Où en est la Fintech à la mi-2021 ? - Quelles conséquences pour les grands groupes de services financiers européens ?

La page est créée Delphine Camus
 
CONTINUER À LIRE
Où en est la Fintech à la mi-2021 ?
Quelles conséquences pour les grands groupes de services financiers
européens ?
Août 2021

Cette note est produite conjointement par les sociétés Alto Forte Consulting basée à San
Francisco et Monge conseil, spécialiste des services financiers basée à Paris. Nous confrontons
les entreprises européennes à l'écosystème d'innovation de la Silicon Valley/US pour ouvrir des
perspectives, rencontrer les Innovateurs et repenser leur stratégie et leurs partenariats avec les
Fintechs et autres parties prenantes.
La Fintech n’a pas été insensible aux perturbations induites par la crise sanitaire, mais elle a très
vite retrouvé une forte dynamique.
Un contexte mondial perturbé mais des facteurs propices
Bien que les entreprises de la Fintech soient nativement souples dans leur organisation et
innovantes dans leur mode de travail, elles ont tout de même subi un coup de frein dans leur
développement en 2020. Cela s’est traduit par une stabilisation des investissements entre 2019
et 2020 (44 milliards de USD au niveau mondial - Montant des investissements en private equity
dans des Fintechs - source : CB-Insights). Cette situation faisait suite toutefois à une inflexion des
montants investis entre 2018 et 2019 (moins 8%) et l’on pouvait se demander fin 2019 si des
doutes n’étaient pas en train de naître chez les investisseurs quant à la dynamique de croissance
des Fintechs.
Outre les contraintes liées à la crise sanitaire, les 18 derniers mois se sont caractérisés par :
   -   La persistance de liquidités abondantes sur le marché et donc d’investisseurs à la
       recherche de projets innovants ;
   -   Une multiplication des attaques de cyber criminalité entraînant des conséquences de plus
       en plus lourdes ; la lutte contre ce fléau devient une priorité tant au niveau des autorités
       publiques que des entreprises et les attentes sont fortes en termes de parades techniques
       à ces attaques ;
   -   Le développement de l’usage des crypto-actifs privés dans les échanges et la confirmation
       de projets institutionnels de crypto-monnaies.
Une forte dynamique des Fintechs dans le monde
Il résulte de ces conditions de marché une forte accélération des projets se traduisant par des
investissements massifs sur le premier semestre 2021. Les financements de private equity
atteignent le montant de 54,4 milliards de USD sur les six premiers mois de l’année, soit déjà 23%
de plus que sur l’année 2020 complète. Ces investissements se concentrent fortement sur des
projets déjà matures, puisque les opérations de plus de 100 millions de USD représentent 70%
des montants investis.
L’Amérique du Nord, et particulièrement la Sillicon Valley et New York continuent de représenter
la zone de développement majeure des Fintechs avec 55% des investissements recensés. Les
investissements dans la Fintech représentent un tiers des 150 milliards de USD injectés dans les
start-ups nord américaines au premier semestre 2021 (Source : Pitchbook ; cité dans Les Echos du 12 août
2021). Pour autant, l’Europe (incluant le UK) tient une place de choix avec 23% des
investissements, devant l’Asie (14%). Les investissements sur les Fintechs françaises représentent
1,5 milliards d’euros (Source des chiffres concernant l’Europe : Sifted), derrière la Suède (1,6) et
l’Allemagne (2,1). Le secteur des Fintechs est le plus financé parmi les « techs » en Europe et la
zone ne compte pas moins de 30 licornes. Ces sociétés attirent particulièrement les investisseurs
US et chinois. A noter par ailleurs la forte dynamique de l’Amérique du sud marquée par une

                                           // Page 1 //
croissance de 150% des investissements entre le premier et le second trimestre 2021 (2,5
milliards de USD au second trimestre).
Quels sont les technologies et les usages les plus prometteurs ?
Les développements qui s’appuient sur la blockchain connaissent un bond : ils sont financés à
hauteur de 7,2 milliards de USD au premier trimestre 2021 (plus de 400 opérations de
financement), soit une croissance de 157% par rapport à l’année 2020 complète. Les applications
de la blockchain se diversifient et se spécialisent. Citons :
   -   Le paiement interentreprises (Circle qui a levé 440 millions de USD)
   -   La matérialisation des avoirs en crypto monnaies par le biais de puces cryptées (Ledger,
       380 millions)
   -   Les outils de développement pour infrastructures blockchain (Black.One pour 300
       millions)
   -   Les prêts garantis par des avoirs en crypto-monnaies (Block Fi pour 350 millions)
   -   Les applications analysant la blockchain pour détecter les anomalies et fraudes sur les
       transactions de crypto actifs (Chainanalysis est valorisée à 2 milliards de USD)
Les applications de paiements prospèrent :
   -   Elles se développent en Amérique latine qui représente un fort potentiel (Ebanx, société
       brésilienne qui propose des paiements transfrontaliers dans la zone a levé 430 millions de
       USD, Clip au Mexique, 350 millions)
   -   Les solutions de lutte anti-fraude se multiplient et atteignent la taille critique (Forter et
       Signifyd ont levé respectivement 300 et 205 millions de USD)
   -   Plusieurs start-ups proposent des solutions de carte d’entreprise virtuelle et de gestion
       des frais.
Le paiement différé (Pay Now Buy Later ou PNBL) se généralise tant par des solutions techniques
généralistes (Jifiti propose des solutions de financement en marque blanche en mode plug and
play) que par des produits de niche (Maroo permet aux jeunes mariés d’étaler le coût de leur
mariage ; les systèmes d’avance sur salaire trouvent le succès dans les pays en développement
(Inde, Indonésie).
D’autres usages se traduisent par des projets déjà matures autour :
   -   De l’accès pour le grand public à des classes d’actifs non traditionnels
   -   De la gestion des comptes bancaires de segments spécifiques (parents divorcés,
       travailleurs étrangers non bancarisés, …)
Que donnent ces Fintechs au « moment de vérité » ?
Les introductions en bourse se sont multipliées ces derniers mois (Le développement des
véhicules de type SPAC (Special Purpose Acquisition Company) favorisant ces opérations). Elles
constituent un moment de vérité où la valeur de l’entreprise est soumise en direct à la loi du
marché. Ces opérations connaissent des fortunes diverses :

                                         // Page 2 //
-   La société américaine Flywire, introduite en bourse en mai 2021 maintient depuis son IPO
       un cours de bourse supérieur à son objectifs (autour de 30 USD pour un objectif de départ
       de 24 USD l’action) ;
   -   Le courtier grand public Robinhood introduit en bourse fin juillet reste légèrement en
       dessous de son cours d’introduction (35 USD pour 38 USD visés) et connaît de forte
       variations (Voir l’analyse de cette introduction en bourse dans les Echos datés du 29 juillet
       2021) ; des doutes s’expriment en effet sur la pérennité du modèle de cette entreprise
       basé sur de gros volumes avec une rentabilité faible ; notons que le courtier traditionnel
       Charles Schwab qui compte 15 fois moins de clients que Robinhood est valorisé plus de
       quatre fois plus que la jeune pousse (125 milliards de USD pour moins de 30 milliards) ;
   -   La plateforme de négociation de crypto monnaies Coinbase retrouve à peu près sa valeur
       d’introduction (soit 240 USD pour une valorisation de la société à 65 milliards de USD)
       après une envolée prometteuse du cours lors de son lancement (jusqu’à 340 USD).
Synthèse des principaux chiffres - Sources : CB-Insight, Sifted, hors estimation 2021

   Quelles conséquences pour les grands groupes de services financiers européens ?
   Plus que jamais, après 18 mois de crise sanitaire, la Fintech apparaît comme un élément clé
   de l’avenir des services financiers. Les montants investis par le private equity et les
   valorisations traduites dans les IPO dénotent un fort potentiel pour ces solutions fortement
   technologiques et innovantes. La blockchain semble en particulier franchir un cap dans la
   diversification de ses usages et dans la taille des Fintechs qu’elle génère.
   Si le risque n’est pas absent des projets de Fintech, la taille moyenne de ces projets augmente
   et ils commencent à concurrencer sérieusement certains métiers des groupes financiers plus
   traditionnels. Ces derniers gardent pour eux une forte rentabilité, et ils ont donc le choix entre
   plusieurs orientations stratégiques :
   -   Se positionner comme acquéreur sur le marché et miser sur des Fintechs prometteuses
       pour intégrer leur technologie et leur approche client ; cette option suppose une parfaite
       connaissance du marché pour sélectionner les bonnes cibles et fixer le bon prix ;

                                          // Page 3 //
-   Multiplier les partenariats avec les Fintechs pour étoffer l’offre et répondre aux attentes
       des clients ; cette approche limite les risques et les investissements, mais elle implique un
       partage de la valeur créée avec les Fintechs partenaires ;

   -   Investir massivement en interne dans la maîtrise des technologies et dans la
       transformation des business models ; une telle orientation permet de maîtriser l’ensemble
       de la chaîne de valeur, mais demande une très grande agilité dans les évolutions internes
       (compétences, technologies, modèles de production et de distribution, …).

Comme le montrent les chiffres cités plus haut, l’Europe devient progressivement une zone
d’activité importante pour la Fintech et constitue désormais un écosystème favorable à
l’innovation pour les grands groupes de services financiers. La Silicon Valley et New York restent
cependant les centres nerveux de l’innovation d’où émergent les grandes tendances et nombre
des acteurs clés de demain.

        Vincent Geneste                                        Remi Legrand
        + 1 415 988 2008                                       +33 6 80 41 10 12
        vincent@altoforte.consulting                           remi.legrand@mongeconseil.fr
        www.altoforte.consulting                               www.mongeconseil.fr

        San Francisco                                          Paris

                                         // Page 4 //
Vous pouvez aussi lire