PRE-REDD - Afrique Environnement Plus
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Membre du Réseau des Communicateurs Environnementaux d'Afrique centrale AfriquEnvironnement EDITION JANVIER-FEVRIER 2018 MAG A Z I N E PRE-REDD Bilan d’un projet intégrateur en Afrique Centrale N° ENR. 054/MCRP/DGAI/DPE COP2 DE LA CONVENTION DE BAMAKO les Parties ont réaffirmé que l’Afrique ne servira jamais de poubelle du monde
Edito ‘‘ Mettre à profit des atouts et résultats des Projets en Afrique ! ‘‘ A u fil des années, les effets néfastes des changements climatiques sont perceptibles à travers le monde, particulièrement en Afrique. Les défis à relever étant de taille, les pays du Bassin du Congo, le deuxième poumon écologique du monde avec l’appui de ces partenaires multiplie des efforts pour préserver la nature grâce à plusieurs outils. Et parmi ces outils, figure le projet sous régional PREREDD+. Arrivé à terme, il aura été un véritable levier essentiel dans l’amélioration des politiques de conservation et de gestion des forêts du bassin du Congo. Un vrai projet intégrateur de la sous région dans le renforcement des capacités institutionnelles en matière de REDD+ pour la gestion durable des forêts. Ce mois de mars marque la fin du projet régional PREREDD+. Ainsi, un condensé des réalisations opérées durant la phase d’exécution dudit projet dans un rapport publié en début 2018. Au regard de ce document, il s’avère que le projet régional PREREDD+ a été un succès dans la mise en exécution de ses objectifs. Quelques leçons à tirer dans ce rapport, l’établissement des équations allométriques d’estimation de la biomasse des forêts du Bassin du Congo ; L’étude de la variation de la densité du bois, et l’Étude des facteurs d’expansion de la biomasse (BEF) des essences commerciales d’Afrique centrale pour ne citer que celles-là. Face aux prouesses réalisées, la COMIFAC ensemble avec des partenaires financiers devraient examiner la continuité de ce projet régional car, ses services demeurent encore et toujours indispensables. La préservation de notre environnement en Afrique doit aussi passer, non seulement dans la sensibilisation et autres, mais et obligatoirement dans les sanctions. Ayant pris conscience de l’importance des sanctions, une autre forme pour décourager les personnes qui dégradent l’environnement, la mise en place des réglementations en termes des droits (justice) à l’environnement s’avère indispensable. D’où l’importance (…) de la tenue du symposium à Yaoundé sous le thème, «Effectivité et éducation judiciaire du droit de l’environnement en Afrique francophone», avec comme objectif global, contribuer à l’application effective du droit de l’environnement en Afrique, notamment la promotion auprès des organes étatiques et sous-régionaux, des indicateurs juridiques d’effectivité du droit de l’environnement, etc. Cette promotion des indicateurs juridiques permettra à l’Afrique de lutter également contre la pollution avec le déversement des déchets chimiques et toxiques sur le continent. Une thématique qui a fait l’objet de la Conférence des Parties de la Convention de Bamako (Cop2). Tous les pays ont réaffirmé leur engagement de lutter contre cette pratique. Le mois de mars que nous entamons sera aussi marqué par un événement majeur, celui de la tenue à Brazzaville de la 3ème réunion des partenaires de l’Initiative Globale sur les Tourbières du 21 au 23. Raoul SIEMENI
SOMMAIRE Madame MFOULA Marie Thérèse 10 Monsieur Ibrahim THIAW 20 Interview Dr Juliette BIAO KOUDENOUKPO 24 Madame Salja Halle 27 Pierre HELE 32 Michel PRIEUR 36 EN T PLUS 05 Edito Mettre à profit des atouts et résultats des Projets en Afrique ! VIRONNEM 06 FORET - REDD+ EN AFRIQUE CENTRALE : EN LES ETATS S’APPROPRIENT DES E AFRIQU REALISATIONS DE PREREDD+ MAGAZINE BIMESTRIEL D’INFORMATION, DE FORMATION ET DE COMMUNICATION ENVIRONNEMENTALE RESUME DES REALISATIONS DE L’ANNEE 2017 Siège Brazzaville Congo 13 Le Projet PREREDD+ en Afrique Centrale : Regard croisé sur quelques résultats escomptés. Contacts : (+242) 05519 62 49 / 06806 05 29 COP2 DE LA CONVENTION DE BAMAKO E-mail :afenvironnementplus@yahoo.fr contact@afriquenvironnementplus.info 18 les Parties ont réaffirmé que l’Afrique ne servira jamais de poubelle du monde www.afriquenvironnementplus.info Droit/Environnement : 30 Directeur de la Publication Shamelie SAMA L’application effective du droit de Raoul SIEMENI Eddy DJUIMOU l’environnement s‘avère indispensable en Reine EVEMEKA Afrique Directeur des Projets Brice Severin PONGUI Représentant Cameroun BASSIN DU CONGO : Directeur de Rédaction Dieudonné KAMGUIE Kameni Thierry 40 3EME REUNION DES PARTENAIRES DE L’INITIATIVE MONDIALE SUR LES TOURBIERES. Wilfrid LAWILLA Représentante RDC Directeur de la Communication Marie Madeleine MBAZOA BOULI Eugénie BIUMA 41 COMIFAC : les Coordonnateurs nationaux appelés à une appropriation effective du système Représentant Gabon d’indicateurs de l’OFAC Coordonnatrice déléguée Gildas Parfait DIAMONEKA Marie TAMOIFO Partenaire : Energie 2050 Secrétariat de Rédaction Stéphane POUFFARY Celia MBOUKOU Vanissa BIAHOUA Mise en page et Graphisme Trésor NGANDU KABEYA Chargé de la communication tresorng7@gmail.com NGO NGUE Emma Bertille Photographe Rédaction générale Carine OYOMA Wilfrid Lawilla Antoine KAMTCHEU Service Technique Bernard TCHOKOTE
vue de la salle atelier de restitution des réalisations PREREDD+ Photo de famille atelier de restitution des réalisations du projet régional PREREDD+ Ensuite, Madame Marie Thérèse FORET - REDD+ EN AFRIQUE CENTRALE : Chantal MFOULA, Secrétaire Générale Adjointe de la CEEAC, dans son allocution a avant tout remercié les LES ETATS S’APPROPRIENT DES REALISATIONS DE PREREDD+ Hautes autorités congolaises pour avoir accepté d’abriter le présent atelier. Elle a prié Madame la Ministre de bien vouloir transmettre à Son Excellence L’atelier a connu la participation La premiere allocution , Monsieur Monsieur Denis SASSOU NGUESSO, Les réalisations du projet de d’environ 80 personnes représentant Raymond NDOMBA NGOYE, Président de la République du Congo les administrations en charge des Secrétaire Exécutif de la COMIFAC toute la gratitude de la Communauté renforcement des capacités coordinations nationales COMIFAC, a indiqué l’objet de la réunion tout en Économique des États de l’Afrique institutionnelles en matière de Climat et REDD+, le Consortium rappelant le contexte du projet et les Centrale pour son engagement en REDD+ pour la gestion durable responsable de la mise en œuvre de la acquis qu’il a permis d’obtenir. Dans faveur du domaine de la cause de Visite de terrain sur le calcul des équations allométriques par l’équipe PRE- REDD. (crédit photo Vincent Medjibe) sous-composante 2b ; les Institutions son propos il a tout d’adord remercié l’intégration régionale. des forêts dans le Bassin du Scientifiques Nationales du Cameroun, toutes les parties prenantes ayant Congo (PREREDD+) ont fait du Congo, du Gabon, de la République contribué à la mise en œuvre du projet participants venus de l’extérieur du la République du Congo a déjà traduit Dans son propos un accent particulier l’objet d’une restitution au cours Centrafricaine, de la Guinée équatoriale REDD+, ainsi que les partenaires a été mis sur l’intérêt de produire les pays et les a conviés à profiter aussi dans sa nouvelle loi forestière. Tout en et de la République Démocratique du financiers et techniques notamment équations allométriques spécifiques de cette réunion pour découvrir le souhaitant plein succès aux travaux d’ atelier régional, tenu du 16 au Congo, les organisations de la société le Fond pour l’Environnement Mondial aux types des écosystèmes forestiers cadre magnifique qu’offre la ville de de l’atelier, elle a enfin déclaré ouvert 17 février 2018 à Brazzaville. civile, la CEFDHAC. Egalement la et La Banque Mondiale, sans oublier Brazzaville. Ensuite un rappel sur le l’atelier régional de restitution des du Bassin du Congo, ce qui permettrait participation du Secrétariat Général les participants pour avoir répondu d’évaluer le stock de carbone contexte économique de crise qui sévit résultats du projet de renforcement des de la CEEAC, du Secrétariat Exécutif favorablement à son invitation à C séquestré par nos forêts et d’avoir des dans la sous-région a été fait et l’intérêt capacités institutionnelles en matière et atelier organisé par la de la COMIFAC, de l’équipe de cette importante rencontre. Ensuite informations fiables pour s’engager de la diversification économique, ce de REDD+, pour la gestion durable des COMIFAC avec l’appui financier coordination du PREREDD+, des le Secretaire Executif a adressé les de manière éclairée dans le marché qui d’ailleurs constitue, a-t-elle déclaré, forêts dans le bassin du Congo. du Fonds pour l’Environnement partenaires techniques et financiers de remerciements de Mme Francine carbone et dans la négociation du prix un des axes du projet de société du Mondial et de la Banque Mondiale la COMIFAC. Tumushime, Ministre des Terres de la conservation et de la gestion Président de la république du Congo à travers le PREREDD+, avait pour et des Forêts de la République du durable de nos écosystèmes forestiers. « la marche vers le développement » objectif de présenter les réalisations et Rwanda, Présidente en Exercice les résultats du projet régional REDD+. Des déclarations de la COMIFAC, au Gouvernement de la République du Congo, et plus Elle a aussi félicité la coordination du projet, le secrétariat exécutif de la qui considère la REDD+, comme un outil de développement durable et une Le déroulé des opportunité pour la diversification de Durant deux jours, les participants ont suivi des présentations et ont échangé A l’ouverture de cet atelier, les autorités aussi bien de la COMIFAC, de la particulièrement à Madame la Ministre de l’Économie Forestière pour avoir COMIFAC pour les résultats obtenus. l’économie nationale. travaux L’allocution d’ouverture a été faite par la sur les différentes réalisations du CEEAC et du ministère de l’économie accepté que les présentes assises se suite par Madame Rosalie MATONDO, Avant de conclure son propos Madame Peu avant la fin des travaux qui projet de renforcement des capacités forestière du Congo ont loué les efforts tiennent à Brazzaville. Ministre de l’Économie Forestière de la le Ministre a indiqué la nécessité de ont été clôturés par quelques institutionnelles en matière de la des uns et des autres. République du Congo. Elle a adressé capitaliser les résultats du projet par recommandations et le communiqué REDD+. une chaleureuse bienvenue à tous les les pays du Bassin du Congo, ce que final fait par les participants, l’atelier 6 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 7
Concernant les activités spécifiques du Congo ; L’étude de la variation de • Réaliser des tests d’application des au besoin des pays, toutes les la densité du bois : compartiments équations allométriques obtenues coordinations nationales à l’exception arbres, grosseurs arbres entre avec les données utilisées pour de celle du Gabon ont reçu des appuis espèces et entre sites ; les Relations le développement des niveaux multiformes du projet et ceux-ci ont été entre diamètre et hauteur au sein des d’émission de référence pour les favorablement appréciés. forêts tropicales d’Afrique centrale forêts (NERF), dans les pays de et l’Étude des facteurs d’expansion sous-région S’agissant des réalisations de la de la biomasse (BEF) des essences composante 2, les présentations commerciales d’Afrique centrale. • Accompagner et soutenir portant sur les sous composantes le Secrétariat Exécutif de la 2a (établissement d’un partenariat En attendant la publication des articles COMIFAC dans la mobilisation scientifique sur la mesure et le suivi se rapportant à ces thématiques, il des financements auprès des des stocks de carbone forestier) et 2b a donc été relevé l’existence d’une différents mécanismes financiers (définition des équations allométriques base de données exceptionnelle à (FEM, FVC, etc.). pour les principaux types de forêts du disposition des scientifiques d’où la bassin du Congo : résultats à l’échelle nécessité de mettre en place un comité A l’endroit de la COMIFAC : régionale et résultats par pays) ont scientifique au sein de la COMIFAC focalisé l’attention des participants pour suivre leur valorisation. • Pérenniser les initiatives compte tenu des attentes que suscitent consistant à la rédaction des notes les résultats des travaux de recherche Enfin, s’agissant des réalisations de position commune à l’occasion qui en découlent. de la composante 3, des études des négociations internationales complémentaires à la sous composante ainsi que les groupes thématiques Selon la coordination du projet, les 2b sur les équations allométriques ont constitués à cet effet ; équipes de recherche des pays, grâce été réalisées. Les résultats obtenus ont à une méthodologie de collecte et permis d’enrichir la base de données y • Mettre à profit le système de d’analyse des données suffisamment relative. gestion des connaissances de robuste et fiable, ont validé les la COMIFAC pour capitaliser équations allométriques par type de Au terme des travaux, les participants les acquis du projet et suivre forêt. Les meilleurs modèles sont ceux ont formulé les recommandations à l’aboutissement de certains prenant en compte trois prédicteurs à différentes échelles : processus en cours et savoir le diamètre, la densité du bois et Photo de famille équipe du projet PREREDD+ et secrétariat exécutif COMIFAC la hauteur des arbres et à défaut deux A l’endroit des pays : • Capitaliser l’entité scientifique prédicteurs à savoir le diamètre et la au profit de la COMIFAC et la densité du bois. • s’approprier les résultats découlant Poursuivre les efforts de recherche des recherches effectuées et à les des financements en vue de la a été structuré en 04 sessions La valorisation scientifique des intégrer dans les législations et poursuite des travaux entamés. présentant les trois composantes, résultats reste cependant encore réglementations nationales ; une préoccupation et quatre thèmes Réalisé avec la collaboration de la et réalisations dudit projet. Dans la spécifiques ont été retenus à cet effet. • Compléter les résultats obtenus en Coordination Régionale PREREDD première composante, les participants Ils concernent : L’établissement des envisageant une deuxième phase ont été édifiés sur les différentes équations allométriques d’estimation de collecte de données ; Par Wilfrid LAWILLA, Vincent réalisations, à savoir le Renforcement de la biomasse des forêts du Bassin MEDJIBE et Vanina NGALLEY de la coordination de la REDD+ entre les pays du Bassin du Congo. , lequel a été noté l’organisation de treize ateliers régionaux, la rédaction et la soumission de onze notes des positions communes de la sous-région dans le cadre des négociations sous la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques et la mise en place de groupes thématiques. Ces deux dernières initiatives ont été fortement appréciées et a été émis le souhait de les pérenniser. Sans oublier la promotion de la participation inclusive et la représentation des groupes des parties prenantes dans le débat sur la REDD+. La réalisation de cette activité a permis de mettre en place une plateforme de la société civile, ce qui trouve tout son intérêt dans la mise en œuvre de la REDD+ au niveau de la sous-région ; de renforcer le positionnement de la CEFDHAC et ses réseaux affiliés dans les débats sur les changements climatiques. Un accompagnement à la restructuration des fora nationaux dans les six pays va permettre la crédibilité de la CEFDHAC Visite de terrain sur le calcul des équations allométriques par et de la société civile de manière Visite de terrain sur le calcul des équations allométriques par l’équipe PREREDD. (crédit photo Vincent Medjibe) générale. l’équipe PREREDD. (crédit photo Vincent Medjibe) 8 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 9
ENTRETIEN MADAME partager entre Etats sur les données en matière des forêts notamment les mesures des stocks de carbone forestier, dans la sous-région sans oublier l’identification des données s’agissant de cette résilience aux changements climatiques. Effectivement ce projet n’était Au regard de l’importance de cette question même international, le dans processus l’agenda enclenché dans ce sens en espérant que les partenaires accepteront est de préservation, de conservation et de gestion durable des forêts de même qu’une économie verte qui doit être réalisée dans la sous-région. L’institution technique de la CEEAC MFOULA Marie Thérèse réservé que pour six pays de la zone pour l’élaboration des équations CEMAC. Alors, quel regard global d’appuyer tous les onze Etats membres qui est la COMIFAC, a déjà commencé allométriques qui permettent donc de au regard de l’intérêt suscité par de la CEEAC hors mis les six premiers avec des démarches pour que le projet maitriser des données permettant les pays non membres et quelles pays. Car, il faut parler d’une même puisse être pérennisé. également d’assurer la conservation et seront les perspectives projetées voix afin de sauver les forêts du Bassin Secrétaire Générale Adjointe de la Communauté la gestion durable des forêts et même pour éventuellement pérenniser les du Congo qui sont très importantes A l’occasion du conseil des ministres de de juguler le changement climatique. acquis de ce projet ? pour la survie de l’humanité. C’est la COMIFAC prévu le 15 mars prochain Economique des Etats de l’Afrique Centrale L’objectif global visé est de lutter contre pour cela qu’un regard particulier est à Brazzaville, les dispositions seront (CEEAC) portant sur la clôture des activités du projet la déforestation, la dégradation des Justement, ce projet a suscité l’intérêt, accordé à la gestion durable de ces prises afin qu’ensemble ils se battent forêts du Bassin du Congo, deuxième une importance capitale pour les pays forêts. comme ils l’ont fait à Copenhague PREREDD en Afrique centrale poumon vert après l’Amazonie. Et de la sous région. La CEEAC est pour que REDD+ soit inséré dans les les appuis qui sont apportés à la constituée de onze Etats membres, Parlant justement des perspectives consultations internationales, par la AEP : Vous avez tenu le dernier dernier comité de pilotage du projet sous région visent à assurer cette il n’y a eu que six concernés par dans le cas de la pérennisation de suite dans l’Accord de Paris lors de la atelier de pilotage du projet REDD pour le renforcement des préservation conformément à une cette première phase, c’est pour ces acquis, quelle est la projection Cop 21 en 2015. Pour cela, il faut que PREREDD, qu’est-ce qu’on peut capacités institutionnelles dans le résolution de l’Organisation des cela que les dispositions sont prises de la CEEAC en termes de mesures les efforts soient mutualisés afin que retenir comme avancées dans ce secteur REDD+ des pays du secteur du Nations Unies (ONU) qui a demandé pour enclencher le processus afin prises pour qu’il n’y ait pas un grand les appuis soient également apportés projet qui tire à sa fin au niveau de Bassin du Congo. Nous avons à l’issue à la communauté internationale de pérenniser le projet et que cette décalage dans le cadre du suivi et à la COMIFAC, bras technique de la CEEAC ? des débats, constaté les avancées d’appuyer la mise en œuvre du plan initiative puisse s’étendre sur les onze de la pérennisation de ces acquis ? la CEEAC pour parvenir à obtenir et les réalisations du projet qui avait de convergence de la COMIFAC pays membres. la phase 2 des investissements qui Mme Mfoula Marie Thérèse : trois composantes. La connaissance (Commission des Forêts d’Afrique Les Chefs d’Etat de la sous région doivent être faits. De même que la Effectivement, nous avons tenu le même et les informations qu’on devait Centrale) pour la survie de l’humanité ont adopté une politique en matière compensation qui doivent suivre pour 10 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 11
RESUME DES REALISATIONS DE L’ANNEE 2017 Le Projet PREREDD+ en Afrique Centrale : Regard croisé sur quelques résultats escomptés. Photo de famille du dernier comité du projet PREREDD ces pays qui préservent, conservent et assurent la gestion durable des forêts en perdant quelque peu les rentrées des devises sur la vente de ce bois. Pour conclure, peut-on dire que l’Afrique Centrale est aujourd’hui prête à bénéficier des financements visant à résoudre les problèmes liés au stockage de carbone ? Le présidium de la cérémonie d’ouver- Exactement. C’est pour mieux négocier au cours des consultations ture du Comité de pilotage Le Projet régional de internationales sur le marché de renforcement des ca- carbone que nous avons eu l’appui des partenaires techniques et financiers pacités institutionnelles afin de connaitre même les mesures en matière de REDD+ de stock de carbone forestier, pour pourvoir mieux nous positionner pour pour la gestion durable bénéficier des opportunités qui s’offrent sur le marché international. des forêts dans le Bas- sin du Congo (en abrégé A cet effet, la sous-région (la CEEAC et la COMIFAC) profitent donc ci-après PREREDD+) a de l’opportunité pour remercier tous les partenaires techniques et publié son rapport an- financiers particulièrement la Banque nuel 2017. Mondiale, le Fonds Mondial pour l’Environnement et tous les autres qui nous ont accompagné par des appuis S multiformes pour que ceci puisse se concrétiser au regard des résultats elon ce rapport, la dernière des actions en faveur des groupes lors de 46ème session de SBSTA et la obtenus et appréciables. Nous année de mise en œuvre du techniques spécialisés (AND/END, 3ème session de l’APA. espérons que tout se déroulera bien projet, 2017 a été une année EES/SESA, RECEIAC, MRV) chargés La restructuration et la redynamisation pour qu’au niveau de la phase 2, qu’on de consolidation des acquis et de d’accompagner la COMIFAC et les des fora CEFDHAC avec désignation voit beaucoup plus du concret. responsabilisation de l’expertise sous pays dans le mécanisme REDD+. A en des équipes dirigeantes ainsi que régionale en matière de REDD+. C’est croire le rapport, plusieurs résultats ont l’élaboration des cadres stratégiques Par Raoul SIEMENI dans ce cadre que le projet, en plus des été obtenus. Deux positions de vues du REPALEAC, du REFADD et du activités traditionnelles de préparation communes des pays de la COMIFAC PR2CAC sont des résultats obtenus aux négociations internationales sur ont été soumises à la convention de en faveur de la CEFDHAC et de la le changement climatique, a mené Bonn sur les changements climatiques société civile. Le rapport souligne 12 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 13
Visite de terrain sur le calcul des équations allométriques par l’équipe PREREDD. (crédit photo Vincent Medjibe) que, dans le cadre rapport de l’amélioration des connaissances Les activités Le Renforcement Un deuxième atelier sous-régional de renforcement des capacités a des débats efficaces réunissant les gouvernements, les organisations de devant servir à l’élaboration d’une planification stratégique de la PR2CAC en matière d’estimation du stock de carbone forestier, le projet a élaboré saillantes du dialogue et la été organisé du 13 au 15 mars sur la finance climatique qui avait pour la société civile et le secteur privé. ont été identifiés et les participants ont été édifiés sur l’état d’avancement sept équations allométriques dont une par pays et une équation allométrique Le document indique que, coordination dans objectif d’examiner la mise en œuvre de l’Accord de Paris et d’accroître les A ce titre, le rapport relève quelques incohérences avec la crise de légitimité du processus REDD+ et sur les mécanismes d’accès à la finance utilisable pour l’ensemble des six pays forestiers de la sous-région Afrique conformément au plan de travail et budget annuel 2017, toutes les activités le domaine de capacités des acteurs clés des pays de l’espace COMIFAC en matière sur le mandat de certains membres, notamment celui des différentes climatique. centrale. Le projet a mis l’emphase sur la vulgarisation des connaissances en ont été menées avec un même fil conducteur qui est le renforcement REDD+ de mobilisation des financements internationaux alloués à la lutte contre instances dirigeantes de la CEFDHAC, à quelques exceptions près, depuis Le Réseau des Communicateurs pour l’Environnement et l’Information en matière d’élaboration des équations des capacités institutionnelles en les effets néfastes des changements plus de deux ans, sont arrivés à Afrique Centrale (RECEIAC) potentiel allométriques et d’analyse des matière de REDD+. Les premières climatiques. Les participants à cet échéances, ce qui a engendré une membre de la CEFDHAC, se positionne Sur ce volet, le rapport mentionne la données. Au total 200 personnes du actions ont porté sur l’appropriation, atelier ont pris connaissance des crise de légitimité de cette dernière. comme une opportunité pour améliorer tenue de deux réunions du Comité de milieu universitaire dont 35% des l’internalisation de l’accord de Paris principales caractéristiques, priorités C’est dans ce cadre que cinq ateliers la communication et la visibilité de la Pilotage du projet se sont tenues en femmes sont informés dans le cadre sur le changement climatique et la et objectifs stratégiques, modalités de redynamisation des fora nationaux COMIFAC. C’est fort de cela que le Janvier et en Août 2017 respectivement des travaux scientifiques menés par le préparation à une participation active d’accès, ainsi que des procédures de la CEFDHAC sous l’égide du projet a financé l’organisation d’un à Douala au Cameroun et à Malabo en projet, notamment la méthodologie de et satisfaisante de la sous-région aux de demande de financement et des Secrétariat Exécutif de la COMIFAC atelier de renforcement des capacités République de la Guinée Equatoriale. collecte des données et ont découvert négociations sous la Convention Cadre critères d’éligibilité, d’examen de et des ministères de tutelle (forêts, au terme duquel les représentants Ces réunions, dont l’objectif est de nouveaux domaines d’étude. des Nations Unies sur le Changement projets nationaux et régionaux pour environnement) ont été organisés et de ce groupe d’acteurs ont appris d’encadrer et orienter la mise en Climatique (CCNUCC). Sous un tout chaque mécanisme de financement. ont abouti à de nouvelles élections de les concepts clés des changements œuvre du projet conformément aux Le rapport indique que trois manuels autre angle, plusieurs activités ont bureaux. climatiques et de REDD+ et les enjeux clauses de l’accord de don pour une de procédures de collecte des données visé la maitrise de la méthodologie Concernant la Promotion de de l’Accord de Paris et de la Déclaration meilleure satisfaction des bénéficiaires pour l’estimation de la biomasse de collecte des données en vue la participation inclusive et la Concernant les appuis apportés à de Marrakech. Ils disposent désormais ont permis à chaque fois d’examiner racinaire et aérienne en zone forestière du développement des équations représentation des groupes de la plate-forme régionale REDD+ et des outils nécessaires à l’information, les réalisations du projet en faisant ont été élaborés et diffusés sur le allométriques pour l’estimation du parties prenantes dans les débats changement climatique de la société la sensibilisation et la communication le lien avec les objectifs visés d’une site web du projet. Conformément stock de carbone forestier. Des actions sur la REDD+, le rapport soutien que, civile d’Afrique Centrale (PR2CAC), un des masses sur les changements part et la planification de l’année 2017 aux objectifs du projet, des sujets de spécifiques ont été menées en faveur dans le cadre de cette sous composante atelier sous régional de planification climatiques et la REDD+. De plus, un d’autre part. Les participants aux deux mémoire ont été proposés pour la des pays afin d’assurer la fonction du projet, un accent particulier a été stratégique a été organisé du 13 au mécanisme d’échange d’information réunions ont jugé satisfaisants les valorisation scientifique des données de coordination de la REDD+ dans accordé au renforcement du mandat 15 février 2017 à Edéa au Cameroun. et d’expérience a été mis en place résultats obtenus par le projet et ont de biomasse dans le cadre des la sous- région Afrique centrale. Ci- de la Conférence sur les Ecosystèmes L’objectif était de rendre opérationnelle sur la production et la diffusion des recommandé que le développement équations allométriques d’estimation dessous les réalisations présentées de Forêts denses et Humides ladite plate-forme en le dotant des outils informations au média concernant les d’une expertise sous-régionale en de la biomasse. Les données relatives par composante. d’Afrique Centrale (CEFDHAC) et de travail nécessaires et adéquats pour changements climatiques et la REDD+ matière d’estimation de stock de à ces sujets ont été collectées carbone forestier soit la priorité de de la Plate-forme sous-régionale son plaidoyer et sa visibilité. La version au niveau sous-régional, national et concomitamment avec les travaux de l’année. REDD+ et Changement Climatique finale de la charte de la PR2CAC local. terrain. (PR2CAC) afin d’offrir à l’échelle a été adoptée et éditée en 2500 régionale, un espace de dialogue et exemplaires. Les axes d’intervention 14 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 15
Echantillon des feuilles récoltées lors de l’exercice du calcul des équations allométriques du projet PREREDD (crédit photo Vincent Medjibe) Sur la satisfaction des besoins de la CdP 22 tenue à Marrakech la maitrise des pays en matière de supplémentaires de renforcement et ont apporté leur contribution à la REDD+ et d’autre part à améliorer la des capacités au niveau des préparation des négociations à la CdP coordination des pays forestiers du coordinations nationales REDD+, 23. Quant à la Guinée Equatoriale, Bassin du Congo dans le domaine de des enveloppes financières de taille les activités se sont focalisées sur les la REDD+. 2017 a été une année de moyenne (350 000 US$) ont été mises conclusions de la CdP 22 et les enjeux consolidation des acquis en matière à la disposition des six pays pour de la CdP 23 ont été présentés à une de négociations internationales pour répondre à leurs besoins spécifiques cinquantaine de personnes provenant la prise en compte des points d’intérêts et s’assurer qu’elles reçoivent le des administrations, de la société civile des pays de l’Afrique centrale et du soutien technique nécessaire à et du secteur privé. calcul de la biomasse forestière. Les leur engagement complet et à leur pays forestiers du Bassin du Congo contribution aux processus régionaux. La RCA a bénéficié d’une étude disposent désormais d’une banque des facteurs de déforestation et de des données des mesures des Quelques points dégradation des forêts a été menée ce qui est une avancée importante dans arbres qui peut servir de moult façon au renforcement des capacités des saillants par la mise en place de la REDD+ dans le pays. Comme dans les autres pays, jeunes étudiants et autres chercheurs. pays une cinquantaine de personnes ont été informées des conclusions de la Le rapport soutient que selon les sondages d’opinions, menées auprès CdP 22 principalement des avancées des bénéficiaires directs du projet, Les plans de travail 2017 des pays ont enregistrées dans les négociations montrent que ces derniers ont acquis été élaborés sur la base des reliquats relatives aux sujets d’intérêt des pays des connaissances sur la REDD+ de chaque pays. De manière générale, de la COMIFAC. Enfin, en RDC, et se réjouissent de l’intervention du les activités planifiées ont touché selon le rapport, une l’évaluation PREREDD+. Il mentionne qu’à la fin trois grands axes d’interventions: de la précision de l’analyse de la de l’année, les demandes en appui de les services de consultants, les couverture végétale et du calcul du la COMIFAC, de la CEFDHAC et des formations et les frais d’exploitation niveau d’émission de référence (REL) pays restent importantes. et petit équipement. Parmi les pays pour le Programme de réduction qui ont bénéficié ces activités, figurent des émissions de Maï Ndombé a été Le rapport conclut avec une note de le Cameroun où un état des lieux du menée par l’Observatoire Satellital des satisfaction, car peu avant la date de droit carbone et de la cohérence des Forêts d’Afrique Centrale (OSFAC). clôture du projet prévue en mars 2018, politiques pour la mise en œuvre le projet financera l’organisation de efficace de la REDD+ a été fait. Des plusieurs ateliers pour le décryptage propositions de réformes des politiques et lois sectorielles indispensables à la Un bilan des conclusions de la CdP 23, la CSPA, le comité de pilotage et la mise en œuvre efficace et équitable de la REDD+ ont été enrichies et sont satisfaisant restitution de l’ensemble des résultats du projet. désormais prêtes à être utilisées pour le plaidoyer ; Le rapport affirme que le taux de Réalisé avec la collaboration de la réalisation technique au 31 décembre Coordination Régionale PREREDD Au Congo, deux cent personnes 2017 est estimé à 93 %. Le projet ont été informées des conclusions Eléments tirés du Rapport annuel 2017 a contribué à renforcer d’une part de PREREDD 16 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018
COP2 DE LA CONVENTION DE BAMAKO les Parties ont réaffirmé que l’Afrique ne servira jamais de poubelle du monde Présidium cérémonie d’ouverture de la COP 2 de la Convention de Bamako Reconnaissance Quant à la présidente et plaidoyers en exercice de la COP2 Bamako, la ministre Malienne de l’environnement, Aïda Kéïta, « une action urgente En sa qualité de Directrice régionale et doit être de la responsabilité Représentante de ONU-Environnement des peuples africains. » Elle en Afrique, Mme Juliette BIAO, a a appelé de tous ses vœux à déclaré que « l’engagement des battre le rappel des troupes Parties à la Convention de Bamako en sans hésitation pour la lutte faveur d’une Afrique sans pollution par efficace contre les déchets dangereux sur les larges des le renforcement de la Convention de côtes africaines et autres Bamako renforcera, au bout du compte, formes de pollution. « Nous le rôle et l’engagement de l’Afrique ne devons plus attendre pour Passation du témoin entre la présidente sortante (Mali) et la en faveur du programme mondial lutter contre les pollutions présidente entrante (Cote d’Ivoire) de la Convention de Bamako sur les produits chimiques, l’Agenda afin de protéger la santé africain 2063 ainsi que les Objectifs de humaine, car le temps nous Développement Durable». Soutenant est compté » a-t-elle insisté. Les participants venus des vingt-cinq (25) pays d’Afrique issus des experts en environnement, du la vision de la présidente de la CoP. Le Directeur Exécutif de l’ONU- secteur privé, de la société civile et des organismes économiques régionaux ont pris part du 30 Environnement, Ibrahim Thiaw, pour Pour la ministre de la salubrité et de janvier au 1 février 2018, à Abidjan à l’occasion de la 2ème Conférence des Parties (CoP2) de la l’Environnement et du Développement sa part, traduit l’engagement des Convention de Bamako, sous le thème « une plateforme pour une Afrique sans pollution. » durable de la Côte-d’Ivoire, Anne parties prenantes à la convention de Ouloto, « la Convention de Bamako est faire du continent africain un continent un instrument important qui démontre propre, débarrassé de toutes souillures C la volonté des africains de protéger de pollution. « Nous réaffirmons que ette rencontre a permis aux une déclaration ministérielle négociée Convention de Bamako sur d’autres leur santé et leur environnement, » plus jamais l’Afrique ne servira de experts de discuter des dans laquelle ils ont réaffirmé leur conventions mondiales sur les produits poubelle du monde » a. -t-il déclaré avant d’ajouter que cette « Convention avancées réalisées dans la engagement à faire de l’Afrique un chimiques, la Convention de Bâle en est un instrument qui nous aide à avoir mise en œuvre de la Convention de continent sans pollution. Parmi les particulier. un continent exempt de toute forme de Motivés par « une Afrique sans Bamako et ont adopté un nombre recommandations, l’on note le message pollution. » Aussi, « l’atteinte de ces pollution », les dirigeants africains des décisions et recommandations. commun de toutes ces Parties, des Les synergies et la coopération défis majeurs, implique selon elle, que avaient mis sur pied cette plate-forme, Au cœur de ces assises, lutter contre mesures urgentes soient prises et des avec d’autres conventions et cadres les Etats signataires de la convention appelée « la Conférence des Parties l’interdiction d’importer en Afrique mécanismes efficaces soient mis en relatifs aux produits chimiques redoublent d’efforts. « Il nous faut de la Convention de Bamako ». des déchets dangereux et le contrôle place aux niveaux national et régional et aux déchets favoriseront et réaffirmer notre volonté politique par des mouvements transfrontières et pour une mise en œuvre effective des promouvront l’application effective le respect de nos obligations et de A noter qu’une réunion extraordinaire la gestion des déchets dangereux résolutions issues des CoP 1 et 2. de la Convention de Bamako, ont la mise en œuvre des décisions des COP en créant des synergies d’actions aura lieu en 2019 au Soudan, en produits sur le continent africain. reconnu les participants. Par ailleurs, prélude à la Cop 3 qui se tiendra du La Conférence des Parties a réaffirmé la Convention de Bamako vient en avec d’autres accords pertinents. Nous devons tout mettre en œuvre pour lui 5 au 7 février 2020 à Brazzaville, en Deux jours durant, les participants, son engagement à soutenir pleinement complément à la Convention de Bâle République du Congo. donner les moyens et l’envergure après des débats fructueux et la réalisation de l’objectif d’une gestion en couvrant les déchets dangereux nécessaire qui lui permettront de discussions nourries autour de la écologiquement rationnelle des tels que les substances radioactives jouer son rôle de plateforme pour une Wilfrid LAWILLA question de la pollution, ont adopté produits chimiques et des déchets par et les déchets spéciaux générés par Afrique sans pollution ». un ensemble de décisions et des l’application effective de la Convention les cargaisons contenant des métaux recommandations pertinentes. Ils ont de Bamako. Les Parties ont aussi lourds. également adopté par consensus réaffirmé la nécessité d’aligner la 18 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 19
protéger les populations africaines, les écosystèmes et l’environnement africain contre ces pratiques malveillantes. ENTRETIEN Monsieur Ibrahim THIAW L’Afrique connait des sérieux problèmes en matière de gestion des déchets de façon globale. Comment pensez-vous, face à cette difficulté, pouvoir assainir cet environnement, Directeur Exécutif adjoint de l’ONU-Environnement et en même temps faire face aux produits toxiques qui proviennent des pays occidentaux ? « Il faut une grande solidarité africaine pour éviter Il y a deux types des déchets qu’il faut distinguer : d’abord, ceux produits Mais, il y a aussi des produits chimiques dangereux qui, mal gérés, reviennent des produits et au lieu de les traiter par des services spécialisés, ils sont allés localement y compris les déchets que les déchets dangereux soient déversés » domestiques, industriels, les déchets liés aux hôpitaux et autres qu’il faut sur nos assiettes et nous rendent malade, polluent nos écosystèmes, nos rivières, nos zones côtières et les jeter dans les villages en faisant croire que ce n’était pas des produits dangereux. gérer. Ça c’est le rôle des municipalités, nous consommons parfois du poisson des gouvernants au niveau national. ou des légumes qui sont contaminés ; Donc, ces trois types des déchets Il peint le tableau sombre dans la lutte contre les déchets toxiques. Par ailleurs, il classifie Grâce aux nouvelles technologies, la nourriture en général. Il est important sont là. La Convention de Bamako beaucoup des pays africains valorisent que nous nous protégions contre ces sert à créer une barrière africaine ces déchets en trois types et relève la dangerosité de certains produits déversés sur ces déchets. Et d’ailleurs, on ne devrait produits dangereux. contre cette importation illicite des même plus les appeler déchets parce produits. Chaque pays est souverain le continent. Au cours de cet entretien avec votre magazine, il attire l’attention des que ce sont des ressources. Il faut Le troisième type qui est vraiment l’objet et peut, après consentement, décider autorités afin de lutter contre ce fléau très dangereux qui a fait déjà beaucoup de réfléchir positivement et voir comment de la Convention, c’est l’importation d’importer les produits et de les davantage tirer des ressources et inégale des produits dangereux traiter. Mais, il n’est pas acceptable victimes en Afrique. transformer les défis en opportunités. venus d’autres régions du monde, en d’utiliser l’ignorance et le manque particulier des régions industrialisées de capacité des pays africains pour Ensuite, il y a ce qu’on appelle les qui sont déversés de manière illicite sur aller jeter des produits dangereux qui Afrique Environnement Plus : extrêmement important dans le cadre Malheureusement, beaucoup des déchets toxiques qui sont souvent le continent africain. Nous avons connu sont par ailleurs interdits dans leur Que revêt l’importance, pour de la Convention dite de Bamako que pays africains manquent des capacités des produits chimiques également beaucoup d’exemples malheureux, des pays d’origine. Il n’est pas également l’ONU-Environnement, de pouvoir l’Afrique déploie ses ressources et ses pour assurer la surveillance de leurs importés par les pays africains ou milliers de personnes ont été affectées normal que ces pays d’origine souvent se pencher sur des questions capacités pour se protéger contre les territoires contre l’importation illégale produits localement et qui sont et certaines restent handicapées à ferment les yeux pour que leurs spécifiques, notamment celles de la déversements illicites et illégaux des des déchets par des hommes et des extrêmement utiles dans l’agriculture, vie simplement pour avoir respiré l’air industriels peu scrupuleux utilisent pollution en Afrique ? déchets dangereux. Les ressources femmes sans scrupules. Nous avons pour l’assainissement, pour améliorer impropre dû à des produits chimiques l’Afrique comme une déchèterie. Ce naturelles africaines sont connues : connu trop d’incidents et beaucoup la qualité de l’eau. A noter qu’il y a ou dangereux déversés ; soit pour avoir n’est pas acceptable et la convention Ibrahim THIAW : L’Afrique est les cours d’eau, les écosystèmes, d’africains ont été affectés par ces 130.000 produits chimiques à travers le consommé de l’eau, de la nourriture de Bamako est là pour protéger les un continent riche en ressources mais il faut aussi protéger la santé des déchets. Donc, la convention de monde et certains rendent d’énormes pensant qu’elles sont dans la même populations africaines et pour protéger naturelles, en peuple et en culture, populations africaines. Bamako a été négociée, signée et services au peuple. condition qu’avant. A l’exemple du l’environnement africain contre ces mais elle n’est pas une poubelle. Il est ratifiée et est rentrée en vigueur pour Nigéria, où des industriels ont importé produits dangereux. 20 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 21
Ils ont dit Mme Anne Désirée Ouloto, Ministre ivoirien de la Salubri- té, de l’Environnement et du Développement Durable, prési- dente en exercice de la Convention de Bamako « …Comme vous le savez, la gestion des déchets est aujourd’hui l’un des plus grands défis de notre temps et une préoccupation majeure pour nos Etats en raison de ses conséquences sani- taires et environnementales….Le problème est donc universel ; car l’importation et le déversement des déchets toxiques dans les pays en développement et notamment en Afrique mettent en évidence les lacunes du droit international relatif au mouvement transfrontière des déchets dangereux… Sinon, comment comprendre que les pays en développement, particulièrement en Afrique, qui ne possèdent pas d’installations adéquates pour la réception et le traitement des déchets, encore moins une technologie avancée dans le recyclage de ceux-ci, Photo de famille des officiels reçus par le Premier ministre ivoirien soient les principales destinations de ces déchets ? Ces expor- tations, souvent illégales et illicites du Nord vers le Sud, en vio- lation flagrante des dispositifs juridiques internationaux et natio- naux en vigueur dans le cadre de la Convention de Bâle et son Protocole, et dont mon pays, la Côte d’Ivoire a connu un épisode Quand on rejette un produit dangereux un rempart contre ces pratiques. Vous avez lancé un appel à tous particulièrement dramatique et douloureux, exigent de nous que dans la nature, cette dernière peut Vingt cinq Etats ont signé et ratifié la les pays membres à la ratifier d’ici nous redoublions d’efforts pour trouver des solutions efficaces, prendre des dizaines d’années à Convention, dix-huit autres ont signé et le 25 mai prochain, mais au-delà de afin de préserver notre continent… ». assimiler ces produits. Les gens sont en train de la ratifier, donc, c’est cette ratification, le problème qui se qui pratiquent l’agriculture, qui une convention qui est déjà effective. pose est celui du financement ou récoltent des tubercules, des fruits de l’implémentation des politiques ou qui boivent de l’eau peuvent être Lorsqu’on dit que la Convention et décisions adoptées. Quelles sont contaminés sur des générations. Cette de Bamako semble lointaine et les pistes de solutions ? contamination peut jouer sur les gênes compliquée, cela revient plutôt à deux Mme Aïda M’BO Kéïta, Ministre Malienne de l’Environne- de ces populations et les enfants sont choses : protéger les populations Vous avez raison ! Il faut d’abord que souvent nés déjà chargés des toxines. africaines et protéger l’environnement. les pays africains mettent un minimum ment, de l’Assainissement et du développement durable , La Convention de Bamako est comme des ressources financières et cela présidente sortante de la Convention de Bamako demande une volonté politique. Ce « …La Convention de Bamako: une plate-forme pour une serait toujours dangereux de se réfugier derrière le manque du financement Afrique sans pollution ». Ce thème est, à la fois, pertinent et parce que le manque de financement d’une actualité brûlante, dans un monde confronté aux défis est, en fait, la manifestation du manque multiples de paix, de sécurité mais surtout de problèmes de de volonté politique. Quand on décide d’accorder une priorité à une chose, santé parce que nous déversons chaque année des millions de on trouve le financement nécessaire tonnes de déchets dans nos eaux et sur nos terres. La vision et là on ne parle pas des millions de pour une Afrique sans pollution doit nous interpeller tous, États dollars, mais d’une politique nationale et de mettre en place un système de et dirigeants du secteur privé et de la société civile afin que nous veille et un système d’alerte pour éviter puissions mettre en œuvre de manière transparente et inclusive que les déchets dangereux soient une vision commune et des actions réalistes pour lutter contre déversés par d’autres personnes. Il faut mettre en place des équipes toutes formes de pollutions. à travers des services de contrôle L’action urgente est notre responsabilité, nous ne devons plus frontalier, douanier, environnemental, attendre pour lutter contre les pollutions afin de protéger la santé pour qu’ensemble, ils puissent rester en alerte. Bref, il faut une grande humaine, car le temps nous est compté. Nous avons la respon- solidarité africaine. sabilité collective de sauver et de préserver notre environnement et notre planète commune face aux menaces pour la santé et le bien-être de nos peuples et à œuvrer en faveur d’une planète Concertation entre ONU-Environnement et présidence de la Convention d’Abidjan Raoul SIEMENI sans pollution… ». 22 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 AFRIQUE ENVIRONNEMENT PLUS Magazine EDITION JANV. - FEVR. 2018 23
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