Ombres blanches 131 programme sept./oct. 2017 - www.ombres-blanches.fr librairie en ligne
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
ombres blanches www.ombres-blanches.fr librairie en ligne à toulouse – librairie en ville 131 programme sept./oct. 2017 Manguin, Les Roches rouges.
suivez-nous sur la nouvelle application mobile réminiscences 3 vendredi 1er septembre/18 h mercredi 20 septembre/17 h jeudi 5 octobre/16 h 30 Souvenirs de la marée basse Lancement de Retour Arabe P. Thiellement, Dans le ventre Institut Cervantès/Cinespaña p. 37 de Hara Kiri p. 23 Rosa Montero p. 14-15 samedi 2 septembre/17 h mercredi 20 septembre/18 h 30 jeudi 5 octobre/17 h et 20 h 30 RENTRÉE Lecture Danielle Catala Nils Bouaziz, M. Lachaud P. Cabanel, Le protestantisme CHANTAL THOMAS LITTÉRAIRE La passe imaginaire de G. Réal Potemkine films p. 23 français p. 34 mercredi 27 septembre à 18 h Mensuel de la Librairie Ombres Blanches 50, rue Gambetta, 31000 Toulouse – Tél.: 05 34 45 53 33. E-mail : info@ombres-blanches.fr Internet : http://www.ombres-blanches.fr p. 8-9 jeudi 21 septembre/18 h jeudi 5 octobre/19 h Rencontre avec Chantal Thomas autour de la parution de son roman Souvenirs de la marée basse mercredi 6 septembre/12 h Frédéric Sounac J. Roubert, R. Nieto, 20 p. 17 (éditions du Seuil). Rencontre FLE p. 36 Tue-tête p. 8 vendredi 6 octobre/18 h 30 samedi 9 septembre/11 h vendredi 22 septembre/18 h Vernissage P. Marange p. 37 CHANTAL THOMAS est Insaisissable liberté le cap Ferret contre le cap Fer- Lecture Michel Baglin Aurélien Bory vendredi 6 octobre/17 h spécialiste du XVIIIe siècle, his- Nager. Nager pour fuir les rat, avec sa mer plus chaude, son Entre les lignes p. 16-17 L’espèce dans l’espace p. 18 Autour de Vélimir Khlebnikov torienne, essayiste, enseignante contraintes, pour échapper grand été. samedi 9 septembre/16 h vendredi 22 septembre/20 h 30 p. 16 dans de nombreuses universités aux vies imposées, aux destins Qu’a-t-elle légué à sa fille Chantal ? Dédicaces Sibylle Delacroix Anita Izcovich, La malédiction vendredi 6 octobre/18 h 30 américaines, notamment à Yale réduits. Nager pour inventer sa Quelque chose d’indomptable, p. 38 sur le sexe p. 31 Yves Ravey, Trois jours chez et Princeton, elle est directrice sensualité, préserver sa fantaisie. ou de discrètement insoumis, et samedi 9 septembre/18 h samedi 23 septembre/11 h ma tante p. 14 de recherche au CNRS et colla- C’est ce qu’a sans doute ressenti cette intuition que la nage, cette Forum CiEthétique EREMIP A. Bory, Georges Perec p. 19 samedi 7 octobre/10 h bore au Monde et à des produc- Jackie toute sa vie, commencée pratique qui ne laisse aucune p. 32-33 samedi 23 septembre/17 h 30 Atelier Poésie B.Ponet tions de Radio France. Elle a écrit en 1919 et menée selon une trace, est l’occasion d’une insai- lundi 11 septembre/17 h Marielle Macé samedi 7 octobre/11 h des essais sur Sade, Casanova et liberté secrète, obstinée, qui la fai- sissable liberté, comme lorsque Isy Morgensztern p. 36 Migrants en France p. 10-11 G. Bazalguette, La folie et Marie-Antoinette et est égale- sait, dans un âge bien avancé, par- jeune fille, au début des années mardi 12 septembre/18 h lundi 25 septembre/18 h la psychanalyse p. 30 ment l’auteur de récits plus per- courir des kilomètres pour aller 30, Jackie avait, en toute désin- Léonor de Récondo P. Larrouy, Pilhan, De quoi est-il samedi 7 octobre/11 h sonnels : La vie réelle des petites se baigner sur sa plage préférée, à volture, enchaîné quelques lon- Point Cardinal p. 5 devenu le nom ? p. 26-27 G. Aymon p. 38-39 filles (1995), Comment suppor- Villefranche-sur-Mer. Entre-temps, gueurs dans le Grand Canal du mercredi 13 septembre/15 h mardi 26 septembre/18 h samedi 7 octobre/14 h et 16 h ter sa liberté (1998), des romans elle s’était mariée, avait quitté château de Versailles sous l’œil Show Case Jean René F. X. Fauvelle, À la recherche Atelier dédicaces M. Bardos Les adieux à la reine (2002) et Lyon pour Arcachon, puis, deve- ahuri des jardiniers. n p. 38 du sauvage idéal p. 24 p. 39 L’échange des princesses (2013). nue jeune veuve, avait échangé mercredi 13 septembre/18 h mercredi 27 septembre/18 h samedi 7 octobre/17 h J.-P. Alaux, S. Vauclair Chantal Thomas, Souvenirs Mika Biermann, Roi. p. 10 Le soleil ne se cachera pas de la marée basse p. 3 lundi 9 octobre/16 h pour mourir p. 12-13 jeudi 28 septembre/18 h Antoine Compagnon Mise en pages : Petits Papiers,Toulouse Impression : Groupe reprint – Parchemins du midi jeudi 14 septembre/17 h 30 Lola Lafont Les chiffonniers de Paris p. 27 Tassadit Imache Mercy Mary, Patty p. 4 lundi 9 octobre/17 h 30 Des cœurs lents p. 4-5 vendredi 29 septembre/18 h Isy Morgensztern p. 36 jeudi 14 septembre/19 h J.-Ph. Toussaint mardi 10 octobre/18 h Christian Bernard, Le ciel Made in China p. 7 Serge Paugam, Ce que les riches devant soi p. 20 vendredi 29 septembre/20 h 30 pensent des pauvres p. 29 vendredi 15 septembre/17 h Les revues de psychanalyse mercredi 11 octobre/18 h J.-J. Groleau, P. Cadars p. 30-31 Patrick Deville, Taba-Taba p. 6 Ravel et Horowitz p. 36 samedi 30 septembre/14 h et 16 h jeudi 12 octobre/17 h vendredi 15 septembre/19 h Introduction à la culture sourde Ph. Guionie, « Une saison photo L. Schmitt, Le secret p. 32 p. 33 à Toulouse » p. 21 samedi 16 septembre/16h samedi 30 septembre/17 h 30 jeudi 12 octobre/18 h 30 Dédicaces Claire Garralon Sorj Chalandon F.-H. Désérable p. 38 Le jour d’avant p. 15 Un certain M. Piekielny p. 11 samedi 16 septembre/17 h 30 mardi 3 octobre/18 h vendredi 13 octobre/18 h Frédéric Pajak Christian Salmon Claudie Gallay Les cahiers dessinés p. 22 Le projet Blumkine p. 25 La beauté des jours p. 9 Edouard Manet, Femmes sur la plage. lundi 18 septembre/17 h 30 mercredi 4 octobre/12 h samedi 14 octobre/11 h Yves Le Pestipon p. 36 Rencontre FLE p. 36 Libraire d’un jour p. 39 mardi 19 septembre/18 h mecredi 4 octobre/18 h samedi 14 octobre/16 h Emmanuel Todd Polars du Sud, Sara Gran, J.-F. Muracciole, Histoire de Où en sommes nous ? p. 28 La ville des brumes p. 13 la collaboration p. 26 samedi 14 octobre/17 h 30 Les rencontres se tiennent dans la salle des débats de la librairie à l’exception de : Pascal Dessaint voyage à l’extérieur rayon jeunesse café littéraire BD Un homme doit mourir p. 12
4 il était une fois en amérique identité sexuelle 5 Mercy, Mary, Patty RENTRÉE Point cardinal RENTRÉE LOLA LAFON LITTÉRAIRE LÉONOR DE RÉCONDO LITTÉRAIRE jeudi 28 septembre à 18 h mardi 12 septembre 18 h Rencontre avec Lola Lafon autour de son roman Mercy, Mary, Patty (éditions Actes Sud). Rencontre avec Léonor de Récondo autour de la parution de son roman Point cardinal (éditions Sabine Wespieser). LOLA LAFON est écrivain et Trois femmes a exactement le même âge que musicienne, issue d’une famille aux En février 1974, Patricia Hearst, l’accusée et pressent que Patricia LÉONOR DE RÉCONDO est une femme se démaquille. Enlever origines franco-russo-polonaises, petite-fille du célèbre magnat de n’est pas vraiment la victime mani- né en 1976, vit à Paris. Violoniste sa perruque, sa robe de soie, rou- élevée à Sofia, Bucarest et Paris. Elle la presse William Randolph Hearst, pulée que décrivent ses avocats… baroque et écrivain, elle a obtenu ler ses bas sur ses chevilles : ses est l’auteur de trois romans publiés est enlevée contre rançon par Avec ce roman incandescent avec Amours, son précédent gestes ressemblent à un arrache- chez Flammarion : Une fièvre un groupuscule révolutionnaire sur la rencontre décisive de trois roman le prix des Libraires. Rêves ment. Bientôt, celle qui, à peine impossible à négocier (2003), De dont elle ne tarde pas à épouser femmes « kidnappées » par la réso- oubliés (2012), sur l’exil familial une heure auparavant, dansait à ça je me console (2007) et Nous la cause, à la stupéfaction générale nance d’un événement mémo- pendant la guerre d’Espagne, et corps perdu sera devenue mécon- sommes les oiseaux de la tempête de l’establishment qui s’empresse rable, Lola Lafon s’empare d’une Pietra viva (2013), qui évoque naissable. qui s’annonce (2011), désormais de conclure au lavage de cerveau. icône paradoxale de la « story » six mois de la vie de Michel-Ange, Laurent, en tenue de sport, a remis disponibles en Babel. En 2014 Actes Professeure invitée pour un an américaine pour tenter de saisir avaient déjà remporté un beau suc- de l’ordre dans sa voiture. Il s’ap- Sud publie La petite communiste dans une petite ville des Landes, ce point de chavirement où l’on cès. Avec ce nouveau livre, cette prête à rejoindre femme et enfants qui ne souriait jamais, qui reçoit l’Américaine Gene Neveva se tourne le dos à ses origines. Servi fois ancré dans le monde contem- pour le dîner. Avec Solange, ren- de la part des libraires comme de voit chargée de rédiger un rap- par une écriture incisive, Mercy, porain, Léonor de Récondo conti- contrée au lycée, la complicité a la presse, un accueil enthousiaste. port pour l’avocat de Patricia Mary, Patty s’attache à l’instant du nue d’interroger, avec la finesse été immédiate. Laurent s’est long- Man Ray, Nancy Cunard. Dans le domaine musical, Lola Hearst, dont le procès doit bientôt choix radical et aux procès au par- qui lui est coutumière, la vérité du temps abandonné à leur bonheur Lafon a aussi deux albums : Gran- s’ouvrir à San Francisco. Un volu- fum d’exorcisme qu’on fait subir à corps et le mystère de l’identité. calme. Sa vie bascule quand, à la dir à l’envers de rien (Label bleu/ mineux dossier sur l’affaire a été celles qui désertent la route pour faveur de trois jours solitaires, il se Harmonia Mundi, 2006) et Une confié à Gene. Pour le dépouiller, la rocaille. n Courage d’être soi travestit pour la première fois dans vie de voleuse (Harmonia Mundi, elle s’assure la collaboration d’une Sur le parking d’un supermarché, le foyer qu’ils ont bâti ensemble. À 2011). étudiante, la timide Violaine, qui dans une petite ville de province, son retour, Solange trouve un che- veu blond… Léonor de Récondo va alors suivre Des cœurs lents ses personnages sur le chemin RENTRÉE d’une transformation radicale. Car TASSADIT IMACHE LITTÉRAIRE la découverte de Solange conforte jeudi 14 septembre 17 h 30 Laurent dans sa certitude : il est Rencontre avec Tassadit Imache autour de la parution de son roman Des cœurs lents aux éditions Agone. une femme. Reste à convaincre ceux qu’il aime de l’accepter. TASSADIT IMACHE née en à l’origine, on vient de cette smala ceaux d’histoire qu’ils avaient La détermination de Laurent, le 1958 à Argenteuil, a publié deux improbable qui courait pieds nus cru pouvoir oublier, de la guerre désarroi de Solange, les réactions récits pour la jeunesse chez Syros sur le lino du living le dimanche d’Algérie à la première « affaire contrastées des enfants, Claire et Albin Michel et cinq romans, avec sarbacanes et lance-pierres, du voile » en 1989 en passant a treize ans, Thomas seize, dont Une fille sans histoire bouclés toute la journée à l’inté- par le départ soudain de leur l’incrédulité des collègues de (Calmann-Lévy, 1989), Presque rieur, à attendre le massacre de mère, qui les a laissés se débrouil- travail : l’écrivain accompagne au un frère (Actes sud, 2000) et Des Fort Alamo. Des visages blêmes ler seuls. Assignés à des identi- plus près de leurs émotions ceux nouvelles de Kora (Actes Sud, en lutte féroce contre le vide et la tés aussi floues qu’étouffantes, dont la vie est bouleversée. Avec 2009). désolation. Une tribu victorieuse sommés sans cesse de dire qui des phrases limpides et d’une « LA PROMENADE goudron- à un moment. » ils sont, réclamés par des clans, poignante justesse, elle trace le née serpente entre les pelouses François et Bianca, qui avaient positionnés de force le long d’une difficile parcours d’un être dont jusqu’au lac. Le manège doré n’est failli se perdre, se retrouvent ligne de front, ces cœurs lents, toute l’énergie est tendue vers la pas encore ouvert. À quelques autour de la mort de leur petit avides d’amour autant qu’ils s’en lumière. mètres de là, les petits chevaux frère, Tahir. Le long du lac où méfient, aspirent par-dessus tout Par-delà le sujet singulier du de bois à pédales attendent sage- ils ont passé une partie de leur à creuser, en individus libres, leur changement de sexe, Léonor de ment, alignés en rangs. Décor enfance et où Tahir s’était ins- propre sillon. n Récondo écrit un grand roman sur immuable pour une enfance de tallé, leurs errances font ressur- le courage d’être soi. n carte postale, songe Bianca. Nous, gir chez l’un et l’autre des mor-
6 archives familiales d e l a l et tr e à l ’i déogr am m e 7 Taba-Taba RENTRÉE Made in China RENTRÉE PATRICK DEVILLE LITTÉRAIRE JEAN-PHILIPPE TOUSSAINT LITTÉRAIRE mercredi 11 octobre à 18 h vendredi 29 septembre 18 h Rencontre avec Patrick Deville autour de son roman Taba-Taba paru aux éditions du Seuil. Rencontre avec Jean-Philippe Toussaint autour de la parution de son livre Made in China (éditions de Minuit). PATRICK DEVILLE dirige la d’envoyer son manuscrit. Il espère En 2004, Patrick Deville publiera Maison des écrivains étrangers aussi être reçu par Alain Robbe- Pura vida au Seuil, dans Fiction et JEAN-PHILIPPE TOUSSAINT ne savais encore quasiment rien et son attachement, sa fidélité, sa et traducteurs (MEET) de Saint- Grillet, réputé pour sa bienveil- Cie. Une deuxième vie d’écrivain est né en 1957 à Bruxelles. Il a de lui et de ses activités multiples, loyauté à l’œuvre de Robbe-Grillet, Nazaire et la revue du même nom. lance envers les jeunes écrivains. commence. La première reste à lire publié depuis 1985 quatorze à la fois éditeur, libraire, artiste, sont toujours demeurés exem- Grand voyageur et esprit cosmo- Quelques mois plus tard, Deville et à relire ouvrages aux éditions de Minuit commissaire d’exposition et pro- plaires. Le premier livre que Chen polite, il est l’auteur d’une dou- reçoit un coup de téléphone de Rappelons l’ensemble romanesque fesseur aux Beaux-Arts. Ce livre Tong ait publié en Chine, c’est Le zaine de romans, traduits dans de Jérôme Lindon. Le directeur des Grande fresque « Marie Madeleine Marguerite de est l’évocation de notre amitié Miroir qui revient. Il l’a édité à nombreuses langues, dont le très éditions de Minuit lui explique Au départ il y a un ensemble d’ar- Montalte » qui retrace quatre sai- et du tournage de mon film The ses frais au début des années 1990, remarqué Peste & Choléra (Seuil qu’il souhaite publier son premier chives familiales miraculeusement sons de la vie de Marie, créatrice Honey Dress au cœur de la Chine alors qu’il venait de finir ses études 2014). Les éditions du Seuil font roman dans l’année. La collabora- préservées au fil des guerres et de haute couture et compagne du d’aujourd’hui. Mais, même si c’est aux Beaux-Arts. Il a tout payé de paraître, en même temps que ce tion est lancée. Son deuxième livre des déménagements et retrouvées narrateur. le réel que je romance, il est indé- sa poche, l’achat des droits, la nouveau roman de Patrick Deville, paraîtra l’année suivante, en 1988. par l’auteur à la mort de sa tante niable que je romance. fabrication, les frais d’impression, une « suite Minuit », qui reprend en Deville qualifie ses premiers livres Simone. Ces documents viennent Mon éditeur chinois tout. Lorsque le livre est paru en un seul volume les cinq romans de « littérature expérimentale du nourrir un projet déjà ancien, celui Depuis le début des années 2000, La clé de sa vocation chinois, la maison d’édition lui en de l’auteur publiés aux éditions de xxe siècle ». «Au bout d’un moment, d’une grande fresque romanesque j’ai fait de nombreux voyages en « Chen Tong était aussi, et serait a donné quelques milliers d’exem- Minuit, entre 1987 et 2000. je me suis senti prisonnier de cette sur la France, des errements de Chine, je me suis rendu à Pékin, à de toute éternité, l’éditeur chinois plaires (il lui en reste d’ailleurs En 1987, Deville achève Cor- forme. Je cherchais un moyen Napoléon III aux attentats qui ont Shanghai, à Guangzhou, à Chang- de Robbe-Grillet. C’est peut-être quelques-uns, avis aux amateurs). don-Bleu, son premier roman. de pouvoir dire beaucoup plus ensanglanté récemment le pays, sha, à Nankin, à Kunming, à Lijiang. ce qui le caractérisait le plus fon- Il a mis beaucoup d’énergie pour Depuis quelques années, il est de choses et de jouer avec davan- en passant par la Grande Guerre Rien n’aurait été possible sans cièrement. C’était là la clé de sa éditer ce livre, il était encore jeune, enthousiasmé par la lecture de tage de formes littéraires. Je ne trou- et ses tranchées, puis par le Front Chen Tong, mon éditeur chinois. vocation d’éditeur. Chen Tong il avait moins de trente ans. » n Jean Echenoz. C’est donc chez le vais pas ce que je voulais créer en populaire, la Débâcle de juin 40, La première fois que j’ai rencontré est devenu éditeur pour pouvoir même éditeur (Minuit) qu’il décide librairie.» l’Occupation, la Résistance, le Ver- Chen Tong, en 1999, à Bruxelles, je publier Robbe-Grillet en chinois, cors, la Libération avec son flot d’illusions. Le roman commence à Mindin, en face de Saint-Nazaire, au début des années 1960, dans un lazaret devenu hôpital psychiatrique : un enfant souffreteux, dont le père est administrateur du lieu, se lie d’amitié avec un des internés, un grand Malgache qui, se balançant d’arrière en avant, répète sans cesse la même formule énigma- tique : Taba-Taba. À partir de là, Deville déroule le long ruban de l’Histoire, en variant le microscope et le macroscope. Car la France, ce n’est pas seulement l’hexagone : le narrateur se promène aussi autour de la planète, pour rappeler l’épo- pée coloniale, pionnière aussi avec des entreprises audacieuses (Canal de Suez, de Panama, etc.), mesurant ainsi l’état des relations avec le monde au fil du temps. n
8 apocalypse now contre l’habitude 9 Tue-Tête RENTRÉE La beauté des jours RENTRÉE FRÉDÉRIC SOUNAC LITTÉRAIRE CLAUDIE GALLAY LITTÉRAIRE jeudi 21 septembre à 18 h vendredi 13 octobre à 18 h Rencontre avec Frédéric Sounac autour de son roman Tue-Tête paru aux éditions Pierre-Guillaume Rencontre avec Claudie Gallay autour de son roman La beauté des jours (éditions Actes Sud). Roux. Rencontre animée par Murielle Plana, maître de conférences en études théâtrales à l’Université Toulouse Jean Jaurès. CLAUDIE GALLAY née en 1961, existence dans son travail, Jeanne sonnages qui l’accompagnent et la vit dans le Vaucluse. Elle est l’auteur a toujours gardé une photogra- poussent vers un accomplissement FRÉDÉRIC SOUNAC est maître Agnus Regni (Délit Éditions, 2009), par les trains-zéphir ultrarapides. d’une douzaine de romans publiés phie de sa célèbre performance de serein, Claudie Gallay compose un de Conférences en littérature et deux essais, Modèle musical et Conséquence directe de l’insé- aux éditions du Rouergue et chez Naples : comme un porte-bonheur, roman chaleureux et tendre sur la comparée à l’Université de Tou- composition romanesque (Clas- curité écologique, la corruption, Actes Sud, parmi lesquels Seule la promesse qu’il est possible de force libératrice de l’art,sur son pou- louse Jean-Jaurès, où il se consacre siques Garnier, 2014) et Une Sai- étroitement mêlée aux intérêts Venise (Le Rouergue, 2004), Les risquer une part de soi pour vivre voir apaisant et révélateur. Et sur la principalement à l’étude des rela- son à Belgais, autour de Maria politiques, bat son plein, symbo- Déferlantes (Le Rouergue, 2008, autrement. Quand Jeanne s’amuse à beauté de l’imprévisible. n tions entre littérature et musique. João Pires (Aedam musicae, 2015). lisée par l’alliance improbable adapté pour la télévision en 2013 suivre tel ou tel inconnu dans la rue Co-organisateur de nombreuses entre trois hommes : Alessan- par Eléonore Faucher) et Une part ou quand elle calcule le nombre de manifestations scientifiques dans Dégénérescence dro Born, le Grand Pensionnaire de ciel (Actes Sud, 2013). bougies soufflées depuis son pre- ce domaine, il est également auteur vocale d’Europack, Glenn Trippa. L’enjeu mier anniversaire, c’est à cet esprit de pièces de théâtre musical. Dans l’État futuriste d’Europack, du pouvoir ? La population mas- Beauté audacieux qu’elle pense. Surtout cet Rédacteur de programmes pour conçue comme une gigantesque culine qui, frappée de plein fouet de l’imprévisible été-là. Peut-être parce que, les filles l’Orchestre de Paris et la série branche d’ADN reliant les différents par le dérèglement climatique, Jeanne mène une vie rythmée par étant parties, la maison paraît vide ? « Grands Interprètes » de la Halle nucléo-Paris / Berlin Barcelone / souffre d’une pathologie incu- la douceur de l’habitude. Elle était Ou parce que sa meilleure amie, aux grains de Toulouse, il est depuis Naples, etc., l’apocalypse clima- rable : la dégénérescence vocale. jeune quand elle a épousé Rémy, ils qui s’est fait plaquer, lui rappelle 2001 un partenaire régulier de la tique a déjà éclaté. L’éventrement Un homme, un seul, défie cette ont eu des jumelles, sont heureux que rien ne dure ? Ou parce qu’elle pianiste Maria João Pires, à l’occa- définitif de la couche d’ozone a triste condition du sexe fort : Mel- ensemble et font des projets rai- recroise un homme qu’elle a aimé, sion de projets artistiques et péda- depuis longtemps sonné le glas chior Maluir, le chanteur lyrique, sonnables. Mais Jeanne aime aussi adolescente ? Jeanne se révèle plus gogiques au Portugal, en France et des ondes domestiques et du tra- surnommé « Tue-Tête » à cause le hasard, les surprises de l’inat- que jamais songeuse et fantasque, en Belgique. Il a publié un roman, fic aérien, peu à peu remplacé de sa voix d’or. « Dernier homme tendu. L’année du bac, un profes- prête à laisser les courants d’air chantant », Tue-Tête exerce sur seur lui avait fait découvrir l’artiste bousculer la quiétude des jours. les foules un pouvoir quasi serbe Marina Abramovic. Fascinée À travers la figure lumineuse de physique. n par cette femme qui engage son Jeanne et la constellation de per- La passe imaginaire – Grisélidis Réal DANIELLE CATALA samedi 2 septembre à 17 h Lecture des extraits du livre de Grisélidis Réal La passe imaginaire par Danielle Catala. Rencontre proposée par Arcinéfeel. DANIELLE CATALA fonde, en rage, crudité et tendresse. Au fil clients, ses rêveries de vieillesse, Marina Abramovic, Art Must Be Beautiful, vidéo (détail). 1967, la Cave-Poésie de Toulouse des lettres, l’autoportrait de cette ses amants imaginaires, ses coups avec son mari René Gouzenne, P… irrespectueuse met à jour les de gueule, ses imprécations contre dirige l’Équipe théâtrale Cave- autres femmes qui vivent en elle : Dieu, ses verres de royal-kadir, ses James Ensor, Les masques et la mort (détail). Poésie et crée la Compagnie la grande voyageuse, la lectrice maladies à répétition, ses usures. Théâtrale Midi-Pyrénées. éclectique, l’amoureuse passion- Même si Grisélidis se dit encore ŒUVRE MAÎTRESSE de Griséli- née, la sociologue amateur, l’al- prête à tout pour les hommes, dis Réal, La Passe imaginaire est le truiste libertaire et l’épicurienne prête à tout pour l’amour. Et fruit d’une correspondance entre- raffinée. surtout si elle rit de tout. Féro- tenue de l’été 1980 à l’hiver 1991 « Voici les lettres intimes que cement. Grisélidis a peut-être le avec Jean-Luc Hennig. Ce docu- j’ai reçues, en dix ans, d’une des bonheur de la désespérance. C’est ment sur la prostitution au quoti- femmes les plus rares que j’aie eu en tout cas sa dignité. » n dien dévoile le panorama secret de à connaître. Ces lettres racontent J.-L. H. la misère sexuelle masculine avec sa vie du jour et de la nuit, ses
10 rues de rome place de vilnius 11 Roi. RENTRÉE Un certain M. Piekielny RENTRÉE MIKA BIERMANN LITTÉRAIRE FRANÇOIS-HENRI DÉSÉRABLE LITTÉRAIRE samedi 7 octobre à 17 h jeudi 12 octobre à 18 h 30 Rencontre avec Mika Biermann autour de son roman Roi paru aux éditions Anacharsis. Rencontre avec François-Henri Désérable autour de son roman Un certain M. Piekielny paru aux éditions Gallimard. MIKA BIERMANN, originaire perdu dans son décorum fatigué. d’Allemagne, habite Marseille Sous le ciel bleu indifférent, la pein- F.-H. DÉSÉRABLE, né en 1987 à du Palais Fédéral de Berne à l’Élysée, cée. Un jour de mai, des hasards depuis 25 ans. Après avoir fait les ture des fresques s’écaille en silence, Amiens est écrivain, auteur de deux devant Charles de Gaulle et Vichi- m’ont jeté devant le n° 16 de la rue Beaux Arts à Berlin et Marseille, il la populace s’affaire par les ruelles romans aux éditions Gallimard nsky, devant les hauts dignitaires Grande-Pohulanka. J’ai décidé, ce s’achemine vers l’écriture. Il est au sol gras. Tu monteras ma tête au peuple et les bâtisseurs pour mille ans, je jour-là, de partir à la recherche d’un l’auteur des livres Les 30 jours On prépare le sable pour les jeux (2013) et Évariste (2015). n’ai jamais manqué de mention- certain M. Piekielny.» Sous la forme de Marseille (Climats, 1996), Ville dans l’arène. Rome exige l’abdica- ner l’existence du petit homme », d’une enquête, François-Henri Désé- propre (La Tangente, 2007), Un tion du petit roi maigrichon, ama- Mystérieux voisin raconte-t-il dans La promesse de rable part à la recherche de ce mys- Blanc (Anacharsis, 2013), Palais à teur de fruits juteux et bien arrondis. « Quand tu rencontreras de grands l’aube, son autobiographie roman- térieux voisin. n volonté (P.O.L, 2014), Mikki et le Un énigmatique gladiateur masqué personnages, des hommes impor- village miniature (P.O.L, 2015) et fait son apparition par intervalles. tants, promets-moi de leur dire : au Booming (Anacharsis, 2015). La reine mère agonise au fond de n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, son palais, pourrissant comme une à Wilno, habitait M. Piekielny… » Péplum rococo gloire inutile. Quand il fit la promesse à ce Beau comme l’antique. Turpidum, Matière et lumière, soleil et M. Piekielny, son voisin, qui ressem- la bien nommée, est la dernière cité pénombre. Des couleurs par giclées, blait à « une souris triste », Roman étrusque indépendante. Larth, son écrasées à la spatule. Du laurier, un Kacew était enfant. Devenu adulte, roi à peine sevré, se sent un peu cyprès, une olive, les mollets lui- résistant, diplomate, écrivain sous sants des légionnaires. Un péplum le nom de Romain Gary, il s’en est rococo, total, révolutionné, le Saty- toujours acquitté : « Des estrades de ricon de Mika Biermann. n l’ONU à l’Ambassade de Londres, Sidérer, considérer. Migrants en France, 2017 MARIELLE MACÉ samedi 23 septembre à 17 h 30 Rencontre avec Marielle Macé autour de son livre Sidérer, considérer. Migrants en France, 2017 paru aux éditions Verdier. MARIELLE MACÉ est cher- lification de la vie, à ses formes, aux migrants, cette humanité cheuse au CNRS et spécialiste et aux valeurs qui s’y affrontent. précarisée, avec tout ce qu’il peut de littérature française moderne. Elle est notamment l’auteur du avoir de paralysant, de sidérant ? Elle enseigne la littérature fran- Genre littéraire (Flammarion, S’appuyant sur diverses expé- çaise et la pensée littéraire à 2004), Le temps de l’essai (Belin, riences et sur une analyse nour- l’EHESS et à l’ENS. Sa recherche 2006) et Façon de lire, manières rie de ses lectures, Marielle Macé a successivement porté sur le d’être (Gallimard, 2011). tente d’opérer un retournement. genre de l’essai en France au Ses livres prennent la littérature Elle oppose à la sidération la XXe siècle (autour notamment pour alliée dans la compréhen- considération, qui n’exclut pas la de Gide, Valéry, Thibaudet, Paul- sion de la vie commune. Ils font compassion, ni la lutte. Tout en han, Sartre, ou Barthes), sur la des manières d’être et des façons approfondissant le sens de ce mot, mémoire littéraire et ses enjeux, de faire l’arène même de nos dis- elle nous invite à risquer d’autres sur les conduites de lecture et putes et de nos engagement. formes d’écriture politique de l’expérience esthétique, et sur QUE FAIRE DU MÉLANGE de l’hospitalité. n un renouveau de la pensée du colère et de mélancolie que sus- « style », élargie de l’art à la qua- cite en nous le traitement réservé
12 libellules marais en louisiane 13 Un homme doit mourir RENTRÉE La ville des brumes PASCAL DESSAINT LITTÉRAIRE SARA GRAN samedi 14 octobre à 17 h 30 mercredi 4 octobre à 18 h Rencontre avec Pascal Dessaint autour de son roman Un homme doit mourir (éditions Rivages). Rencontre avec Sara Gran autour de ses livres La ville des brumes et La ville des morts romans parus aux éditions du masque. La rencontre est organisée en lien avec le festival Toulouse Polars du Sud. PASCAL DESSAINT né à Dun- Son âme au diable Autrement dit, il a plus ou moins kerque s’installe à Toulouse en « Décider de tuer un homme vendu son âme au diable. Dans un SARA GRAN, née à New York en Vie passionnée une vraie singularité. Les portraits, 1984, ville où il situe les enquête n’est pas tout. Encore faut-il choi- paysage de mer, de dunes et de 1971,est l’auteur de Viens plus près « Si vous avez aimé les séries The complexes, d’adolescents livrés du capitaine de police Felix Dutrey. sir le moment favorable et surtout pins, qui ressemble à Hossegor, et Dope (disponibles en Points). La Wire (Sur écoute), Treme et True à eux-mêmes sont d’une grande Naturaliste et ornithologue pas- la bonne arme. À ce moment, la une maison futuriste et cossue se Ville des morts paru en 2015 était Detective,vous seriez fou de ne pas finesse et la peinture de cette ville sionné, il a consacré plusieurs question du courage reste secon- dresse. Son propriétaire a imposé la première des enquêtes de Claire vous jeter sur La Ville des morts. détruite où les morts règnent en romans noirs aux questions envi- daire, elle se posera bien assez cette construction dans une DeWitt, en cours d’adaptation à la C’est dans une Nouvelle-Orléans maîtres sur les ruines font de ce ronnementales, dont Mourir n’est tôt. » Boris, naturaliste, est expert nature sauvage, grâce au pouvoir télévision. dévastée par l’ouragan que Claire roman noir un des meilleurs de peut-être pas la pire des choses auprès des industriels qui veulent de son compte en banque. Dans DeWitt vient mener l’enquête sur ces derniers mois. » n (2003), Cruelles natures (2007), installer des projets controver- cette même contrée, un groupe Selon la police la disparition d’un homme. L’auto- Kim Dragon à propos Les derniers jours d’un homme sés dans certains territoires. Il industriel veut implanter une Paul Casablancas, ex-petit ami proclamée « meilleure détective de La ville des morts. (2010), et Le chemin s’arrêtera là s’arrange pour que ses rapports unité de stockage de matières musicien de la détective Claire du pays » fourre son nez un peu (2015) aux éditions Rivages. soient favorables aux projets. dangereuses. Pour les opposants, DeWitt, est retrouvé mort à San partout et si possible là où il ne c’est une Zone A Défendre, un Francisco, un cambriolage qui faut pas, carbure à quelques subs- conflit qui couve. Par ailleurs une aurait mal tourné selon la police. tances peu recommandables et menace rôde : celle d’une tem- Avec son nouvel assistant Claude, n’hésite pas à fricoter avec les pête qui va éclater et bouleverser Claire remonte des pistes, dont crapules pour les besoins de ses le paysage et les hommes. C’est celle de Tracy, sœur de Paul dispa- investigations. Ce personnage far- un roman noir plein de bruit et rue à New York dans les années felu, haut en couleur et quasi mys- de fureur. n 1980… tique porte le roman et lui donne Le Soleil ne se cachera pas pour mourir JEAN-PIERRE ALAUX, SYLVIE VAUCLAIR mercredi 13 septembre 18 h Rencontre avec Jean-Pierre Alaux et Sylvie Vauclair autour de leur roman Le Soleil ne se cachera pas pour mourir paru aux éditions Privat. JEAN-PIERRE ALAUX est l’au- Nouvelle Musique des sphères fabuleuse histoire du Pic du Midi. teur, avec Noël Balen, de la série (Odile Jacob, 2013) et Dialo- Soudain, une spectaculaire tem- oeno-policière Le Sang de la gues avec l’Univers (Odile Jacob, pête de neige les isole du monde vigne (Fayard), qui a fait l’objet 2015). en compagnie de touristes venus d’une adaptation sur France 3 AVEC LE SOLEIL ne se cachera admirer les étoiles. Explosions Odilon Redon, Ciel ouvert sur une lande (détail). avec Pierre Arditi. Il signe égale- pas pour mourir, il est question à répétition, disparitions sus- ment chez 10/18, les cinq volumes d’un huis clos au Pic du Midi pectes, l’énigme s’épaissit comme des Aventures de Séraphin Can- de Bigorre. Le héros, aussi attiré le manteau neigeux qui bientôt tarel. par les sports de glisse que par les ensevelira tout l’observatoire SYLVIE VAUCLAIR est astro- essaims d’étoiles peuplant l’Uni- pyrénéen. Pour oublier l’angoisse physicienne, professeur d’uni- vers, se lie d’amitié avec la célèbre et la tension qui s’installent, les versité, membre de l’Institut astrophysicienne Véronique Ver- personnages se laissent embar- universitaire de France. Parmi seau. Il l’embarque avec lui dans quer dans l’univers captivant de ses derniers ouvrages citons une véritable odyssée cosmique à l’astrophysicienne. n notamment La Terre, l’Espace et quelque 3 000 mètres d’altitude au-delà (Albin Michel, 2009), La dans l’idée d’écrire un livre sur la
14 en coup de vent coup de grisou 15 Trois jours chez ma tante RENTRÉE Le jour d’avant RENTRÉE YVES RAVEY LITTÉRAIRE SORJ CHALANDON LITTÉRAIRE vendredi 6 octobre à 18 h 30 samedi 30 septembre à 17 h 30 Rencontre avec Yves Ravey autour de son roman Trois jours chez ma tante paru aux éditions Rencontre avec Sorj Chalandon autour de la parution de son roman Le jour d’avant aux éditions de Minuit. La rencontre est organisée en lien avec le festival Toulouse Polars du Sud. Grasset. YVES RAVEY est né en 1953 Je lui ai demandé, si elle se souve- SORJ CHALANDON est jour- inquiéter la rue. Il n’avait ni casque mais le grondement d’un V8. Il à Besançon. Le premier roman nait de mon appel de l’aéroport, naliste et écrivain, membre de la ni gants. Sous son blouson de toile rugissait. J’étais Michel Delanet. d’Yves Ravey, La Table des singes, il y a une heure ou deux. Elle a presse judiciaire. Grand reporter grise, une chemise à fines rayures, En tête du circuit de Monaco, dans paraît aux Éditions Gallimard en dit, sans manifester davantage sa puis rédacteur en chef-adjoint au un col roulé, son écharpe noire. la chicane de Beau Rivage. Les 1989. Ce sera par la suite aux Édi- satisfaction de me revoir : Bien quotidien Libération de 1974 à J’ai fait démarrer le cyclomoteur. ruelles, les courettes, les maigres tions de Minuit que paraîtront la entendu, c’est évident, pourquoi 2007, il a couvert de nombreux Il s’est assis lourdement derrière jardins, les boyaux d’impasses, les plupart des écrits d’Yves Ravey. me poses-tu cette question ? Elle a conflits, des reportages qui lui ont moi. Et puis nous avons filé en briques à l’infini, les palissades, les Depuis le Bureau des illettrés en dit aussi qu’elle m’avait reconnu à valu le prestigieux prix Albert- direction de la mine. La tempête clôtures, les volets clos, tout réson- 1992, Yves Ravey confie à cet édi- mon pas quand j’étais entré dans Londres en 1988. Aujourd’hui, Sorj de Noël avait cessé mais le vent nait de notre puissance. » teur romans et pièces de théâtre la chambre. D’abord elle avait Chalandon a rejoint la rédaction du soufflait toujours en rafales. Le Suite au décès de son frère Joseph, avec une grande régularité. Héritier supposé que c’était son médecin, Canard Enchaîné. Il a publié ses sol était luisant de verglas. Je rou- mineur, à cause d’un coup de du roman noir, celui de Simenon, mais bien vite, elle avait compris. romans aux éditions Grasset, citons lais en évitant les écorchures de grisou survenu à la fosse Saint- de Manchette et de Dashiell Ham- J’ai ressenti dans cette remarque notamment : Le petit Bonzi (2005), pavés. Liévin dormait. Un cri au Amé à Liévin le 27 décembre mett. comme un vague reproche d’être Une promesse (2006), Mon traître loin, le klaxon d’une voiture qui 1974, Michel Flavent quitte le ici, alors que, pendant des années, (2008), Le quatrième mur (2013) prend congé. Les fenêtres étaient nord de la France pour Paris dans Méticulosité elle n’avait cessé par lettre de et plus récemment Profession du noires. Personne n’assistait à mon l’attente du moment propice virtuose réclamer ma présence. Je l’ai res- père (2015). triomphe. J’ai heurté légèrement pour venger cette mort. Quarante « Les romans d’Yves Ravey sont senti plus encore, quand elle m’a le trottoir, traversé une flaque ans après la catastrophe, veuf des mécaniques de haute pré- demandé pourquoi j’avais mis un Moment propice de pluie, osé un coup de klaxon. et sans attache, il rentre au pays cision. Des dispositifs savants et temps si long à revenir. » n « Mon frère a poussé la mobylette Les corons renvoyaient le bruit pour punir le dernier survivant, hypersensibles dont on ne se lasse jusqu’au carrefour, pour ne pas de notre engin. Ce n’était pas le un vieux contremaître, et enfin pas d’observer les subtils rouages, ronflement d’un moteur 2 temps, tourner la page. n admirant, à travers cet engrenage, la méticulosité virtuose avec Cycle un film, un auteur laquelle l’horloger en a sculpté les pièces avant de les assembler ROSA MONTERO À L’INSTITUT CERVANTÈS et de lancer sa délicate et impla- jeudi 5 octobre à partir de 16 h 30 cable machine. Car, qu’on ne s’y Rencontre avec Rosa Montero dans le cadre du Festival Cinespaña et en trompe pas, le destin toujours est collaboration avec le Salon du livre de Gaillac. à l’œuvre chez Ravey, imparable, impitoyable, et qu’ils le sachent ou Cycle un film, un auteur : Rosa 18 h 30 : rencontre avec Rosa feignent de l’ignorer, ses héros très Montero Montero. discrets n’y échapperont pas. » Nathalie Crom 16h30 : projection du film La Romancière et journaliste espa- hija del caníbal de Antonio Ser- gnole, Rosa Montero intégre rapi- Ça démarre rano. Espagne, 2003. Min. Avec dement la rédaction du journal très fort Cecilia Roth, Carlos Álvarez- espagnol El país, dont elle dirige « Ma tante a pris un verre d’eau Novoa, Kuno Becker. D’après le le supplément hebdomadaire en sur la tablette, et remué le liquide roman de Rosa Montero. 1980 puis y tient une chronique. En avec une cuillère. Le dépôt de 1983, elle publie son prmier roman particules blanches au fond du Les recherches de Lucia pour Te tratare como une reina qui est verre s’est agité en tourbillon- retrouver son mari disparu un succès immédiat. Huit autres nant. Elle a bu la moitié de cette prennent une tournure surpre- romans et plusieurs nouvelles préparation. Puis, j’ai demandé nante. Deux individus vont lui pour enfants confirment son talent des nouvelles, songeant que cela faire redécouvrir des sentiments d’écrivain. Elle a reçu de nombreux faisait vingt ans. Tout de même… qu’elle croyait disparus. prix littéraires pour ses œuvres. n
16 victoire sur le soleil confort des étranges 17 Velimir Khlebnikov – poète futuriste 20 YVAN MIGNOT – traducteur JACQUES ROUBERT, RICHARD NIETO vendredi 6 octobre à 17 h Jeudi 5 octobre à 19 h Rencontre autour de la parution des œuvres de Velimir Khlebnikov aux éditions Verdier, en présence Le Confort des Étranges présente : 20. Un portfolio composé de onze poèmes de Jacques Roubert d’Yvan Mignot, traducteur. et de neuf photographies de Richard Nieto. Lecture, dialogue avec les auteurs. La soirée sera suivie d’un verre et des salutations d’usage. YVAN MIGNOT ,é en 1942 à stellaire, qui dit les bruissements du entre Perse, Azerbaïdjan et Russie. Saint Pardoux la Croisille (Corrèze). monde,en cherche la structure pro- C’est sa période la plus féconde Vol sion d’un texte, qu’au demeurant, Agrégé de russe, il vit en Ardèche. fonde. Salué par Roman Jakobson, malgré la misère. La poésie en sera des bourdons par son architecture baroque, je Participation aux revues Action il est aussi admiré par les poètes à jamais bouleversée. En 1922, à la La Compagnie des jugeais inabordable. Poétique, Banana Split, Change, de sa génération, aussi différents suite d’une fièvre mal soignée, il Bourdons du Trône Intelligible certes mais à l’image du Europe, If, Petite et aux Comptoirs de lui que Mandelstam, Pasternak, mourra de gangrène dans un petit est un poème sym- vol des bourdons. de la nouvelle BS. Écrit en français Tsvetaeva, et fascine des peintres village de Russie profonde. phonique lu par Denis Il y avait cette gourmandise pour et en russe. comme Larionov ou Malevitch. Nous avons choisi de traduire Lavant et mis en les images et cette profusion de VÉLIMIR KHLEBNIKOV tous les textes de cette période, musique par Bertille sensations que je ne voulais/pou- (1885-1922), « président du globe Chemin de l’errance poèmes, lettres, textes en prose, Fraisse. Celle-ci a rendu vais en aucun cas arrêter. terrestre », le plus grand des poètes Un trait de plume d’aigle, piquant et de laisser faire le temps en les possible l’appréhen- Damiel, l’ange qui dans « les Ailes du russes, si grand qu’il « ne passe de porc-épic, branche de saule donnant à lire dans l’ordre chro- Désir » de Win Wenders s’éprend pas par n’importe quelle porte », trempée dans l’encre, Khlebnikov nologique, suivant les chemins de Marion la trapéziste m’a servi de a participé à la fondation du mou- écrit sur des feuilles volantes. Il de l’errance. L’édition est accom- traceur. vement futuriste, puis s’en est les glisse dans une légendaire pagnée d’un appareil critique et S’il ne renonce pas à son immor- écarté pour suivre un chemin de taie d’oreiller qui le suit dans ses d’une traduction du russe établi talité aucune des saveurs de l’exis- solitude. Novateur, il va au-delà du vagabondages. Parfois il y appuie par Yvan Mignot. La collection tence ne lui sera accordée. langage transmental des futuristes, sa tête pour dormir, parfois « Slovo » des éditions Verdier est Ici la configuration est inversée ; dynamitant le langage pour recréer il l’oublie, la perd, reprend sa dirigée par Hélène Châtelain et nos yeux vont vers les cieux, sup- un monde nouveau. Les mathéma- marche. Le volume rassemble les Catherine Perrel. n plique pour s’y rendre. tiques, l’ornithologie (la profession écrits de la taie d’oreiller, ceux des Damiel, chargé de l’âme du monde de son père), l’astronomie, la philo- quatre dernières années de sa vie, souhaite en descendre. sophie façonnent cette langue nou- années d’errance dans le feu de Le bourdon abandonne l’âme ani- velle, langue des oiseaux, poésie la guerre civile en Ukraine, puis male, il cherche la bien-aimée. Un présent qui s’absente Portfolio « 20 » est par sa forme plus libre. MICHEL BAGLIN, ANNE CAMERON, JEAN-MICHEL HERNANDEZ Le titre d’abord. Il correspond à samedi 9 septembre 11 h l’addition de onze poèmes épars Lecture-rencontre avec Michel Baglin à l’occasion de la réédition de son livre Entre les lignes (éd. Le Bruit et neuf photographies. des Autres) ainsi que de son dernier recueil de poésie Un présent qui s’absente (éd. Bruno Doucey). Le contenant est un portfolio afin Lecture par Anne Cameron et Jean-Michel Hernandez. de n’imposer aucune association et de laisser la plus grande liberté MICHEL BAGLIN vit à Toulouse cycles de lectures « La Parole Aux des territoires de l’enfance et possible au lecteur. depuis son adolescence. Journa- Textes ». Elle a pour projet de traînent derrière eux une lan- Ils battront les cartes souveraine- liste, il est aussi l’auteur d’une mettre en valeur l’œuvre littéraire terne rouge qui est la gardienne ment. L’ami Richard Nieto s’est trentaine de livres. Citons entre de Michel Baglin à l’occasion de des nostalgies. Voici donc le prêté au jeu. Ses images ont la Kazimir Malevich, Red Cavalry (détail). autres : Les Mains nues, Entre les la réédition de son magnifique chant des trains, celui minia- même unicité que les textes. Pre- lignes, Un présent qui s’absente, livre Entre les lignes (éditions ture et ludique du modélisme nez-en une, encadrez-la. Eaux troubles, Dieu se moque Le Bruit des Autres) ainsi que de ferroviaire, celui des grandes Ce format, volumineux pour les des lèche-bottes. Il anime égale- son dernier recueil de poésie Un personnes qui ne partent, en fin étagères, obligera les amateurs ment la revue en ligne « revue- présent qui s’absente (éditions de compte, jamais. Celui qui est à l’exhiber négligemment sur la texture.fr ». Bruno Doucey). aussi un des visages de la pas- table du salon. Leur reviendra le LA COMPAGNIE Autres Mots ENTRE LES LIGNES. Une dette sion du monde de l’écrivain, une soin de suggérer alors, sans trop porte la parole des écrivains est payée ici envers les trains. métaphore de l’écriture… n d’insistance, la fragilité de l’œuvre depuis dix-sept ans dans ses Autorail ou rapide, ils viennent malgré la qualité du papier... n
18 dans l’air et sur les planches espèce de fiction 19 L’espèce dans l’espace Georges Perec en lecture AURÉLIEN BORY PAR AURÉLIEN BORY vendredi 22 septembre à 18 h samedi 23 septembre à 11 h Rencontre avec Aurélien Bory autour de la parution du livre L’espèce dans l’espace aux éditions À l’occasion de la publication des œuvres de Georges Perec dans la collection La Pléiade, lectures Actes Sud. par Aurélien Bory, metteur en scène de la pièce Espæce présentée au festival d’Avignon en 2016. Dialogue autour de Perec. AURÉLIEN BORY, né en 1972, donnés à mes pièces, mais aussi tiel de la scène française, Aurélien est metteur en scène. Il fonde la dans la manière dont je pratique Bory présente son processus de GEORGES PEREC EN encore de le lire. Et le lecteur fera hélas. Il citait Butor, qui voyait la compagnie 111 en 2000 à Tou- le plateau. » création, de l’idée à la réalisation PLÉIADE. Notre « contempo- alors des sutures avec sa propre littérature comme un puzzle. Voilà louse. Il y développe un « théâtre Depuis les années 2000, les à travers un ouvrage dédié à l’es- rain capital posthume » : ainsi a-t- histoire. Pas question d’en pas- ce qui intéressait Perec : la pièce physique », singulier et hybride, à la recherches artistiques et les pace, enrichit et documenté de on qualifié Perec vingt ans après ser par l’oralité non plus pour le manquante. J’ai réalisé alors que, croisée de nombreuses disciplines créations d’Aurélien Bory boule- nombreuses photographies aussi sa mort. La formule n’est pas une dire. Je repense au prière d’insé- pour lui, l’écriture était l’espace. » (théâtre, cirque, danse, arts visuels, versent l’approche de l’espace. vives que ludiques. C’est sous la simple boutade, elle dit quelque rer que contient le livre : il est sur Le théâtre porte le geste maintes musique…). Son intérêt pour les L’espace dans son rapport à la forme d’un entretien avec Cathe- chose de la fortune de l’œuvre. une feuille volante. Il y a dans ce fois répété de réécrire par dessus sciences influence son esthétique. réalité du mouvement, du geste, rine Blondeau, directrice du Grand Celle-ci a laissé sa marque dans la « geste » une façon de s’insérer les traces. Le processus d’Espæce Les œuvres d’Aurélien Bory sont de l’idée, de l’architecture et de la T (théâtre de Loire-Atlantique) à culture populaire, ce qui n’est pas dans le monde, lâche Aurélien ressemblerait à cela, une superpo- animées par la question de l’es- géométrie. Artiste créateur essen- Nantes, qu’on le découvre. n banal. Mode d’emploi est utilisé Bory.Au-delà du texte, ce qui m’in- sition, un palimpseste. Qui rejoin- pace et s’appuient fortement sur à tout propos, et Je me souviens téresse c’est justement le Perec qui drait alors la dernière phrase du la scénographie. À l’automne 2015 est devenu une scie. Mais de tels n’est pas dans le monde, le Perec livre de Georges Perec : Écrire : la compagnie 111 s’installe au stéréotypes ne présagent pas tou- arpenteur. Il marchait beaucoup. Il essayer méticuleusement de rete- Théâtre de la Digue à Toulouse et jours la présence réelle des livres. a ainsi tenté d’habiter l’alphabet. nir quelque chose, de faire survivre préfigure un lieu de création dédié Son écriture, c’est déjà une géogra- quelque chose : arracher quelques aux arts de la scène. Ses spectacles Espæce phie. Il avait un projet sur douze bribes au vide qui se creuse, laisser sont présentés dans le monde « Il ne s’agit pas de raconter lieux à Paris qu’il aurait décrits quelque part un sillon, une trace, entier et cette reconnaissance Espèces d’espaces, le mieux c’est sur douze années. Il a abandonné, une marque ou quelques signes. n internationale débute avec Plan B (2003) et Plus ou moins l’infini (2005), marqués par la collabora- tion avec le metteur en scène Phil Soltanoff. Ses plus récentes pièces sont Espæce (2016), créée dans le cadre de la 70e édition du Festival d’Avignon, Azimut (2013), créée Les sept planches de la ruse, conception, scénographie, mise en scène d’Aurélien Bory. au Grand Théâtre de Provence à Aix en Provence, Plexus (2012) créée au Théâtre Vidy Lausanne, Géomé- trie de caoutchouc (2011) créée au Grand T à Nantes, et Sans objet (2009) créée au Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées. Processus de création « J’ai toujours perçu la beauté dans la géométrie. Savoir qu’on pouvait calculer la distance de la terre au soleil en mesurant les ombres portées à différents endroits de la terre me fascinait. Mon travail garde la trace de cette curiosité enfantine pour les sciences. Pas seulement dans les titres que j’ai
Vous pouvez aussi lire