Priorites SanteBulletin d'information - CRES Paca
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Sante Priorites n° 50 Sept. / Oct. / Nov. / Déc. 2 0 1 7 Bulletin d’information du Comité Régional d’Éducation pour la Santé Provence-Alpes-Côte d’Azur www.cres-paca.org s s i e r Do La santé au travail, un enjeu pour le bien-être des salariés et la performance des entreprises Le Lieu de répit, alternative à la psychiatrie ........................................ p.9 Sensibiliser les professionnels de santé aux violences faites aux femmes ......... p.11 Apprendre à bien manger dès le plus jeune âge ..................................... p.12 Photo : Pierre CIOT
Sommaire Dossier La santé au travail, un enjeu pour le bien-être des salariés et la performance des entreprises ........................................................... 3 à 6 Enfants, adolescents, jeunes ■ Région Soirésponsable ! Avenir Santé s’engage auprès des jeunes ........................ 7 Santé-environnement ■ Région Tendez l’oreille, on vous écoute ! ....................................8 Personnes vulnérables ■ Bouches-du-Rhône Le “Lieu de répit”, alternative à la psychiatrie ..............9 Population générale ■ Région Sensibiliser les professionnels de santé aux violences faites aux femmes .....................................10 ■ Bouches-du-Rhône S’ancrer dans le présent pour mieux vivre la maladie ............................................................................11 Parentalité ■ Région Apprendre à bien manger dès le plus jeune âge ...........12 Maladies chroniques ■ Alpes de Haute-Provence Vivre avec un AVC, le credo de l’Eau Vive .............................13 Portrait Laurence Pallier, Médecin généraliste, Directrice du Comité Départemental d’Éducation pour la Santé du Var Entre soin et santé publique, son cœur balance !..........14 Espace CRES 1/ Actualités ............................................................................................................................. 15 2/ Le dispositif régional de soutien en prévention et promotion de la santé ...........16 3/ Documentation : la santé au travail................................................................................17 Les écrits ........................................................................................................................18-19 Éducation thérapeutique du patient : quand la compétence fait loi (ou presque) Un article de Alexandre Daguzan, David Fonte, Marie-Claude Lagouanelle, Aurore Lamouroux, Vanessa Pezé, co-auteurs Photo : Pierre CIOT Agenda ..............................................................................................................................20 Priorités Santé - n°50 Sept. / Oct. / Nov. / Déc. 2017 – 2–
Dossier La santé au travail, un enjeu pour le bien-être des salariés et la performance des entreprises Photo : Pierre CIOT Dans un contexte de modifications importantes et toujours plus rapides des organisations, la santé au travail est un enjeu majeur, affiché au niveau national par l’État, et qui se décline à l’échelle de chaque territoire régional en intégrant les spécificités de son tissu économique. M aladies professionnelles, risques professionnels, souf- hauteur et de plain-pied, le risque routier professionnel, les vibra- Région france au travail, risques psycho-sociaux, burnout, la tions, les troubles musculo-squelettiques (TMS), les lombalgies, les santé au travail fait beaucoup parler d’elle. Souvent en allergies professionnelles, les risques chimiques ou biologiques, les termes négatifs. Pourtant, au-delà de situations parfois drama- risques psycho-sociaux (RPS) et les risques émergents comme les tiques, qui ne sont pas à mettre en doute, de nombreuses actions de perturbateurs endocriniens ou les nanomatériaux... Pour être en prévention existent portées par les acteurs du territoire. Elles per- conformité, toute entreprise qui emploie au moins un travailleur mettent de prévenir et d’anticiper les altérations possibles de la santé doit établir depuis le 7 novembre 2002(2) le Document unique d’éva- des salariés, voire même de co-construire avec les entreprises un luation des risques professionnels (DUERP). Il porte sur l’analyse modèle organisationnel le plus favorable à la santé de tous, tout en des risques entre l’entreprise, les travailleurs et/ou leurs représen- assurant les objectifs de performance économique. Selon l’Organi- tants concernant les procédés, les équipements, les substances ou sation Mondiale de la Santé (OMS), “la santé est un état de complet préparations chimiques, l’aménagement ou le réaménagement des bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en installations, la définition des postes de travail mais aussi la charge une absence de maladie ou d’infirmité”(1). Une définition mentionnée de travail… Renouvelé tous les ans, il n’est quelque part qu’un dans le préambule à la Constitution de l’OMS, adoptée en 1946, et premier pas réglementaire. Pour agir sur la santé au travail, l’État qui n’a pas été modifiée depuis. Elle montre à quel point la question avec les partenaires sociaux, la Sécurité sociale et les organismes de la santé au travail est un sujet vaste, appréhendé de manière dif- et acteurs de la prévention, s’est doté du 3ème Plan Santé au Travail férente au fil du temps (voir trois questions à p.6). (PST 3) qui couvre la période 2016-2020. Ce plan opère un chan- gement dans la forme grâce à une méthode de construction parti- Évaluer, une étape cruciale cipative, et un renversement de perspective radical en donnant la L’évaluation des risques professionnels constitue une étape cruciale priorité à la prévention primaire et en se tournant résolument vers de la démarche de prévention. Ainsi, l’identification, l’analyse et une approche positive du travail, facteur de santé. Il affiche trois le classement des risques permettent de définir les actions de pré- axes majeurs : donner la priorité à la prévention primaire et au dé- vention les plus appropriées, couvrant des dimensions techniques, veloppement de la culture de la prévention ; améliorer la qualité de humaines et organisationnelles. On peut citer le bruit, les chutes de vie au travail, levier de santé, de maintien en emploi des travailleurs Priorités Santé - n°50 Sept. / Oct. / Nov. / Déc. 2017 – 3–
Dossier et de performance économique 53 actions régionales grâce à 34 direction… et ainsi, en fonction “Si l’entreprise n’est pas au Région et sociale de l’entreprise ; ren- porteurs de projets”. L’ensemble de sa situation, l’entreprise va niveau en termes de sécurité forcer le dialogue social et les de ces actions, présenté sous pouvoir définir et choisir avec au travail, d’identification des ressources de la politique de forme de fiches, est inscrit dans un comité de pilotage paritaire risques, de prévention, et que le prévention, en structurant un OSCARS Travail (voir enca- des priorités d’action qui cor- dialogue social n’est pas apaisé, système d’acteurs notamment dré), un outil créé avec le CRES respondent à ses besoins”. La la QVT ne sera pas la solution en direction des PME-TPE. PACA. Cette base de données démarche QVT se fait selon miracle !” Et elle ne peut donc Décliné en région, le PRST 3(3) permet de décrire les actions trois clés d’entrée : la réduction être la seule démarche engagée Paca, élaboré en concertation de manière qualitative, et de les de dysfonctionnement, l’accom- par l’entreprise pour garantir la avec le Comité régional d’orien- suivre. pagnement des transformations santé au travail. tation des conditions de travail de projets et les réorganisations, Qualité de vie au travail, Santé mentale et physique (CROCT) est fondé sur l’appro- et enfin le pilotage multi-sites, késako ? multi-établissements. Pour La prévention des risques psy- priation par toute entreprise, et L’accord national interpro- aider les entreprises dans leurs chosociaux (RPS) est un autre tout acteur de l’entreprise, des fessionnel (Ani) conclu le 19 démarches, ACT Méditerranée point central d’une politique de notions de prévention à priori juin 2013, intitulé “Vers une a mis en place QVT+, un outil santé et de prévention au travail. des risques, et l’inscription de la politique d’amélioration de la d’autodiagnostic pour aider les Les RPS sont définis comme un prévention des risques profes- qualité de vie au travail et de comités de pilotage à hiérarchi- risque pour la santé physique et sionnels, de la préservation de la l’égalité professionnelle”, précise ser et définir leurs priorités. Si mentale des travailleurs. Leurs santé, et du maintien dans l’em- en préambule que la qualité de la démarche QVT rencontre un causes sont à rechercher à la fois ploi en tant que fondamentaux vie au travail (QVT) désigne et certain engouement et donne dans les conditions d’emploi, les de l’entreprise et leviers de per- regroupe sous un même intitulé des résultats, elle ne remplace facteurs liés à l’organisation du formance économique. “Notre les actions qui permettent de pas tout. “Elle suppose une cer- travail et aux relations de tra- rôle est de mettre en œuvre la concilier à la fois l’amélioration taine maturité de l’entreprise et vail. Stress provenant du sen- politique du travail de l’État en des conditions de travail pour nécessite des prérequis”, pointe timent de ne pas atteindre les Région,” souligne Géraldine les salariés et la performance Yves-Michel Nalbandian. exigences demandées, violences Barboni, ingénieur prévention, chef de projet PRST 3 au Pôle globale des entreprises d’autant travail de la Direccte Paca. plus quand leurs organisations se transforment. La prévention des risques > 320 actions recensées dans l’outil Oscars Travail comme fondamental de Elle fait partie intégrante des l’entreprise objectifs stratégiques de l’entre- prise et doit être prise en compte “Nous pilotons le PRST, véritable dans son fonctionnement feuille de route institutionnelle, quotidien afin, notamment, et l’animation de l’ensemble des d’anticiper les conséquences partenaires qui y participent, des mutations économiques. préventeurs institutionnels La région Paca est un terri- (CARSAT, services de santé au toire pilote sur la QVT. “Nous travail, MSA…) ou porteurs de avons accompagné plus de cent projets (groupements d’en- entreprises sur le sujet, dont Oscars Travail est un outil de promotion des actions de santé au treprises, fédérations profes- des PME-TPE, aussi bien dans travail proposé depuis 2010 par le CRES et la Direccte PACA. Il sionnelles…). Notre objectif est le domaine des centres d’appels a pour objectifs de capitaliser les actions collectives régionales aussi de porter les actions à la que de l’économie sociale et soli- réalisées en santé et sécurité au travail, de mettre en relation les connaissance des entreprises. daire …”, souligne Yves-Michel porteurs de projets et de réaliser un bilan des actions menées dans Pour être retenue, une action Nalbandian, directeur d’ACT le cadre des Plans Régionaux Santé au Travail. doit être collective c’est-à-dire vi- Méditerranée et délégué régio- OSCARS Travail permet la consultation et le suivi des actions ser un groupe d’entreprises, une nal de l’Agence Nationale pour menées depuis le 2ème Plan santé au travail (2010-2014) et accueille branche ou un secteur, avoir une l’Amélioration des Conditions désormais les actions du 3ème Plan (2016-2020). Alimenté et mis à dimension partenariale, appor- de Travail (Anact). “L’inté- jour régulièrement, il recense plus de 320 actions mises en œuvre par près de 42 acteurs. Enfin, l’outil a pour ambition une plus ter une valeur ajoutée, être dans rêt des entreprises pour la dé- grande synergie et transversalité entre prévention des risques pro- une recherche de progression et marche QVT vient du fait qu’elle fessionnels, promotion de la santé et santé au travail. bien sûr viser explicitement un est polymorphe. Elle s’adapte à http://www.oscarsante.org/provence-alpes-cote-d-azur/oscars_ des objectifs du PRST 3. Au- des contextes de croissance, de travail/ jourd’hui, nous avons enregistré décroissance, de changement de Priorités Santé - n°50 Sept. / Oct. / Nov. / Déc. 2017 – 4–
internes, violences externes, qui s’adresser pour réaliser des syndrome d’épuisement pro- interventions de diagnostic et fessionnel (burnout)… tous ces de prévention des RPS. “L’inté- risques peuvent être combinés rêt du réseau, c’est sa longévité, et interagir entre eux. L’étude précise Florence Nesa, psycho- coordonnée par la Dares sur les logue, au service de prévention conditions de travail et la santé des risques professionnels de au travail, publiée en novembre la Carsat Sud-Est. “Il permet 2016(4), montre que 47 % des également de développer la coo- actifs occupés estiment qu’ils pération entre les consultants doivent « toujours » ou « sou- et d’instaurer une dynamique vent » se dépêcher dans leur sur la question des RPS notam- travail, 31 % des actifs occu- ment lors des quatre rencontres pés déclarent devoir cacher ou annuelles qui font émerger des maîtriser leurs émotions, et au thèmes issus du terrain. C’est moins 64% des actifs occupés aussi, pour les consultants, déclarent être soumis à un tra- un moyen d’approfondir leurs vail intense ou subir des pres- connaissances en fonction de sions temporelles. leurs profils qui sont multiples”. Des chiffres qui sous-tendent Une action remarquable des situations qui, si elles s’ins- tallent dans la durée, vont Dans chaque métier, le risque altérer la santé des salariés professionnel existe avec à la clé en générant des troubles de des enjeux financiers, organisa- concentration, du sommeil, de tionnels et psychologiques pour l’irritabilité, de la nervosité, les entreprises. Le suivi de la santé Photo : Pierre CIOT de la fatigue importante, des et de la sécurité de chaque travail- palpitations… Par ailleurs, leur est donc impératif. Pour y les RPS impactent le fonction- parvenir, les 240 services de santé au travail inter-entreprises en les situations à problème en fai- (1) : Préambule à la Constitution de Région nement des entreprises avec l’Organisation mondiale de la Santé, tel notamment absentéisme et France agissent sur le terrain. En sant s’exprimer les personnes de qu’adopté par la Conférence internatio- turnover. Désormais, la prise Paca-Corse, ils se sont regroupés terrain lors d’ateliers animés par nale sur la Santé, New York, signé le 22 une psychologue du travail”. Au juillet 1946 par les représentants de 61 en compte et la prévention des en association depuis 2009 avec Etats (Actes officiels de l’Organisation RPS est incontournable. La l’objectif commun d’optimiser et final, ce sont 30 structures (sur 43 mondiale de la Santé, n°. 2, p. 100) et région Paca s’est dotée dès 2009, d’harmoniser leurs ressources et initialement identifiées) qui sont entré en vigueur le 7 avril 1948. du réseau I3R qui référence des compétences. Et ont créé un por- entrées dans la démarche, repré- (2) : décret 2001-1016 du 5 novembre 2001 consultants auxquels peuvent tail qui s’appelle Présance Paca- sentant 760 salariés. (3) : http://www.prst-paca.fr s’adresser les entreprises volon- Corse(5) depuis le 1er janvier 2018. Cette action devrait être forma- (4) : http://dares.travail-emploi.gouv.fr/ taires pour agir en la matière. L’un d’entre eux mène une action lisée au premier semestre 2018 IMG/pdf/synthese._stat_chiffres_cles_ “À l’époque, nos services ont spécifique sur les RPS dans le sec- par la rédaction d’un guide de cond_travail.pdf pris conscience que la question teur des aides à domicile. “Nous bonnes pratiques, résultat d’une (5) : http://www.presanse-pacacorse.org des RPS était peu, pas ou mal travaillons sur les RPS depuis véritable dynamique sur les RPS traitée”, explique Sandrine 2004”, précise Gérald Magallon, qui s’est créée dans les entreprises Mocaer, ingénieur prévention, médecin du travail au Groupe- participantes. Preuve de l’intérêt au Pôle travail de la Direccte ment des Entreprises pour la San- porté au sujet. _ Paca. “Nous avons donc établi té au Travail des Hautes-Alpes un référentiel commun. En 2018, (GEST 05). le réseau compte 28 consultants, “Ce secteur est en pleine crois- et notre initiative a été reprise sance avec des entreprises de taille par d’autres régions”. Grâce à différente qui disposent encore de ce référencement (il ne s’agit ni fortes marges de progrès en termes d’une habilitation ni d’un agré- d’organisation. Nous avons formé ment) de consultants profes- des référents au sein de chaque sionnels, les entreprises savent à structure volontaire puis analysé Priorités Santé - n°50 Sept. / Oct. / Nov. / Déc. 2017 – 5–
3 questions à ... André Dubois Médecin inspecteur du travail, à la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) Provence-Alpes-Côte d’Azur Quels sont les principaux enjeux Dans ce contexte, quel est votre La prévention est au cœur de Région de la santé au travail ? rôle et celui de vos services ? la santé au travail, comment Historiquement, nous avons surtout adop- Les médecins inspecteurs du travail, les suivez-vous les actions menées ? té une démarche de réparation. Les sala- médecins du travail et les services de santé Pour de nombreux employeurs, l’activité riés perdaient leur vie, souffraient de ma- au travail, ont la même mission, celle de d’un service de santé au travail se limite ladies professionnelles ou abimaient leurs préserver la santé des salariés. Mais nous à une simple obligation réglementaire. corps. Pendant un siècle, nous avons donc n’agissons pas au même niveau. Mes J’insiste beaucoup auprès des services de mis en place un dispositif pour permettre actions portent sur le fonctionnement et santé au travail, qui sont pour beaucoup de faciliter la réparation. Puis, nous avons l’organisation des services de santé au tra- déjà inscrits dans cette démarche, afin changé d’échelle et nous sommes passés à vail. Ces derniers peuvent être autonomes qu’ils tracent la totalité des actions qu’ils une dimension de prévention des risques (internes à une entreprise) ou externalisés portent pour un employeur donné. Et en pour éviter les altérations en mettant en (inter-entreprises). Dans la région, nous regard du dossier médical de santé au tra- place différents niveaux de prévention. avons 1,2 million de salariés du secteur vail qu’ils tiennent pour un salarié donné, En 2018, nous sommes clairement dans privé qui sont suivis par des services de ils alimentent un dossier de l’entreprise ce système de prévention dont le cœur du santé au travail, dont 1,1 million par des dans lequel ils répertorient les données dispositif est constitué par les services de services de santé inter-entreprises. Au- générales sur des actions de prévention santé au travail. Ces derniers repèrent les delà de mes missions régaliennes - veiller qu’ils ont pu conduire : études de postes, stigmates du travail sur les gens et prépa- à ce que les services de santé au travail études de conditions de travail, recom- rent la réparation en cas de besoin. Mais disposent des moyens nécessaires à la mandations, actions de sensibilisation en même temps, ils accompagnent les sa- protection et au suivi des salariés face aux et de prévention auprès des salariés… lariés et les employeurs pour prévenir de risques en entreprise, donner un avis à la Tous ces éléments peuvent être mis à la l’altération et de l’exposition aux risques Direccte avant qu’elle n’octroie l’agrément disposition de l’employeur afin qu’ils se (en rédigeant les risques), et pour prévenir au service de santé au travail - je suis rendent compte de la valeur ajoutée de la les risques eux-mêmes. Nous sommes ici chargé d’animer le réseau des médecins démarche. Le suivi est un élément central dans de la prévention primaire, où l’on fait du travail. Je les aide à bien appliquer la qui permet de prévenir d’autres événe- en sorte de concevoir une organisation du réglementation de la santé au travail et ments et d’autres nouveaux risques. travail ou des process de fabrication dans leur apporte des conseils face à des situa- lesquels il y aura de moins en moins de tions individuelles ou collectives qui font risques présents. Construire une organi- peser des risques sur la santé des salariés. sation de travail, cela relève de la promo- Le médecin du travail, lui, détermine les tion de la santé. Bien sûr, nous sommes modalités du suivi individuel de chaque encore trop souvent appelés une fois que salarié dans un cadre réglementaire don- les dégâts sont arrivés. L’idée est moins né ainsi que l’ensemble des actions de pré- de penser une organisation du travail de vention qui vont être menées dans l’entre- manière défensive, à savoir la moins délé- prise. Il anime et coordonne une équipe tère possible, mais plutôt positivement, à pluridisciplinaire constituée d’infirmiers, savoir celle qui sera la plus favorable à la de psychologues du travail, d’ergonomes, santé, et ce dès la conception. de toxicologues, et d’assistants de santé au travail… Priorités Santé - n°50 Sept. / Oct. / Nov. / Déc. 2017 – 6–
Enfants, adolescents, jeunes Soirésponsable ! Avenir Santé s’engage auprès des jeunes L’association Avenir santé propose des actions directement au cœur des milieux festifs, et auprès de publics vulnérables rencontrés en CFA sur les conduites addictives. S ’engager pour la santé des discutons toujours avec les orga- jeunes, tel est le credo de nisateurs de ce qu’ils souhaitent l’association Avenir Santé avoir dans les soirées en termes créée en 1999. Au départ, issue de prévention. Ce sont eux qui d’une lutte étudiante contre portent la responsabilité des le cancer, elle s’est rapidement jeunes en cas d’incident. Il faut muée en Avenir Santé, repre- qu’ils prévoient une enveloppe nant deux thèmes qui lui sont de prévention pour laquelle on chers, la jeunesse et la pré- puisse leur attribuer une dota- vention, et la santé au sens de tion de matériel, outils consom- l’OMS, visant le bien-être des mables, lunettes alcool et éthy- jeunes dans sa globalité. lotests. C’est en co-construisant L’association a donc décidé cette démarche de prévention d’intervenir auprès des jeunes avec eux que nous pouvons arri- là où ils sont, en soirée festive ver à responsabiliser les jeunes ou sur leur lieu de formation en par rapport à leur consomma- CFA. 40 actions ont été menées tion ou leur prise de risque tout l’année dernière en PACA, sur au long de leurs soirées”. diverses problématiques, autour Concrètement, l’association ins- de trois projets financés. “L’un talle un espace d’accueil directe- concerne l’action Soirésponsable ment au cœur de la fête, un lieu tement au sein des CFA. Cela ingrédients d’une bonne soirée, Région en milieu festif, le second, dans éclairé et visible, et tenu par des fait deux ans que cette action a l’alcool, les drogues, l’addiction”, le cadre du troisième Plan Régio- jeunes volontaires du service commencé. “Ce sont des jeunes poursuit Eric Meunier. “À eux nal Santé Environnement (PRSE civique et des bénévoles, formés vulnérables et souvent isolés. d’identifier les risques, le coma 3) concerne la prévention des spécifiquement à l’écoute active Avec une volonté certaine de éthylique, les bad trips, et enfin risques auditifs et le troisième et aux différentes thématiques travailler en complémentarité l’aspect Sam. Est-ce qu’ils s’orga- est dirigé vers les publics vulné- abordées. “L’idée, c’est d’aller vers avec d’autres acteurs oeuvrant nisent pour avoir un comporte- rables avec des actions éduca- les jeunes facilement, d’interagir dans ce champ, nous répondons ment responsable pour rentrer de tives menées au sein des centres de façon ludique et participa- aux sollicitations de formateurs soirée ? Et on constate que Sam d’apprentissage, CFA, dans les tive avec eux pour les sensibili- souvent démunis face aux pro- est très présent. Toute cette dis- départements 06, 13, 83 et 84”, ser à chacune des thématiques, blématiques de consommations cussion les intéresse beaucoup. explique Eric Meunier, coordi- qui se relie toutes les unes aux de produits psychoactifs de ces Ca les maintient en alerte, et ils nateur régional prévention en autres. Et de balayer les champs jeunes. Nous avons été sollicités passent de meilleures soirées”. PACA d’Avenir Santé. drogues, alcool, risques auditifs, car des formateurs constatent des Six CFA ont été concernés par sexualité… Cela se fait sur le lieu consommations sur les lieux de cette action, qui est en train Accompagner et former les même de 23 heures à 1 heure du stage et ne savent pas comment d’être étendue à des foyers de organisateurs, une priorité matin et si tout s’est bien passé, en parler”. jeunes travailleurs. _ Concernant l’action Soiréspon- nous remettons un bilan écrit à Plusieurs modalités d’interven- sable, menée en partenariat l’organisateur. Tout est fait avec tion sont proposées comme la avec la Mutuelle étudiante de une écoute bienveillante, sans création d’un espace prévention Provence, les modalités visent jugement ni moralisation, en au sein de l’établissement avec à réduire les risques liés aux prenant en compte les individus l’utilisation des mêmes outils in- consommations de drogues et dans leur intégralité…” teractifs et participatifs du mi- d’alcool mais aussi à accompa- Organiser une soirée, un exer- lieu festif. Les jeunes se testent, gner les organisateurs vers une cice efficace pour les jeunes identifient leurs comporte- démarche de prévention de la Cette démarche ayant fait ments à risque et se réorientent santé dans leurs évènements. À ses preuves en milieux festifs avec de bonnes informations. la fois, soirées étudiantes mais (soirées étudiantes, festivals, La deuxième possibilité, c’est Contact : aussi festivals de grande renom- discothèques…), certains res- l’intervention en groupe-classe Eric Meunier, Avenir santé, mée, type Fiesta des Suds, Mar- ponsables d’établissements (10 à 15 jeunes) avec l’objec- 30 rue Lucien Rolmer, 13003 satac ou Summer Festival de professionnels ont demandé à tif de monter une soirée tous Marseille (CROUS Saint Charles), musique électronique. “Nous Avenir santé d’intervenir direc- ensemble. “On travaille sur les Tél. : 09 86 32 88 86 Priorités Santé - n°50 Sept. / Oct. / Nov. / Déc. 2017 – 7–
Santé-environnement Tendez l’oreille, on vous écoute ! Pas trop longtemps, pas trop fort, pas trop près, pas trop souvent, c’est la règle des quatre « trop » que doivent retenir les collégiens sensibilisés aux effets du bruit. Un programme d’ampleur régionale. D epuis 2015, l’Agence Dans un deuxième temps, nous Région Régionale de Santé abordons les risques auditifs et (ARS) PACA finance extra-auditifs et les informons une action régionale de préven- sur les comportements à adopter, tion pour les adolescents sur et les outils à utiliser comme les le thème du bruit, pilotée par bouchons d’oreilles”. les deux acteurs régionaux, le Un fort appui des structures Comité régional d’éducation de terrain pour la santé (CRES) PACA et le GRAINE PACA, le réseau Sur le terrain, la mise en action régional pour l’Éducation à du projet est réalisée par les six l’environnement et au dévelop- Comités départementaux d’édu- pement durable (EEDD). cation pour la santé (CoDES) et Cette campagne intitulée huit structures locales d’EEDD(1) « Écoute tes oreilles ! » a pour implantées sur le territoire et objectif de prévenir les risques partenaires du GRAINE PACA. auditifs et extra-auditifs en À l’initiative des rectorats d’Aix- informant les collégiens sur les Marseille et de Nice les ensei- effets sanitaires du bruit qui gnants et infirmières scolaires calcul mental dans un sont mal connus et peu pris en sont également parties prenantes univers bruyant. Ils compte, comme la perturba- de sa mise en œuvre et sont les sont acteurs dans le tion du sommeil, la réduction garants de sa pérennisation au projet. De leur côté, les des défenses immunitaires, la sein des collèges bénéficiaires. enseignants et les infir- fatigue, les difficultés de concen- Dans chaque établissement miers sont formés et tration, l’agressivité… “La tenue concerné, c’est donc un binôme donc très investis. Les de quatre rencontres régionales infirmier / professeur référent animateurs des struc- de travail avec les acteurs de qui bénéficie de la formation tures locales mettent terrain a permis de déterminer sur “Le son, le bruit : tendre souvent en place une les modalités d’intervention et l’oreille pour mieux entendre et co-animation avec la cible visée”, souligne Élodie se protéger du bruit” assurée par les enseignants ou les infirmiers. Santé Environnement (PRSE Pétard, chargée de projets en Valérie Rozec, chargée d’études Cela favorise les échanges et 3), est de sensibiliser 33 % des santé environnementale au et de recherche, docteur en une continuité du projet dans la collèges de la région, soit près de CRES PACA. “Notre choix s’est psychologie de l’environne- classe et l’établissement”. 50 000 élèves d’ici 5 ans ! _ porté sur les collégiens, plus spéci- ment, au Centre d’Information Les résultats sont probants. (1) CPIE Alpes-de-Haute-Provence, fiquement les classes de 6ème qui sur le Bruit (CIdB). Ensuite le Évalué tous les ans, le module Gap Sciences Animation 05, Médi- débutent leurs pratiques d’écoute binôme infirmier/professeur de formation est adapté pour terranée 2000, CPIE Pays d’Aix, Le Loubatas, Planète Sciences Médi- amplifiée de la musique, écoutent prépare le travail avec la struc- mieux répondre aux besoins. terranée, Adee (Association pour le au casque et commencent à ture locale avant de mettre en Depuis son lancement, l’opé- développement de l’éducation à l’envi- assister à des concerts. Nous place le module d’animation qui ration ne cesse de prendre de ronnement), ALTE (Agence locale de la sommes vraiment dans le champ comporte deux interventions de l’ampleur. La première année transition énergétique). de la prévention primaire. Nous 2 heures par classe. “Le but n’est (2015-2016), 17 collèges y ont leur donnons donc des connais- pas de faire un cours magistral participé, soit 28 classes, et 620 sances de manière interactive mais de varier les approches et les élèves ont été sensibilisés. La et ludique afin qu’ils fassent des outils, en s’adaptant aux élèves de deuxième année (2016-2017), choix éclairés sur leur pratique 6ème, confirme Claire Pierrard, ce sont 27 collèges, soit 119 chargée de projets au GRAINE classes, et 2975 élèves. Cette Contacts : de la musique. Les outils péda- PACA. Nous leur montrons des année (2017-2018), l’action a été Élodie Pétard, gogiques sont multiples et maquettes de l’oreille afin qu’ils en reconduite pour 34 collèges et CRES PACA passent par des jeux, des vidéos découvrent la physiologie et le fonc- jusqu’en 2021 grâce au finance- elodie.petard@cres-paca.org courtes, des témoignages et des expériences pour mieux se fami- tionnement, ils réalisent des prises ment de l’ARS. L’objectif de cette Claire Pierrard, liariser à la physique du son, de mesure avec un sonomètre ou action, labellisée dans le cadre GRAINE PACA la physiologie de l’oreille, etc. travaillent sur la mémoire et le du troisième Plan Régional clairepierrard@grainepaca.org Priorités Santé - n°50 Sept. / Oct. / Nov. / Déc. 2017 – 8–
Personnes vulnérables Le “Lieu de répit”, alternative à la psychiatrie À Marseille s’ouvre un «Lieu de répit» pour les personnes sans chez soi vivant une crise psychotique, proposant une alternative aux soins sous contraintes. Le but est de les amener au rétablissement. C ’est un petit immeuble de de gestion de crise alternatif à 4 étages comme un autre, l’hôpital et à la contrainte aux une ouverture à l’enca- soins, la norme aujourd’hui drement bleue, au rez-de-chaus- dans notre pays sée, qui invite à entrer, au 85 rue Des modèles de référence Jean de Bernardy à Marseille. Et sur le rétablissement c’est réellement un lieu d’habita- et l’Open dialogue tion comme les autres avec des appartements pouvant recevoir Dans ce contexte, l’association une dizaine de personnes qui JUST (Justice and Union toward tentent de se reconstruire au Social Transformation), a été travers d’un logement, avec des créée en 2015 pour apporter de espaces privés et des espaces de la souplesse à l’équipe MARSS, vie communes à chaque étage. pour développer ces projets in- Ce lieu de répit, qui a ouvert en novants, avec des membres issus janvier 2018, pourra accueillir du mouvement pour la plupart. des personnes sans chez soi, C’est elle qui porte ce lieu de souffrant de troubles psychia- répit basé sur d’anciens locaux triques sévères. En droite ligne de l’AP-HM réhabilités par le du dispositif expérimental, PACT13. Ce projet est financé « le Marabout », mis en place pour un an par l’ARS à hauteur en 2007 par un collectif de ci- de 380.000 euros. « Nous allons toyens, initialement sous forme recevoir des personnes qui vivent d’un squat rue Curiol, puis léga- dans la rue et qui nous sont en- lisé sous la forme d’une rési- voyées par l’équipe de MARSS, explique N., l’une des coordi- L’action se décline aujourd’hui incroyables. Cela fait 6 mois qu’il Bouches-du-Rhône dence accueil portée par l’asso- ciation HAS. natrices du lieu de répit. Des autour d’une équipe de sala- est avec nous, il a développé un personnes vivant avec une schi- riés pluridisciplinaire, béné- projet, il sourit, il va beaucoup Il s’agit là de proposer une mieux ». Bien d’autres exemples zophrénie ou une bipolarité, des voles et travailleurs pairs. Tous alternative à l’hospitalisation de « rétablissement » peuvent personnes utilisant inadéquate- ont en commun des modèles sous contraintes pour des per- être annoncés. ment des substances psychoac- de référence sur le rétablisse- sonnes à la rue et qui souffrent tives, mais nous voulons leur ment, qui favorise le soutien Ce lieu de répit s’appuiera sur un de troubles psychiques graves proposer des choses qui aillent par les pairs, et l’open dialogue, ensemble de partenaires pour et addictions associées. C’est dans le sens du rétablissement, basé sur la théorie systémique. favoriser ce rétablissement. Une tout le sens de l’action portée un accompagnement différent Ici, toutes les décisions sur les évaluation entre autre partici- depuis de longues années par des schémas suivis à l’hôpital soins en cours sont discutées pative mais aussi qualitative et l’équipe mobile de MARSS, psychiatrique. Nous ne sommes et prises lorsque l’usager et les quantitative et économique va (Mouvement et Action pour le pas une succursale de l’hôpital ». personnes qu’il a désignées être réalisée au cours de cette Rétablissement Social et Sani- taire) auprès de personnes qui Inspiré par le modèle « Soteria », comme personnes ressources expérimentation. _ ont passé de longues années créé en Californie dans les sont présents. « C’est une tech- dans la rue, et qui développe années 1970, le projet s’appuie nique d’accompagnement, ajoute des projets expérimentaux pour surtout sur d’autres expérimen- N., qui consiste à embarquer réduire les inégalités et proposer tations comme le Parachute à la famille et les proches dans la un traitement plus humain, à la New York et la Maison Runaway discussion autour de la crise et fois contenant et rassurant. Elle à Berlin, qui se concentrent sur dans le dialogue. Tout est pro- a pu expérimenter un autre type l’accompagnement des per- posé pour amener l’autre vers le d’accueil, de personnes qui ne sonnes au plus près de leur vie rétablissement. Moi, j’y crois ». Et souhaitent pas être enfermées quotidienne et de façon perma- de donner l’exemple d’un jeune en hôpital psychiatrique, alors nente. D’autres projets de ce homme de 24 ans qui est arrivé Contact : qu’elles sont en situation de type ont été développés aussi « comme endormi par les médi- Just, 9 rue Dragon, crise psychotique. Le logement au Québec et dans le Nord caments. Depuis qu’il fait des ac- 13006 Marseille, est alors vécu comme un outil de l’Europe, sur ce modèle. tivités, il a montré des capacités Tél. : 04 91 58 24 57 Priorités Santé - n°50 Sept. / Oct. / Nov. / Déc. 2017 – 9–
Population générale Sensibiliser les professionnels de santé aux violences faites aux femmes Depuis 2017, SOS Femmes 13 met en place des actions de sensibilisation et des formations sur les violences faites aux femmes destinées aux professionnels de santé de la région. F emina Care, c’est le nom formation et de sensibilisation. Région du programme triennal Ces professionnels de santé sont porté par l’association souvent en première ligne mais SOS femmes 13 qui a débuté ils ont parfois du mal à repérer et en 2017. Son objectif est d’agir identifier les violences. Ils sont en auprès des professionnels de effet au quotidien là pour soigner, santé de la région sur le sujet et dans les cas de violences, on des violences faites aux femmes leur demande un accompa- en leur apportant des outils gnement sur une situation de de sensibilisation et en leur danger. C’est très différent ». Les proposant des formations. La actions de sensibilisation ont été démarche a été rigoureusement proposées dans tous les départe- préparée. « Dans un premier ments sous la forme de diffusion temps, grâce à la mise en place de d’information lors de réunions comités techniques, nous avons collectives d’une à deux heures. pu établir un diagnostic construit Les formations, elles, ont débuté des six départements, explique en 2017 dans les Bouches-du- Photo : Pierre CIOT Isabelle Chaume, chargée de Rhône. mission à SOS Femmes 13. Les Se former disparités d’un département à avec des experts l’autre peuvent être fortes. Cela a lieu à la fin du 3ème jour avec la région PACA, soit un potentiel permet de mieux connaître les La richesse de la formation la remise d’une clé USB et d’une de 2000 personnes sur trois ans. spécificités et les caractéristiques repose sur la mise en commun fiche action ainsi qu’à J + 3 mois de compétences mutualisées En parallèle, en ce début 2018, environnementales de chacun, sous forme d’un questionnaire. grâce à une co-animation entre un site internet va offrir aux comme la question de l’acces- les formateurs de SOS Femmes Pour les professionnels libé- professionnels (Éducation sibilité à l’offre de soins. Il est 13 et des experts profession- raux le format est plutôt de nationale, centre communal aussi indispensable de repérer deux jours consécutifs ou non d’action sociale…) des 119 sur chaque territoire les acteurs nels tels que le médecin légiste consécutifs en fonction de communes des Bouches-du- de santé, les acteurs institution- (apprendre à constater les leurs disponibilités. « L’objectif Rhône un kit de sensibilisa- nels et associatifs. Cela permet lésions d’un corps), le magis- est de former les professionnels tion sur les violences faites de savoir comment les actions trat, le gendarme, le psycho- de santé au processus et aux aux femmes. Il reprend les peuvent s’organiser concrètement logue (connaître les mots à mécanismes de la violence, premières informations néces- et avec quels interlocuteurs ». employer)… Cela permet de sensibiliser au dépistage saires sur le sujet - définition, Cette phase d’analyse a généré d’aborder tous les aspects des et à l’accompagnement, et de chiffres, cadre légal, outils un diagnostic par département, violences faites aux femmes : manière plus globale de favo- pratiques, acteurs locaux - afin qui lui-même a déterminé le agressions sexuelles et viols, riser le travail de réseau pluri- que chacun puisse orienter le format et le nombre de sessions violences conjugales, prosti- disciplinaire, souligne Isabelle mieux possible les personnes de formation en fonction des tution, harcèlement, mutila- Chaume. Un praticien formé victimes de violences. _ besoins. « Nous proposons un tion génitale, mariage forcé… sera davantage en capacité programme transversal dans Dans les hôpitaux, la formation d’être « à l’aise » face à ces situa- lequel j’introduis des particula- dure trois jours. Le 3ème jour tions. C’est un point important rités quand elles sont demandées, permet de rendre compte de dans l’accompagnement ». poursuit-elle. En fait, le champ cas concrets rencontrés par les Contact : médical - infirmiers, médecins praticiens sur le terrain grâce à L’objectif du projet Femina Care Isabelle Chaume, libéraux, sages-femmes, puéri- une analyse de pratique et un est d’intervenir dans environ 40 SOS Femmes 13, cultrices, gynécologues, aides- jeu de rôle animé par les forma- établissements (hôpitaux publics, 10 avenue du Prado, Marseille, soignants - est demandeur de teurs. Une première évaluation privés, maison de santé…) dans Tél. : 04 91 24 61 50 Priorités Santé - n°50 Sept. / Oct. / Nov. / Déc. 2017 – 10 –
Population générale S’ancrer dans le présent pour mieux vivre la maladie Depuis le mois de mars 2017, un programme porté par l’ENIPSE accompagne les usagers, les patients, leur entourage et les professionnels de santé du centre hospitalier de Martigues pour améliorer leurs parcours de santé en s’appuyant sur des disciplines innovantes en France. A ffronter la maladie et personnes, leur environnement la vivre au quotidien et aussi les soignants. Deuxième- est une étape diffi- ment l’amélioration de la relation cile. Encore plus quand on se soignants-soignés qui impacte trouve en situation de préca- tout le monde tout au long de rité. L’action menée par l’Équipe l’évolution de la pathologie. Nous Nationale d’Intervention en avons ouvert les groupes aux Prévention et Santé pour les soignants qui y participent sans entreprises (ENIPSE) à Marti- blouse blanche ! Et enfin, un gues y répond de manière axe de recherche avec le Labo- innovante. L’objectif est d’amé- ratoire de Psychologie Sociale liorer le parcours de santé des (LPS) d’Aix-Marseille Université personnes qui fréquentent le afin d’apprécier la réussite de centre hospitalier de Martigues, l’expérimentation et d’envisager et plus particulièrement celles les conditions d’une transférabi- du service de médecine interne, lité ». qui comprend un CeGIDD, un Des ateliers thématiques centre gratuit d’information, De mars à septembre 2017, ce de Martigues qui soutient Bouches-du-Rhône de dépistage et de diagnostic des infections par le virus de sont 49 personnes qui ont suivi fortement le programme. Et l’immunodéficience humaine les ateliers avec une proportion pour ceux qui ne peuvent se (VIH), les hépatites virales et les équivalente de professionnels retrouver dans une sphère infections sexuellement trans- de santé (IDE, AHS…) et de collective, des rendez-vous missibles (IST). patients. À la rentrée, un plan- individuels sont possibles. Le but est de renforcer la ning a été mis en place pour les Gérer ses émotions, son prévention et d’améliorer le trois ateliers avec des thèmes stress et ses ruminations, parcours de santé des personnes précis qui n’ont pas été choisis se reconnecter à ses sens, à chaque occasion possible en au hasard. « Nous sommes partis préparer un rendez-vous ou un intégrant au maximum la prise de l’hypothèse qu’il y avait des examen médical, travailler sur Contact : en compte de leur qualité de moments forts aussi bien pour l’estime de soi, porter son atten- Véronique Tirard-Fleury vie, de leur environnement et de les patients, l’entourage (mari, tion délibérément et sans juge- Coordonnatrice du projet leurs difficultés sociales. femme, compagnon, enfant…) ment sur l’instant présent… Tél. : 07779033 « Le programme comprend que les soignants, précise la Ces aspects sont abordés Mail. : fleury.veronique@ coordonnatrice. Nous avons dans les ateliers menés par gmail.com plusieurs axes. Premièrement, la mise en place d’ateliers fixé plusieurs temps : l’annonce des professionnels selon trois collectifs et d’entretiens indivi- de la pathologie, les interactions approches complémentaires duels dans les trois approches entre professionnels de santé et différentes. Au final, il n’est pas complémentaires que sont la patients (consultations, visites de question de performance, le but méditation pleine conscience, la contrôles…), et la question de la est de travailler sur des images communication relationnelle et douleur et du sommeil souvent positives et de se désangoisser la sophrologie, souligne Véro- présente lors des parcours de pour être mieux. Avec soi- nique Tirard-Fleury, médecin, santé ». Chacun s’inscrit donc même, et avec les autres. Pour coordonnatrice du projet et à un, deux, ou trois ateliers en Antonio Alexandre, directeur animatrice des ateliers de fonction de ses disponibilités et de l’ENIPSE, « ce projet mené méditation pleine conscience. du besoin ou des besoins qu’il à Martigues est pilote, il devrait Pour améliorer le parcours de ressent. L’ensemble des ateliers essaimer à Toulouse, Paris et santé, il faut intervenir sur les se déroule au centre hospitalier dans les Hauts-de-France ». _ Priorités Santé - n°50 Sept. / Oct. / Nov. / Déc. 2017 – 11 –
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