Observatoire du vieillissement - Étude sur l'habitat des seniors - ADEUPa Brest
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Synthèse En 2011, un projet de territoire signé par le Conseil général du Finistère et Brest métropole océane identifie, dans son volet Cohésion sociale, le vieillissement comme un thème d’action prioritaire. En 2012, les deux collectivités sollicitent l’ADEUPa pour la mise en place d’une «observation du vieillissement de la population de Brest métropole océane». Le souhait est formulé d’une observation étendue à la population de plus de 60 ans, sans la restreindre au seul volet social et sanitaire mais d’inclure également des aspects «modes de vie» (habitat, déplacements, vie familiale et sociale…). Ce projet engagé en septembre 2012, s’inscrit pour une durée de 3 ans et prévoit la réalisation : - d’un tableau de bord du vieillissement progressivement étoffé, - d’une étude annuelle. Le premier tableau bord a été publié en juin 2013. En 2012, un premier comité technique a listé des propositions de thèmes d’étude ; le comité de pilotage a retenu le thème « habitat et lieux de vie ». Cette étude est composée de 3 parties : une synthèse documentaire car la littérature sur l’habitat des seniors est foisonnante, une analyse quantitative et une enquête sociologique menée auprès de personnes ayant changé de logement après leur passage à la retraite. Voici la première d’entre elles. 2 │ ANALYSE DES BESOINS SOCIAUX │ CCAS DE BREST
Sommaire 01 Synthèse documentaire et expérimentations possibles.. 4 Vivre à son domicile : un desir partagé................................................. 5 L’institutionnalisation de plus en plus médicalisée.............................. 8 Les solutions intermédiaires...................................................................10 02 Enquête qualitative sur le logement des personnes âgées ...................................................................................... 12 La vieillesse n’est qu’un mot ................................................................. 13 Déconstruire les catégories de la vieillesse........................................ 13 Une méthode qualitative : le récit de vie............................................. 13 Présentation des interviewés................................................................. 14 PARTIE 1 : PORTRAITS............................................................................... 15 Retour à la case départ .......................................................................... 15 La faute à pas de chance .......................................................................16 « J’aurais préféré être veuve que divorcée ».................................... 17 Musique et coquillages........................................................................... 18 Vue du ciel................................................................................................ 18 Seuls à deux..............................................................................................19 Cuisine indépendante............................................................................ 20 Sister’s pacte............................................................................................ 20 I’ vaut pas une bolée d’cid’..................................................................... 21 Paris-Brest................................................................................................ 22 Ficher le camp avant d’avoir a faire tout ça ....................................... 22 « Je pense que je vais me plaire à Gouesnou » ............................... 23 « Je réflechis toujours à long terme »................................................. 24 « Je ne comprends pas les gens qui s’ennuient » ........................... 24 Capitaine flamme ................................................................................... 25 Une double résidence, entre ville et littoral ..................................... 26 La petite maison dans la prairie ........................................................... 27 De quoi faire, si on le veut vraiment.................................................... 28 « Les linceuls n’ont pas de poches ».................................................... 29 PARTIE 2 : ANALYSE TRANSVERSALE.................................................... 30 Nouveau logement, nouveau départ ................................................. 30 De la mobilité résidentielle à la réorganisation de la vie personnelle et sociale ........................................................... 35 Niveau de satisfaction ............................................................................ 40 Avenir résidentiel et mise en perspective........................................... 42 Conclusion............................................................................................... 45 ANNEXE.....................................................................................................46 03 Pistes d’action de l’étude habitat et vieillissement.......... 48 Prévention, anticipation : favoriser l’adaptation des logements existants sans attendre la perte d’autonomie.................................... 49 Développer une offre en logements adaptables.............................. 49 Favoriser la mobilité résidentielle des seniors ..................................50 Renforcer les partenariats et fédérer un maximum d’acteurs autour de la question du logement des seniors................................50 OBSERVATOIRE DU VIEILLISSEMENT │ ÉTUDE SUR L'HABITAT DES SENIORS │ 3
01 Synthèse documentaire et solutions possibles La thématique de l’habitat et des personnes âgées a fait l’objet de nombreuses études, enquêtes ou réflexions récentes. Des enquêtes réalisées à l’échelle nationale (Credoc) mais aussi finistérienne (Coderpa) ont permis une approche des demandes exprimées par les personnes âgées. Le premier volet de cette éude à pour objectif de mobiliser et d’approfondir la connaissance sans redondance avec ce qui existe déjà et utilise trois types de matéraux : Le porté à connaissance ou la réalisation d’un « état de l’art » qui s’impose sur un sujet où les analyses récentes sont aussi nombreuses, preuve de la prise de conscience de l’enjeu « habitat » pour la vie des individus et pour les finances publiques. Cette synthèse permet de faire ressortir les idées force et l’éventail des propositions émises dans ces travaux. Un bilan de la situation des communes de l’agglomération brestoise en matière d’adaptation des logements, de services au domicile et d’hébergement. L’identification de la palette des solutions intermédiaires, entre logement au domicile et entrée en institution, proposées actuellement dans l’agglomération brestoise ou des initiatives récentes encore à l’état de projets ou d’ébauches. 4 │ OBSERVATOIRE DU VIEILLISSEMENT │ ÉTUDE SUR L'HABITAT DES SENIORS
01 - Synthèse documentaire et solutions possibles Anticiper le vieillissement de la popu- veau de l’État qu’à celui des collectivités autour d’un axe principal : le maintien à lation est un enjeu majeur pour Brest territoriales, sont pourtant directement domicile. Une solution qui a l’avantage métropole océane puisque l’Insee pré- confrontés à cette tendance démogra- de converger avec les attentes des se- voit 17 000 personnes supplémentaires phique. niors, mais qui sert principalement à ré- d’au moins 60 ans en 2040, soit un total duire les dépenses publiques. Lorsque Les plus de 60 ans souhaitent rester à de 55 000 habitants (environ un quart cette solution n’est plus possible, les leur domicile le plus longtemps pos- de la population totale). personnes âgées doivent se tourner sible. Mais il est nécessaire d’envisager vers les établissements médicalisés. Le vieillissement de la population est le maintien à domicile sous certaines Pourtant, la demande des seniors n’est un sujet difficile à aborder et qui sus- conditions : tout d’abord le logement pas uniforme. Les acteurs de l’aména- cite parfois un certain malaise : carac- doit être adapté au niveau de condition gement et de l’habitat commencent à tère anxiogène de la dépendance (tant physique de son(ses) habitant(s). En- imaginer de nouvelles palettes de so- pour la personne concernée que pour suite, il doit être accessible pour ce(s) lutions. son entourage), nouveaux besoins en dernier(s). termes d’habitat, de transports ou de Les politiques publiques ont développé services à la personne, risque d’isole- depuis les années 1980 divers dispositifs ment... Les pouvoirs publics, tant au ni- Vivre à son domicile : un desir partagé Rester chez soi, un souhait Souvent, l’achat d’une « maison de elles engendrent parfois un départ dé- campagne » s’inscrit dans une prépara- finitif en établissement médicalisé. Pour largement partagé par les tion à la retraite4. Il s’agit d’une mobilité les personnes qui partent en EHPAD personnes de plus de 60 de « confort » qui ne perturbe en rien suite à une chute, cette rupture brutale l’ancrage territorial et la continuité des peut créer un sentiment anxiogène. ans liens sociaux. Le choix d’une résidence L’anticipation parait être un facteur es- Plus de 65 % des personnes interrogées secondaire permet de maintenir des sentiel afin de réduire ce risque. par le CODERPA1 souhaitent rester dans relations préexistantes tout en restant leur domicile. Le choix de rester « chez dans un chez-soi déjà bien identifié. soi » est à relier aux facteurs psycho- Au Danemark et en Finlande, La simple idée de devoir modifier ses les communes ont mis en place logique qu’il sous-entend : c’est rester habitudes, de changer de quartier, la fa- dès la fin des années 1990 des maître de son lieu de vie, recevoir qui on tigue liée au déménagement lui-même, visites régulières (deux fois par souhaite et aménager à son goût (mon- les démarches administratives de chan- an) chez les personnes de plus trer ainsi son individualité), contraire- gement de domicile sont autant d’élé- de 75 ans afin de repérer leurs ment à une chambre en EHPAD2. ments qui rebutent les personnes au besoins éventuels. Ce dispositif Le logement est également un lieu de changement de logement. La majeure est en complète cohérence mémoire des liens familiaux et person- partie des plus de 60 ans sont proprié- avec la politique de maintien nels. Il s’agit souvent du domicile dans taires, cela constitue un frein supplé- à domicile. En France, un tel lequel on a vécu en couple, élevé ses mentaire au déménagement (lourdeur système pourrait être mis en enfants et gardé ses petits-enfants. « À de la démarche de mise en vente, no- place et faire l’objet d’un service mesure que la durée d’occupation dans taires, etc.). civique. le logement s’allonge, le coût psycholo- Le développement des services à la gique du déménagement grandit»3. Sur- personne, largement encouragé par les tout, s’il s’agit d’un chez soi qui ne repré- politiques sociales contribue également Plus l’âge avance, plus la mobili- sente pas la vieillesse et la maladie, mais au souhait de rester à son domicile. toute une vie active et affective. té résidentielle décroît. Être chez soi parait donc être la meil- Une part non négligeable des 60-70 ans 60 % des personnes de 70 à 80 ans oc- leure solution du point de vue des indi- profite du passage à la retraite pour élire cupent leur logement depuis plus de 25 vidus comme des collectivités tant que domicile dans leur résidence secondaire. ans. Le coût psychologique est un facteur les tâches quotidiennes peuvent s’effec- important. Les principaux facteurs de mo- tuer sans trop de difficultés. Le risque de 1- Comité départemental des retraités et des bilité résidentielle sont le passage à la re- chute est un facteur essentiel à prendre personnes âgées traite, le veuvage ou la séparation. 2- Etablissement hospitalier pour Personnes en compte. Il s’agit de la première cause âgées dépendantes d’hospitalisation des personnes âgées et 3- Virginie Christel. Trajectoires résidentielles des personnes âgées, in Données sociales – La société française. 2006 4- Ibid OBSERVATOIRE DU VIEILLISSEMENT │ ÉTUDE SUR L'HABITAT DES SENIORS │ 5
01 - Synthèse documentaire et solutions possibles Les communes rurales attirent princi- palement les personnes âgées de 60 Il existe certaines initiatives comme le label « logement bleu » attribué aux à 70 ans tandis que les plus de 70 ans logements sociaux qui ont bénéficié de travaux d’adaptation pour faciliter le optent davantage pour les villes qui maintien à domicile. Cependant, il est rare que les personnes âgées vivant concentrent commerces et services. déjà dans le parc social demandent à changer de logement : souvent elles Selon le CODERPA, pour ceux qui envi- occupent un grand logement depuis plusieurs dizaines d’années dont le sagent éventuellement un déménage- loyer est moins élevé que si elles optent pour un logement plus petit au prix ment, la première motivation serait la actuel. Certains bailleurs sociaux proposent de conserver le même prix au proximité des commerces, des services m². Cela incite les personnes âgées à déménager pour un logement plus et des activités. Pour 45 % des per- adapté à leurs besoins et libère de grands appartements sociaux pour les sonnes, le choix se porterait sur un ap- familles (cf : entretiens qualitatifs avec des bailleurs) . partement en location, plus petit, sans étage et demandant moins d’entretien qu’une maison. La part de propriétaires À Nantes, la mairie accompagne les personnes dans la préparation du diminue avec l’avancée en âge : à par- déménagement (trouver un déménageur, prévenir l’administration du tir de 70 ans le statut de locataire est changement d’adresse, etc.). Ces missions pourraient être proposées dans préféré parmi les personnes qui envi- le cadre d’un service civique et plus largement l’accompagnement des sagent un changement de domicile. La personnes âgées. transmission du bien immobilier laisse place à une part non négligeable de « logés gratuitement » qui correspond aux usufruitiers et aux occupants en L’occupation du parc social par des per- dans les communes de Brest métro- viager5. sonnes âgées n’est pas négligeable, pole océane8. principalement pour les personnes de Le prix pour l’adaptation du logement Des logements qui doivent plus de 80 ans (au Relecq-Kerhuon 16% varie en fonction de la nature des tra- des plus de 80 ans vivent dans un HLM). être adaptés Les appartements dans le parc social ne vaux. En 2004, le mouvement PACT9 a réalisé une étude qui évalue le coût de Tous les logements construits depuis sont à priori pas plus adaptés que dans 3 types d’adaptation du logement : le 1er janvier 2007 doivent répondre le parc privé, étant donné qu’il s’agit des aux normes handicapés (largeur des mêmes époques de construction (hors • Adaptation légère : 1 500 € portes, ascenseur, …) mais sont-ils démarches et travaux engagés par les bailleurs). • Adaptation standard : 10 000 € adaptés aux personnes âgés ? La com- plexité de cette question réside dans la • Adaptation lourde : 30 000 - 40 000 € définition même de la notion « d’adap- ”Quelques bailleurs L’ANAH10 estime à 2 millions le nombre té ». Certaines normes d’accessibilités sociaux ont également de logements qui devraient être adap- pour les personnes à mobilité réduite peuvent convenir aux seniors mais ne réalisé une « évaluation- tés dont 830 000 appartenant à des propriétaires modestes. Cependant, les suffisent pas toujours. Les sanitaires diagnostic pour le personnes âgées ont difficilement ac- notamment peuvent être conçus diffé- remment selon la personne concernée maintien à domicile » afin cès à l’emprunt malgré l’allongement (voir ses attentes individuelles). d’améliorer les conditions de la durée de la vie11 . De ce fait, les inégalités socio-économiques sont ac- L’adaptation du parc existant est néces- de logement de leurs centuées par le processus de vieillis- saire en plus de la construction de lo- locataires âgés. ” sement, en particulier pour l’accès de gements neufs. 9 000 seniors décèdent chacun à un logement adapté12. par an de chutes à domicile6 , soit deux Les personnes de plus de 65 ans re- Par ailleurs, les nouvelles priorités de fois plus que les accidents de la route. présentent 7% des nouveaux entrant l’ANAH ne portent pas sur l’adapta- dans le parc social7. Il s’agit de per- Les retraités sont très largement pro- sonnes souhaitant accéder à un loge- priétaires de leur domicile, ce qui fa- ment meilleur marché pour palier la 8- Données extraites du fichier unique de cilite le choix de travaux qui convien- baisse des revenus et trouvant des ca- demande de logement social en 2012. dront exactement à leurs besoins. Les 9- Un réseau associatif national au service des ractéristiques mieux adaptées comme personnes et de leur habitat reconnu comme locataires ne pouvant pas imposer les la localisation. Ainsi, une centaine de service social d’intérêt général. travaux d’adaptation du logement, il est demandes de logements sociaux éma- 10- Agence nationale de l’habitat donc plus délicat pour eux d’envisager 11- Habitat et vieillissement : vivre chez soi, mais nent de personnes de plus de 60 ans vivre parmi les autres ! 17e rapport du Haut comité de rester dans le même domicile si les pour le logement des personnes défavorisées. propriétaires sont récalcitrants. Octobre 2012. 7- Habitat et vieillissement : vivre chez soi, mais 12- Nicole François, Bernard Pivette. Bien vieillir vivre parmi les autres ! 17e rapport du Haut comité en Bretagne. Changer de regard et agir pour 5- Ibid pour le logement des personnes défavorisées. mieux vivre ensemble le vieillissement à domicile. 6- Études foncières n° 164, juillet-août 2013, p 29 Octobre 2012. Rapport pour la région Bretagne. Octobre 2007 6 │ OBSERVATOIRE DU VIEILLISSEMENT │ ÉTUDE SUR L'HABITAT DES SENIORS
01 - Synthèse documentaire et solutions possibles tion du logement mais davantage sur Autre enseignement de ce dispositif, Le rapport Broussy préconise l’identi- la précarité énergétique. Dorénavant, l’âge des personnes concernées : 67 % fication de zones accessibles (déclivité pour prétendre aux aides, les per- d’entre elles avaient 76 ans et plus en inférieure à 10%, chaussées en bon état, sonnes devront présenter un GIR13, une 2011. L’anticipation au vieillissement présence de transports en commun, démarche administrative longue et reste encore un défi à relever. présence de commerces de proximi- complexe qui peut avoir un coût psy- té…) dans les documents d’urbanisme chologique et financier. Un quartier adapté (PLU, SCoT, PLH,…) afin d’intégrer la no- Dans l’objectif d’adapter les logements favorisant le lien social tion de vieillissement. Il recommande la construction de 20 % de logements aux risques du vieillissement, Brest mé- Vivre à domicile ou dans son quartier adaptés dans ces zones. Cette idée est tropole océane a mis en place un dis- correspond à la notion de « territoire déjà reprise dans la Charte du Dépar- positif communautaire pour le maintien de vie ». D’après Tony Garnier (archi- tement du Rhône. à domicile : le PACT HD 29. Il s’articule tecte, urbaniste), il se situe dans un autour de trois principales missions : rayon de 500m. Les personnes ne dis- la communication & l’information, le posant pas de commerces ou de ser- La communauté de communes conseil et le suivi des travaux de réha- vices de proximité ont un territoire de de Callac-Argoat dans les bilitation. vie plus large, nécessitant l’utilisation Côtes d’Armor a élaboré Sur le premier axe, ce partenariat a d’un mode de transport. À l’opposé, les un « programme local pour permis la réalisation de plaquette et personnes âgées qui vivent dans les le maintien à domicile des d’évènements sur l’adaptation au vieil- MARPA (établissement pour personnes personnes âgées ». Une lissement : émission sur Tébéo, stands âgées en milieu rural) ont une faible première phase a consisté en au salon de l’habitat, articles de presse, connaissance de leur quartier car l’élaboration d’un diagnostic etc. Si les personnes souhaitent aller elles disposent de plusieurs services à très transversal qui traite plus loin, des permanences sont te- l’intérieur de l’établissement. Le loge- aussi bien de l’adaptation du nues dans toutes les communes sur ment et le quartier doivent être en- logement que des transports ou rendez-vous. Un outil peu utilisé par les tendus comme une des composantes de la participation à la vie locale. habitants, puisque 44 permanences ont d’un projet de vie. Le mauvais état de Une série d’actions a ensuite été réalisées en 2009, 11 en 2010 et 16 santé n’est pas le seul facteur expli- été lancée : OPAH intégrant un en 2011. quant le recours aux EHPAD, l’isole- volet « adaptation de l’habitat », ment joue aussi certainement un rôle. création d’un prêt à taux réduit Pour affiner son projet, il est possible Si les études montrent que les per- pour le financement des de demander un diagnostic préven- sonnes vivant en institution ont moins travaux, mise en place d’une tion au domicile gratuitement. Entre de relations sociales que celles vivant communication spécifique 2009 et 2011, 106 diagnostics ont été à leur domicile, il est difficile de savoir en faveur de l’adaptation réalisés et plus de 60 % d’entre eux se si le manque de liens sociaux conduit des logements, adaptation sont soldés par des projets de travaux au placement en institution ou si le fait et accessibilité des espaces immédiats ou ultérieurs. Les travaux de vivre dans une structure accentue publics, système de transport à proposés concernent en premier lieu l’éloignement des proches.15 la demande… les sanitaires (environ un tiers des pro- positions), vient ensuite la circulation 2010 2012 intérieure. 18 à 29 ans 5% 7% Si le quartier est bien l’unité de vie privi- Le dispositif prévoit également une aide 30 à 39 ans 6% 14 % légiée par les seniors, il conviendrait de pour monter les dossiers de demande 40 à 49 ans 18 % 18 % l’adapter en fonction de leurs besoins. de subventions (auprès des caisses de Pour que la cité prenne en compte la retraites, de l’ANAH et de la SACI14). 50 à 59 ans 22 % 21 % notion du vieillissement, l’État a créé en Entre les mêmes dates, 391 dossiers 60 à 74 ans 29 % 20 % 2009 le label « Bien vieillir- Vivre en- ont été montés avec plus d’un tiers des 75 ans et plus 20 % 21 % semble » pour une intégration trans- montants des travaux financés par des versale : transports, habitats, loge- subventions. Le montant moyen des Total 100 % 100 % ments, prestations de services. Cette travaux tend à diminuer passant de Âge moyen 59 54 démarche servirait de tremplin au pro- 6 500 euros environ en 2009 à 4 500 Source : Fondation de France. gramme de l’OMS16 « Ville amie des en 2011. Les difficultés économiques Les solitudes en France, Rapport 2012 aînés »17 . L’audit mené auprès des per- étant sans doute passées par là. Lecture du tableau : en 2012, 7 % des per- sonnes âgées et des acteurs concernés sonnes isolées ont entre 18 et 29 ans. a permis de relever plusieurs dysfonc- 13- Groupe Iso Ressources : permettant de mesurer et de classer les différents niveaux de 15- Gérard Bouvier, Liliane Lincot, Chantal Re- dépendance. Il détermine ainsi le montant de biscoul. Vivre à domicile ou en institution : effets 16- Organisation mondiale de la santé l’aide personnalisée à l’autonomie (APA). d’âge, de santé, mais aussi d’entourage familial. 17- Les villes de Lyon, Nice, Rennes, Lille... sont 14- Société anonyme de crédit immobilier France, portrait social – Insee édition 2011 adhérentes OBSERVATOIRE DU VIEILLISSEMENT │ ÉTUDE SUR L'HABITAT DES SENIORS │ 7
01 - Synthèse documentaire et solutions possibles tionnements dans les aménagements manque d’espaces verts, des dénivelés de du domicile et donc voient croître leur urbains : un mauvais éclairage public rue trop conséquents, etc. Un ensemble sentiment d’isolement. Une commission qui augmente le sentiment d’insécurité, de remarques qui doivent être prises en d’accessibilité s’est constituée à Brest mé- des temps de feux vert pour piétons ca- compte pour éviter que les personnes tropole océane en 2005 dans l’objectif de librés « pour les sportifs olympiques », un rationalisent leurs déplacements hors traiter ce type de problème. L’institutionnalisation de plus en plus médicalisée Avec l’augmentation de la durée de vie cipalement aux personnes ayant per- être en GIR 1 et 2 au vu des moyens dont en bonne santé et le maintien à domi- du leur autonomie. Aller en EHPAD est disposent les établissements pour les cile favorisé, il est fortement probable souvent vécu comme un départ non aides médicales et la vie quotidienne. que l’âge moyen d’entrée en héberge- souhaité (voire non consenti) qui cor- Le GIR pondéré19 doit ainsi être infé- ment d’accueil augmente. Aujourd’hui, respond aussi psychologiquement à la rieur à 300. Comme les résidents ne il tourne autour de 85 ans. En 2030, la dernière étape de la vie. L’état de san- bénéficient pas d’un bail à durée limi- génération des baby-boomers aura 80 té n’est pas le seul facteur expliquant tée, il a été constaté par les directeurs ans et plus. Le Papy-boom qui s’en- ce changement de vie. Trois conditions de ces établissements une hausse de gage risque d’augmenter la demande participent à définir une situation de la dépendance de leurs pensionnaires. d’institutionnalisation mais dans une handicap : l’état de santé, l’environne- C’est pourquoi la solution de la trans- proportion difficile à évaluer au vu des ment de la personne (aménagement formation en EHPAD s’est généralisée. évolutions sociales, démographiques et du logement, aide familiale ou recours environnementales qui sont en marche. à du personnel de service, accessibilité Une réponse pour quelle En effet, les améliorations des condi- du logement…) et la vie de couple (très demande ? un choix ? tions de vie et du domaine de la santé peu de couples vivent en EHPAD)18. peuvent faire encore reculer l’âge d’en- sous quels critères ? Dans l’agglomération brestoise, il existe trée en institut. De plus, la pauvreté des L’établissement médicalisé est donc une vingtaine d’EHPAD. La grande ma- femmes se réduit (puisque de plus en aujourd’hui la réponse largement for- jorité sont publics ou à but non lucratif plus de femmes retraitées aujourd’hui mulée façe à la perte d’autonomie des (gérés par des associations). Les per- ont eu une activité professionnelle seniors. Ces cinq dernières années, sonnes âgées occupent une chambre contrairement à la génération précé- environ une dizaine de foyers loge- d’environ 20 m² avec le plus souvent dente), ce qui peut jouer un rôle sur le ments ont été transformés en EHPAD. des salles de bain individuelles et des lits maintien à domicile. Par ailleurs, l’espé- Cette mutation a donné lieu à des « médicalisés. Le restaurant est toujours rance de vie des hommes rejoint celle drames psychologiques » pour les ré- collectif, des animations sont organisées des femmes, il y aurait donc davantage sidents encore autonomes. En effet, la grâce aux espaces communs (salles de de soutien des conjoints à l’avenir. Ce- transformation de leur logement en jeux, bibliothèque, …). Une dizaine d’éta- pendant, la hausse du nombre de di- chambre médicalisée, l’obligation de blissements ont une unité spécialisée vorces, l’éclatement géographique de la prendre leurs repas au restaurant et Alzheimer (CANTOU) souvent séparée famille peut restreindre le nombre d’ai- la cohabitation avec un public plus dé- des autres résidents car l’équipement et dants potentiels et donc accroître la de- pendant ont été mal vécus par ces per- les activités sont spécifiques. mande de places. Dans les prochaines sonnes. décennies, les revenus des retraités de- Une offre en foyers-logements existe vraient continuer à augmenter au vu de en parallèle, bien qu’ils soient moins Pour autant, les EHPAD répondent à une l’activité féminine et des évolutions plus nombreux que les EHPAD. Il s’agit de attente et une demande souvent ex- rapides des catégories professionnelles logements indépendants (et non pas primée dans l’urgence. Les personnes supérieures depuis les années 1970. Ce- d’une simple chambre) avec la possi- qui entrent dans ces établissements ont pendant, la succession des crises éco- bilité d’accès à des services collectifs souvent subi une rupture dans leur vie nomiques et la montée du chômage (restauration, blanchissage, activités : la perte de leur conjoint, une hospita- peut contrebalancer l’accroissement etc.). L’entrée au foyer-logement est lisation liée à une chute, l’impossibilité des niveaux de pensions des retraités. liée à des seuils plafonds de dépen- soudaine d’effectuer seul un acte de dance. Seul 10 % des résidents doivent la vie quotidienne… Par manque d’an- Définition des modes d’accueils 18- Gérard Bouvier, Liliane Lincot, Chantal 19- Il est un indicateur synthétique pour évaluer le niveau de dépendance global d’un établissement L’EHPAD est un mode d’hébergement Rebiscoul. Vivre à domicile ou en institution : (en multipliant le GIR de chaque patient par effets d’âge, de santé, mais aussi d’entourage un coefficient divisé par le nombre total de collectif médicalisé. Il s’adresse prin- familial. France, portrait social – Insee édition 2011 résidents). 8 │ OBSERVATOIRE DU VIEILLISSEMENT │ ÉTUDE SUR L'HABITAT DES SENIORS
01 - Synthèse documentaire et solutions possibles ticipation, la personne âgée intègre un nus des résidents modestes. D’après un marcher. Un isolement marqué serait établissement médicalisé sans y être rapport de l’IGAS22, le tarif d’héberge- facteur de trouble de santé. Le terrain préparée et ce choix se fait par défaut, ment varie de 36 à 81 euros par jour. Le qui bénéficie de jardin permet une ce qui rend plus difficile l’adaptation. Les montant de l’APA (pour les personnes mobilité hors du bâtiment. La plupart directeurs des EHPAD ont souligné ce GIR 5 et 6) varie de 3 à 7 euros jour- des établissements de Brest métropole phénomène et voient la différence avec naliers ; il reste donc au minimum 900 océane bénéficient de parcs, celui de des seniors qui s’y sont préparés en ap- euros mensuels à la charge du ré- Poul ar Bachet est considéré comme prochant la structure progressivement sident. Compte tenu des frais annexes, « magnifique ». Ces lieux permettent (en partageant quelques repas, partici- l’IGAS considère que « le montant de développer des animations : fermes pation à des activités, etc.)20. Bien sou- mensuel de 1 500 euros constitue une pédagogiques, potagers, serres, etc. vent, les EHPAD ne jouissent pas d’une sorte de minimum incompressible » Cependant ces espaces sont parfois bonne image et sont encore dans l’ima- et que le montant de 2 900 euros est peu adaptés aux besoins des seniors ginaire collectif assimilés à des « mou- très fréquemment observé en ville. Les (manque de bancs, d’un auvent,…) et roirs », ainsi on repousse l’échéance personnes âgées les plus précaires ont d’autres EHPAD n’ont pas d’espaces dans des limites parfois extrêmes. un choix limité d’établissements, d’au- verts faute de place. tant plus que le nombre de places est La volonté de ne plus vivre seul peut aus- Selon les responsables des résidences limité et que les listes d’attente peuvent si être une cause d’entrée en établisse- interrogés, le rayon investi est de 500 être longues, quel que soit le prix de ment d’accueil qu’il ne faut pas négliger. à 750 mètres selon l’autonomie et les l’établissement. Dans l’aggloméra- Mais pour ne pas rompre totalement ses durées de sorties sont courtes (de 1h tion brestoise, la charge moyenne des habitudes la notion de proximité est un à 1h30 environ), pour les commerces EHPAD publics ou privés à but non lu- critère essentiel. Entrer dans un EHPAD de proximité et les espaces verts prin- cratif va de 1 500 à 1 600 euros par mois dans le même quartier ou la même cipalement24. Ainsi, il est important de jusqu’à 2 000 à 2 800 euros pour le commune permet plus facilement de vérifier les défauts de la chaussée qui privé. Une « ségrégation résidentielle » rester en contact avec son réseau social peuvent décourager. Par exemple, il idéalement à limiter pour respecter le et évite ainsi les ruptures mal vécues. est nécessaire de traverser un grand projet de vie de chacun, d’autant plus parking de la résidence du Ponant que 66 % des CCAS (et 90 % des CCAS Une solution à la portée de des communes de plus de 30 000 ha- avant l’ascenseur qui permet d’aller tous ? bitants) ressentent une dégradation de au supermarché. Certaines structures sont placées sur des terrains pentus Les résultats de l’enquête handicap, la situation socio-économique des re- freinant les volontés de déplacement. invalidité et dépendance de l’Insee de traités23. Au-delà des déplacements à pied, peu 2001 montrent que la moitié des per- sonnes âgées vivant à domicile appar- L’établissement et la cité : utilisent les transports en commun même si les institutions sont desservies. tiennent à la catégorie socioprofes- quels liens possibles ? Le bus est trop brutal et monter et des- sionnelle des ouvriers et employés21. cendre peut s’avérer périlleux pour les L’ancrage dans la ville Le coût d’un EHPAD est très supérieur à personnes âgées. Par ailleurs, les sta- Certains sites ne jouissent pas d’une tions sont peu adaptées aux personnes celui de l’adaptation d’un logement. De bonne image au regard de leur envi- à mobilité réduite. Une offre de trans- plus, les nombreuses aides financières ronnement. Les sites d’implantation port dédiée aux personnes âgées se accordées par l’État pour les services sont parfois difficilement accessibles- développe pour les amener au marché à domicile ont largement favorisé le des centres urbains et des commerces, du quartier et une commission commu- maintien à domicile depuis plusieurs avec peu d’espaces verts. Un tiers des nautaire sur l’accessibilité s’est constituée années. Les EHPAD doivent être spé- EHPAD de l’agglomération brestoise est et a comme objectif de corriger ce pro- cialisés dans la grande dépendance mal situé, dans des quartiers pavillon- blème. et la maladie d’Alzheimer. Cependant, naires, loin des rues commerçantes : en France, les EHPAD représentent S’il est vrai que les résidents se déplacent Les Petits Pas à Guilers est localisé dans les trois-quarts de l’offre de logement rarement hors de l’établissement, il une zone artisanale et commerciale. pour personnes âgées en établisse- convient néanmoins de vérifier leur ment social ou médico-social. Pour ceux qui peuvent se déplacer, une connexion avec la cité pour faciliter les rue commerçante est une occasion de échanges. Le site idéal d’implantation La tarification des EHPAD est souvent très largement supérieure aux reve- est une denrée rare en zone urbanisée : cœur de quartier et espaces verts. 22- IGAS. Financement des soins dispensés 20- Mathilde ROUILLÉ, État des lieux de l’offre dans les établissements pour personnes âgées d’hébergement pour les personnes âgées à dépendantes (EHPAD) - Évaluation de l’option Brest métropole océane, Rapport de stage à la tarifaire dite globale. Octobre 2011 Direction de l’Habitat, Août 2011 23- Luc Broussy. L’adaptation de la société au 21- Marie-Eve Joël. « Les conditions de vie des vieillissement de sa population : France année 24- Mathilde ROUILLÉ, État des lieux de l’offre personnes âgées vivant à domicile d’après zéro ! Mission interministérielle sur l’adaptation d’hébergement pour les personnes âgées à l’enquête HID ». Revue française des affaires de la société française sur le vieillissement de sa Brest métropole océane, Rapport de stage à la sociales, 2003/1 no 1-2, p.1003-122. population. Janvier 2013 Direction de l’Habitat, Août 2011 OBSERVATOIRE DU VIEILLISSEMENT │ ÉTUDE SUR L'HABITAT DES SENIORS │ 9
01 - Synthèse documentaire et solutions possibles L’ancrage social • 76 logements, proposés pour moitié vu pour Brest métropole océane 49 à des retraités et pour l’autre moitié à places supplémentaires et 41 places ont Améliorer la connexion de l’établis- de jeunes couples ayant un enfant de été effectivement créées. sement avec la ville permettrait d’ac- moins de 5 ans. croître les liens sociaux entre les hé- Si Brest métropole océane est moins bergés et leurs proches. Les résidents concernée par le vieillissement de la Tous les locataires signent la charte : ont souvent des enfants seniors et des population que l’ensemble du dépar- amis de leurs âges. Un environnement BONJOUR VOISIN, véritable contrat tement, la gérontocroissance25 sera attractif et accessible augmenterait le moral qui incite les résidents à se té- conséquente. En 2020, 19 400 per- nombre et la diversité des visites. moigner respect et convivialité. Les appartements sont reliés entre eux par sonnes environ auront 75 ans et plus Par ailleurs, pour développer les rela- contre 14 500 aujourd’hui. Pour main- tions de l’institution avec l’extérieur, il un dispositif de téléphonie interne qui permet de joindre son voisin sans pas- tenir le taux d’équipement actuel il existe des expérimentations notam- faudrait créer 300 places supplémen- ment intergénérationnelles. La crèche ser par les télécom. taires. Bien sûr, ce calcul ne prend pas est liée à l’EHPAD Jacques Brel à Gui- Ces structures sont reliées entre elles en compte les évolutions sociodémo- pavas : personnes âgées et jeunes en- par l’espace Mosaïque, lieu d’anima- graphiques qui pourront jouer un rôle fants ont des activités communes (des- tion, d’écoute, de coordination, c’est sur les besoins de lits (amélioration de sin par exemple). aussi le creuset où se forgent les mani- l’état de santé, augmentation de l’es- L’espace intergénérationnel festations intergénérationnelles ». Saint-Apollinaire près de Dijon est pérance de vie, augmentation des di- vorces et remariages, etc.). composé de : Brest métropole océane • « une structure multi accueil (crèche, Par ailleurs, si la localisation dans la halte-garderie, relais assistantes ma- suffisamment couvert ? commune voire le quartier est un cri- ternelles), une salle de quartier et un On dénombre dans Brest métropole tère important pour les personnes restaurant scolaire. océane environ 2 800 places en établis- âgées, il semblerait que le quartier de • deux petites unités de vie pour des sements d’accueil. Il y a 16 places pour Saint-Pierre et la commune de Plou- personnes dépendantes, 6 personnes 100 habitants contre une moyenne zané pourraient manquer de places au souffrant de la maladie d’Alzheimer et départementale de 13,6. Pour suivre regard du nombre de personnes âgées 14 personnes âgées dépendantes phy- notamment les besoins en nombre de 50 à 59 ans aujourd’hui. siques, de places en établissement, le Conseil • un accueil de jour pour personnes général a mis en place un Schéma gé- 25- Augmentation du nombre de personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer rontologique (2008-2013). Il avait pré- âgées Les solutions intermédiaires La disparition des foyers logements a blic à faible perte d’autonomie étant peu répandu et peu reconnu. La faible amené une nouvelle offre. Y-a-t-il une donné que certaines personnes âgées rémunération est un frein au dévelop- réelle valeur ajoutée à ces modes al- s’institutionnalisent par sentiment de pement de ce dispositif, d’autant plus ternatifs ? solitude. Il permettrait en outre de fa- que des investissements d’adaptation ciliter la transition entre le domicile et du logement sont à prévoir pour obte- D’autres types d’accueil à l’établissement d’accueil. Cependant, il existe un risque de transformation en nir l’agrément d’accueil familial. envisager et développer places permanentes si les listes d’at- L’hébergement temporaire et l’accueil tente sont trop longues. L’habitat de jour sont encore peu représentés intergénérationnel dans l’agglomération brestoise. Seule- Autre type d’hébergement à dévelop- ment 6 résidences le proposent pour 70 per : l’accueil familial. Le senior est logé Des dispositifs d’habitat intergénéra- places. De plus, ce mode d’accueil est au domicile d’une personne agréée tionnel existent. « Tiss’âges » est une quasiment réservé aux personnes at- par le Conseil général et rémunérée action de l’association Iroise pour le teintes de troubles type Alzheimer pour logement et l’entraide (AILE). Il s’agit par les résidents (3 personnes maxi- y développer des aptitudes cognitives et de la mise à disposition d’une chambre mum). Elle s’engage à « garantir la sé- ménager des moments de répit. Mais le chez un sénior pour un étudiant en curité, le bien-être physique et moral ». échange de quelques services comme succès est limité et les taux de remplis- L’avantage ici est que le senior est inté- le partage des repas, l’initiation à l’in- sage sont faibles (au centre René Fortin gré dans une cellule familiale, un envi- formatique ou autre. La personne âgée il est de 65 %). ronnement plus facilement « rassurant se sent moins seule et l’étudiant n’a L’accueil de jour pourrait cibler un pu- et sécurisant ». Ce métier est encore pas de loyer à payer. Un dispositif « ga- 10 │ OBSERVATOIRE DU VIEILLISSEMENT │ ÉTUDE SUR L'HABITAT DES SENIORS
01 - Synthèse documentaire et solutions possibles gnant-gagnant » qui a cependant du toyenne. Elle a vocation à accueillir établissements sont privés, certains mal à se développer. uniquement des femmes. La maison services peuvent être supprimés s’ils des Babayagas de Montreuil comprend sont peu utilisés et peuvent accroître L’hébergement par la famille est de moins 25 logements dont 21 pour personnes les inégalités entre les résidents. en moins répandu, particulièrement dans âgées et 4 pour de moins de 30 ans. les villes bien qu’il soit encore existant en La grande limite de ces projets est L’association Béguinage d’Iroise, créée qu’aucune règle et aucun contrôle milieu rural. Il touche davantage les per- début 2013, souhaite élaborer un pro- n’existe. L’évolution des pertes d’au- sonnes modestes, principalement les ou- jet de « résidence seniors participative tonomie est notamment à surveiller vriers, employés ou les personnes n’ayant (RSP) correspondant à la définition de pour éviter le destin qu’ont connu les jamais travaillé. La cohabitation avec un des- l’habitat participatif de Brest métropole foyers-logements. cendant peut créer des conflits de norme et océane ; définir un programme, un modifications des règles d’autorité26. Il n’est maître d’ouvrage, l’intégration dans la Plus qu’un logement, des pas rare que le parent refuse ce mode d’hé- politique gérontologique du territoire ; espaces de vie adaptés bergement de peur de souffrir d’une inver- construire ou faire construire la rési- dence projetée ; gérer ou rechercher Dès les années 70, la ville de Guilers a sion des rôles avec son enfant. Nonobstant un partenaire pour assurer la gestion voulu rapprocher les anciens agricul- les avantages de ce mode d’hébergement teurs isolés en campagne et leur propo- de la résidence »27. (moins d’isolement, plus économique, pos- ser une solution au bourg. Armorique sibilité de garder les petits enfants…), il est Les Jardins d’Avalons est une résidence Habitat a alors construit entre 1974 et services qui propose 102 logements de- 1987 une vingtaine de T2 en format pa- utilisé 5 fois moins que le recours à l’EHPAD. puis 1990. Deux autres projets sont en villon aux normes de l’époque. En 1992, L'offre dédiée au seniors cours d’élaboration : la résidence « Le Brest métropole habitat (BMH) construit Petit Jardin » à Recouvrance qui est gé- ce même type de logement. En 2002, Des offres de colocation spécifiques aux rée par un promoteur privé et celle de l’immeuble Guer ar Pennec est érigé plus de 60 ans existent. L’association Saint-Martin sur l’îlot de Proudhon dans avec 11 logements adaptés. L’évolution Colocation Seniors existe à Nantes de- le cadre d’une ZAC. La première pro- des normes et des préférences rési- puis 2008 ou Parisolidaire depuis 2004. posera 81 logements du T1 au T3 vendus dentielles a cependant rendu le parc Une simple visite sur le site de coloc-se- à des opérateurs privés. La seconde obsolète. L’entretien du jardin est dif- nior.fr permet de se rendre compte de sera composée uniquement de loge- ficile pour les personnes et elles sont l’importance de la demande. Plusieurs ments sociaux (T1 à T3 également). Il plus attirées par des T3 (problème pour dizaines de pages recensent des cen- convient de préciser qu’un projet de ce les bailleurs sociaux qui ne réservent taines d’annonces pour la France en- type à Bellevue a été abandonné faute pas ce type d’habitat aux personnes tière. Avantages souvent mis en avant : de commercialisation. seules). Des T2 avec mezzanine seraient petit loyer et entraide, éviter la solitude. Au vu de son ancienneté, les dérives de la alors idéal. A Plougastel-Daoulas, BMH Les personnes indiquent également résidence Les Jardins d’Avalons peuvent a conduit la réalisation d’un immeuble leurs sorties et loisirs préférés. servir d’exemple. Une agence gère les de 17 T2 adaptés : ascenseur, volet rou- parties communes et assure la fonction lant, toilettes surélevées et douches ita- L’habitat intermédiaire : des logements de syndic pour un tarif de 200 euros par liennes avec sièges de douche. destinés à l’accueil des seniors mais qui sont considérés comme des domiciles mois par logement. Une association est La principale limite du logement adapté et ne relèvent pas d’établissement mé- responsable des repas collectifs, des ac- aux besoins des seniors est qu’il n’existe dicalisés (les foyers-logements, les ré- tivités et de l’utilisation des locaux com- pas de norme spécifique. Elles sont ins- sidences services, le logement adapté). muns. L’adhésion y est obligatoire et son pirées par ce qui a été prévu pour les Ce mode d’hébergement est en déclin prix est de 360 euros mensuels. La quali- personnes à mobilités réduites. depuis les années 1980 sous l’impulsion té de la résidence laisse à désirer compa- rée à celles de Rennes ou Quimper. Par Comme le quartier est reconnu comme du maintien à domicile et de la médica- ailleurs, les personnes peuvent y résider une échelle pertinente, les projets d’uni- lisation des structures. autant de temps qu’elles le souhaitent. Le tés de vie ou de « quartiers de seniors » Un projet de « Maison des Babayagas » personnel doit donc être vigilant sur l’état émergent. Des espaces urbains adaptés a vu le jour à Brest en 2008 mais ne de santé des personnes. L’ensemble de et proches des commerces, des services semble toujours pas concrétisé. Une ces éléments expliquent qu’environ 20 % de santé et dans le meilleur des cas d’un première « maison » a été inaugurée des logements soient vacants. EHPAD pour faciliter la transition. Atten- à Montreuil début 2013. Il s’agit d’une tion cependant à ne pas exclure les se- Pour ouvrir ce type d’habitat à des mé- niors du reste de la ville en leur dédiant résidence pour personnes âgées au- nages plus modestes, les résidences entièrement des secteurs. to-gérée, solidaire, écologique et ci- actuelles proposent des services à la carte. Mais comme la majorité de ces 26- Simone Pennec. « Manières d’habiter et transitions biographiques à la vieillesse » in Monique Membrado et Alice Rouyer (s.dir), 27- http://www.net1901.org/association/ Habiter et vieillir, Eres, 2012 BEGUINAGE-DIROISE,1080762.html OBSERVATOIRE DU VIEILLISSEMENT │ ÉTUDE SUR L'HABITAT DES SENIORS │ 11
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