Oscar et la dame Rose de Eric-Emmanuel Schmitt
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Oscar et la dame Rose de Eric-Emmanuel Schmitt Albin Michel, 2002 L'enfance, la maladie, la mort : en parler aux enfants ? Dans ce texte, l'auteur affronte le problème le plus difficile qui soit posé à l'homme : la mort, la conscience de la mort qui hante chacun de nous, dans notre incapacité à en supporter l'idée, à nous savoir mortels. Non content de cela, l'auteur donne ici à la mort une figure particulière, la plus insupportable qui soit : la mort d'un enfant. Peut-on imaginer idée plus révoltante pour la raison ? Car rien ne peut racheter la mort d'un enfant. La mort d'un enfant c'est l'inexplicable, c'est l'absurde, c'est le grand scandale pour la raison. C'est sans raison, c'est ce que la raison ne peut réduire, ne peut comprendre. La mort d'un enfant, c'est à jamais incompréhensible, insensé, négation absolue de tout sens possible. La mort d'un enfant, c'est un pur non-sens, un néant abyssal, devant lequel la raison s'engloutit, en proie au vertige. C'est un fait brut, brutal, sans rime ni raison, c'est la perte, la défaite, la ruine de la raison. Et puis, c'est aussi au-delà des larmes, au-delà de toute larme possible. La mort d'un enfant, c'est l'inconsolable, ce que nul ne saurait réparer, pas même Dieu. Voir mourir un enfant, c'est commencer à haïr Dieu. Et justement, le livre s'ouvre sur une lettre que l'enfant écrit à Dieu. Il est à l'hôpital des enfants malades. Il est atteint d'une leucémie. La mort est à l'œuvre et la médecine est impuissante. En un sens, il sait qu'il va mourir, il s'en doute. Mais personne n'est là pour le lui dire, tout le monde fait comme si de rien n'était. Et l'enfant se met à détester ses parents de ne pas oser lui confier la seule chose qui le soulagerait : tu vas mourir. Il faut dire qu'il y a dans cet hôpital des dames roses, qui sont là pour consoler les enfants malades. Celle qui s'occupe d'Oscar, c'est Mamie Rose. C'est une vieille femme, une ancienne catcheuse qui parle comme un charretier, mais qui croit fermement en Dieu, et qui sait aussi parler simplement des choses graves. Et quand Oscar lui dit : « Mamie Rose, j'ai l'impression que personne ne me dit que je vais mourir», Mamie Rose répond : « pourquoi veux-tu qu'on te le dise si tu le sais, Oscar. » Et elle ajoute qu'il pourrait écrire à Dieu, que lui écrire, ça pourrait le faire exister, et aussi que l'enfant pourrait lui demander une chose par jour : pas des cadeaux comme on demande au Père Noël, mais autre chose comme du courage, de la patience, des éclaircissements, bref, du sens, pour une vie qui n'en a plus aucun. À partir de là, chaque jour qui passe va prendre la forme d'une lettre que l'enfant adresse à Dieu. Mais un événement va précipiter les choses. Un jour l'enfant entend une conversation entre le médecin et les parents : tout a été médicalement tenté, en vain. Le médecin demande aux parents s'ils veulent embrasser leur fils ; mais ils fuient, une fois de plus, en disant qu'ils n'en auraient pas le courage. L'enfant comprend, et il se cache dans un placard. On le retrouve, on le ramène à sa chambre, il exige de voir Mamie Rose. Elle vient. Il lui dit qu'il veut qu'elle passe le voir chaque jour à partir d'aujourd'hui. Mais elle n'en a pas le droit. Oscar lui demande d'aller voir le docteur pour obtenir son autorisation. Elle revient en disant qu'elle a la permission de venir chaque jour pendant douze jours. Nous sommes le 19 décembre, douze jours nous séparent de la fin de l'année. L'enfant a compris : il lui reste douze jours à vivre. Et c'est là que Mamie Rose a une idée, la plus belle des idées, une sorte d'étincelle divine. « À partir d'aujourd'hui, tu observeras chaque jour en te disant que ce jour compte pour dix ans. » Autrement dit, durant ces douze jours, l'enfant va vivre une vie entière, une vie pleine de tout ce qui peut remplir une vie d'homme : l'adolescence, les premières amours, le mariage avec Peggy Blue, une autre petite malade de l'hôpital, la quarantaine, ce temps des amours mûres, la cinquantaine et les infidélités, et puis le début de la vieillesse, le temps de la fatigue et de la réflexion, le temps du bonheur assumé aussi, jusqu'à l'aube de ses 90 ans, à l'aube d'un jour gris de fin décembre, où Dieu le visite enfin et lui confie le secret : « Regarde chaque jour le monde comme si c'était la première fois ». Et puis l'ultime lettre qu'Oscar écrit à l'aube de ses 110 ans : « Cher Dieu, cent dix ans. Ça fait beaucoup. Je crois que je commence à mourir. » La dernière lettre sera celle que Mamie Rose adressera à Dieu, pour lui annoncer la mort de l'enfant. C'est là que le fond de l'histoire se révèle, et que la mort de cet enfant prend tout son sens. Tandis que Mamie Rose l'aide jour après jour à mourir, Oscar change la vie de Rose, lui fait découvrir qu'elle est douée pour réfléchir, pour accompagner, qu'elle détient en elle des trésors de générosité et d'amour. En route vers la mort, Oscar fait naître chez les autres des promesses de vie, des possibles insoupçonnés. Il a ce pouvoir de faire exister plus pleinement tous ceux qu'il aime et qui l'entourent. Y compris ses parents, avec lesquels il finira par se réconcilier avant de mourir. On le voit, le thème de la mort devient fécond, dans la mesure où il suscite une puissance d'exister, un regain d'amour et de vie autour de lui. D'une certaine façon, le scandale de la mort se dissipe un peu, lorsqu'il se tourne vers la vie, pour lui donner urgence et consistance…
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Les arts visuels : arts plastique, cinéma, photographie, design, arts numériques l’œuvre son titre l’auteur choix de l’œuvre La douleur Jacques-Louis Thème en relation avec la d'Andromaque, David (1748- mort. 1783 1825) La mort de Alessandro Cléopâtre, vers Turchi (1578 - 1640 1849) La mort de Luca Giordano Sénèque, vers (1632 - 1705) 1684 La mort Saint- Anonyme Innocent
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