PAS LE TEMPS D'ATTENDRE : ASSURER L'AVENIR CONTRE LES INFECTIONS RÉSISTANTES AUX MÉDICAMENTS
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PAS LE TEMPS D’ATTENDRE : ASSURER L'AVENIR CONTRE LES INFECTIONS RÉSISTANTES AUX MÉDICAMENTS RAPPORT AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES NATIONS UNIES AVRIL 2019
TABLE DES MATIÈRES Messages clés contenus dans ce rapport...................................................................................................... 1 Résumé des recommandations....................................................................................................................... 2 1. Contexte dans lequel intervient le présent rapport............................................................................... 3 2. Processus suivi par le Groupe spécial pour élaborer ses recommandations.................................. 3 3. Arrière-plan des recommandations du groupe spécial......................................................................... 4 4. Recommandations du groupe spécial....................................................................................................... 11 Membres du groupe spécial............................................................................................................................. 29
MESSAGES CLÉS CONTENUS DANS CE RAPPORT La résistance aux antimicrobiens est un problème mondial Puisque les facteurs de la résistance aux antimicrobiens sont qui menace un siècle entier de progrès dans le domaine de à rechercher du côté des êtres humains, des animaux, des la santé, en même temps que la réalisation des objectifs de végétaux, des denrées alimentaires et de l'environnement, développement durable. une démarche durable, fondée sur la stratégie "Un monde, une santé", sera essentielle pour mobiliser et unir toutes les parties • Les agents antimicrobiens (notamment les antibiotiques, les prenantes autour d'une vision et des objectifs communs. antiviraux, les antifongiques et les antiprotozoaires) sont des outils essentiels pour lutter contre les maladies chez • Les plans d'action nationaux de lutte contre la résistance l'homme, les animaux et les plantes terrestres et aquatiques, aux antimicrobiens sont bien au cœur d'une riposte mais ils deviennent peu à peu inefficaces. multisectorielle ancrée dans la stratégie "Un monde, une • Des niveaux de résistance alarmants ont été signalés dans santé", mais les difficultés de financement et de capacités des pays de tous niveaux de revenus, avec pour conséquence que connaissent de nombreux pays doivent être réglées de que des maladies communes deviennent incurables et que toute urgence pour pouvoir accélérer leur déploiement. des procédures médicales conçues pour mettre les patients • Renforcer la prévention et la lutte contre les infections dans hors de danger deviennent plus risquées à mettre en œuvre. les établissements de soins de santé et les exploitations • La résistance aux antimicrobiens pose un défi formidable agricoles en utilisant les outils disponibles et assurer un pour la concrétisation de la couverture de santé universelle et accès adéquat à l’eau, l’assainissement et l’hygiène dans elle menace la marche vers la concrétisation de bon nombre les établissements de soins de santé, les exploitations d'objectifs de développement durable (ODD), notamment en agricoles, les établissements scolaires, les foyers ou encore ce qui concerne la santé, la sécurité alimentaire, l'accès à une les lieux publics sont essentiels pour parvenir à enrayer eau saine et à l'assainissement, une consommation et une la transmission des maladies ainsi que l'émergence et la production responsables, la réduction de la pauvreté et des propagation de facteurs de résistance aux antimicrobiens inégalités. chez les êtres humains, les animaux et les végétaux, et dans les denrées alimentaires et l'environnement. • L'usage à mauvais escient ou l'usage abusif des antimicrobiens existants, que ce soit chez les humains ou pour les animaux • Renforcer la surveillance, les cadres réglementaires, ou les végétaux, contribue à accélérer le développement et l'éducation et la formation professionnelles ainsi que la l'expansion de la résistance aux antimicrobiens. supervision de la prescription et de l'usage des antimicrobiens, et intensifier la sensibilisation chez toutes les parties • Un manque d'accès adéquat à l’eau, l’assainissement et prenantes sont aussi des défis importants, qui doivent être l’hygiène dans les établissements de soins de santé, les relevés d'urgence pour parvenir à instaurer une utilisation exploitations agricoles, les établissements scolaires, les responsable des antimicrobiens et maîtriser la résistance à foyers ou encore les lieux publics, des mesures insuffisantes ces agents chez l'homme, les animaux, les végétaux et dans de prévention et de lutte contre les infections, un manque les denrées alimentaires et l'environnement. d’accès équitable à des médicaments, vaccins et produits de diagnostic abordables et de qualité garantie et, enfin, • Arrêter immédiatement l'utilisation en tant que stimulants des systèmes lacunaires de production dans les domaines de la croissance des antimicrobiens figurant sur la liste OMS de la santé, des aliments pour les humains et des aliments des plus hautes priorités en tant qu'agents antimicrobiens pour animaux, de la sécurité des denrées alimentaires et d'importance critique pour la médecine humaine sera une de la gestion de l’environnement alourdissent la charge de première étape essentielle vers la suppression totale de morbidité imputable aux maladies infectieuses chez les êtres l'utilisation des antimicrobiens à des fins de stimulation de humains et les animaux et contribuent à l'émergence et la la croissance. diffusion d'agents pathogènes pharmacorésistants. • Plus d'efforts, d'investissements et de mesures incitatives sont nécessaires pour stimuler l'innovation en matière de Pas le temps d’attendre. À défaut d'actions urgentes déployées médicaments antimicrobiens, produits de diagnostic et à l'échelle planétaire, la résistance aux antimicrobiens aura des vaccins, instruments de gestion des déchets, produits de effets catastrophiques dans moins d'une génération. substitution sûrs et efficaces aux antimicrobiens et pratiques • Les infections pharmacorésistantes sont d’ores et déjà alternatives, de même que la recherche opérationnelle et la cause de 700 000 décès chaque année, dont 230 000 les études de mise en œuvre dans les domaines de la santé imputables à une tuberculose multirésistante, chiffres qui, humaine, animale et végétale. si rien n'est fait, pourraient atteindre les 10 millions par an • Beaucoup de gens dans le monde n'ont encore pas accès d'ici 2050 selon le scénario le plus pessimiste. Sans un effort aux antimicrobiens. Assurer un accès équitable et à bon soutenu de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, marché à des agents antimicrobiens de qualité et assurer près de 2,4 millions de personnes pourraient perdre ainsi la une utilisation responsable et durable de ces agents sera vie entre 2015 et 2050 dans les pays à haut revenu. une composante essentielle de la réponse mondiale à la • Si l'on ne parvenait pas à enrayer le phénomène de résistance résistance aux antimicrobiens. aux antimicrobiens, le préjudice économique pourrait • Il faut une plus forte volonté politique et, à tous les niveaux, être comparable aux chocs infligés par la crise financière plus de résolution, sur les plans de la sensibilisation, la mondiale de 2008–2009, avec une augmentation écrasante coordination et la responsabilisation, pour parvenir à des dépenses en soins de santé, des répercussions sur la mettre en place une riposte durable au problème de la production alimentaire, les échanges commerciaux et les résistance aux antimicrobiens, qui sera fondée sur le concept modes d'existence, et une aggravation supplémentaire de la "un monde, une santé". Toutes les parties prenantes - les pauvreté et des inégalités. gouvernements, la société civile et le secteur privé - doivent • Dans les pays aux revenus les plus élevés, une série s'engager et collaborer dans un effort sans précédent qui d'interventions simples en riposte à la résistance aux mobilisera les secteurs de la santé humaine, animale et antimicrobiens, pourraient se payer d'elles-mêmes par végétale, de la production alimentaire destinée aux humains les coûts évités. Dans les pays à plus faible revenu, des et aux animaux et de l'environnement, en s'appuyant sur une investissements supplémentaires – mais relativement vision et des objectifs communs. modestes – devraient être déployés d'urgence. • Les défis que pose la résistance aux antimicrobiens sont • Si l'on différait encore les investissements et les mesures complexes et multiformes, mais ils ne sont pas insurmontables. qui doivent être mises en place dès aujourd'hui, la planète La mise en œuvre des recommandations contenues dans le entière devrait payer encore plus cher à l'avenir pour présent rapport permettra de sauver des millions de vies affronter alors les effets catastrophiques d'une résistance humaines, de préserver les bienfaits du progrès économique aux antimicrobiens ayant échappé à tout contrôle. et du développement à d'autres égards, et d'être paré à l'avenir contre les maladies pharmacorésistantes. Pas le temps d’attendre : Assurer l'avenir contre les infections résistantes aux médicaments • 1
RÉSUMÉ DES RECOMMANDATIONS A. ACCELERER LES PROGRES C2 : le Groupe spécial appelle à un engagement systématique et significatif et une action renforcée du secteur privé en tant DANS LES PAYS que partie prenante clé du déploiement aux niveaux mondial, régional, national et local d'une riposte à la résistance aux A1 : le Groupe spécial appelle tous les États Membres à garantir antimicrobiens fondée sur le principe "un monde, une santé". un accès équitable et abordable à des antimicrobiens ou autres moyens thérapeutiques, vaccins et produits de diagnostic nouveaux ou existants de qualité garantie, ainsi que leur D. INVESTIR POUR UNE RIPOSTE utilisation prudente par des professionnels compétents et DURABLE agréés, dans l’ensemble des secteurs de la santé humaine, animale et végétale. D1 : le Groupe spécial appelle les gouvernements, les banques et autres institutions de financement et de développement mondiales, A2 : le Groupe spécial appelle tous les États Membres à accélérer régionales, nationales, bilatérales et multilatérales, ainsi que les l’élaboration et la mise en œuvre, dans le contexte des ODD, investisseurs privés, à appliquer systématiquement les normes de plans d’action nationaux pour combattre la résistance aux d'évaluation des risques et des effets inhérents à la résistance aux antimicrobiens qui s'appuient sur le précepte « Un monde, une antimicrobiens (c'est-à-dire adopter une approche « Un monde, santé ». une santé ») dans le cadre des investissements effectués. A3 : le Groupe spécial appelle tous les États Membres à éliminer D2 : le Groupe spécial souligne qu'il faut renforcer les investissements progressivement, conformément aux recommandations des dans la riposte à la résistance aux antimicrobiens, y compris du point organisations du groupe tripartite (FAO, OIE et OMS), l’utilisation de vue du financement intérieur dans tous les pays ; exhorte les des antimicrobiens à des fins de stimulation de la croissance, en mécanismes de financement actuels et futurs de la santé humaine, commençant par mettre immédiatement un terme à l’utilisation animale et végétale, de la production d'aliments et d'aliments à de telles fins des agents antibiotiques classés comme pour animaux, et de l'environnement, à accorder une priorité d’importance critique de plus haute priorité dans la liste OMS accrue à la résistance aux antimicrobiens dans leur affectation des des agents antibiotiques d'importance critique en médecine ressources ; appelle les donateurs des secteurs public, privé et humaine (quinolones, céphalosporines de troisième génération du secteur de la philanthropie à mobiliser des financements et plus, macrolides et kétolides, glycopeptides et polymyxines). supplémentaires, y compris pour soutenir la mise en œuvre de plans d'action nationaux sur la résistance aux antimicrobiens. B. INNOVER POUR PRESERVER L'AVENIR E. RENFORCER LA RESPONSABILISATION ET LA GOUVERNANCE MONDIALE B1 : le Groupe spécial appelle les donateurs publics et privés, les donateurs à visée philanthropique et les autres bailleurs E1 : le Groupe spécial demande que, dans le cadre de la réforme des de fonds à contribuer davantage à l'innovation dans les Nations unies, les trois agences partenaires (FAO, OIE et OMS), ainsi antimicrobiens (en particulier les antibiotiques), les produits que le PNUE, d'autres institutions des Nations unies et la Banque de diagnostic, les vaccins, les outils de gestion des déchets et mondiale renforcent encore leur action conjointe axée sur le des substituts sûrs et efficaces aux antimicrobiens destinés à la précepte "un monde, une santé" et fondée sur la définition de cibles santé humaine, à la santé des animaux terrestres et aquatiques et sur les priorités et les besoins des pays, grâce à un renforcement et aux cultures. de leur capacité organisationnelle et à l'assurance d'un financement de base adéquat et durable des activités consacrées à la lutte contre la résistance aux antimicrobiens. B2 : le Groupe spécial recommande que les initiatives existantes et futures visant à favoriser l’accès au niveau mondial promeuvent et soutiennent un accès équitable et abordable à des E2 : le Groupe spécial recommande la création d’urgence d’un antimicrobiens, produits de diagnostic, vaccins, outils de gestion groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens des déchets et substituts sûrs et efficaces aux antimicrobiens, intégrant l’approche « Un monde, une santé », appuyé par un qu’ils soient nouveaux ou existants, destinés à la santé de l'être secrétariat conjoint, administré par les trois organisations humain, des animaux terrestres et aquatiques et des végétaux. partenaires (FAO, OIE et OMS). B3 : le Groupe spécial appelle les donateurs publics et privés E3 : le Groupe spécial prie le Secrétaire général de convoquer, en – y compris les donateurs à visée philanthropique – de fonds collaboration étroite avec les trois organisations partenaires (FAO, destinés à la recherche, et les autres parties prenantes à faire OIE et OMS), le PNUE et d’autres organisations internationales, prospérer les efforts de recherche-développement consacrés un groupe indépendant qui sera chargé d’étudier les données actuellement à de nouveaux antimicrobiens, produits de factuelles sur lesquelles appuyer l’action contre la résistance aux diagnostic, vaccins, outils de gestions des déchets et substituts antimicrobiens dans une optique « Un monde, une santé », de sûrs et efficaces aux antibiotiques, et à renforcer la collaboration suivre la situation et de présenter régulièrement des rapports sur dans le domaine de la recherche suivant le précepte « Un les données scientifiques et factuelles relatives à cette résistance, monde, une santé ». ses conséquences et les risques futurs, et de recommander des options d’adaptation et d’atténuation. C. COLLABORER EN VUE D'UNE E4 : le Groupe spécial reconnaît le processus en cours mené par les ACTION PLUS EFFICACE États Membres pour élaborer le cadre mondial de développement et gestion de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens et il C1 : le Groupe spécial appelle à une participation systématique et appelle instamment les trois organisations partenaires (FAO, OIE et significative des groupes et organisations de la société civile en OMS) et le PNUE à en accélérer la réalisation conformément à ce qui tant que parties prenantes clés dans le cadre de la riposte à la est prévu dans la résolution WHA68.7 (2015) de l’Assemblée mondiale résistance aux antimicrobiens selon l’approche « Un monde, une de la Santé sur le Plan d’action mondial pour combattre la résistance santé » aux niveaux mondial, régional, national et local. aux antimicrobiens. Il conviendrait que, lorsqu’ils mettront la dernière main à ce processus, les États Membres s'interrogent également sur la nécessité de nouveaux instruments internationaux. 2 • Pas le temps d’attendre : Assurer l'avenir contre les infections résistantes aux médicaments
1. CONTEXTE DANS LEQUEL INTERVIENT LE PRÉSENT RAPPORT La Déclaration politique de 2016 issue de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies sur la résistance aux agents antimicrobiens (1) marque une étape majeure dans la volonté, au niveau mondial, de s'attaquer au problème de la résistance aux antimicrobiens, insistant sur l'urgence et appelant à agir en réponse aux nombreux problèmes qui se posent. Par cette déclaration, les Etats Membres prient le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies de constituer, en concertation avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), un Groupe spécial de coordination interinstitutions sur la résistance aux antimicrobiens (ci-après : "le Groupe spécial"), qui sera coprésidé par le Bureau exécutif du Secrétaire général de l'ONU et le Directeur général de l'OMS et qui devra donner des indications pratiques quant aux approches à suivre pour que l’action mondiale à mener pour lutter contre la résistance aux agents antimicrobiens soit efficace et durable. Cette déclaration politique prévoit enfin que le Secrétaire général de l'ONU soumettra à l'examen des Etats Membres, en vue de la 73ème session de l'Assemblée générale, en 2019, un rapport sur la mise en œuvre de la déclaration, sur les faits nouveaux et sur les recommandations qui émaneront du Groupe spécial, notamment sur les options possibles d'amélioration de la coordination, par rapport au Plan d'action mondial de 2015 contre la résistance aux antimicrobiens (2). A travers le présent rapport, le Groupe spécial s'est efforcé de répondre aux attentes exprimées par les Etats Membres dans la Déclaration politique de 2016, et il soumet ses recommandations en vue d'une action d'urgence à l'examen du Secrétaire général de l'ONU, des Etats Membres et des autres parties prenantes à la riposte mondiale à la résistance aux antimicrobiens. 2. PROCESSUS SUIVI PAR LE GROUPE SPÉCIAL POUR ÉLABORER SES RECOMMANDATIONS Le Groupe spécial a été constitué en mars 2017. Il par téléconférence à huit reprises, à quoi se sont est composé de représentants d'organisations ajoutées de nombreux échanges, dont des réunions du système des Nations unies et d'organismes de sous-groupes thématiques. Pour guider ses multilatéraux et de spécialistes de différents activités, le Groupe spécial a mis au point un plan domaines – santé humaine, animale et végétale ; de travail (3) et un cadre d'action sur la résistance production alimentaire pour les humains et pour les aux antimicrobiens (4), qui décrit les principaux animaux ; échanges commerciaux ; développement domaines thématiques et les leviers pertinents et environnement. Il est chargé de donner des pour les aborder, en s'appuyant sur la déclaration indications pratiques quant aux approches à suivre politique, le plan d'action mondial pour combattre la pour que l’action mondiale menée pour lutter contre résistance aux antimicrobiens et les ODD. Des visites la résistance aux agents antimicrobiens soit efficace effectuées par des membres du groupe spécial en et durable. Son mandat consiste à promouvoir, Argentine, en Thaïlande et au Vietnam en 2018 ont planifier et faciliter la collaboration, aligner les procuré des informations précieuses tant sur les activités de façon à combler les lacunes et utiliser succès que sur les difficultés rencontrées dans les les ressources de façon optimale, voir s’il est réponses nationales ou locales à la résistance aux envisageable d’élaborer des objectifs et des cibles antimicrobiens. mondiales en ce qui concerne la résistance aux antimicrobiens, puis à faire rapport au Secrétaire Dans le cadre de ses délibérations, le Groupe spécial général des Nations Unies d’ici à la Soixante- a analysé les aspects critiques de la résistance Treizième Assemblée générale, en 2019. Il a bénéficié aux antimicrobiens en vue d'éclairer son rapport de l'appui d'un secrétariat, placé sous les auspices et ses recommandations. En 2018, il a élaboré des de l'OMS et formé d'un personnel détaché de la FAO, documents de discussion en vue de consultations de l'OIE et de l'OMS. publiques devant porter sur six domaines thématiques : 1) la sensibilisation du public, les De mars 2017 à décembre 2018, il a tenu des changements de comportement et la communication ; réunions formelles, se réunissant en personne ou 2) les plans d'action nationaux sur la résistance aux Pas le temps d’attendre : Assurer l'avenir contre les infections résistantes aux médicaments • 3
antimicrobiens ; 3) l'optimisation de l'utilisation formulées dans les précédents rapports mondiaux des antimicrobiens ; 4) l'innovation, la recherche- relatifs à la résistance aux antimicrobiens ont été développement, et l'accès ; 5) la surveillance et le suivi ; assurées par le secrétariat du Groupe spécial, afin et enfin 6) la gouvernance et l'observance des ODD de lui procurer des orientations et de contribuer au niveau mondial (5,6,7,8,9,10). Des actions ciblées à garantir que ses recommandations s'attaquent d'élargissement des relations et de consultation ont bien aux difficultés majeures que soulève la riposte, été menées auprès d'interlocuteurs clés au cours de loin de se borner à reproduire le contenu de ces la phase d'analyse, notamment en ce qui concerne la rapports. En janvier et février 2019, des discussions gouvernance, l'accès, la recherche-développement. publiques supplémentaires consacrées au projet de Un processus de consultation publique sur le Web recommandations du Groupe spécial ont réuni plus sur six documents de discussion a eu lieu de juin à de 400 personnes, représentant 68 Etats Membres, août 2018 et a permis de recueillir 153 contributions 39 organisations de la société civile, 49 groupes du venues d'un très large éventail d'interlocuteurs. secteur privé et 11 organisations internationales. Dans le même temps, un forum en ligne sur le projet Le Groupe spécial a mené de multiples activités de de recommandations a permis de recueillir 80 autres mobilisation des parties prenantes, notamment : contributions écrites émanant d'Etats Membres, des discussions avec la FAO, l'OIE, l'OMS et des d'organisations de la société civile, du secteur privé Etats Membres de l'ONU, respectivement à Rome, et de personnes privées. Paris, Genève et New York ; des discussions avec la société civile et le secteur privé ; le recueil des On trouvera sur le site Web du Groupe spécial [en apports de plus de 350 personnes venues participer anglais seulement] d'autres informations sur le à une manifestation consacrée à l'action sur la processus suivi par ce groupe et les documents résistance aux antimicrobiens organisée à Accra pertinents, y compris les communications écrites (Ghana) en novembre 2018. Une "cartographie" reçues. et une évaluation critique des recommandations 3. ARRIÈRE-PLAN DES RECOMMANDATIONS DU GROUPE SPÉCIAL 3.1. La résistance aux antimicrobiens est une crise niveaux de revenus. Dans certains pays membres de mondiale qui risque de balayer un siècle de progrès l'Organisation de coopération et de développement dans le domaine de la santé économiques (OCDE), près de 35 pour cent des infections humaines communes s'avèrent d'ores et Les agents antimicrobiens sont des instruments déjà résistantes aux médicaments antimicrobiens déterminants dans la lutte contre les maladies disponibles couramment (11). Dans certains pays humaines, animales et végétales, y compris des à revenu faible ou moyen, les taux de résistance cultures. Des niveaux croissants de résistance à ces atteignent parfois 80 à 90 pour cent pour certaines agents mettent en péril un siècle de progrès dans combinaisons antibiotiques/antibactériennes, et le domaine de la santé humaine. Des infections plus d'un tiers des pays ayant communiqué leurs communes deviennent de plus en plus difficiles données à l'OMS en 2017 signalaient une résistance à traiter, et la mise en œuvre de procédures et assez répandue à des pathogènes communs (12). traitements médicaux conçus pour sauver des vies D'après certaines projections, la résistance aux comporte de plus en plus de risques. Dans le même antibiotiques de deuxième - voire de troisième temps, l'innovation scientifique connaît un certain - intention, ultimes lignes de défense contre tarissement, dû essentiellement à une certaine certaines maladies communes, risque de doubler défaillance du marché, avec trop peu de recherche pratiquement entre 2005 et 2030 (11). Dans le - développement sur de nouveaux antimicrobiens, même temps, des millions de vies humaines sont vaccins et outils de diagnostic, et sur des solutions perdues chaque année, faute d'avoir accès aux de rechange à l'utilisation d'antimicrobiens chez agents antimicrobiens existants : le manque d'accès l'homme, chez l'animal et sur les végétaux. adéquat aux seuls antibiotiques tue à lui seul près de 6 millions de personnes par an, dont 1 million Des niveaux alarmants de résistance aux d'enfants, qui succombent à des infections ou à une antimicrobiens ont été signalés dans des pays de tous pneumonie évitable (13,14,15). 4 • Pas le temps d’attendre : Assurer l'avenir contre les infections résistantes aux médicaments
Si la résistance aux antimicrobiens peut se entièrement connue, mais les estimations font développer naturellement, l'utilisation abusive ou craindre que les infections résistantes sont d'ores à mauvais escient des antimicrobiens chez l'être et déjà la cause d'au moins 700 000 décès chaque humain et les animaux terrestres et aquatiques année, dont 230 000 sont imputables à une et sur les végétaux, notamment les cultures de tuberculose multipharmacorésistante (18,19). Selon rapport, contribue à accélérer le développement un scénario des plus pessimistes de la Banque et l'extension de cette résistance. En médecine mondiale, si rien n'était fait, ce chiffre pourrait même humaine, des pratiques erronées de prescription atteindre 10 millions de décès par an d'ici 2050 (20). médicale et de non-respect par le patient du Selon les projections faites par l'OCDE avec les pays traitement prescrit, un manque de réglementation dans lesquels cette résistance peut être mesurée et de contrôle sur les ventes de médicaments sans avec précision, à défaut d'un effort soutenu de lutte ordonnance, et la prolifération d'antimicrobiens de contre la résistance aux antimicrobiens, on pourrait qualité inférieure ou falsifiés sont autant de facteurs enregistrer environ 2,4 millions de décès en Europe, d'aggravation du problème. en Amérique du Nord et en Australie sur la période 2015–2050 (11). L'utilisation d'antimicrobiens pour stimuler la croissance et dans l'idée d'assurer une prévention Une résistance aux antimicrobiens incontrôlable tous azimuts des maladies chez des animaux qui aurait également des effets catastrophiques en sont sains ou sur des cultures qui sont saines, termes d'impact économique. Avec la propagation sans qu'il y ait d'indication dans ce sens et en d'agents pathogènes résistants aux médicaments, parfaite ignorance des bonnes pratiques agricoles, les dépenses en soins de santé augmenteraient contribue à développer et à propager la résistance de façon spectaculaire, et les risques menaçant aux antimicrobiens (16). Les facteurs de l'utilisation une production durable de denrées alimentaires d'antimicrobiens en santé animale - spécialement pour les humains comme pour les animaux – dans de nombreux pays à revenu faible ou moyen - ceci incluant les échanges mondiaux de denrées sont notamment la charge de morbidité importante alimentaires destinées aux humains et aux animaux et croissante que représentent les maladies et les échanges de bétail – seraient de plus en plus animales, une production animale qui s'opère lourds. La Banque mondiale estime ainsi que d'ici sur une échelle toujours plus étendue et, enfin, le 2030, jusqu'à 24 millions de personnes pourraient sous-investissement dans les services vétérinaires être réduites à une situation d'extrême pauvreté, et la santé animale. Ces problèmes sous-jacents principalement dans les pays à faible revenu, et appellent une attention dans le cadre des efforts que le préjudice économique annuel imputable visant à réduire le recours sans nécessité aux à la résistance aux antimicrobiens pourrait être antimicrobiens chez les animaux. comparable aux chocs infligés par la crise financière mondiale de 2008–2009 mais, en plus, dans ce 3.2 Ne pas atermoyer. À défaut d'actions urgentes dernier cas, sans que l'on puisse espérer en voir la déployées à l'échelle planétaire, la résistance aux fin (20). antimicrobiens aura des effets catastrophiques dans moins d'une génération. Bien que, dans ce domaine, les bases factuelles restent limitées, les préoccupations vont également Même s'il n'y a pas de cible se rapportant à la croissant quant à l'impact de la résistance résistance aux antimicrobiens dans les ODD , ce aux antimicrobiens sur l'environnement et les phénomène est clairement reconnu comme un écosystèmes naturels par suite de l'usage excessif obstacle à la réalisation de l'ODD 3, relatif à la et des rejets dans le milieu d'antimicrobiens et de santé humaine (17), et il compromet directement la micro-organismes devenus résistants contenus réalisation des autres ODD ayant trait à la sécurité dans les lisiers et autres effluents provenant des alimentaire, une eau saine , l'assainissement et une structures de soins de santé, de la production consommation et une production responsables. En pharmaceutique, de la production animale raison de ses effets en chaîne sur le développement et végétale à but commercial, notamment de économique et les inégalités, il compromet l'aquaculture et de la conchyliculture, problème indirectement les progrès relevant des ODD qui dont les effets pourraient être aggravés par les visent à réduire la pauvreté et les inégalités. changements du climat mondial (21, 22). La véritable ampleur de la résistance aux antimicrobiens chez l'être humain n'est pas Pas le temps d’attendre : Assurer l'avenir contre les infections résistantes aux médicaments • 5
3.3. Une réponse à la résistance aux antimicrobiens national correspondant. Les trois institutions qui soit durable et conforme au concept "un partenaires (FAO, OIE et OMS) et la Commission monde, une santé" est capitale pour mobiliser du Codex Alimentarius proposent une abondance et unir toutes les parties prenantes autour d'une d'orientations normatives qui visent à en faciliter vision et de buts communs la mise en œuvre (23). Mais le déploiement de ces plans d'action nationaux est actuellement trop lent Étant donné que les moteurs - en même temps que et il faut l'accélérer. les effets - de la résistance aux antimicrobiens sont à rechercher chez les êtres humains et les animaux Si la résistance aux antimicrobiens affecte tous les terrestres et aquatiques, et dans les végétaux, les pays, quel que soit leur niveau de développement, denrées alimentaires destinées aux humains et aux tous ne sont pas également dotés pour réagir animaux et l'environnement, et qu'ils sont liés entre efficacement, et les plans d'action nationaux eux, une démarche s'appuyant sur le concept "un doivent être réadaptés aux réalités, aux capacités et monde, une santé" est capitale pour s'attaquer à ce aux contextes locaux. De nombreux pays à revenu problème sur une telle multiplicité de fronts (figure 1). faible ou moyen qui sont confrontés à la fois à une charge de morbidité et à des risques accrus 3.3.1. L'accélération de la mise en œuvre des imputables à la résistance aux antimicrobiens ont plans d'action nationaux axés sur le concept "un encore fort à faire pour améliorer l'accès à une monde, une santé" doit être au cœur de la réponse eau saine, l'assainissement et l'hygiène dans les mondiale à la résistance aux antimicrobiens établissements de soins, les exploitations agricoles, Depuis le lancement, en 2015, du Plan d'action les établissements scolaires, les foyers et les mondial sur la résistance aux antimicrobiens, lieux publics, renforcer la prévention et la lutte au moins 100 pays se sont dotés d'un plan contre les infections dans les établissements de Figure 1 : Le concept "un monde, une santé" et la résistance aux antimicrobiens "Un monde, une santé" est un concept qui se réfère à la conception et la mise en œuvre de programmes, politiques, législations et recherches qui permettront à une multiplicité de secteurs et de parties prenantes œuvrant dans les domaines de la santé chez l'être humain et les animaux terrestres et aquatiques, la santé des végétaux, la production alimentaire destinée aux humains et aux animaux et l'environnement, de communiquer entre eux et œuvrer de manière concertée pour parvenir à de meilleurs résultats sur le plan de la santé publique. Humains rres tres et aq te Usage à mauvais escient ou usage abusif Usage à mauvais escient ou usage abusif ua ux des antimicrobiens; accès insuffisant à des des antimicrobiens; accès insuffisant à des tiqu Anima médicaments, produits de diagnostic sous médicaments, produits de diagnostic sous es vaccin de qualité à des prix abordables; vaccin de qualité à des prix abordables; manque de sensibilisation et de manque de sensibilisation et de connaissance; déplacements de population connaissance; déplacements d'animaux IMPACT DE LA RÉSISTANCE AUX ANTIMICROBIENS limentaire na d nis sement e t tio ains et aux a e ai m n aux duc st aux Manque d'accès à une eau saine, à Mesures insuffisantes de prévention hy hu iné ss im Pro l'assainissement et l'hygiène; mesures et de lutte contre les infections; Eau, a giè e insuffisantes de prévention et de transmission de pathogènes résistants ne lutte contre les infections dans les dans la production alimentaire, établissements de soins de santé et Risques concernant la Morbidité et Détérioration de notamment la préparation, le stockage les exploitations agricoles production alimentaire mortalité accrue l'économie, perte de et la distribution destinée aux humains chez les humains et productivité et ou aux animaux et le les animaux accroissement des commerce de cette dépenses de santé production; interactions avec le changement climatique Rejets d'effluents provenant Usage à mauvais escient ou usage d'établissements de soins de santé, de la abusif des antimicrobiens ; mesures fabrication de produits pharmaceutiques insuffisantes de prévention et de o rt Vé gé ou d'exploitations agricoles lutte contre les infections pp ta En x ra nt et c u l t u re s d e u v i ro nneme LES FACTEURS DE LA RESISTANCE AUX ANTIMICROBIENS 6 • Pas le temps d’attendre : Assurer l'avenir contre les infections résistantes aux médicaments
soins, les exploitations agricoles et la production professionnel ; formation professionnelle initiale et alimentaire destinée aux humains et aux animaux et de perfectionnement ; certification des qualifications ; améliorer la gestion des déchets et la protection de activités de communication, de sensibilisation et de l'environnement. Dans le même temps, ces pays se modification des comportements ; renforcement de heurtent à de gros obstacles dans le déploiement de la gestion des chaînes d'approvisionnement ainsi que leurs plans d'action nationaux contre la résistance des cadres légaux et réglementaires - dans tout ce aux antimicrobiens : trop faible prise de conscience qui relève du concept "un monde, une santé". et trop peu d'engagement au niveau politique, manque de personnes informées capables de plaider Un renforcement du suivi et de la surveillance la cause d'une démarche inspirée par le concept est particulièrement important pour identifier "un monde, une santé". Dans beaucoup de pays, il précisément l'utilisation des antimicrobiens et la manque également une présentation convaincante, propagation de la résistance aux antimicrobiens propre à mobiliser les décideurs et le grand public chez l'homme, les animaux, les végétaux et dans en faisant ressortir les liens entre l'impératif de la les denrées alimentaires, pour constituer une lutte contre la résistance aux antimicrobiens et les base factuelle à l'appui de l'action, pour parvenir intérêts fondamentaux de la nation sur les plans à une collaboration multisectorielle et pour économique et sanitaire. Et aussi, les mécanismes observer les progrès accomplis. Déployer des et les capacités de collaboration entre les différents systèmes de surveillance requiert dans la durée ministères compétents et secteurs concernés qui des investissements significatifs en personnel, en se fondent sur le concept "un monde, une santé" formation, en moyens de laboratoire, en collecte sont souvent inadéquats et dotés de ressources de données et en infrastructures. Tous les pays, insuffisantes. ainsi que leurs donateurs et leurs partenaires au développement, ont un intérêt vital à constituer De nombreux plans d'action nationaux sont centrés ces capacités critiques au niveau national, à assurer uniquement sur la santé humaine et animale, que les données recueillies servent à orienter les n'accordant pas une attention suffisante à la santé actions de riposte, et à collaborer à une surveillance des végétaux, la production alimentaire destinée au niveau mondial à travers des initiatives telles aux humains et aux animaux et la gestion des que "WHO GLASS" (le système de surveillance déchets et de l'environnement. Souvent, ces plans mondiale de la résistance aux antimicrobiens n'incluent pas une détermination des coûts et des de l'OMS) et "AGISAR" (le groupe consultatif de priorités, principalement parce que peu nombreux l'OMS de surveillance intégrée de la résistance aux sont les pays à avoir conçu des modèles nationaux antimicrobiens) et l'action de surveillance déployée d'investissement dans la résistance aux agents par l'OIE et la FAO. antimicrobiens qui identifient les priorités, estiment les retours sur investissement mais aussi les coûts 3.3.2. Il faut davantage d'innovation pour d'une inaction, et qui évaluent les risques par s'attaquer au problème posé par la résistance aux référence à la réalisation des ODD. antimicrobiens dans tout l'éventail de ce qui relève du concept "un monde, une santé". Beaucoup de pays ont besoin de soutien pour La recherche-développement consacrée aux mettre en œuvre leurs plans nationaux d'action technologies de la santé axées sur les agents dans les domaines clés que sont l'élaboration pathogènes justifiant une action prioritaire s'avère d'une base de données factuelles et l'analyse de inadéquate depuis longtemps (24,25,26). Un effort ces données, la définition de cibles, l'élaboration soutenu est nécessaire pour dynamiser l'innovation d'un cadre réglementaire et le développement dans les domaines suivants : les médicaments de capacités professionnelles propres à soutenir antimicrobiens; les produits de diagnostic et vaccins; une utilisation responsable des antimicrobiens, des solutions de substitution aux antimicrobiens et pour placer la lutte contre la résistance aux qui soient sûres et efficaces chez l'être humain, les antimicrobiens au cœur des programmes existants animaux terrestres et aquatiques et les végétaux et, se référant aux différents ODD et mobiliser plus de enfin, la gestion des déchets et de l'environnement. ressources humaines et de moyens financiers. Selon la situation du pays, un effort supplémentaire en Les rapports précédents ont souligné que le manque termes d'investissements et de développement des d'incitation des fabricants de principes actifs et capacités est nécessaire pour parvenir à mettre en de produits pharmaceutiques à investir dans la œuvre certaines composantes critiques: programmes recherche-développement constitue l'obstacle de vigilance antimicrobienne ; enseignement Pas le temps d’attendre : Assurer l'avenir contre les infections résistantes aux médicaments • 7
majeur à une intensification de l'innovation qui résultats des tests, les exigences inhérentes à la serait nécessaire pour s'attaquer à la résistance chaîne du froid et la complexité des dosages. En aux antimicrobiens (18,27). Ils ont également ce qui concerne les animaux et les végétaux, les suggéré toute une série de mesures incitatives, coûts potentiellement plus élevés des nouveaux notamment des systèmes de financement en produits risquent d'inciter les exploitants agricoles amont, de financement intégral ou encore de à s'en remettre à des antimicrobiens plus anciens dissociation des coûts et des prix, pour tenter de et moins efficaces ou à des produits de qualité débloquer les goulets d'étranglement, d'optimiser inconnue. De plus, s'agissant des antimicrobiens les modes de financement existants de la existants, la fragilité des chaînes de production et recherche-développement et d'attirer de nouveaux d'approvisionnement causée par le faible nombre investissements. Le G20 s'est engagé par deux fois de producteurs – qui entraîne de fréquentes à étudier de manière plus approfondie des options pénuries de ces produits dans le monde – contribue pratiques d'incitation du marché en faveur de la elle aussi à une aggravation des taux de morbidité recherche-développement sur la résistance aux et de la fréquence des flambées épidémiques et à antimicrobiens (28,29). Mais une attention et des un risque accru de résistance aux antimicrobiens efforts bien plus importants sont nécessaires pour chez l'homme et chez l'animal (30). déterminer lesquels de ces mécanismes seront les plus efficaces en termes de stimulation des projets 3.3.3. Le monde doit réagir, et s'investir dès à consacrés aux pathogènes justifiant une action présent pour lutter contre la résistance aux prioritaire et pour garantir, dans le même temps, antimicrobiens, à défaut de quoi il lui faudra payer l'accès aux agents antimicrobiens existants ou plus tard le prix fort nouveaux et la bonne gestion de ces agents. Selon les estimations de la Banque mondiale, le coût à l'heure actuelle des mesures visant à enrayer la Plusieurs initiatives de portée internationale lancées résistance aux antimicrobiens se situe aux alentours ces dernières années ont contribué à catalyser des de 9 milliards de dollars par an, mais investir dès projets de recherche-développement consacrés à maintenant devrait permettre d'éviter des coûts de nouveaux antibiotiques, à accélérer l'apparition plus tard, en fonction de la situation de chaque de nouveaux produits, des premières étapes à la pays et de la proportion des coûts qui seront ainsi validation du concept, et à orienter le financement évités (20). L'OCDE estime que, en matière de santé des donateurs vers les domaines prioritaires. Cela humaine, dans les pays à haut revenu et dans étant, de nouvelles ressources et mesures incitatives bon nombre de pays à revenu moyen, les coûts sont nécessaires pour étendre le champ couvert par du déploiement des mesures propres à réduire ces efforts ainsi que leur intensité et pour parvenir la résistance aux antimicrobiens pourraient ne à ce que les produits parviennent plus rapidement correspondre qu'à peine deux dollars par personne au stade des essais cliniques puis à celui de et par an pour un ensemble de mesures efficaces – leur approbation réglementaire. Il n'y a à l'heure et les bénéfices à en retirer seraient si grands que actuelle que très peu d'initiatives de recherche- la mise de fonds serait susceptible de s'amortir développement consacrées à la résistance aux d'elle-même (11). Dans beaucoup de pays à revenu antimicrobiens chez les animaux et les végétaux et inférieur, des investissements plus élevés – mais dans les denrées alimentaires et l'environnement. toujours relativement modestes – sont nécessaires de toute urgence. Si l'on différait à la fois les Les bienfaits de l'innovation scientifique en termes investissements et l'action, le monde devrait payer de riposte à la résistance aux antimicrobiens seront beaucoup plus cher à l'avenir pour essuyer les perdus si de nouveaux produits thérapeutiques ne effets catastrophiques d'une résistance aux agents deviennent pas enfin accessibles pour tous ceux qui antimicrobiens devenus incontrôlable. en ont besoin et si ces nouveaux produits ne sont pas utilisés d'une manière responsable et durable. Les rares fonds spéciaux servant actuellement à L'accès aux antimicrobiens et aux produits de lutter contre la résistance aux antimicrobiens – diagnostic actuels est d'ores et déjà inadéquat dans comme le fonds Flemming, au Royaume-Uni, ou de nombreux pays à revenu faible ou moyen. De l'Initiative européenne de programmation conjointe même, l'utilisation des produits de diagnostic et des sur la résistance antimicrobienne (JPI AMR), qui est vaccins disponibles est également sous optimale, soutenue par 27 Etats Membres et la Commission en raison de facteurs tels que leur coût, le manque européenne, et diverses autres initiatives de d'agents de santé et de vétérinaires suffisamment recherche-développement – ont contribué à formés, les délais dans la communication des 8 • Pas le temps d’attendre : Assurer l'avenir contre les infections résistantes aux médicaments
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