Petit journal de l'exposition - 5 mars - 6 juin 2011

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Petit journal de l'exposition - 5 mars - 6 juin 2011
Musée départemental
           Stéphane Mallarmé
                Vulaines-sur-Seine

       Petit journal
       de l’exposition

5 mars - 6 juin 2011
Petit journal de l'exposition - 5 mars - 6 juin 2011
Depuis les fantômes de son enfance - sa mère et sa sœur - jusqu’aux
      grandes amours de sa vie - sa discrète épouse Marie et la belle
      Méry Laurent (qui fut le modèle et la maîtresse d’Edouard Manet)
      - Stéphane Mallarmé a toujours vécu, rêvé et écrit à l’ombre de
      la Femme.
      Il en a fréquenté beaucoup : muses,               et les éventails ornés de vers qu’il
      collaboratrices (Berthe Morisot), amies           se plaisait à offrir aux dames de sa
      (Misia Natanson, égérie des Nabis)                famille ou à ses amies. La présence
      et complices (sa fille Geneviève,                 féminine affirme également sa force
      sa pupille Julie Manet, les « petites             dans l’univers poétique du poète,
      Gobillard », Paule et Jeannie, future             entre la fatale « Hérodiade au clair
      épouse de Paul Valéry). La femme                  regard de diamant », la « Sainte pâle »
      hante le quotidien du poète, comme                et « Musicienne de silence » (Sainte
      en témoignent l’éphémère revue de                 Cécile) ou la troublante silhouette
      mode qu’il a créée, La Dernière Mode,             entraperçue du Nénuphar Blanc…

      L’exposition présente ces figures féminines et les met en correspondance
      avec les écrits du poète par l’accrochage de peintures, pastel, dessins,
      photographies, gravures et objets, œuvres d’Edouard Manet, Berthe Morisot,
      Pierre Bonnard, Auguste Rodin ou encore Jacques-Emile Blanche…. Images
      et textes se mêlent intimement pour tenter de restituer toute la richesse de
      l’univers féminin de Mallarmé.
      Exposition proposée en partenariat avec la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet de Paris et avec
      le soutien du ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Île-de-France.

                            Musée départemental Stéphane Mallarmé
                                       Dans l’intimité du poète

        De 1874 à sa mort en 1898, Stéphane Mallarmé aimait beaucoup séjourner
        dans cette ancienne auberge, face à la Seine et à la forêt de Fontainebleau.
        Aujourd’hui, le musée restitue le charme de cette villégiature et permet de
        retrouver l’esprit du lieu à travers les meubles, les objets familiers et la
        bibliothèque du poète, et des œuvres de ses amis artistes : Whistler, Manet,
        Gauguin... Dans les salles du rez-de-chaussée, les expositions temporaires
        complètent l’évocation de l’univers de cet écrivain exceptionnel. Poussez
        la grille pour pénétrer dans l’intimité d’une maison d’écrivain et retrouvez
        toute l’atmosphère du 19e siècle… Prenez également le temps de vous
        attarder dans le beau jardin où Mallarmé aimait “faire la toilette des fleurs
        avant la sienne”…

2   Petit journal
Petit journal de l'exposition - 5 mars - 6 juin 2011
Marie Mallarmé (1835-1910)
    née Christina Maria Gehrard
    Epouse du poète
Mallarmé tombe amoureux de Marie           son enfant » de « Brise Marine ». En
en 1862 à Sens, par erreur pourrait-       1871, elle met au monde leur second
on dire. Il la croit anglaise – il est     enfant, Anatole, qui meurt à huit ans.
alors un fervent admirateur d’Edgar        Elle ne se remettra jamais de ce deuil.
Poe – alors qu’elle est allemande...       Certainement persuadée que son
Mallarmé, qui n’est pas encore majeur,     mari la trompe avec Méry Laurent,
l’ « enlève » à Londres. S’ensuivent de    Marie se referme sur elle-même. De
nombreuses tribulations sentimentales      santé fragile, elle est veillée par sa
avec fuites, réconciliations, larmes,      fille, désormais unique, Geneviève, qui
mariage. En 1864, à Tournon, la « petite   peu à peu remplace « petite mère » dans
Marie » donne naissance à Geneviève        les lettres échangées avec Mallarmé
et devient « la jeune mère allaitant       entre Paris et Valvins.

                                           “     Ce qui m’attire vers elle,
                                                 c’est quelque chose de
                                                 magnétique et qui n’a pas
                                                 de cause apparente.
                                                 Elle a un regard à elle
                                                 qui m’est une fois entré
                                                 dans l’âme, et qu’on ne
                                                 pourrait en retirer sans me

                                                                                       ”
                                                 faire une blessure mortelle.

                                                 Lettre de Stéphane Mallarmé
                                                 à H. Cazalis, automne 1862

                                           C. Courageux, Marie Gerhard, 1862,
                                           photographie, inv. 985.186.1 bis,
                                           musée départemental Stéphane Mallarmé,
                                           Vulaines-sur-Seine ©Yvan Bourhis

                                                                               Petit journal   3
Petit journal de l'exposition - 5 mars - 6 juin 2011
Geneviève Mallarmé (1864-1919)
           dite « Vève »
           Fille du poète
      « Je n’ai pas fait de vers, tous ces temps-ci, mais j’ai eu une petite fille
      bien rythmée, dont les yeux ont un bleu que je ne saurais pas mettre à
      mes rimes. » Lettre de S. Mallarmé à J. Roumanille, décembre 1864
      C’est sous le signe de la poésie que         théâtre à Valvins. Ils s’écrivent dès
      naît la fille du poète, Geneviève,           que l’un quitte l’autre. Geneviève
      exactement au moment où Mallarmé             tient aussi les cordons de la bourse
      « enfante » Hérodiade, sa sœur et rivale     du ménage Mallarmé, et apporte sa
      littéraire. Le poète, quoique parfois        contribution financière grâce à sa
      agacé par les aléas de la paternité          collaboration dans La Mode Pratique.
      (« avec ses cris, ce méchant baby a fait     La « rêveuse » fait tourner bien des
      s’enfuir Hérodiade aux cheveux froids        têtes (Paul Margueritte, Francis
      comme l’or » ), se révèle un tendre          Poictevin, Edouard Dujardin…) mais
      père. Au fil des années, Geneviève           ne se marie que plusieurs années
      devient sa complice. Avec elle, le           après le décès de Mallarmé avec le
      poète parle littérature. Ils partagent       docteur Edmond Bonniot.
      également le goût du jardinage et du

                                             “    Ô rêveuse, pour que je plonge
                                                  Au pur délice sans chemin,
                                                  Sache, par un subtil mensonge,

                                                                                                ”
                                                  Garder mon aile dans ta main. (…)

                                                  « Autre Eventail de Mademoiselle Mallarmé »

                                             James McNeill Whistler (1834-1903),
                                             Rose et gris, portrait de Geneviève Mallarmé,
                                             1897, huile sur bois, 20,6 x 12,2 cm,
                                             collection particulière
                                             ©Yvan Bourhis

4   Petit journal
Petit journal de l'exposition - 5 mars - 6 juin 2011
Berthe Morisot (1841-1895)
    Peintre et amie
Arrière petite-nièce de Fragonard, Berthe Morisot expose aux côtés des
Impressionnistes, dont la réputation est alors sulfureuse.

Amie et modèle d’Edouard Manet, elle      Mallarmé leur a trouvé un hôtel de
pose pour lui dans plusieurs tableaux     l’autre côté de la Seine, en face de
célèbres comme Le Balcon. Elle            sa maison. De leur chambre, la mère
épouse le frère du peintre, Eugène,       et la fille peignent le poète sur son
dont elle a une fille prénommée Julie.    bateau. Mallarmé intervient en 1894
C’est dans l’atelier de Manet que         pour que l’un des tableaux de son
Mallarmé rencontre Berthe. Le poète       amie, Jeune femme en toilette de bal,
et la peintre nouent une solide amitié.   soit acquis par l’Etat. Berthe décède
Mallarmé fait appel à elle en 1887, en    d’une pneumonie un an plus tard.
même temps qu’à Degas, Renoir et          Mallarmé écrit la préface du catalogue
Monet, pour illustrer un recueil de       de l'exposition posthume qui lui est
poésie, Le tiroir de laque. Berthe et     consacrée chez Durand-Ruel et, fidèle
Julie viennent en août 1893 faire un      à sa parole, prend soin de Julie dont il
heureux séjour de dix jours à Valvins.    est le tuteur.

                                          “     Rappeler, indépendamment
                                                des sortilèges, la magicienne…

                                                Stéphane Mallarmé, Divagations,
                                                « Quelques médaillons et portraits        ”
                                                en pied », « Berthe Morisot »

                                          Edma Morisot (1839-1921),
                                          Portrait de Berthe Morisot peignant,
                                          vers 1865, huile sur toile, 100 x 71 cm,
                                          collection particulière
                                          © Tous droits réservés

                                                                                Petit journal   5
Petit journal de l'exposition - 5 mars - 6 juin 2011
Augusta Holmès (1847-1903)
           Artiste et amie
      La jeune femme d’origine irlandaise est célèbre dans les milieux
      parnassiens par sa beauté et ses talents de musicienne et de chanteuse.
      Elle passe pour être la fille naturelle   venant parfois passer la soirée chez
      d’Alfred de Vigny, son parrain, et        elle, l’invitant à Valvins, défendant
      est demandée plusieurs fois en            ses œuvres musicales, et elle lui
      mariage par Camille Saint-Saëns.          demandant de prendre son fils en
      Compagne de Catulle Mendès                pension à Valvins. Pianiste hors-pair
      (marié à Judith Gautier), elle en         et fervente wagnérienne, Augusta,
      aura cinq enfants, qu’elle cachera.       proche de César Franck, courtisée par
      Lorsqu’Henri Regnault expose sa           Liszt, fiancée par la rumeur à Wagner,
      Thétis apportant à Achille les armes      est l’auteur d’un opéra, La Montagne
      forgées par Vulcain, le tout Paris        Noire, et de plusieurs compositions
      monde reconnaît Augusta sous les          étonnantes injustement tombées
      traits de la déesse blonde. Mallarmé      dans l’oubli.

                                                “
      et Augusta se lient d’amitié, le poète

                                                      Tu n’as pas reçu d’Augusta
                                                      une lettre éblouissante
                                                      d’enthousiasme ? Je lui ai lu
                                                      ton Hérodiade. Tes vers l’ont
                                                      rendue ivre tout un soir.
                                                      Elle s’est reconnue dans
                                                      cette magnifique image ;
                                                      elle s’est vue en cette glace
                                                      au trou profond, l’Hérodiade
                                                      lui est apparue comme son

                                                                                   ”
                                                      ombre lointaine (…).
                                                      Lettre de Cazalis, réponse à la lettre de
                                                      Stéphane Mallarmé du 3 avril 1870

                                                Henri Regnault (1843-1871), Thétis apporte à
                                                Achille les armes forgées par Vulcain, prix de
                                                Rome de 1866, huile sur toile, 113 x 146 cm,
                                                inv. PRP 117, École nationale supérieure des
                                                Beaux-Arts, Paris. © École nationale supé-
                                                rieure des Beaux-Arts de Paris
                                                Ici, Augusta est représentée sous les traits de
                                                Thétis.

6   Petit journal
Petit journal de l'exposition - 5 mars - 6 juin 2011
Misia Natanson (1872-1950)
    née Godebska
    Pianiste et amie
C’est la muse des Nabis, qu’elle subjugue. Fille du sculpteur Cyprien
Godebski – qui habita la villa voisine de l’actuel musée Mallarmé – Misia
eut une vie tumultueuse, qu’elle met en scène dans ses Mémoires.
Née à Saint-Pétersbourg, Misia a            en promenade, et venir à la Grangette
passé son enfance en Belgique chez          l’écouter jouer du piano. Il lui écrit
sa grand-mère. Fille du violoniste A.F.     des « vers de circonstances ». Misia
Servais et élève de Fauré, elle devient     se remarie ensuite avec le richissime
une remarquable pianiste. Elle              homme d’affaires Alfred Edwards,
épouse en premières noces Thadée            puis avec le peintre José-Maria Sert.
Natanson, directeur de la Revue             Figure-clef des milieux artistiques et
Blanche, et c’est dans ce cadre qu’elle     littéraires des premières décennies du
fréquente Mallarmé et les jeunes            XXe siècle, Misia fut la meilleure amie
artistes nabis. En 1896, le couple          de Coco Chanel, et proche de Proust,
s’installe à « La Grangette », à deux pas   Cocteau, Picasso, Satie, Diaghilev,
de la maison de Mallarmé, entraînant        Ravel, Stravinsky et Poulenc. Misia
dans son sillage Vuillard, Toulouse-        est enterrée comme Mallarmé au
Lautrec et bien d’autres. Mallarmé          cimetière de Samoreau, non loin de
aime beaucoup accompagner Misia             l’actuel musée.

                                            “    Nous avons eu hier la très
                                                 gentille visite amicale de Missia
                                                 (…). Elle (…) nous a confirmés
                                                 dans l’idée que nous avions
                                                 déjà, c’est-à-dire que tu étais né
                                                 pour être vieux garçon et que ce

                                                                                      ”
                                                 nouvel état t’allait fort bien.

                                                 Lettre de Geneviève à son père,
                                                 14 novembre 1896

                                            Pierre Bonnard (1867-1947), La Promenade
                                            (Misia Natanson), 1900, huile sur carton,
                                            38 x 31 cm, collection particulière
                                            © Adagp Paris 2011

                                                                               Petit journal   7
Petit journal de l'exposition - 5 mars - 6 juin 2011
Méry Laurent (1849-1900)
           Muse et amie
      Méry Laurent, modèle de Manet et de Nadar, inspiratrice de Mallarmé,
      Zola et Proust, a profondément marqué la vie artistique de la fin du
      XIXe siècle.

      D’origine modeste – sa mère est           une place déterminante dans la vie et
      blanchisseuse à Nancy- Anne-Rose          l’œuvre du poète. Mallarmé trouve en
      Louviot, née de père inconnu, est         Méry à la fois une confidente drôle,
      mariée dès l’âge de 15 ans à un           cultivée et généreuse, mais aussi
      épicier, J.C. Laurent. Elle se sépare     une source d’inspiration poétique
      rapidement de lui pour tenter sa          profonde, à la fois femme terrestre
      chance à Paris comme figurante            puissamment érotique et créature
      dans des comédies légères et des          littéraire idéale.
      rôles dévêtus. Remarquée grâce
      son physique plantureux, celle qui
      « parlait mieux avec ses seins qu’avec
      ses lèvres » devient la maîtresse
      du Docteur Evans, ancien dentiste
      de Napoléon III, qui l’entretient
      somptueusement et l’initie à l’art.
      Elle se fait alors appeler « Méry » en
      hommage à l’accent américain de
      son protecteur. C’est dans l’atelier de
      Manet, qu’elle fréquente assidûment,
      comme modèle et bien plus, qu’elle
      rencontre S. Mallarmé au milieu des
      années 1870. Ils deviennent bientôt
      amis intimes, et Méry s’avère être
      une muse pour Mallarmé : il lui dédie
      plusieurs poèmes, écrit à son attention
      d’innombrables quatrains-adresses
      ou des vers sur éventail, remanie pour
      elle Les Contes indiens… Pendant les      Jacques-Émile Blanche (1861-1942),
      quinze dernières années de la vie de      Portrait de Méry Laurent, 1893, huile sur toile,
                                                81,5 x 59 cm, collection particulière. D.R.
      Mallarmé, Méry, dite « Paon », occupe

      “
                                                © Adagp Paris 2011

           Ô si chère de loin et proche et blanche, si

                                          ”
           Délicieusement toi, Méry, …
                                                 Sonnet de Stéphane Mallarmé

8   Petit journal
Petit journal de l'exposition - 5 mars - 6 juin 2011
Marie-Louise (Loïe) Fuller (1862-1928)
   Danseuse et chorégraphe
Loïe Fuller est restée célèbre pour avoir révolutionné l’art de la danse
peu avant 1900 : avec ses célèbres voiles en mouvement, elle a
parfaitement incarné l’Art Nouveau.
D’abord comédienne, cette américaine     que l’architecte Henri Sauvage lui
s’essaie à la danse tardivement.         construit à l’Exposition universelle
Jouant des mouvements de voiles et       de 1900 assoit sa célébrité. Elle
des éclairages colorés, elle connaît     contribue à lancer Isadora Duncan
ses premiers succès avec la Danse        qu’elle compte un temps dans sa
serpentine. Elle est engagée aux         troupe. En 1908, elle crée une école
Folies-Bergère en 1892. Un an plus       de danse qui prend le nom de Ballets
tard, elle dépose un brevet pour ses     fantastiques de Loïe Fuller. Après la
dispositifs scéniques. Après s’être      guerre, elle se lance dans le cinéma.
produite en Angleterre et aux Etats-     C’est sa compagne qui, en 1934, soit
Unis, elle revient à Paris en 1897 et    six ans après sa mort, tourne le film
présente aux Folies-Bergère La Danse     La Féérie fantastique des ballets de
du Feu et La Danse du Lys. Le pavillon   Loïe Fuller.

                                         “     Relativement à la Loïe Fuller
                                               en tant qu’elle se propage,
                                               alentour, de tissus ramenés
                                               à sa personne, par l’action

                                                                       ”
                                               d’une danse (…).
                                               Stéphane Mallarmé, Divagations,
                                               « Autre étude de danse »

                                         Jean-Léon Gérôme, (1824-1904),
                                         Loïe Fuller, 1893,
                                         huile sur toile, 45,5 x 38,5 cm, inv. 945-2-22,
                                         musée Georges Garret, Vesoul
                                         © Studio Bernardot

                                                                              Petit journal   9
Petit journal de l'exposition - 5 mars - 6 juin 2011
Jeanne Jacquemin (1863-1938)
            née Marie-Jeanne Boyer
            Peintre et amie
       Figure fascinante de la fin du XIXe siècle, Jeanne Jacquemin est une
       autodidacte qui, lors de sa première exposition en 1892, enflamme la
       critique.
       Par ses œuvres mais également par       Georges, …). Elle a, en 1898, un projet
       son physique à la fois androgyne et     d’exposition comptant « une tête de
       sensuel – c’est une rousse « aux yeux   saint Jean sur un plat avec, pour
       préraphaéliques » - elle incarne        auréole, neuf Salomé conçues d’après
       parfaitement le Symbolisme. Elle        celles des historiens et des poètes, la
       gravite autour de la société de         Salomé de Gustave Flaubert auprès
       la Rose+Croix, est admirée par          de celle de Huysmans, puis celle de
       Huysmans, Verlaine, et suscite          Stéphane Mallarmé et celle de Jules
       l’intérêt des Goncourt. Mallarmé et     Laforgue, et celle d’Oscar Wilde
       elle nouent une relation d’amitié       aussi, … ». La « peintresse aux yeux
       et d’admiration réciproque. Jeanne      verts » meurt en 1938, clôturant
       Jacquemin produit des œuvres            dans le silence et l’indifférence une
       étranges qui sont souvent des           existence pourtant exceptionnelle.
       autoportraits douloureux (en Saint-

                                               “     Paon, va donc voir chez Bing
                                                     de très beaux et curieux
                                                     tableaux récemment
                                                     apportés par Madame Jeanne
                                                     Jacquemin ; qu’a décrits
                                                     Lorrain dans le Journal,
                                                     cet automne. Vraiment c’est
                                                     de l’art le plus rare. Ton SM

                                                     Lettre de Stéphane Mallarmé
                                                     à Méry Laurent, printemps 1898         ”
                                               Jeanne Jacquemin (1863-1938),
                                               Coupe de suavité, 1894, lithographie, 30 x 26 cm,
                                               collection Jean-David Jumeau-Lafond
                                               © Jean-David Jumeau-Lafond

10   Petit journal
Hérodiade
    Muse et personnage
Si Hérodiade est, selon le récit biblique, femme d’Hérode et mère de
Salomé, Mallarmé la confond volontairement avec sa fille, celle qui
dansa en échange de la tête du Baptiste.
La figure de Salomé imprègne la             princesse juive hantera Mallarmé
littérature, la peinture et la musique      pratiquement toute sa vie, depuis
de la fin du XIXe siècle : Banville (un     1864 – il la met au monde en même
sonnet des Poésies), Flaubert (un           temps que naît sa fille Geneviève –
des Trois Contes, 1877), Oscar Wilde        jusqu’à la veille de sa mort. Ce projet
(Salomé, 1890), Gustave Moreau, qui         évolue au fil des années : l’œuvre
lui consacre des dizaines d’œuvres,         d’abord conçue comme tragédie pour
Massenet (Hérodiade, 1881), Richard         le théâtre se transforme en poésie. Il
Strauss (Salomé, 1905), tous sont           est question d’une édition illustrée
fascinés par le personnage, qui             par Vuillard. L’année de sa mort,
allie beauté et cruauté. D’autres,          le poète donne un nouveau titre à
plus rares, lui préfèrent le motif de       son projet : Les Noces d’Hérodiade.
la tête décapitée du prophète, telle        Mystère. L’œuvre restera inachevée.
l’étonnante Jeanne Jacquemin. La

                                           “      … et je crois que si mon
                                                  héroïne s’était appelée
                                                  Salomé, j’eusse inventé ce
                                                  mot sombre, et rouge comme
                                                  une grenade ouverte,
                                                  Hérodiade.

                                                               ”
                                                   Lettre de Stéphane Mallarmé à Cazalis,
                                                   30 octobre 1864

                                          Gustave Moreau (1826-1898), Salomé, 1871,
                                          plume et encre brune sur traits à la mine de
                                          plomb sur calque, 18 x 11,5 cm, collection
                                          Lucile Audouy. © Thomas Hennocque

                                                                               Petit journal   11
Conseil général de Seine-et-Marne

                                                                                                                             Réalisation et impression : Imprimerie du département de Seine-et-Marne. En couverture : De gauche à droite, de haut en bas : Edouard Vuillard, Misia à la croix des gardes © Jean-Louis Losi ; Jacques-Émile Blanche, Méry Laurent, D.R. © ADAGP Paris 2011 ; Edma Morisot,
Musée départemental Stéphane Mallarmé

                                                                                                                             Portrait de Berthe Morisot peignant © D.R. ; Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé © Yvan Bourhis-DAPMD / CG77 ; Berthe Morisot, Julie rêveuse © Jean-Louis Losi ; Camille Delagrange, Maria Mallarmé © Yvan Bourhis-DAPMD/CG77 ; Portrait photographique de Geneviève
4, promenade Stéphane Mallarmé

                                                                                                                             Rédaction : Hélène Oblin, musée départemental Stéphane Mallarmé, CG77. Conception : Musée départemental Stéphane Mallarmé, Conseil génral de Seine-et-Marne - Coordination : Nathalie Fourcade, sous-direction des musées, Conseil général de Seine-et-Marne
77870 Vulaines-sur-Seine
Tél.: 01 64 23 73 27
Fax : 01 64 23 78 30
mallarme@cg77.fr

Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 17 h 30, et jusqu’à 18 h en juillet
et août. Fermé le 1er mai et du 24 décembre au 1er janvier

TARIFS :
Droits d’entrée :
• Visiteurs individuels :
- Plein tarif : 3 €
- Tarif réduit : 2 € (de 19   à   25   ans inclus, plus de   60   ans, bénéficiaires de l’allocation d’adulte
handicapé et leur accompagnateur, bénéficiaires du chèque-vacances)
- Gratuité : moins de 19 ans, demandeurs d’emploi, bénéficiaires du RSA, de l’allocation                         de parent
isolé, de l’APA et de la CMU

• Groupes à partir de 15 personnes :
- Gratuit : scolaires et étudiants, centres de loisirs, secteur social et du handicap
- Tourisme et comités d’entreprise : 2,40 € / personne
- Autres groupes : 2,70 € / personne

OFFRE DE VISITE :
                      visites guidées et ateliers pour les groupes (sur                  réservation)

                      - tarifs en sus du droit d’entrée. Se       renseigner auprès du musée.

OUTILS D’AIDE À LA VISITE :                                          Visioguide     en   LSF

                      audioguide
                                                                    Audioguide avec audiodescription
           Accueil,   audioguide                                    Livrets d’accompagnement en Braille
                                                                    et documents thermoformés
           et point audiovisuel
                                                                    Livret de visite en gros caractère
                                                                    (collections   et expositions temporaires)

 ! Musée    non accessible aux personnes en fauteuil roulant

ACCÈS
• Par la route (5 km de Fontainebleau, 16 km de Melun, 65 km de Paris) :
> Depuis Paris : autoroute A6, sortie n°12 St-Fargeau-Ponthierry ; N7 par Pringy, N6 direction Fontainebleau-
Avon / Bois-le-Roi ; D138, direction Champagne-sur-Seine jusqu’au pont de Valvins.
> Depuis l’A104 : autoroute A5b jusqu’à Melun puis N6, direction Fontainebleau-Avon, jusqu’à l’intersection
                                                                                                                             Mallarmé © Musée Mallarmé. Ne pas jeter sur la voie publique.

de la D138, direction Champagne sur Seine jusqu’au pont de Valvins.
Parking à côté du musée.
• En train au départ de Paris-Gare de Lyon :
> Direction Montereau ou Montargis arrêt Fontainebleau-Avon.
Puis prendre un bus ligne 12B, arrêt Laffemas. Le musée est ensuite à 5 minutes à pied, de l’autre côté du pont.
                  Plus de renseignements sur www.seine-et-marne.fr rubriques musées-départementaux et sortir
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