LES CICHLIDES DE GUYANE FRANCAISE - ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON
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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON Année 2003 - Thèse n° …… LES CICHLIDES DE GUYANE FRANCAISE THESE Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie) et soutenue publiquement le 02 Décembre 2003 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire par LONGY Xavier Né le 22 Janvier 1976 à Guéret (23)
A Monsieur le Professeur Gharib De la Faculté de Médecine de Lyon Qui nous a fait l’honneur d’être le président de notre jury de thèse. A Monsieur Zenner, Maître de Conférence De L’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon Qui a accepté d’encadrer notre travail de thèse. A Monsieur Buronfosse, Maître de Conférence De L’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon Qui a accepté de faire partie de notre jury de thèse.
Remerciements : A toutes les personnes qui m’ont apporté leur aide pour la réalisation de cette thèse, en me fournissant des photos, des documents, des conseils…. Robert Allgayer, Céline Blancher, Philippe « P. » Burnel, Patrick Dubois, Yves Fermon, Florent de Gasperis, Philippe « Gogonne » Gonny, Jens Gottwald, Benoit Jonas, Rémi Ksas, Anton Lamboj, Mireille Longy, Fabien Naneix, Michaël Negrini, Robert Marcel, Armand Prinz, Antoine Seva, Patrick « Hulk » Tawil, Jérome Thierry, Corinne Toumi, Uwe Werner. Avec une mention spéciale à Florent pour sa gentillesse et sa disponibilité.
A mon grand père, Lucien Dubosclard, qui aurait été très fier de tenir cette thèse entre ses mains et d’y traquer les (rarissimes..) fautes d’orthographe. A lui qui a toujours su garder
son optimisme et ses idéaux, malgré les épreuves que la vie et l’Histoire ont souvent dressées sur sa route. Un exemple de force et d’intégrité….
A mes parents, Muttibitte et Mon Père, pour leur soutien sans faille pendant les années de stress et de doute. Puisse cette thèse leur apporter le témoignage de ma reconnaissance et de mon affection.
A Tatonche, qui a toute mon admiration et toute ma tendresse. Je lui souhaite le succès dans ses négociations conjugales et tout le bonheur du monde avec Spidifffui au pays des brioches. A Céline, pour tout l’Amour qu’elle me donne, parce que je sais que nous allons continuer à construire notre bonheur quotidien, tous les deux à la tête d’une famille et d’une arche de Noé qui ne vont pas cesser de grandir…. A Tachou, fidèle et omniprésent compagnon de mes centaines d’heures de révision, de mes promenades aux bords de la Creuse et de mes nuits de stress. Toutes ces années de bonheur à Guéret, Royan, Mautes…. A Annie et Paul, pour les longues heures passées à décrypter les subtilités de la thermodynamique. A Mamie de Brive, pour sa bonne humeur et ses patés truffés. A Tuula et Jean-Marc, pour leur acceuil toujours exemplaire, tant sur le plan humain que gastronomique. A toute ma famille, A mes quatre concubins, Fis, pour ses pâtes micro-ondes-huile d’olive, pour l’année de cube et celle de poulot, pour ses ronflements gallois, pour sa patience que j’ai tant de fois mise à l’épreuve et pour son récent marathon administratif. Astic, pour ses talents d’ambianceur, son météorisme légendaire, son goût du débat, ses sauts de caleçon, son pyjama trop grand, ses chaussettes « fashion », sa Fiesta, ses imitations, ses hémorroïdes et ses sauts à ski. Cop, pour ses passes-caviar à quinze mètres de l’embut adversaire, ses accélérations en 600 CBR, ses analyses et anecdotes, son goût pour les strip-teases, ses jugulaires à chansons, ses cours de pique et pour Mike Brant. Speedy, pour sa corbeille à papier aérienne, ses gros genoux, gros masseters et le reste, ses corn-flakes et ses endives, sa chorégraphie cervicale, son goût pour les très belles femmes, ses 128 crayons à papier et sa patience avec les Jack Russel. A Puce, mon bizuth préféré, pour notre complicité dans les années difficiles et dans celles plus festives, en attendant les heureux évènements que tu nous prépares avec Caro…. A Klodia ma chère bizuthe, qui adore les chaussettes « fashion » et n’a rien contre les pyjamas trop grands. A Henri Point, pour son perpétuel sourire, sa gentillesse et son œil expert dans les soins aux « canaris ». Je suis désolé pour la mort tragique de Richard Anthony et l’incarcération de Guy Mardel.
A tous les joyeux convives de l’Armée du Salut, Cowboy, Skitch, Marie, Elodie, Cruso, le Jégou, Raphaël et Florent, pour les années de stress, de doute mais de solidarité. A ma famille de clinique, Laetitia, Fred et Manuel de Manuel, à la découverte de notre très beau métier.
A Kirsten et Holger, pour leur acceuil et leur gentillesse. A Patrick Dubois, mon père spirituel, qui m’a donné le goût de l’aquariophilie associative. A tous les félés du poisson, Florent, Bernard, Jean-Claude, Antoine, Jens et tous les autres, avec qui j’ai grand plaisir à observer les merveilles de la Nature et à rêver. A tous les Creusois de la diaspora, Fabien, Lionel, Etienne et Guillaume, en souvenir des courses de mob sur les routes du pays vert et bleu. A Tonio et Peg, Sif et Dudulle, Ictère et Poil, Marie et Cyril, Bus, le psy, Manue de Marat. A mon cher club aquariophile, avec son désordre et sa chaude odeur de moisi, lieu de tant de réussites et de déceptions. A Monsieur et Madame Roumillac, qui m’ont aidé à négocier mon premier grand virage et à réaliser mon rêve. Aux ambianceurs du quotidien, Sweet, Nuus, Scrat et Néo le vif. A mon assistante dévouée et attentionnée, Tylia. Dream on, Dream on, Dream until your dream come true. Steven Tyler
TABLE DES MATIERES I.LA FAMILLE DES CICHLIDAE .................................................................................................................. 19 A.POSITION PHYLOGÉNIQUE ......................................................................................................................................19 B.CARACTÈRES GÉNÉRAUX DES CICHLIDÉS ................................................................................................................. 20 1.Caractères morphologiques.........................................................................................................................21 2.Caractères anatomiques.............................................................................................................................. 21 3.Caractères éthologiques.............................................................................................................................. 23
C.IMPORTANCE EN AQUARIOPHILIE..............................................................................................................................25 D.RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE................................................................................................................................. 27 1.Les Cichlidés africains.................................................................................................................................27 a)Les Cichlidés africains lacustres.............................................................................................................................. 27 (1)Lac Victoria ...................................................................................................................................................... 28 (2)Lac Malawi ....................................................................................................................................................... 29 (3)Lac Tanganyika ................................................................................................................................................. 30 b)Les Cichlidés fluviatiles africains............................................................................................................................ 32 c)Les Cichlidés malgaches ......................................................................................................................................... 33 2.Les Cichlidés indiens .................................................................................................................................. 33 3.Les Cichlidés américains............................................................................................................................. 33 a)Les Cichlidés d’Amérique centrale.......................................................................................................................... 33 b)Les Cichlidés d’Amérique du Sud........................................................................................................................... 35 E.LES CICHLIDÉS DE GUYANE FRANÇAISE................................................................................................................... 36 F.LE MILIEU NATUREL GUYANAIS................................................................................................................................36 1.Position géographique et climat ................................................................................................................. 37 2.Réseau hydrographique .............................................................................................................................. 40 II.CATALOGUE DES ESPÈCES........................................................................................................................43 A.PRÉSENTATION.....................................................................................................................................................44 1.Critères d’inclusion dans la liste................................................................................................................. 44 2.Classement adopté....................................................................................................................................... 44 3.Difficultés d’identification........................................................................................................................... 44
TABLE DES ILLUSTRATIONS Cartes : CARTE 1 : POSITION GÉOGRAPHIQUE DES PRINCIPAUX BIOTOPES DE CICHLIDÉS AFRICAINS (LONGY)........................................................................................................................................ 27 CARTE 2 : AMÉRIQUE DU SUD (LONGY).................................................................................................... 37 CARTE 3 : RÉSEAU HYDROGRAPHIQUE DE GUYANE FRANÇAISE (KEITH, LE BAIL, PLANQUETTE).................................................................................................................................................... 40
Figures : FIGURE 1 : MORPHOLOGIE D’UN CICHLIDÉ (LONGY)......................................................................... 21 FIGURE 2 : ANATOMIE DU TRACTUS DIGESTIF CHEZ UN CICHLIDÉ (STIASSNY).......................23 FIGURE 3 : ETAPES DU DÉVELOPPEMENT D’UN CICHLIDÉ (LONGY)............................................. 25 FIGURE 4 : DIAGRAMMES OMBROTHERMIQUE DE LA GUYANE (STARACE).............................. 39 Photographies : PHOTOGRAPHIE 1 : LABIDOCHROMIS COERULEUS, FEMELLE EN INCUBATION (MARCEL).... 25 PHOTOGRAPHIE 2 : VIEJA SYNSPILA, MÂLE AVEC ALEVINS (GONNY)......................................... 25 PHOTOGRAPHIE 3 : HAPLOCHROMIS SPECIES « FLAMEBACK » (NEGRINI)................................ 28 PHOTOGRAPHIE 4 : HAPLOCHROMIS SPECIES « RED FIRE » (BURNEL)........................................28 PHOTOGRAPHIE 5 : LABOTROPHEUS FÜLLEBORNI KATALEM (GONNY).....................................29 PHOTOGRAPHIE 6 : PSEUDOTROPHEUS DEMASONI (GONNY)..........................................................29 PHOTOGRAPHIE 7 : AULONOCARA BAENSCHI (MARCEL)................................................................. 30 PHOTOGRAPHIE 8 : NIMBOCHROMIS FUSCOTAENIATUS MÂLE (GONNY)...................................30 PHOTOGRAPHIE 9 : TROPHEUS MOORII KASANGA, (MARCEL)...................................................... 31 PHOTOGRAPHIE 10 : CYPRICHROMIS LEPTOSOMA KITUMBA (JONAS)....................................... 32 PHOTOGRAPHIE 11 : DIVANDU ALBIMARGINATUS (NEGRINI)......................................................... 32 PHOTOGRAPHIE 12 : PARATILAPIA POLLENI (BURNEL).....................................................................33 PHOTOGRAPHIE 13 : THORICHTYS MACULIPINNIS (GONNY)...........................................................34 PHOTOGRAPHIE 14 : VIEJA SYNSPILA MÂLE (GONNY)....................................................................... 34 PHOTOGRAPHIE 15 : HEROINA ISONYCTHERINA, FEMELLE (LONGY)..........................................35 PHOTOGRAPHIE 16 : MARAIS DE KAW (AGUIRRE)............................................................................... 38 PHOTOGRAPHIE 17 : HAUT MARONI (PRINZ)..........................................................................................41 PHOTOGRAPHIE 18 : CRIQUE VOLTAIRE (NANEIX).............................................................................. 42
Introduction La famille des Cichlidés rassemble plus de 1500 espèces de poissons tropicaux, proches des perches. Ils sont largement répandus en Afrique et Amérique tropicales. Ce sont
des poissons très diversifiés tant par leur forme, leur couleur que leur comportement reproducteur. Ils sont très prisés par les aquariophiles. En Guyane française, on rencontre une quarantaine d’espèces de cette famille, réparties dans l’ensemble des très nombreux cours d’eau de ce département. Le climat tropical humide de cette région du globe assure une température élevée et d’abondantes précipitations. La richesse et la diversité de la faune de ce département français quasiment vierge sont encore imparfaitement connues, en particulier en ce qui concerne les poissons. La faune piscicole du bouclier guyanais présente en effet des particularités intéressantes par rapport à la faune des bassins de l’Amazone et de l’Orénoque. Nous nous efforcerons, à la lumière d’une large bibliographie et de plus de quinze années d’expérience en aquariophilie, de décrire pour chaque espèce sa position systématique, son aire de répartition, ses biotopes de prédilection ainsi que les modalités de sa vie en aquarium et sa stratégie de reproduction. L’organisation d’un aquarium destiné à acceuillir des Cichlidés de Guyane française sera ensuite largement détaillée. Les aspects pratiques de la chimie de l’eau, du peuplement et de l’alimentation et de l’élevage de Cichlidés guyanais seront tour à tour envisagés. Nous espérons ainsi démontrer que l’aquarium peut être une source de plaisir et d’observation privilégiée à la portée de tous, à condition de respecter quelques règles simples.
I. La famille des Cichlidae Le terme Cichlidae est le nom latin de la famille, dans cet ouvrage il sera la plupart du temps francisé en Cichlidés. Il se prononce Ciklidé. A. Position phylogénique
Embranchement : Vertébrés Présence de vertèbres et d’un système de lignes sensorielles latérales. Sous embranchement : Gnathostomes Présence de mâchoires, d’un pharynx soutenu par des arcs squelettiques (arcs hyoïdiens et branchiaux), d’un labyrinthe à trois canaux semi-circulaires et d’un organe olfactif s’ouvrant vers l’extérieur par deux narines externes. Le crâne est clos dorsalement. Ils possèdent des nageoires paires pectorales et pelviennes soutenues par des rayons. Il existe une ligne latérale bien développée. Les gamètes mâles sont émis à l’extérieur par les voies urinaires. Classe : Ostéichtyiens Squelette osseux (os enchondral et os dermique), présence d’un opercule, écailles osseuses (dermiques) et diverticules oesophagiens formant soit une vessie natatoire (rôle hydrostatique), soit des poumons (rôle respiratoire). Fécondation en général externe. Sous- classe : Actinoptérygiens Nageoires soutenues par des rayons d’origine dermique (nageoires rayonnées). Vessie natatoire développée. Super Ordre : Téléostéens Squelette complètement ossifié, nageoire caudale homocerque. Ecailles dermiques et élasmoïdes. Bouche terminale. Ordre : Perciformes Ceinture scapulaire rattachée au crâne, nageoires pectorales hautes et nageoires pelviennes thoraciques ou jugulaires. Nageoire dorsale, unique ou non, comporte toujours une partie épineuse et nageoire anale épineuse. Ecailles le plus souvent de type cténoïde (37, 84). Super-famille : Labrodei Appareil maxillaire pharyngien complexe, avec une spécialisation unique des muscles et des os. Comprend les Pomacentridae (poissons-clowns et demoiselles), Labridae (labres et poissons perroquets), les Embiotocidae et les Cichlidae (76). Famille : Cichlidae Remarque : le terme de poisson, largement utilisé dans le langage courant ne correspond pas à une entité zoologique bien définie. Le groupe des poissons rassemble en fait les Ostéichtyiens (Poissons osseux), les Chondrichtyiens (Poissons cartilagineux) et certains Agnathes (Lamproies). B. Caractères généraux des Cichlidés Ligne latérale supérieure Nageoire dorsale Nageoire dorsale (partie à rayons (partie à rayons mous) durs)
Narine Nageoire pectorale Nageoire caudale Nageoire Ligne pelvienne Nageoire latérale anale inférieure Figure 1 : Morphologie d’un cichlidé (Longy) Les nageoires pectorales et pelviennes sont paires, les nageoires dorsale, anale et caudale sont impaires. La papille ano-génito-urinaire se trouve en avant de la nageoire anale. 1. Caractères morphologiques Les Cichlidés se caractérisent par : - une seule paire de narines, la plupart des autres poissons en possédant deux. - ligne latérale généralement interrompue (formant une ligne latérale supérieure et une ligne latérale inférieure) - nageoire dorsale épineuse et branchue en continuité (une seule nageoire dorsale) - absence de décrochement sous-oculaire - 16 (parfois14) rayons principaux à la nageoire caudale Les Cichlidés sont des perches tropicales à une narine. Leur nom commun allemand signifie d’ailleurs « perches multicolores » (26). Les Cichlidés présentent souvent une coloration variable suivant leur age, leur sexe, leur position hiérarchique et leur état physiologique. C’est une vaste famille très diversifiée qui a colonisé des milieux très variés (mais presque toujours en eau non salée) et qui a développé une multitude de formes et de tailles, depuis les petits Apistogramma de quelques centimètres jusqu’à Boulengerochromis du lac Tanganyika, qui atteint 90 cm. 2. Caractères anatomiques Les Cichlidés ont développé une particularité anatomique présente chez tous les membres de la famille et uniquement chez eux, il s’agit de la sub-division unique des muscles de la mâchoire. Les poissons utilisent leurs mâchoires dans deux buts, attraper les proies et les préparer à la déglutition (déchirer, mâcher, écraser). Les mâchoires doivent donc être un compromis pour remplir le mieux possible ces deux fonctions (77). Les Cichlidés et leurs proches parents ont développé une stratégie évolutive intéressante pour remplir aux mieux ces
deux fonctions antagonistes. Ils possèdent une seconde paire de mâchoires logées dans le pharynx, les mâchoires pharyngiennes. Ainsi, les mâchoires buccales peuvent être spécialisées dans la capture des proies et les mâchoires pharyngiennes dans le traitement de la nourriture ingérée. Les mâchoires buccales sont ainsi « libérées » pour une spécialisation complète de leur fonction de capture de proies. Grâce à une subdivision unique des muscles de leurs mâchoires buccales, les Cichlidés ont un contrôle très fin de ces mâchoires. Ils peuvent étendre leur mâchoire, aspirer leur proie à distance. L’organisation des os des mâchoires et du crâne, ainsi que la dentition, sont utilisées comme critères de classification en systématique. Radiographie 1 : tête de Cichlidés, avec vue des mâchoires buccales et pharyngiennes (Stiassny) Le tractus digestif des Cichlidés est constitué de trois parties : - l’œsophage, qui s’étend des mâchoires pharyngiennes à l’estomac - l’estomac, en forme de sac - l’intestin La taille, la longueur et le mode d’enroulement de l’intestin et de l’estomac varient considérablement en fonction du régime alimentaire. Le tractus digestif est bien sûr beaucoup plus long chez les espèces végétariennes. Chez les Cichlidés, l’estomac sert principalement au stockage des aliments, la digestion et l’absorption étant réalisées par l’intestin. La taille relative de la cavité abdominale varie peu d’une espèce à l’autre, et le long intestin (jusqu’à six fois la longueur du corps) des espèces végétariennes doit être enroulé et replié de manière très complexe. L’organisation spatiale de cet enroulement (en fait l’anatomie topographique de l’intestin) est très spécifique, au sens propre du terme (propre à l’espèce) et peut servir de critère taxonomique. La caractéristique propre aux Cichlidés, présente chez tous les membres de la famille et uniquement chez eux, est le fait que l’intestin sort de l’estomac par le coté gauche et que la première anse intestinale se trouve toujours le long du flanc gauche du poisson. L’avantage évolutif de cette particularité anatomique n’est pas connu, mais c’est un caractère présent chez tous les Cichlidés.
Figure 2 : Anatomie du tractus digestif chez un Cichlidé (Stiassny) Une autre caractéristique unique des Cichlidés est la forme particulière de leurs otolithes. Les otolithes sont des structures anatomiques faisant penser à de petits cailloux, constitués d’une protéine particulière, l’otoline, et de cristaux d’aragonite. Ils se situent dans l’oreille interne. La croissance de ces otolithes se fait selon des stries pouvant être observée au microscope. La structure fine de ces otolithes peut être utilisée dans l’identification des espèces de poissons. Tous les Cichlidés ont en commun la présence d’un long et profond sillon sur la face latérale de leur plus grand otolithe, appelé pseudocolliculum antérocaudal. La fonction exacte de ce sillon n’est pas connue, mais il s’agit d’une structure présente chez tous les Cichlidés et uniquement chez eux. C’est un bon indicateur du fait que le groupe des Cichlidés descendrait d’un ancêtre commun. La parenté entre les différents genres de Cichlidés est un sujet de controverse, entre les tenants d’une famille monophylétique (issue d’un seul ancêtre) et ceux convaincus de l’origine différente des Cichlidés américains, africains et malgaches. La biologie moléculaire a apporté de nouvelles données, qui ont parfois remis en cause les acquis de la zoologie classique basée sur l’étude morphologique (de spécimens conservés et de fossiles). Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’y a pas de consensus, différents « courants » de pensée s’opposant sur de nombreux aspects de la classification. Le débat est sans doute loin d’être clos et les résultats obtenus dépendent des critères étudiés et laissent souvent une bonne part à la subjectivité. On gardera à l’esprit qu’il n’existe pas non plus de consensus sur les liens de parenté entre les grands groupes de Mammifères supérieurs, pourtant beaucoup mieux connus et étudiés que nos Cichlidés…. 3. Caractères éthologiques Une caractéristique fondamentale des Cichlidés est que ce sont des poissons exclusivement d’eau douce même si quelques très rares espèces peuvent faire des passages en eau de mer. Par ailleurs, les Cichlidés sont des poissons présentant un comportement social et reproducteur très évolué, qui fait que ce sont des poissons passionnants à élever en aquarium. Lors de la reproduction, les futurs parents défendent un territoire plus ou moins longtemps, de quelques heures pour les incubateurs buccaux à plusieurs jours voire semaines pour certains pondeurs sur substrat. Ils prodiguent de véritables soins au frai, certaines espèces fournissant même une alimentation aux jeunes sous forme de mucus cutané (genre Symphysodon) parfois comparé à une forme d’allaitement.
Le comportement reproducteur de chaque espèce sera détaillé dans la description du chapitre II, nous nous bornerons ici à donner quelques définitions (89). • Pondeur sur substrat découvert : Cichlidés déposant leurs œufs sur un support horizontal ou vertical, pierre, morceau de bois ou feuille de plante. Les œufs de ces poissons sont de petite taille et déposés en grand nombre ; ils sont transparents et attachés au substrat par leur grand axe. Le dichromatisme sexuel entre les deux parents est peu marqué et les taches ne sont pas clairement séparées, même si la femelle veille à la protection et au soin rapprochés alors que le mâle défend le territoire. Ils forment souvent des couples soudés. • Pondeur sur substrat caché : il s’agit de Cichlidés déposant leurs œufs dans une grotte ou une cavité. En aquarium, il s’agit souvent de l’intérieur d’un pot de fleur retourné ou d’une demi noix de coco. Les œufs de ces poissons sont souvent proportionnellement plus gros que chez les pondeurs sur substrat, ce qui est un avantage car les alevins naissent avec une vésicule vitelline plus importante ; Ils sont par contre du fait de la plus grande quantité de réserve, plus voyants. Ils sont la plupart du temps suspendus par un pôle. Les œufs et les larves sont sous la surveillance directe de la mère, le mâle n’intervenant pleinement dans la défense du frai que lorsque les jeunes atteignent la nage libre. Les parents ont des taches bien séparées lors du soin aux jeunes. Le dimorphisme sexuel chez ces espèces est souvent très marqué et les liens entre les partenaires du couple sont moins forts, ex : Apistogramma spp. • Incubateur buccal : il s’agit de poissons qui incubent leurs œufs dans leur cavité oro- pharyngée. On distingue plusieurs modalités, que Barlow propose de décrire à l’aide d’un vocabulaire précis (4) : o Incubateur buccal larvophile : les œufs sont pris en bouche au moment de l’éclosion. On parle de poissons postponocaves. Les œufs sont déposés sur un substrat découvert et surveillés jusqu’à l’éclosion. Ils sont comparables aux œufs des pondeurs sur substrat découvert : ils sont petits, nombreux et transparents. L’éclosion a lieu souvent très rapidement (dès 18 heures). De même, les parents présentent peu de différences morphologiques et forment souvent un couple stable. o Incubateur buccale ovophile : les œufs sont pris en bouche immédiatement après la ponte. On parle de poissons promtocaves. Ils sont de grande taille et colorés. Ce type de comportement reproducteur se retrouve chez de nombreuses espèces est-africaines. o La prise en bouche des œufs est généralement assurée par la femelle seule (unicaves matricaves), mais le mâle peut aussi intervenir soit simultanément (duocaves) soit alternativement (cedocaves) à la femelle, voire seul (unicaves patricaves)
Photographie 1 : Labidochromis coeruleus, femelle en incubation (Marcel) • Larves, alevins, nage libre : à l’éclosion des œufs, les « jeunes » sont incapables de se mouvoir et vivent sur leur vésicule vitelline. La résorption de cette vésicule dure trois à quatre jours et durant cette période les « jeunes » sont parfois appelés larves dans le milieu aquariophile, même si cette appellation ne correspond pas tout à fait à la définition biologique de larve (le terme larve vient du latin larvus, qui signifie caché, masqué, et qui désigne un jeune qui ne ressemble pas à un adulte miniature, comme par exemple un asticot qui ne ressemble pas du tout à une mouche). Une fois leur vésicule vitelline résorbée, les jeunes poissons sont capables de se déplacer et atteignent donc le stade dit de la nage libre. Dans les ouvrages aquariophiles, on parle d’alevins à partir de ce stade. Les alevins se déplacent alors en banc sous la conduite et la surveillance des parents chez les espèces de Cichlidés pondeuses sur substrat. Photographie 2 : Vieja synspila, mâle avec alevins (Gonny) Ponte et fécondation Figure 3 : Etapes duEclosion développement d’un Cichlidé (Longy) Nage libre C. Importance en aquariophilie Résorption de la En 2002, on estimait à environ 50 millions le nombrevésiculed’animaux vitelline possédés par les foyers Incubation français, dont 9,6 millions de chiens, 9, 3 millions de chats et 21,6 millions de poissons. Temps Près d’un foyer sur deux possède un animal de compagnie. 6,4 % des foyers français possèdent au moins un poisson. Les foyers possesseurs de poissons en maintiennent une petite quinzaine en moyenne (13, 87), et 2,5 espèces en moyenne (47). Même si le nombre d’espèces Œuf ou de variétés proposées Larve à la vente est énorme (de Alevin l’ordre de 400) le marché est dominé par ce que les professionnels du secteur nomment le 20/80, c’est-à- dire que plus de 80 % du chiffre d’affaire est réalisé avec moins de 20 % des espèces. Un petit nombre d’espèces constituent le gros de l’activité commerciale de ce secteur, le champion
restant l’inusable poisson rouge (Carassius auratus). Parmi les espèces courantes, le Cichlidés numéro un est sud-américain, il s’agit du scalaire (Pterophyllum scalare). Le secteur de l’aquariophilie connaît un développement constant et constitue un marché important : en mars 2003, on estime que 71 % des possesseurs de poissons ont acheté au moins un produit ou service pour poisson. 5% des ménages français ont acheté un produit pour poisson en mars 2003. L’offre professionnelle en poissons d’aquarium en France est assurée par une quarantaine de grossistes, qui reçoivent pour la plupart la visite régulière d’un vétérinaire. Ces grossistes importent plus de 75 % de leurs poissons d’Asie, les acclimatent (plus ou moins longtemps selon leur degré de déontologie), les conditionnent et les expédient aux détaillants. Toutefois, ce marché ne répond pas toujours aux espoirs que les professionnels mettent en lui (39) : - Beaucoup de nouveaux adeptes abandonnent dès la première année - Plus de 10% des possesseurs d’aquariums ne connaissent pas le nom de leurs poissons - 27 % des aquariophiles le sont depuis moins d’un an, seuls 17 % des aquariophiles le sont depuis plus de dix ans. - Un nombre considérable d’aquariums se trouvent en fait….au grenier, leur possesseur ayant été découragé. - On estime que la très grande majorité des poissons d’aquarium ne passe jamais le cap de leur premier anniversaire. Le poisson d’aquarium est encore trop souvent perçu comme du « consommable ». Face à cette situation, les professionnels estiment que de nouvelles options doivent être prises passant par une meilleure formation des vendeurs, qui pourront ainsi mieux conseiller les acheteurs pour les fidéliser. Ce souci de formation et de qualité est de plus en plus présent dans ce secteur. Place du vétérinaire ? La profession vétérinaire dans ce secteur ne jouit pas d’une bonne réputation. Les services de l’état (DSV), exigeant des certificats de capacité, sont souvent mal perçus. Même si quelques rares praticiens sont parfois sollicités, le secteur de l’aquariophilie et même de l’animalerie en général reste un domaine à conquérir par la profession vétérinaire. S’il est vrai que le nombre d’heures consacrées spécifiquement aux poissons dans le cursus des écoles vétérinaires est faible, le vétérinaire doit pouvoir valoriser sa formation d’hygiéniste, de pathologiste et d’ingénieur du vivant dans la gestion sanitaire et la recherche de qualité de ce secteur. Il est très probable que les grands groupes, soucieux de leur image de respect de la nature, feront de plus en plus souvent appel au professionnalisme et aux compétences du vétérinaire, pour la gestion sanitaire des populations d’animaux vivants et pour la formation de leurs collaborateurs. Dans le marché des poissons d’aquarium, les Cichlidés occupent une place minime. Les espèces de l’Afrique de l’Est, particulièrement du lac Malawi, dominent le marché. Les Cichlidés sud-américains, Scalaires et Discus exceptés, ont une importance économique infime et ne sont présents que chez quelque rares passionnés. Toutefois, le nombre d’amateurs de Cichlidés est croissant et il est très vraisemblable que le niveau de formation des vendeurs et le niveau d’exigences des acheteurs augmentant, ce phénomène s’amplifie encore. Avec le développement de l’aquariophilie en général, on assistera vraisemblablement à l’émergence de plus en plus de passionnés compétents et exigeants, demandeurs de poissons plus rares ou plus difficiles. On constate en effet que les aquariophiles expérimentés ont souvent tendance à ne se consacrer qu’à une ou deux grandes familles de poissons (Labyrinthidés, Killies, Poecilidés, Cichlidés).
D. Répartition géographique Les Cichlidés sont une famille de poissons exclusivement tropicaux. On en trouve des représentants en Afrique, en Amérique, en Inde et au Moyen-Orient. On pense que l’ancêtre commun à tous les Cichlidés actuels aurait vécu avant la séparation de ces différents continents (réunis originellement dans un méga-continent appelé Gondwana), c’est-à-dire il y a 160 à 65 millions d’années suivant les estimations. La famille des Cichlidés est donc très ancienne. 1. Les Cichlidés africains Les Cichlidés africains sont répartis dans différents grands lacs et dans la plupart des rivières et fleuves du continent. Afrique de l’ouest Lac Victoria Lac Lac Malawi Lac Victoria Tanganyika Lac Malawi Carte 1 : Position géographique des principaux biotopes de Cichlidés africains (Longy) a) Les Cichlidés africains lacustres Même si de nombreux lacs africains existent et sont peuplés de Cichlidés, ce sont principalement les trois grands lacs de la Vallée du rift qui retiennent l’attention des scientifiques et des aquariophiles. Ce sont de véritables mers intérieures s’étendant sur plusieurs centaines de kilomètres. Ce sont des niches écologiques exceptionnelles pour les Cichlidés dans lesquelles ils ont eu une réussite évolutive unique. Chaque lac contient en effet plusieurs centaines d’espèces différentes de cette famille dont la très grande majorité est endémique, c’est-à-dire uniquement présente dans ce lac. L’étude phylogénétique des populations de ces lacs est riche d’enseignement pour comprendre les processus de spéciation (formation d’une espèce).
(1) Lac Victoria Ce lac, contrairement aux deux suivants, n’est pas issu d’une fracture terrestre et est donc beaucoup moins profond (40 mètres en moyenne, avec un maximum de 100 mètres). Il contient une eau alcaline mais douce, qui est intensément renouvelée. Les Cichlidés de ce lac sont arrivés récemment dans le milieu aquariophile et intéressent pour le moment un nombre limité de passionnés. Les couleurs des mâles sont pourtant exceptionnelles, mais les femelles des différentes espèces sont souvent ternes et difficiles à distinguer. La taxonomie des Cichlidés de ce lac est très problématique, si bien qu’un système de classement particulier a été adopté, qui sépare les poissons en fonction de leur régime alimentaire (quinze groupes trophiques sont distingués). La plupart des 400 espèces de Cichlidés que compte le lac sont classées dans le genre Haplochromis. Ce lac est malheureusement, depuis le milieu des années 80, le théâtre d’une catastrophe écologique : l’ explosion démographique de la perche du Nil Lates niloticus introduite artificiellement quelques années plus tôt a entraîné la disparition de très nombreuses espèces de Cichlidés spécialisées et de groupes trophiques entiers. L’équilibre écologique de ce lac s’en trouve profondément modifié. Des programmes de conservation en aquarium ont été mis en place (17). Le commerce aquariophile propose rarement des poissons de ce lac et il faut prendre garde à la pureté génétique des individus, les hybridations entre espèces étant très fréquentes. Photographie 3 : Haplochromis species « Flameback » (Negrini) Photographie 4 : Haplochromis species « red fire » (Burnel)
(2) Lac Malawi Ce lac long de 600 km et large de 80 par endroits, pour une profondeur d’environ 700 mètres, contiendrait plus de 700 espèces de Cichlidés. Ce sont pour la plupart des espèces très colorées, robustes, faciles à reproduire et réclamant une eau alcaline et dure pour s’épanouir, qui rencontrent pour toutes ces raisons un large succès auprès des aquariophiles. Elles pratiquent toutes l’incubation buccale. On distingue plusieurs grands groupes de Cichlidés dans ce lac, nous abordons ici les trois principaux : - Les « m’bunas » (frappeurs de pierres), qui sont des espèces inféodées aux zônes rocheuses à faible profondeur, qui se nourrissent en broutant les algues couvrant ces pierres. Par extension, ce terme rassemble aujourd’hui tous les petits Cichlidés pétricoles de ce lac (dont des insectivores). Ce sont des poissons vifs et remuants de taille moyenne (de l’ordre de 15 cm), qui offrent un spectacle vivant et coloré à l’aquariophile. Ce sont les Cichlidés les plus populaires On peut citer les espèces des genres Maylandia (ex- Pseudotropheus), Cynotilapia, Melanochromis, Labidocromis, Labeotropheus. Photographie 5 : Labotropheus fülleborni Katalem (Gonny) Photographie 6 : Pseudotropheus demasoni (Gonny) - Les Utakas, espèces des zones sableuses et intermédiaires du lac, qui se nourrissent de larves de crustacés. Ce sont des espèces assez calmes et de taille moyenne, dont les mâles sont très colorés, les femelles restant souvent grises. On retrouve les genres Aulonocara et Copadichromis, Lethrinops….
Photographie 7 : Aulonocara baenschi (Marcel) - Les « Haplos », sont des espèces plus grandes, de l’ordre de 25 cm et assez remuantes qui nécessitent donc de grands aquariums (au moins deux mètres). Elles sont souvent très colorées et ce sont des hôtes de choix. Elles sont surtout regroupées dans les genres Nimbochromis, Aristochromis, Fossorochromis, Dimidiochromis, Placidochromis…(28) Photographie 8 : Nimbochromis fuscotaeniatus mâle (Gonny) Les Cichlidés du Malawi, les m’bunas en particulier, sont des poissons très prisés des amateurs et largement répandus dans le commerce aquariophile et les associations spécialisées. Il faut par contre être très vigilant car les possibilités d’hybridation interspécifique sont immenses dans ce groupe et il faut être sûr de la pureté des espèces dont on se porte acquéreur. (3) Lac Tanganyika Le lac Tanganyika ressemble beaucoup au lac Malawi d’un point de vue géographique, même s’il est plus profond. Il contient une eau basique (pH de 8,5 à 9) et très oxygénée. Les espèces de Cichlidés de ce lac occupent tous les types de biotopes, et ont développé des stratégies alimentaires et de reproduction très diversifiées. La morphologie des Cichlidés de ce lac est également très diversifiée, la plupart des espèces restant toutefois de taille modeste, inférieure à quinze centimètres. Konings cite plus de deux cents espèces décrites sans compter les variétés géographiques (parfois très nombreuses comme dans le genre Tropheus). En aquarium, certaines espèces sont robustes et faciles à maintenir et à faire reproduire dans une eau du robinet alcaline, alors que d’autres sont plus fragiles et nécessitent la reconstitution fidèle de l’eau du lac à partir d’eau osmosée et de sels spéciaux. Les espèces les plus
populaires en aquariophilie appartiennent aux genres Neolamprologus et Julidochromis. Même si les Cichlidés de ce lac sont moins colorés et moins faciles que ceux du lac Malawi, ils séduisent un grand nombre d’amateurs et sont assez largement répandus dans le commerce aquariophile et les associations spécialisées. On distingue les groupes suivants en fonction de leur comportement : - Espèces du genre Julidochromis : de taille moyenne (dix à quinze centimètres), ce sont des espèces très liées au substrat rocheux qui se reproduisent facilement en couple dans des aquariums de 200 litres environ - Espèces proches de « Neolamprologus brichardi », également de taille moyenne et liées au substrat rocheux. Ces espèces, souvent magnifiques, se reproduisent facilement en aquarium en constituant des colonies regroupant plusieurs dizaines d’individus de toute taille ; - Espèces proches de « Neolamprologus leleupi », vivant en solitaire dans la nature et donc plus difficiles à faire reproduire en aquarium. - Espèces proches de Neolamprologus tretocephalus, vivant en couple dans des zones plus sableuses et réclamant des aquariums de taille plus importante. - Espèces conchylicoles (espèces proches de Neolamprologus multifasciatus et ocellatus) : il s’agit de poissons de petite taille (de 4 à 10 cm), qui se reproduisent dans des coquilles de gastéropodes. En aquarium, ils défendent avec ardeur un territoire centré sur des coquilles d’escargot et s’accommodent de bacs de 80 à 100 litres. - Espèces des genres Cyprichromis et Paracyprichromis : de taille moyenne, ces Cichlidés vivent en pleine eau et se reproduisent en harem par incubation buccale. Ils occupent le haut de l’aquarium. - Espèces « sabulicoles » : ce sont des poissons assez délicats des genres Xenotilapia et Enantiopus principalement, qui ont besoin de larges plages de sable fin qu’ils filtrent à la recherche de nourriture. Ils sont incubateurs buccaux. - Espèces « brouteuses » : ils s’agit des poissons des genres Tropheus et Simochromis qui se nourrissent en broutant la couverture d’algues des rochers. Nageurs incessants, ce sont des poissons assez agressifs à ne maintenir qu’en groupe d’au moins six individus dans des aquariums de grand volume. Ce sont des incubateurs buccaux ovophiles monoparentaux. - Espèce Cyphotilapia frontosa : poisson prédateur solitaire dépassant trente centimètres, c’est une espèce calme très répandue en aquarium, qui est incubatrice buccale monoparentale et doit être maintenue en trio (au moins deux femelles pour un mâle) (28). Photographie 9 : Tropheus moorii Kasanga, (Marcel)
Photographie 10 : Cyprichromis leptosoma Kitumba (Jonas) b) Les Cichlidés fluviatiles africains Sous ce terme sont en fait regroupés tous les Cichlidés du continent africain qui ne vivent pas dans les trois grands lacs précités. Les aquariophiles s’intéressent principalement aux Cichlidés de l’Afrique de l’Ouest. Il s’agit d’espèces de petite taille (souvent inférieure à 15 cm), souvent très colorées. Elles prospèrent dans des aquariums de taille moyenne, au décor abondant comprenant des plantes, et remplis d’une eau douce et acide. La reproduction est facile à obtenir. Les modes de reproduction sont très variés, depuis les pondeurs sur substrat caché jusqu’aux incubateurs buccaux monoparentaux. Les espèces présentant un intérêt aquariophile sont regroupées dans les genres suivants : Hemichromis, Pelvicachromis, Pelmatochromis, Benitochromis, Chromidotilapia, Teleogramma, Steatocranus, Pseudocrenilabrus, certains Tilapia. A part Pelvicachromis pulcher et Hemichromis “bimaculatus”, ce sont des espèces difficiles à trouver dans le commerce aquariophile courant. Photographie 11 : Divandu albimarginatus (Negrini)
c) Les Cichlidés malgaches Ces Cichlidés étaient complètement inconnus en aquarium jusqu’au début des années 1990, date à laquelle Jean-Claude Nourissat et Patrick de Rham (49) ont commencé à explorer les eaux de la grande île. De nombreuses espèces de Cichlidés endémiques (40 environ) ont alors été découvertes ou redécouvertes, alors qu’elles sont parfois très menacées dans leur milieu naturel par la déforestation et l’introduction de Tilapia exogènes. Ce sont des Cichlidés très atypiques et présentant un grand intérêt scientifique, aquariophile et écologique. Leur diffusion parmi les amateurs de Cichlidés en est à ses débuts, la croissance lente, la maturité sexuelle tardive et la reproduction difficile de ces espèces ne facilitant pas les choses. Ils atteignent en moyenne une taille de 25 cm. Ils appartiennent aux genres : Paratilapia, Oxylapia, Paretroplus, Ptychochromis, Ptychochromoïdes. L’espèce la plus connue en aquarium est Paratilapia polleni. Photographie 12 : Paratilapia polleni (Burnel) 2. Les Cichlidés indiens Les Cichlidés ne sont représentés sur le continent asiatique que par trois espèces appartenant au genre Etroplus : - Etroplus maculatus, très colorée et de taille moyenne, couramment rencontrée en aquariophilie, - Etroplus suratensis, beaucoup plus rare en aquarium car de plus grande taille, - Etroplus canarensis, presque inconnue en aquariophilie (10) Remarques : certains auteurs proposent de rassembler les Etroplus indiens et les Paretroplus malgaches dans une sous-famille (Etroplinés) voire dans une famille distincte (Etroplidés). 3. Les Cichlidés américains a) Les Cichlidés d’Amérique centrale
Répartis entre le sud des Etats-Unis et le canal de Panama, Cuba et Haïti compris, ils étaient, il y a peu, presque tous regroupés dans le genre Cichlasoma. La taxonomie de ces espèces a été redéfinie, et ils se trouvent aujourd’hui regroupés en une quinzaine de genres. Les vrais Cichlasoma sont des espèces sud-américaines (22). Les Cichlidés d’Amérique centrale sont des espèces de grande taille, dépassant souvent 25 centimètres, à l’exception des poissons des genres Thorichtys, Archocentrus, Cryptoheros et Neetroplus. Ces poissons habitent des eaux alcalines et dures. Ils réclament de grands aquariums de 500 à 1000 litres minimum suivant les espèces. A l’exception du meeki et du nigro, ce sont des poissons peu diffusés dans le commerce aquariophile et qui restent souvent affaire de spécialistes, regroupés au sein d’associations. Ils arborent des couleurs magnifiques à l’âge adulte, sont faciles à maintenir et à multiplier. Leur comportement social est réputé belliqueux, mais ceci correspond souvent à une maintenance dans des aquariums trop exigus. Il n’en reste pas moins que ce sont « de fortes têtes » et que le peuplement de l’aquarium devra être étudié avec soin pour minimiser les batailles inter ou même intraspécifiques. Tous ces Cichlidés sont des pondeurs sur substrat. On trouve les genres suivants : Amphilophus, Archocentrus, Astatheros, Chuco, Cryptoheros, Herichtys, Herotilapia, Hypsophrys, Nandopsis, Neetroplus, Parachromis, Paraneetroplus, Petenia, Theraps, Thorichtys, Tomocichla, Vieja. Les espèces les plus courantes dans le commerce aquariophile sont Cryptoheros nigrofasciatus et Thorichtys meeki. Photographie 13 : Thorichtys maculipinnis (Gonny) Photographie 14 : Vieja synspila mâle (Gonny)
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