Programme d'apprentissage mutuel d'égalité des sexes

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Programme d'apprentissage mutuel d'égalité des sexes
Programme
                         d’apprentissage
                         mutuel d’égalité des
                         sexes

Les femmes et les médias
France, 12 et 13 novembre 2018

                         Rapport de synthèse

                         Les informations contenues dans cette publication ne reflètent
                         pas nécessairement la position ou l’opinion de la Commission
                         européenne.
Programme d'apprentissage mutuel d'égalité des sexes
La présente publication a bénéficié du soutien financier du programme de l’UE
«Droits, égalité et citoyenneté» 2014-2020.

Ce programme est mis en œuvre par la Commission européenne. Il contribue à
poursuivre la création d’un espace où sont promus et protégés l’égalité et les droits
des personnes, tels qu’ils sont consacrés dans le traité, la Charte et les conventions
internationales sur les droits de l’homme.

Pour de plus amples informations, veuillez consulter:
http://ec.europa.eu/justice/grants1/programmes-2014-2020/rec/index_fr.htm
Rapport de synthèse

Introduction
Le séminaire d’apprentissage mutuel, qui s’est tenu à Paris les 12 et 13 novembre
2018, a examiné les bonnes pratiques de la France concernant les femmes et les
médias. C’était la première fois que le sujet était abordé lors d’un séminaire
d’apprentissage mutuel, signe de la reconnaissance croissante de son importance
cruciale dans la réalisation de l’égalité des sexes. Des représentant·e·s des
pouvoirs publics et des expert·e·s de 17 autres États membres de l’Union y ont
également participé. Outre la France, les pays participants étaient : l’Autriche, la
Bulgarie, la Croatie, Chypre, l’Espagne, l’Estonie, la Finlande, la Lettonie, Malte, les
Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République tchèque, la Roumanie, la
Slovaquie, la Slovénie et la Suède. La Commission européenne et l’Institut
européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE) étaient aussi
représentés.

La directive de l’Union sur les services de médias audiovisuels (2010, en cours de
révision1) interdit la discrimination fondée sur le sexe dans les communications
commerciales audiovisuelles et encourage les États membres à promouvoir une
image diversifiée et réaliste des compétences et du potentiel des femmes et des
hommes. En outre, la Plate-forme européenne des instances de régulation de
l’audiovisuel (EPRA), organe indépendant réunissant les régulateurs, a récemment
publié un rapport sur la représentation des genres dans l’industrie des médias
audiovisuels2, qui souligne l’existence de disparités généralisées. Le séminaire
offrait donc une occasion opportune de passer en revue les mesures nationales et
d’examiner les mesures à prendre à l’avenir.

1. La bonne pratique du pays hôte
1.1. Législation et politiques du gouvernement français
Le gouvernement français a adopté une approche transversale et proactive pour
promouvoir l’égalité des sexes et lutter contre le sexisme et les agissements
sexistes. Au cours des dernières décennies, un cadre juridique complet a été
adopté, notamment en ce qui concerne la parité des sexes aux postes électifs et les
quotas de représentation des femmes dans les conseils d’administration des
entreprises. Il existe un cadre solide pour l’égalité des sexes dans l’emploi, qui
comprend l’obligation de mettre en œuvre des plans d’égalité des sexes assortis de
sanctions en cas de non-respect et l’interdiction du harcèlement sexuel et des
agissements sexistes sur le lieu de travail. Une nouvelle loi sur l’égalité de
rémunération effective est entrée en vigueur en 2018.

Pour ce qui est de l’égalité des sexes dans les médias, la loi de 2014 pour l’égalité
réelle a marqué un tournant, en étendant les pouvoirs réglementaires du Conseil
supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui est désormais habilité à garantir une

1   Directive 2010/13/UE du Parlement européen et du Conseil du 10 mars 2010 visant à la
    coordination de certaines dispositions législatives, réglementaires et administratives des États
    membres relatives à la fourniture de services de médias audiovisuels (directive Services de médias
    audiovisuels), JO L 95 du 15.4.2010, révisée par la proposition COM/2016/0287 final.
2   Plate-forme européenne des instances de régulation de l’audiovisuel (EPRA), Groupe de travail II.
    Achieving greater diversity in broadcasting – special focus on gender; Benefits and best practice
    approaches. Comparative background paper (Accroître la diversité dans le secteur audiovisuel –
    point focal sur la question du genre; avantages et meilleures pratiques. Document comparatif),
    4 septembre 2018, EPRA 2018/04.
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représentation équitable des femmes et à contrôler les programmes de radio et de
télévision. En 2017, ces pouvoirs ont aussi été étendus à la publicité, afin d’assurer
une représentation adéquate des femmes.

Le secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la
lutte contre les discriminations a été le fer de lance de la coordination et de la
mobilisation interministérielle sur cette question. Premièrement, tous les ministères
sont tenus d’adopter des feuilles de route sur l’égalité et de prendre des mesures
proactives. Par exemple, depuis 2017, l’Observatoire de l’égalité femmes-hommes
du ministère de la culture et de la communication publie un rapport annuel de suivi
et a adopté une nouvelle feuille de route (2018-2022), incluant des actions sur
l’égalité au travail et la lutte contre le sexisme et la violence sexiste. Le ministère de
l’éducation encourage l’éducation aux médias dès le plus jeune âge et le Centre
pour l’éducation aux médias et à l’information (CLEMI), une institution
gouvernementale, a créé des matériels de formation, ainsi qu’un concours scolaire
intitulé «Zéro cliché», qui visent à développer l’esprit critique face aux médias et aux
stéréotypes sexistes. Le ministère de la santé a mis en place des programmes de
lutte contre les stéréotypes pernicieux dans les médias, qui peuvent favoriser
l’apparition de maladies comme les troubles de l’alimentation. Les autorités locales
ont également participé activement à des initiatives, telles que la décision prise en
2018 par la ville de Paris d’interdire la publicité sexiste sur le réseau municipal
d’affichage ou la publication par la Région Normandie d’une série de guides visant à
éviter les stéréotypes dans les communications officielles.

Au niveau national, une autre initiative a été prise par l’Association française de
normalisation (AFNOR), qui propose la certification de labels «Diversité» et
«Égalité». Plusieurs chaînes de télévision et de radio ont ainsi obtenu le label
«Diversité», mais pas encore le label «Égalité».

1.2. Mandat et mesures prises par le Conseil supérieur de
     l’audiovisuel (CSA)
À la suite de l’adoption d’une nouvelle loi en 2014, le CSA a été doté de droits et
compétences juridiques étendus. Il peut émettre des avis et aussi prendre des
sanctions à l’égard des médias publics ou privés qui ne respectent pas la législation
concernant la représentation appropriée des femmes. Le CSA a constitué un groupe
de travail, conjointement avec les principaux organes de presse, afin de parvenir à
un accord sur les nouvelles règles en matière de rapports. Le CSA publie désormais
un rapport annuel sur la présence des femmes dans les productions audiovisuelles,
tant du point de vue qualitatif que sur le plan quantitatif, qui met en lumière les
bonnes pratiques et formule des recommandations. Il est incontestable que des
avancées ont été obtenues grâce à ces nouvelles règles, avec une progression de
2 % de la présence des femmes dans les programmes d’information, qui atteint
aujourd’hui 40 % du total, et une augmentation de 5 % du nombre d’expertes
invitées, qui représentent désormais 35 % du total. Cependant, il reste encore des
défis à relever: par exemple, lors des dernières élections présidentielles, une
diminution de 5 % du nombre d’expertes a été enregistrée.

Au cours des quatre dernières années, le CSA est intervenu dans 22 cas en
envoyant des lettres, en publiant des avis officiels et, à deux occasions, après des
années de discussions, en prenant la décision d’imposer une lourde sanction. Ces
deux affaires concernaient la représentation de femmes comme des objets sexuels
et, dans les deux cas, la chaîne de télévision visée a fait appel, mais les sanctions

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ont été confirmées par le Conseil d’État en 2018. La loi de 2014 peut donc être
considérée comme un instrument très efficace.

Le gouvernement a élargi les compétences du CSA pour lui permettre de mieux
lutter contre les stéréotypes sexistes et la sous-représentation des femmes dans les
médias. En 2017, pour la première fois, le CSA a publié un rapport annuel sur la
représentation des femmes dans les publicités télévisées fondé sur l’analyse de
milliers de spots publicitaires, qui concluait que les deux tiers des publicités
présentant une sexualisation des personnages mettaient en scène des femmes. Les
parties prenantes ont été invitées à adopter un code de conduite, afin de réduire
progressivement le recours aux stéréotypes sexistes récurrents dans la publicité. Le
CSA négocie également une charte sur les émissions de télé-réalité et a commandé
une étude sur l’environnement numérique en vue d’élaborer une directive sur les
stéréotypes qui devra être adoptée par les sociétés de partage de vidéos en ligne.

1.3. Les bonnes pratiques de l’Union des annonceurs (UDA)
L’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) est un organisme
d’autorégulation de l’industrie de la publicité. Elle a mis à jour son code de
déontologie en 2018 et dispose d’un mécanisme de signalement en ligne pour les
plaintes qui, si elles sont jugées justifiées, peuvent entraîner le retrait d’une
annonce. Un vaste débat a agité le secteur à propos des stéréotypes sexistes dans
la publicité, certains faisant valoir que la publicité ne fait que refléter la société et ne
devrait pas chercher à la transformer. La mesure la plus importante à prendre est de
lutter contre la sexualisation stéréotypée récurrente et systématique des femmes.
En collaboration avec le CSA, l’ARPP et d’autres intervenants, l’UDA a adopté une
charte d’engagements volontaires pour la lutte contre les stéréotypes sexuels,
sexistes et sexués dans la publicité, qui compte actuellement 33 signataires. Le
projet est d’analyser les publicités sur une période de deux ans au moyen d’une
grille d’images stéréotypées, puis de publier un rapport contenant des
recommandations sur les progrès à réaliser. La grille sera rendue publique en
janvier 2019, mais elle est déjà utilisée par certaines agences de publicité. Sous
l’influence, notamment, du mouvement #metoo, le monde de la publicité change, de
même que les attitudes du grand public, en particulier celles de la génération du
millénaire.

1.4. Les bonnes pratiques de l’Agence France Presse (AFP)
En réponse aux préoccupations exprimées par certaines femmes journalistes sur la
manière dont la violence domestique est rapportée et sur d’autres questions, la
directrice de l’Information de l’AFP a commandé une étude indépendante à
l’Université Toulouse 2 sur la représentation des femmes et des hommes dans les
contenus de l’AFP. En conséquence, en 2018, l’AFP a adopté de nouvelles règles
rédactionnelles afin de refléter la diversité et d’améliorer la représentation des
femmes dans ses communiqués, d’accroître le nombre d’expertes consultées et de
veiller, entre autres choses, à la féminisation des titres et fonctions. L’AFP a
également organisé des séances de sensibilisation à l’intention des journalistes et a
invité des expertes en matière d’égalité des sexes à participer à des réunions afin
d’examiner les domaines dans lesquels il existe un risque de présentation biaisée,
par exemple en s’assurant que les descriptions physiques et les références aux
vêtements ne se limitent pas aux femmes; que la représentation des femmes et des
hommes est équilibrée dans les dépêches sportives; que la situation familiale d’une
personne n’est mentionnée que si elle a une réelle valeur informative; et que, dans

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les cas où une personne est désignée uniquement par son prénom, il ne s’agit pas
systématiquement d’une femme. Le but est aussi de mieux rendre compte des
violences sexistes et de veiller à le faire de manière respectueuse à l’égard des
victimes. Les journalistes ont reçu une formation sur le signalement de la violence
sexiste, car bien souvent, ni la loi ni les procédures ne leur sont familières. L’AFP
publie chaque jour 3 000 photographies, dont 14 % seulement représentent des
femmes. Il reste encore beaucoup à faire, mais l’AFP a pris conscience du fait que
l’attention portée à la diversité et à l’équilibre entre les sexes lui permettra de
bénéficier d’un éventail de sources et d’expertise plus large et d’un travail
journalistique de meilleure qualité dans tous les domaines.

1.5. Les bonnes pratiques du Groupe Radio France
Si l’action du gouvernement a été le principal moteur du changement en ce qui
concerne la représentation des femmes dans les médias, la radio publique, Radio
France, a aussi décidé de donner l’exemple. Le Comité Diversité fixe des objectifs
mesurables en vue de remédier à la sous-représentation des femmes i) dans les
contenus des programmes ; ii) au sein du personnel; et iii) parmi les expert·e·s
invité·e·s, à raison d’une progression de 5 % par an. Depuis 2016-2017, le nombre
de programmes contribuant à la lutte contre les préjugés sexistes est passé de 143
à 251; la présence des femmes à l’antenne a grimpé de 32 % à 38 % et le
pourcentage des expertes invitées a augmenté de 28,2 % à 32,6 %. Le groupe a
également commandé une étude sur la perception des auditeur·rice·s concernant le
reflet de la diversité sur les antennes et a publié les réactions reçues à propos des
stéréotypes relevés dans les programmes de Radio France. Au cours de l’année
écoulée, les chiffres d’audience ont atteint de nouveaux records, et bien qu’il soit
difficile d’en déterminer la cause exacte, il est évident que Radio France a gagné de
nouveaux auditeur·rice·s qui s’identifient aux changements introduits.

2. La situation dans les autres pays
   participants3
En Autriche, la loi de 2013 sur le budget fédéral impose à chaque ministère de se
fixer des résultats à atteindre en matière d’égalité des sexes pour ses activités.
Toutefois, ni le ministère des affaires relatives à l’UE, des arts, de la culture et des
médias, ni l’autorité réglementaire autrichienne n’ont inclus l’égalité des sexes dans
leurs programmes. Dans le secteur des médias, seul le service public de
radiodiffusion, ORF, a adopté des politiques d’égalité des sexes et un plan d’égalité
des chances. Les femmes représentent environ 40 % du personnel employé par ce
secteur, mais elles sont sous-représentées dans l’encadrement supérieur et sont
plus susceptibles de se voir proposer des contrats précaires. Selon le rapport 2015
du Projet mondial de monitorage des médias (GMMP), les sujets consacrés aux
femmes dans les informations ne représentent que 21 % du total4. Les stéréotypes
sont courants, en particulier dans la publicité, dont le contenu humoristique peut
masquer le sexisme et où les photos de femmes sont souvent retouchées pour
créer des images de «beauté parfaite». Il existe de nombreux exemples de bonnes

3   Pour plus d’informations sur la situation dans les pays participants, veuillez consulter les
    contributions nationales présentées pour ce séminaire, disponibles sur le site Web du
    programme: https://ec.europa.eu/info/policies/justice-and-fundamental-rights/gender-equality/who-
    we-work-gender-equality/mutual-learning-programme-gender-equality_en
4   http://whomakesthenews.org/gmmp/gmmp-reports/gmmp-2015-reports
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pratiques, à commencer par l’éducation aux médias et l’égalité des sexes, qui font
partie des principes d’enseignement dans toutes les écoles (des lignes directrices et
des documents de référence sont disponibles sur le site Web du ministère de
l’éducation). Le plan de l’ORF pour l’égalité des sexes, lauréat en 2015 d’un prix
décerné par l’ONU Femmes, exige que toutes les décisions fassent l’objet d’un
«bilan genre» et que le personnel d’encadrement nouvellement recruté suive une
formation en matière d’égalité des sexes. Sous l’impulsion du mouvement #metoo,
l’ORF a adopté de nouvelles lignes directrices sur le harcèlement sexuel et s’est
fixé, en 2018, de nouveaux objectifs pour accroître le nombre de femmes occupant
des postes techniques. Les femmes ne représentent que 12 % des réalisateur·rice·s
et, en 2016, l’Institut autrichien du film a mis en place un mécanisme d’incitation
visant à en augmenter le nombre. Il existe également de nombreuses organisations
de la société civile, des réseaux féministes et universitaires qui s’emploient à
promouvoir l’autonomisation des filles et des femmes.

En Bulgarie, la loi de 2016 sur l’égalité entre les femmes et les hommes établit le
principe d’égalité et désigne des organismes et mécanismes spécialisés. Toutefois,
la Bulgarie reste une société très patriarcale, comme en témoigne la décision
rendue en 2018 par la Cour constitutionnelle de suspendre la ratification nationale
de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la
violence à l’égard des femmes et la violence domestique (la «Convention
d’Istanbul»). En outre, la liberté de la presse y est globalement insuffisante et
l’opinion publique nourrit une certaine méfiance à l’égard des médias, qui ont
d’ailleurs tendance à véhiculer des stéréotypes discriminatoires et à présenter les
femmes d’une manière sexiste. Il ressort du rapport du GMMP (2015) que, sur
l’ensemble des sujets qui passent à la télévision et à la radio, 37 % seulement sont
consacrés aux femmes, et que 69 % des programmes diffusés renforcent les
stéréotypes de genre. Ces stéréotypes, de même que la sexualisation de l’image
des femmes, abondent dans la publicité. Dans ce contexte patriarcal et compte tenu
de l’absence de liberté de la presse, la question des femmes et des médias n’est
pas à l’ordre du jour. Une enquête Eurobaromètre (2017) fait apparaître que 60 %
des Bulgares considèrent que la manière dont les femmes sont présentées dans les
médias et la publicité ne pose pas de problème. Il paraît donc indispensable de
mettre en place des cadres politiques et des mécanismes réglementaires de grande
envergure pour lutter contre la représentation erronée, la sexualisation et la
déshumanisation des femmes dans les médias. Une collaboration étroite avec le
mouvement féministe serait nécessaire pour élaborer des plans d’action et des
mécanismes de suivi, former le public, les journalistes et les étudiant·e·s en
journalisme à l’analyse critique des médias et introduire l’éducation aux médias
dans les écoles dès le plus jeune âge.

À Chypre, le rôle des médias est jugé essentiel pour la lutte contre les stéréotypes
et les inégalités entre les sexes. Certaines mesures ont été incluses dans les
récents plans d’action nationaux, bien que des mécanismes de suivi n’aient pas
encore été mis en place. Les lois sur la radio et la télévision (1998-2016) interdisent
les programmes qui incitent à la haine et les publicités discriminatoires. Le code de
déontologie des journalistes proscrit également toute discrimination fondée sur le
sexe et il existe un système de plaintes publique. L’Organisation chypriote de
réglementation de la publicité (CARO) conseille ses membres et examine les
plaintes, y compris celles dénonçant des cas de discrimination sexiste. L’Institut
méditerranéen pour les études sur le genre a publié un manuel traitant de la
question du genre et des médias, et a lancé un site Web qui vise à promouvoir
l’expertise au féminin : «She Experts Initiative». Selon le rapport du GMMP (2015),
les femmes sont gravement sous-représentées dans les médias, où 19 %

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seulement des contenus informatifs leur sont consacrés. Le pourcentage est encore
plus faible dans les médias numériques. Les programmes véhiculent des
stéréotypes sexistes, sous une forme tantôt subtile, tantôt flagrante, mais on
manque de données de recherche continues et comparables. Les femmes qui
cherchent à faire carrière dans les médias se heurtent à de nombreux obstacles, les
hommes occupant 86 % des postes de direction dans le secteur et 88 % des postes
d’éditorialistes. À la télévision, la ségrégation est évidente : 11 % seulement des
journalistes politiques sont des femmes. Faute de politiques d’égalité des sexes en
matière d’emploi dans l’industrie des médias, les questions de l’écart de
rémunération, du harcèlement sexuel et de l’équilibre entre vie professionnelle et vie
privée ne sont pas abordées. Souvent, lorsque des contenus ou des publicités dans
les médias font l’objet de plaintes, il n’y a aucun suivi dans la pratique. Il paraît
nécessaire de mettre en place une surveillance durable de la représentation et de
l’image des femmes dans les médias. Des programmes de formation destinés au
public pourraient renforcer la capacité des citoyen·ne·s à reconnaître les contenus
discriminatoires dans les médias et à recourir davantage aux mécanismes de
plainte existants, tout en encourageant le développement d’autres plateformes de
journalisme citoyen.

En Croatie, la loi sur l’égalité des sexes (2008) impose aux médias d’adopter des
politiques d’autorégulation, notamment en matière de promotion de l’égalité des
sexes et d’interdiction de toute représentation offensante, dégradante ou humiliante
de personnes en raison de leur sexe ou de leur orientation sexuelle. Le Plan
national de lutte contre la discrimination (2017-2022) considère les médias comme
un domaine prioritaire. La Médiatrice du Bureau pour l’égalité des sexes est chargée
de surveiller la représentation des femmes dans les médias, de recevoir les plaintes
et de mettre en œuvre des programmes de formation. Elle soumet chaque année un
rapport au Parlement. Depuis 2014, l’Agence des médias électroniques surveille
également la représentation des femmes dans les programmes télévisés
d’information et la publicité. Elle perçoit 3 % de la redevance de la télévision
publique, qui alimentent le Fonds pour le pluralisme et la diversité en vue de
financer des contenus médiatiques promouvant l’égalité des sexes. La loi sur la
télévision publique croate (2012) et la loi sur les médias électroniques (2013)
régissent et encouragent aussi l’égalité des sexes dans les médias. La télévision
publique croate a adopté des mesures visant à surveiller l’équilibre entre les sexes
parmi ses effectifs et fait rapport à la Médiatrice. Le journalisme est une profession
très précaire, qui tend de plus en plus à se féminiser. Plus de 40 % des journalistes
diplômé·e·s ont un contrat de travail temporaire. En 2016, l’écart salarial entre
hommes et femmes était de 15 % dans le secteur de l’information et de la
communication. Les femmes sont sous-représentées dans l’encadrement supérieur
et il existe une nette ségrégation sectorielle. En dehors de la télévision publique
croate, les autres organes de presse n’ont guère adopté de politiques ou de
mesures visant à promouvoir l’égalité des sexes. Or, des études font apparaître que
la représentation stéréotypée des femmes est courante dans les contenus
médiatiques. Dans son code de déontologie, l’Association des journalistes croates
interdit les stéréotypes sexistes et les reportages qui encouragent la discrimination.
Il est prévu d’adopter un nouveau code sur la violence sexiste. Certains centres de
recherche universitaires et des ONG s’intéressent également beaucoup à la
question des femmes dans les médias.

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En Espagne, l’égalité des sexes est une priorité absolue du gouvernement actuel et
11 des 16 ministres sont des femmes. Si les femmes composent la majorité des
diplômé·e·s en journalisme, leur taux de chômage est plus élevé et les contrats qui
leur sont proposés sont moins souvent à durée indéterminée. Elles ne représentent
que 25 % de l’encadrement supérieur, bien que le chiffre soit légèrement plus élevé
dans les médias publics. Selon le rapport du GMMP (2015), alors que 45 % des
journalistes apparaissant à l’écran dans les programmes télévisés sont des femmes,
soit bien plus que la moyenne européenne de 36 %, la présence des femmes
politiques dans les actualités n’est que de 27 %. La part des femmes invitées
comme expertes est de 9 % seulement et les sujets consacrés à des femmes dans
les émissions d’information sont également très rares, les femmes de plus de
50 ans étant largement sous-représentées. La loi constitutionnelle espagnole (2007)
exige que l’industrie des médias mette en œuvre des plans d’égalité entre les
sexes. L’entreprise de radio et télévision publiques RTVE est tenue de promouvoir
le principe d’égalité et les images non stéréotypées des femmes et des hommes.
Cependant, le suivi a été faible jusqu’à la création par la RTVE, en mars 2018, d’un
Observatoire de l’égalité chargé d’éradiquer la discrimination et la violence contre
les femmes et les enfants dans les contenus diffusés par les médias et de lutter
contre l’inégalité ou la discrimination sexuelle dans l’emploi. La loi générale sur
l’audiovisuel (2010) contient des dispositions visant à proscrire les comportements
qui favorisent les situations d’inégalité, tandis que la loi organique (2004) et la loi
générale sur la publicité (1988) interdisent expressément l’utilisation d’images
dégradantes ou discriminatoires à l’égard des femmes dans la publicité. Le Plan
stratégique pour l’égalité des chances (2018-2011) a pour objectif spécifique de
lutter contre le sexisme et les stéréotypes dans les médias et la publicité sur
l’internet. L’Observatoire de l’image des femmes surveille les médias et dispose
d’un mécanisme de signalement qui s’est révélé très efficace : en 2017, 15 dossiers
ont été transmis à d’autres organes compétents, dont le Bureau du Procureur
général. En 2018, des femmes journalistes se sont mises en grève pour protester
contre l’inégalité des conditions d’emploi, le harcèlement sexuel et les préjugés
sexistes dans le contenu des médias. Un nombre croissant d’associations
féministes regroupant des universitaires et des journalistes encouragent les
initiatives en faveur de l’égalité des sexes dans les médias.

En Estonie, un conseil pour l’égalité des sexes a été créé en octobre 2013 en tant
qu’organe consultatif auprès du gouvernement sur l’intégration de la dimension de
genre dans les programmes nationaux. Toutefois, l’écart de rémunération entre les
hommes et les femmes persiste dans tous les secteurs. Dans les médias, il est
d’environ 20 % et la ségrégation professionnelle est assez marquée : ce sont
principalement les hommes qui passent à l’antenne. L’enquête de l’EIGE (2012) a
conclu qu’il n’y avait pas de femmes dans les conseils d’administration de la
radiotélévision publique et des deux principaux journaux. Néanmoins, la radio
compte de nombreuses rédactrices en chef. Le rapport du GMMP (2015) a estimé à
24 % les contenus des médias consacrés aux femmes, sans aucun changement
depuis 2010. Cependant, le nombre de femmes journalistes était relativement élevé:
44 % dans la presse écrite, 78 % à la radio et 24 % à la télévision, bien qu’il
s’agisse principalement de jeunes femmes. La loi sur la radiodiffusion a créé une
autorité de régulation auprès de laquelle des plaintes peuvent être déposées, et le
code de déontologie de la presse estonienne prévoit l’égalité des droits et des
obligations pour les femmes et les hommes journalistes. Force est de constater
cependant que la faible sensibilisation à l’égalité entre les sexes en général et le
peu de contacts entre les institutions compétentes dans ce domaine et les organes
de presse ne favorisent pas la prise en considération des questions concernant les
médias et les femmes.

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Rapport de synthèse

En Finlande, il n’y a pas de collecte cohérente de statistiques sur les femmes dans
les médias et, en dehors du GMMP, seules quelques initiatives fondées sur des
projets à court terme ont été menées. Les femmes sont clairement sous-
représentées dans les contenus diffusés par les médias. Selon le rapport du GMMP
(2015), la proportion des sujets consacrés aux femmes dans les informations a
diminué et n’est plus que de 29 %. La visibilité des femmes de plus de 50 ans est
beaucoup moindre. Dans l’industrie cinématographique, les tendances sont
positives, les femmes représentant près de la moitié des protagonistes des longs
métrages de fiction en 2016 et 2017. Toutefois, une analyse des films les plus
populaires fait apparaître que les personnages féminins y sont moins nombreux et
sont souvent représentés dans des positions subalternes. Un tiers des
réalisateur·rice·s étaient des femmes au cours des dernières décennies, bien que
cette proportion ait atteint 40 % en 2017. Les femmes représentent 58 % des
journalistes finlandai·se·s, mais un tiers seulement de l’encadrement supérieur dans
les médias d’information. Sous l’impulsion notamment du mouvement #metoo, une
attention nouvelle est portée au harcèlement et au traitement inapproprié des
femmes dans les médias. Le ministère de l’éducation et de la culture a publié un
rapport en septembre 2018 sur les conditions de travail dans la production
audiovisuelle, révélant l’ampleur du travail précaire. Un livre sur le mouvement
#metoo en Finlande a été publié par des militantes en octobre 2018; et la Fondation
finlandaise du film a publié un programme opérationnel proscrivant tout harcèlement
dans le secteur de la production cinématographique. Ces initiatives ont relancé le
débat sur les femmes dans les médias et il se pourrait bien que, dans un avenir
proche, le rôle et les responsabilités de la société de radiodiffusion publique soient
réexaminés.

En Lettonie, il n’existe pas de législation spécifique sur l’égalité des sexes et le
code de déontologie des journalistes ne contient que des principes généraux sur la
non-discrimination. On manque par ailleurs de données et de travaux de recherches
sur le sujet. L’industrie des médias est aujourd’hui un secteur caractérisé par des
bas salaires et un travail précaire, qui s’est grandement féminisé. Les femmes
occupent 60 % des postes de décision, mais il existe une ségrégation sectorielle et
verticale marquée. La proportion de femmes dans les conseils d’administration des
médias publics et privés était de 50 % en 2014. Une étude publiée en octobre 2018
a analysé la représentation des sexes dans les médias. Elle a conclu que 15
seulement des 52 émissions diffusées par les médias publics étaient présentées par
des femmes. La proportion d’expertes invitées est meilleure à la radio publique, où
leur nombre était de 109, contre 199 experts masculins. Cependant, ces derniers
sont surreprésentés dans des domaines comme la politique et l’économie. Tant les
médias russophones que ceux en langue lettone manquent d’une perspective
sexospécifique. Des discussions sont en cours en vue de la création d’une
institution de médiation, dont le mandat pourrait éventuellement couvrir les
questions d’égalité des sexes dans les médias.

À Malte, la Commission nationale pour la promotion de l’égalité a été créée en 2004
en vertu de la loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes (2003), avec pour
mandat de suivre les politiques nationales afin de lutter contre la discrimination et de
promouvoir l’égalité des sexes. L’accent est mis actuellement sur les actions visant
à prévenir la violence domestique et le féminicide. Malte est d’ailleurs le premier
pays à accueillir un Observatoire européen du féminicide, fondé en mars 2018. Un
travail de recherche considérable a été consacré à la question des femmes et des

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Rapport de synthèse

médias. Un rapport publié en 2018 par le Parlement européen5 a étudié les
expériences des femmes qui travaillent dans le secteur des médias et,
précédemment, Malte avait contribué au rapport de l’EIGE (2013)6 sur les femmes
dans les médias et au projet GMMP. Malgré les mesures et les politiques adoptées
par les autorités, les préjugés sexistes sont encore très répandus à Malte, comme
en témoignent les contenus des médias, où les femmes sont sous-représentées,
confinées dans des rôles stéréotypés ou, comme c’est particulièrement le cas des
femmes plus âgées, invisibles. Peu d’expertes sont invitées dans les médias
audiovisuels, où la ségrégation verticale et horizontale est courante. Les
professionnel·le·s du secteur soulignent l’insuffisance de la législation et l’absence
d’autorégulation et de codes de conduite. L’éducation aux médias est essentielle,
tant pour les journalistes que dans le cadre des programmes scolaires, dès le plus
jeune âge, afin de susciter une prise de conscience critique et d’aboutir à un
changement culturel. Une démarche proactive, fondée sur des initiatives qui partent
aussi bien du sommet que de la base, est également nécessaire pour garantir
l’égalité entre les sexes dans les organes de presse.

Aux Pays-Bas, le ministère de l’éducation, de la culture et de la science (OCW) est
chargé des questions d’égalité, y compris en ce qui concerne la non-discrimination
en matière d’emploi et la représentation des femmes dans les médias. L’écart de
rémunération entre les femmes et les hommes dans le secteur de l’information et de
la communication était de 15,2 % en 2014, soit un peu moins que la moyenne
nationale. Selon le rapport de l’EIGE (2013), les femmes sont sous-représentées
aux plus hauts niveaux des organes de presse et les chiffres des sociétés publiques
de radiodiffusion semblent plus mauvais que ceux du secteur privé. D’un autre côté,
bien que le nombre d’étudiantes en journalisme ait maintenant atteint 68 %,
l’industrie des médias emploie seulement 35 % de femmes, peut-être parce que
celles-ci sont plus nombreuses à travailler comme indépendantes, dans des
conditions précaires. Des études montrent que la représentation des femmes à la
télévision publique et privée était inférieure à 40 % en 2010 et qu’elle a encore
légèrement diminué depuis. Les femmes sont particulièrement sous-représentées
dans les groupes d’âge plus avancés et dans certaines fonctions, comme les
journalistes sportif·ve·s et les expert·e·s. Un autre sujet de préoccupation tient à
l’influence de préjugés persistants sur la beauté et à la sexualisation de l’image des
femmes, particulièrement aiguë dans la publicité. La société néerlandaise Unilever a
constaté que 3 % seulement des publicités mettent en avant les qualités
professionnelles des femmes et 2 % leur intelligence. L’OCW considère la lutte
contre les stéréotypes sexistes dans les médias comme une priorité, mais, par
crainte de porter atteinte à la liberté de la presse, il a choisi d’encourager
l’autorégulation. Le ministère a l’intention de mettre en place un système structuré
de surveillance de la représentation des femmes (et des personnes LGBTI) dans les
médias. Il a aussi conclu un accord avec l’entreprise publique de radiodiffusion
(NPO) pour la période 2017-2020, afin d’accroître la représentation des femmes
dans les médias publics. Une autre initiative appuyée par le ministère réunit la NPO,
la société de médias VICE et le principal radiodiffuseur commercial (RTL) et vise à
augmenter le nombre d’expertes invitées. Les candidates sélectionnées passent un

5   Parlement européen, rapport sur l’égalité des genres dans le secteur des médias au sein de l’Union
    européenne, 2018. Disponible à l’adresse:
    http://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2018/596839/IPOL_STU(2018)596839_EN.
    pdf
6   EIGE, Bilan de la mise en œuvre du programme d’action de Pékin dans les États membres de
    l’Union européenne: Les femmes et les médias, EIGE 2013. Disponible à l’adresse:
    https://eige.europa.eu/rdc/eige-publications/advancing-gender-equality-decision-making-media-
    organisations-report
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Rapport de synthèse

entretien avec la production et participent à des essais de tournage et à des débats
pratiques afin de faciliter les contacts et les échanges. Il existe également sur le
Web un certain nombre de listes d’expertes, ainsi qu’un réseau professionnel de
femmes journalistes, qui s’attache à promouvoir l’égalité des sexes et propose des
programmes de formation.

En Pologne, l’industrie des médias, en particulier les conseils d’administration,
reste vulnérable aux pressions politiques. En 2017, les femmes n’étaient que 15 %
à siéger aux conseils d’administration et aux comités de direction, bien que leur
présence au sein des effectifs de journalistes et de présentateur·rice·s soit plus
équitable, avec 48 % de femmes à la télévision et 57 % à la radio. Cependant,
d’après le rapport du GMMP (2015), 7 % seulement des communiqués de presse
sont consacrés à des femmes et une autre étude de 2017 a révélé que les femmes
ne représentent que 15 % des expert·e·s et des personnalités politiques invité·e·s.
Le Conseil de déontologie des médias exerce un contrôle sur des questions comme
l’égalité des sexes, mais sa charte éthique n’en fait pas mention. Des ONG et des
institutions compétentes dans le domaine des médias ont créé conjointement une
base de données en ligne sur les expertes et organisent des ateliers sur le thème
des femmes dans les médias. À la suite d’un cas de harcèlement sexuel très
médiatisé en 2015, qui s’est soldé par le licenciement d’un journaliste et par
l’indemnisation de trois de ses collègues féminines, la sensibilisation à ce genre de
problème s’est accrue. Une grande institution du secteur a adressé une circulaire à
l’ensemble de son personnel, condamnant toute discrimination fondée sur le sexe et
tout harcèlement et précisant que de telles actions pouvaient donner lieu à une
procédure disciplinaire. Lors des élections locales d’octobre 2018, une célèbre
militante des droits des femmes a publiquement critiqué la télévision publique et
privée pour n’avoir pas invité une seule commentatrice ou experte dans leurs
émissions sur les élections, bien qu’une des chaînes ait une femme comme
présentatrice vedette des informations. Cette situation met en évidence le manque
de sensibilisation des femmes journalistes aux questions de genre et la nécessité
d’une formation professionnelle continue.

Au Portugal, le Plan national pour l’égalité (2018-2030) du gouvernement met
l’accent sur la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes dans divers
domaines, notamment les médias, et sur la prévention de la violence sexiste.
L’Autorité de régulation des médias (ERC) n’a pas de mandat spécifique pour
promouvoir l’égalité des sexes, mais elle dispose d’un mécanisme permettant à des
personnes ou à des organisations de déposer une plainte concernant un contenu
offensant ou discriminatoire. Investie d’une mission de surveillance depuis 2015,
l’ERC publie un rapport sur la représentation des femmes dans les programmes
télévisés, bien que la publicité ne soit pas couverte. La promotion de l’égalité des
chances et de la diversité figure dans le code déontologique de l’entreprise publique
de radiodiffusion, RTP, qui a déjà organisé par le passé des programmes
d’avancement de carrière à l’intention des femmes occupant des postes
d’encadrement intermédiaire. Des initiatives visant à concilier vie professionnelle et
vie privée, notamment des formules de travail souples et des services de garde
d’enfants, ont aussi été encouragées. Dans le secteur privé, le groupe Media
Capital dispose d’un code de conduite qui inclut la promotion de l’égalité mais n’a
pas mis en œuvre de mesures spécifiques. La féminisation de la profession est
forte, les femmes représentant 53,9 % des effectifs en 2014, bien qu’elles soient
sous-représentées aux postes de direction. Elles le sont aussi dans les contenus
diffusés par les médias : une étude portant sur les principaux programmes
d’information aux heures de grande écoute de 2015 à 2017 fait apparaître que 70 %
des protagonistes étaient des hommes, ce qui corrobore la conclusion du rapport du

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GMMP (2010) selon laquelle 16 % seulement des séquences d’information faisaient
appel à des femmes en tant qu’expertes. Depuis 2013, une ONG surveille chaque
année les contenus des médias sur une période de sept jours dans le but de
susciter un débat critique, mais jusqu’à présent, son attention ne s’est pas
concentrée sur les questions de genre. Il existe néanmoins un prix de journalisme
annuel qui récompense tout contenu médiatique en faveur de l’égalité entre les
femmes et les hommes. Ces dernières années, une évolution positive a été
observée, avec des reportages plus sensibles à la dimension du genre dans la
presse écrite de qualité, couvrant notamment diverses décisions judiciaires
controversées qui ont disculpé les auteurs d’actes de violence fondée sur le genre.

La République tchèque n’a pas d’approche systématique de la question des
femmes et des médias. La stratégie pour l’égalité (2014-2020) adoptée par le
gouvernement reconnaît la faible sensibilisation aux questions de genre dans les
médias et la publicité et l’existence de stéréotypes véhiculés par leurs contenus.
Elle encourage une participation équilibrée des femmes et des hommes à la prise
de décision et à l’intégration de la dimension du genre, au moyen notamment d’un
système de surveillance des médias et de la publicité. Il n’y a cependant pas
d’exigences spécifiques liées à l’égalité des chances en matière d’emploi dans les
chaînes de radiodiffusion publique. Selon le rapport publié par l’EIGE en 20137,
24,6 % seulement des fonctions d’encadrement dans le secteur des médias sont
exercées par des femmes, dont aucune n’est présente aux postes les plus élevés,
et le nombre de femmes siégeant dans les conseils d’administration est parmi les
plus bas de l’Union. Les sujets consacrés aux femmes dans les informations ne
représentent que 21 % du total et la proportion de femmes parmi les expert·e·s est
de 13 %. Il ressort pourtant de l’enquête Eurobaromètre de 2017 que, pour 61 % de
la population, la manière dont les femmes sont représentées dans les médias et la
publicité ne pose aucun problème. L’autorité de régulation de la radiodiffusion est
habilitée à ne pas renouveler une licence si des programmes incitent
systématiquement à la haine, notamment fondée sur le genre. Les cas sont
cependant peu nombreux et la coopération entre les instances réglementaires est
insuffisante. Certaines ONG s’emploient à surveiller les médias et soumettent aux
organismes de réglementation des évaluations concernant les principaux cas de
discrimination. Des programmes de mentorat ont aussi été mis en place à l’intention
des femmes journalistes, tandis que des formations et une conférence ont contribué
à sensibiliser l’opinion au problème du sexisme dans la publicité.

En Roumanie, la loi sur l’égalité des chances entre les femmes et les hommes
(2002) constitue le principal instrument législatif. Elle s’appuie sur les travaux de
l’Agence nationale pour l’égalité des chances et du Conseil national de lutte contre
la discrimination. Ce dernier dispose d’un mécanisme de plainte, mais les cas de
discrimination sexuelle examinés sont rares. Le Conseil national de l’audiovisuel est
une institution publique indépendante, placée sous le contrôle du Parlement, dont la
mission est de défendre l’intérêt public. Le code de bonnes pratiques du Conseil
roumain de la publicité comporte un engagement en faveur de la non-discrimination
et 88 entreprises ont récemment signé la Charte pour la diversité, qui consacre le
principe de l’égalité des chances et prévoit le déploiement de programmes de
sensibilisation. Les femmes sont bien représentées dans la profession journalistique

7   EIGE, Bilan de la mise en œuvre du programme d’action de Pékin dans les États membres de
    l’Union européenne: Les femmes et les médias, EIGE 2013. Disponible à l’adresse:
    https://eige.europa.eu/rdc/eige-publications/advancing-gender-equality-decision-making-media-
    organisations-report

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