Produit en france - milano 2015 le pavillon france - Ministère de l'Agriculture
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Projet1_Mise en page 1 10/02/2015 12:14 Page1 MAGAZINE DU MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE, DE L’AGROALIMENTAIRE ET DE LA FORÊT 6 € – NUMÉRO 1561 – JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 produit en france milano 2015 le pavillon france
Projet1_Mise en page 1 10/02/2015 12:14 Page1 Le ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt s’engage dans la lutte contre le gaspillage alimentaire
1561 03-05 sommaire.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:35 Page1 Sommaire interview stéphane le foll PAGE 6 Préparer l’agriculture de demain 14 infographie Les contributions possibles de l’agriculture et de la forêt à la lutte contre le changement climatique Dossier PAGE 16 Produit en France P.42 P.18 18 Bocage vendéen P.36 L’agro-écologie, une passion qui se transmet 32 agroaliMentaire 19 circuits courts Les madeleines Bijou, Les Basques jouent collectif la modernité d’une tradition P.50 36 anne-sophie pic 24 les signes de la qualité et de l’origine « J’aime aller à la rencontre 42 exposition universelle de Milan L’INAO fête ses 80 ans des producteurs locaux » 26 Bière artisanale 39 ria gloBes le pavillon france Jean-Baptiste Leclercq, Les Français champions 44 alain Berger, coMMissaire général profession brasseur à l’export « Comment la France va relever le défi de Milan » 28 restauration collective 40 infographie Manger bio et local La sécurité sanitaire 50 industrie du Bois en Île-de-France des aliments Un pavillon en sapin franc-comtois JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 1561 ●3
1561 03-05 sommaire.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:35 Page2 Magazine Portfolio 54 Machines agricoles Des ovnis numéro 1561 terrestres Direction de la publication Laurence Lasserre Rédaction en chef Marielle Roux Rédaction en chef adjointe L’invitée Alice Billouet Direction artistique 62 & maquette Babette de Rozières Jean-Charles Federico Secrétariat de rédaction « J’ai la culture Isabelle Puzelat des épices » Rédaction Marie Bel, Alain Clergerie, Guillaume Lorre, Marie Raymond Photographies Xavier Remongin, Cheick Saidou, Secrets de fabrication Pascal Xicluna 64 Photothèque Tiphaine Rault Apiculture Publicité Le miel Xavier Herry Photogravure et impression du ministère IME by estimprim de l’agriculture Z.A. Cray – 25110 Autechaux Alim’agri/bimagri est une publication du ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire Tendances et de la Forêt 78 rue de Varenne 75349 Paris 07 SP 66 Tél. : 01 49 55 44 93 Miimosa Fax : 01 49 55 83 56 alimagri@agriculture.gouv.fr L’agriculture ISSN 0152-3295 à l’heure du crowdfunding Coups de cœur 68 twitter.com/Min_Agriculture Gourmet bag facebook.com/Alimagri Hôpital du Mans w agriculture.gouv.fr alimentation.gouv.fr Solévidence Tous à table Culture(s) 70 Frères de terroirs Des territoires à penser Mon histoire de cuisine Permaculture, guérir la terre, nourrir les hommes Recettes solidaires, Bocuse d'Or Winners « Épluchez-moi » 4● 1561 JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015
1561 03-05 sommaire.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:35 Page3 LE CRÉDIT MUTUEL, PARTENAIRE DES AGRICULTEURS Fidèle à ses valeurs de solidarité et de proximité, le Crédit Mutuel place ses clients au coeur de ses préoccupations et de ses actions. Financements souples, avances de trésorerie, gestion d’épargne, assurance : le Crédit Mutuel s’engage à vos côtés. CNCM – 88/90 rue Cardinet – 75017 Paris. * Crédit Mutuel : banque de l’année 2014 en France selon le magazine international “the Banker” décembre 2014.
1561 06-15 SLF2.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:34 Page6 Interview 2015 : an 1 de l’agro-écologie préparer l’agriculture de demain Stéphane Le Foll est ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt depuis mai 2012. Il est aussi porte-parole du Gouvernement. À l'occasion du Salon de l'agriculture et de l'Exposition universelle de Milan, il revient sur les grands chantiers de l’année. 6● 1561 JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015
1561 06-15 SLF2.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:34 Page7 ©Xavier Remongin/Min.agri.fr Stéphane Le Foll avec des élèves du lycée agricole Le Paraclet, à Cottenchy, dans la Somme, lors de la rentrée scolaire. JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 1561 ●7
1561 06-15 SLF2.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:34 Page8 Stéphane Le Foll au lycée Interview de La Germinière, à Rouillon, dans la Sarthe, pour l'inauguration de la restructuration des ateliers de l'exploitation agricole, en décembre 2014. LA LOI D’AVENIR A PERMIS LA MISE EN ŒUVRE CONCRÈTE DE L’AGRO- ÉCOLOGIE DANS L’OBJECTIF D’UNE ©Cheick.Saidou/Min.agri.fr PERFORMANCE À LA FOIS ÉCONOMIQUE, ENVIRONNEMENTALE ET SOCIALE DE NOS EXPLOITATIONS AGRICOLES. LE TRAVAIL EST-IL TERMINÉ ? Non, nous avons, si je devais prendre une métaphore agricole, préparé le sol et commencé à semer ! Une grande partie du travail a été faite pour mettre en place des outils qui permettront, demain, de faire QUELS OBJECTIFS évoluer nos modèles agricoles. Aujourd’hui, nous SOUHAITEZ-VOUS ATTEINDRE ? avons une politique agricole commune (PAC) réfor- mée, plus juste et plus verte, avec un cadre budgé- Le premier objectif qui n’est pas quantifiable et que taire qui donne une visibilité et une stabilité ; elle je me suis fixé depuis le début, c’est de convaincre entre en application en 2015. Nous disposons aussi que l’agro-écologie n’est pas une pratique agricole de d’une loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et « niche » mais bien une formidable opportunité de la forêt depuis le 13 octobre dernier. Elle nous dote à « produire autrement » et de faire de l’environne- partir de 2015 de tous les outils nationaux nécessaires ment un facteur de la compétitivité de nos exploita- au développement de l’agro-écologie. Les groupe- tions. J’ai néanmoins fixé le cap de voir la moitié des ments d'intérêt économique et environnemental exploitations engagées dans l’agro-écologie en 2025. (GIEE) seront ainsi une réalité sur nos territoires d’ici Je sais aujourd’hui que c’est atteignable grâce à la fin mars, avec des mécanismes d’aides qui encoura- mobilisation de tous les acteurs (agriculteurs, cham- geront le changement de pratiques pour atteindre la bres d’agriculture, coopératives, instituts techniques, performance économique, environnementale et so- lycées agricoles) qui ont fait de l’agro-écologie leur ciale. Nous avons donc fait un formidable chemin. priorité. Une étude récente réalisée par BVA montre Nous n’en sommes plus à nous féliciter des résultats également que dès aujourd’hui près de 50 % des de ceux qui étaient les « pionniers » de l’agro-écolo- agriculteurs sont déjà engagés dans des pratiques re- gie, nous sommes en train de construire les voies levant de l’agro-écologie (voir encadré p.9). d’une généralisation de ces pratiques et de préparer son déploiement et son appropriation par chacun. Je QUE DEVIENT LE PLAN ÉCOPHYTO ? veux redire ici le rôle de la formation qui est essen- tiel. Et là aussi, les fondements sont posés avec, de- Ce plan, engagé en 2008 après le Grenelle de l’envi- puis la rentrée, des jeunes qui sont formés à ronnement, connaît aujourd’hui un bilan contrasté : l'agro-écologie. C’est pour toutes ces si l’utilisation de produits phytosanitaires ne s’est pas raisons que j’ai fait de l’année 2015 réduite comme prévu, le plan a néanmoins permis la l’an 1 de l’agro-écologie car c’est l’an 1 mise en place d’un réseau de fermes pilotes (dit ré- de sa généralisation. L’agro-écologie n’est pas une pratique agricole de « niche » mais bien une formidable opportunité de « produire autrement » 8● 1561 JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015
1561 06-15 SLF2.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:34 Page9 Les GIEE* Les agricuLteurs seront une réalité ouverts sur nos territoires à L'agro-écoLogie d’ici fin mars Une étude BVA réalisée en janvier 2015 pour le ministère de l'Agriculture auprès de 655 agriculteurs* établit qu'un agri- culteur sur deux déclare avoir entendu parler de l’agro-écologie. * Groupements d'intérêt 93 % des agriculteurs déclarent mettre économique et environnemental en place au moins une démarche consti- tuant un premier pas vers l'agro-écologie. Limiter les intrants (76 %), améliorer la qualité des sols et limiter l’érosion (71 %) sont les démarches les plus citées seau Dephy) dont les résultats sont encourageants. comme mises en application. En effet, on constate qu’elles ont réussi à réduire leur Deux agriculteurs sur trois ont recours à recours aux produits phytosanitaires tout en conser- des échanges d’expériences et /ou des vant de très bons rendements. Par exemple, le nom- démarches collectives pour mettre en bre de traitements moyen depuis l’entrée des fermes place ces pratiques. dans le réseau a diminué en 2013 de 12 % pour les 45 % des agriculteurs qui ont entendu grandes cultures et la polyculture-élevage et de 11 % parler de l’agro–écologie se disent inté- pour l’arboriculture. C’est donc possible ! ressés par cette démarche. Parmi eux, Nous avons décidé avec le Premier ministre de don- 45 % ont le sentiment d’être déjà enga- ner une nouvelle impulsion à ce plan, sur la base du gés dans ce type de démarche. 13 % en- rapport du député Dominique Potier, en fixant un ob- visagent de le faire dans les 5 prochaines jectif ambitieux de -25 % en 2020 et -50 % en 2025. années. Les moins de 35 ans sont deux Parmi les priorités pour 2015-2020 figurent : l’ac- fois plus nombreux à avoir cette inten- croissement du nombre de fermes pilotes pour capi- tion. taliser sur l’expérience et favoriser la diffusion des * Constituant un échantillon représentatif des bonnes pratiques, le soutien aux alternatives aux 311 106 agriculteurs professionnels français. phytos notamment par l’agroéquipement de pointe ou les techniques de biocontrôle. Mais nous devons aussi mobiliser les distributeurs de produits phytosanitaires pour accélérer le change- ment de pratiques, par la création d’un certificat d’économie de produits phytosanitaires à l’instar du certificat d’économie d’énergie. Au-delà de l’objectif de réduction quantitatif, le nou- veau plan doit aussi permettre de réduire qualitati- ©Xavier Remongin/Min.agri.fr vement l’impact de ces produits sur la santé des utilisateurs, sur l’environnement mais aussi plus glo- balement sur les résidus qui pourraient se retrouver dans l’alimentation. Ces objectifs de réduction sont donc une nécessité pour les agriculteurs autant qu’une demande de la société qui nous attend sur ces questions. JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 1561 ●9
1561 06-15 SLF2.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:34 Page10 Interview Rentrée scolaire au lycée agricole Le Paraclet ©Xavier Remongin/Min.agri.fr ©Pascal Xicluna/Min.agri.fr JUSTEMENT, SUR L’ALIMENTATION QUELLES SONT VOS AUTRES PRIORITÉS ? viandes de France, Fleurs de France Il ne faut jamais oublier que la finalité première de Le ministère de l'Agriculture a soutenu en notre agriculture est avant tout de nourrir les 2014 plusieurs initiatives des filières visant à hommes. J'ai décidé de rénover la politique publique valoriser la production d'origine française. de l’alimentation au travers d’un second programme Avec la signature Viandes de France, les national pour l’alimentation. Dans ce domaine professionnels des filières françaises d’élevage comme dans d’autres, il faut se fixer des priorités, garantissent aux consommateurs une viande s’y tenir et tout mettre en œuvre pour avoir des issue d’animaux nés, élevés et abattus en résultats. France, puis transformée sur le territoire J’ai souhaité que la politique de l'alimentation se national. La démarche Viandes de France concentre autour de quatre axes structurants : la concrétise l’engagement des acteurs des justice sociale, l’éducation alimentaire de la jeu- filières viande pour une alimentation de nesse, la lutte contre le gaspillage alimentaire et le confiance, basée sur la certitude de l’origine, le renforcement de l’ancrage territorial des actions me- nées. Nous avons de formidables produits et des fi- goût du travail bien fait et l’assurance de lières de grande qualité. C’est pourquoi j’attache bonnes pratiques, depuis la fourche de beaucoup de prix à ce que nous puissions encoura- l’éleveur jusqu'à la fourchette des ger un approvisionnement local et de qualité dans la consommateurs. La signature Viandes de restauration collective. Je suis en tant que ministre de France est facilement reconnaissable à sa l’Agriculture très fier de cette richesse et je me bat- forme qui rappelle la silhouette de la France, trai toujours pour que nos produits soient valorisés aux couleurs bleu, blanc, rouge. au mieux. J’ai notamment demandé à ce que soit Autre nouveauté, le logo Fleurs de France édité un guide à destination des élus locaux et des dévoilé le 8 octobre dernier permettra aux professionnels pour favoriser une restauration consommateurs d’identifier les végétaux collective de proximité et de qualité, respectueuse d’ornements produits sur le territoire national. des obligations légales. Il a été diffusé fin novembre. 10 ● 1561 JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015
1561 06-15 SLF2.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:34 Page11 Le « produit en France » c’est à la fois une fierté pour taire, auquel les sociétés modernes doivent s’atta- nos agriculteurs et une garantie pour les consom- quer en priorité si elles veulent réduire la faim dans mateurs de produits de qualité, avec un niveau de le monde et préserver toutes nos ressources natu- performance environnementale, sanitaire et sociale relles, à commencer par l’eau et la qualité des sols. que l’on nous envie à l’étranger ! Ce pavillon construit en bois de Franche-Comté offre le plus beau des écrins à la présence de la France. Il LA FRANCE PARTICIPERA À L’EXPOSITION sera aussi une formidable vitrine pour la filière bois UNIVERSELLE DE MILAN, QUELLES française. RETOMBEES EN ATTENDEZ-VOUS ? Je veux aussi ajouter que l’acte de produire ne peut s’envisager sans un impératif de protection de notre Après Shanghaï en 2010 en effet, la France aura son planète qui est notre bien commun et pour ce faire, pavillon à l’Exposition universelle de Milan où 25 mil- l’agro-écologie est une des réponses. Ce pavillon pré- lions de visiteurs sont attendus à partir du 1er mai. Le figure à ce titre ce qui devra être le rayonnement et thème retenu pour cette exposition est « Nourrir la l’autorité de la France lors de la Conférence interna- planète, énergie pour la vie ». Pays de culture et de tionale sur le climat (Paris 2015 / COP 21) qui se tien- gastronomie, la France a toute sa place dans ce qui dra à Paris à la fin de cette année. On peut toujours doit être la vitrine de ce que nous pouvons offrir de penser que ce qui compte avant tout c’est la renta- meilleur au monde : c’est la diversité, la convivialité bilité de nos systèmes de production auxquels il fau- chère à Rabelais, l’éducation au goût dès le plus drait tout sacrifier. Mais c’est une idée fausse contre jeune âge. Cela nous ramène aussi à notre responsa- laquelle nous devons résolument nous battre : si on bilité de permettre aux plus démunis, quel que soit ne préserve pas les ressources naturelles sur les- l’endroit où ils vivent sur la planète, d’avoir accès à quelles la production agricole s’appuie, alors il n’y une alimentation en quantité et en qualité suffisante. aura plus de production agricole ! Lutter contre le ré- Des solidarités doivent s’exercer. Quand la France chauffement climatique, c’est avant tout sauver et dispense son savoir, elle pense aux millions de protéger notre modèle agricole, car ces changements femmes et d’hommes qui souffrent encore de la faim, parfois brutaux n’épargneront pas notre agriculture et et participe au développement durable. C’est aussi nous devons nous y préparer. une manière de lutter contre le gaspillage alimen- Le « produit en France » c’est à la fois une fierté pour nos agriculteurs et une garantie pour les consommateurs de produits de qualité Le Pavillon France à l’Exposition universelle de Milan du 1er mai au 31 octobre 2015. JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 1561 ● 11
1561 06-15 SLF2.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:34 Page12 version du plan Écophyto à l’occasion du comité national d’orientation et de suivi du 30 janvier 2015. Des inflexions importantes doivent être apportées parmi lesquelles l’amplification de la diffusion et du transfert des bonnes pratiques constatées au sein du réseau de fermes pilotes Le nouveau plan Dephy et des exploitations d'action écophyto pionnières en agro-écologie qui ont su conserver de bons À la suite de la remise au rendements tout en baissant Premier ministre du rapport le recours aux pesticides. du député Dominique Potier le Faire évoluer les pratiques, ©Pascal Xicluna/Min.agri.fr 23 décembre dernier, c'est aussi développer le Stéphane Le Foll a proposé les biocontrôle et renforcer la grands axes de la nouvelle place des agroéquipements L’enseignement attentats qui ont visé le cœur des agricole valeurs républicaines, Najat Vallaud-Belkacem a en effet se mobilise présenté onze mesures clefs de la pour les valeurs grande mobilisation de l’École pour de la République les valeurs de la République. Dès le 12 janvier, Stéphane Le Foll a aussi Le 23 janvier, Stéphane Le Foll a mobilisé la communauté éducative de accueilli le Premier ministre Manuel l’enseignement agricole, deuxième réseau Valls et la ministre de l’Éducation nationale éducatif français. Il a annoncé la création d’un Najat Vallaud-Belkacem au lycée agricole de forum de discussion et de contribution en ligne Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne). Après les pour faire vivre le débat dans les établissements : laïcité et transmission des valeurs républicaines, citoyenneté et culture de l’engagement, lutte contre les inégalités et mixité sociale, mobilisation de l’enseignement supérieur et de la recherche. Une journée nationale de restitution, d’échanges et de propositions d’actions pour l’enseignement agricole, présidée par le ministre, aura lieu ©Cheick.Saidou/Min.agri.fr en mars. Retrouvez le forum sur valeurs.educagri.fr 12 ● 1561 JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015
pour une agriculture de bénéficieront notamment précision, qui devrait aux groupements d’intérêt permettre de diminuer économique et de près de 30 % le niveau environnemental (GIEE) de pesticides en particulier créés par la loi d’avenir. en viticulture et arboriculture Enfin, au niveau européen, les (cultures qui totalisent à elles financements de la nouvelle seules environ 20 % PAC sont notamment orientés de l’utilisation totale vers des mesures agro- Participez de pesticides en France). environnementales et à la Journée Les recettes supplémentaires climatiques dont l’un internationale issues de la redevance pour des objectifs est de diminuer des forêts pollutions diffuses (décidées le recours aux produits en octobre 2014) seront phytosanitaires. L’Assemblée générale affectées prioritairement des Nations unies aux actions du nouveau plan a proclamé le 21 mars Écophyto en vue de servir à la Journée internationale diffusion des bonnes pratiques des forêts. Les agricoles. À ce titre, elles entreprises, collectivités, établissements scolaires et associations sont invités à célébrer les arbres et les forêts en organisant, du 21 au 29 mars 2015, La Conférence internationale des événements qui permettront aux Français sur le climat Paris 2015/COP 21 de découvrir ce patrimoine précieux En décembre 2015, la France va solutions. L’agro-écologie est une et inestimable. accueillir et présider la 21e des voies les plus prometteuses, Informations et inscriptions conférence des parties de la qu’il s’agisse de réduire les gaz (jusqu'au 15 mars 2015) : convention-cadre des Nations à effet de serre, de stocker ▶journee-internationale- unies sur les changements du carbone ou de développer des-forets.fr climatiques (COP21), aussi la biomasse. appelée « Paris 2015 ». Cette En préparation à la conférence, conférence est l’occasion de le ministère de l'Agriculture, le repenser nos modes de production ministère des Affaires étrangères pour mieux les adapter aux et le CENECA ont organisé le contraintes actuelles. Elle réunira 20 février un forum international 196 parties de la convention agriculture et climat. Des experts cadre des Nations unies et plus reconnus comme Jean Jouzel de 40 000 participants. du GIEC , des représentants ©Thinkstock Réduire l’impact des secteurs d’entreprises ou de la société agricoles et forestiers sur le civile sont venus défendre leur changement climatique est à point de vue devant le Président notre portée, comme l’indique la Hollande et les ministres contribution du ministère de de son gouvernement. l'Agriculture dans L’agenda des cop21.gouv.fr JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 1561 ● 13
1561 06-15 SLF2.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:34 Page14 Infographie les contributions possibles de l’agriculture et de la forêt à la lutte contre le changement climatique Le bilan des émissions en France pour p le « secteur des terres es » en millions de tonnes Eq. CO2 par an total des émissions de gaz à effet 50 émises de serre en france : 496 millions de tonnes / an total « secteur des terres » 100 75 émises absorbées et stockées l’agriculture la forêt les sols retournement artificialisation des prairies 15 + 15 des sols déstockées source : rapport du cgaaer fev 2015 14 ● 1561 JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015
1561 06-15 SLF2.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:34 Page15 4 àleviers pour réduire les gaz effet de serre à l’horizon 2030 1 2 3 4 une gestion l’évolution LA PRÉSERVATION dynamique la lutte contre des pratiques DES TERRES de la forêt le gaspillage en agriculture AGRICOLES ET L'UTILISATION et les pertes (agro-écologie) ET DES PRAIRIES CROISSANTE alimentaires DES BIOPRODUITS potentiel de réduction potentiel de réduction potentiel de réduction potentiel de réduction 12 à15 8 à10 25 à 30 8 à10 millions tonnes CO2 millions tonnes CO2 millions tonnes CO2 millions tonnes CO2 élevage Réduire de moitié : substitution Réduction Couverture des d’énergies et de des émissions fosses, torchères, l'ARTIFICIALISATION matériaux non tout au long de la méthanisation, liée à l'urbanisme renouvelables chaîne alimentaire, alimentation… et aux par des bioproduits surtout à l’aval infrastructures issus de la forêt de la production. Fertilisation et de l'agriculture Avec une réduction Précision des les pertes de (bois énergie, du gaspillage apports, azote PRAIRIES biocarburants, de 20 %. organique… PERMANENTES matériau bois et fibreux, chimie Stockage verte). du carbone dans les sols avec : Couverture des une augmentation sols, travail du sol supplémentaire simplifié, de la récolte allongement de bois des rotations… de 20 millions m3/an Un reboisement de 50!000 ha/an d’essences à forte croissance JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 1561 ● 15
1561 16-53 dossierC.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:39 Page16 16 ● 1561 JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015
1561 16-53 dossierC.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:39 Page17 Du champ à l'assiette, du producteur au consommateur, du paysan au gourmet, le « produit en France » s'expose à Milan en 2015. L'occasion de passer en revue et de promouvoir un modèle agricole et alimentaire français capable de relever les défis de l'avenir. Produire en France, c'est d'abord produire Sécurité, enfin, avec une vigilance sanitaire autrement, avec une agriculture qui s'oriente parmi les meilleures au monde, à chacun progressivement vers l'agro-écologie, per- des maillons de la chaîne alimentaire, de la mettant ainsi une triple performance éco- surveillance des végétaux à celle des ani- nomique, sociale et environnementale des maux, en passant par les chaînes d'abat- exploitations agricoles. tage et la transformation des denrées jusqu'aux réseaux de distribution. Produire en France, c'est aussi consolider et valoriser un secteur Produire en France, aujourd'hui, c'est non agroalimentaire à la fois seulement garantir la continuité du savoir- traditionnel et innovant, faire des hommes et la valorisation des ter- installé au coeur des roirs, c'est aussi proposer un modèle territoires, qui constitue durable, ancré dans l'histoire et capable de une mine pour l'emploi répondre aux enjeux de demain. et un moteur pour les exportations. Des initiatives collectives pour plus d'agro- Qualité, variété, écologie à la formation des jeunes de l'en- diversité, le modèle seignement agricole, en passant par la bière français ce sont aussi des chefs étoilés, artisanale, les madeleines du Limousin ou des terroirs, des saveurs et des produits les mirabelles de Lorraine, les cantines bio sous signe dont l'origine et les procédés de franciliennes ou le sapin franc-comtois… production ou de fabrication sont garantis Tour d'horizon de ce que la France a de mieux depuis 80 ans par le ministère de l'Agricul- à offrir. ture et l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO). JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 1561 ● 17
1561 16-53 dossierC.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:39 Page18 Dossier Produit en France Bocage vendéen L'agro-écologie, une passion qui se transmet Par Marie rayMond – Photos Xavier reMongin Toutes les parcelles du GAEC Ursule Le GAEC Ursule situé à Chatonnay en Vendée sont cultivées représente aujourd’hui un exemple réussi avec des et abouti d’agro-écologie, cela lui a valu associations de remporter le Trophée 2014 de variétés de céréales et de l’agriculture durable. d’associations prairiales. Le Groupement agricole élève une centaine de vaches laitières nourries à l’herbe en pâturage, il fa- brique également des huiles bio de colza et de tour- nesol. Il a su créer un système bien rodé et per- formant tant au niveau écologique qu’économique. Au total, le GAEC possède 270 hectares de terres. Toutes les parcelles cultivées sont constituées d’as- sociations de variétés de céréales et d’espèces prai- riales. Casquette vissée sur la tête et grand sourire, Marie Schwab, la gérante parle avec fierté de leur ex- ploitation de polyculture-élevage. « Nous récoltons une centaine d’hectares de céréales : blé meunier, pois, féverole, lupin, orge. Tout est cultivé en mé- langes, du coup, quel que soit le climat, il y a forcé- ment une espèce qui s’en sort bien », explique-t-elle. 18 ● 1561 JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015
1561 16-53 dossierC.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:39 Page19 De plus, pour préserver la biodiversité, les parcelles Circuits courts n’excèdent pas 6 hectares et sont toutes entourées de haies. « Mon père équilibre les îlots de culture pour maintenir les auxiliaires (coccinelles, ca- rabes…). Nous reproduisons ce qui se passe dans la nature mais à l’échelle d’une production agricole », s’enthousiasme Marie. Jacques Morineau, le père de Marie, explique « dès les Les Basques années 1980, nous avons adopté une démarche éco- logique », avant d’ajouter : « en 1988-1989, le climat a été très mauvais et nous nous sommes aperçus que jouent collectif les intrants n’aidaient en rien. Ce qui fait le rende- Par Marie Bel – Photos Xavier reMongin ment c’est le soleil et la pluie. Nous avons alors été tentés par le bio et nous avons commencé avec la vo- laille ». Devant le succès du poulailler de 400 m2 abri- tant des centaines de poulets bio, le GAEC Ursule décide de pousser plus loin la réflexion, jusqu’à convertir toute l’exploitation en bio dans les années 2000. Les membres du GAEC ont toujours fait partie de groupes d’agriculteurs biologiques. De plus, com- mente Jacques, « nous faisons même des formations en agriculture durable à la ferme. » À Itxassou dans les Pyrénées-Atlantiques, le GAEC Haranea s’est engagé avec trois fermes voisines en GIE, pour vendre en circuits courts. Il a remporté le prix de la « démarche collective » des Trophées de l’agriculture durable 2014. Les rangées de piment s’étendent sur les collines, en contrebas de la ferme à la charpente rouge. Les allées sont binées et plantées d’herbe. « Cela re- tient le sol en cas de pluie et évite les projections de terre sur les piments », précise Gilles Billaud, producteur et membre du GAEC Haranea. Ce sont près de 10 000 pieds qui sont plantés ici chaque année, à partir de graines des récoltes précé- dentes. Cela représente une production annuelle de 500 kg de poudre de piment d’Espelette en AOP bio. Poudre, gelée et cordes de piment frais, en réalité Gilles prépare les trois produits de l’AOP. JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 1561 ● 19
1561 16-53 dossierC.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:39 Page20 Dossier Produit en France ZOOM LE PORC BASQUE KINTOA Christian Aguerre élève des co- chons kintoa, des porcs de race basque qui sont également des produits dits sentinelles du mou- vement Slow Food. Il s’agit d’un co- chon rustique, court sur pattes, à la tête et au cul noirs, bien adapté au terroir montagneux. Ses oreilles sont longues et recouvrent en par- tie ses yeux, ce qui explique peut être sa docilité. Christian en produit près de 60 par an qu’il nourrit avec un aliment sans OGM, provenant à 70 % de céréales locales. Les porcs sont abattus à 18 mois pour assurer un maximum de saveurs à la viande et grossissent en petits lots, à l’abri des sous-bois. Préserver le patrimoine gastronomique du Pays basque Chichons, saucisses confites et fromages de tête sont préparés sur place. Les jambons et bajoues sont particulièrement parfumés. Ces derniers seront séchés et affi- nés pendant près de deux ans avant d’être commercialisés direc- tement à la ferme et aux Halles de Saint-Jean-de-Luz (un point de vente collectif qui rassemble douze exploitants en GIE), sous la charte fermière Idoki, portée par l’association des producteurs fer- miers du Pays basque. 20 ● 1561 JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015
1561 16-53 dossierC.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:39 Page21 ET Les trois membres du GAEC Haranea : Christian Aguerre, producteur de porc kintoa et ses deux associés : AUSSI Martine Bouquerot, éleveuse de volailles et Gilles Billaud, producteur de piment d’Espelette. Depuis 1997, le GIE Basaburu rassemble les pro- duits des fermes de la commune d’Itxassou : yaourts, fromages, légumes, poulets, jambon basque… Ils sont présentés dans un panier en bois de châtaignier et livrés vers un réseau de 250 fa- milles. Équipé d’un ordinateur et d’une banque ré- L’agro-écologie frigérée, le camion de livraison permet à la fois de ça s’apprend préparer les paniers au fur et à mesure et de com- mercialiser ces produits fermiers. L’exploitation du lycée agricole d’Obernai, en Alsace, a opté pour l’agro-écologie. Son « S’être regroupés nous a valu d’élargir la gamme objectif : protéger et améliorer la terre, qui des produits du panier. Nous voulions préserver est « un patrimoine vivant et efficace » comme l’agriculture locale, quitte à aider d’autres agricul- l’explique Freddy Merkling, le chef d’exploi- teurs à s’installer à Itxassou. », explique Christian tation. Ainsi, le travail du sol est limité, Aguerre, un des fondateurs du GIE. Le GAEC Haranea des haies sont plantées pour favoriser le est l’un des pionniers de cette démarche de com- développement des auxiliaires de cultures mercialisation groupée. Le panier lui permet d'écou- et de la faune locale, et une certaine ler la moitié de sa production et d’embaucher un diversification est mise en place. salarié. Depuis 2009, deux associés - Gilles Billaud et Martine Bouquerot - ont rejoint Christian avec un À découvrir en vidéo sur maître mot, la diversification. « J’ai ressenti l’envie de faire découvrir le patrimoine des produits agriculture.gouv.fr basques, y compris aux Basques eux-mêmes » explique Christian. Fidèle à sa philosophie, il produit environ 500 kg par an de grand roux basque, une es- pèce locale de maïs qu’il transforme sur place en polenta et en farine. Il élève aussi des porcs kintoa, une race basque qui a failli s’éteindre. JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 1561 ● 21
1561 16-53 dossierC.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:39 Page22 Dossier Produit en France ZOOM Bientôt des produits étiquetés haute valeur environnementale Dévoilé par le ministre Stéphane Le Foll lors du Salon des vignerons indépendants, le 27 novembre dernier, le logo Haute valeur FORMER environnementale pourra être prochainement apposé sur les produits, transformés ou non, À PRODUIRE issus d'exploitations agricoles particulièrement AUTREMENT respectueuses de l'environnement. Ce logo est A la rentrée scolaire 2014, deux brevets de réservé aux produits finis - des bouteilles de technicien supérieur agricole (BTSA) ont été vin par exemple - contenant au moins 95 % rénovés pour mieux former les agriculteurs de matières premières issues d’exploitations de demain à l'agro-écologie : respectant le plus haut niveau du dispositif de - le BTSA Analyse, conduite et stratégie de certification environnementale. Mise en place l'entreprise agricole (ACSE) : ce diplôme, qui depuis février 2012, la certification environne- conduit directement au métier d'agriculteur, mentale des exploitations agricoles prend en est rénové pour répondre aux nouveaux compte des critères relatifs à la biodiversité, enjeux du monde agricole : le questionnement à la stratégie phytosanitaire, à la gestion de de la société face aux impacts l’eau et de la fertilisation. Elle s’inscrit dans environnementaux de la production, une démarche progressive et s’articule en l'impératif de durabilité, l’exigence accrue de trois niveaux de certification dont le plus maîtrise de sécurité sanitaire et de élevé est la Haute valeur environnementale traçabilité alimentaire, la diversification des (160 exploitations certifiées à ce jour). systèmes, l'approche stratégique de l'entreprise agricole et son intégration dans le territoire. Le BTSA ACSE connaît ainsi un rééquilibrage entre les compétences liées à la gestion et les compétences techniques. - le BTSA Développement de l'agriculture des régions chaudes (DARC), qui forme les futurs exploitants en tenant compte du contexte et des enjeux spécifiques aux territoires ultramarins, suit la même évolution et intègre désormais l'agro-écologie dans son référentiel de diplôme. Trois autres diplômes vont être rénovés pour mieux former à l’agro-écologie : le CAPA production agricole, à la rentrée 2015 ; le bac professionnel Conduite et gestion de l’exploitation agricole et le brevet professionnel Responsable d’entreprise agricole, à la rentrée 2016. 22 ● 1561 JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015
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1561 16-53 dossierC.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:39 Page24 Dossier Produit en France Garantie et labels L’INAO fête ses 80 ans La farine de châtaigne corse bénéficie depuis 2006 d’une Photos Xavier reMongin appellation d’origine contrôlée (AOC), et depuis 2010 d’une Brie de Meaux, noix du Périgord, pommes de terre de appellation d’origine protégée l’Île de Ré, asperges des Landes, veau de l’Aveyron, (AOP) reconnue par l’Union miels de lavande de Provence : depuis 80 ans, l’INAO européenne. « Les Génois ont lancé (Institut national de l’origine et de la qualité), l’établisse- la culture du châtaignier, qui ment public placé sous la tutelle du ministère de l’Agri- existait déjà en Corse à l’état culture, instruit les demandes en attente d’AOC, AOP, IGP, STG et Label rouge ; il supervise les contrôles sur sauvage. Depuis toujours, l’élaboration des produits, afin d’en garantir la qualité et la farine de châtaigne est un les protéger de l’usurpation de leur dénomination. aliment de base. Aujourd’hui, on prépare encore couramment la “ pulenta” (sorte de polenta servie tranchée), mais aussi du pain, des crêpes ou de la béchamel à base de farine de châtaigne », explique Jean-Yves Acquaviva. Installé en Gaec avec Pasquin Flori, il exploite 20 hectares de châtaigniers,et élève une centaine de brebis allaitantes dans la commune de Lozzi en Corse. Le saviez-vous ? Sept mirabelles sur dix récoltées dans le monde, le sont en Lorraine. Si le mirabellier a adopté la Lorraine, c’est aussi parce qu’il ne s’épanouit pleinement qu’en dessous d’une température de 25 °C. Aujourd’hui, les mirabelliers font partie du patrimoine culturel et historique de la Lorraine. L’association Mirabelles de Lorraine a été créée en 1995 et elle est détentrice de l’indication géographique protégée (IGP). La mirabelle IGP identifiée du verger au consommateur Les producteurs sont soumis à des règles très strictes qui garantissent que les fruits sont récoltés et conditionnés en Lorraine, mais aussi une teneur en sucre minimale, et une taille de fruit qui ne doit pas être inférieure à 22 mm. 24 ● 1561 JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015
1561 16-53 dossierC.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:39 Page25 Les signes de l’origine et de la qualité Décryptage Le signe garant d’une qualité supérieure Les signes 4 Le Label rouge garants désigne des produits de l’origine qui, par leurs condi- tions de production 1 L’appellation ou de fabrication, ont d’origine protégée un niveau de qualité (AOP) désigne un supérieur par rapport produit dont toutes les aux autres produits étapes de fabrication similaires. sont réalisées selon un savoir-faire reconnu dans une même zone géographique, qui Le signe garant donne ses caractéristiques au d’une recette produit. L’appellation traditionnelle d’origine contrôlée 2 5 La spécialité (AOC) désigne des traditionnelle produits répondant aux garantie (STG) critères de l’AOP. Elle protège une recette permet une protection traditionnelle. de la dénomination sur 1 le territoire français, 5 en attendant son enregistrement et sa Le signe garant protection au niveau européen. 3 du respect de 3 L’indication l’environnement géographique 6 L’agriculture protégée (IGP) biologique (AB) désigne un produit garantit que le mode dont les caractéristiques de production est sont liés au lieu respectueux de géographique dans 4 l’environnement lequel se déroule au et du bien-être moins sa production animal. Les règles ou sa transformation 6 qui encadrent ce selon des conditions mode de production bien déterminées. sont les mêmes dans C’est un signe euro- toute l’Europe, et les péen qui protège produits importés sont le nom du produit soumis aux mêmes dans toute l’UE. exigences. JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 1561 ● 25
1561 16-53 dossierC.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:39 Page26 Dossier Produit en France Bière artisanale Jean-Baptiste Leclercq, profession brasseur Par guillauMe lorre – Photos Pascal Xicluna À Bouchemaine, petite ville en bordure d’Angers, dans le Maine-et- Loire, Jean-Baptiste Leclercq brasse ses bières traditionnelles depuis 2013. Issues de l’agriculture biologique, elles arborent l’étiquette Belle de Maine, du nom de la brasserie. Un bel exemple de l’explosion du nombre de microbrasseries en France ces dernières années. 26 ● 1561 JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015
1561 16-53 dossierC.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:39 Page27 Tout a commencé dans sa cuisine. Cela fait plusieurs années que Jean-Baptiste brasse de petites quanti- tés de bières « maison » pour sa consommation per- sonnelle et le plus grand plaisir de ses proches. Arrivé à Angers en 2010, le plaisir de produire devient encore plus important. Après 10 ans de travail dans différents organismes agricoles : fédérations de CUMA, SAFER, coopératives et chambres d’agricul- ture, il décide de vivre pleinement son rêve, être brasseur. Ayant passé son enfance dans la ferme bio de ses parents, c’est naturellement que Jean-Baptiste choisit de produire des bières certifiées Agriculture La bière sera mise en bouteilles après un passage en biologique. Une démarche globale et durable qui cuve de fermentation de trois semaines au minimum. l’a également amené à se fournir exclusivement en matières premières françaises : houblon bio d’Al- sace, malts français. Ses bières blondes, blanches, ambrées, triples et autres spéciales, sont référencées dans les com- INF merces spécialisés angevins. Caves, magasins bio et AMAP s’approvisionnent chez lui. Vous pouvez également déguster et acheter sa bière en direct dans le local aménagé à cet effet. Jean-Baptiste se fera un plaisir de vous faire partager son univers en Contrairement aux bières industrielles, vous faisant visiter sa brasserie, si vous prenez le temps de l’appeler préalablement. qui mettent artificiellement la bière sous pression de gaz carbonique pour obtenir OBJECTIF: le pétillant propre à ce breuvage, les 300 HECTOLITRES PAR AN bières traditionnelles obtiennent leurs bulles grâce à une ultime fermentation Jean-Baptiste Leclercq partage aujourd’hui son dans la bouteille. Un peu de sucre est temps de travail entre son mi-temps à la FNCUMA, ajouté au liquide, ce qui remet les levures son activité brassicole et aussi ses trois enfants, encore présentes en activité et crée le « un temps plein à eux tous seuls ». gaz carbonique, naturellement mis sous En effet, la production de cet ancien ingénieur agro- pression par la fermeture de la bouteille. nome de 39 ans est encore faible et s’élève à 120 hectolitres pour l’année 2014. Avec 100 000 euros d’investissements réa- lisés lors de son installation, cela reste encore trop faible pour dégager un revenu suffisant. Une situation qu’il accepte pour l’instant volontiers car : « on est quand même mieux ici à brasser de la bière que dans un bureau devant un ordinateur à passer des coups de fils, non ? » Lorsque sa production atteindra les 300 hectolitres par an, Jean- Baptiste pourra alors se permet- tre de se consacrer pleinement à son activité brassicole. JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 1561 ● 27
1561 16-53 dossierC.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:39 Page28 Dossier Produit en France Restauration collective manger bio et local en île-de-France Par alice Billouet – Photos Xavier reMongin et Pascal Xicluna Bio et local, c’est l’idéal ! Zoom sur les actions entreprises pour développer l’agriculture biologique aux portes de la capitale. « On l'oublie souvent, mais l'Île-de-France, malgré la pression urbaine et foncière considérable qu'elle su- bit, reste une grande région agricole, dont le territoire est composé aux trois quarts de terres agricoles, d'espaces naturels et de forêts. », explique Marion Za- lay, directrice régionale de l’alimentation, l'agriculture et de la forêt en Île-de-France. Un formidable poten- tiel pour le développement de l'agriculture biolo- gique, d'autant que les Franciliens sont aujourd’hui particulièrement friands de produits bio. Pourtant poursuit Marion Zalay, « il manque une masse cri- tique de producteurs, de transformateurs et de struc- 28 ● 1561 JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015
1561 16-53 dossierC.qxp_Mise en page 1 09/02/2015 16:39 Page29 tures de commercialisation en Île-de-France pour at- teindre les objectifs ambitieux que le bassin de consommation laisserait espérer ». APPROVISIONNER LES CANTINES La restauration collective est certainement l'un des leviers les plus efficaces à la disposition des pouvoirs publics – État et collectivités locales – pour déve- lopper localement l'agriculture biologique. Avec 638 millions de repas servis chaque année dans les cantines franciliennes, le potentiel est énorme. Mais au-delà de la production agricole, il faut penser à toutes les étapes nécessaires à l'approvisionne- Développer ment de ces cantines en bio (produire du lait, mais l’agriculture aussi l'acheminer dans un atelier de transformation biologique pour en faire des yaourts, puis remplir les carnets de Stéphane Le Foll en a fait commande des gestionnaires de cantines…). Cette une de ses priorités, avec structuration des filières est devenue au fil des ans le plan « Ambition bio l'une des préoccupations principales des profes- 2017 », qui vise dans le sionnels de la bio en Île-de-France. Cela les a conduit cadre du projet agro- à unir leurs forces pour créer une légumerie bio, en 2012, afin de trier, laver, éplucher et conditionner des écologique pour la France, légumes en tous genres, et fournir ainsi aux cantines à doubler les surfaces des produits directement utilisables. cultivées en bio d'ici Leurs efforts ne se sont pas cantonnés aux légumes, 2017. La déclinaison régionale de ce plan en Île-de-France, préparée conjointement par l'État 10 millions de repas et la Région dans une sont servis tous les jours large concertation avec l'ensemble des acteurs du dans la restauration territoire, poursuit cet objectif grâce à quatre collective axes de mobilisation prioritaires : augmenter les surfaces cultivées et en 2014, c'est un atelier de transformation de en agriculture biologique yaourts qui voit le jour à Sigy, en Seine-et-Marne (triplées d'ici 2020) ; (voir page suivante). Et pour pénétrer encore davan- encourager l'installation tage ce marché en forte expansion, les professionnels de 10 à 15 agriculteurs viennent de se regrouper au sein d'une nouvelle SCIC bio par an ; développer la (Société coopérative d’intérêt collectif), Coop Bio structuration collective de Île-de-France, dans le but de créer des ateliers de transformation d’envergure. Objectif : mettre en mar- filières (transformation, ché des volumes de produits biologiques plus im- stockage, acheminement portants adaptés à la demande, à des prix plus des produits...) ; et introduire accessibles. Carine Thierry, PDG de cette coopérative, des produits bio se réjouit : « Je vois dans ce projet une réponse per- et locaux dans la tinente aux attentes sociétales identifiées aujour- restauration collective. d’hui : origine des produits, santé publique à travers la conversion biologique des terres, emploi et enfin reconnexion du consommateur au territoire. » JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 1561 ● 29
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