Épilepsies graves GUIDE - AFFECTION DE LONGUE DURÉE - Haute Autorité de Santé
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GUIDE – AFFECTION DE LONGUE DURÉE Épilepsies graves Juillet 2007
Ce guide médecin est téléchargeable sur www.has-sante.fr Haute Autorité de Santé Service communication 2 avenue du Stade de France – F 93218 Saint-Denis La Plaine CEDEX Tél. : + 33 (0)1 55 93 70 00 – Fax : + 33 (0)1 55 93 74 00 Ce document a été validé par le Collège de la Haute Autorité de Santé en juillet 2007. © Haute Autorité de Santé – 2007
Sommaire Introduction _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 3 1. Évaluation initiale _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 3 2. Prise en charge thérapeutique _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 6 3. Suivi _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 11 Parcours de soins « épilepsies graves » : récapitulatif _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 14 Annexe 1. Liste des participants _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 15 Annexe 2. Tableaux _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 16 Annexe 3. Clinique des crises épileptiques partielles _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 20 Annexe 4. Références _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 21 Liste des actes et prestations _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ I-XII Actualisation des guides et listes ALD Les guides médecin élaborés par la Haute Autorité de Santé sont révisés tous les 3 ans. Dans l’intervalle, la liste des actes et prestations (LAP) est actualisée au minimum une fois par an et disponible sur le site internet de la HAS (www.has-sante.fr). 1
Introduction L’objectif de ce guide est d’expliciter, pour les professionnels de la santé, la prise en charge optimale et le parcours de soins d’un patient admis en ALD pour épilepsie grave au titre de l’ALD 9 : formes graves des affections neurologiques et musculaires (dont myopathie), épilepsie grave. L’épilepsie se caractérise par la répétition chronique de crises épileptiques spontanées. La classification des épilepsies est extrêmement complexe, et seul un spécialiste peut appréhender l’ensemble du spectre des épilepsies et poser le diagnostic précis. Les différentes formes d’épilepsies affectent aujourd’hui environ 500 000 patients en France, dont 20 à 30 % sont pharmacorésistantes. Débutant préférentiellement soit dans l’enfance, soit chez l’adulte âgé (courbe d’incidence en U, autour de 120 pour 100 000 par an dans les deux tranches d’âge), elle constitue la première cause non traumatique de handicap sévère acquis du sujet jeune. La gravité d’une épilepsie dépend de nombreux facteurs, comme son étiologie (type de syndrome épileptique), le type de crises (durée, fréquence des crises, altération de la conscience) ou la résistance au traitement. Cependant, le retentissement psychologique, familial et social, que traduit une non-acceptation (liée à l’angoisse de mort) de l’environnement scolaire ou professionnel, est déterminant, car il aggrave la désinsertion du patient et donc le pronostic de la maladie. De ce fait, une attention particulière doit être portée aux conséquences cognitives et psychologiques des épilepsies de l’enfant, nécessitant une évaluation neuropsychologique et comportementale précise afin de proposer un accompagnement éducatif et psychologique adapté. Le contenu de ce guide a été discuté et validé par un groupe de travail pluridisciplinaire. Il est fondé sur les Recommandations pour la pratique clinique (RPC) et/ou les Conférences de consensus (CDC) disponibles, secondairement complétées par des avis d’experts (consensus professionnel) lorsque les données sont manquantes. Ce guide ne peut cependant pas envisager tous les cas spécifiques, toutes les comorbidités, toutes les particularités thérapeutiques, protocoles de soins hospitaliers, etc. Il ne peut pas revendiquer l’exhaustivité des conduites de prise en charge possibles ni se substituer à la responsabilité individuelle du médecin à l’égard de son patient. Il reflète néanmoins la structure essentielle de prise en charge d’un patient admis en ALD pour épilepsie grave (ALD 9), et sera mis à jour en fonction de la validation de données nouvelles. 1. Évaluation initiale Le médecin généraliste prescrit le plus souvent un premier bilan diagnostique et un traitement antiépileptique à un patient présentant des crises convulsives (épilepsie non compliquée, situation d’urgence, impossibilité de se référer rapidement à un spécialiste). C’est l’apparition des critères de gravité (cf. ci-après) qui permet d’évoquer le diagnostic d’épilepsie grave. La confirmation diagnostique de l’épilepsie grave et son évaluation sont du ressort d’un médecin spécialiste. 3
䉴 Critères de gravité La gravité de l’épilepsie peut relever d’une affection neurologique évolutive ou fixée1, responsable à la fois de l’épilepsie et d’un handicap neurologique et/ou psychologique. Les critères de gravité d’une épilepsie sont interdépendants et peuvent être résumés ainsi : ● retentissement cognitif, psychoaffectif, familial et éducatif, scolaire pour l’enfant, professionnel pour l’adulte ; ● fréquence, nature et pharmacorésistance des crises (pouvant être à l’origine de chutes ou entraîner une rupture du contact avec l’entourage, sévérité allant jusqu’à l’état de mal épileptique) ; ● effets indésirables liés aux traitements antiépileptiques. 1.1 Objectifs principaux ● Rechercher les arguments cliniques, paracliniques et évolutifs permettant d’établir le diagnostic de l’épilepsie ou du syndrome épileptique. ● Éliminer une autre affection susceptible d’expliquer les signes observés. ● Préciser la forme évolutive de la maladie, en évaluer sa gravité initiale, et rechercher la présence de complications, de comorbidités. ● Annoncer le diagnostic, choisir une prise en charge adaptée, et accompagner le patient et son entourage. 1.2 Professionnels impliqués Lorsqu’un patient présente une suspicion d’épilepsie grave, le médecin qui en fait l’évaluation (médecin généraliste, pédiatre, urgentiste, etc.) l’oriente vers un neuropédiatre ou un neurologue pour établir précisément le diagnostic. 1.3 Bilan initial 䉴 Arguments cliniques Facteurs d’orientation et antécédents ● Âge de début, antécédents personnels, antécédents familiaux d’épilepsie. ● Interrogatoire soigneux recherchant : ◗ la description des crises. L’épilepsie et les syndromes épileptiques sont extrêmement polymorphes, et varient en fonction de l’âge. Certaines manifestations épileptiques sont difficiles à reconnaître, en particulier chez le nourrisson. Des manifestations brèves, stéréotypées et répétitives doivent attirer l’attention (cf. Annexe 2, Clinique des crises épileptiques partielles) ; ◗ un épisode neurologique antérieur éventuellement oublié ; ◗ la présence de facteurs déclenchants ; ◗ la fréquence et l’horaire des crises. 1. Le spécialiste (neurologue, neuropédiatre) précise le type d’épilepsie. Le terme de « syndrome épileptique » regroupe les épilepsies qui ont une présentation clinique (âge de début, type de crise, état neurologique intercritique) et un aspect de l’électroencéphalogramme homogènes (par exemple : syndrome des spasmes infantiles, syndrome de Lennox-Gastaut, etc.). 4
Symptômes et signes cliniques L’examen neurologique doit être complet. Il doit comporter une évaluation du développement cognitif et comportemental, faite par un neuropsychologue. L’examen clinique peut être, selon les cas, complété par un examen psychomoteur et orthophonique. Arguments paracliniques Le diagnostic d’épilepsie et de syndrome épileptique est électroclinique. Du type de syndrome épileptique découlent des implications pronostiques et thérapeutiques. Électroencéphalogramme (EEG) ● L’EEG est indispensable pour le diagnostic de l’épilepsie ou du syndrome épileptique. Il sera éventuellement répété selon la nécessité ou en cas de doute diagnostique. ● Dans la majorité des épilepsies graves, des explorations plus complètes sont réalisées (EEG de sieste, de nuit, EEG ambulatoire, polygraphies, EEG vidéo continu, stéréo EEG). Imagerie ● L’IRM est l’examen d’imagerie le plus performant pour préciser le diagnostic étiologique, et elle est indispensable. L’IRM est parfois répétée dans le cadre d’une épilepsie grave (par exemple quand on veut suivre l’évolution d’une lésion cérébrale). ● IRM fonctionnelle, tomographie à émission monophotonique (SPECT), tomographie à émission de positon (TEP), etc., sont parfois nécessaires, notamment en préparation à la chirurgie. Examens biologiques Il n’y a pas d’examens biologiques à pratiquer systématiquement. Ils dépendent du contexte clinique. Examens métaboliques et génétiques Ils sont souvent nécessaires dans l’enquête étiologique d’une épilepsie grave, particulièrement chez l’enfant. Bilan neuropsychologique Le bilan neuropsychologique réalisé par des psychologues spécialisés est un temps essentiel du bilan d’une épilepsie grave. L’évaluation initiale et le suivi post- thérapeutique doivent comprendre une analyse globale de l’intelligence et des aptitudes cognitives, une étude spécifique des fonctions instrumentales, la recherche de troubles de l’attention et de la personnalité. Chez l’enfant, le suivi neuropsychologique permet l’orientation de la rééducation cognitive. 1.4 Annonce du diagnostic ● Étape essentielle, dont les modalités conditionnent la qualité de la prise en charge, au même titre que le suivi, l’accompagnement et le soutien tout au long de la maladie. ● Les recommandations portent sur trois points clés : ◗ qui ? Le neurologue ou neuropédiatre traitant ; ◗ quand ? Lorsque le diagnostic est établi ; 5
◗ comment ? Il faut prévoir un temps suffisant, une écoute, la possibilité d’un deuxième entretien. L’information porte sur un projet individuel de prise en charge, et un accompagnement des éventuelles conséquences éducatives et socioprofessionnelles (baignade non accompagnée, permis de conduire, contraception, grossesse) (cf. 2.3 Éducation thérapeutique). ● Il est utile de remettre aux deux parents de l’enfant et au médecin traitant un document écrit mentionnant le diagnostic et les explorations réalisées. ● Le médecin a une obligation légale d’informer son patient de la nécessité de se présenter à la commission départementale du permis de conduire, qui statuera sur son aptitude à la conduite (possible selon les cas pour le permis B). Dans le cadre des épilepsie graves, la conduite automobile est interdite par la loi. ● Le médecin doit aussi informer son patient des métiers interdits ou déconseillés et des possibilités de reclassement professionnel (cf. 3.6 Prise en charge médico- sociale). 2. Prise en charge thérapeutique 2.1 Objectifs généraux pluridisciplinaires ● Traitement antiépileptique, principalement médical, parfois chirurgical, afin de faire disparaître les crises ou, à défaut, d’en réduire la fréquence, la durée et l’intensité. ● Aide à l’insertion familiale, scolaire ou professionnelle, sociale. ● Détection et prise en charge des comorbidités et complications (en particulier les troubles de l’apprentissage et la dépression). ● Aide à l’amélioration de la qualité de vie. 2.2 Professionnels impliqués ● Le médecin traitant prend en charge les patients épileptiques : traitement de la crise, bilan diagnostique de première intention, initiation du traitement de fond. ● Dans un deuxième temps, le médecin traitant oriente le patient vers le spécialiste pour le diagnostic étiologique, le choix des thérapeutiques utilisées, l’adaptation de la prescription initiale et la recherche de signes de gravité (cf. 1. Évaluation initiale, Critères de gravité). Le plus souvent, la conduite des polythérapies est du domaine du spécialiste (neurologue et neuropédiatre). ● Orthophoniste, ergothérapeute, psychiatre, psychologue et neuropsychologue, psychomotricien, etc., en fonction des comorbidités et complications. 2.3 Éducation thérapeutique et hygiène de vie ● L’éducation thérapeutique commence dès l’annonce du diagnostic, et constitue l’une des dimensions de l’activité de divers professionnels de la santé. Elle doit veiller à ce que le patient avec une forme grave d’épilepsie ait une bonne compréhension de sa maladie (à la mesure de ses capacités cognitives), et à ce que l’entourage familial et social, médecins et infirmières scolaires, auxiliaires de vie, médecins du travail, également. Ces derniers doivent avoir la maîtrise des gestes techniques à faire en urgence. 6
● Cette éducation doit sensibiliser le patient, sa famille et ses aidants à l’existence d’associations de patients épileptiques et leur famille, et à l’intérêt de les contacter. ● Elle s’assortit d’une information sur la maladie, son traitement, ses conséquences et son retentissement sur la vie personnelle, familiale, scolaire ou professionnelle. Elle s’accompagne de conseils visant à permettre une insertion familiale, scolaire ou professionnelle la plus satisfaisante possible (éventualité de crises et conduite à tenir au domicile, à l’école, au travail ou dans un lieu public). Chez l’adulte, elle comprend une information sur les contraintes légales : permis de conduire, certaines professions et les possibilités de reclassement professionnel. Chez l’enfant, elle peut comprendre une information sur d’éventuelles adaptations et sur une réorientation scolaire. Elle doit aussi signaler les contre-indications, parfois temporaires, en fonction du type de syndrome épileptique (sports, baignade, médicament, stimulations lumineuses et jeux vidéo, privation de sommeil, etc.). Toutes ces informations sont à adapter à chaque cas. ● Le patient doit être informé des risques très importants liés à la prise d’alcool, qui est proconvulsivant. Le sevrage du patient doit être encouragé et accompagné. Si la consommation d’alcool ne peut être complètement arrêtée, elle doit rester modérée. ● L’information porte aussi sur les effets indésirables possibles des traitements reçus par le patient, la planification des examens biologiques de routine ou de dépistage de complications éventuelles, et leurs résultats. ● Chez les adolescentes et les femmes en âge de procréer, l’information porte sur les risques inhérents à la grossesse et sur la contraception (cf. 3. Suivi, Grossesse et allaitement). 2.4 Traitements antiépileptiques pharmacologiques2 䉴 Prise en charge de la crise avec perte de conscience Il faut prévenir les conséquences immédiates de la crise (traumatismes). Le patient doit être placé en position latérale de sécurité (PLS) pendant la phase d’obnubilation postcritique, afin d’éviter une inhalation. Pendant la crise, on ne tentera jamais de mettre un objet dans la bouche pour éviter une éventuelle morsure de langue ou une gêne respiratoire. Il est indispensable d’observer la crise et de noter sa durée. La majorité des crises épileptiques durent moins de trois minutes. Au-delà, il peut être utile d’administrer une benzodiazépine : par voie rectale ou par voie buccale à la face interne de la joue (diazépam, 0,5 mg/kg et sans dépasser 10 mg, avec une seringue en plastique à insuline sans aiguille). Chez le sujet âgé, insuffisant respiratoire ou insuffisant hépatique, il est prudent de s’abstenir d’utiliser les benzodiazépines. En cas de prolongation de la crise, il est nécessaire d’appeler le 15. 2. Pour des raisons de simplicité, les guides médecin citent généralement les classes thérapeutiques sans détailler l’ensemble des médicaments indiqués dans la maladie concernée. Cependant, chaque médicament n’est concerné que dans le cadre précis de son Autorisation de mise sur le marché (AMM). Si pour des raisons explicites tel n’est pas le cas et plus généralement pour toute prescription d’un produit hors AMM, qui s’effectue sous la seule et entière responsabilité du prescripteur, celui-ci doit en informer spécifiquement le patient. 7
䉴 Traitements de fond Dans le cadre de l’épilepsie grave, le traitement par antiépileptique doit être adapté par un spécialiste après vérification de l’absence de contre-indications. Le traitement doit être adapté à la singularité du patient : selon le type de crise et de syndrome épileptique, mais aussi en fonction des comorbidités, des autres traitements, ainsi que des possibilités d’absorption du patient. La monothérapie doit être privilégiée, néanmoins, la polythérapie est souvent utilisée dans les épilepsies graves. En cas de changement de traitement antiépileptique, le changement doit être progressif, et le patient doit être informé que la période de transition est à risque de crise. Les différents traitements antiépileptiques sont détaillés en annexe (cf. Annexe 2, Tableau 1. Conditions principales d’utilisation des traitements antiépileptiques). Ce tableau n’est pas exhaustif, dans tous les cas, le médecin traitant doit être sensibilisé à l’apparition d’effets indésirables chez un patient traité par antiépileptique, ainsi qu’à la possibilité d’interactions médicamenteuses. Un examen de dépistage d’anomalies du champ visuel est indispensable dès le début du traitement par vigabatrine. Par ailleurs, certains syndromes épileptiques nécessitent des thérapeutiques particulières en plus des antiépileptiques, comme les corticoïdes (hydrocortisone, solumédrol, prednisone, ACTH), qui ont plusieurs indications dans les épilepsies graves, en particulier dans les spasmes en flexion du nourrisson, ou le piracétam, utilisé dans le traitement de l’épilepsie myoclonique. Le choix des médicaments avec AMM est restreint chez l’enfant, particulièrement avant l’âge de 2 ans, compte tenu du peu d’études disponibles dans cette tranche d’âge. De ce fait, dans la majorité des épilepsies graves de l’enfant, la prescription d’un antiépileptique est hors AMM. 2.5 Autres traitements 䉴 Chirurgie Les patients ayant une épilepsie ou un syndrome épileptique pharmacorésistants doivent être orientés pour un bilan vers un centre de chirurgie de l’épilepsie. En cas d’indication, cette intervention sera tantôt curative (résection d’un foyer épileptogène plus ou moins étendu chez un patient résistant au traitement pharmacologique), tantôt palliative (callosotomie). Par ailleurs, la stimulation vagale peut être indiquée dans certaines épilepsies pharmacorésistantes, surtout multifocales. La chirurgie est préparée grâce à des techniques d’investigation très spécialisées (IRM fonctionnelle, SPECT, TEP, stéréo EEG, etc.). Une évaluation psychiatrique et neuropsychologique spécifique est indispensable avant tout acte chirurgical, et on suivra son évolution après celui-ci. 8
䉴 Régime cétogène Le régime cétogène, contraignant, est d’indication rare dans les épilepsies pharmacorésistantes, essentiellement chez l’enfant. Il s’agit d’un régime composé essentiellement de graisses, pauvre en protéines et en hydrate de carbone, qui impose à l’organisme d’utiliser les graisses comme source d’énergie. Cette énergie est produite par les lipides via la bêtaoxydation mitochondriale, et entraîne la production de corps cétoniques qui sont utilisés comme carburant par le cerveau. Le mécanisme exact de l’action anticonvulsivante du régime cétogène est encore inconnu. L’instauration de ce régime impose une hospitalisation, qui pourra être répétée lors du suivi. Chez le nourrisson et le petit enfant, ce régime peut être administré sous forme de « laits » industriels (KetoCal ®). La surveillance ambulatoire consiste à vérifier régulièrement la présence de corps cétoniques dans les urines (en utilisant des comprimés réactifs aux corps cétoniques), et à surveiller et prévenir l’apparition d’une dénutrition éventuelle (supplémentation en calcium, potassium, compléments nutritionnels). 2.6 Traitements des complications 䉴 Troubles anxio-dépressifs, troubles du comportement Le médecin traitant doit être sensibilisé à la fréquence élevée des troubles psychiatriques ou psychologiques associés, en particulier chez l’enfant, l’hyperkinésie et l’agressivité, et, chez l’adulte, la dépression. Si nécessaire, une prise en charge psychiatrique ou une psychothérapie peuvent être bénéfiques. Les antidépresseurs et neuroleptiques peuvent être utilisés avec les précautions d’usage, sachant qu’ils peuvent abaisser le seuil épileptogène. 䉴 Vitaminothérapie Une vitaminothérapie (vit. D) et un apport calcique sont indiqués dans le cas d’épilepsie grave chez les patients nécessitant une polythérapie, et en particulier chez ceux à mobilité réduite. 䉴 Contraception Une méthode contraceptive, mécanique ou pharmacologique, est recommandée chez les patientes épileptiques en âge de procréer ; une grossesse doit dans la mesure du possible être planifiée et encadrée par une équipe pluridisciplinaire (cf. 3. Suivi, Grossesse et allaitement). Si une contraception hormonale est choisie, il pourra s’agir d’un contraceptif oral ou d’implants hormonaux. Autant que possible, on choisira un antiépileptique non inducteur enzymatique. En cas de prescription d’un antiépileptique inducteur enzymatique, la fiabilité de la contraception hormonale systémique (donc aussi des implants) est diminuée, et il est généralement recommandé d’utiliser au moins 50 microgrammes d’éthinylœstradiol associés à une méthode mécanique. Les progestatifs seuls ainsi que la « minipilule » ne sont généralement pas recommandés. 9
Par extrapolation du manque de fiabilité des implants, il est considéré que l’anneau vaginal à progestérone et le patch œstroprogestatif manquent d’efficacité. Le stérilet en général et le stérilet à lévonorgestrel, exerçant un effet local, semblent avoir la fiabilité standard de la méthode. La contraception hormonale diminue le taux sanguin de lamotrigine. 䉴 En cas de grossesse Une supplémentation en acide folique (5 mg/jour) est recommandée si possible deux mois avant la conception et au moins jusqu’au premier trimestre de grossesse. La grossesse diminue le taux sanguin de lamotrigine dès le premier trimestre. 䉴 Épisodes intercurrents, comorbidités De nombreux médicaments peuvent aggraver l’épilepsie ou le syndrome épileptique par deux mécanismes : interaction médicamenteuse ou action proconvulsivante. En pratique, toute prescription médicamenteuse chez un patient traité par antiépileptique doit être contrôlée par la consultation du Vidal ou du Thesaurus Interactions médicamenteuses en ligne sur le site de l’Afssaps (www.afssaps.sante.fr). 2.7 Mesures préventives Chez les patients ayant une épilepsie grave, la survenue fréquente de crises épileptiques multiplie le risque de chutes et de traumatismes, notamment crâniens. Il peut être utile de conseiller à ces patients le port d’un casque de protection. 2.8 Prise en charge rééducative Dans le cadre des épilepsies graves, l’épilepsie peut traduire la complication d’une encéphalopathie, particulièrement chez l’enfant. Par ailleurs, la répétition de crises chez les patients avec des lésions cérébrales est souvent responsable du développement de déficits, ce retard de développement des acquisitions neuropsychologiques étant d’autant plus sévère que l’épilepsie survient tôt dans la vie du patient. Les objectifs individuels doivent être adaptés aux résultats de l’examen clinique et neuropsychologique, selon les besoins et demandes du patient : contrat entre le patient et ses aidants (les parents pour l’enfant) et les professionnels qui le prennent en charge. Selon les cas, la prise en charge se discute en ville, en hôpital de jour ou en centre de rééducation pour des hospitalisations à temps plein (cf. 2.3 Éducation thérapeutique et hygiène de vie et 3.6 Prise en charge médico-sociale). Cette prise en charge est fondamentale dans l’accompagnement des épilepsies graves. Elle implique les parents, les travailleurs sociaux, le personnel médico- technique (orthophonistes, psychologues, neuropsychologues, psychomotriciennes, ergothérapeutes, etc.) et le personnel de l’Éducation nationale, avec l’aide de la 10
Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Parfois, des prises en charge médico-éducatives dans certaines structures (en particulier IME, IMPro spécialisés en épilepsie) sont nécessaires. 3. Suivi 3.1 Objectifs principaux ● Apprécier l’évolution, rechercher des complications spontanées ou iatrogènes. ● Surveiller et adapter le traitement et les modalités de prise en charge. ● Répondre aux interrogations du patient et de son entourage, accompagner, soutenir et offrir une éducation thérapeutique. ● Permettre au patient de vivre aussi normalement que possible, en évitant l’isolement scolaire, professionnel et social. ● Préparer et organiser le passage de la prise en charge de l’enfant épileptique grave à la prise en charge en épileptologie adulte. 3.2 Professionnels impliqués ● Pour le suivi, il est essentiel d’obtenir une coopération efficace, organisée et en accord avec le patient, entre le médecin traitant, le médecin spécialiste et les différents intervenants : parents, enseignants, médecine scolaire, personnel technique, milieu professionnel (médecine du travail), commissions du permis de conduire. ● Le médecin traitant coordonne les soins, s’efforce de prévenir et de détecter les périodes d’inobservance thérapeutique, renouvelle le traitement de fond, dépiste les effets indésirables et prescrit les traitements pour les affections intercurrentes. Ce suivi est alterné avec des consultations spécialisées. ● La consultation chez le spécialiste est recommandée une fois par an ou en cas d’événement inexpliqué (par exemple survenue de nouvelle crise sans raison retrouvée, chez un patient antérieurement stabilisé). ● Des prises en charge particulières (psychiatres, orthophonistes, psychologues et neuropsychologues, psychomotriciens, ergothérapeutes, etc.) peuvent être nécessaires tout au long de l’évolution. ● Soins dentaires en cas de traumatisme dentaire, de trismus chronique, ou surveillance gingivale en cas de traitement par phénytoïne. Par ailleurs, les polythérapies antiépileptiques sont régulièrement délétères pour les gencives, et génèrent des infections bucco-dentaires. ● Un examen ophtalmologique pour les patients sous vigabatrine est indispensable, le plus souvent 2 fois par an (surveillance du champ visuel). ● Les professionnels du secteur médico-social interviennent pour les cas d’épilepsie les plus graves (enfants et adultes) qui sont en IME, IMPro, foyers d’hébergement ou maisons d’accueil spécialisées. 11
3.3 Examen clinique ● Le suivi du patient par le médecin traitant est essentiel et principalement clinique. ● Le médecin traitant doit être sensibilisé au dépistage des nombreux effets indésirables observés lors du traitement par antiépileptique. De nombreux médicaments peuvent déséquilibrer l’épilepsie par interaction médicamenteuse ou une action proconvulsivante, et cela impose de consulter le Vidal ou le Thesaurus Interactions médicamenteuses en ligne sur le site de l’Afssaps (www.afssaps.sante.fr) pour toute prescription médicamenteuse chez un patient traité par antiépileptique. 䉴 Grossesse, allaitement Le médecin traitant doit informer la patiente en âge de procréer, dès les premières consultations, de ses risques spécifiques à mener à terme une grossesse (risque tératogène, risque de souffrance fœtale si crises pendant la grossesse). Si nécessaire, le médecin traitant prescrit une contraception, et veille à son observance et à l’absence de grossesse (cf. 2.6 Traitement des complications). Dans le cadre d’une épilepsie grave, lorsqu’une patiente désire une grossesse ou en cas d’allaitement, il est conseillé de recourir à une consultation spécialisée avec le gynécologue et le médecin spécialiste. La grossesse chez une patiente épileptique doit être si possible précédée de mesures préventives, comme la simplification du traitement et la prise de folates (5 mg/jour) deux mois avant l’arrêt de la contraception et au moins jusqu’à la fin du premier trimestre de grossesse. Pendant la grossesse, le suivi sera resserré : le nombre de consultations et d’échographies pourra être plus élevé que chez une patiente n’ayant pas de risque spécifique. De même, un EEG en début et en fin de grossesse est recommandé. Après l’accouchement, la possibilité d’allaiter sera discutée avec le spécialiste. 3.4 Suivi paraclinique 䉴 Examens biologiques ● Certains antiépileptiques nécessitent une surveillance biologique systématique. Ces examens sont détaillés en annexe (cf. Annexe 2, Tableau 2. Suivi des épilepsies – Examens biologiques de routine). ● En dehors de ces cas, leur prescription dépend du contexte, par exemple une comorbidité (insuffisance hépatique, insuffisance rénale, etc), de l’apparition d’effets indésirables, qui peuvent amener à modifier la posologie voire à arrêter le traitement, d’une aggravation de l’épilepsie ou du syndrome épileptique (observance du traitement, taux d’antiépileptique insuffisant). Dans ce cadre des épilepsies graves, une modification significative du traitement nécessite un avis spécialisé. ● Le dosage sanguin de certains antiépileptiques peut être utile, s’il est effectué au début du traitement à pleine dose après une période de quelques semaines. ● Par la suite, en cas d’épilepsie équilibrée, le dosage sanguin des antiépileptiques est inutile. 12
● Il ne doit être effectué, lorsqu’il est possible, qu’en cas de : ◗ mauvaise observance avérée ou suspectée ; ◗ suspicion de surdosage ; ◗ ajustement thérapeutique, en cas de réapparition ou aggravation des crises ; ◗ gestion des interactions médicamenteuses ; ◗ situations cliniques particulières : grossesse, défaillance métabolique, état de mal, etc. ● La consommation chronique d’alcool du patient peut être évaluée par le dosage du CDTect (transferrine désialylée), des gamma-GT et du VGM. 䉴 Imagerie L’IRM, si elle est effectuée initialement, peut être répétée dans certains contextes cliniques et sur avis spécialisé, avec orientation du radiologue vers la région à étudier. 䉴 Autres examens ● EEG : ◗ l’EEG, parfois l’EEG vidéo, sont demandés sur avis spécialisé, si les crises se modifient, s’aggravent ou posent la question de leur organicité ; ◗ si l’état clinique reste stable, un EEG est réalisé tous les 2 ans, sauf en cas de situation particulière (demande préopératoire, etc.). ● Examen du champ visuel, en cas de traitement par vigabatrine, puis tous les 6 mois. ● Ostéodensitométrie : indiquée chez certains patients avec polythérapie anti- épileptique et à mobilité restreinte, pour un bilan de déminéralisation (sur avis spécialisé). 3.5 Hospitalisation L’hospitalisation en contexte spécialisé est parfois indispensable en cas d’aggravation des crises, ainsi que pour certains réajustements thérapeutiques ou la mise en route de traitements spéciaux, comme le régime cétogène. 3.6 Prise en charge médico-sociale ● Il est nécessaire de mettre en place une approche pluridisciplinaire bien coordonnée entre les différents intervenants : intérêt d’une prise en charge globale, de type réseau, dédié ou non, en articulation avec des structures spécialisées (enfants polyhandicapés avec épilepsie grave). ● Elle peut se justifier devant des épilepsies graves, difficiles à équilibrer, afin de permettre un traitement efficace tout en assurant une continuité de scolarité ou le maintien dans une activité professionnelle. ● Au besoin, le patient pourra être dirigé vers les Maisons départementales pour les personnes handicapées (MDPH), créées par la loi du 11 février 2005, regroupant commission départementale d’éducation spéciale (CDES) et Commission technique d’orientation et de reclassement professionnel (COTOREP) : guichet unique ayant mission d’information, d’accueil, de conseil, évaluant les besoins et proposant un plan personnalisé de compensation, d’accompagnement et de suivi par le biais d’une commission des droits et de l’autonomie. 13
Parcours de soins « épilepsies graves » : récapitulatif Suspicion de Diagnostic et bilan initial en milieu neurologique crise Arguments cliniques, paracliniques généralisée Annonce du diagnostic Épilepsie Épilepsie Épilepsie idiopathique cryptogénique symptomatique Pas d’indication à un traitement de fond Suivi conjoint Pas de handicap Traitement de fond et MT/neurologue, Vie socio-éducative ou handicap permanent neuropédiatre socioprofessionnelle normale ALD Surveillance Prise en charge ambulatoire pluridisciplinaire hors ALD Réseaux et structures spécialisées Autres spécialistes Services sociaux Associations de patients, etc. Hospitalisations transitoires Prise en charge institutionnelle (crise, complication, ajustement permanente thérapeutique, régime cétogène, etc.) ou maintien à domicile 14
Annexe 1. Liste des participants Ce travail a été coordonné par le Dr Stéphane Beuzon, Chef de projet au service Affections de longue durée et accords conventionnels, et réalisé avec les participants suivants : ● Mme Laila Ahddar, Épilepsie France, Paris ● Pr Arnaud Biraben, LFCE, Rennes ● Mme Claire Cachera, FFRE, Paris ● Dr Nathalie Dumarcet, Afssaps, Saint-Denis ● Dr Benoît Dupuy, neurologue, Cherbourg ● Dr Marie-Anne Durand-Fonvieille, Aispace, Saint-Martin-du-Mont ● Dr Laurence Ladrière, médecin-conseil RSI, Saint-Denis ● Dr Pierre Le Mauff, médecin généraliste, La Roche-sur-Yon ● Dr Michael Mann, neurologue, Paris ● Dr Patrick Morvan, médecin-conseil, CCMSA, Bagnolet ● Pr Jacques Motte, neurologue pédiatre, Reims ● Dr Philippe Pérez, médecin-conseil RSI, Saint-Denis ● Pr Gérard Ponsot, neurologue pédiatre, Paris ● Dr Mathilde Risse, médecin-conseil CNAMTS, Paris ● Dr Ludovic Thieffry, médecin généraliste, Seclin ● Pr Pierre Thomas, neurologue, Nice 15
Annexe 2. Tableaux Tableau 1. Conditions principales d’utilisation des traitements antiépileptiques Risque d’aggravation de Indications Antiépileptique certains syndromes Posologie (P, en mg/kg) épileptiques Carbamazépine Épilepsies partielles ou Spasmes infantiles, épilepsies généralisées avec crises myocloniques, « en monothérapie ou absences, POCS, absences du en association » syndrome de Lennox-Gastaut, P = 10-20 crise tonique du syndrome de Lennox-Gastaut, rares cas d’aggravation des épilepsies bénignes à pointes centro- temporales Clobazam Tous types d’épilepsies « en association » P = 0,5-1 Clonazépam Tous types d’épilepsies « en association ou en monothérapie temporaire » P = 0,1-0,2 Diazépam Traitement d’urgence de l’état de mal P = 0,5 mg/kg, total max. 10 mg Éthosuximide Épilepsie généralisée (absence) « en monothérapie ou en association » P = 20-30 Felbamate Syndrome de Lennox-Gastaut « en association » P = 15-45 Fosphénytoïne État de mal Substitution de la phénytoïne orale lorsque l’administration orale est impossible ou contre-indiquée Gabapentine Épilepsies partielles Absences du syndrome de « en monothérapie ou Lennox-Gastaut en association » Clonies P = 20-35 Myoclonies Lamotrigine Épilepsies partielles ou Syndrome de Dravet généralisées Épilepsie myoclonique Syndrome de Lennox-Gastaut « en monothérapie ou en association » P = 1-5 (variable selon AE associé) 16
Risque d’aggravation de Indications Antiépileptique certains syndromes Posologie (P, en mg/kg) épileptiques Lévétiracétam Épilepsies, partielles et généralisées « en association », « en monothérapie pour les crises myocloniques ou les crises tonico-cloniques » P = 20-40 Oxcarbazépine Épilepsies partielles « en monothérapie ou en association » P = 30-45 Phénobarbital Épilepsies partielles ou Spasmes infantiles, généralisées Syndrome de Dravet État de mal (IV) POCS Convulsions néonatales « en monothérapie » P = 15-20 ; IV ; nouveau-nés 3-5 < 5ans ; 2-3 > 5 ans Phénytoïne Épilepsies partielles ou POCS généralisées Absences « en monothérapie ou Myoclonies en association » myoclonique progressive P = 15-20 ; IV ; nouveau-nés 8-10 < 3ans ; 4-7 > 3 ans Prégabaline Épilepsies partielles avec ou sans généralisation secondaire « en association » Indiqué chez l’adulte P = 150-600 (mg/jour) Primidone Épilepsies partielles et généralisées « en monothérapie ou en association » P = 10-40 Rufinamide Syndrome de Lennox-Gastaut « en association » Stiripentol Syndrome de Dravet « en association au clobazépam et à l’acide valproïque » Indication pédiatrique Autres indications, en ATU nominative P = 50 Sulthiame Épilepsie à paroxysmes rolandiques En ATU nominative P = 5-15 17
Risque d’aggravation de Indications Antiépileptique certains syndromes Posologie (P, en mg/kg) épileptiques Tiagabine Épilepsies partielles Absences « en association » P = 0,5-2 Topiramate Épilepsies généralisées et partielles Syndrome de Lennox-Gastaut (hors AMM) « en association ou en monothérapie en deuxième intention » P = 4-6 Valproate Épilepsies partielles POCS de sodium ou généralisées « en monothérapie ou en association » P = 15-40 Vigabatrine Spasmes infantiles Épilepsies myocloniques « en monothérapie » Absences Épilepsies partielles « en association en dernière intention » P = 100-150 : spasmes infantiles P = 20-80 : autres indications Zonisamide Épilepsies partielles, épilepsies myocloniques « en association » P = 4-12 AE : antiépileptique. IV : intraveineux. POCS : pointes-ondes continues du sommeil (aspect de l’EEG) ; celles-ci couvrent plus de 80 % du sommeil lent et se rencontrent dans différentes épilepsies graves. 18
Tableau 2. Suivi des épilepsies – Examens biologiques de routine Antiépileptique NFS Enzymes hépatiques Autres Carbamazépine Une fois par semaine Une fois par semaine le premier mois le premier mois Éthosuximide Surveillance périodique * Felbamate Toutes les Toutes les 2 semaines 2 semaines Lamotrigine Surveillance périodique * Oxcarbazépine Natrémie à 2 semaines, puis tous les mois les 3 premiers mois Phénobarbital Surveillance périodique * Stiripentol Tous les 6 mois Tous les 6 mois Topiramate Surveillance périodique * Valproate Surveillance INR, surveillance de sodium périodique les périodique les 6 premiers mois 6 premiers mois Vigabatrine Surveillance périodique * * Surveillance « périodique » est la formulation des RCP (Résumé des caractéristiques du produit) des antiépileptiques. En l’absence de données validées par des études cliniques, il est proposé de réaliser ces examens 1 fois le premier mois, puis 2 fois dans l’année, puis 1 fois par an. Ces examens sont à contrôler en cas de signes cliniques suspects, d’échappement ou de maladie intercurrente non expliquée. 19
Annexe 3. Clinique des crises épileptiques partielles La prise en charge en urgence de la crise épileptique avec perte de conscience est décrite au chapitre 2.4 Traitements antiépileptiques pharmacologiques – Prise en charge de la crise avec perte de conscience. Cependant, de nombreuses crises épileptiques partielles ne se présentent pas sous cette forme de diagnostic aisé. Les crises partielles sont dites « complexes » ou « simples » en fonction de la présence ou non d’un trouble de la conscience. Les crises partielles peuvent être de manifestations très diverses, atypiques, elles doivent alerter le médecin et tout professionnel, parent ou aidant en charge du patient. On définit ainsi : ● les crises somato-motrices (convulsions focales) ; ● les crises somato-sensitives, qui peuvent consister en des fourmillements localisés, en taches colorées (crises visuelles), en hallucinations élémentaires (crises auditives, gustatives ou olfactives) ; ● des signes végétatifs, principalement digestifs (gêne épigastrique), viennent parfois s’ajouter à la sémiologie citée ci-dessus ; ● la crise partielle peut aussi s’accompagner d’une symptomatologie psychique très variée. Une forme particulière fréquente est la crise partielle complexe avec automatismes : elle associe à un trouble de la conscience des activités automatiques motrices, plus ou moins complexes, à type de mouvements de mâchonnement, de léchage ou d’automatismes plus élaborés, comme se frotter les mains, fouiller le contenu de ses poches, arranger ses vêtements. Des automatismes verbaux sont également possibles, ainsi que des automatismes de déambulation. Toute crise partielle, simple ou complexe, peut éventuellement se généraliser et donner lieu à une crise tonicoclonique. Il est important de rechercher la présence d’un trouble de la conscience ainsi que le déroulement chronologique et la focalisation de la crise. Après la crise, il est important de rechercher un déficit postcritique. 20
Annexe 4. Références Fédération française de neurologie, Ligue Scottish Intercollegiate Guidelines Network. française contre l'épilepsie, Agence nationale Diagnosis and management of epilepsies in d'accréditation et d'évaluation en santé. Prise children and young people. Edinburgh: SIGN; en charge des épilepsies partielles 2005. pharmaco-résistantes. Conférence de consensus. Paris : Anaes ; 2004 Société française de réanimation de langue française, Agence nationale pour le National Institute for Clinical Excellence. The développement de l’évaluation médicale. epilepsies. The diagnosis and management Prise en charge de l'état de mal épileptique of the epilepsies in adults and children in (enfants-adultes). Conférence de consensus. primary and secondary care. Clinical Paris : ANDEM ; 1995 Guideline 2004; 20. Scottish Intercollegiate Guidelines Network. Diagnosis and management of epilepsy in adults. Edinburgh: SIGN; 2003. 21
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