Overdose et crise du fentanyl : quels défis et - Modus Vivendi

La page est créée Mathieu Georges
 
CONTINUER À LIRE
Overdose et crise du fentanyl : quels défis et - Modus Vivendi
« Overdose et crise du fentanyl : quels défis et
                quelles solutions ? »
      Synthèse du petit déjeuner de la Réduction des Risques
     organisé par Modus Vivendi le mercredi 6 décembre 2017
> Nicolas Van der Linden

INTRODUCTION
> Nicolas Van der Linden
Le dernier rapport de l’EMCDDA a mis en évidence que le nombre de morts par overdose (OD)
en Europe a augmenté entre 2012 et 2015 pour atteindre 7.5851. Les opioïdes en général, et le
fentanyl en particulier, sont impliqués dans environ 80% des décès. Aux Etats-Unis, la forte
hausse du nombre de morts par OD observée ces deux dernières années (+ 21% en 2016)2 a été
mise en cause dans le recul, pour la deuxième année consécutive, de l’espérance de vie 3.
Plusieurs solutions ont été proposées pour faire face à ce que qu’il est convenu d’appeler la
« crise des opioïdes » : le développement de l’accès à la naxolone, aux salles de consommation
et à des lieux d’analyses de produits, etc. Une littérature encore embryonnaire atteste par ailleurs
de leur efficacité4. Malheureusement, dans le contexte belge, l’application de ces solutions est
mise à mal par la loi drogues de 1921 et l’arrêté royal du 6 septembre 2017.

1
  European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction (2017), European Drug Report 2017: Trends and
Developments. Publications Office of the European Union: Luxembourg.
2
  Le fentanyl était impliqué dans environ 20.000 des 64.000 milles cas d’overdoses mortelles recensés en 2016
(National Institute on Drug Abuse (septembre 2017). Overdose death rates. Accessible à
https://www.drugabuse.gov/related-topics/trends-statistics/overdose-death-rates).
3
  Bernstein, L. et Ingraham, C. (21 décembre 2017). Fueled by drug crisis, U.S. life expectancy declines for a
second straight year. The Washington Post. Accessible à https://www.washingtonpost.com/national/health-
science/fueled-by-drug-crisis-us-life-expectancy-declines-for-a-second-straight-year/2017/12/20/2e3f8dea-e596-
11e7-ab50-621fe0588340_story.html?utm_term=.0c3a83a4d288.
4
  E.g., McClellan, C., Lambdin, B. H., Ali, M. M., Mutter, R., Davis, C., Wheeler, E., Pemberton, M., Kral, A. H.
(2018). Opioid-overdose laws association with opioid use and overdose mortality. Addictive Behaviors.
doi:10.1016/j.addbeh.2018.03.014. Un résumé de cet article est proposé sur la page suivante : http://modusvivendi-
be.org/article339?ct=t(Breves_de_Comptoir_N_102_01_2018).
Suite à ces évolutions récentes en matière d’usage de drogues et de législation, il nous a semblé
nécessaire de nourrir la réflexion sur l’organisation de nos pratiques et de nos systèmes de soin
de santé. Quatre expert.e.s ont été invité.e.s à partager leurs connaissances, leurs expériences et
leurs avis sur la question :
       Charlotte Lonfils, coordinatrice support méthodologique, asbl Modus Vivendi ;
       Lies Gremeaux, responsable du programme Epidémiologie des drogues Belgique,
        Institut de Santé Publique ;
       Anton Van Dijck, collaborateur scientifique, Hogeschool Gent, et bénévole, Free
        Clinic ;
       Laurent Maisse, coordinateur de missions, asbl Transit.
La synthèse qui suit reprend le contenu de leurs présentations et les réactions du public (reprises
dans des encadrés en fonds bleu foncé).
RÉDUIRE LE NOMBRE DE DÉCÈS DUS AUX OVERDOSES AUX OPIOÏDES :
PROPOSITION DE PLAN D’ACTION
> Charlotte Lonfils
L’intervention commence par une présentation des risques d’OD. Toutes choses étant égales
par ailleurs, ces risques sont augmentés en cas de mélange, après une période d’abstinence,
quand le mode de consommation est l’injection et en cas de manque d’accès à des traitements
de substitution.
Deux axes d’intervention complémentaires sont distingués. D’un côté, on peut réduire les
risques d’apparition des OD. De l’autre, on peut augmenter les chances de survie en cas d’OD.
Une série d’évidences et de recommandations fournies par l’EMCDDA et l’OMS sont
rappelées :
       Un traitement de substitution aux opiacés (TSO) et la présence d’une salle de
        consommation réduisent les risques d’OD (mortelle) ;
       L’administration de naloxone par voie nasale est efficace et permet de maintenir une
        personne faisant une OD d’opiacé en vie jusqu’à l’arrivée des secours ;
       Des interventions d’éducation et de formation à l’utilisation de naloxone associées à la
        distribution de la naloxone (à domicile) réduisent les risques de décès ;
       …5

    - Il est connu que la tolérance varie en fonction du contexte. Il est dès lors
    étonnant que le contexte ne soit pas pris en compte dans les recommandations.
    Cela mérite effectivement approfondissement mais un avantage des recommandations, c’est
    la globalité de l’approche sur laquelle elles sont fondées.

Une parenthèse est faite à propos de la naloxone. Il s’agit d’un médicament qui est le principal
antagoniste des récepteurs opioïdes. Le mode de fonctionnement de la naloxone est illustré en
prenant l’exemple du vaporisateur nasal NARCANMC. Ce vaporisateur contient une dose de 4

5
  European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction (2017), Health and social responses to drug
problems: a European guide. Publications Office of the European Union: Luxembourg.
mg de naloxone. Quand les molécules de naloxone arrivent dans le cerveau, elles s’attachent
aux récepteurs avec plus d’affinités que la plupart des molécules d’opioïdes. En déplaçant ainsi
les molécules d’opioïdes, la naloxone inverse rapidement leurs effets potentiellement mortels,
en particulier la dépression respiratoire. Cependant, la durée d’action de la naloxone est plus
courte que celle des opioïdes. Il est donc nécessaire d’administrer plusieurs doses à une
personne faisant une OD jusqu’à ce que les secours arrivent.
Le plan overdose est présenté. Ce plan est né d’un double constat : nous n’avons actuellement
pas les moyens de gérer correctement les OD en Belgique, ni de faire face à une possible crise
liée à la consommation d’opioïdes de synthèse. Prenant acte de cette réalité, le plan propose
trois actions :
   1. Monitorer le phénomène
       Il faut monitorer le phénomène selon deux axes. D’un côté, il faut améliorer le
       monitoring des cas d’OD (mortelle ou non), que ce soit via le système d’alertes précoces
       ou via la sensibilisation des services d’urgence. De l’autre, il faut améliorer le
       monitoring des produits en circulation en Belgique. Pour ce faire, plusieurs pistes sont
       proposées : suivre les chats de consommateur.rice.s, ajouter un item à ce sujet dans le
       système des « tendances émergentes » d’Eurotox, ouvrir le testing aux usager.ère.s (UD)
       des comptoirs et des centres bas seuil, etc.

 - Il serait souhaitable que le testing soit accessible au plus grand nombre,
 en mettant en place des laboratoires mobiles, par exemple.
 - Autre remarque du public et de Lies Gremeaux : lorsqu’ils saisissent des drogues, les
 services de police se contentent souvent de tests colorimétriques. Les kits de dépistage
 utilisant la spectroscopie par infrarouge permettraient de lutter contre la perte d’information
 subie quand on se contente de tests colorimétriques.

   2. Donner des moyens
       Plusieurs pistes sont ici aussi dégagées. Premièrement, rendre la naloxone plus
       accessible et ceci de trois façons différentes : en augmentant la disponibilité de la
       naloxone dans les services de soin, en garantissant l’accès à la naloxone sans ordonnance
       et en mettant en place un programme de naloxone à domicile. Deuxièmement, en offrant
       une protection juridique aux personnes faisant une OD et aux témoins d’une OD
       appelant le 112 pour obtenir de l’aide (aussi appelés bons samaritains secourant les
       victimes d’OD dans le contexte canadien). Troisièmement, ouvrir des salles de
       consommation. Quatrièmement, en améliorant l’accès aux TSO.

 Il faudrait également sensibiliser les forces de l’ordre afin qu’elles s’oc-
 cupent prioritairement de la personne faisant une OD.
   3. Sensibiliser, former, outiller les professionnels
       Toute une série d’acteurs devraient être sensibilisés à différents aspects de la
       problématique :
       -   Les services d’urgence et de soins intensifs, de même que les services d’incendie
           devraient être sensibilisés à la problématique de sorte qu’ils puissent mieux prendre
en charge les OD impliquant du fentanyl ou des opioïdes de synthèse, et mieux
            signaler ces cas aux services de monitoring ;
        -   Les établissements pénitentiaires devraient être mieux sensibilisés aux risques d’OD
            lors des sorties ou des congés pénitentiaires ;
        -   Les centres de cure devraient être mieux sensibilisés au risque d’OD accru après une
            période d’abstinence (en cas de rechute) ;
        -   Les travailleur.euse.s santé/social en contact avec des UD devraient être
            sensibilisé.e.s à la problématique. Ils.Elles devraient également être formé.e.s aux
            gestes spécifiques de 1ers secours et à l’utilisation de la naloxone ;
        -   …
    4. Sensibiliser, former, outiller les UD et leur entourage
        Le plan propose de former les UD, leurs pairs et leur entourage aux gestes de 1ers secours
        et à l’appel du 112 en cas d’OD. Pour peu que la naloxone soit rendue accessible, il
        faudrait former ces mêmes personnes à son utilisation. Il faudrait aussi travailler avec
        les groupes d’auto-support virtuels tels que www.psychonaut.fr et ceci plus
        spécifiquement au sujet des opioïdes de synthèse.
    5. Sensibiliser le grand public
        Ici, deux actions spécifiques sont proposées. D’abord, et si le phénomène se confirme
        en Belgique, une grande campagne de sensibilisation sur les risques d’OD devrait être
        lancée. Ensuite, il conviendrait de former tous les nouveaux.elles conducteur.rice.s aux
        gestes de 1ers secours, comme cela se fait déjà dans d’autres pays comme la Suisse.

 - Que sait-on du taux de pénétration du fentanyl en Belgique ?
 Réponse d’autres membres du public et notamment d’Anton Van Dijck :
 le fentanyl est présent à Anvers mais surtout sous la forme d’adhésif, pas trop
 sous la forme de poudre.
 La Belgique est un pays producteur - la moitié de la production mondiale viendrait de la
 Belgique – et de transit.

NOUVELLES DROGUES DE SYNTHÈSE ET DÉVELOPPEMENTS LÉGISLATIFS
RÉCENTS
> Lies Gremeaux
Les décès par OD augmentent pour la 3ème année consécutive en Europe mais pas en Belgique.
L’attention est attirée sur le fait qu’il est difficile de faire des estimations pour la Belgique. Il y
a un véritable problème dans le monitoring (signalement et suivi) qui est fort probablement à
l’origine d’une sous-estimation de la problématique.
Chaque année, il y a une centaine de NPS détectés en Belgique. Si ce chiffre a fortement
augmenté jusqu’en 2015, il stagne depuis. Environ 90% des NPS détectés l’ont été par des tests
réalisés en laboratoire. Il est d’ailleurs difficile de détecter les NPS dans des fluides comme le
sang ou l’urine. Sur base des données disponibles, la consommation estimée du fentanyl en
Belgique est faible. Par comparaison, 60% des nouveaux opioïdes de synthèse saisis en Europe
en 2015 étaient composé de fentanyl.

    - Une autre difficulté qui n’est pas sans conséquence sur le monitoring est
    le fait qu’il n’existe pas de système de recueil d’information homogène sur le
    territoire belge.
    - Infor-Drogues a reçu entre 30 et 40 appels téléphoniques au sujet du fentanyl. Beaucoup
    plus d’appels sont reçus au sujet du crystal meth.

Les NPS posent des défis majeurs en termes de santé publique. Les décès par OD aux NPS
survenus en Belgique et rapportés dans la littérature scientifique sont passés en revue. Des décès
par OD suite à une consommation de fentanyl ou d’analogues du fentanyl (e.g., acrylfentanyl,
ocfentanyl) ont été rapportés à partir de 20156. Les produits prenaient la forme de patchs ou de
poudre et les modes de consommation comprenaient le sniff et l’injection. Dans la plupart des
cas, les victimes n’étaient pas connues comme étant des consommateur.rice.s et les produits
consommés avaient été achetés sur Internet. Dans un cas, le produit était mal étiqueté, ce qui
suggère que la victime ne savait pas ce qu’elle consommait.
Un problème majeur posé par le fentanyl est sa puissance. Il est jusqu’à 50 et 100 fois plus
puissant que, respectivement, l’héroïne et la morphine. De petits volumes suffisent pour
produire et vendre une grande quantité de doses en rue. Par ailleurs, la forme que prend le
fentanyl est très variable. Ces facteurs rendent le fentanyl facile à dissimiler et transporter,
compliquant d’autant plus le travail des agences de contrôle des drogues. Enfin, le fentanyl
présente aussi un risque sérieux d’intoxication accidentelle, notamment pour l’entourage des
UD, car il s’absorbe également par la peau et par inhalation.

    - Dans quels pays le taux de pénétration du fentanyl est-il (plus) élevé ?
    L’Estonie connait une véritable épidémie de fentanyl qui peut être expliqué,
    du moins en partie, par les caractéristiques du marché local de drogue (i.e., prix et qualité des
    drogues « traditionnelles » comme l’héroïne ou la cocaïne).
    - Afin de pallier aux manquements du système actuel de monitoring, l’analyse des eaux usées
    pourrait être utilisée.
    - L’Institut de Santé Publique (ISP) a-t-il le droit de tester chaque produit saisi par la police ?
    Non, c’est l'Institut National de Criminalistique et de Criminologie qui fait l’analyse et
    uniquement suite à une demande du juge. Par contre, en ce qui concerne les saisies de la
    douane, la réponse est oui. Lies Gremeaux pense par ailleurs que les dispositifs portatifs de
    dépistage constituent une piste intéressante.

Les impacts juridiques et sociaux de la nouvelle législation en matière de drogues sont discutés7.

6
  E.g., Coopman, V., Cordonnier, J., De Leeuw, M., Cirimele, V. (2016) Ocfentanil overdose fatality in the
recreational drug scene. Forensic Science International, 266, 469–473.
7
  Nous renvoyons les personnes intéressées par l’aspect législatif à la journée d’étude « Drugs in Brussels 2018 »
organisée par la Fedito et, en particulier, à l’intervention de Christophe Marchand (voir
https://feditobxl.be/fr/2018/03/retour-sur-la-journee-detude-drugs-in-brussels-2018).
Un arrêté royal réglementant les substances stupéfiantes, psychotropes et soporifiques a été
publié le 6 septembre 2017. Les lignes de force de cet AR sont les suivantes : d’un côté, un
cadre législatif pour la gamma-Butyrolactone (GBL) et le butane-1,4-diol (1,4-BD) ; de l’autre,
la classification des substances stupéfiantes, psychotropes et soporifiques sur la base de leur
structure chimique de base. Auparavant, ces substances étaient simplement listées dans la
législation. Or, la liste ainsi constituée était vite dépassée car les trafiquants parvenaient à
contourner la législation en apportant de légères modifications à ces substances. Avec le nouvel
AR, ces substances modifiées tomberont également sous le coup de la loi dans la mesure où
elles partagent la même structure chimique de base que leurs parentes non modifiées.
Pour les particuliers, il sera dorénavant plus difficile de se procurer certains produits
psychotropes. Par contre, les douanes, les services police et de justice pourront agir plus
rapidement et plus efficacement quand confrontés à de nouvelles substances psychoactives.
Enfin, l’AR va permettre à la Belgique de fournir une aide d’urgence plus efficace sous la forme
de médicaments qui tombent sous la lois des substances psychotropes et soporifiques à des
régions victimes de catastrophes naturelles ou en guerre.
Le nouvel arrêté royal intègre déjà toute une série de drogues qui pourraient être mises sur le
marché à l’avenir, ce qui réduit de façon drastique le besoin de mettre à jour la législation. Sur
un versant moins positif, l’AR risque de manquer de clarté pour les magistrats et les officiers
du ministère de la justice, et il ne règle pas le problème des NPS à la structure chimique de base
différente des groupes de substances psychoactives (e.g., amphétamine) repris dans la loi.
Une régulation et une directive européennes publiées en novembre 2017 sont présentées. La
régulation (EU) 2017/2101 enjoint notamment les états membres à améliorer l’échange
d’information entre leur point focal national et l’EMCDDA au sujet des NPS et actualise les
procédures d’évaluation des risques.
La directive (EU) 2017/2103 quant à elle inclut notamment les NPS dans la définition du terme
drogue.

 - Les OD mortelles sont-elles signalées/enregistrées ?
 Non, pas systématiquement. Les raisons de cette non-systématicité dans le signalement sont
 variées. Le personnel médical peut, par exemple, souhaiter préserver la famille endeuillée et
 lui éviter un choc supplémentaire.
 Un système permettant un signalement et un enregistrement plus systématique des OD serait
 souhaitable.
 - Manque de signalement aussi pour les OD non mortelles.
 Il y a des exceptions, cependant. Par exemple, à Anvers ou dans les comptoirs du dispositif
 d’accès au matériel stérile d’injection (ou DAMSI) actifs à Bruxelles et en Wallonie, les OD
 non mortelles sont enregistrées.

OVERDOSES ET NALOXONE : EXPÉRIENCES DE TERRAIN À ANVERS
> Anton Van Dijck
L’intervention commence par un bref historique de la consommation de drogues à Anvers. Dans
les années 80, l’héroïne y était de bonne qualité et peu chère. Dans les années 90, la qualité
restait bonne et le prix a diminué. Après 2000, par contre, la qualité a diminué. En matière de
taux de pureté, la teneur moyenne de l’héroïne est tombée à environ 15%. Par ailleurs, de plus
en plus d’adultérants (e.g., paracétamol ou caféine) y étaient ajoutés. Le fentanyl est apparu en
2010, principalement sous la forme d’adhésifs (médicament DUROGESIC). Le fentanyl est
parfois fumé, parfois injecté mais la plupart du temps mâché. Une explosion des prescriptions
d’opiacés (e.g., Oxycontin, Oxycodone, Oxynorm) a également été observée.
Environ 20 OD sont signalées tous les ans à la Free Clinic et tous les deux mois environ, un
décès par OD a lieu dans l’espace d’hébergement.
Le projet naloxone à Anvers est présenté. La présentation commence par la projection de la
vidéo « Coming back from the dead with naloxone »8. Le but du projet est de réduire la mortalité
associée à l’usage d’opiacés. Afin d’y parvenir, le projet propose une distribution maximale de
naloxone au sein des groupes de clients/injecteurs. Il se déroule en 4 phases : 1) des UD par
injection (UDI) sont approché.e.s par les membres du personnel de la Free Clinic qui les
informent sur l’existence du projet et sondent leur intérêt pour y participer ; 2) les UDI
recruté.e.s reçoivent une formation qui couvre la prévention et la gestion d’OD, depuis les
gestes de 1ers secours à l’administration de naloxone, en passant par les principes de la réduction
des risques ; 3) les UDI qui sont intéressé.e.s et qui ont suivi la formation sont orienté.e.s vers
un.e médecin qui, après avoir vérifié leur degré de connaissances, leur remet une prescription
pour de la naloxone à domicile ; 4) les UDI qui ont vécu ou été témoin d’une OD aux opiacés
et qui ont dû utiliser de la naloxone invité.e.s à consulter un médecin qui évaluera les
évènements et renouvellera la prescription de naloxone, si nécessaire.
S’inscrivant dans la logique des programmes de « take-home » naloxone, des kits comprenant
5 ampoules, autant de seringues et une notice (voir figure 1 en fin de document) ont été
assemblés. Un kit coûte € 25.
Le projet a dû être arrêté pour des considérations d’ordre législatif inspirées par un manque de
clarté au sujet du concept d’acte médical et qui peuvent se résumer par la question suivante :
qui est autorisé à administrer la naloxone ?
HÉBERGEMENT ET GESTION DES OVERDOSES : BILAN ET PERSPECTIVES
> Laurent Maisse
L’expérience de Transit en matière de gestion des OD est partagée.
Transit dispose d’un centre de crise lui-même composé d’un centre de jour et d’un centre
d’hébergement. Le centre d’hébergement comprend 22 lits. Transit dispose également de 8
appartements supervisés. Depuis les débuts de Transit, c’est plus de 4900 personnes différentes
qui ont été accueillies. Plus spécifiquement pour 2016, 7121 nuitées, 4718 passages en journée
pour un total de 712 usagers.
Le personnel est formé aux gestes de 1ers secours.
Une surveillance rapprochée est effectuée dans la mesure où les travailleur.euse.s vont
régulièrement vérifier ce qui se passe dans les chambrées.

8
    La vidéo est disponible à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=oWopsRaeY6M.
Onze décès ont été dénombrés depuis 1995. Le dernier date de 2006. Cette évolution positive
est attribuée à l’expertise grandissante de l’équipe de Transit mais aussi à des changements dans
les us et coutumes des UD.
Transit effectue annuellement entre 30 et 40 appels au 112 pour des OD. Les descentes du
parquet sont systématiques.
Il est très difficile d’identifier les produits à l’origine des OD.
Un kit de naloxone est disponible chez Transit mais il n’y a pas de médecin parmi le personnel.
Il s’agit d’un échantillon obtenu lors d’un colloque à Montréal.

 - Chez Enaden, chaque travailleur.euse a une prescription lui permettant d’utiliser la naloxone
 qui se trouve dans la trousse d’urgence. Par ailleurs, un médecin est joignable 24 heures sur
 24.
 - Le naloxone est présent dans d’autres produits mais ceux-ci ne peuvent être utilisés aux
 mêmes fins.
 - Comment se fournir en naloxone ? En allant en France où la naloxone en spray est
 dorénavant disponible dans les pharmacies et les Centres d’Accueils et d’Accompagnement
 à la Réduction des Risques pour Usagers de Drogues (CAARUD) ? En en important ? Avec
 prescription ? D’ailleurs, est-ce qu’une prescription est nécessaire pour obtenir de la
 naloxone en spray ?
 Oui, une prescription est nécessaire.
 - Il serait intéressant de comprendre comment la mise à disposition de naloxone en spray dans
 les pharmacies et les CAARUD français a été rendue possible.

CLÔTURE
Les organisateurs (Nicolas Van der Linden et Matthieu Méan) remercient vivement les
expert.e.s et le public pour la qualité des présentations et des réactions qu’elles ont suscitées.
Figure 1. Extrait de la notice du kit de naloxone de la Free Clinic9

9
  Traduction, colonne de gauche : OVERDOSE – PRÉVENTION. Tolérance/Addiction. Le degré auquel ton corps
peut supporter les effets d’un produit peut varier d’un jour à l’autre. Après une période d’abstinence (plusieurs
jours sans consommer, séjour en prison, cure de désintoxication ; etc.), ta tolérance chute. Consommer après une
période d’abstinence augmente le risque d’OD. Garde à l’esprit que te dose normale peut alors être de trop !
MÉLANGE de produits = RISQUE ‘1 + 1 = 3’ Les MÉLANGES augmentent les risques d’OD ! NE MÉLANGE
PAS DE DÉPRESSEURS – alcool, méthadone, valium, héroïne, etc. ! SACHE CE QUE TU PRENDS Informe-
toi sur la nature et la puissance d’un nouveau produit ou médicament ! La QUALITÉ des produits illégaux peut
varier fortement. TESTE toujours la qualité de tout nouveau produit en en consommant une petite quantité. NE
CONSOMME PAS SEUL.E En cas d’OD, il n’y aura personne pour t’aider. OPIACÉS (& OPIOÏDES) héroïne –
morphine – méthadone – fentanyl – Oxycontin – Contramal – Valtran- Tramadol - … OVERDOSE PUISSANCE
ET DURÉE DES EFFETS PEUVENT VARIER FORTEMENT ! LES OPIACÉS ANÉSTÉSIENT LE SYSTÈME
NERVEUX CENTRAL Lors d’une OD, la respiration s’arrête, suite à quoi, par manque d’oxygène, le cœur et le
cerveau s’arrêtent.
Traduction, colonne de droite : LA NALOXONE est un médicament non-addictif qui peut temporairement
inverser les effets des opiacés/opioïdes mettant ainsi notamment fin à la dépression respiratoire, de sorte que la
victime peut de nouveau respirer et revenir à elle. La naloxone ne fonctionne pas en cas d’OD à la cocaïne, speed,
XTC, GHB ou alcool. En cas d’OD suite à la consommation d’un mix de produits, la naloxone ne suspendra que
les effets des opiacés. La naloxone n’a pas d’effet auprès de personnes qui n’ont pas consommé d’opiacés. La
naloxone ne provoque pas d’état d’ivresse ou d’euphorie. LA NALOXONE et LES OPIACÉS s’attachent aux
mêmes récepteurs dans le cerveau. Ces récepteurs agissent notamment sur la respiration. La naloxone a une plus
grande affinité avec les récepteurs et peut temporairement en déloger les opiacés, ce qui permet à la victime de
respirer à nouveau. LA NALOXONE va temporairement bloquer les effets des opiacés dans le cerveau mais ne va
pas les éliminer. LA NALOXONE fait son effet endéans les 5 minutes et protège pendant 30 à 45 minutes. Une
fois que l’effet de la naloxone s’est estompé, le risque de refaire une OD existe ! Re-consommer un produit est
dangereux.
Vous pouvez aussi lire