LE POINT SECTO - MAI 2021 - Rotation sectorielle, où en sommes-nous ? - Eurocorporate AM

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LE POINT SECTO – MAI 2021
                                Rotation sectorielle, où en sommes-nous ?

Après avoir vécu de longs mois difficiles, les économies développées semblent désormais prêtes à aller de l’avant
en suivant de manière stricte un calendrier de sortie de crise. Si certains secteurs ont d’ores et déjà retrouvé des
niveaux d’activité similaires à l’avant crise, d’autres vont pouvoir reprendre un rythme progressif. État des lieux de
nos différents secteurs d’activité à l’aube d’un nouveau cycle économique.

Automobile :

Le secteur de l’automobile se trouve actuellement dans une phase de transition technologique importante. Si
l’ensemble des constructeurs automobiles semblent avoir trouvé un consensus sur le besoin de produire des
véhicules plus propres, il est encore difficile de vendre l’électrique comme la solution tant attendue. Certaines voix
s’élèvent de plus en plus pour protester contre l’origine de cette électricité, qui peut provenir de l’énergie fossile ou
de l’énergie nucléaire avec toutes les problématiques environnementales qui y sont liées. L’autre sujet qui attise la
méfiance résulte de l’extraction des matières nécessaires aux fonctionnements des véhicules électriques (aluminium,
cuivre, nickel, lithium, cobalt etc.) qui polluent énormément au moment de l’extraction et dont le recyclage n’est
pour le moment pas optimisé. Sans même parler de la forte demande pour ces matériaux ayant engendré une
hausse considérable des cours mais également une extrême rareté (semiconducteurs), beaucoup de questions se
posent donc sur une technologie déjà bel et bien présente sur le marché de l’automobile. De part ces
problématiques, l’électrique ne semble finalement pas répondre positivement à tous les critères recherchés par les
constructeurs et par les utilisateurs. Serons-nous capables dans les prochaines années de produire de l’électricité
proprement, d’extraire de manière respectueuse les matières premières nécessaires et enfin de recycler ces
matériaux afin d’en limiter l’extraction à long terme ?

D’autres technologies de substitution voient le jour. C’est notamment le cas de l’hydrogène où certains acteurs du
secteur (Stellantis, Renault, Plastic Omnium, Faurecia, Michelin) investissent depuis quelques années dans ce qu’ils
estiment être le futur de l’industrie. Mais qu’en est-il de l’énergie thermique ? Le lobbying exercé par les acteurs du
secteur pétrolier semble fonctionner avec des cours désormais bien plus haut que début 2020. L’industrie pétrolière
reste toujours très forte avec la volonté des acteurs de se diversifier vers des solutions vertes tout en conservant
l’essentiel de l’activité sur le pétrole. De par la création de véhicules hybrides, les constructeurs automobiles
contribuent grandement à une transition en douceur du secteur parapétrolier engendrant un ralentissement du
développement technologique dans l’automobile.

Enfin, nous l’avons constaté, la demande des ménages a fortement reculé durant les derniers trimestres, reflet d’un
report des achats mais synonyme d’une épargne abondante. Celle-ci devrait tirer la demande et les ventes de
véhicules neufs durant les prochaines semaines même si l’incertitude des consommateurs autour du type de
motorisation pourraient les conduire à court terme vers le marché de l’occasion.

Santé/pharma :

Le secteur de la santé a probablement été le plus médiatisé durant l’année précédente avec l’apparition de la
pandémie de la Covid-19. En termes de structure, nous nous sommes rendu compte des besoins financiers et
matériels nécessaires aux hôpitaux publics où les conditions d’exercice de l’activité sont de plus en plus difficiles.
Les différentes mesures de réduction des coûts ont fragilisé tout le système hospitalier que ce soit au niveau du
personnel mais également au niveau du matériel qui fait preuve d’une certaine vétusté. De plus, cela ne fait
qu’agrandir l’écart entre les hôpitaux publics et les cliniques privées qui semblent avoir de belles années devant
elles si la situation continue de se dégrader. Les promesses émises en faveur de l’hôpital public (financements, non-
fermetures de certains centres hospitaliers etc.) ne sont pas matérialisées par des actes concrets, nous laissant

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inquiets pour les investissements matériels à venir même si ce sujet devrait rapidement alimenter le débat pour les
élections présidentielles à venir.

Du côté du secteur pharmaceutique, la crise de la Covid-19 aura permis de réaliser un véritable tour de force avec
la course au vaccin et la commercialisation d’une nouvelle technologie qu’est l’ARN messager. Ce progrès technique
majeur devrait accélérer le processus de nombreux autres traitements ce qui permet d’anticiper un nombre
important de produits devant arriver en phase 3 dans les mois à venir.

La levée des brevets de vaccins contre la Covid-19 est actuellement en pleine négociation au niveau mondial.
Théoriquement, celle-ci devrait permettre d’accélérer la lutte contre la pandémie puisque la production actuelle de
vaccin ne répond pas aux attentes des différents gouvernements. Néanmoins, au vu des capacités technologiques
et des compétences nécessaires à la fabrication de vaccin à ARN messager, la levée des brevets ne permettrait donc
pas dans l’immédiat d’augmenter la production de vaccins puisque la destruction du monopole d’exploitation
n’engendre pas l’acquisition de la technologie. Cette volonté de lever les brevets ressemble donc à une solution
miracle qui, finalement, se révèle être un mirage délocalisant la véritable problématique actuelle, à savoir les
capacités de production.

Grande distribution :

Le secteur de la grande distribution a dû faire face à un véritable enjeu durant la crise de la Covid-19, celui d’assurer
la sécurité des employés, des clients mais surtout d’assurer l’offre en gérant de manière efficace leur circuit
d’approvisionnement malgré les différentes mesures de restrictions de déplacements. Le contrat a été rempli par
les différentes enseignes de la grande distribution qui ont continué à assurer une offre diversifiée et variée en plein
cœur de crise même si certains comportements d’achat excessif ont entrainé des ruptures de stock sur les produits
de consommation courante.

Le contexte sanitaire a poussé les acteurs de la grande distribution à mettre de côté le développement des
expériences clients en magasin, pourtant devenu un facteur clé de succès dans l’industrie. Désormais, les enseignes
sont choisies pour leur positionnement prix mais également pour leur offre de produits respectant les attentes
environnementales des clients (produits sains, bio et local). De plus, l’année 2020 a favorisé l’essor du e-commerce
alimentaire (en hausse de 60 % en Europe) qui devient un enjeu fondamental dans le secteur. Les géants du secteur
doivent désormais proposer une expérience unique au consommateur à commencer par l’appareil le plus utilisé par
l’Homme, à savoir le smartphone. L’expérience client est primordiale pour ce canal, en particulier lors du « dernier
kilomètre » puisque bon nombre de personnes remplissent un panier avant qu’il ne tombe dans l’oubli. Dès lors,
toute la confiance accumulée lors des premières étapes du parcours peut être oubliée en un instant. La livraison à
domicile, la gratuité et la flexibilité dans la gestion des retours deviennent des facteurs différenciateurs importants.

Les habitudes prises par les consommateurs devraient donc perdurer une fois la crise passée. Pour ce faire, les
grandes enseignes françaises s’allient avec les mastodontes de la livraison que sont Uber Eats ou encore Deliveroo,
à l’image de Carrefour ou encore du Groupe Casino. Ces partenariats ne sont cependant pas sans risque en termes
d’image puisque les enseignes perdent la maîtrise de leur marketing d’autant plus que ces plateformes ne
bénéficient pas forcément d’une image très positive de la part des consommateurs qui souhaitent de plus en plus
de proximité. Une chose est sûre, la Covid-19 aura pousser les acteurs du secteur à s’adapter plus rapidement aux
besoins du consommateur actuel.

Transport :

Les métiers du transport ont été fortement sollicités durant la crise de la Covid-19 avec pour objectif principal de
maintenir un niveau d’approvisionnement suffisant pour satisfaire les besoins de la population. Dans l’ensemble, le
secteur s’est fortement mobilisé pour garantir une offre satisfaisante malgré un recul de la production mondiale. Plus
récemment, le blocage du canal de Suez par le porte-conteneurs d’Evergreen durant 6 jours, a montré toute
l’importance du secteur pour l’économie mondiale. Assuré à 90 % par voie maritime, le commerce mondial a
fortement été impacté par cet évènement qui continue d’avoir un impact non négligeable puisque des
embouteillages dans les ports, des escales sautées, des retards de livraison ou encore des pénuries de conteneurs

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sont encore à prévoir dans les prochains jours. Néanmoins, les acteurs du secteur se portent plutôt bien grâce à une
hausse des taux de fret maritime depuis un an et qui ont connu une nouvelle croissance suite à l’épisode du canal
de Suez. Selon Drewry, le coût d’un conteneur entre Hong-Kong et Los Angeles serait passé de 1 488 $ au 1er mai
2020 à 6 549 $ à l’heure actuelle, soit un coût multiplié par 4,4 en un an. Cette envolée des prix provient d’une
désorganisation expliquée par le déséquilibre entre l’offre et la demande, avec une forte demande des ménages
occidentaux sur Internet. Celle-ci ne devrait pas être freinée cette année malgré une consommation de services
(restaurant, cinéma, voyages) qui devrait reprendre prochainement. Face à des difficultés ces dernières années, les
acteurs du secteur sont désormais moins nombreux après une phase importante de consolidation du marché. Dès
lors, les armateurs ont vu leurs bénéfices afficher des niveaux records en 2020 à l’image d’Hapag-Lloyd qui a affiché
un résultat net supérieur à 1 milliard d’euro et dont les estimations sont au vert pour 2021.

L’aspect écologique est également un enjeu primordial du secteur où le fret maritime souffre d’une mauvaise image.
Pour pallier ce problème, le secteur tente de se muter en développant le fret ferroviaire, à l’image de la France qui
a prévu une enveloppe de 4,7 milliards d’euros pour la relance des échanges de marchandises par voie ferrée. En
France, le rail transportait encore 30 % des marchandises en 1984, contre seulement 9 % en 2019. Si le ferroviaire
montre des perspectives intéressantes pour responsabiliser le secteur, il est généralement utilisé pour le transport
de produits dangereux. Enfin, logistiquement parlant, les opérateurs ferroviaires doivent réserver leurs horaires de
circulation plusieurs mois à l’avance et ne sont pas prioritaires face aux transports de personnes physiques. Même
si une prise de conscience semble avoir lieu, le fret maritime semble avoir de beaux jours devant lui. Sur le secteur,
la transition énergétique devrait s’orienter vers le verdissement des porte-conteneurs plutôt que vers le
développement du fret ferroviaire.

Tourisme :

Probablement le secteur le plus touché par la crise que nous traversons actuellement, les acteurs du tourisme se
retrouvent désormais très fragilisés par le manque d’activité depuis l’an dernier. D’autant plus que l’année 2021 ne
commence pas de la meilleure des façons avec énormément de contraintes de déplacements encore en vigueur.
Seule la Chine retrouve un trafic aérien similaire à 2019 concernant les vols internes, alors que les États-Unis se
trouvent à 65 % et l’Europe à 35 %.

Pour sauver cette industrie en péril, la plupart des compagnies aériennes ont eu recours à l’action des
gouvernements ce qui a permis de limiter le nombre de faillites au sein du secteur. Près de 200 milliards de dollars
ont été distribués essentiellement sous forme de prêt au niveau mondial. Le gouvernement français a quant à lui
décidé de recapitaliser Air France en deux étapes : 7 milliards d’euros en 2020 et 4 milliards en avril 2021. Certaines
compagnies ont mieux résisté que les autres, notamment les compagnies low-costs qui sont entrées dans la crise
avec une meilleure santé financière (rentabilité plus élevée et trésorerie conséquente). De plus, la reprise
progressive du trafic aérien devrait avantager dans un premier temps les compagnies low-costs. Elles bénéficient
d’un positionnement prix attractif et sont très bien placées sur les courts et moyens courriers que les vacanciers vont
devoir privilégier pour la période estivale.

Malgré cette crise sans précédent pour le secteur aérien, le nombre de créations de compagnies aériennes n’a
jamais été aussi important qu’aujourd’hui. Les coûts d’entrée sur ce marché ont fortement baissé à l’image de
certaines compagnies pouvant bénéficier de rabais importants sur la location d’avions, ces derniers étant cloués au
sol par les grandes compagnies. Dans le même temps, ces nouveaux acteurs bénéficient d’un déséquilibre sur le
marché de l’emploi puisqu’un nombre important d’employés ont été licenciés des principaux groupes du secteur.
La théorie schumpetérienne prend ici tout son sens.

Au-delà du secteur aérien, l’hôtellerie-restauration reste un secteur très impacté par les événements récents avec
des taux d’occupation moyen de 32 % en France durant l’année 2020. Les acteurs doivent désormais penser à la
transformation de leur modèle, de leur positionnement mais également de leur structure financière. Pour se
préparer à la reprise de l’activité, le secteur est désormais très actif sur le domaine de l’emploi, signe précurseur
d’une sortie de crise à venir. Néanmoins, les séquelles sont visibles et la reprise s’annonce lente. Les professionnels
du secteur s’attendent désormais à une réduction de chiffre d’affaires de plus de 50 % pour 2021. Dès lors, le
maintien des dispositifs d’aide est jugé essentiel, au risque de voir apparaître une nouvelle vague de faillites.

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Dans l’hôtellerie, la consolidation semble inévitable tant la reprise risque d’être limitée. La reprise de la fréquentation
sur certains segments comme l’hôtellerie d’affaires va être très poussive et ne devrait pas permettre un retour à la
normale avant 2023/2024. Si le secteur peut enfin souffler, son avenir lui semble encore bien morose.

Secteur financier :

Du côté des banques commerciales, la rentabilité des réseaux d’agences bancaires reste fortement sous pression.
Le produit net bancaire de l’ensemble des réseaux français de détail a reculé de 1,2 % par an depuis 2015 alors que
dans le même temps le total des actifs progressait de 6,5 % par an. Le business model des banques reste donc très
tancé avec des volumes de crédit en hausse mais des marges d’intérêt qui restent très faibles. Le coefficient
d’exploitation des banques, qui rapporte les charges aux revenus, tend à se dégrader d’année en année, passant
de 65 % il y a 10 ans à 70 % aujourd’hui.

Cela engendre depuis quelques mois, une révision des effectifs au sein des banques. Au sein des 12 plus grandes
banques mondiales, les effectifs ont été réduits de presque 13 % entre 2015 et 2020 et le phénomène s’est accéléré
récemment.

Le marché mondial des fusions-acquisitions poursuit sa forte progression depuis le début de l’année 2021 et
prolonge la tendance affichée sur les derniers mois de l’année 2020. Après l’effondrement de l’activité constaté au
début de la pandémie, les données montrent l’ampleur du regain d’activité initié au fin 2020. Le volume des
transactions est ainsi passé en hausse de 21 % au T1 2021 par rapport à l’année dernière, soit 206 opérations
réalisées contre 170 l’an passé. Cette hausse provient essentiellement de la région nord-américaine où les volumes
ont augmenté de 33 % et fait du T1 2021 le deuxième plus performant jamais enregistré.

Conclusion :

La crise traversée en 2020 aura été un véritable défi pour les différents secteurs de l’économie : activité réduite,
gestion du personnel, structure de coûts, gestion de la trésorerie, mutation des besoins du consommateur etc. Les
enjeux restent donc de taille, les entreprises doivent repenser leur business sur de nouvelles bases, celles d’une
situation financière fragile accompagnée de défis environnementaux et technologiques majeurs.

En termes d’allocation sectorielle, les cartes sont donc complétement redistribuées en 2021. Si la rotation sectorielle
reste un élément clé pour les choix d’investissement, la sélectivité au sein des secteurs est désormais essentielle
notamment au vu des valorisations actuelles. Cette sélectivité repose bien entendu sur des critères financiers tels
que les différents ratios d’endettement et sur la capacité future de l’entreprise à générer des flux de trésorerie.
Néanmoins, ces critères doivent s’accompagner d’une sélection liée aux aspects extra-financiers tant la gouvernance
et la gestion des critères sociaux et environnementaux seront décisifs pour assurer la pérennité des entreprises dans
les années à venir.

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