un monde où l’on fait travailler des cycle de lectures consacré à l’aventure ouvrières pour trente euros par mois de la décentralisation théâtrale en au Bangladesh, alors que les ouvrières France. Il est aussi auteur de nouvelles, licenciées de France vivent avec trois de récits de vies, de scénarii et dirige euros par jour. » des ateliers d’écriture, de jeu, en collaborant à des mises-en-scène. Fascinant, troublant et intelligent sont Christophe Martin a conduit avec les mots exprimés par les résidents, à la Isabelle Destrez, Christophe Botti et découverte de son univers. Stéphane Mercurio, le beau projet La vie rêvée…, créé à la Maison nationale des artistes, à l’initiative S.Ö. 10
Rencontre avec Isabelle Le Minh notion d’originalité dans un monde dominé par l’image. Elle dit « avec le numérique, on passe son temps à dire que quelque chose s’est arrêté, alors qu’il y a toujours des choses à réinventer ». Diplômée de l’École nationale supérieure de la Photographie d’Arles, elle enseigne aujourd’hui à la Haute école des arts du Rhin, à Strasbourg. Lauréate du prix Révélation Livre d’artiste de l’ADAGP en 2016 et Placard, techniques mixtes, 2015 résidente de la Villa Kujoyama en © Isabelle Le Minh 2019, son œuvre est exposée dans des cadres prestigieux : au Salon de Montrouge (2010), aux Rencontres Isabelle Le Minh, photographe qui internationales de la photographie occupe un atelier de la Fondation des d’Arles (2012), à Paris Photo (2012), au Artistes à la Cité Guy Loë à Nogent-sur- Centre photographique d’Île-de-France Marne, a accepté notre invitation du (2014), dans le cadre de la Société 12 février. Durant la rencontre, les française de photographie (2014), ou résidents ont eu le plaisir de découvrir pour le Mois de la Photo à Montréal son univers, son parcours et sa (2015). Son travail est présent dans démarche artistique. des collections publiques et privées, dont celles du Fonds national d’art Dans les années 1990, Isabelle Le Minh contemporain, du FRAC Normandie quitte son emploi d’ingénieur-brevets à Rouen, du FRAC Grand Large – Hauts Berlin et se consacre à la photographie. de France, de Neuflize OBC en France, La révolution numérique l’amène à d’Andra Spallart à Vienne, de la DZ Bank s’éloigner de la photographie pour à Francfort, du 21c Museum à Louisville mener une réflexion sur l’image et et de Dorfman Projects à New York. étendre son champ de création à l’art contemporain. Elle conçoit des œuvres Elle est représentée par la galerie conceptuelles qui prennent des formes Christophe Gaillard à Paris. très diverses (installations, photos, vidéos, livres…), traite avec humour et S.Ö. recul de l’histoire de la photographie et de la place du numérique, des œuvres, des artistes les plus célèbres (Boiffard, Ed Ruscha, Sugimoto, Bernd et Hilla Becher). Isabelle Le Minh aime questionner la photographie, son histoire ou sa technique et rattacher ce questionnement à l’œuvre d’un artiste qui a compté dans son parcours, comme dans la série qui s’intitule After Cartier-Bresson. Elle s’intéresse à des sujets sensibles de notre société contemporaine tout en explorant la nature de l’image, ses objets, ses usages, ses mythes fondateurs et son 11 histoire. Elle interroge l’essence même des images, le statut de l’artiste et la
Les conférences CHEZ NOUS de la Maison nationale des artistes En janvier milieux, des personnages fascinants à qui l’on ne prêtait guère attention Le 21 janvier, une conférence intitulée jusque-là. Dans les pas de Toulouse-Lautrec à Montmartre s’est tenue en salle Guy Peintre, lithographe, dessinateur Loë. La conférence de Geneviève de presse, illustrateur et affichiste, Guitard, arrière-petite-nièce de François Toulouse-Lautrec, l’artiste inclassable, Gauzi, condisciple et biographe de s’est attaché à des modes d’expression Toulouse-Lautrec, était une invitation variés : « Des œuvres qui reflètent un à la promenade dans ce Montmartre monde de fêtes avec une immense qui fut un lieu de vie et une source mélancolie, imposant un regard lucide, d’inspiration pour le peintre, pendant grave, drôle et moderne au Paris des sa courte vie (1864-1901). années 1890… ». Durant sa conférence, Geneviève Guitard a évoqué les ateliers et les En février domiciles de l’artiste, de ses maîtres ou de ses amis, mais aussi les cafés, Gérard Alaux, ancien directeur de les restaurants, les établissements la Fondation des Artistes, a initié un de spectacles, immortalisés par ses nouveau cycle de conférences qui œuvres : Moulin rouge, La Goulue, permettra de découvrir les grandes 1891, Au salon de la rue des Moulins, – ou plus modestes – expositions en 1894, Le Divan Japonais, 1892… cours à Paris, ou ailleurs. Pour ouvrir Il y représentait les artistes célèbres ce cycle, le 28 février dernier, il a parlé de son temps comme Jane Avril, la de l’exposition El Greco présentée au Goulue au Moulin Rouge ou Yvette Grand Palais (16 octobre 2019 – 10 Guilbert au café-concert, y compris des février 2020). scènes de maisons closes et des nuits montmartroises. Il a dessiné et peint de nombreux anonymes de tous les Domenikos Theotokopoulos, dit El Greco (1541-1614), a laissé dans 12
l’histoire de l’art une marque bien corps de danseuse, tout concourt à singulière. Peintre d’icônes en Crète, il ce que la blonde sibérienne devienne approfondit l’originalité de sa manière le modèle que Matisse va peindre auprès des maîtres italiens à Venise et dessiner exclusivement pendant et Rome, puis à la cour de Philippe II quatre ans de 1935 à 1939, puis par d’Espagne. Il s’établit enfin à Tolède périodes pendant les quinze années où il trouve une clientèle lettrée et suivantes. Jusqu’en 1939, Matisse humaniste ; son talent s’y épanouira enchaîne les dessins et les peintures à travers des portraits exceptionnels avec limpidité et selon des rythmes et des compositions religieuses arabesques d’après cette femme aux magistrales. canons de beauté idéale. Les peintures sont des orchestrations de couleurs de Durant la conférence, le public a ce modèle souvent vêtu de robes que découvert le parcours autour d’œuvres Matisse collectionnait, environné de connues, ou moins connues et plus fleurs et de tissus. intimes, en s’arrêtant sur l’analyse de L’Agonie du Christ au jardin des oliviers, Fille unique d’un médecin, Lydia synthèse de sa vision et de son style Delectorskaya est née à Tomsk (Russie) audacieux. le 23 juin 1910. Orpheline à l’âge de 12 ans, elle part vivre chez sa tante en Mandchourie. Elle émigre en France En mars et s’installe à Nice en 1928. Le hasard aidant, en 1932, elle trouve du travail Le 3 mars, Dominique Szymusiak, auprès d’Henri Matisse qui œuvre alors ancienne conservatrice en chef du à l’immense panneau de La Danse pour musée Matisse du Cateau-Cambrésis le Dr Barnes. Aide d’atelier puis garde- était à la Maison nationale des artistes malade et dame de compagnie de pour une conférence intitulée Lydia, Madame Matisse, peu à peu elle pose muse et modèle de Matisse. pour Matisse qui en fait son modèle La grâce, l’élégance, la prestance de privilégié et crée une exceptionnelle 13 Lydia, son visage pur et majestueux, sa chevelure blonde et bouclée et son relation triangulaire peintre, modèle, tableau. Après la grave opération que
CHEZ NOUS subit Matisse en 1941, elle devient sa des peintures de canaux, de lacs gelés précieuse assistante. Lydia s’occupe et de bateaux naviguant. Catherine de lui trouver les modèles et de lui montrait aux résidents certains détails, fournir les conditions matérielles et au fil des évocations de la conférence. les fournitures dont il a besoin pour Éléonore était, quant à elle, installée créer à Vence. Elle gère la maison, à son domicile devant son ordinateur l’approvisionne pendant la guerre, et, grâce à une application, voyait les s’occupe de la santé de Matisse et se résidents filmés, tandis que ces derniers dévoue jusqu’à la fin de sa vie. la voyaient sur le deuxième écran. À la fin de la conférence, Dominique Les deux conférences ont duré un Szymusiak a invité Jacqueline Duhême, peu plus d’une heure chacune avec l’illustratrice qu’elle connaît depuis les échanges avec les résidents, longtemps et à qui elle voue une qu’Éléonore était heureuse de retrouver. admiration et une affection sans limites, Des anecdotes ont été partagées, à évoquer ce qu’elle a personnellement notamment avec Mme Müller qui a vécu chez Matisse. C’était passionnant raconté ses souvenirs de patin à glace d’entendre Jacqueline Duhême, qui sur les lacs gelés des Pays-Bas, un pays vit à la Maison nationale des artistes, où tous les enfants savent patiner dès le raconter à son tour sa vie chez Matisse plus jeune âge ! qu’elle a si bien décrit et dessiné ! Les résidents et le public ont été ravis Les 19 et 20 mars derniers, alors que le de ces conférences. Un grand merci confinement venait d’être décidé par le à Geneviève Guitard, Gérard Alaux, gouvernement afin de lutter contre le Eléonore Dérisson et Dominique Covid-19, Éléonore Dérisson a donné Szymusiak pour ces moments une conférence en deux parties sur L’art passionnants. de la marine et les vues aquatiques, dans la peinture hollandaise du XVIIe S.Ö. siècle, en visioconférence, grâce à l’aide précieuse de Catherine Guéripel et de Sébastien Aubrun. Deux écrans avaient été installés en salle Guy Loë : sur le premier, se déroulait un diaporama avec 14
On ne peut plus lire ? on va se parler ! Violette (je modifie les prénoms) est heureuse : sa fille a pu déposer pour elle à l’accueil quelques-uns de ces magazines pleins d’images de mers qui lui permettent de s’évader. Marguerite me raconte le potager de son fils, les promesses de tomates… Ce serait si bon, quelques légumes savoureux, pour compléter les repas qui arrivent froids à des heures bizarres. Eh oui, le personnel en sous-effectif fait ce qu’il peut, se débat avec les masques, les charlottes, les visières… Merci à ces précieuses auxiliaires de vie, acceptons le dîner trop tôt servi ! Rose fulmine contre les fake news, saine colère qui l’aide à tenir le coup. Pour changer de la télévision, elle redécouvre la radio. Sa préférée c’est France Culture, puissante alliée contre l’ennui et la bêtise. Elle a un projet : chausser Pendant le confinement, plus de ses baskets et courir devant la façade. lectures à haute voix. Comment faire Le confinement la fait grossir, dit-elle, pour maintenir le lien ? Une idée soucieuse de sa ligne… me vient : téléphoner de temps en temps à quelques résidentes de ma Violette aime que je lui lise un poème, connaissance… deux fois : la première pour découvrir, l’autre pour savourer. Marguerite n’a Dans l’après-midi, tous les trois ou pas tellement la tête à la poésie. Elle quatre jours, j’appelle la Maison. me donne les nouvelles de la maison. J’appelle les grands arbres du parc, Avec Rose, nous parlons cinéma, de la façade baignée de la lumière d’un ces chefs-d’œuvre grâce auxquels nos avril qui se prend pour l’été, les stores émotions trouvent un chemin pour baissés à l’heure de la méridienne, s’exprimer positivement. l’escalier solitaire, les salons désertés, j’appelle les chambres meublées D’une façon plus individuelle et plus d’objets chers où, fenêtre ouverte, souterraine, nos rendez-vous habituels chacune de mes correspondantes ont donc perduré. Ces petits moments, essaie de profiter à sa manière du s’ils ont distrait mes interlocutrices, printemps, gymnastique douce, concert sachez bien qu’ils m’ont aussi nourrie et classique, rêverie les yeux fermés. aidée à traverser ce temps suspendu. La conversation s’engage, nous partageons les menus événements du Soyez-en remerciées, Marguerite, jour, un sourire s’esquisse, un rire fuse, Violette et Rose, qui les avez accueillis. juste un peu fêlé. Chantal Péroche Lectrice bénévole 15
La Gazette de la Maison CHEZ NOUS Éléonore, Déborah, Alice et Gérard, Cette gazette est écrite à 8 mains et ce sont les prénoms des membres du nous sommes bien souvent aidés par comité de rédaction qui réalise, depuis d’autres acteurs du secteur culturel, le lundi 30 mars, les Gazettes de la médical, d’enseignants ou de simples Maison. Nous nous connaissons, nous connaisseurs d’art qui souhaitent, eux nous sommes rencontrés à l’occasion aussi, à travers leur contribution, être de conférences, d’animations et de avec vous. visites. Salariées, volontaire en service civique et ancien directeur de la Nous espérons ainsi au fil des jours Fondation des Artistes, nous travaillons et des gazettes, maintenir le lien, respectivement à la conservation vous divertir, vous faire chanter, jouer, des collections, avec les publics de découvrir et nous cultiver, en attendant la MABA, à l’inventaire de la faune et de vous retrouver en salle Guy Loë avec la flore du parc, le centre d’art de la Seval ou en atelier avec Catherine. Fondation, ou encore à donner des conférences ponctuelles à la Maison Parce que l’ensemble des maisons de nationale des artistes. retraite et des EHPAD sont concernés, sachez que la Gazette est aussi partagée Pendant cette terrible période de dans 17 établissements dans toute la pandémie, nous avons été, comme la France, bien sûr sans les menus, ni les majorité des Français confinés chez anniversaires qui ne concernent que nous et nous souhaitions garder le notre maison… contact avec vous, vous divertir et continuer d’être curieux ensemble. Nous ne savons pas encore, au moment Avec l’accompagnement précieux du où nous écrivons ces quelques mots, personnel de la maison, nous avons quand nous pourrons nous retrouver donc commencé à vous adresser une physiquement, mais une chose est sûre, gazette, un petit quotidien, pour tenter nous avons toutes et tous hâte de vous de pallier l’isolement. revoir et d’échanger avec vous. Ce journal se compose de quatre parties : « Détour au parc » un focus À très vite, sur la faune et la flore de notre parc et Éléonore, Déborah, Alice et Gérard d’ailleurs, « Un jour une œuvre » une analyse d’œuvre d’art, un jeu ludique ou culturel, ainsi qu’une page de poésie, de paroles de chansons, de dessins, de photographies, d’œuvres ou d’images de film. 16
Un immense merci ! Une chaîne de solidarité exceptionnelle Pour la confection de surblouses, pour soutenir la Maison nationale des de calots et de masques cousus à la artistes… machine, ainsi que l’impression 3D de Alors que les fournisseurs de matériel visières et accessoires : médical connaissent des difficultés Cathy Amouroux, Céline et Laure dans leurs approvisionnements et que Barbin, Gaëlle et Cathy Chotard, les personnels de la Maison nationale Amandine Clémençeau et tout le réseau des artistes ont, comme tant d’autres « Black Blouse », Annie Cordonnier, professionnels de santé, besoin Stéphanie Coudert, Bernadette d’équipements pour se prémunir de Crampont-Courseau, Joëlle Dejonckere, l’épidémie du Covid-19, les équipes Patricia Dupont, Anne Ferrer, Céline ont pu profiter de matériel mis à leur Girault, Richard Hooft, Sophie Larger, disposition ou confectionné par des Madame Leygnac, Sylvie Lombart et le familles de résidents, particuliers service de l’habillement de la Comédie bénévoles, artistes, restaurateurs du Française, Isabelle Mazin, Jeanne Niang, patrimoine, institutions culturelles, Mireille Noël, Alice Renaud, Vincent entreprises, réseaux de couturiers Rengeard et Odile de Ruffray avec tous et couturières créés au cœur de les couturiers et couturières d’ « Over l’épidémie, qui ont tous souhaité the Blues », Marie-Hélène Thouin, exercer leur solidarité avec les Annabelle Valverde, Véronique et les soignants lors de cette période inédite, membres d’ « Une blouse pour mon et leur permettre d’assurer leurs infirmière », ainsi qu’Anne Watel. missions auprès des résidents. 17
CHEZ NOUS Pour les dons de masques médicaux, à nos côtés et par l’octroi de moyens de gants, de surchaussures, de gel complémentaires pour agrémenter hydroalcoolique ou de matières leur quotidien : premières pour la confection textile : Bodhana Aubrun, Tudor Banus, Lionel Quoï Alexander, Nicole Cherence Bayol-Thémines, Anna Byskov, Jean- et Patrick Palsky du Lions Clubs de Étienne Bélicard et la société Isidore Nogent-Le Perreux, Gérard et Nicole Leroy, Paul Cerutti, Élisabeth Cibot, Colas de Fusa Protection, Natalie Coural Pascal Colrat, Jacqueline Dauriac, et ses amis, Moussoukoura Diarra et la Julien Dechenaud maître-chocolatier Friperie solidaire Emmaüs de Maisons- à Vincennes, Marie-Anne Ferry-Fall Alfort, Sabine Kessler, Ashim Khanna de l’ADAGP, Antoine de Galbert et sa et Mathilde Monier pour Cerulean fondation, Ilanit Illouz, José Lévy et Group, Frédérique Maurier, Mesdames la maison Duvelleroy, Julien Moreno, et Messieurs Masson, Medjio et Merrer, Déborah Munzer du Conseil général Laure Parot et la société Viparis, Marie du Val-de-Marne, la boulangerie La Poisbelaud, Alain Prevet, Hari Seth Nogentaise et Catia Riccaboni de la et le groupe Coretex, Alicia Spataro, Fondation de France. Catherine Stojanowski, mais aussi Marie Villette avec Jean-Philippe Leclair Pour leur aide dans la création et Dominique Buffin du secrétariat graphique, la rédaction d’articles, général du Ministère de la Culture de jeux et les corrections de La Gazette ainsi qu’Olivier Zeder et Aurélie von de la Maison, le journal quotidien Bieberstein de l’Institut national du distribué aux résidents : Patrimoine. Gérard Alaux, Pierre Guy-Bernard, Pauline Dellabroy-Allard, Jeanne Pour l’aide logistique et le relai des Frommer, Brigitte, Martin et Thibault appels à la solidarité : Geffroy, Lucile et Pauline Maitre ainsi Isabelle Cabillic, Jean-Baptiste Corne, que Carole Zacharewicz. Julie Farenc-Déramond, Denise et Hervé Ferrigno, Marylise Fortin, Alix Laveau, Pour leur présence assidue Valérie et Sangmin Lee, Lorraine Mailho, à nos côtés : Thomas Marcotte, le Maire de Nogent- Dr Beneteau-Bachara, Dr Bonnet, Dr sur-Marne, Jacques J.P. Martin ainsi que Dupin, Dr Haas, Dr Labesca et Dr Tang. la chargée des relations avec les acteurs du commerce de la ville Marie-Hélène Tournon, mais aussi Sylvie Müller, Sigrid À tous ceux et celles qui nous ont aidés Petit et Anne Sillinger. et nous aident encore, l’ensemble des équipes de la Fondation des Artistes Pour les dons de chocolats de Pâques, adresse un immense MERCI ! de muguet du 1er mai, les dessins et les messages des artistes, le cadeau de tablettes numériques pour les aînés, leurs engagements sanitaires 18
Une forme de liberté par la pensée dans un monde confiné Le Covid s’est invité à la Maison autant être dans la proximité que nationale des artistes, modifiant nos nous avons toujours connue. Notre habitudes, nos organisations et nos voix, nos gestes qu’ils connaissent relations. ou reconnaissent, sont devenus le fil conducteur de la prise en charge et Chacun, dans son domaine de des échanges, nos masques ne nous compétence, a cherché à s’adapter, à permettant d’être que partiellement imaginer d’autres manières d’apporter reconnaissables. de la douceur et du réconfort dans un contexte si particulier. Alors, certes, nos habitudes se sont modifiées et il a fallu bien s’adapter Au-delà de nos fonctions propres, il a à cette vie confinée, mais nous fallu réfléchir et mettre en œuvre des avons conservé nos valeurs et ce actions pour que nos aînés continuent à pourquoi nous avons fait le choix sourire au monde, pour que l’on puisse de travailler en maison médicalisée : leur apporter de la chaleur malgré la avoir la possibilité d’accompagner situation. nos aînés. C’est ainsi que nous avons continué à leur offrir la prise en charge Il a fallu aussi donner du sens à nos indispensable, mais aussi des lectures équipements si particuliers auxquels de poèmes, des moments d’évasion, les résidents ne sont pas habitués et des mots délicats pour les réconforter. auxquels nous devions nous habituer Finalement, nous avons eu la possibilité, nous-mêmes. Devoir accepter que pour par l’investissement de chacun, de protéger l’autre, il faut se protéger permettre à nos aînés de continuer à soi-même. ressentir une forme de liberté par la pensée dans un monde confiné. Le virus nous a obligés à concevoir 19 le prendre soin différemment : accompagner les résidents sans pour Karen Mechali Psychologue
Un projet d’écriture intergénérationnel CHEZ NOUS Comment peut-on devenir bâtisseurs des souvenirs si multiples, comme de paix ? est un projet d’écriture engagé une rencontre impromptue avec un à la mi-novembre en partenariat avec crocodile, des souvenirs douloureux l’école Albert de Mun de Nogent-sur- de la Seconde Guerre mondiale, ou Marne. Il a pris forme à partir de la encore des rencontres marquantes avec mi-novembre 2019 avec une Giacometti ou Prévert ! Et pourtant, classe CM2, sous la responsabilité les enfants ont réussi ce challenge et de l’enseignante Sophie Dubois. ont écrit un livre qui raconte, entre L’idée était de valoriser l’échange fiction et réalité, l’histoire du lieu et intergénérationnel, le parcours de vie des résidents. Cette belle expérience a des résidents, de partager des moments valorisé le parcours de vie des résidents ludiques. et a permis à chacun de partager des moments pleins d’émotions, parfois Les enfants ont préparé chaque visite en magiques, souvent émouvants, voire faisant des recherches introspectives, inoubliables… Jacqueline Duhême, la l’enseignant les interrogeant alors sur grande illustratrice qui était l’imagière leurs propres émotions, leurs meilleurs des plus grands comme J. d’Ormesson, souvenirs, qui ont été doublées d’une R. Queneau, R. Badinter, G. Deleuze a recherche documentaire sur l’histoire accepté d’illustrer la couverture. de la Maison nationale des artistes, sur l’école dans les années 30, sur Chacun des enfants et des résidents les conséquences de la Seconde ayant participé au projet recevra un Guerre mondiale… Nourris de ces exemplaire de ce petit livre, fruit de ce informations aussi diverses et variées travail à plusieurs mains. que sont les valeurs, les émotions et les souvenirs, les enfants se sont mis à écrire. Pas facile de réunir S. Ö. 20
Les concerts de la Maison nationale des artistes En février Le 25 février, Laurent Jacquey, le virtuose du piano est revenu sur la scène de la Maison nationale des artistes pour interpréter une petite partie de son répertoire riche de six cents titres dans tous les styles (pop, rock, variétés française et internationale, jazz, blues, boogie, rétro, standard, chansons françaises, musiques de films…). Laurent Jacquey a débuté le piano après des études classiques durant lesquelles il a acquis sa technique de base, puis il s’est orienté vers une spécialité jazz qui lui a permis de développer son sens de la créativité grâce à la liberté d’improvisation. Il a proposé aux résidents de définir le programme en choisissant leurs titres préférés et a produit un très beau concert sur mesure. En mars Le dimanche 1er mars, le duo En janvier L’Escarpolette composé de deux sopranos Sylvie Epifanie et Christine La Maison nationale des artistes a Saint-Val, accompagnées par Corinne accueilli, le 28 janvier, le duo La Bonne Guérin au piano, a interprété un récital Étoile pour un concert consacré aux de grandes mélodies. Ce fut un après- grands classiques de la chanson midi placé sous le signe du charme française : Alain Asmi et Silvère et de l’élégance offert par le duo Risset sont deux musiciens multi- vêtu de magnifiques robes ; elles ont instrumentistes qui se connaissent et interprété Sérénade du page (extrait jouent ensemble depuis plus de vingt de Geneviève de Brabant d’Offenbach), ans. Ils forment La Bonne Étoile, en Air de Chérubin (extrait des Noces de hommage à la belle chanson de Joe Figaro de Mozart), un duo extrait du Dassin. Durant ce voyage musical, Cornette de Firmin Bernicat, Ariette les résidents ont retrouvé le plaisir de la princesse (extrait du Voyage de chanter ensemble des airs connus dans la lune d’Offenbach), Chanson de toutes les générations avec les espagnole de Claude Debussy, chansons de Bourvil, Montand, Habanera de Carmen de Georges Bizet, Aznavour, Fréhel, Brassens, Ferrat, El desdichado de Camille Saint-Saëns et Dassin, Cabrel et bien d’autres. Les Bohémiennes de Pauline Viardo. S.Ö. 21
La nature s’invite CHEZ NOUS à la Maison nationale des artistes ! Depuis janvier 2020, nous avons eu Après avoir expliqué l’intérêt des l’occasion avec Seval et Catherine nichoirs et des hôtels à insectes pour d’organiser des ateliers et des la biodiversité, nous avons organisé conférences autour de la biodiversité plusieurs petits ateliers de construction du parc et plus généralement autour de avec Catherine. Nous avons réalisé la nature. quatre nichoirs, installés dans le parc, et un hôtel à insectes, placé sur la terrasse Nous avons commencé par la du petit salon. Seront-ils occupés ? construction de mangeoires avec Nous l’espérons ! En tout cas, nous huit résidents. Ces mangeoires ont avons eu l’occasion d’observer les été réalisées avec du matériel de oiseaux au cours d’une belle matinée récupération : des briques de lait ou du mois de mars. Et même si ils ont été de jus d’orange ont été découpées. timides, vous avez su faire preuve d’une Nous les avons placées de façon à magnifique capacité d’observation et ce que vous puissiez voir les oiseaux d’une grande dose de patience ! qui viennent se nourrir des graines de tournesol. Nous avons eu de nombreux Ma mission au sein de la Fondation retours des résidents qui ont eu la des Artistes se termine le 15 mai. chance d’observer des mésanges J’ai eu grand plaisir à partager mes charbonnières, des mésanges bleues ou connaissances avec l’ensemble encore des perruches à collier venues des résidents. Cet échange a été se nourrir durant l’hiver. Les mangeoires particulièrement bénéfique puisque ont été momentanément retirées pour la les résidents m’ont également appris belle saison mais Catherine les remettra de nouvelles choses. Suite à cette l’hiver prochain ! mission, je vais chercher un poste en tant qu’éducatrice à la nature, car les Plusieurs conférences ont également missions effectuées à la Fondation des été organisées afin de mieux connaître Artistes m’ont confortée dans mon désir l’environnement qui nous entoure : de m’orienter dans cette direction. une conférence sur l’histoire du parc, une autre sur l’intérêt des nichoirs Alice Rouffy et des hôtels à insectes, une autre Volontaire en service civique sur les arbres du parc et enfin, une à la Fondation des Artistes dernière sur les chants des oiseaux, par visioconférence, lorsque le confinement a eu lieu. 22
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