# 15 JAN.-FÉV. 2016 - MARCOS FREITAS - Quomodo
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LA REVUE OFFICIELLE
DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE
# 15
DE TENNIS DE TABLE JAN.-FÉV. 2016
ENTRETIEN CLUBS HOMMAGE
MARCOS STADE VINCENT
FREITAS POITEVIN T.T. PURKART
> Page 16 > Page 30 > Page 56ÉDITO / SOMMAIRE 3
4 ÉVÉNEMENT
ENFIN 2016
Championnats du Monde juniors
16 ENTRETIEN
soigneusement planifiée devraient Marcos Freitas
permettre à nos meilleurs joueurs
de voir les Jeux de Rio, pour les 22 DOSSIER
épreuves individuelles comme dans Une année dans le rétro
les compétitions par équipes. Le
tennis de table, et dans son sillage 26 BRÈVES FRANCE
la FFTT, pourraient profiter à fond 30 CLUBS
de l’exposition médiatique unique
offerte par l’événement olympique. Stade Poitevin T.T.
Ne laissons pas passer une telle
opportunité. 34 CULTURE PING
L’année 2016 est olympique, mais Les robots s’invitent à table
Une année a pris fin, une autre ces douze mois ne seront pas seule-
débute. L’heure des vœux, des réso- ment dominés, pour la Fédération, 38 DÉCRYPTAGE
lutions et des promesses d’avenir. Le par les Jeux de Rio. Le haut niveau La table d’arbitrage
moment de vous souhaiter, à vous n’est pas tout. Un vaste et ambitieux
tous amis pongistes, une excellente plan de développement a été mis 40 CONSEILS
année 2016. Qu’elle soit pleine en place depuis le début de l’olym- Musculation
de réussite, sur le plan sportif mais piade. Il est articulé autour d’une
aussi dans vos projets personnels. offre plus large de pratiques, d’une 42 AUTOUR DU MONDE
Pour la FFTT et pour le tennis de ouverture vers un autre public,
table français, cette année 2016 d’une communication renforcée et 46 PORTFOLIO
ne sera pas tout à fait comme les d’un sport toujours plus citoyen et Grandes Finales World Tour
autres. Elle sera olympique. Le mou- responsable. Ses résultats sont déjà
vement sportif a rendez-vous à Rio visibles, parfois même très specta- 52 PROFIL
de Janeiro, au Brésil, pour les Jeux culaires. Je citerai deux exemples : Isabelle Thibaud
olympiques et paralympiques, en les 15.000 licences événemen-
août pour les premiers, le mois sui- tielles distribuées au cours de sa 54 VIE FÉDÉRALE
vant pour les seconds. Un double première année et, surtout, la barre
événement souligné d’un trait épais, des 200.000 licenciés dépassée 56 HOMMAGE
depuis longtemps, par nos meilleurs par la FFTT à l’automne dernier. Vincent Purkart
joueurs et joueuses, par leur enca- La machine a été lancée. Elle ne
drement et par la Fédération toute s’arrêtera plus. En 2016, le tennis 58 ÉQUIPE DE FRANCE
entière. de table français vivra tout à la fois La route vers les Jeux
À l’heure des vœux, je formule celui l’excitation olympique et l’accélé-
que l’équipe de France y soit repré- ration de son développement. Une 60 RIO 2016
sentée le plus largement possible. belle année. À vivre ensemble.
Décrocher un billet olympique n’est 62 RÉTRO
jamais chose facile, notamment en Christian Palierne Euro-Paris 1988
tennis de table. Mais leur talent, Président de la Fédération
leur motivation et une préparation française de tennis de table 65 QUE SONT-ILS DEVENUS ?
Wang Liqin
66 AGENDA
Ce numéro est distribué avec deux encarts jetés :
1 poster (56 x 40 cm) et un bulletin d’abonnement (A6)
LA REVUE OFFICIELLE DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE TENNIS DE TABLE
Association régie par la loi de 1901 Ont collaboré à ce numéro : Commission paritaire n°1120 G 80089
Siège social : FFTT - 3, rue Dieudonné Costes Morgane Le Gall, Jean-Paul Simon, Daniel Braslet, ISSN : 2270-7948
BP 40348 - 75625 Paris Cedex 13 Jérémy Vallée. Dépôt légal à parution
Tél. 01 53 94 50 00 - pingpongmag@fftt.email
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Directeur-adjoint de la publication : Francis Czyzyk Metz TT/Jean-Christophe Fraisse, Gérard Uféras, Step Up, rue de l’Étoile de Langres
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Marie-Paule Montagut
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et textes est interdite sans l’autorisation
Prix au numéro : 8€ écrite du magazine.
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Photos de couverture : ITTF/Rémy Gros, Gérard Uféras, Michael Klug.
# 15ÉVÉNEMENT 5
UNE AFFAIRE
DE SUPRÉMATIE
La Chine a écrasé la concurrence aux championnats du Monde juniors, un rendez-vous parfaitement
organisé au Vendéspace, près de la Roche-sur-Yon. On s’y attendait. Tout comme la brillante
prestation de l’équipe de France, plus que jamais au sommet de l’Europe.
# 156 ÉVÉNEMENT
Wang Manyu, titrée en simple, en double et par équipes.
Les résultats ne trompent jamais troupe chinoise a raflé toutes les ne citer qu’un seul exemple, de
en tennis de table. Ils se révèlent places sur le podium. Quatre sur la jeune et incroyablement talen-
même souvent, dans les grandes quatre. Bluffant. En double juniors tueuse Wang Manyu, repartie de
compétitions inter nationales, garçons, deux paires chinoises se Vendée avec trois médailles d’or
d’une implacable logique. Au sont retrouvées en finale pour dis- en poche (simple, double, épreuve
Vendéspace, l’immense complexe puter le titre. En double mixte, trois par équipes), plus une quatrième
sportif et culturel dressé dans les des quatre médailles en jeu ont été en bronze, décrochée en double
faubourgs de la Roche-sur-Yon, la ramassées par les jeunes Chinois. mixte.
Chine a semblé du premier au der- Les Japonais n’étaient pas présents
nier jour évoluer dans un monde au Vendéspace. L’équipe nationale
à part. Son monde. Les juniors du
LA CHINE ASSURE toute entière a annulé son déplace-
pays le plus peuplé de la planète SON AVENIR ment aux championnats du Monde
ont poursuivi avec des airs sages et juniors, une décision prise à la suite
disciplinés une domination étendue Il faudra bien s’y faire : la supré- des attentats terroristes du mois
depuis des lustres à tous les niveaux matie de la Chine sur le tennis de de novembre à Paris et sa proche
de compétition. Ils ont remporté table planétaire a encore de beaux banlieue. Sans présager du résul-
tous les titres mis en jeu, sans un jours devant elle. La génération tat, il est légitime de penser que
seul accroc à leur saisissant tableau actuelle se présente, de l’avis de ses jeunes pongistes auraient pu se
de chasse. Leur razzia a été com- ses propres entraîneurs, comme mêler à la lutte pour les médailles.
plète dans les deux épreuves de l’une des plus prometteuses de ces Mima Ito, notamment, solidement
simple, garçons et filles, où la dernières années. À l’image, pour installée à la première place du
# 15ÉVÉNEMENT 7
classement mondial ITTF en moins les autres, ont plié sans jamais çons dans l’épreuve par équipes.
de 18 ans. Mais, Japonais ou pas, donner l’impression de posséder Un seul autre pays européen peut
les Chinois écrasent la concurrence. la moindre chance de victoire. en dire autant, la Roumanie, clas-
Une domination qui semble leur Logique. Prévisible. Écrit d’avance. sée à la troisième place, avec les
assurer une razzia de médailles États-Unis, de la compétition fémi-
olympiques ou mondiales chez les nine par équipes. Avec un tirage au
seniors au moins jusqu’aux Jeux de
CASSIN MONTE sort moins cruel, qui l’a invitée à se
Tokyo en 2020. DANS LE QUART frotter à la Chine en quart de finale,
Les juniors français et leur enca- l’équipe de France féminine aurait
drement le savaient avant même Il n’empêche, l’équipe de France a peut-être pu monter elle aussi sur le
de pousser la porte vitrée du traversé la compétition la tête haute podium. Sa cinquième place reste
Vendéspace : l’avantage du ter- et le pas alerte. Elle a atteint l’ob- une très belle performance.
rain, un public acquis à leur cause jectif fixé par ses entraîneurs. Et Jean-Claude Decret, le directeur
et une extrême motivation ne leur même, avouons-le, un peu mieux du haut niveau à la FFTT, l’a ana-
suffiraient pas pour enrayer la que cela. À l’heure du bilan, la lysé au dernier soir des Mondiaux :
mécanique chinoise. Les faits leur France termine avec une médaille, «Nous nous situons au troisième
ont donné raison. Les Bleus, comme en bronze, décrochée par les gar- rang des nations, derrière la Chine
Alexandre Cassin a été le meilleur Français dans l’épreuve individuelle.
© photos ITTF/Rémy Gros
# 158 ÉVÉNEMENT
© photos ITTF/Rémy Gros
Can Akkuzu, plus heureux en double qu’en simple.
Pauline Chasselin, un parcours plein de promesses jusqu’en huitième de finale.
et la Corée du Sud. Nous sommes,
plus que jamais, au premier rang
européen, avec des résultats indi-
viduels en progression par rapport
à l’année 2014.» Douze mois plus
tôt, un seul Français avait atteint les
huitièmes de finale en simple aux
championnats du Monde juniors.
En Vendée, Can Akkuzu et Pauline
Chasselin ont pu se frayer un che-
min jusqu’à ce niveau du tournoi.
Alexandre Cassin a fait mieux
encore en s’invitant en quart de
finale, un rang également atteint
par deux doubles garçons, for-
més respectivement d’Alexandre
Cassin et Irvin Bertrand pour l’un,
Can Akkuzu et Romain Ruiz pour
l’autre. Preuve de la densité de la
nouvelle génération française : tous
les joueurs engagés aux Mondiaux
ont réussi à entrer dans le tableau
final. Superbe.
Alain Mercier
# 15ÉVÉNEMENT 9
L’explosif Liu Dingshuo, champion du monde en simple.
LES PODIUMS
PAR ÉQUIPES
Messieurs : 1. Chine, 2. Corée du Sud,
3. France, Hong-Kong
Dames : 1. Chine, 2. Corée du Sud, 3.
États-Unis, Roumanie... 5. France
INDIVIDUELS
Simple messieurs : 1. Liu Dingshuo
(Chn), 2. Xue Fei (Chn), 3. Wang Chuqin
(Chn), Zhu Cheng (Chn)
Simples dames : 1. Wang Manyu (Chn),
2. Wang Yidi (Chn), 3. Chen Ke (Chn),
Chen Xingtong (Chn)
Double messieurs : 1. Wang Chuqin/
Xue Fei (Chn), 2. Liu Dingshuo/Zhu Cheng
(Chn), 3. Ho Kwan Kit/Ng Pak Nam (Hkg),
An Jaehyun/Cho Seungmin (Kor)
Double dames : 1. Chen Ke/Wang
Manyu (Chn), 2. Ko Un Gum/Ri Yong Hae
(Prk), 3. An Yeongeun/Kim Jiho (Kor), Kang
Dayeon/Kim Haeun (Kor)
Double mixtes : 1. Xue Fei/Chen Ke
(Chn), 2. Wang Chuqin/Chen Xingtong
(Chn), 3. Ho Kwan Kit/Soo Wai Yam
Minnie (Hkg), Zhu Cheng/Wang Manyu
(Chn)
Un podium au goût sucré pour Irvin Bertrand, Joé Seyfried, Alexandre Cassin, Can Akkuzu et David Johnston.
# 1510 ÉVÉNEMENT
GARÇONS FILLES
LE PARCOURS
DES FRANÇAIS
SIMPLE SIMPLE
Alexandre Cassin : quart de finale Pauline Chasselin : huitième de finale
Can Akkuzu : huitième de finale Leïli Mostafavi : seizième de finale
Joé Seyfried : seizième de finale Marie Migot : seizième de finale
Irvin Bertrand : seizième de finale Romane Le Scour : 32e de finale
Romain Ruiz : 32e de finale Audrey Zarif : 32e de finale DOUBLE MIXTE
Léo de Nodrest : 32e de finale Océane Guisnel : 32e de finale Chasselin/Cassin : 32e de finale
Ruiz/Guisnel : 32e de finale
DOUBLE DOUBLE Akkuzu/Zarif : 32e de finale
Cassin/Bertrand : quart de finale Guisnel/Migot : huitième de finale Seyfried/Migot : 32e de finale
Akkuzu/Ruiz : quart de finale Mostafavi/Le Scour : seizième de finale de Nodrest/Le Scour : 64e de finale
Seyfried/de Nodrest : 32e de finale Chasselin/Zarif : seizième de finale Bertrand/Mostafavi : 64e de finale
Le double
Irvin Bertrand
Alexandre Cassin
# 15ÉVÉNEMENT 11
© photos ITTF/Rémy Gros
Romane Le Scour
L’INVITÉE SURPRISE
Une destinée sportive tient parfois à peu de choses. Romane Le Scour, 16 ans, jeune Bretonne licenciée au
Quimper Cornouaille TT, n’aurait jamais dû participer aux championnats du Monde juniors 2015. Pensionnaire
de l’INSEP depuis le début de la saison, elle avait accompagné les sélectionnées françaises dans leur préparation,
mais sans s’imaginer poursuivre l’aventure jusqu’au bout. À quelques jours du départ de l’équipe de France, Lucie
Gauthier s’est blessée à la cheville, à son domicile, sur une marche d’escalier. Aux orties, les Mondiaux juniors.
Cruelle désillusion.
Le malheur de l’une a fait le bonheur de l’autre. Pour pallier l’absence de Lucie Gauthier, le staff des Bleus a fait
appel à Romane Le Scour, n°8 française en junior, classée autour de la 120e place mondiale dans cette catégorie
d’âge. Un cadeau empoisonné ? Au contraire. «Je suis arrivée sans pression, raconte-t-elle. Je n’ai pas vraiment eu
le temps de m’angoisser. Il n’a pas été facile d’entrer dans la compétition, mais j’adore ces grands événements.»
Au Vendéspace, Romane Le Scour a parfaitement justifié la confiance de l’encadrement français. Elle a réussi à
sortir du tableau de qualification, avant de chuter en 32e de finale face à la Polonaise Natalia Bajor, une joueuse
nettement mieux classée, après avoir mené 2 sets à 0. La preuve de ses progrès. «C’est le résultat du travail
effectué cette année à l’INSEP, analyse-t-elle. J’ai beaucoup insisté sur mes points faibles, le jeu à la table, la
contre-initiative.» Prometteur.
A.M.
# 1512 ÉVÉNEMENT
« NOS JUNIORS MAÎTRISENT
TOUS LES ASPECTS DU JEU »
Au Vendéspace, l’équipe de Chine était dirigée par une ancienne médaillée mondiale,
Qi Baoxiang, aujourd’hui en charge des jeunes catégories à la Fédération chinoise.
Elle a expliqué à Ping Pong Mag les raisons de la domination de son pays sur le
tennis de table mondial.
Qi Baoxiang
Ping Pong Mag :
Quel a été votre parcours chinoise, où je m’occupe des Et quel regard portez-vous
dans le tennis de table jeunes et de l’organisation des sur l’équipe de France
chinois et mondial ? compétitions. junior ?
Qi Baoxiang : J’ai commencé à Je trouve les jeunes joueurs français
jouer à l’âge de neuf ans. Puis j’ai Que pensez-vous du niveau très bons. Globalement, ils jouent
été sélectionnée en équipe natio- actuel de l’équipe tous bien, sur le plan technique et
nale. En 1981, j’ai été championne de Chine junior ? dans la construction du jeu. Mais si
du Monde par équipes et médail- Nous possédons actuellement une je devais les comparer aux juniors
lée de bronze en simple. Par la très bonne génération. Son niveau chinois, je dirais qu’ils sont moins
suite, je suis devenue entraîneur. est excellent. Chez les filles, par performants sur les trois premières
Pendant vingt ans, je me suis occu- exemple, les trois joueuses enga- balles. L’enchaînement après le ser-
pée des seniors et des juniors filles gées aux Mondiaux juniors dans vice. À mon avis, ils ne s’entraînent
Chen Ke de l’équipe nationale. Aujourd’hui, l’épreuve par équipes évoluent pas assez régulièrement. En Chine,
à l’échauffement je travaille toujours à la Fédération toutes en Super League chinoise. les jeunes passent parfois quinze
au Vendéspace jours de stage à résoudre un seul
problème. En France, je crois savoir
que le travail est moins systéma-
tique, chacun travaille ses propres
forces et faiblesses.
Comment expliquez-vous
la domination écrasante
de la Chine sur le ping
mondial ? Elle ne se dément
pas, année après année…
Les raisons sont multiples. D’abord,
les jeunes Chinois commencent à
jouer plus tôt qu’ailleurs, vers cinq
ou six ans. Nous possédons éga-
lement un immense réservoir de
joueurs. Le tennis de table reste
le sport national. Et nous pouvons
compter sur des méthodes d’entraî-
nement très éprouvées, héritées du
passé. Surtout, notre organisation
est très élaborée. Pour chaque caté-
gorie d’âge, nous déterminons un
objectif à atteindre, une ligne à
suivre. En cadet, on doit faire ceci,
# 15ÉVÉNEMENT 13
Fan Zhendong
© photos ITTF/Rémy Gros
en junior cela… La progression est
très planifiée. Nous cherchons à
installer très tôt des bases solides,
puis nous posons les pierres les
unes après les autres. Tout se met
en place progressivement : tech-
nique, déplacement… Au début, les
très jeunes joueurs se demandent
pourquoi ils font telle ou telle chose
à l’entraînement. Mais ils com-
prennent plus tard. Aujourd’hui,
nos meilleurs juniors maîtrisent tous
les aspects du jeu. Ils peuvent ainsi
s’adapter et trouver des solutions
face à tous les types d’adversaire.
Comment détectez-vous
les meilleurs espoirs ?
Encore une fois, notre organisation
est très élaborée. Nous invitons les
plus gros potentiels à venir en stage
national de détection, deux fois par
an, tous frais payés par le gouver-
nement et la fédération. Un stage de
vingt à trente jours pour les onze/
douze ans, un autre de trente à qua-
rante-cinq jours pour les quinze/
seize ans. Ces dernières années,
nous avons énormément investi sur
les jeunes catégories, afin de pré-
parer l’avenir. Le résultat est déjà
visible : certains de nos meilleurs
joueurs, dont Fan Zhendong, n’ont
pas encore vingt ans. set, on pouvait revenir au score. En ont été invités en Chine à disputer
onze points, le mental et la concen- des rencontres de championnat.
Les choses ont-elles tration constituent deux éléments Avant, une telle opportunité n’aurait
beaucoup changé depuis déterminants. Le tennis de table se pas été possible.
l’époque, les années 80, joue de plus en plus dans la tête. Il
où vous portiez les couleurs faut être au maximum de sa concen- Qu’avez-vous pensé
de l’équipe nationale ? tration du premier au dernier point. de l’organisation des
Le principal changement n’est pas championnats du Monde
venu de Chine, mais de l’ITTF. Le tennis de table chinois juniors au Vendéspace ?
L’abandon du set en vingt-et-un s’ouvre de plus en plus Les chambres dans les hôtels
points a été à mes yeux une révo- vers l’étranger… étaient un peu petites ! Mais, à
lution. Jouer une manche en onze C’est vrai. Nos portes ne sont ce détail près, tout était parfait :
points réduit l’écart entre les meil- plus fermées. Nous avons même la salle, la lumière, les transports,
leurs et les moins forts. Le sort des un programme de développe- les bénévoles, le planning… Une
matchs est devenu plus aléatoire. ment international. Je suis allée en organisation vraiment de très haut
L’erreur est moins permise. Avec Afrique pour former des entraîneurs, niveau.
vingt-et-un points, il était toujours je rentre d’un stage au Luxembourg.
possible de manquer son début de Simon Gauzy et Stéphane Ouaiche Propos recueillis par Alain Mercier
# 1514 ÉVÉNEMENT
UNE ORGANISATION EXEMPLAIRE
La tâche n’était pas simple. Organiser pour la première fois de l’histoire du tennis de table
français des championnats du Monde juniors. Accueillir la planète entière. Recevoir les
dirigeants de l’ITTF, dont son président, l’Allemand Thomas Weikert. Costaud. Mais les orga-
nisateurs vendéens se sont révélés à la hauteur du défi. De l’avis général, les Mondiaux juniors
2015 au Vendéspace ont été une réussite, notamment en termes d’accueil et d’organisation.
Christian Palierne, le président de la FFTT, s’est fait l’interprète de la satisfaction des déléga-
tions étrangères et des représentants de l’ITTF. Il a tenu à relayer les félicitations des uns et
des autres auprès de Joël Chaillou, le président du comité d’organisation, et à travers lui aux
quelque deux cents bénévoles, issus principalement des clubs vendéens, sollicités pendant une
quinzaine de jours.
Un tel événement n’aurait pu avoir lieu sans eux. Une telle organisation n’aurait pas été aussi
parfaitement menée sans le savoir-faire et l’engagement de Joël Chaillou et de son équipe.
Une réussite à laquelle il faut associer le Conseil départemental de Vendée et le Conseil régio-
nal des Pays de la Loire. Sans leur soutien, notamment financier, la manifestation serait restée
au stade de projet.
# 15ÉVÉNEMENT 15
L’HEURE DES PRIMAIRES
Au Vendéspace de Mouilleron-le-Captif, le public des Mondiaux juniors a souvent manifesté son
enthousiasme sans retenir ses cris. À l’initiative du Conseil départemental, deux mille huit cents
élèves de primaire venus de toute la Vendée ont été invités à assister aux compétitions.
À la question de leurs impressions après une journée au Vendéspace, les enfants sont unanimes. «Ce qu’on a préféré : voir la France
gagner», répondent Lola, Ricardo, Clémence et Lucas, scolarisés à Pouzauges, une commune de l’Est de la Vendée. Ils ont pu assis-
ter, en début de championnat, au quart de finale entre l’équipe de France masculine et l’Allemagne, remporté par les Bleuets. Mais,
durant cette sortie d’environ cinq heures, les élèves ont également participé à des ateliers leur permettant de mieux connaître le
tennis de table. Lucas, élève de CE2, a beaucoup aimé les différentes initiations proposées, comme le parcours avec obstacles, les
jeux derrière la table… «On faisait déjà un petit peu de tennis de table à l’école, mais là ça m’a permis d’apprendre de nouveaux
coups, explique-t-il. On a aussi joué en double et en simple».
En parallèle, ils ont eu l’opportunité de rencontrer les joueurs, kinés ou arbitres de la délégation française. L’occasion pour ces élèves
de poser des questions sur les règles de jeu, le mode
de vie d’un sportif de haut niveau ou l’organisation
du quotidien entre les entraînements et les études. Leïli
Mostafavi a semblé apprécier l’exercice. «C’est la pre-
mière fois que je le faisais, raconte la jeune Française.
Ça fait toujours plaisir de faire découvrir le tennis de
table aux plus jeunes.»
Même satisfaction dans les rangs des enseignants.
«C’était important pour les élèves, assure Rodolphe
Porteau, le directeur de l’école de Pouzauges. Ils
peuvent ainsi découvrir un univers sportif. Ce n’est pas
la première année que le Conseil départemental orga-
nise ce type de sorties sur une manifestation sportive ou
culturelle.» Un soutien de poids pour les Bleuets.
Lilian Gaubert
# 1516 ENTRETIEN
© ITTF
# 15ENTRETIEN 17
MARCOS FREITAS
« AU PORTUGAL, NOUS N’AVONS
MÊME PAS D’ENTRAÎNEUR NATIONAL »
À vingt-sept ans, le gaucher portugais a réalisé en 2015 la meilleure saison de sa carrière. Vice-
champion d’Europe en simple, il a décroché la médaille d’or par équipes aux Jeux européens
de Bakou. Et atteint en novembre dernier la septième place au classement mondial. Pour Ping
Pong Mag, le joueur de Pontoise-Cergy a déroulé patiemment les fils de son parcours de pongiste.
Passionnant et plein de surprises.
Cergy-Pontoise, un lundi après-midi MES DÉBUTS « Mes premières victoires,
du mois de décembre. Rendez-
vous a été pris avec Marcos Freitas
«J’ai commencé le tennis de table
à l’âge de huit ans. À l’école.
je les ai remportées avec
à 16h30 à la salle omnisport, où J’habitais Funchal, sur l’île de un nom d’emprunt »
l’équipe première, victorieuse de Madère, où le ping était assez popu-
la Ligue des Champions en 2014, laire. La ville possédait une équipe
doit rencontrer Chartres le lende- en première division portugaise. cié. J’ai donc emprunté la licence
main pour le sommet de la Pro A Mon père avait été un joueur ama- d’un autre joueur pour disputer, et
Messieurs. Le Portugais arrive avec teur. Avec mon frère jumeau, nous gagner, mes premières rencontres !
deux minutes de retard et s’en avons voulu essayer. À l’époque, À dix ans, j’ai été sélectionné
excuse. Il s’excusera aussi de pré- je pratiquais aussi le football et le dans l’équipe du Portugal chez
férer répondre aux questions en judo. Mes qualités ont très vite été les minimes-cadets. Je m’entraînais
anglais. «Mon français n’est pas détectées par les entraîneurs. Après alors trois fois par semaine, après
encore suffisamment bon», plaide- quelques mois, j’ai participé à mon l’école. Ces premières années n’ont
t-il. Poli et courtois, disponible et premier tournoi, une épreuve régio- pas été particulièrement difficiles
concentré, il n’élude aucun sujet. nale à Madère. Pour l’anecdote, j’ai pour moi. J’étais doué, je gagnais,
Professionnel mais accessible, il débuté la compétition sous un autre j’avançais. Plus tard, la transition
raconte sa vie avec détails et fran- nom que le mien. Nous étions en entre les rangs juniors et seniors a
chise. Morceaux choisis. cours de saison, je n’étais pas licen- été un peu plus compliquée.
# 1518
ENTRETIEN
# 15
© photos ITTF/Rémy GrosENTRETIEN 19
À dix-huit ans, j’envisageais de
poursuivre mes études à l’univer-
sité. Mes parents voyaient eux
aussi les choses ainsi. Le tennis de
table occupait la première place
dans ma vie, mais je le voyais
avant tout comme un sport et une
passion. Mais j’ai été champion
d’Europe junior en simple. En sep-
tembre, j’ai reçu une proposition
pour rejoindre la Bundesliga. J’ai
accepté et renoncé à mes études. Je
n’ai jamais regretté.»
MA VIE EN AUTRICHE
«Entre les voyages et les tournois
« La Fédération portugaise n’a rien à voir
à l’étranger, je vis et je m’entraîne dans les succès de notre équipe nationale »
à Schwechat, en Autriche, à l’Aca-
démie Werner Schlager. Pour moi,
l’endroit idéal pour le tennis de
table. Les installations sont parfaites, technique est au rendez-vous, mais les joueurs, sommes les seuls à crédi-
tout est sur place, la salle d’entraî- pas le mental, il est impossible de ter de cette progression. Avec Joao
nement, la musculation, les kinés, gagner sur la durée. Mais l’inverse Monteiro et Tiago Apolonia, nous
le service médical… Nous sommes est vrai aussi. Au ping, on ne peut avons mené une démarche indivi-
quinze à vingt joueurs, avec tous pas s’entraîner seul. En Autriche, duelle en quittant le pays pour aller
des styles de jeu différents, dont je me prépare au quotidien avec en Autriche, comme Joao et moi, ou
mon compatriote Joao Monteiro. En des joueurs différents dans leur en Allemagne dans le cas de Tiago.
Autriche, ma vie tourne autour du technique et leur approche. Je ne Nos bons résultats par équipes sont
ping, mais elle me convient parfai- pourrais pas progresser dans un le résultat de notre progression
tement pour progresser et atteindre autre contexte, au Portugal par individuelle, grâce à ce que nous
mes objectifs sportifs. Je me réveille exemple, où je serais pourtant en
à huit heures, puis je m’entraîne une famille, avec mes amis, dans un cli-
première fois le matin entre 9h30 mat plus agréable.»
et midi. Je rentre ensuite chez moi
où je cuisine et déjeune. Retour à MON PAYS, LE PORTUGAL MARCOS FREITAS
l’entraînement entre 15h30 et 18h.
Avec, parfois, une séance de phy-
«Nos résultats au niveau interna-
tional sont nettement meilleurs que EN 5 CHIFFRES
sique en plus. Le soir, je rentre chez dans le passé. Chez les hommes,
moi et reste au calme. Je récupère. bien sûr, mais également chez les 7 Son meilleur classement ITTF.
En Autriche, tout ferme tôt et les rues femmes. Pourtant, je ne dirais pas Un rang atteint en novembre 2015
se vident vers 18/19 h. Les tenta- que le tennis de table est en pro-
tions sont rares. gression au Portugal. Je ne connais
À l’entraînement, je travaille tous pas les chiffres avec précision, mais 27 Son âge. Marcos Freitas est né
les aspects du ping, sans chercher je ne suis pas sûr que la Fédération à Funchal, à Madère, le 8 avril 1988
à insister sur un secteur ou un autre. compte plus de licenciés qu’il y a
Technique, physique, mental, straté-
gie… J’essaye de tout mixer, pour
cinq ou dix ans en arrière. Les effec-
tifs sont peut-être même en baisse.
102 Le nombre de matchs qu’il
a joués au niveau international, en simple,
avancer de façon linéaire. Dans ce Le secret de nos bons résultats ne
entre janvier 2014 et début décembre 2015
sport, tout doit être mis en place en se cache pas derrière une politique
même temps, toutes les pièces du fédérale. En vérité, la Fédération
puzzle. Il n’y a pas de secret. Si la portugaise n’y est pour rien. Nous, 182 Sa taille en centimètres.
Il pèse 74 kilos
« À Schwechat, en Autriche, 2011 L’année de son titre européen
en double messieurs, remporté avec
toutes les conditions sont réunies le Croate Andrej Gacina
pour progresser »
# 1520 ENTRETIEN
faisons au quotidien dans nos struc- MON JEU, MON CLASSEMENT de réaliser un gros match. Plutôt la
tures d’entraînement et dans nos «Je suis très heureux de mon jeu moyenne de mes performances. Là,
clubs. Aujourd’hui, le Portugal est actuellement. Je dirais que les deux j’ai vraiment progressé.
classé n°2 en Europe et n°4 dans le dernières années, 2014 et 2015, Aujourd’hui, mon objectif est
monde, mais nous n’avons pas un ont été les deux meilleures de ma d’améliorer encore mon jeu. Si je
seul entraîneur national profession- carrière. Avant cela, je jouais déjà parvenais à l’améliorer de seule-
nel à temps plein. bien, j’étais capable de battre ment 5%, alors je deviendrais un
Avec Joao et Tiago, nous avons de très bons joueurs, mais je ne joueur encore plus dangereux pour
commencé quasiment en même gagnais pas. J’échouais en quart mes adversaires. Je pourrais rem-
temps à vivre et jouer à l’étranger. ou en demi-finale. Depuis l’an porter plus de matchs. J’aurais la
Nous étions déjà ensemble chez les passé, je remporte des titres et des possibilité d’être classé n°6 dans le
juniors. Quand nos clubs respectifs médailles. Aujourd’hui, quand je monde, puis n°5, et un jour n°4. Je
se rencontrent en compétition, nous me présente à un tournoi, je suis ne cherche pas à progresser dans
devenons rivaux. Mais le reste du prêt dans ma tête et dans mon jeu un secteur très particulier. Je veux
temps, nous sommes amis. Nous à terminer la compétition sans avoir être meilleur dans tous les aspects
nous parlons beaucoup. Les succès perdu un seul match. Je suis prêt pour que mon jeu franchisse encore
du Portugal dans les tournois par techniquement, physiquement et un nouveau palier.
équipes tiennent en partie à cette mentalement. Tout n’est pas encore Tous les mois, je regarde mon clas-
amitié.» parfait, mais quand je regarde cinq sement ITTF. À mes yeux, c’est très
ans en arrière, à mon arrivée à important. Pas le plus important,
Pontoise-Cergy, je vois que le che- bien sûr, mais ce classement me
« À mes débuts chez les pros, min a été long et que j’avance dans
le bon sens. La meilleure preuve
semble être le moyen d’évaluation
le plus juste et le plus pertinent. Il
je rêvais d’entrer dans peut se lire dans mes résultats. Pas tient compte de vos victoires, mais
seulement les meilleurs résultats, car aussi de vos défaites. Quand je
le top 100 mondial » beaucoup de joueurs sont capables suis arrivé en Allemagne, en 2006,
Marcos Freitas avec son partenaire de double, le Croate Andrej Gacina.
© ITTF/Rémy Gros
# 15© Tony Boutin
ENTRETIEN 21
L’effectif de Pontoise-Cergy cette saison (de gauche à droite) : Wang Jian Jun, Marcos Freitas, Kristian Karlsson et Tristan Flore.
« Pontoise-Cergy est le meilleur club que j’aie connu »
au début de ma carrière profes- tion, vous n’avez plus qu’une idée geants de Pontoise-Cergy. Je me
sionnelle, je rêvais d’entrer un jour en tête : garder votre place, ne pas suis dit, pourquoi pas la France ?
dans le top 100 mondial. Aucun reculer. Et cela vous pousse à tra- Adrien Mattenet jouait à Pontoise et
Portugais n’avait jamais pu y parve- vailler toujours plus.» nous sommes bons amis. Je savais
nir. C’était un mythe. Je savais que que l’équipe était performante. J’ai
le premier à réussir deviendrait une MON CLUB, été tenté par le changement d’uni-
idole. Finalement, Joao Monteiro y PONTOISE-CERGY vers, de championnat et de joueurs.
est arrivé avant moi. Il est plus âgé. «L’histoire de mon arrivée à J’ai signé pour une saison.
Mais quand je suis entré à mon Pontoise est assez singulière. Je Cinq ans ont passé, je suis toujours
tour dans le top 100, avant les Jeux jouais en Allemagne depuis plu- à Pontoise. Et je m’y sens très bien,
de Pékin en 2008, ma confiance sieurs saisons, à Düsseldorf puis je suis très heureux. De tous les
a été beaucoup plus grande. Par à Ochsenhausen. Ma saison dans clubs que j’ai connus depuis mes
la suite, je me suis mis à rêver de ce dernier club avaient été excel- débuts professionnels, Pontoise-
rejoindre le top 20. Je me souviens lente. Je me souviens d’avoir battu Cergy est sans le moindre doute le
que les gens autour de moi riaient Timo Boll en finale du championnat meilleur. Les gens, les joueurs, le
quand je leur parlais de cette ambi- d’Allemagne. Mais, bizarrement, public… Tout est bien. L’ambiance
tion. Quand j’ai atteint cette limite, le président ne voulait plus de moi. est familiale. Tout le monde est à la
beaucoup étaient sceptiques et pré- Il voulait recruter le Russe Kirill fois très gentil et très professionnel.»
disaient que j’y resterais seulement Skachkov. J’ai reçu plusieurs pro-
un mois ou deux. Mais quand vous positions de clubs allemands. Mais Propos recueillis
vous retrouvez dans une telle posi- j’étais aussi en contact avec les diri- par Alain Mercier
# 1522 DOSSIER
UNE ANNÉE
DANS LE RÉTRO
Avec un rendez-vous mondial et deux sommets européens, 2015 s’annonçait sans temps mort pour
l’élite du ping. À l’heure du bilan, les images et les noms se bousculent. Que faut-il retenir de ces
douze mois tellement riches en exploits et en émotions ? Ping Pong Mag a fait le tri dans l’album de
l’année pour en sélectionner les hommes, les femmes et les équipes les plus marquants.
Ma Long Dimitrij Ovtcharov
LES HOMMES DE L’ANNÉE
Ils sont deux. Une paire d’as. Deux plus convoités des trophées. Il s’est Dimitrij Ovtcharov, de son côté, a
grands noms du ping mondial qui offert au début du mois de mai, à dominé le ping européen avec une
ont imprimé leur empreinte sur Suzhou, sur ses terres, le titre mon- froide autorité. L’Allemand a écarté
l’année 2015. Un Chinois et un dial en simple, grâce à sa victoire Vladimir Samsonov en finale du
Allemand. Le premier, Ma Long, en finale sur son compatriote Fang simple de la première édition des
peut rouler des mécaniques : il s’est Bo. Puis il a bouclé l’année par Jeux européens, en juin à Bakou.
imposé sans contestation possible un quatrième succès aux Grandes Une victoire assortie d’un bil-
comme le numéro 1 mondial. Le Finales du World Tour à Lisbonne. let pour les Jeux de Rio en 2016.
Chinois n’a pas seulement passé Une passe de quatre qui permet à Puis il a forcé le trait en s’offrant le
dix des douze mois de l’année à Ma Long de dépasser Wang Liqin titre européen, à Ekaterinbourg. Il
la première place du classement de et s’installer seul en tête au palma- boucle l’année à la quatrième place
l’ITTF, entre mars et décembre. À rès de ce rendez-vous planétaire mondiale. Devant lui, trois joueurs
vingt-sept ans, il a surtout raflé les organisé depuis 1996. chinois.
# 15DOSSIER 23
LA FEMME DE L’ANNÉE
Les apparences peuvent se révéler trom-
peuses. Ding Ning, vingt-cinq ans, pointe
«seulement» au troisième rang mon-
© photos ITTF/Rémy Gros
dial ITTF à la fin de l’année 2015. Elle
est devancée par deux de ses compa-
triotes, Liu Shiwen et Zhu Yuling. Mais,
nul doute possible, elle a dominé le tennis
de table planétaire au cours des douze
derniers mois. Début mai, Ding Ning
s’impose en finale du simple des cham-
pionnats du Monde à Suzhou, en Chine.
Elle domine Liu Shiwen en sept manches
pour s’offrir un deuxième titre mondial,
quatre ans après le premier. Une perfor-
mance encore rehaussée par un incident
peu fréquent : la joueuse se blesse à la
cheville au début du set décisif. Sept mois
plus tard, elle boucle son année par une
victoire aux Grandes Finales du World
Tour à Lisbonne. Ding Ning s’impose
devant sa compatriote Chen Meng, en six
manches. Sa première victoire dans cette
prestigieuse compétition, après quatre
finales perdues.
# 1524 DOSSIER
Emmanuel Lebesson, Simon Gauzy et Adrien Mattenet
© FFTT/Julien Crosnier
L’ÉQUIPE MASCULINE DE L’ANNÉE
Cocorico. En 2015, l’équipe de France masculine a connu à deux reprises le bonheur et l’émotion d’un podium
continental. À Bakou, en juin, Simon Gauzy, Adrien Mattenet et Emmanuel Lebesson écartent l’Allemagne en demi-
finale des premiers Jeux européens, avant de céder face au Portugal de Marcos Freitas pour le titre. Ils héritent
de la médaille d’argent, première récompense collective chez les seniors depuis 2010. Emmanuel Lebesson, le
troisième homme, en profite pour s’offrir au cours de la même journée deux succès sur deux des légendes du ping
européen. Il domine le Biélorusse Vladimir Samsonov, avant de faire plier l’Allemand Dimitrij Ovtcharov. Énorme.
Trois mois plus tard, l’équipe de France confirme en ramenant la médaille de bronze des championnats d’Europe
à Ekaterinbourg. Les Bleus dominent la Suède en quart de finale, avant de rendre les armes contre l’Allemagne.
Un collectif où Simon Gauzy et Emmanuel Lebesson font équipe, cette fois, avec Tristan Flore, Antoine Hachard
et Stéphane Ouaiche.
En haut :
Antoine Hachard,
Patrick Chila et
Stéphane Ouaiche.
En bas : Tristan Flore,
Simon Gauzy et
Emmanuel Lebesson.
© FFTT/Ireneus Stosik
# 15DOSSIER 25
Yu Fu, Yunli Schreiner, Loïc Belguise, Jiaduo Wu et Laura Gasnier.
© Metz TT/Jean-Christophe Fraisse
L’ÉQUIPE FÉMININE DE L’ANNÉE
La Chine a conservé son titre mondial. L’Allemagne a sèchement battu la Roumanie pour s’offir la médaille d’or
européenne. Mais l’équipe de l’année, pour Ping Pong Mag, est française. Yu Fu, Jiaduo Wu, Yunli Schreiner et
Laura Gasnier, les quatre joueuses du Metz Tennis de Table, ont réalisé un parcours historique. Sur le plan natio-
nal, l’équipe entraînée par Loïc Belguise a décroché le premier titre de Pro A de l’histoire du club. Sur la scène
européenne, elle a atteint la finale de l’ETTU Cup. Une première, là aussi. Les Messines n’ont pu s’imposer face
aux Polonaises de Tarnobrzeg et ramener la première coupe européenne de l’histoire du tennis de table féminin
français. Mais leur saison mérite un sacré coup de chapeau.
© ITTF/Rémy Gros
L’ESPOIR DE L’ANNÉE
À quinze ans, la Japonaise Mima Ito incarne sans
doute l’avenir du ping mondial. La seule joueuse taillée
pour fissurer peut-être, un jour, l’imprenable muraille
chinoise. Au mois de mars, elle a créé la sensation
en s’imposant en finale de l’Open d’Allemagne,
une étape du World Tour 2015. Un succès confirmé
plus tard dans la saison par sa victoire à l’Open de
Biélorussie. Quart de finaliste aux Mondiaux à Suzhou,
la Japonaise pointe à la onzième place au classement
mondial ITTF au mois de décembre 2015. Elle occupe
aussi la première place du classement en moins de
quinze ans et en moins de dix-huit ans. Véritable phé-
nomène de précocité, plus jeune pongiste de l’histoire
sacrée dans un tournoi du World Tour junior, Mima Ito
a été récompensée par l’ITTF, lors de son gala annuel,
par le trophée révélation de l’année 2015.
Un dossier réalisé par Alain Mercier
# 1526 BRÈVES FRANCE
FANTAISIE
DANS LA RAQUETTE
Les artistes ne se refusent plus rien. Ils
expriment désormais leur créativité sur
tous les objets du sport et de la vie quo-
tidienne. Les raquettes de ping n’y font
pas exception. «The Art of Ping Pong»
est une initiative caritative lancée par
l’agence britannique Fivefootsix, avec
l’aide de plusieurs illustrateurs recon-
nus comme Anthony Burrill, Noma Bar
et Paul Catherall. L’idée est de surfer sur
la tendance du ping pour proposer des
raquettes customisées, dont le bénéfice
des ventes est reversé à «BBC Children
in Need». Ping Pong Mag vous en pré-
sente quelques modèles de la dernière
collection.
2014.theartofpingpong.co.uk
L’ITTF DISTINGUE SARAH HANFFOU
Magnifique récompense pour Sarah Hanffou. La pongiste franco-camerou-
naise, fondatrice de l’association «Ping sans Frontières», a été distinguée
par l’ITTF dans le cadre de son programme de développement «Athletes in
Excellence». La joueuse africaine, installée à Paris où elle exerce la profes-
sion d’avocate, a reçu de la Fédération internationale un chèque de 10.000
dollars pour l’action humanitaire qu’elle mène depuis plusieurs années dans
le tennis de table mondial. Une somme que l’ancienne joueuse française,
sacrée championne d’Afrique en simple en 2010 pour le Cameroun, pourra
© ITTF
consacrer à ses nombreux projets pour le développement du tennis de table
dans les pays les plus pauvres de la planète.
L’EUROPE HONORE CLAUDE BERGERET
Claude Bergeret n’en est pas à sa première distinction. Mais la championne
du Monde de double mixte en 1977 continue de figurer au tableau d’hon-
neur. Elle vient de recevoir un «badge of Honour» de la part de l’ETTU pour
services rendus au ping européen et à son institution depuis quelques décen-
nies. Après des débuts comme membre de la commission des classements
de l’ETTU, elle a été élue en 2000 à la vice-présidence de l’association
continentale. Un mandat de quatre ans consacré à mettre en place le pre-
mier programme de développement de l’ETTU (Eurokids, Eurotalents, aide
en équipement aux «petits» pays, formation, séminaires…). Une distinction
qui récompense également le travail effectué au nom de la FFTT dans toutes
les organisations européennes organisées en France (Top 12 senior ; Top
10 jeunes ; Euro Asie…).
# 15BRÈVES FRANCE 27
© archives FFTT
De gauche à droite : Jean Douilly, Brigitte Thiriet, Louis Braslet, Jacques Secrétin, Yveline Lecler (derrière Jacques),
Pierre Grandjean (futur DTN), Claude Bergeret, Charles Roesch, Jean-Paul Weber (DTN adjoint) et Jean-François Kahn (médecin fédéral).
CHARLES ROESCH, UN PIONNIER NOUS A QUITTÉS
Triste fin d’année pour le tennis de table français. un vaste programme de formation de cadres, consi-
Après Vincent Purkart, disparu au mois de novembre, déré à juste titre comme l’un des plus performants de
un autre immense personnage de la discipline vient de l’époque.
nous quitter. Charles Roesch, l’un des techniciens les En dix années à la tête de l’encadrement national,
plus influents du ping européen dans les années 60, 70 il accompagne l’équipe de France vers ses premiers
et 80, s’est éteint à quelques jours des fêtes de Noël. Il succès : le titre de champion d’Europe en simple de
avait 93 ans. Jacques Secrétin en 1976, la médaille
Alsacien de naissance, Charles Roesch se d’or en double mixte de Jacques Secrétin
destinait à enseigner les mathématiques, et Claude Bergeret aux championnats du
mais sa passion du tennis de table l’en Monde en 1977.
a détourné. Il épouse le métier d’entraî- En 1983, Charles Roesch rejoint la
neur, grimpe rapidement les échelons, Fédération allemande (DTTB), où il impose
jusqu’à occuper des fonctions dans l’enca- ses méthodes et sa vision du haut niveau. Il
drement national. En 1968, le président forme toute une génération de cadres tech-
de la FFTT, Georges Duclos, fait appel à niques, dont Eva Jeler. Il accompagne les
lui pour redresser une élite française au progrès des meilleurs joueurs allemands.
creux de la vague. Sa nomination au Une période pleine de réussite pour
poste de Directeur technique national est l’Alsacien, avec une apothéose aux cham-
évoquée en comité directeur au mois de pionnats du Monde en 1989 à Dortmund.
juin. Elle est effective au début du mois de Pour sa dernière année à la tête du ping
décembre, après un vote de l’assemblée générale de la germanique, Charles Roesch assiste au triomphe de
Fédération. Charles Roesch devient le premier DTN de la paire formée de Jörg Rosskopf et Steffen Fetzner,
l’histoire du tennis de table français. médaillée d’or en double messieurs.
Autoritaire mais respecté, il propose un plan de quatre «Un grand monsieur, autoritaire et passionnant, à
ans pour dynamiser l’élite, muscler la détection et l’origine du renouveau de la FFTT dès 1968 et de
redonner du souffle à l’équipe de France. Les résultats sa professionnalisation. J’ai eu la chance, comme
ne se font pas attendre. Avec l’aide de Tomislav Terecik, d’autres, de le connaître et de le respecter», a confié
il replace les meilleurs juniors français en bonne place Christian Palierne, le président de la FFTT, à l’annonce
sur l’échiquier européen, jusqu’à les conduire au titre de son décès. «Par sa compétence comme entraîneur,
continental à Velje en 1972. Une génération dorée et par ses qualités humaines, il mérite une place à part
où se côtoient notamment Patrick Birocheau, Christian dans l’histoire de notre organisation», a assuré Hans
Martin, Jean-Claude Decret, Jean-Denis Constant et Wilhelm Gäb, le président d’honneur de la Fédération
Philippe Molodzoff. Charles Roesch lance également allemande.
# 1528 BRÈVES FRANCE
© FFTT/Marc Templereau
INUSABLES VIEILLES GLOIRES PRIMAIRE MAIS MAJEURE
La nostalgie a toujours du bon. Quelques-unes des Le rapprochement du ping français avec le monde scolaire ne
«vieilles gloires» du tennis de table nordiste ont pu y se dément pas. Il se fait même de plus en plus concret. Pour
goûter sans modération à l’occasion de retrouvailles preuve la signature, mardi 17 novembre 2015, d’une conven-
pleines d’émotion et d’amitié. À l’origine, l’idée est née tion entre la FFTT et l’USEP, l’Union sportive de l’enseignement
de l’imagination de Pierre Lambin, l’ancien président du premier degré. Un document paraphé par Christian Palierne,
de la ligue des Flandres (de 1976 à 1984). Avec Jean président de la FFTT, et Jean-Michel Sautreau, son homologue
Devys, Jacques Hélaine et Jacques Gambier, une pre- de l’USEP. Cette convention bipartite a été conclue jusqu’en
mière réunion a eu lieu pour monter le projet. Pierre 2017 et s’accompagne d’un document pédagogique à desti-
Lambin s’est chargé de retrouver le maximum de «vieilles nation des enseignants et éducateurs : La rencontre Ping.
gloires» potentielles, le critère étant d’avoir été classé Quelques jours après, le Conseil départemental de Vendée
en 1re et 2e séries + 3e série dans les années 20 allant conviait près de 3.000 élèves des écoles primaires du dépar-
jusqu’à la fin de la décennie 70. Un travail de fourmi tement aux championnats du Monde juniors au Vendéspace.
qui a débouché sur une «première» en octobre 2013 à Une journée en trois temps : initiation au tennis de table, ren-
Lille où pas moins de quatre-vingt-seize anciens joueurs contre avec les joueurs et entraîneurs de l’équipe de France,
se sont retrouvés. Avec promesse de renouveler l’opé- avant d’assister en tant que spectateurs/supporters aux ren-
ration tous les deux ans. Une équipe a été constituée, contres du jour.
composée pour le Nord de Roger et Marie Planquart,
Michèle et Dominique Richard, pour le Pas-de-Calais de Pour en savoir + : www.fftt.com / Jouer / Educ Ping
Jacques Dhénin et Jean-Pierre Brunet, pour la Somme de
Jacques Hélaine et Jacques Gambier. Le succès a été au
rendez-vous. Une deuxième réunion des «vieilles gloires»
a eu lieu en 2015, organisée dans un restaurant proche
d’Arras.
UNE MÉDAILLE POUR YOLAINE
Rarement distinction aura été autant méritée. Yolaine Moreau, la responsable de la
commission sportive régionale de la ligue Rhône-Alpes de tennis de table, a reçu la
médaille de la jeunesse, des sports et de la vie associative. La juste récompense du
parcours sportif et associatif de cette inlassable militante du sport et de ses valeurs,
élue presque sans interruption au comité directeur de la ligue depuis le début des
années 2000. Licenciée à l’ASUL Lyon, elle a joué pendant plus de vingt ans dans
différents clubs savoyards, dont Chamonix et Annecy.
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