Prise en charge de la migraine chez l'enfant : du nouveau - Réalités ...
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
réalités pédiatriques # 169_Avril 2012_Cahier 1 Revues générales Neurologie Prise en charge de la migraine chez l’enfant : du nouveau RÉSUMÉ : La migraine est la céphalée primaire la plus fréquente en pédiatrie avec une prévalence estimée entre 5 et 10 %. Son diagnostic, clinique, est effectué à l’aide des critères de l’International Headache Society (IHS) révisés pour l’enfant en 2004. Les facteurs déclenchants sont multiples et sont dominés par les stimuli émotionnels. La présence d’une aura est retrouvée dans à peu près 25 % des cas et doit être systématiquement recherchée. L’association des migraines avec des céphalées de tension est fréquente. La sémiologie clinique de chaque entité doit être expliquée aux patients, leur prise en charge thérapeutique étant radicalement différente. Les explorations complémentaires sont le plus souvent inutiles en cas de tableau migraineux typique et d’examen clinique normal. La prise en charge thérapeutique s’effectue selon les recommandations de l’Afssaps de 2009. Elle débute par une hygiène de vie correcte avec éviction des facteurs déclenchants. Le traitement des crises migraineuses est systématique et doit être effectué d’emblée à bonne posologie et le plus rapidement possible. L a migraine est la première étio- logie des céphalées chroniques récurrentes de l’enfant avec une prévalence de 5 à 10 % [1]. Le reten- tissement est sévère puisqu’il existe Une fois le diagnostic posé, les patients et leurs parents s’inquiètent souvent de l’évolution de la migraine. Dans une étude suédoise ayant suivi 73 enfants sur 40 ans, 51 % d’entre eux avaient encore des un absentéisme scolaire important : migraines à la cinquantaine. 52 % de ces 7 jours par année chez les enfants de patients ont eu un ou plusieurs enfants pré- la cohorte de l’hôpital de Trousseau sentant des migraines [4]. Dans une étude à Paris [2]. Néanmoins, malgré cette datant de 2006, 70 % des patients avaient forte prévalence, des critères diagnos- une évolution favorable à 6 ans : absence tiques spécifiques et des recomman- de céphalées dans les 12 derniers mois ou dations thérapeutiques récemment réduction de la fréquence des crises d’au actualisées, la migraine demeure une moins 50 %. Après 6 ans d’évolution, 30 % pathologie dont le diagnostic est sous- des patients présentant des migraines ou évalué et les principes thérapeutiques des céphalées de tension n’avaient plus de ➞ C. MAREAU , E. LEJAY , 1 2 peu connus. Dans une étude réalisée en céphalées. 25 % des patients migraineux C. WOOD3, L. TITOMANLIO2 2008, 50 % des médecins généralistes avaient des céphalées de tension et 20 % 1 Centre de Douleur Chronique, Hôpital de La Timone, MARSEILLE. connaissaient les recommandations des patients ayant des céphalées de tension 2 Service des Urgences Pédiatriques sur la prise en charge de la migraine étaient devenus migraineux [5]. et Cliniques de la Migraine, émises en 2002 par la Haute Autorité Hôpital Robert Debré, PARIS. de Santé (HAS), mais seulement 24 % [ Diagnostic clinique 3 Centre de la Douleur, Hôpital Robert Debré, PARIS. avouaient les avoir lues. Seulement 3 % de ces médecins prescrivaient les traitements de crise aux posologies Le diagnostic de migraine est clinique et recommandées [3]. s’effectue selon les critères de l’Interna 29
réalités pédiatriques # 169_Avril 2012_Cahier 1 Revues générales Neurologie A Au moins 5 crises répondant aux critères B-D contrariétés…) peuvent par ailleurs parti- ciper à l’aggravation de la migraine [10]. B Crise d’une durée de 1 à 72 heures (en l’absence de traitement) C La céphalée présente au moins deux des caractéristiques suivantes : Les crises avec aura sont fréquentes et leur – localisation uni- ou bilatérale prévalence varie selon les études de 20 – pulsatilité à 60 % [7, 10]. Les auras sont dominées – intensité modérée ou sévère – aggravation par ou provoquant l’évitement des activités physiques de routine telles par les manifestations visuelles à type de que marche ou montée d’escaliers phosphènes, scotomes scintillants, taches colorées, objets déformés, flou visuel. Mais D Durant la céphalée, au moins l’une des caractéristiques suivantes : – nausées ou vomissements elles peuvent également se présenter sous – photophobie et phonophobie forme de troubles sensitifs (paresthésies des membres ou du visage), auditifs (siffle- E Exclusion par l’anamnèse, l’examen clinique et neurologique, éventuellement par des examens complémentaires, d’une maladie organique pouvant être la cause de céphalées ments, bourdonnements ou hallucinations auditives…) ou moteurs (engourdisse- Tableau I : Critères diagnostiques de la migraine sans aura (IHS 2004) [6]. ments, diminution de la force musculaire) [2]. Les auras peuvent précéder la crise tional Headache Society révisés en 2004 Les facteurs déclenchants sont mul- comme cela est décrit classiquement chez pour l’enfant [6] (tableau I). Une étude tiples. Une étude rétrospective récente l’adulte, mais elles peuvent également être française réalisée en 2008 avait montré a étudié la prévalence de 15 facteurs concomitantes de la céphalée. Les phéno- une bonne concordance entre ces critères déclenchants prédéfinis auprès de 102 mènes d’aura sont souvent méconnus par et le diagnostic clinique de neurologues enfants de 7 à 16 ans. Tous les enfants les parents et découverts lors de la pre- pédiatres français [7]. L’interrogatoire ont rapporté au moins 1 facteur déclen- mière consultation, d’où la nécessité de les doit être policier et l’examen clinique chant. Les plus fréquemment cités ont été rechercher directement auprès de l’enfant complet (en particulier prise de la ten- les stimuli émotionnels (stress : 75,5 %), avec un vocabulaire adapté [10]. sion artérielle et examen neurologique les modifications des rythmes de vie minutieux). Par rapport à l’adulte, les (manque de sommeil : 68,6 %) et les sti- En pratique, le diagnostic de migraine n’est, crises migraineuses chez l’enfant sont le muli sensoriels (chaleur : 68,6 % et jeux toutefois, pas si simple, car de nombreux plus souvent frontales ou bilatérales, de vidéo : 64,7 %). Les facteurs alimentaires enfants présentent des tableaux mixtes type compressives plutôt que pulsatiles étaient cités en dernier. En moyenne, 7 associant des migraines et des céphalées de et de durée plus courte. Les céphalées facteurs déclenchants étaient signalés tension. Les céphalées de tension ont une sont généralement intenses avec des par patient. Dans 86 % des cas, un délai intensité plus faible, surviennent essentiel- signes digestifs souvent au premier plan. de moins de 3 heures était constaté entre lement le soir au retour de l’école, n’empê- le facteur déclenchant et le début de la chent pas l’enfant de poursuivre ses activi- Les crises sont différentes en fonction de crise de migraine. L’intérêt de connaître tés, ne sont pas accompagnées de troubles l’âge de l’enfant. Plus l’enfant est jeune ces facteurs déclenchants est de mettre en digestifs ni de photo- ou phonophobie et et plus les crises sont courtes avec un place des stratégies visant à les éviter [9]. ont le plus souvent une résolution sponta- sommeil réparateur. L’interrogatoire doit Les facteurs émotionnels (stress, anxiété, née (tableau II). rechercher la présence de symptômes prémonitoires, de facteurs déclenchants A Au moins 10 épisodes répondant aux critères B – D [2], d’une aura, de signes neurovégéta- B Céphalées d’une durée variant entre 30 minutes et 7 jours tifs associés (larmoiement, rhinorrhée, C La céphalée présente au moins deux des caractéristiques suivantes : modification de la coloration cutanée du – localisation bilatérale visage) et évaluer le retentissement sur – sensation de pression ou de tension (non pulsatile) la vie quotidienne, avec en particulier – intensité légère ou modérée quantification de l’absentéisme scolaire. – absence d’aggravation par l’activité physique D Absence des 2 caractéristiques suivantes Dans une étude datant de 2009, 67 % – nausées ou vomissements des enfants rapportent l’existence d’au – photophobie et phonophobie moins un symptôme prémonitoire, les E Exclusion par l’anamnèse, l’examen clinique et neurologique, éventuellement par des plus souvent retrouvés étant les modifi- examens complémentaires, d’une maladie organique pouvant être la cause de céphalées cations du visage (pâleur ou cernes sous les yeux), la fatigue et l’irritabilité [8]. Tableau II : Critères diagnostiques des céphalées de tension (IHS 2004) [6]. 30
réalités pédiatriques # 169_Avril 2012_Cahier 1 L’examen clinique recherche de manière afin d’en effectuer rapidement le dia- familiaux et personnels, et l’examen systématique des tensions ou contrac- gnostic et pouvoir rassurer l’enfant et clinique, qui permettent de soupçonner tures musculaires, en particulier cer- ses parents sur leur caractère bénin et une céphalée secondaire [6, 14-16]. vicales, qui illustrent concrètement le leur évolution favorable [11]. terme “céphalées de tension”. Les recommandations de l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Evalua- [ Examens complémentaires [ tion en Santé (ANAES) pour la “prise Syndromes périodiques de en charge diagnostique et thérapeutique l’enfance 1. Indications de la neuro-imagerie de la migraine chez l’adulte et chez l’en- fant” de 2003 [1] restent relativement Chez l’enfant, il existe des entités cli- Le but de la neuro-imagerie (TDM et IRM vagues : il n’y a pas d’indication de l’ima- niques particulières, récemment nom- cérébrales) est de mettre en évidence des gerie devant une migraine avec ou sans mées “syndromes périodiques de l’en- lésions pouvant bénéficier d’un acte aura définie selon les codes de l’Interna fance” (anciens équivalents migraineux). thérapeutique, comme par exemple tional Headache Society (IHS) [6, 14, 15], Ceux-ci regroupent des manifestations certaines tumeurs, malformation de ou pour différencier une migraine d’une variées pouvant survenir en l’absence de Chiari 1, kyste arachnoïdien expansif. céphalée de tension. céphalées et/ou les précéder de plusieurs Toutefois, une pratique systématique années. Actuellement, quatre syndromes de l’imagerie cérébrale ne saurait être On peut préconiser la neuro-imagerie périodiques de l’enfance figurent dans recommandée : plusieurs études rétros- dans les cas suivants : la seconde édition de la classification de pectives ont démontré l’apport limité – céphalées récentes de moins de 6 mois, l’International Headache Society, où ils de l’imagerie dans la prise en charge d’intensité croissante et ne répondant sont reconnus comme “des précurseurs des céphalées de l’enfant [12, 13], et il pas aux traitements [12] ; de la migraine” (tableau III). ne faut pas négliger la nature irradiante – céphalées et signes neurologiques de la TDM. Les indications de la neuro- focaux [12, 16, 17] ; Il est important de connaître les carac- imagerie doivent donc être guidées par – majoration des céphalées dans cer- téristiques cliniques de ces syndromes l’anamnèse, les éventuels antécédents taines positions de la tête (suggérant un Chiari 1) ou du corps (céphalées ortho- Vomissements – Accès épisodiques, récurrents (au moins 5 accès) et stéréotypés statiques de l’hypotension intracéré- cycliques de nausées et de vomissements intenses, accompagnés de pâleur brale) ou un torticolis (tumeur médul- et de léthargie, durant d’une heure à cinq jours laire ou de la fosse postérieure) [12] ; – Au moins quatre épisodes par heure pendant une heure au moins – signes d’HTIC [12] ; – Absence de manifestation entre les crises – Pas d’autre étiologie aux vomissements (en particulier – signes d’accompagnement tels que cas- pas de gastro-entérite) sure de la courbe de croissance, change- – Age de début : 5 ans ment de personnalité, troubles visuels, Migraines – Crises itératives (au moins 5 épisodes), de douleurs abdominales, durant baisse des performances scolaires… [12] ; abdominales de 1 à 72 heures, de localisation médiane ou péri-ombilicale ou mal – céphalées et convulsions d’apparition localisée, de caractère sourde ou irritative, d’intensité modérée à sévère récente [6, 12] ; – Possédant deux des quatre caractéristiques suivantes : – céphalées se modifiant dans l’intensité anorexie, nausées, vomissements, pâleur ou dans le type de la douleur [17] ; – Aucune maladie organique autre n’est retrouvée – céphalées persistantes sans histoire – Age de début : 7 ans familial de migraine [12, 16, 17] ; Vertiges – Au moins 5 accès de multiples épisodes de vertiges sévères, – antécédents personnels ou familiaux paroxystiques survenant sans avertissement et se résolvant spontanément pouvant prédisposer à une lésion du sys- bénins en quelques minutes à quelques heures tème nerveux central [12, 17]. – Examen neurologique, explorations audiométriques et vestibulaires normaux entre les accès. Electro-encéphalogramme normal – Un nystagmus et des vomissements peuvent être présents Chez l’enfant, l’IRM cérébrale est à pri- – Age de début compris entre 2 et 4 ans vilégier par rapport au scanner cérébral du fait de l’absence d’irradiation et de sa Torticolis – Accès récurrents de dystonie cervicale responsables paroxystiques d’une inclinaison latérale de la tête meilleure sensibilité pour détecter cer- bénins – Age de début : entre 2 et 8 mois taines tumeurs et malformations vascu- laires [12]. Toutefois, son accès est plus Tableau III : Critères des syndromes périodiques de l’enfant (IHS 2004) [6, 11]. difficile et son coût plus élevé. 31
réalités pédiatriques # 169_Avril 2012_Cahier 1 Revues générales Neurologie 2. Place de l’EEG Il peut constituer un traitement à part peptides vasoactifs comme le CGRP et la entière, notamment pour les très jeunes substance P à partir du système trigémi- Il n’y a pas d’indication à réaliser un EEG enfants qui vomissent, se couchent, s’en- nal – aboutissant à un état d’inflammation devant une migraine définie selon les dorment rapidement et se réveillent gué- neurogène [26] – et module aussi la noci- critères de l’IHS. L’EEG n’est pas recom- ris quelques heures plus tard. Dans ce ception au niveau thalamo-cortical [25, mandé pour éliminer une pathologie cas, aucun traitement médicamenteux 27]. En outre, la colocalisation des récep- organique. Il est indiqué en cas de suspi- n’est nécessaire [21]. teurs 5-HT1B et 5-HT1D sur les neurones cion d’épilepsie occipitale, qui peut se du trijumeau suggère que les triptans ont manifester par des céphalées pulsatiles Dans les autres cas, le traitement de crise le potentiel de réduire la libération de et des vomissements [12, 18-20]. est systématique : il doit être pris à bonne glutamate post-synaptique, ce qui contri- posologie, le plus tôt possible, dès le début buerait à leur effet thérapeutique [28]. de la crise migraineuse, et ce y compris en L’action centrale des triptans est égale- [ Prise en charge thérapeutique milieu scolaire ; le médecin établit donc un certificat en vue de la mise en place ment suggérée par leurs effets secondaires de type fatigue et somnolence. La prise en charge débute nécessaire- d’un PAI (Projet d’Accueil Individualisé ment par une phase d’explications sur la scolaire). L’enfant doit pouvoir disposer L’action des triptans est plus efficace maladie migraineuse : sa fréquence, son de son traitement en permanence. lorsque le médicament est pris dès que caractère bénin, son évolution, la diffé- possible après l’apparition de la douleur rence sémiologique avec les céphalées de Les toute récentes recommandations de migraineuse. La seule précaution est de tension. Le traitement de la migraine doit l’Afssaps concernant le traitement de reporter l’utilisation en cas d’aura, car la être personnalisé pour chaque enfant [21]. crise sont [22] : vasoconstriction induite par le médica- – l’ibuprofène 10 mg/kg doit être privi- ment peut parfois aggraver les symptômes. Plusieurs messages sont à transmettre : légié en traitement de crise ; – nécessité d’avoir une hygiène de vie – le paracétamol 15 mg/kg reste néan- Certains effets secondaires mineurs tels correcte : sommeil suffisant, alimen- moins un traitement de crise souvent que paresthésie, bouffées de chaleur, tation équilibrée, réduction du stress, efficace ; dysesthésie au niveau du pharynx, activité physique régulière ; – le sumatriptan nasal est à utiliser en sensation d’oppression, se produisent – éviction des facteurs déclenchants deuxième intention à partir de 12 ans. fréquemment à l’utilisation des trip- [9, 21] ; tans [27]. Ces effets peuvent être plus – reconnaissance des prodromes [21] ; >>> Les triptans fréquents chez les femmes et les jeunes. – réalisation d’un agenda des crises qui permet d’évaluer le nombre de crises La découverte du sumatriptan, agoniste La recherche clinique a montré que l’ad- et leur intensité, les circonstances sélectif des récepteurs de la sérotonine ministration de sumatriptan en spray déclenchantes, les jours et horaires de 5-HT1B et 5-HT1D [23, 24] et l’autorisation nasal (Imigrane) chez les adolescents survenue, leur durée, l’efficacité du trai- par l’Agence américaine du médicament réduit la douleur de migraine, les nau- tement, et de dépister une surconsom- (ou FDA) aux Etats-Unis en 1992 a initié sées et vomissements, la photophobie et mation médicamenteuse [2] ; l’ère des triptans comme des médicaments la phonophobie, sans effets secondaires – prévention des céphalées chroniques spécifiques de la migraine. Toutefois, le graves [29]. Le zolmitriptan (Zomig) quotidiennes : éducation du patient à sumatriptan a une mauvaise biodisponibi- [30, 31] et l’élétriptan (Relpax) [32] sont ne pas dépasser 8 jours de traitement de lité orale. C’est pourquoi la recherche phar- réservés aux adultes. crise par mois [21]. macologique a conduit à une “deuxième génération” de triptans (zolmitriptan, riza- 2. Traitement de fond Le traitement de la migraine a fait l’ob- triptan, naratriptan, almotriptan, élétriptan jet d’une actualisation très récente des et frovatriptan), qui ont de meilleures pro- En ce qui concerne le traitement de fond, recommandations de la part de l’Agence priétés pharmacocinétiques, y compris les conclusions de l’Afssaps [22] sont : française de sécurité sanitaire des pro- une meilleure biodisponibilité [25]. – aucune étude de qualité ne permet duits de santé (Afssaps) [22]. d’émettre de recommandation pour le Les triptans induisent une vasoconstric- traitement médicamenteux de fond de 1. Traitements de la crise tion via les récepteurs 5HT1B et 5HT1D la migraine de l’enfant ; situés sur les cellules musculaires lisses – les méthodes psychocorporelles Le repos dans l’obscurité est souvent des vaisseaux sanguins méningés. Cette (relaxation, autohypnose…) peuvent effectué spontanément par les enfants. vasoconstriction inhibe la production de être recommandées. 32
réalités pédiatriques # 169_Avril 2012_Cahier 1 Les méthodes non médicamenteuses sont d’autant plus intéressantes que les POINTS FORTS facteurs psychologiques peuvent partici- per à la transformation des migraines en céphalées chroniques quotidiennes [10]. û La migraine est la première cause de céphalées primaires paroxystiques Le problème est bien souvent l’accès dif- récidivantes chez l’enfant. Son diagnostic est clinique et s’effectue grâce aux critères de l’IHS datant de 2004. ficile à ces méthodes du fait du faible POINTS FORTS nombre de praticiens les pratiquant. û L’interrogatoire et l’examen clinique doivent être complets pour éliminer une cause secondaire et dépister une éventuelle association à des En cas d’échec des thérapies non médi- céphalées de tension. camenteuses, un traitement médicamen- û Les explorations complémentaires sont le plus souvent inutiles. teux peut être proposé ; son efficacité ne débute qu’après 3 semaines environ. û Le traitement de crise est systématique et est dominé par l’ibuprofène pris le plus précocement possible. En cas d’échec et d’âge supérieur à 12 Nous pouvons conseiller : ans, le sumatriptan nasal peut être proposé. – l’amitryptiline (Laroxyl) en gouttes (1 goutte = 1 mg), notamment en cas de û Le traitement de fond repose sur les méthodes psychocorporelles. céphalées de tension associées, voire de Les traitements de fond médicamenteux ne sont proposés qu’en cas céphalées chroniques quotidiennes ; la d’échec de ces techniques. La réalisation d’un agenda des crises est indispensable. La mise en place d’un PAI peut s’avérer nécessaire. posologie est à fixer de manière indi- viduelle, en débutant par des doses minimes : 0,3 à 0,5 mg/kg/jour, à aug- menter très progressivement, et en res- tant toujours très en dessous des posolo- et datent déjà de 2004 [6]. Différentes migraine and tension-type headache in chil- gies antidépressives [10] ; études ont montré qu’ils étaient perti- dren and adolescents : a long-term follow-up study. Cephalalgia, 2006 ; 26 : 820-830. – l’oxétorone (Nocertone cp 60 mg) pré- nents pour diagnostiquer une migraine 6. Headache Classification Sub-Committee sente l’avantage de n’entraîner que très chez un enfant. La notion de syndromes of the International Headache Society. The peu d’effets indésirables, hormis un périodiques est également très récente et International Classification of Headache mérite d’être connue des praticiens pre- Disorder, 2nd edn. Cephalalgia, 2004 ; 24 : risque de diarrhée. Il est donné à doses 1-160. progressives, le plus souvent, jusque 1 à nant en charge des enfants migraineux. 7. Cuvellier JC, Donnet A, Gueran-Massadier E 2 comprimés au coucher ; Les recommandations thérapeutiques et al. on behalf the Céleste Group. Clinical – la flunarizine (Sibélium cp 10 mg) ont été actualisées en 2009 par l’Afssaps features of primary headache in children : a multicenter hospital-based study in France. a l’AMM à 10 ans, à la posologie de et sont relativement simples : ibupro- Cephalalgia, 2008 ; 28 : 1 145-1 153. 1/2-1 cp le soir pendant au maximum fène 10 mg/kg en traitement de crise et 8. Cuvellier JC, Mars A, Vallee L et al. The pre- deux mois ; méthodes psychocorporelles en traite- valence of premitory synptoms in paediatric – le topiramate (Epitomax) à doses en ment de fond [22]. migraine : a questionnaire study in 103 chil- dren and adolescents. Cephalalgia, 2009 ; 29 : dessous des posologies antiépileptiques 1 197-1 201. (max 50 mg/jour). 9. Neut D, Fily A, Cuvellier JC et al. The pre- Bibliographie valence of triggers in paediatric migraine : a 1. Prise en charge diagnostique et thérapeu- questionnaire study in 102 children and ado- Dans tous les cas, un traitement de fond tique de la migraine chez l’adulte et l’enfant. lescents. J Headache Pain, 2012 ; 13 : 61-65. doit être pris 3 à 6 mois pour juger de Aspects cliniques et économiques. Recom- 10. Tourniaire B. Migraine chez l’enfant : les son efficacité ; la durée de prescription mandations pour la pratique clinique. bonnes pratiques. Douleur Analg, 2010 ; 23 : est variable au cas par cas ; les vacances ANAES 2003. http://www.anaes.fr 14-20. 2. Annequin D. Céphalées de tension, migraines : 11. Cuvellier JC, Lepine A et al. Les syndromes d’été peuvent être une occasion pour les bonnes questions, l’abord diagnostique périodiques de l’enfance. Revue neurolo tenter une dégression et un arrêt. et thérapeutique. Arch Pediatr, 2011 ; 18 : gique, 2010 ; 166 : 574-583. 197-198. 12. Christophe C, Damry N, Guissard G et al. 3. Cuvellier JC, Carvalho S, Mars A et al. Study Céphalées chez l’enfant : quand et quelle ima- [ Conclusion on management of pediatric migraine by gerie ? Arch Pediatr, 2004 ; 11 : 1 389-1 397. general practitioners in northern France. J 13. Medina LS, Kuntz KM, Pomeroy S et al. Chil- Headache Pain, 2009 ; 10 : 167-175. dren with headache suspected of having a En somme, il n’y pas de réelles nouveau- 4. Bille B. A 40-year follow-up of school chil- brain tumor : a cost-effectiveness analysis of dren with migraine. Cephalalgia, 1997 ; 17 : diagnostic strategies. Pediatrics, 2001 ; 108 : tés concernant les migraines de l’enfant. 255-263. 488-491. Les critères diagnostiques ont été réali- 5. Kienbacher C, Wöber C, Zesch HE et al. Clini- 14. Manzoni GC, Torelli P. International Hea- sés par l’International Headache Society cal features, classification and prognosis of dache Society classification : new proposals 33
réalités pédiatriques # 169_Avril 2012_Cahier 1 about chronic headache. Neurol Sci, 2003 ; 20. Morin L, Smail A, Mercier JC et al. Clinical 27. Loder E. Triptan therapy in migraine. N Engl 24 Suppl. 2 : S86-89. reasoning : a child with pulsatile headache J Med, 2010 ; 363 : 63-70. 15. Sanin LC, Mathew NT, Bellmeyer LR et al. and vomiting. Neurology, 2009 ; 72 : e69-71. 28. Ramadan NM. The link between glutamate The International Headache Society (IHS) 21. Cuvellier JC, Joriot S, Auvin S et al. Traitement and migraine. CNS Spectr, 2003 ; 8 : 446-449. headache classification as applied to a head médicamenteux de l’accès migraineux chez 29. Eiland LS, Hunt MO et al. The use of trip- ache clinic population. Cephalalgia, 1994 ; l’enfant. Arch Pediatr, 2005 ; 12 : 316-325. tans for pediatric migraines. Paediatr Drugs, 14 : 443-446. 22. Agence française de sécurité sanitaire des 2010 ; 12 : 379-89. 16. Schor NF. Brain imaging and prophylactic produits de santé (AFSSAPS). Prise en 30. Lewis DW. Pediatric migraine. Neurol Clin, therapy in children with migraine : recom- charge médicamenteuse de la douleur aiguë 2009 ; 27 : 481-501. mendations versus reality. J Pediatr, 2003 ; et chronique chez l’enfant – Recommanda- 31. Lewis DW, Winner P, Hershey AD et al. Efficacy 143 : 776-779. tions de bonne pratique. Juillet 2009. http:// of zolmitriptan nasal spray in adolescent 17. Medina LS, D’Souza B, Vasconcellos E et al. www.afssaps.fr migraine. Pediatrics, 2007 ; 120 : 390-396. Adults and children with headache : evi- 23. Humphrey PP, Feniuk W. Mode of action of 32. Winner P, Linder SL, Lipton RB et al. Eletrip- dence-based diagnostic evaluation. Neuro the anti-migraine drug sumatriptan. Trends tan for the acute treatment of migraine in imaging Clin N Am, 2003 ; 13 : 225-235. Pharmacol Sci, 1991 ; 12 : 444-446. adolescents : results of a double-blind, pla- 18. Caraballo R, Koutroumanidis M, Panayioto- 24. Humphrey PP, Feniuk W, Marriott AS et al. cebo-controlled trial. Headache, 2007 ; 47 : poulos CP et al. Idiopathic childhood occipi- Preclinical studies on the anti-migraine drug, 511-518. tal epilepsy of Gastaut : a review and differen- sumatriptan. Eur Neurol, 1991 ; 31 : 282-290. tiation from migraine and other epilepsies. J 25. Bigal ME, Krymchantowski AV, Ho T. Migraine Child Neurol, 2009 ; 24 : 1 536-1 542. in the triptan era : progresses achieved, les- 19. Michael M, Tsatsou K, Ferrie CD et al. sons learned and future developments. Arq Panayiotopoulos syndrome : an important Neuropsiquiatr, 2009 ; 67 : 559-569. childhood autonomic epilepsy to be differen- 26. Durham PL. Calcitonin gene-related peptide tiated from occipital epilepsy and acute non- (CGRP) and migraine. Headache, 2006 ; 46 L’auteur a déclaré ne pas avoir de conflits d’intérêts epileptic disorders. Brain Dev, 2010 ; 32 : 4-9. Suppl. 1 : S3-8. concernant les données publiées dans cet article. 34
Vous pouvez aussi lire