# 15 JAN.-FÉV. 2016 - MARCOS FREITAS - Quomodo
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LA REVUE OFFICIELLE DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE # 15 DE TENNIS DE TABLE JAN.-FÉV. 2016 ENTRETIEN CLUBS HOMMAGE MARCOS STADE VINCENT FREITAS POITEVIN T.T. PURKART > Page 16 > Page 30 > Page 56
ÉDITO / SOMMAIRE 3 4 ÉVÉNEMENT ENFIN 2016 Championnats du Monde juniors 16 ENTRETIEN soigneusement planifiée devraient Marcos Freitas permettre à nos meilleurs joueurs de voir les Jeux de Rio, pour les 22 DOSSIER épreuves individuelles comme dans Une année dans le rétro les compétitions par équipes. Le tennis de table, et dans son sillage 26 BRÈVES FRANCE la FFTT, pourraient profiter à fond 30 CLUBS de l’exposition médiatique unique offerte par l’événement olympique. Stade Poitevin T.T. Ne laissons pas passer une telle opportunité. 34 CULTURE PING L’année 2016 est olympique, mais Les robots s’invitent à table Une année a pris fin, une autre ces douze mois ne seront pas seule- débute. L’heure des vœux, des réso- ment dominés, pour la Fédération, 38 DÉCRYPTAGE lutions et des promesses d’avenir. Le par les Jeux de Rio. Le haut niveau La table d’arbitrage moment de vous souhaiter, à vous n’est pas tout. Un vaste et ambitieux tous amis pongistes, une excellente plan de développement a été mis 40 CONSEILS année 2016. Qu’elle soit pleine en place depuis le début de l’olym- Musculation de réussite, sur le plan sportif mais piade. Il est articulé autour d’une aussi dans vos projets personnels. offre plus large de pratiques, d’une 42 AUTOUR DU MONDE Pour la FFTT et pour le tennis de ouverture vers un autre public, table français, cette année 2016 d’une communication renforcée et 46 PORTFOLIO ne sera pas tout à fait comme les d’un sport toujours plus citoyen et Grandes Finales World Tour autres. Elle sera olympique. Le mou- responsable. Ses résultats sont déjà vement sportif a rendez-vous à Rio visibles, parfois même très specta- 52 PROFIL de Janeiro, au Brésil, pour les Jeux culaires. Je citerai deux exemples : Isabelle Thibaud olympiques et paralympiques, en les 15.000 licences événemen- août pour les premiers, le mois sui- tielles distribuées au cours de sa 54 VIE FÉDÉRALE vant pour les seconds. Un double première année et, surtout, la barre événement souligné d’un trait épais, des 200.000 licenciés dépassée 56 HOMMAGE depuis longtemps, par nos meilleurs par la FFTT à l’automne dernier. Vincent Purkart joueurs et joueuses, par leur enca- La machine a été lancée. Elle ne drement et par la Fédération toute s’arrêtera plus. En 2016, le tennis 58 ÉQUIPE DE FRANCE entière. de table français vivra tout à la fois La route vers les Jeux À l’heure des vœux, je formule celui l’excitation olympique et l’accélé- que l’équipe de France y soit repré- ration de son développement. Une 60 RIO 2016 sentée le plus largement possible. belle année. À vivre ensemble. Décrocher un billet olympique n’est 62 RÉTRO jamais chose facile, notamment en Christian Palierne Euro-Paris 1988 tennis de table. Mais leur talent, Président de la Fédération leur motivation et une préparation française de tennis de table 65 QUE SONT-ILS DEVENUS ? Wang Liqin 66 AGENDA Ce numéro est distribué avec deux encarts jetés : 1 poster (56 x 40 cm) et un bulletin d’abonnement (A6) LA REVUE OFFICIELLE DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE TENNIS DE TABLE Association régie par la loi de 1901 Ont collaboré à ce numéro : Commission paritaire n°1120 G 80089 Siège social : FFTT - 3, rue Dieudonné Costes Morgane Le Gall, Jean-Paul Simon, Daniel Braslet, ISSN : 2270-7948 BP 40348 - 75625 Paris Cedex 13 Jérémy Vallée. Dépôt légal à parution Tél. 01 53 94 50 00 - pingpongmag@fftt.email Photos et illustrations : Impression et flashage : Directeur de la publication : Christian Palierne Rémy Gros, Tony Boutin, Julien Crosnier, Imprimerie de Champagne Directeur-adjoint de la publication : Francis Czyzyk Metz TT/Jean-Christophe Fraisse, Gérard Uféras, Step Up, rue de l’Étoile de Langres Rédacteur en chef : Alain Mercier (agence Alinéa) zaki hmkc, Marc Templereau, Anthony Oblin, Mickaël Klug, ZI Les Franchises - 52200 Langres Secrétaires de rédaction : Marion Foissotte, Ireneus Stosik, Julien Crosnier, Michael Klug, Archives FFTT. Marie-Paule Montagut Création graphique : Illustrasport Votre publicité dans Ping Pong Mag : Réalisation : Emmanuel Simon pingpongmag@fftt.email ou 01 53 94 50 17 La reproduction des dessins, photographies et textes est interdite sans l’autorisation Prix au numéro : 8€ écrite du magazine. Abonnement annuel (6 numéros) : France métropolitaine : 39€ / Etranger et Outre-Mer : 55€ Photos de couverture : ITTF/Rémy Gros, Gérard Uféras, Michael Klug. # 15
ÉVÉNEMENT 5 UNE AFFAIRE DE SUPRÉMATIE La Chine a écrasé la concurrence aux championnats du Monde juniors, un rendez-vous parfaitement organisé au Vendéspace, près de la Roche-sur-Yon. On s’y attendait. Tout comme la brillante prestation de l’équipe de France, plus que jamais au sommet de l’Europe. # 15
6 ÉVÉNEMENT Wang Manyu, titrée en simple, en double et par équipes. Les résultats ne trompent jamais troupe chinoise a raflé toutes les ne citer qu’un seul exemple, de en tennis de table. Ils se révèlent places sur le podium. Quatre sur la jeune et incroyablement talen- même souvent, dans les grandes quatre. Bluffant. En double juniors tueuse Wang Manyu, repartie de compétitions inter nationales, garçons, deux paires chinoises se Vendée avec trois médailles d’or d’une implacable logique. Au sont retrouvées en finale pour dis- en poche (simple, double, épreuve Vendéspace, l’immense complexe puter le titre. En double mixte, trois par équipes), plus une quatrième sportif et culturel dressé dans les des quatre médailles en jeu ont été en bronze, décrochée en double faubourgs de la Roche-sur-Yon, la ramassées par les jeunes Chinois. mixte. Chine a semblé du premier au der- Les Japonais n’étaient pas présents nier jour évoluer dans un monde au Vendéspace. L’équipe nationale à part. Son monde. Les juniors du LA CHINE ASSURE toute entière a annulé son déplace- pays le plus peuplé de la planète SON AVENIR ment aux championnats du Monde ont poursuivi avec des airs sages et juniors, une décision prise à la suite disciplinés une domination étendue Il faudra bien s’y faire : la supré- des attentats terroristes du mois depuis des lustres à tous les niveaux matie de la Chine sur le tennis de de novembre à Paris et sa proche de compétition. Ils ont remporté table planétaire a encore de beaux banlieue. Sans présager du résul- tous les titres mis en jeu, sans un jours devant elle. La génération tat, il est légitime de penser que seul accroc à leur saisissant tableau actuelle se présente, de l’avis de ses jeunes pongistes auraient pu se de chasse. Leur razzia a été com- ses propres entraîneurs, comme mêler à la lutte pour les médailles. plète dans les deux épreuves de l’une des plus prometteuses de ces Mima Ito, notamment, solidement simple, garçons et filles, où la dernières années. À l’image, pour installée à la première place du # 15
ÉVÉNEMENT 7 classement mondial ITTF en moins les autres, ont plié sans jamais çons dans l’épreuve par équipes. de 18 ans. Mais, Japonais ou pas, donner l’impression de posséder Un seul autre pays européen peut les Chinois écrasent la concurrence. la moindre chance de victoire. en dire autant, la Roumanie, clas- Une domination qui semble leur Logique. Prévisible. Écrit d’avance. sée à la troisième place, avec les assurer une razzia de médailles États-Unis, de la compétition fémi- olympiques ou mondiales chez les nine par équipes. Avec un tirage au seniors au moins jusqu’aux Jeux de CASSIN MONTE sort moins cruel, qui l’a invitée à se Tokyo en 2020. DANS LE QUART frotter à la Chine en quart de finale, Les juniors français et leur enca- l’équipe de France féminine aurait drement le savaient avant même Il n’empêche, l’équipe de France a peut-être pu monter elle aussi sur le de pousser la porte vitrée du traversé la compétition la tête haute podium. Sa cinquième place reste Vendéspace : l’avantage du ter- et le pas alerte. Elle a atteint l’ob- une très belle performance. rain, un public acquis à leur cause jectif fixé par ses entraîneurs. Et Jean-Claude Decret, le directeur et une extrême motivation ne leur même, avouons-le, un peu mieux du haut niveau à la FFTT, l’a ana- suffiraient pas pour enrayer la que cela. À l’heure du bilan, la lysé au dernier soir des Mondiaux : mécanique chinoise. Les faits leur France termine avec une médaille, «Nous nous situons au troisième ont donné raison. Les Bleus, comme en bronze, décrochée par les gar- rang des nations, derrière la Chine Alexandre Cassin a été le meilleur Français dans l’épreuve individuelle. © photos ITTF/Rémy Gros # 15
8 ÉVÉNEMENT © photos ITTF/Rémy Gros Can Akkuzu, plus heureux en double qu’en simple. Pauline Chasselin, un parcours plein de promesses jusqu’en huitième de finale. et la Corée du Sud. Nous sommes, plus que jamais, au premier rang européen, avec des résultats indi- viduels en progression par rapport à l’année 2014.» Douze mois plus tôt, un seul Français avait atteint les huitièmes de finale en simple aux championnats du Monde juniors. En Vendée, Can Akkuzu et Pauline Chasselin ont pu se frayer un che- min jusqu’à ce niveau du tournoi. Alexandre Cassin a fait mieux encore en s’invitant en quart de finale, un rang également atteint par deux doubles garçons, for- més respectivement d’Alexandre Cassin et Irvin Bertrand pour l’un, Can Akkuzu et Romain Ruiz pour l’autre. Preuve de la densité de la nouvelle génération française : tous les joueurs engagés aux Mondiaux ont réussi à entrer dans le tableau final. Superbe. Alain Mercier # 15
ÉVÉNEMENT 9 L’explosif Liu Dingshuo, champion du monde en simple. LES PODIUMS PAR ÉQUIPES Messieurs : 1. Chine, 2. Corée du Sud, 3. France, Hong-Kong Dames : 1. Chine, 2. Corée du Sud, 3. États-Unis, Roumanie... 5. France INDIVIDUELS Simple messieurs : 1. Liu Dingshuo (Chn), 2. Xue Fei (Chn), 3. Wang Chuqin (Chn), Zhu Cheng (Chn) Simples dames : 1. Wang Manyu (Chn), 2. Wang Yidi (Chn), 3. Chen Ke (Chn), Chen Xingtong (Chn) Double messieurs : 1. Wang Chuqin/ Xue Fei (Chn), 2. Liu Dingshuo/Zhu Cheng (Chn), 3. Ho Kwan Kit/Ng Pak Nam (Hkg), An Jaehyun/Cho Seungmin (Kor) Double dames : 1. Chen Ke/Wang Manyu (Chn), 2. Ko Un Gum/Ri Yong Hae (Prk), 3. An Yeongeun/Kim Jiho (Kor), Kang Dayeon/Kim Haeun (Kor) Double mixtes : 1. Xue Fei/Chen Ke (Chn), 2. Wang Chuqin/Chen Xingtong (Chn), 3. Ho Kwan Kit/Soo Wai Yam Minnie (Hkg), Zhu Cheng/Wang Manyu (Chn) Un podium au goût sucré pour Irvin Bertrand, Joé Seyfried, Alexandre Cassin, Can Akkuzu et David Johnston. # 15
10 ÉVÉNEMENT GARÇONS FILLES LE PARCOURS DES FRANÇAIS SIMPLE SIMPLE Alexandre Cassin : quart de finale Pauline Chasselin : huitième de finale Can Akkuzu : huitième de finale Leïli Mostafavi : seizième de finale Joé Seyfried : seizième de finale Marie Migot : seizième de finale Irvin Bertrand : seizième de finale Romane Le Scour : 32e de finale Romain Ruiz : 32e de finale Audrey Zarif : 32e de finale DOUBLE MIXTE Léo de Nodrest : 32e de finale Océane Guisnel : 32e de finale Chasselin/Cassin : 32e de finale Ruiz/Guisnel : 32e de finale DOUBLE DOUBLE Akkuzu/Zarif : 32e de finale Cassin/Bertrand : quart de finale Guisnel/Migot : huitième de finale Seyfried/Migot : 32e de finale Akkuzu/Ruiz : quart de finale Mostafavi/Le Scour : seizième de finale de Nodrest/Le Scour : 64e de finale Seyfried/de Nodrest : 32e de finale Chasselin/Zarif : seizième de finale Bertrand/Mostafavi : 64e de finale Le double Irvin Bertrand Alexandre Cassin # 15
ÉVÉNEMENT 11 © photos ITTF/Rémy Gros Romane Le Scour L’INVITÉE SURPRISE Une destinée sportive tient parfois à peu de choses. Romane Le Scour, 16 ans, jeune Bretonne licenciée au Quimper Cornouaille TT, n’aurait jamais dû participer aux championnats du Monde juniors 2015. Pensionnaire de l’INSEP depuis le début de la saison, elle avait accompagné les sélectionnées françaises dans leur préparation, mais sans s’imaginer poursuivre l’aventure jusqu’au bout. À quelques jours du départ de l’équipe de France, Lucie Gauthier s’est blessée à la cheville, à son domicile, sur une marche d’escalier. Aux orties, les Mondiaux juniors. Cruelle désillusion. Le malheur de l’une a fait le bonheur de l’autre. Pour pallier l’absence de Lucie Gauthier, le staff des Bleus a fait appel à Romane Le Scour, n°8 française en junior, classée autour de la 120e place mondiale dans cette catégorie d’âge. Un cadeau empoisonné ? Au contraire. «Je suis arrivée sans pression, raconte-t-elle. Je n’ai pas vraiment eu le temps de m’angoisser. Il n’a pas été facile d’entrer dans la compétition, mais j’adore ces grands événements.» Au Vendéspace, Romane Le Scour a parfaitement justifié la confiance de l’encadrement français. Elle a réussi à sortir du tableau de qualification, avant de chuter en 32e de finale face à la Polonaise Natalia Bajor, une joueuse nettement mieux classée, après avoir mené 2 sets à 0. La preuve de ses progrès. «C’est le résultat du travail effectué cette année à l’INSEP, analyse-t-elle. J’ai beaucoup insisté sur mes points faibles, le jeu à la table, la contre-initiative.» Prometteur. A.M. # 15
12 ÉVÉNEMENT « NOS JUNIORS MAÎTRISENT TOUS LES ASPECTS DU JEU » Au Vendéspace, l’équipe de Chine était dirigée par une ancienne médaillée mondiale, Qi Baoxiang, aujourd’hui en charge des jeunes catégories à la Fédération chinoise. Elle a expliqué à Ping Pong Mag les raisons de la domination de son pays sur le tennis de table mondial. Qi Baoxiang Ping Pong Mag : Quel a été votre parcours chinoise, où je m’occupe des Et quel regard portez-vous dans le tennis de table jeunes et de l’organisation des sur l’équipe de France chinois et mondial ? compétitions. junior ? Qi Baoxiang : J’ai commencé à Je trouve les jeunes joueurs français jouer à l’âge de neuf ans. Puis j’ai Que pensez-vous du niveau très bons. Globalement, ils jouent été sélectionnée en équipe natio- actuel de l’équipe tous bien, sur le plan technique et nale. En 1981, j’ai été championne de Chine junior ? dans la construction du jeu. Mais si du Monde par équipes et médail- Nous possédons actuellement une je devais les comparer aux juniors lée de bronze en simple. Par la très bonne génération. Son niveau chinois, je dirais qu’ils sont moins suite, je suis devenue entraîneur. est excellent. Chez les filles, par performants sur les trois premières Pendant vingt ans, je me suis occu- exemple, les trois joueuses enga- balles. L’enchaînement après le ser- pée des seniors et des juniors filles gées aux Mondiaux juniors dans vice. À mon avis, ils ne s’entraînent Chen Ke de l’équipe nationale. Aujourd’hui, l’épreuve par équipes évoluent pas assez régulièrement. En Chine, à l’échauffement je travaille toujours à la Fédération toutes en Super League chinoise. les jeunes passent parfois quinze au Vendéspace jours de stage à résoudre un seul problème. En France, je crois savoir que le travail est moins systéma- tique, chacun travaille ses propres forces et faiblesses. Comment expliquez-vous la domination écrasante de la Chine sur le ping mondial ? Elle ne se dément pas, année après année… Les raisons sont multiples. D’abord, les jeunes Chinois commencent à jouer plus tôt qu’ailleurs, vers cinq ou six ans. Nous possédons éga- lement un immense réservoir de joueurs. Le tennis de table reste le sport national. Et nous pouvons compter sur des méthodes d’entraî- nement très éprouvées, héritées du passé. Surtout, notre organisation est très élaborée. Pour chaque caté- gorie d’âge, nous déterminons un objectif à atteindre, une ligne à suivre. En cadet, on doit faire ceci, # 15
ÉVÉNEMENT 13 Fan Zhendong © photos ITTF/Rémy Gros en junior cela… La progression est très planifiée. Nous cherchons à installer très tôt des bases solides, puis nous posons les pierres les unes après les autres. Tout se met en place progressivement : tech- nique, déplacement… Au début, les très jeunes joueurs se demandent pourquoi ils font telle ou telle chose à l’entraînement. Mais ils com- prennent plus tard. Aujourd’hui, nos meilleurs juniors maîtrisent tous les aspects du jeu. Ils peuvent ainsi s’adapter et trouver des solutions face à tous les types d’adversaire. Comment détectez-vous les meilleurs espoirs ? Encore une fois, notre organisation est très élaborée. Nous invitons les plus gros potentiels à venir en stage national de détection, deux fois par an, tous frais payés par le gouver- nement et la fédération. Un stage de vingt à trente jours pour les onze/ douze ans, un autre de trente à qua- rante-cinq jours pour les quinze/ seize ans. Ces dernières années, nous avons énormément investi sur les jeunes catégories, afin de pré- parer l’avenir. Le résultat est déjà visible : certains de nos meilleurs joueurs, dont Fan Zhendong, n’ont pas encore vingt ans. set, on pouvait revenir au score. En ont été invités en Chine à disputer onze points, le mental et la concen- des rencontres de championnat. Les choses ont-elles tration constituent deux éléments Avant, une telle opportunité n’aurait beaucoup changé depuis déterminants. Le tennis de table se pas été possible. l’époque, les années 80, joue de plus en plus dans la tête. Il où vous portiez les couleurs faut être au maximum de sa concen- Qu’avez-vous pensé de l’équipe nationale ? tration du premier au dernier point. de l’organisation des Le principal changement n’est pas championnats du Monde venu de Chine, mais de l’ITTF. Le tennis de table chinois juniors au Vendéspace ? L’abandon du set en vingt-et-un s’ouvre de plus en plus Les chambres dans les hôtels points a été à mes yeux une révo- vers l’étranger… étaient un peu petites ! Mais, à lution. Jouer une manche en onze C’est vrai. Nos portes ne sont ce détail près, tout était parfait : points réduit l’écart entre les meil- plus fermées. Nous avons même la salle, la lumière, les transports, leurs et les moins forts. Le sort des un programme de développe- les bénévoles, le planning… Une matchs est devenu plus aléatoire. ment international. Je suis allée en organisation vraiment de très haut L’erreur est moins permise. Avec Afrique pour former des entraîneurs, niveau. vingt-et-un points, il était toujours je rentre d’un stage au Luxembourg. possible de manquer son début de Simon Gauzy et Stéphane Ouaiche Propos recueillis par Alain Mercier # 15
14 ÉVÉNEMENT UNE ORGANISATION EXEMPLAIRE La tâche n’était pas simple. Organiser pour la première fois de l’histoire du tennis de table français des championnats du Monde juniors. Accueillir la planète entière. Recevoir les dirigeants de l’ITTF, dont son président, l’Allemand Thomas Weikert. Costaud. Mais les orga- nisateurs vendéens se sont révélés à la hauteur du défi. De l’avis général, les Mondiaux juniors 2015 au Vendéspace ont été une réussite, notamment en termes d’accueil et d’organisation. Christian Palierne, le président de la FFTT, s’est fait l’interprète de la satisfaction des déléga- tions étrangères et des représentants de l’ITTF. Il a tenu à relayer les félicitations des uns et des autres auprès de Joël Chaillou, le président du comité d’organisation, et à travers lui aux quelque deux cents bénévoles, issus principalement des clubs vendéens, sollicités pendant une quinzaine de jours. Un tel événement n’aurait pu avoir lieu sans eux. Une telle organisation n’aurait pas été aussi parfaitement menée sans le savoir-faire et l’engagement de Joël Chaillou et de son équipe. Une réussite à laquelle il faut associer le Conseil départemental de Vendée et le Conseil régio- nal des Pays de la Loire. Sans leur soutien, notamment financier, la manifestation serait restée au stade de projet. # 15
ÉVÉNEMENT 15 L’HEURE DES PRIMAIRES Au Vendéspace de Mouilleron-le-Captif, le public des Mondiaux juniors a souvent manifesté son enthousiasme sans retenir ses cris. À l’initiative du Conseil départemental, deux mille huit cents élèves de primaire venus de toute la Vendée ont été invités à assister aux compétitions. À la question de leurs impressions après une journée au Vendéspace, les enfants sont unanimes. «Ce qu’on a préféré : voir la France gagner», répondent Lola, Ricardo, Clémence et Lucas, scolarisés à Pouzauges, une commune de l’Est de la Vendée. Ils ont pu assis- ter, en début de championnat, au quart de finale entre l’équipe de France masculine et l’Allemagne, remporté par les Bleuets. Mais, durant cette sortie d’environ cinq heures, les élèves ont également participé à des ateliers leur permettant de mieux connaître le tennis de table. Lucas, élève de CE2, a beaucoup aimé les différentes initiations proposées, comme le parcours avec obstacles, les jeux derrière la table… «On faisait déjà un petit peu de tennis de table à l’école, mais là ça m’a permis d’apprendre de nouveaux coups, explique-t-il. On a aussi joué en double et en simple». En parallèle, ils ont eu l’opportunité de rencontrer les joueurs, kinés ou arbitres de la délégation française. L’occasion pour ces élèves de poser des questions sur les règles de jeu, le mode de vie d’un sportif de haut niveau ou l’organisation du quotidien entre les entraînements et les études. Leïli Mostafavi a semblé apprécier l’exercice. «C’est la pre- mière fois que je le faisais, raconte la jeune Française. Ça fait toujours plaisir de faire découvrir le tennis de table aux plus jeunes.» Même satisfaction dans les rangs des enseignants. «C’était important pour les élèves, assure Rodolphe Porteau, le directeur de l’école de Pouzauges. Ils peuvent ainsi découvrir un univers sportif. Ce n’est pas la première année que le Conseil départemental orga- nise ce type de sorties sur une manifestation sportive ou culturelle.» Un soutien de poids pour les Bleuets. Lilian Gaubert # 15
16 ENTRETIEN © ITTF # 15
ENTRETIEN 17 MARCOS FREITAS « AU PORTUGAL, NOUS N’AVONS MÊME PAS D’ENTRAÎNEUR NATIONAL » À vingt-sept ans, le gaucher portugais a réalisé en 2015 la meilleure saison de sa carrière. Vice- champion d’Europe en simple, il a décroché la médaille d’or par équipes aux Jeux européens de Bakou. Et atteint en novembre dernier la septième place au classement mondial. Pour Ping Pong Mag, le joueur de Pontoise-Cergy a déroulé patiemment les fils de son parcours de pongiste. Passionnant et plein de surprises. Cergy-Pontoise, un lundi après-midi MES DÉBUTS « Mes premières victoires, du mois de décembre. Rendez- vous a été pris avec Marcos Freitas «J’ai commencé le tennis de table à l’âge de huit ans. À l’école. je les ai remportées avec à 16h30 à la salle omnisport, où J’habitais Funchal, sur l’île de un nom d’emprunt » l’équipe première, victorieuse de Madère, où le ping était assez popu- la Ligue des Champions en 2014, laire. La ville possédait une équipe doit rencontrer Chartres le lende- en première division portugaise. cié. J’ai donc emprunté la licence main pour le sommet de la Pro A Mon père avait été un joueur ama- d’un autre joueur pour disputer, et Messieurs. Le Portugais arrive avec teur. Avec mon frère jumeau, nous gagner, mes premières rencontres ! deux minutes de retard et s’en avons voulu essayer. À l’époque, À dix ans, j’ai été sélectionné excuse. Il s’excusera aussi de pré- je pratiquais aussi le football et le dans l’équipe du Portugal chez férer répondre aux questions en judo. Mes qualités ont très vite été les minimes-cadets. Je m’entraînais anglais. «Mon français n’est pas détectées par les entraîneurs. Après alors trois fois par semaine, après encore suffisamment bon», plaide- quelques mois, j’ai participé à mon l’école. Ces premières années n’ont t-il. Poli et courtois, disponible et premier tournoi, une épreuve régio- pas été particulièrement difficiles concentré, il n’élude aucun sujet. nale à Madère. Pour l’anecdote, j’ai pour moi. J’étais doué, je gagnais, Professionnel mais accessible, il débuté la compétition sous un autre j’avançais. Plus tard, la transition raconte sa vie avec détails et fran- nom que le mien. Nous étions en entre les rangs juniors et seniors a chise. Morceaux choisis. cours de saison, je n’étais pas licen- été un peu plus compliquée. # 15
18 ENTRETIEN # 15 © photos ITTF/Rémy Gros
ENTRETIEN 19 À dix-huit ans, j’envisageais de poursuivre mes études à l’univer- sité. Mes parents voyaient eux aussi les choses ainsi. Le tennis de table occupait la première place dans ma vie, mais je le voyais avant tout comme un sport et une passion. Mais j’ai été champion d’Europe junior en simple. En sep- tembre, j’ai reçu une proposition pour rejoindre la Bundesliga. J’ai accepté et renoncé à mes études. Je n’ai jamais regretté.» MA VIE EN AUTRICHE «Entre les voyages et les tournois « La Fédération portugaise n’a rien à voir à l’étranger, je vis et je m’entraîne dans les succès de notre équipe nationale » à Schwechat, en Autriche, à l’Aca- démie Werner Schlager. Pour moi, l’endroit idéal pour le tennis de table. Les installations sont parfaites, technique est au rendez-vous, mais les joueurs, sommes les seuls à crédi- tout est sur place, la salle d’entraî- pas le mental, il est impossible de ter de cette progression. Avec Joao nement, la musculation, les kinés, gagner sur la durée. Mais l’inverse Monteiro et Tiago Apolonia, nous le service médical… Nous sommes est vrai aussi. Au ping, on ne peut avons mené une démarche indivi- quinze à vingt joueurs, avec tous pas s’entraîner seul. En Autriche, duelle en quittant le pays pour aller des styles de jeu différents, dont je me prépare au quotidien avec en Autriche, comme Joao et moi, ou mon compatriote Joao Monteiro. En des joueurs différents dans leur en Allemagne dans le cas de Tiago. Autriche, ma vie tourne autour du technique et leur approche. Je ne Nos bons résultats par équipes sont ping, mais elle me convient parfai- pourrais pas progresser dans un le résultat de notre progression tement pour progresser et atteindre autre contexte, au Portugal par individuelle, grâce à ce que nous mes objectifs sportifs. Je me réveille exemple, où je serais pourtant en à huit heures, puis je m’entraîne une famille, avec mes amis, dans un cli- première fois le matin entre 9h30 mat plus agréable.» et midi. Je rentre ensuite chez moi où je cuisine et déjeune. Retour à MON PAYS, LE PORTUGAL MARCOS FREITAS l’entraînement entre 15h30 et 18h. Avec, parfois, une séance de phy- «Nos résultats au niveau interna- tional sont nettement meilleurs que EN 5 CHIFFRES sique en plus. Le soir, je rentre chez dans le passé. Chez les hommes, moi et reste au calme. Je récupère. bien sûr, mais également chez les 7 Son meilleur classement ITTF. En Autriche, tout ferme tôt et les rues femmes. Pourtant, je ne dirais pas Un rang atteint en novembre 2015 se vident vers 18/19 h. Les tenta- que le tennis de table est en pro- tions sont rares. gression au Portugal. Je ne connais À l’entraînement, je travaille tous pas les chiffres avec précision, mais 27 Son âge. Marcos Freitas est né les aspects du ping, sans chercher je ne suis pas sûr que la Fédération à Funchal, à Madère, le 8 avril 1988 à insister sur un secteur ou un autre. compte plus de licenciés qu’il y a Technique, physique, mental, straté- gie… J’essaye de tout mixer, pour cinq ou dix ans en arrière. Les effec- tifs sont peut-être même en baisse. 102 Le nombre de matchs qu’il a joués au niveau international, en simple, avancer de façon linéaire. Dans ce Le secret de nos bons résultats ne entre janvier 2014 et début décembre 2015 sport, tout doit être mis en place en se cache pas derrière une politique même temps, toutes les pièces du fédérale. En vérité, la Fédération puzzle. Il n’y a pas de secret. Si la portugaise n’y est pour rien. Nous, 182 Sa taille en centimètres. Il pèse 74 kilos « À Schwechat, en Autriche, 2011 L’année de son titre européen en double messieurs, remporté avec toutes les conditions sont réunies le Croate Andrej Gacina pour progresser » # 15
20 ENTRETIEN faisons au quotidien dans nos struc- MON JEU, MON CLASSEMENT de réaliser un gros match. Plutôt la tures d’entraînement et dans nos «Je suis très heureux de mon jeu moyenne de mes performances. Là, clubs. Aujourd’hui, le Portugal est actuellement. Je dirais que les deux j’ai vraiment progressé. classé n°2 en Europe et n°4 dans le dernières années, 2014 et 2015, Aujourd’hui, mon objectif est monde, mais nous n’avons pas un ont été les deux meilleures de ma d’améliorer encore mon jeu. Si je seul entraîneur national profession- carrière. Avant cela, je jouais déjà parvenais à l’améliorer de seule- nel à temps plein. bien, j’étais capable de battre ment 5%, alors je deviendrais un Avec Joao et Tiago, nous avons de très bons joueurs, mais je ne joueur encore plus dangereux pour commencé quasiment en même gagnais pas. J’échouais en quart mes adversaires. Je pourrais rem- temps à vivre et jouer à l’étranger. ou en demi-finale. Depuis l’an porter plus de matchs. J’aurais la Nous étions déjà ensemble chez les passé, je remporte des titres et des possibilité d’être classé n°6 dans le juniors. Quand nos clubs respectifs médailles. Aujourd’hui, quand je monde, puis n°5, et un jour n°4. Je se rencontrent en compétition, nous me présente à un tournoi, je suis ne cherche pas à progresser dans devenons rivaux. Mais le reste du prêt dans ma tête et dans mon jeu un secteur très particulier. Je veux temps, nous sommes amis. Nous à terminer la compétition sans avoir être meilleur dans tous les aspects nous parlons beaucoup. Les succès perdu un seul match. Je suis prêt pour que mon jeu franchisse encore du Portugal dans les tournois par techniquement, physiquement et un nouveau palier. équipes tiennent en partie à cette mentalement. Tout n’est pas encore Tous les mois, je regarde mon clas- amitié.» parfait, mais quand je regarde cinq sement ITTF. À mes yeux, c’est très ans en arrière, à mon arrivée à important. Pas le plus important, Pontoise-Cergy, je vois que le che- bien sûr, mais ce classement me « À mes débuts chez les pros, min a été long et que j’avance dans le bon sens. La meilleure preuve semble être le moyen d’évaluation le plus juste et le plus pertinent. Il je rêvais d’entrer dans peut se lire dans mes résultats. Pas tient compte de vos victoires, mais seulement les meilleurs résultats, car aussi de vos défaites. Quand je le top 100 mondial » beaucoup de joueurs sont capables suis arrivé en Allemagne, en 2006, Marcos Freitas avec son partenaire de double, le Croate Andrej Gacina. © ITTF/Rémy Gros # 15
© Tony Boutin ENTRETIEN 21 L’effectif de Pontoise-Cergy cette saison (de gauche à droite) : Wang Jian Jun, Marcos Freitas, Kristian Karlsson et Tristan Flore. « Pontoise-Cergy est le meilleur club que j’aie connu » au début de ma carrière profes- tion, vous n’avez plus qu’une idée geants de Pontoise-Cergy. Je me sionnelle, je rêvais d’entrer un jour en tête : garder votre place, ne pas suis dit, pourquoi pas la France ? dans le top 100 mondial. Aucun reculer. Et cela vous pousse à tra- Adrien Mattenet jouait à Pontoise et Portugais n’avait jamais pu y parve- vailler toujours plus.» nous sommes bons amis. Je savais nir. C’était un mythe. Je savais que que l’équipe était performante. J’ai le premier à réussir deviendrait une MON CLUB, été tenté par le changement d’uni- idole. Finalement, Joao Monteiro y PONTOISE-CERGY vers, de championnat et de joueurs. est arrivé avant moi. Il est plus âgé. «L’histoire de mon arrivée à J’ai signé pour une saison. Mais quand je suis entré à mon Pontoise est assez singulière. Je Cinq ans ont passé, je suis toujours tour dans le top 100, avant les Jeux jouais en Allemagne depuis plu- à Pontoise. Et je m’y sens très bien, de Pékin en 2008, ma confiance sieurs saisons, à Düsseldorf puis je suis très heureux. De tous les a été beaucoup plus grande. Par à Ochsenhausen. Ma saison dans clubs que j’ai connus depuis mes la suite, je me suis mis à rêver de ce dernier club avaient été excel- débuts professionnels, Pontoise- rejoindre le top 20. Je me souviens lente. Je me souviens d’avoir battu Cergy est sans le moindre doute le que les gens autour de moi riaient Timo Boll en finale du championnat meilleur. Les gens, les joueurs, le quand je leur parlais de cette ambi- d’Allemagne. Mais, bizarrement, public… Tout est bien. L’ambiance tion. Quand j’ai atteint cette limite, le président ne voulait plus de moi. est familiale. Tout le monde est à la beaucoup étaient sceptiques et pré- Il voulait recruter le Russe Kirill fois très gentil et très professionnel.» disaient que j’y resterais seulement Skachkov. J’ai reçu plusieurs pro- un mois ou deux. Mais quand vous positions de clubs allemands. Mais Propos recueillis vous retrouvez dans une telle posi- j’étais aussi en contact avec les diri- par Alain Mercier # 15
22 DOSSIER UNE ANNÉE DANS LE RÉTRO Avec un rendez-vous mondial et deux sommets européens, 2015 s’annonçait sans temps mort pour l’élite du ping. À l’heure du bilan, les images et les noms se bousculent. Que faut-il retenir de ces douze mois tellement riches en exploits et en émotions ? Ping Pong Mag a fait le tri dans l’album de l’année pour en sélectionner les hommes, les femmes et les équipes les plus marquants. Ma Long Dimitrij Ovtcharov LES HOMMES DE L’ANNÉE Ils sont deux. Une paire d’as. Deux plus convoités des trophées. Il s’est Dimitrij Ovtcharov, de son côté, a grands noms du ping mondial qui offert au début du mois de mai, à dominé le ping européen avec une ont imprimé leur empreinte sur Suzhou, sur ses terres, le titre mon- froide autorité. L’Allemand a écarté l’année 2015. Un Chinois et un dial en simple, grâce à sa victoire Vladimir Samsonov en finale du Allemand. Le premier, Ma Long, en finale sur son compatriote Fang simple de la première édition des peut rouler des mécaniques : il s’est Bo. Puis il a bouclé l’année par Jeux européens, en juin à Bakou. imposé sans contestation possible un quatrième succès aux Grandes Une victoire assortie d’un bil- comme le numéro 1 mondial. Le Finales du World Tour à Lisbonne. let pour les Jeux de Rio en 2016. Chinois n’a pas seulement passé Une passe de quatre qui permet à Puis il a forcé le trait en s’offrant le dix des douze mois de l’année à Ma Long de dépasser Wang Liqin titre européen, à Ekaterinbourg. Il la première place du classement de et s’installer seul en tête au palma- boucle l’année à la quatrième place l’ITTF, entre mars et décembre. À rès de ce rendez-vous planétaire mondiale. Devant lui, trois joueurs vingt-sept ans, il a surtout raflé les organisé depuis 1996. chinois. # 15
DOSSIER 23 LA FEMME DE L’ANNÉE Les apparences peuvent se révéler trom- peuses. Ding Ning, vingt-cinq ans, pointe «seulement» au troisième rang mon- © photos ITTF/Rémy Gros dial ITTF à la fin de l’année 2015. Elle est devancée par deux de ses compa- triotes, Liu Shiwen et Zhu Yuling. Mais, nul doute possible, elle a dominé le tennis de table planétaire au cours des douze derniers mois. Début mai, Ding Ning s’impose en finale du simple des cham- pionnats du Monde à Suzhou, en Chine. Elle domine Liu Shiwen en sept manches pour s’offrir un deuxième titre mondial, quatre ans après le premier. Une perfor- mance encore rehaussée par un incident peu fréquent : la joueuse se blesse à la cheville au début du set décisif. Sept mois plus tard, elle boucle son année par une victoire aux Grandes Finales du World Tour à Lisbonne. Ding Ning s’impose devant sa compatriote Chen Meng, en six manches. Sa première victoire dans cette prestigieuse compétition, après quatre finales perdues. # 15
24 DOSSIER Emmanuel Lebesson, Simon Gauzy et Adrien Mattenet © FFTT/Julien Crosnier L’ÉQUIPE MASCULINE DE L’ANNÉE Cocorico. En 2015, l’équipe de France masculine a connu à deux reprises le bonheur et l’émotion d’un podium continental. À Bakou, en juin, Simon Gauzy, Adrien Mattenet et Emmanuel Lebesson écartent l’Allemagne en demi- finale des premiers Jeux européens, avant de céder face au Portugal de Marcos Freitas pour le titre. Ils héritent de la médaille d’argent, première récompense collective chez les seniors depuis 2010. Emmanuel Lebesson, le troisième homme, en profite pour s’offrir au cours de la même journée deux succès sur deux des légendes du ping européen. Il domine le Biélorusse Vladimir Samsonov, avant de faire plier l’Allemand Dimitrij Ovtcharov. Énorme. Trois mois plus tard, l’équipe de France confirme en ramenant la médaille de bronze des championnats d’Europe à Ekaterinbourg. Les Bleus dominent la Suède en quart de finale, avant de rendre les armes contre l’Allemagne. Un collectif où Simon Gauzy et Emmanuel Lebesson font équipe, cette fois, avec Tristan Flore, Antoine Hachard et Stéphane Ouaiche. En haut : Antoine Hachard, Patrick Chila et Stéphane Ouaiche. En bas : Tristan Flore, Simon Gauzy et Emmanuel Lebesson. © FFTT/Ireneus Stosik # 15
DOSSIER 25 Yu Fu, Yunli Schreiner, Loïc Belguise, Jiaduo Wu et Laura Gasnier. © Metz TT/Jean-Christophe Fraisse L’ÉQUIPE FÉMININE DE L’ANNÉE La Chine a conservé son titre mondial. L’Allemagne a sèchement battu la Roumanie pour s’offir la médaille d’or européenne. Mais l’équipe de l’année, pour Ping Pong Mag, est française. Yu Fu, Jiaduo Wu, Yunli Schreiner et Laura Gasnier, les quatre joueuses du Metz Tennis de Table, ont réalisé un parcours historique. Sur le plan natio- nal, l’équipe entraînée par Loïc Belguise a décroché le premier titre de Pro A de l’histoire du club. Sur la scène européenne, elle a atteint la finale de l’ETTU Cup. Une première, là aussi. Les Messines n’ont pu s’imposer face aux Polonaises de Tarnobrzeg et ramener la première coupe européenne de l’histoire du tennis de table féminin français. Mais leur saison mérite un sacré coup de chapeau. © ITTF/Rémy Gros L’ESPOIR DE L’ANNÉE À quinze ans, la Japonaise Mima Ito incarne sans doute l’avenir du ping mondial. La seule joueuse taillée pour fissurer peut-être, un jour, l’imprenable muraille chinoise. Au mois de mars, elle a créé la sensation en s’imposant en finale de l’Open d’Allemagne, une étape du World Tour 2015. Un succès confirmé plus tard dans la saison par sa victoire à l’Open de Biélorussie. Quart de finaliste aux Mondiaux à Suzhou, la Japonaise pointe à la onzième place au classement mondial ITTF au mois de décembre 2015. Elle occupe aussi la première place du classement en moins de quinze ans et en moins de dix-huit ans. Véritable phé- nomène de précocité, plus jeune pongiste de l’histoire sacrée dans un tournoi du World Tour junior, Mima Ito a été récompensée par l’ITTF, lors de son gala annuel, par le trophée révélation de l’année 2015. Un dossier réalisé par Alain Mercier # 15
26 BRÈVES FRANCE FANTAISIE DANS LA RAQUETTE Les artistes ne se refusent plus rien. Ils expriment désormais leur créativité sur tous les objets du sport et de la vie quo- tidienne. Les raquettes de ping n’y font pas exception. «The Art of Ping Pong» est une initiative caritative lancée par l’agence britannique Fivefootsix, avec l’aide de plusieurs illustrateurs recon- nus comme Anthony Burrill, Noma Bar et Paul Catherall. L’idée est de surfer sur la tendance du ping pour proposer des raquettes customisées, dont le bénéfice des ventes est reversé à «BBC Children in Need». Ping Pong Mag vous en pré- sente quelques modèles de la dernière collection. 2014.theartofpingpong.co.uk L’ITTF DISTINGUE SARAH HANFFOU Magnifique récompense pour Sarah Hanffou. La pongiste franco-camerou- naise, fondatrice de l’association «Ping sans Frontières», a été distinguée par l’ITTF dans le cadre de son programme de développement «Athletes in Excellence». La joueuse africaine, installée à Paris où elle exerce la profes- sion d’avocate, a reçu de la Fédération internationale un chèque de 10.000 dollars pour l’action humanitaire qu’elle mène depuis plusieurs années dans le tennis de table mondial. Une somme que l’ancienne joueuse française, sacrée championne d’Afrique en simple en 2010 pour le Cameroun, pourra © ITTF consacrer à ses nombreux projets pour le développement du tennis de table dans les pays les plus pauvres de la planète. L’EUROPE HONORE CLAUDE BERGERET Claude Bergeret n’en est pas à sa première distinction. Mais la championne du Monde de double mixte en 1977 continue de figurer au tableau d’hon- neur. Elle vient de recevoir un «badge of Honour» de la part de l’ETTU pour services rendus au ping européen et à son institution depuis quelques décen- nies. Après des débuts comme membre de la commission des classements de l’ETTU, elle a été élue en 2000 à la vice-présidence de l’association continentale. Un mandat de quatre ans consacré à mettre en place le pre- mier programme de développement de l’ETTU (Eurokids, Eurotalents, aide en équipement aux «petits» pays, formation, séminaires…). Une distinction qui récompense également le travail effectué au nom de la FFTT dans toutes les organisations européennes organisées en France (Top 12 senior ; Top 10 jeunes ; Euro Asie…). # 15
BRÈVES FRANCE 27 © archives FFTT De gauche à droite : Jean Douilly, Brigitte Thiriet, Louis Braslet, Jacques Secrétin, Yveline Lecler (derrière Jacques), Pierre Grandjean (futur DTN), Claude Bergeret, Charles Roesch, Jean-Paul Weber (DTN adjoint) et Jean-François Kahn (médecin fédéral). CHARLES ROESCH, UN PIONNIER NOUS A QUITTÉS Triste fin d’année pour le tennis de table français. un vaste programme de formation de cadres, consi- Après Vincent Purkart, disparu au mois de novembre, déré à juste titre comme l’un des plus performants de un autre immense personnage de la discipline vient de l’époque. nous quitter. Charles Roesch, l’un des techniciens les En dix années à la tête de l’encadrement national, plus influents du ping européen dans les années 60, 70 il accompagne l’équipe de France vers ses premiers et 80, s’est éteint à quelques jours des fêtes de Noël. Il succès : le titre de champion d’Europe en simple de avait 93 ans. Jacques Secrétin en 1976, la médaille Alsacien de naissance, Charles Roesch se d’or en double mixte de Jacques Secrétin destinait à enseigner les mathématiques, et Claude Bergeret aux championnats du mais sa passion du tennis de table l’en Monde en 1977. a détourné. Il épouse le métier d’entraî- En 1983, Charles Roesch rejoint la neur, grimpe rapidement les échelons, Fédération allemande (DTTB), où il impose jusqu’à occuper des fonctions dans l’enca- ses méthodes et sa vision du haut niveau. Il drement national. En 1968, le président forme toute une génération de cadres tech- de la FFTT, Georges Duclos, fait appel à niques, dont Eva Jeler. Il accompagne les lui pour redresser une élite française au progrès des meilleurs joueurs allemands. creux de la vague. Sa nomination au Une période pleine de réussite pour poste de Directeur technique national est l’Alsacien, avec une apothéose aux cham- évoquée en comité directeur au mois de pionnats du Monde en 1989 à Dortmund. juin. Elle est effective au début du mois de Pour sa dernière année à la tête du ping décembre, après un vote de l’assemblée générale de la germanique, Charles Roesch assiste au triomphe de Fédération. Charles Roesch devient le premier DTN de la paire formée de Jörg Rosskopf et Steffen Fetzner, l’histoire du tennis de table français. médaillée d’or en double messieurs. Autoritaire mais respecté, il propose un plan de quatre «Un grand monsieur, autoritaire et passionnant, à ans pour dynamiser l’élite, muscler la détection et l’origine du renouveau de la FFTT dès 1968 et de redonner du souffle à l’équipe de France. Les résultats sa professionnalisation. J’ai eu la chance, comme ne se font pas attendre. Avec l’aide de Tomislav Terecik, d’autres, de le connaître et de le respecter», a confié il replace les meilleurs juniors français en bonne place Christian Palierne, le président de la FFTT, à l’annonce sur l’échiquier européen, jusqu’à les conduire au titre de son décès. «Par sa compétence comme entraîneur, continental à Velje en 1972. Une génération dorée et par ses qualités humaines, il mérite une place à part où se côtoient notamment Patrick Birocheau, Christian dans l’histoire de notre organisation», a assuré Hans Martin, Jean-Claude Decret, Jean-Denis Constant et Wilhelm Gäb, le président d’honneur de la Fédération Philippe Molodzoff. Charles Roesch lance également allemande. # 15
28 BRÈVES FRANCE © FFTT/Marc Templereau INUSABLES VIEILLES GLOIRES PRIMAIRE MAIS MAJEURE La nostalgie a toujours du bon. Quelques-unes des Le rapprochement du ping français avec le monde scolaire ne «vieilles gloires» du tennis de table nordiste ont pu y se dément pas. Il se fait même de plus en plus concret. Pour goûter sans modération à l’occasion de retrouvailles preuve la signature, mardi 17 novembre 2015, d’une conven- pleines d’émotion et d’amitié. À l’origine, l’idée est née tion entre la FFTT et l’USEP, l’Union sportive de l’enseignement de l’imagination de Pierre Lambin, l’ancien président du premier degré. Un document paraphé par Christian Palierne, de la ligue des Flandres (de 1976 à 1984). Avec Jean président de la FFTT, et Jean-Michel Sautreau, son homologue Devys, Jacques Hélaine et Jacques Gambier, une pre- de l’USEP. Cette convention bipartite a été conclue jusqu’en mière réunion a eu lieu pour monter le projet. Pierre 2017 et s’accompagne d’un document pédagogique à desti- Lambin s’est chargé de retrouver le maximum de «vieilles nation des enseignants et éducateurs : La rencontre Ping. gloires» potentielles, le critère étant d’avoir été classé Quelques jours après, le Conseil départemental de Vendée en 1re et 2e séries + 3e série dans les années 20 allant conviait près de 3.000 élèves des écoles primaires du dépar- jusqu’à la fin de la décennie 70. Un travail de fourmi tement aux championnats du Monde juniors au Vendéspace. qui a débouché sur une «première» en octobre 2013 à Une journée en trois temps : initiation au tennis de table, ren- Lille où pas moins de quatre-vingt-seize anciens joueurs contre avec les joueurs et entraîneurs de l’équipe de France, se sont retrouvés. Avec promesse de renouveler l’opé- avant d’assister en tant que spectateurs/supporters aux ren- ration tous les deux ans. Une équipe a été constituée, contres du jour. composée pour le Nord de Roger et Marie Planquart, Michèle et Dominique Richard, pour le Pas-de-Calais de Pour en savoir + : www.fftt.com / Jouer / Educ Ping Jacques Dhénin et Jean-Pierre Brunet, pour la Somme de Jacques Hélaine et Jacques Gambier. Le succès a été au rendez-vous. Une deuxième réunion des «vieilles gloires» a eu lieu en 2015, organisée dans un restaurant proche d’Arras. UNE MÉDAILLE POUR YOLAINE Rarement distinction aura été autant méritée. Yolaine Moreau, la responsable de la commission sportive régionale de la ligue Rhône-Alpes de tennis de table, a reçu la médaille de la jeunesse, des sports et de la vie associative. La juste récompense du parcours sportif et associatif de cette inlassable militante du sport et de ses valeurs, élue presque sans interruption au comité directeur de la ligue depuis le début des années 2000. Licenciée à l’ASUL Lyon, elle a joué pendant plus de vingt ans dans différents clubs savoyards, dont Chamonix et Annecy. # 15
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