PLAN D'ACTIONS EN FAVEUR DE LA SAUVEGARDE DES CHAUVES-SOURIS DU MARAIS POITEVIN
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Projet : Protection des chiroptères Maître d’ouvrage : Ligue pour la Protection des Oiseaux Action A 25 : Rédaction d’un plan d’actions pour les chiroptères Date : décembre 2007 PLAN D’ACTIONS EN FAVEUR DE LA SAUVEGARDE DES CHAUVES-SOURIS DU MARAIS POITEVIN Connaissance, étude et protection des chiroptères
PLAN D’ACTIONS EN FAVEUR DE LA SAUVEGARDE DES CHAUVES-SOURIS DU MARAIS POITEVIN Connaissance, étude et protection des chiroptères Rédaction Philippe Jourde – LPO avec la participation de Alain Texier – PIMP Sandrine Bracco – DSNE Julien Sudraud – LPO Vendée Juin 2007 3
Sommaire Remerciements ___________________________________________________________ 5 Objectifs du plan d’action __________________________________________________ 5 Résumé _________________________________________________________________ 5 Présentation sommaire des chauves-souris ___________________________________ 6 Les chauves-souris en France métropolitaine _______________________________________ 6 Les chauves-souris du Centre-Ouest ______________________________________________ 7 Description de la zone d’étude ______________________________________________ 8 Historique du territoire __________________________________________________________________9 Remarque sur le périmètre d’étude _______________________________________________________10 Connaissance des chauves-souris du Marais poitevin__________________________ 11 Méthodologie d’inventaire ______________________________________________________ 11 Analyse et traitement de l’information ____________________________________________ 14 Espèces observées dans le Marais poitevin et statut patrimonial _________________ 15 Pression d’observation et résultats des prospections __________________________ 17 Pression d’observation_________________________________________________________ 17 Recherche de gîtes dans les ouvrages d’art _______________________________________ 18 Recherche de gîte dans les églises_______________________________________________ 21 Recherche de gîte dans le bâti privé ______________________________________________ 23 Recherche de gîtes dans les arbres creux _________________________________________ 24 Détection ultrasonore __________________________________________________________ 25 Opérations de capture temporaire________________________________________________ 26 Sollicitation du public __________________________________________________________ 26 Répartition et statut de conservation des espèces _____________________________ 27 Fréquence des espèces ________________________________________________________ 27 Répartition des contacts _______________________________________________________ 27 Commentaires, Menaces et facteurs limitants _________________________________ 29 Objectifs et proposition d’actions ___________________________________________ 31 Fiches actions___________________________________________________________ 34 Bibliographie____________________________________________________________ 59 Annexe 1 - Carte de répartition des chauves-souris du Marais poitevin ____________ 60 4
Plan d’action en faveur de la sauvegarde des chauves-souris du Marais poitevin Connaissance, étude et protection des chiroptères REMERCIEMENTS Nous remercions les partenaires financiers au programme LIFE pour leur soutien ainsi que tous les contributeurs à la collecte des données de terrain : Olivier Allenou, Anne Boisseau, Sandrine Bracco, Nicolas Cotrel, Tibo Dieuleveut, Christophe Drapeau, Perrine Dulac, Charles Dupé, Jocelyne et Cyril Gueydan, Alain Isnard, Estelle Kerbiriou, Olivier Laluque, Thibault Laurent, David Lazin, Thomas Luzzato, Fabien Mercier, Etienne Ouvrard, Jean-Paul Paillat, Angélique Parpaillon, Benoît Perrotin, Florian Picaud, Hélène Quénéa, Emmanuel Séchet, Julien Sudraud, Gratien Testud, Alain Texier, Théophane You, François Varenne et Julien Verdier. OBJECTIFS DU PLAN D’ACTION Le plan d’action en faveur de la sauvegarde des chauves-souris du Marais poitevin vise à dresser l’état des connaissances des chauves-souris dans le Marais poitevin, à déterminer le statut de conservation des espèces inventoriées et à proposer des actions en faveur de leur protection. RESUME D’importantes prospections de terrain ont permis d’inventoriés 1103 localités à la recherche des chauves-souris du Marais poitevin,. Ces recherches ont consisté en prospections systématiques des ponts, des églises, en détections ultrasonores et en recherches de gîtes en milieu bâti. Au total, 19 espèces de chauves-souris, dont 7 de l’annexe II de la directive Habitats-Faune-Flore, ont été inventoriées. Eglises, ouvrages d’art et milieux boisés humides s’avèrent présenter des densités de peuplement chiroptérologiques remarquablement faibles. Un faisceau de facteurs sont probablement la cause de cette faible densité. Carence en gîtes, altérations des milieux naturels, de la qualité et de la ressource en eau, disparition des corridors écologiques influent sans doute de façon néfastes sur les chauves-souris. Face à ce constat, des objectifs de conservations sont élaborés et des propositions d’action proposées pour améliorer le statut des chauves-souris du Marais poitevin. 5
PRESENTATION SOMMAIRE DES CHAUVES-SOURIS LES CHAUVES-SOURIS EN FRANCE METROPOLITAINE Les chauves-souris sont des mammifères de l’ordre de Chiroptères. Il existe près de 1 000 espèces dans le monde mais seules 33 ont été observées en France métropolitaine. Nos chauves-souris se répartissent en trois familles distinctes : • les rhinolophidés, représentés par quatre espèces. Ces espèces se caractérisent par la présence d’un masque facial en forme de fer à cheval ; • les molossidés, représenté par une espèce méridionale ; • les vespertilionidés, représentés par 28 espèces se répartissant dans les genres Eptesicus et Vespertilio (sérotines), Nyctalus (noctules), Plecotus (oreillards), Pipistrellus (pipistrelles), Hypsugo (vespères), Barbastella (barbastelle) et Miniopterus (minioptères). • La Barbastelle est une des espèces les plus fréquentes du Marais poitevin. 6
LES CHAUVES-SOURIS DU CENTRE-OUEST Le Centre-Ouest de la France héberge 23 espèces (70 % de la faune de France). Une espèce d’oreillard supplémentaire, vraisemblablement nouvelle pour la science, reste à décrire1. L’inventaire de la chiroptérofaune des départements de Charente-Maritime, des Deux-Sèvres et de Vendée révèle une grande similarité des faunes, composées essentiellement d’espèces à large répartition française et européenne (tableau 1). La nomenclature scientifique utilisée s’accorde avec celle de DIETZ et al. (2007). Tableau 1 - Chauves-souris inventoriées dans les 3 départements du Marais poitevin. Nom d'espèce Nom scientifique Charente-Maritime Deux-Sèvres Vendée Barbastelle Barbastella barbastellus 1 1 1 Sérotine commune Eptesicus serotinus 1 1 1 Minioptère de Schreibers Miniopterus schreibersi 1 1 1 Murin d'Alcathoe Myotis alcathoe 1 1 1 Murin de Bechstein Myotis bechsteinii 1 1 1 Petit murin Myotis blythi 1 Murin de Daubenton Myotis daubentonii 1 1 1 Murin à oreilles échancrées Myotis emarginatus 1 1 1 Grand murin Myotis myotis 1 1 1 Murin à moustaches Myotis mystacinus 1 1 1 Murin de Natterer Myotis nattereri 1 1 1 Noctule géante Nyctalus lasiopterus 1 Noctule de Leisler Nyctalus leisleri 1 1 1 Noctule commune Nyctalus noctula 1 1 1 Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhlii 1 1 1 Pipistrelle de Nathusius Pipistrellus nathusii 1 1 1 Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus 1 1 1 Pipistrelle pygmée Pipistrellus pygmaeus 1 1 Oreillard roux Plecotus auritus 1 1 1 Oreillard gris Plecotus austriacus 1 1 1 Rhinolophe euryale Rhinolophus euryale 1 1 Grand Rhinolophe Rhinolophus ferrumequinum 1 1 1 Petit rhinolophe Rhinolophus hipposideros 1 1 1 Oreillard indéterminé Plecotus sp 1 Total : 24 19 21 1 Les oreillards ont récemment fait l’objet d’études systématiques impliquant des techniques morphologiques et génétiques. Ces travaux se sont traduits par la création de trois nouvelles espèces européennes mais, manifestement, certains taxons demeurent méconnus, notamment dans l’ouest de la France. 7
DESCRIPTION DE LA ZONE D’ETUDE Conformément à la délimitation réalisée par le Forum des Marais Atlantiques en 1999, le Marais Poitevin couvre une surface d’environ 100 000 ha, soit un tiers des marais littoraux atlantiques, ce qui en fait la deuxième zone humide en France, après la Camargue. Ce territoire est partagé entre deux régions (les Pays-de-la-Loire et le Poitou-Charentes) et 3 départements (la Vendée, les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime), soit 95 communes. Fortement urbanisé avec plus de 170 000 habitants, ce marais comprend de nombreuses activités économiques : tourisme, artisanat, mytiliculture, etc., mais principalement agriculture, avec plus de 1 100 exploitations tournées vers la polyculture et l’élevage. Avec un bassin versant de 650 000 ha, la gestion de l’eau et de ses usages est un élément déterminant dans le Marais poitevin. Figure 1 – Localisation du site d’étude et représentation des limites communales (en orange site Natura 2000). 8
Historique du territoire Le Marais poitevin est le résultat d’un comblement récent du golfe des Pictons (il y a moins de 10 000 ans). Peu à peu, les vases marines comblent le golfe et forment une immense vasière découverte à chaque marée. La configuration du site justifie ainsi une implantation relativement récente de l’homme (paléolithique). Dès lors, les premiers aménagements du marais débutent ; au VIIème siècle, les moines entreprennent l’assèchement de parcelles, propice à la culture et au pâturage, tout en continuant d’exploiter les ressources maritimes. Cette volonté s’est traduite par l’édification de digues et canaux face à la mer. Par la suite, ces initiatives se sont amplifiées au XIIème siècle, mais il faut attendre le règne du roi Henri IV et l’arrivée d’ingénieurs hollandais au XVIIème siècle pour observer une véritable organisation géométrique du marais. Schématiquement, l’assèchement du marais se poursuit pour la mise en culture, marquant la limite entre les marais desséché et mouillé. Le XIXème siècle voit apparaître l’aspect actuel du marais, après d’importants travaux de creusements de canaux pour l’évacuation des eaux et la navigation. A partir de 1960, les mutations de l’agriculture moderne, avec leur cortège d’exigences foncières, techniques et hydrauliques, induites par l’optimisation de la productivité des exploitations, ont profondément modifié les paysages et les terroirs du Marais Poitevin. Ces transformations du marais se sont traduites par un important recul des surfaces en herbe au profit des cultures de céréales et d’oléagineux. On peut dès lors distinguer les grandes entités géographiques suivantes : • les marais inondables et vallées fluviales : 32 262 ha, • les marais desséchés incluant les polders récents : 46 820 ha, • les marais intermédiaires : 18 768 ha, Ces trois types de paysages couvrent une superficie totale de marais de 97 850 ha, à laquelle s’ajoutent celle des îlots calcaires sur 4 670 ha et les 9 647 ha de milieu maritime (prés salés, vasières et dunes). 9
Les marais inondables, couramment appelés marais mouillés, correspondent aux lits majeurs des rivières et fleuves (la Vendée, le Lay, la Sèvre Niortaise, le Curé, etc.) et font office de zones d’épandage des crues. Voués à l’élevage, ces marais sont constitués par un bocage aux parcelles hétérogènes, et caractérisés par des alignements simples (frênes taillés en têtard) ou doubles (frênes têtards et peupliers). Ce bocage renferme majoritairement des prairies, qui sont délimitées par un réseau hydraulique dense de canaux et fossés. Les marais desséchés et intermédiaires reposent sur des sols argileux, formés à partir d’anciennes vases marines. Si les premiers sont totalement protégés des eaux de crues et des marées par des ceintures de digues, les seconds ne sont que partiellement protégés des crues. Ces deux types de marais possèdent des caractéristiques paysagères et biologiques assez proches : voués à la céréaliculture et à l’élevage, ils présentent un paysage ouvert, où seuls les alignements de Tamaris (Tamarix gallica) bordant les fossés viennent rompre la régularité du paysage. Ces vastes espaces quadrillés de canaux jouent un rôle essentiel dans l’agro- écosystème « Marais Poitevin ». Les polders récents ou « prises » se situent autour de la Baie de l’Aiguillon. Ils sont essentiellement utilisés en cultures intensives en raison du potentiel agronomique des sols. A ces unités paysagères, n’oublions pas de citer les îlots calcaires, anciennes îles du golfe, les milieux littoraux sableux et vaseux composés de paysages aussi divers que les plages, dunes, lagunes, pinèdes et les estrans vaseux de la baie de l’Aiguillon et de l’estuaire du Lay. La complémentarité des activités humaines et des caractéristiques physiques du marais (salinité des sols, humidité, etc.) en font une zone humide d’intérêt international. Au travers des entités de marais, on ne dénombre pas moins de 25 habitats d’intérêt communautaire. Ils se répartissent sur l’ensemble du territoire au travers des grands ensembles : les boisements humides (3800 ha dont 1600 ha de peupleraies), le littoral, les roselières (100ha), le réseau hydraulique, les prairies subsaumâtres, etc. L’une des grandes originalités du Marais Poitevin réside dans la diversité des milieux prairiaux rencontrés au sein de la zone humide. En effet, leur nature varie suivant divers facteurs, tels que le gradient de salinité décroissant d’Ouest en Est, la gestion des niveaux d’eau, la microtopographie, la pédologie, les pratiques agricoles (pâturage / fauche). L’ensemble de ces habitats, et notamment les 27 000 ha de prairies, abrite plus de 100 espèces animales des Directives Européenne de protection de la Nature (Directive habitat : annexe 2 et oiseaux : annexe 1) et plus de 700 espèces végétales recensées à ce jour. Ce patrimoine remarquable fait également l’objet de protections réglementaires : Site classé pour 18 553 ha, réserves naturelles de St Denis du Payré et de la Baie de l’Aiguillon pour environ 5107 ha, réserves naturelles volontaires pour environ 350 ha, APPB pour 6 570 ha et d’une manière plus transversal, un site Natura 2000 de 68 000 ha. Remarque sur le périmètre d’étude Le périmètre du site Natura 2000 sur lequel se calque le périmètre d’intervention du programme LIFE ne concerne que des zones naturelles (prairies, zones humides, boisements inondables par ex.) et exclut villes, villages et hameaux. Or, plusieurs espèces de chauves-souris, dont certaines de l’annexe 2 de la directive Habitats- Faune-Flore (Grand et Petit Rhinolophe, Grand Murin, Murin à oreilles échancrées par ex), se reproduisent préférentiellement dans les milieux bâtis. En accord avec les instances de l’Union européenne, le périmètre d’étude des chauves-souris a donc été étendu à l’ensemble du territoire des communes concernées par le programme LIFE afin de mieux intégrer la problématique de conservation propre aux chauves-souris. 10
CONNAISSANCE DES CHAUVES-SOURIS DU MARAIS POITEVIN METHODOLOGIE D’INVENTAIRE Plusieurs techniques permettent de dresser des inventaires chiroptérologiques (KUNZ, 1988 ; MITCHELL-JONES & MCLEISH, 1999 par ex.). Quatre méthodes complémentaires ont été mises en œuvre dans le cadre de cette étude : • la recherche de gîtes dans les ouvrages d’art, les bâtiments et les arbres creux ; • la détection ultrasonore ; • la capture temporaire ; • la sollicitation du public. Recherche de gîtes dans les ouvrages d’art En fonction de leur mode de construction, les ouvrages d’art (ponts, tunnels, etc.) peuvent présenter un grand intérêt pour les chauves-souris. Plusieurs espèces peuvent s’installer dans ce type de milieu et des colonies importantes y ont parfois été découvertes. La prospection des ouvrages d’art se fait : • par l’inspection visuelle (voir auditive) des éventuels fissures, disjointements, joints de dilatation, barbacanes, caissons, etc. à l’aide de torches et, lorsque nécessaire, de jeux de miroirs orientables. Il s’agit de repérer la présence d’animaux et/ou de traces d’occupation (présence de guano, coulées d’urine par ex) ; • par le dénombrement visuel des animaux au crépuscule lors de l’émergence (éventuellement assisté par l’utilisation de détecteurs d’ultrasons). La prospection des ouvrages d’art n’est pas toujours aisée car elle implique que l’observateur pénètre sous la structure. Or, dans le Marais poitevin, la majorité des ouvrages enjambent des canaux. L’utilisation de barques, canots et canoës est dès lors souvent nécessaire. Recherche de gîte dans les églises Les églises constituent des types de bâtiments privilégiés pour l’installation des chauves-souris. Les combles y sont souvent de grand volume, la tranquillité totale, les prédateurs peu abondants. Les prospections se font visuellement par la recherche directe des animaux ou par la recherche de tas de guano indiquant la localisation d’éventuels essaims. Les inventaires peuvent aussi se faire au crépuscule, lors du départ des animaux vers les terrains de chasse, grâce à l’utilisation de détecteurs d’ultrasons. Les difficultés de prospections de ce milieu résident à la fois à la dangerosité de la visite (ascension des clochers, accès aux combles, déplacement sur la poutraison souvent périlleux) et par la difficulté de localiser des petits groupes d’animaux dans de grands volumes (oreillards notamment). Recherche de gîtes dans le bâti privé Il s’agit de visiter des bâtiments, généralement occupé, pour y trouver d’éventuelles colonies de chauves-souris. Les prospections se font soit en porte-à-porte, soit suite à des informations collectées via le réseau SOS Chauves-souris (voir Sollicitations du public), soit par des prospections au détecteur indiquant la présence d’une colonie à proximité des relevés. Cette technique de recherche n’est pas toujours facile à mettre en œuvre du fait de la méfiance des propriétaires à l’égard des naturalistes et du caractère inhabituel de leur demande, l’inquiétude que soulève l’éventuelle présence de chauves-souris et la difficulté d’obtenir des rendez-vous. Recherche de gîtes dans les arbres creux Quelques arbres creux ou fissurés ont été prospectés à la recherche de chauves-souris selon la méthode proposée par PENICAUD (2000) et PENICAUD et BOIREAU (2002). Cette technique périlleuse est très « chronophage ». Elle n’a été pratiquée que ponctuellement, sur une trentaine 11
d’arbres, essentiellement des frênes têtards de levées boisées. Le déplacement avec une échelle dans les terrée est souvent trop problématique pour permettre une prospection rentable. Détection ultrasonore La détection ultrasonore consiste à utiliser les écholocations des chauves-souris comme base d’identification. Les chiroptères disposent d’un système sonar pour se forger une image de leur environnement et détecter leurs proies. La majorité des espèces émettent des sons caractéristiques pouvant aboutir, dans des circonstances favorables, à l’identification. Si la détection permet la localisation immédiate d’espèces qu’il est souvent difficile de capturer, elle ne permet cependant pas d’identifier toutes les chauves-souris françaises au niveau spécifique. Dans de bonnes circonstances, 18 espèces sur les 22 identifiées en Centre-Ouest peuvent être nommées de façon fiable (tableau 2). Les autres doivent être maintenus dans des groupes taxonomiques qui pourront être bi- ou plurispécifiques. Cela dit, le nombre d’informations écologiques collectées au détecteur est considérablement supérieur à ce qui est obtenu par la pose de filets (LUSTRAT, 1997). La grande mobilité de l’opérateur permet en outre d’obtenir rapidement des informations sur l’utilisation du milieu par les diverses espèces et ainsi de déterminer quels sont les habitats utilisés préférentiellement par les chauves-souris (VAUGHAN et al., 1997 ; MOESCHLER et BLANT, 1990). Deux types de sonomètres de trois modèles différents ont été systématiquement utilisés simultanément dans le cadre de cette étude. Le Batbox III de Stags Electronics®, et le D200 de Pettersson Elektronik®, ne permettent que la détection hétérodyne. Ils restituent un son différentiel audible, issu de la comparaison des ondes sonores reçues avec celles générées - et ajustables - du détecteur. Le Pettersson D980 peut travailler en hétérodyne et en expansion de temps. Cette dernière possibilité permet d’enregistrer le signal reçu en digital et de le restituer en analogique ralenti 10 ou 20 fois, ce qui le rend audible. Le son conserve donc son enveloppe et sa structure. Son analyse devient dès lors possible. L’identification des écholocations se base sur la méthode auditive développée par BARATAUD (1992, 1994, 1996 et 2002) et intègre les dernières techniques d’identification des espèces délicates (JOURDE et BARATAUD, 2005 ; BARATAUD, 2005 ; LIMPENS et al., 2005 , BACH et al. 2005 par ex.). Dans les cas les plus complexes, des enregistrements de signaux ont été réalisés sur un walkman professionnel analogique (Sony® WM-D6C) et/ou d’enregistreurs minidisc digitaux (Sony® MZ-R909 et Sony® MZ-RH1), puis analysés sur informatique grâce au logiciel BatSound-Pro version 2.1, développé par Pettersson Elektronik®. Figure 2 – Exemple d’analyse informatique des signaux acoustiques des chauves-souris 12
Tableau 2 – Possibilités d’identification et détectabilité des chiroptères du Centre-Ouest. Possibilité 3 Espèce 2 Détectabilité Commentaire d’identification Grand Rhinolophe ☺ à Rhinolophe euryale ☺ à Petit Rhinolophe ☺ à Grand Murin ☺ Indifférentiable du Petit Murin Petit Murin ☺ Indifférentiable du Grand Murin Murin à oreilles échancrées Murin de Natterer ☺ Murin de Bechstein Murin à moustaches Murin d’Alcathoe Murin de Daubenton ☺à Oreillard gris ☺à Indifférentiable de l’Oreillard roux Oreillard roux ☺à Indifférentiable de l’Oreillard gris Sérotine commune ☺ ☺ Noctule de Leisler ☺ ☺ Noctule commune ☺à ☺ Confusion possible avec Grande Noctule Grande Noctule ☺à ☺ Confusion possible avec Noctule commune Pipistrelle commune ☺ ☺ Pipistrelle de Kuhl ☺ ☺ Pipistrelle de Nathusius ☺ ☺ Pipistrelle pygmée ☺ ☺ Barbastelle ☺ ☺ Minioptère de Schreibers ☺ ☺ Légende : ☺ = bonne = moyenne = Faible Opérations de capture temporaire Seuls les naturalistes détenteur d’une autorisation préfectorale de capture sont habilités à mettre en œuvre cette technique d’inventaire. Il s’agit de capturer les chauves-souris à l’aide de filets verticaux disposés transversalement à des corridors de déplacement, voire sur des terrains de chasse, classiquement le long de lisières boisées ou de layons sous voûte. Les filets font l’objet d’une surveillance permanente et tout animal pris est immédiatement démaillé. La chauve-souris est ensuite sexée, âgée, mesurée et pesée. Après identification et éventuellement marquage temporaire (vernis à ongle comestible apposé sur la griffe d’une des pattes), elle est relâchée dans son milieu. Le marquage coloré permet la reconnaissance d’individus précédemment capturés dans la nuit. Il s’efface rapidement et n’est plus visible après un à deux jours. 2 Les possibilités d’identification acoustique des chauves-souris varient en fonction des types d’écholocation émis. Dans certaines circonstances, plusieurs espèces de murins peuvent émettre des signaux quasi identiques. Ils ne sont donc pas toujours identifiables. 3 Il s’agit de la distance à laquelle une chauve-souris peut être détectée. La détectabilité varie en fonction des espèces et des types de signaux émis. Le signal de chasse d’un oreillard, par exemple, n’est perceptible qu’à moins d’un mètre alors que son émission de vol de croisière l’est à 15 m. Un Petit Rhinolophe n’est détectable qu’à 3 m alors qu’une Noctule commune peut être repérée à 100 m. 13
Cette technique permet d’aboutir à une identification fiable, de déterminer le statut de reproduction des femelles (femelle gestante, allaitante, etc.), d’obtenir des informations sur l’état de santé des animaux (évaluation de l’adiposité, abondance des parasites externes), d’attribuer à une espèce des contacts acoustiques indéterminables (oreillards par ex.). Elle est donc très complémentaire à la détection ultrasonore. Malheureusement, le rendement de cette technique est assez faible. Le nombre de captures sur terrain de chasse est généralement faible, la majorité des animaux détectant la présence des filets. Figure 3 – Détermination en main d’une pipistrelle lors d’une séance de capture temporaire. Sollicitations du public Le grand public est sollicité pour contribuer au programme d’inventaire par de nombreux biais : • campagnes de presse (écrite, radiophonique et télévisée) ; • affichettes d’informations disposées dans les lieux publics ; • courriers d’information et de sensibilisation aux communes ; • réseaux SOS chauves-souris ; il s’agit d’un service de conseil et d’assistance proposé au public pour répondre aux diverses sollicitations relatives aux chauves-souris (demande d’information, problèmes de nuisance ou de cohabitation, information par rapport à la protection des espèces…) ; • animations organisées dans les trois départements lors de la Nuit européenne de la Chauve- souris. ANALYSE ET TRAITEMENT DE L’INFORMATION Toutes les données collectées par les observateurs de terrain ont été géo-référencées (soit sur le terrain à l’aide de GPS, soit sur cartes numériques à l’aide du logiciel CartoExplorer 3.1 de Bayo®). Les informations ont été centralisées au niveau des structures départementales et saisies dans une base de données relationnelle développée sous le logiciel Access de Microsoft®. Après une première vérification de leur validité, les données sont transmises à la coordination interrégionale. Une nouvelle vérification de l’intégralité du lot de données est effectuée à ce niveau. Elle vise à contrôler la pertinence naturaliste des données ainsi que la conformité des saisies par rapport aux exigences demandées. Les données définitivement validées sont finalement injectées dans un Système d’Information Géographique (MapInfo Pro version 8.0 de MapInfo Corportion®) pour analyse et cartographie. 14
ESPECES OBSERVEES DANS LE MARAIS POITEVIN ET STATUT PATRIMONIAL La présence de 19 espèces de chauves-souris est confirmée dans le périmètre d’étude du Marais poitevin. Ces espèces sont listées ci-dessous selon l’ordre systématique utilisé par DIETZ et al. (2007) Rhinolophidae Grand Rhinolophe Rhinolophus ferrumequinum (Schreber, 1774) Petit rhinolophe Rhinolophus hipposideros (Bechstein, 1800) Vespertilionidae Murin de Bechstein Myotis bechsteinii (Kuhl, 1817) Murin de Daubenton Myotis daubentonii (Kuhl, 1817) Murin à oreilles échancrées Myotis emarginatus (Geoffroy, 1806) Grand murin Myotis myotis (Borkhausen, 1797) Murin à moustaches Myotis mystacinus (Kuhl, 1817) Murin de Natterer Myotis nattereri (Kuhl, 1817) Noctule commune Nyctalus noctula (Schreber, 1774) Noctule géante Nyctalus lasiopterus (Schreber, 1780) Noctule de Leisler Nyctalus leisleri (Kuhl, 1817) Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus (Schreber, 1774) Pipistrelle pygmée Pipistrellus pygmaeus (Leach, 1825) Pipistrelle de Nathusius Pipistrellus nathusii (Keyserling & Blasius, 1839) Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhlii (Kuhl, 1817) Sérotine commune Eptesicus serotinus (Schreber, 1774) Barbastelle Barbastella barbastellus (Schreber, 1774) Oreillard roux Plecotus auritus (Linnaeus, 1758) Oreillard gris Plecotus austriacus (Fischer, 1829) Statut patrimonial des espèces observées Le statut patrimonial est définit par l’inscription d’une espèce : • à/aux annexe(s) de la directive Habitat-Faune-Flore (n°92/43/CEE du Conseil du 21/05/92 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages). L’annexe 2 dresse la liste des espèces animales d’intérêt communautaire dont la conservation nécessite la désignation de Zones Spéciales de Conservation. L’annexe 4 dresse la liste des espèces animales d’intérêt communautaire qui nécessitent une protection stricte. • à la liste des espèces protégées au niveau national (arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des mammifères terrestres protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection) ; • à la liste rouge mondiale des espèces menacées rédigée par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature - European Mammal Assessment : http://ec.europa.eu/environment/nature/conservation/species/ema/. Version téléchargée du 15 mai 2007) ; • à l’inventaire de la faune menacée en France (MAURIN & KEITH, 1994). 15
Tableau 3 – Statut patrimonial des chauves-souris détectées en Marais poitevin Nom d'espèce Nom scientifique DHFF 2 DHFF 4 PN UICN LR Barbastelle Barbastella barbastellus 1 1 1 VU V Grand Murin Myotis myotis 1 1 1 LC V Grand Rhinolophe Rhinolophus ferrumequinum 1 1 1 NT V Murin à moustaches Myotis mystacinus 1 1 1 LC S Murin à oreilles échancrées Myotis emarginatus 1 1 1 LC V Murin de Bechstein Myotis bechsteinii 1 1 1 VU V Murin de Daubenton Myotis daubentonii 1 1 LC S Murin de Natterer Myotis nattereri 1 1 LC S Noctule commune Nyctalus noctula 1 1 LC V Noctule de Leisler Nyctalus leisleri 1 1 LC V Noctule géante Nyctalus lasiopterus 1 DD I Oreillard gris Plecotus austriacus 1 1 LC S Oreillard roux Plecotus auritus 1 1 LC S Petit Rhinolophe Rhinolophus hipposideros 1 1 1 NT V Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus 1 1 LC S Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhlii 1 1 LC S Pipistrelle de Nathusius Pipistrellus nathusii 1 1 LC S Pipistrelle pygmée Pipistrellus pygmaeus 1 LC Sérotine commune Eptesicus serotinus 1 1 LC S Total : 7 18 18 18 Légende : DHFF 2 = annexe 2 de la directive Habitat-Faune-Flore ; DHFF 4 = annexe 4 ; PN = protection nationale ; UICN = statut Liste Rouge Mondiale : NT = quasi menacé ; VU= vulnérable ; LC = préoccupation mineure ; DD = manque de données ; LR = statut Liste Rouge Nationale ; V = vulnérable ; S = à surveiller ; I = indéterminé Bâtiment privé abritant une colonie de Pipistrelle commune sous sa toiture. 16
PRESSION D’OBSERVATION ET RESULTATS DES PROSPECTIONS PRESSION D’OBSERVATION Entre 2005 et 2006, 1 383 données réparties en 1 103 localités ont été collectées sur l’ensemble du Marais poitevin (figure 4). Les prés salés et les vasières, défavorables aux chauves-souris, n’ont pas fait l’objet de prospections. Quatre cent quatre vingt données concernent des observations de chauves-souris, dont 334 déterminées au niveau spécifique (figure 5). Figure 4 – Carte de localisation des sites prospectés (site Natura 2000 en jaune) Figure 5 – Localisation des données de localisation de chauves-souris (en rouge) par rapport aux localités prospectées (en gris) (site Natura 2000 en orange) 17
RECHERCHE DE GITES DANS LES OUVRAGES D’ART Entre 2005 et 2006, 875 ponts ont été prospectés dans le Marais poitevin. Seuls 13,1 % se sont avéré occupés par des chauves-souris (tableau 4 et figure 6). Tableau 4 – Taux d’occupation des ponts du Marais poitevin. Statut d'occupation Nombre de ponts Prospection de pont Occupés 115 Favorable 100 Défavorable 466 Indéterminé 194 Total : 875 Occupés 13% Indéterminé 22% Favorables 11% Déf avorables 54% Onze espèces ont été observées au moins une fois dans des ouvrages d’art (tableau 5). Deux espèces sont régulières dans ce type de milieu : le Murin de Daubenton et le Murin de Natterer. Le Murin de Daubenton a été identifié dans près de 5 % des ponts mais cette espèce représente près de 44 % des contacts de chauves-souris dans ce milieu. Le Murin de Natterer a été déterminé dans 1,4 % des ponts mais représente 12 % des contacts. Il est à noter que 34,8 % des contacts n’ont pas pu être déterminés au niveau spécifique. Dans 17,4 % des cas, les observations se rapportent à des murins de petite taille et concernent vraisemblablement des Murins de Daubenton ou de Natterer. Ce fort pourcentage de contacts non déterminé au niveau spécifique tient au fait que les chauves- souris se tiennent généralement profondément enfoncées dans les disjointements et sont rarement observées dans des conditions favorables. La hauteur des voûtes, la mobilité des embarcations sur lesquelles se tiennent les observateurs et l’inconfort de ce type de prospection accentuent encore les difficultés de détermination. Dans un certain nombre de cas, les observations ont été faites à l’émergence des animaux, au crépuscule. Dans ces conditions, la reconnaissance visuelle est impossible et les détecteurs d’ultrasons ne permettent pas d’effectuer des déterminations fiables entre les murins de petite taille. 18
L’utilisation des ponts par les autres espèces s’avère plus anecdotique bien que certaines puissent se reproduire dans ce type de milieu (oreillards, pipistrelles par ex). Tableau 5 – Fréquentation des ouvrages d’art par les chauves-souris Nom scientifique Nom d'espèce Nb ponts % Murin de Daubenton Myotis daubentonii 44 38,26 Murin sp Myotis sp 20 17,39 Chauve-souris indéterminée Chiroptera sp 16 13,91 Murin de Natterer Myotis nattererii 12 10,43 Sérotine commune Eptesicus serotinus 4 3,48 Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus 4 3,48 Oreillard indéterminé Plecotus sp 3 2,61 Petit Rhinolophe Rhinolophus hipposideros 3 2,61 Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus 2 1,74 Pipistrelle de Nathusius Pipistrellus nathusii 2 1,74 Noctule de Leisler Nyctalus leisleri 1 0,87 Pipistrelle de Kuhl/Nathusius Pipistrellus kuhlii/nathusii 1 0,87 Grand Murin Myotis myotis 1 0,87 Oreillard gris Plecotus austriacus 1 0,87 Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhlii 1 0,87 Total : 115 100,00 Colonies de reproduction Sept colonies de reproduction ont été découvertes lors de la prospection des ponts et la reproduction est possible dans sept autres ouvrages occupés par des chauves-souris (figure 7). En ne considérant que les colonies certaines, le taux de colonisation des ponts n’est que de 0,81 %. Les colonies concernent toutes le Murin de Daubenton. Les effectifs varient entre 4 et 77 individus avec une moyenne de 29,7 individus. Joint de dilatation d’un pont abritant une colonie de Murin de Daubenton (noter la présence de traces d’urine noirâtre. 19
Figure 6 – Localisation des ponts occupés par des chauves-souris en Marais poitevin (en rouge) Figure 7 – Importance des colonies de reproduction trouvées dans les ouvrages d’art 20
RECHERCHE DE GITE DANS LES EGLISES A l’échelle du marais, 120 églises et chapelles ont fait l’objet de recherches chiroptérologiques. Quarante d’entre elles (33 %) sont occupées par des chauves-souris (tableau 6 et figure 8). Tableau 6 – Niveau d’occupation des églises par les chauves-souris. Statut d'occupation Nombre d'églises Prospection du clocher d’une église Occupées 40 Favorables 32 Défavorables 15 Indéterminé 33 Total : 120 Indéterminé 27% Occupées 33% Défavorables 13% Favorables 27% Huit espèces fréquentent les églises du Marais poitevin. Les plus fréquentes sont la Pipistrelle commune, qui s’installe souvent dans les murs et les façades et la Sérotine commune qui fréquente les toitures et les combles. Colonies de reproduction Seules cinq colonies de chauves-souris ont été localisées. Elles concernent : • la Pipistrelle commune : 117 et 26 femelles ; • la Sérotine commune : 57 femelles ; • le Murin à moustaches : 40 animaux. La reproduction d’animaux est possible dans six autres églises mais les observations réalisées lors des inventaires concernent peu d’animaux alors que les gîtes de ces espèces sont généralement populeux : • Sérotine : 1 individu ; • Grand Rhinolophe : 5 individus ; • Murin indéterminé : 4, 2 et 4 individus ; • Pipistrelle indéterminée : 5 individus. 21
Tableau 7 – Fréquentation des églises par les chauves-souris. Nom d'espèce Nom scientifique Nb d’églises % Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus 10 25,0 Sérotine commune Eptesicus serotinus 7 17,5 Oreillard gris Plecotus austriacus 4 10,0 Oreillard indéterminé Plecotus sp 4 10,0 Chauve-souris indéterminée Chiroptera sp 3 7,5 Murin sp Myotis sp 3 7,5 Murin à moustaches Myotis mystacinus 3 7,5 Pispistrelle indéterminée Pipistrellus sp 2 5,0 Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhlii 1 2,5 Grand Rhinolophe Rhinolophus ferrumequinum 1 2,5 Murin à oreilles échancrées Myotis emarginatus 1 2,5 Murin de Bechstein Myotis bechsteinii 1 2,5 40 100,0 Figure 8 – Localisation des églises prospectées (gris) et occupées par des chauves-souris (rouge et orange en fonction du statut de reproduction) 22
RECHERCHE DE GITE DANS LE BATI PRIVE Cent soixante bâtiments ont été prospectés dont 107 ont permis l’observation de chauves- souris (figure 9). Les prospections ont visé : • des sites particulièrement favorables ; • des sites pour lesquels la présence des chauves-souris nous a été signalée ; • des sites visités en « porte à porte » dans des secteurs potentiellement favorables. Tableau 8 – Fréquentation des bâtiments par les chauves-souris Nom scientifique Nom d'espèce Nb de bâtiments % Chauve-souris indéterminée Chiroptera sp 56 52,3 Pipistrelle indéterminée Pipistrellus sp 16 15,0 Barbastelle Barbastella barbastellus 7 6,5 Petit Rhinolophe Rhinolophus hipposideros 6 5,6 Sérotine commune Eptesicus serotinus 5 4,7 Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus 4 3,7 Grand Rhinolophe Rhinolophus ferrumequinum 4 3,7 Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhlii 2 1,9 Oreillard gris Plecotus austriacus 2 1,9 Murin sp Myotis sp 2 1,9 Murin à moustaches Myotis mystacinus 2 1,9 Oreillard indéterminé Plecotus sp 1 0,9 107 100,0 Douze colonies de chauves-souris ont été trouvées dans les bâtiments. Elles rassemblent 1033 individus (tableau 9). Seize gîtes complémentaires concernent de probables colonies de reproduction mais aucune preuve formelle de mise-bas n’a pu y être obtenue. Tableau 9 – Effectif des colonies de reproduction certaines trouvées en bâtiments Nom français Nom scientifique Effectif Pipistrelle indéterminée Pipistrellus sp 213 Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus 175 Pipistrelle indéterminée Pipistrellus sp 107 Pipistrelle indéterminée Pipistrellus sp 100 Pipistrelle indéterminée Pipistrellus sp 80 Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus 74 Pipistrelle indéterminée Pipistrellus sp 60 Barbastelle Barbastella barbastellus 58 Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus 52 Pipistrelle indéterminée Pipistrellus sp 46 Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhlii 40 Sérotine commune Eptesicus serotinus 28 Total : 1033 23
Figure 9 – Bâtiments privés prospectés (gris) abritant des chauves-souris (rouge). RECHERCHE DE GITES DANS LES ARBRES CREUX Trente deux arbres ont fait l’objet de prospections. Il s’agit pour l’essentiel de frênes têtards, inspectés dans les environs de La Ronde (Charente-Maritime). Cette recherche a été vaine. Des recherches de gîtes au détecteur d’ultrasons ont permis la découverte de treize postes de chant et gîtes d’accouplement de Noctules de Leisler et de Pipistrelle de Nathusius. Le résultat de ces recherche est présenté au chapitre « Détection ultrasonore ». Figure 10 – Exemple d’arbre creux offrant des potentialités importantes pour les chauves-souris. 24
DETECTION ULTRASONORE Deux cent cinq données de présence de chauves-souris, dont 181 déterminées au niveau spécifique, ont été obtenues en 2005 et 2007. Elles concernent des milieux divers mais la plupart ont été collectées dans des milieux boisés (inventaire de la réserve de Nalliers, marais bocager de Saint-Hilaire-la-Palud, Passage de La Ronde notamment). Tableau 10 – Nombre de données par espèce, collectées au détecteur d’ultrasons. Nom d'espèce Nom scientifique Nb de données Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus 48 Barbastelle Barbastella barbastellus 25 Sérotine commune Eptesicus serotinus 25 Murin de Daubenton Myotis daubentonii 17 Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhlii 17 Noctule de Leisler Nyctalus leisleri 15 Pipistrelle de Nathusius Pipistrellus nathusii 9 Grand murin Myotis myotis 6 Murin de Natterer Myotis nattereri 4 Murin à oreilles échancrées Myotis emarginatus 3 Noctule commune Nyctalus noctula 3 Grand Rhinolophe Rhinolophus ferrumequinum 3 Murin de Bechstein Myotis bechsteinii 1 Pipistrelle pygmée Pipistrellus pygmaeus 2 Noctule géante Nyctalus lasiopterus 2 Petit rhinolophe Rhinolophus hipposideros 1 Total : 181 Murin de Daubenton/Bechstein Myotis daubentonii/bechsteinii 3 Oreillard indéterminé Plecotus sp 11 Pipistrelle de Kuhl/Nathusius Pipistrellus kuhlii/nathusii 1 Murin sp Myotis sp 3 Total : 18 Deux naturalistes lors d’une campagne de détection de chauves-souris dans le Marais poitevin. 25
Figure 11 – Localisation des secteurs prospectés par détection ultrasonore (points rouges). Un point peut une simple opération de détection où à des opérations impliquant plusieurs détecteurs. OPERATIONS DE CAPTURE TEMPORAIRE Trois séances de captures ont été effectuées permettant la prise de 17 animaux de 8 espèces. Tableau 11 – Bilan des trois opérations de capture menées dans le Marais poitevin. Nom commun Nom scientifique Effectif Barbastelle Barbastella barbastellus 4 Murin de Bechstein Myotis bechsteinii 1 Murin de Daubenton Myotis daubentonii 5 Murin à oreilles échancrées Myotis emarginatus 1 Grand Murin Myotis myotis 1 Murin de Natterer Myotis nattereri 2 Oreillard roux Plecotus auritus 1 Oreillard gris Plecotus austriacus 2 SOLLICITATION DU PUBLIC La sollicitation a permis la localisation de plusieurs gîtes et maisons occupés par des chauves- souris. Les fruits de cette source d’information sont inclus dans les chapitres relatifs aux prospections de bâtiments ou aux détections ultrasonores. 26
REPARTITION ET STATUT DE CONSERVATION DES ESPECES FREQUENCE DES ESPECES L’espèce la plus fréquemment détectée au cours de l’étude effectuée dans le Marais poitevin est le Murin de Daubenton. Cette espèce n’est cependant présente que dans 15,4 % des localités où des chauves-souris ont été détectées et seulement 5,7 % des localités prospectées. La plus abondante des espèce de l’annexe II de la directive Habitats-Faune-Flore est la Barbastelle, détectée dans 28 localités (6,9 % des sites occupés par des chauves-souris et 2,5 % des localités prospectées). Tableau 12 – Nombre de localité par espèce ou groupe d’espèces. Fréquence Fréquence Nb Nom scientifique Nom d'espèce localités sur toutes localités occupées localités Chiroptera sp Chauve-souris indéterminée 66 16,2 6,0 Myotis daubentoni Murin de Daubenton 63 15,4 5,7 Pipistrellus pistrellus Pipistrelle commune 54 13,2 4,9 Eptesicus serotinus Sérotine commune 37 9,1 3,4 Barbastella barbastellus Barbastelle 28 6,9 2,5 Myotis sp Murin indéterminé 27 6,6 2,4 Pipistrellus kuhli Pipistrelle de Kuhl 18 4,4 1,6 Pipistrellus sp Pipistrelle indéterminée 16 3,9 1,5 Plecotus sp Oreillard indéterminé 16 3,9 1,5 Myotis nattereri Murin de Natterer 15 3,7 1,4 Nyctalus leisleri Noctule de Leisler 13 3,2 1,2 Rhinolophus hipposideros Petit Rhinolophe 13 3,2 1,2 Pipistrellus nathusii Pipistrelle de Nathusius 9 2,2 0,8 Plecotus austriacus Oreillard gris 9 2,2 0,8 Rhinolophus ferrumequinum Grand Rhinolophe 7 1,7 0,6 Myotis mystacinus Murin à moustaches 6 1,5 0,5 Myotis myotis Grand murin 5 1,2 0,5 Myotis emarginatus Murin à oreilles échancrées 4 1,0 0,4 Myotis daubentoni/bechsteini Murin de Daubenton/Bechstein 3 0,7 0,3 Nyctalus noctula Noctule commune 3 0,7 0,3 Myotis bechsteini Murin de Bechstein 2 0,5 0,2 Nyctalus lasiopterus Noctule géante 2 0,5 0,2 Pipistrellus pygmaeus Pipistrelle pygmée 2 0,5 0,2 Pipistrellus kuhli/nathusii Pipistrelle de Kuhl/Nathusius 1 0,2 0,1 Plecotus auritus Oreillard roux 1 0,2 0,1 REPARTITION DES CONTACTS Les contacts chiroptérologiques par espèces sont présentés dans une série de cartes rassemblées en annexe 1. La répartition des espèces n’est pas homogène au sein du Marais poitevin. La plus grande diversité s’observe aux confins des départements de la Charente-Martitime, des Deux-Sèvres et de la Vendée (Venise Verte). Peu d’espèces fréquentent les marais desséchés ou mis en culture. 27
Tableau 13 – Liste des communes où plus de quatre espèces ont été inventoriées Code INSEE Commune Nb d'espèces 17303 La Ronde 15 79257 Saint-Hilaire-la-Palud 13 17182 La Grève-sur-Mignon 12 17267 Nuaillé-d’Aunis 11 17201 La Laigne 6 17132 Cramchaban 6 17142 Dompierre-sur-Mer 6 79010 Arçais 5 17315 Saint-Christophe 5 85159 Nalliers 5 85162 Nieul-sur-l'Autise 5 28
COMMENTAIRES, MENACES ET FACTEURS LIMITANTS L’important travail de prospection mené dans le Marais poitevin permet de tirer quelques conclusions relatives au statut de conservation local des chauves-souris. Une bonne diversité mais des densités de chauves-souris extrêmement faibles Avec 19 espèces contactées, la diversité chiroptérologique du Marais poitevin est bonne. Il ne fait guère de doute que des prospections complémentaires pourraient permettre de détecter la présence de nouvelles espèces (Murin d’Alcathoe par ex.). Néanmoins, les densités de peuplement semblent extrêmement faibles. Les opérations de détection des chauves-souris ont permis d’obtenir des données quantitatives permettant des comparaisons avec d’autres sites de physionomie comparable (tableau 14). Tableau 14 – Comparaison du nombre de contacts de chauves-souris par heure de détection dans des milieux comparables sur trois zones humides du Centre-Ouest Marais poitevin Marais de Rochefort Val de Charente/Seugnes Sources P. Jourde (Life MP) P. Jourde (Life MR) P. Jourde (Docob Val de Charente) Marais desséché 0,4 6 17 Nb heures d'écoute 9 11 19 Marais mouillé bocager 5,3 48,5 128 Nb heures d'écoute 49 39 19 Boisement inondable 9,3 32 112 Nb heures d'écoute 12 17 52 Indice total moyen : 5,0 28,8 85,7 Les densités de chauves-souris sont globalement extrêmement faibles relativement d’autres zones humides de la région, quels que soient les milieux prospectés. Il s’agit même des densités les plus faibles que nous avons enregistrés en 10 ans de détection ! Une gestion sylvicole inadaptée à la préservation des chauves-souris Le nombre de contacts de chauves-souris obtenus dans les boisements humides est étonnamment faible alors que la ressource alimentaire est manifestement là (abondance de moustiques et de moucherons notamment). En outre, paradoxalement, les espèces forestières sont peu abondantes dans ce milieu, ce qui traduit manifestement une inadéquation des modalités de gestion forestière. Traditionnellement les boisements inondables sont exploités en têtards bas. Les coupes d’exploitation (recépage) se font entre 80 cm et 1,50 m de haut. Si les troncs sont épais, leur faible hauteur rend toute éventuelle cavité accessible aux prédateurs et donc défavorable aux chauves- souris. Les tiges de rejets à partir de l’épaississement sommital sont exploitées régulièrement et n’offrent aucune possibilité de gîte pour les chauves-souris (étroitesse des branches, absence d’anfractuosité). En conclusion, il apparaît que les boisements humides étudiés n’offrent pas la disponibilité en gîtes indispensable au maintien de populations de chauves-souris, et notamment de chauves-souris sylvicoles. Des gîtes potentiels peu occupées La prospection des églises n’a pas permis la découverte de colonies importantes de chauves- souris de l’annexe II (Grand Rhinolophe, Grand Murin, Murin à oreilles échancrées notamment). Cette absence tient à la fois à l’architecture locale des églises (absence de combles, de clochers de nombreuses petites églises) mais aussi à des mesures quasi systématiques de fermeture des 29
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