Le dossierDécembre 2013 - Filière électroménager, pour un développement industriel, social et de l'emploi

La page est créée Benjamin Allain
 
CONTINUER À LIRE
Le dossierDécembre 2013 - Filière électroménager, pour un développement industriel, social et de l'emploi
Le dossier                 Décembre 2013

Filière électroménager,
pour un développement
industriel, social et de l’emploi

                 1
Le dossierDécembre 2013 - Filière électroménager, pour un développement industriel, social et de l'emploi
Avant-propos
L’industrie joue un rôle moteur dans les exportations et les échanges
internationaux, la recherche et l’innovation. Sans industrie, pas de service.
Or, les services aux entreprises représentent pourtant 16 % du PIB
français.
Socialement, la nécessité de sauvegarder et de redévelopper l’emploi
industriel est d’autant plus grande que :
• l’industrie représente encore plus de 2 millions d’emplois directs qui ne
pourront être convertis dans les services ou la construction,
• le secteur tertiaire est également menacé par les délocalisations (cf.
centres d’appel, services financiers, …) et la recherche de productivité, la
montée de la concurrence internationale,
• les emplois de la distribution et du BTP, jusqu’alors moins menacés par
les délocalisations, sont également en souffrance avec, qui plus est, des
conditions de travail dégradées.

La nécessaire prise de conscience de l’importance de l’industrie pour
l’équilibre économique et social du pays est encore récente et tarde à se
traduire par des actions concrètes susceptibles de répondre aux objectifs
de ré-industrialisation de la France.

L’objectif de ce document est de dresser un état des lieux de l’industrie
de l’électroménager en France, d’identifier les enjeux économiques et
sociaux qui en découlent et de proposer des alternatives pour une autre
stratégie industrielle et sociale.

                               Sommaire
  La place de l’électroménager en France                       p. 4
  - L’industrie de l’électro est au coeur de nos foyers,
  lieux de vie et professionnel                                p. 4
  - Au coeur de plusieurs technologies                         p. 4
  - Les principaux acteurs de la filière                       p. 5
  - Situation de l’emploi dans la filière                      p. 5
  - Un marché en pleine expansion                              p. 7

  Quelle efficacité des stratégies des industriels
  de l’électroménager                                          p. 9
  - Pour la CGT, la compétitivité des entreprises passe
  par une approche socialement responsable ...                 p. 9
  - Ce qui handicape : le coût du capital                      p. 10
  - Le lean manufacturing                                      p. 11
  - Développer la solidarité                                   p. 12

  Propositions CGT                                             p. 14

                                                           2
Le dossierDécembre 2013 - Filière électroménager, pour un développement industriel, social et de l'emploi
La filière Electroménager
Les produits électroménagers tiennent une place importante dans
notre environnement. Ils ont et continuent d’accompagner l’évolution
du progrès technique, technologique, au service de l’amélioration du
confort de la maison et ont beaucoup œuvré pour l’émancipation des
femmes durant les 30 glorieuses.

Quel est le périmètre de la filière électroménager ?
Comment définir ce secteur ?
L’industrie de l’électroménager, telle que définie par le GIFAM (Grou-
pement Interprofessionnel des Fabricants d’Appareils Ménagers), se
segmente de la façon suivante :
• les gros appareils électroménagers, avec trois univers : le
lavage (lave-linge, lave-vaisselle, sèche-linge), la cuisson (four, table
de cuisson, hotte, cuisinière, four à micro-ondes), le froid (réfrigéra-
teur, congélateur),
• le petit électroménager, qui se décompose en plusieurs
univers : le soin de la personne (sèche-cheveux, rasoir, épilateur, …),
le soin du linge (fer vapeur et générateur vapeur), la préparation des
aliments et de la boisson (robot, blender, mixeur, bouilloire, …), le petit
déjeuner (cafetière filtre, espresso, grille-pain, …), et auxquels on peut
ajouter les articles culinaires (poêle et casserole, autocuiseur…)
• le confort qui regroupe les climatisations, appareils de chauffage
électrique, …

Cette segmentation est ouverte par différents acteurs :
• les groupes leaders diversifiés et présents à la fois dans le gros
électroménager et le petit électroménager, voire le confort (ex : Bosch,
Siemens, Fagor, Whirlpool, Electrolux, LG, Samsung, Haier, …) ;
• les leaders généralistes du petit électroménager (Seb, Philips, …) ;
• les spécialistes de certains segments du petit électroménager (Dy-
son, Teraillon, …) ou du gros électroménager (Liebherr, Roblin, …)

En France, la filière de l’électroménager se structure autour de
trois acteurs :
- Les fabricants : les principaux leaders européens des gros appa-
reils électroménagers (FagorBrandt, Electrolux, Whirlpool, Candy,
Gaggenau), et le leader mondial du petit électroménager et des
articles culinaires (Groupe Seb) sont implantés en France ;
- La distribution, elle-même segmentée entre les enseignes spéciali-
sées (Darty, Boulanger, Saturne, …), les grossistes, les indépendants,
la grande distribution (Hypermarchés, supermarchés), les ventes par
internet qui connaissent un vrai essor et qui vont modifier le format
actuel de la distribution ;
- Les sous-traitants et fournisseurs : bien qu’une grande partie des
composants soit aujourd’hui achetée dans des pays à bas coûts, les
fabricants s’appuient également sur des entreprises implantées en
France, y compris sur des achats stratégiques (ex : acier inoxydable,
éléments de plasturgie, …)

                          Contact :
          Le secrétariat FTM-CGT – Electroménager
                        01.55.82.86.46
                   revendicatif@ftm-cgt.fr

      3
Le dossierDécembre 2013 - Filière électroménager, pour un développement industriel, social et de l'emploi
La place
de l’électroménager
en France
    L’industrie de l’électroménager est au coeur
    de nos foyers et des espaces professionnels...
    L’électroménager occupe toutes les
    pièces du foyer :
    • Salle de bain : brosse à dents
    électrique, sèche cheveux, sèche
    serviette électrique, rasoir, pèse-
    personne, soin de la personne…
    • Salon : aspirateur, radiateur de-
    sign, climatisation, ventilateur…
    • Cuisine : articles culinaire (ra-
    clette, fondu, grille pain), plaque de
    cuisson, bouilloire, cafetière, lave-
    vaisselle, réfrigérateur, congélateur,
    cave à vin, hotte, four, cuisinière.
    • Buanderie : lave-linge, sèche-
    linge…

    98% des français possédaient au
    moins un appareil petit électromé-
    nager (PEM) en 2010.
    308 millions d’appareils de PEM
    possédés en France.
    12 appareils PEM possédés en
    moyenne par foyer (hors traitement
    de l’air, radiateurs électriques mo-
    biles).

    Elle est aussi au coeur de plusieurs technologies.
    Contrairement aux idées reçues,           trise de la chaine de valeur fragilise
    les appareils électroménagers ne          l’ensemble de l’outil de production
    sont pas des produits de commo-           de la filière.
    dité. L’industrie se trouve au car-
    refour de plusieurs technologies
    (électronique, sidérurgie, domo-          Electroménager
                                                                                       Sidér urgie
                                              Emboutissage
    tique, plasturgie...) et repose sur un
    réel savoir-faire, qu’il faut valoriser
    et soutenir, au même titre que l’ont
    été les banques ou d’autres sec-

                                                     C ommerce Distri but ion
    teurs industriels jugés stratégiques
    (défense, automobile...).Cela pose        Electronique

                                              P last urgie Electrique
    dans la filière des problèmes de
    qualité et de réactivité grandissant
    du fait de l’éloignement des sous-
    traitants et des problèmes de qua-
    lité (Chine)…Cette perte de mai-
                                                     4
Le dossierDécembre 2013 - Filière électroménager, pour un développement industriel, social et de l'emploi
Les principaux acteurs de la filière
Dans le domaine du gros                    Document 1
électroménager (GEM)                       Chiffre d’affaires des principaux groupes de Gros électroménagers
Les principaux majors sont encore          en 2011 (en Mds€)
présents industriellement sur le ter-      16.0
ritoire. C’est notamment le cas :          14.0
                                                  14,4
• de l’espagnol Fagor (via sa filiale      12.0                11,3
FagorBrandt)                                                                 9,7
                                           10.0
• de l’américain Whirlpool
                                           8.0                                     7,6          7,2
• du suédois Electrolux,
                                           6.0
• de l’allemand BSH,
• de l’italien Candy.                      4.0                                                                 3,6       3,0     2,8
• Les autres groupes mondiaux sont         2.0                                                                                             1,4     1,4        ~ 0,9     0,8         0,8
présents (Samsung, LG, Haier, …)           0.0
                                                                Electrolux

                                                                                   Samsung
                                                   Whirlpool

                                                                                   (Electro)

                                                                                                                                                                        (Electro)
                                                                                               (Electro)

                                                                                                                                                                        Liebherr
via des filiales commerciales.

                                                                                                                                                    Gorenje
                                                                                                               Arcelik

                                                                                                                                 Indesit

                                                                                                                                                                Candy

                                                                                                                                                                                    Vestel
                                                                                                                                           Fagor
                                                                                                                         Mièle
                                                                             BSH

                                                                                               LG
Jusqu’en 2013, Fagor-Brandt
concentrait l’essentiel des emplois        Document 2
industriels, avec environ 2 000 sa-        Evolution du petit Electroménager ( en milliers d’appareils et en Milliards d’euros)
lariés sur 4 sites dans les régions
Centre et Pays de la Loire.

L’établissement de Revin-Electro-
lux souffre de la politique de délo-
calisation du Groupe en Europe de
l’Est et d’un positionnement sur un
marché du lave-linge top qui ne bé-
néficie pas d’actions commerciales
ciblées dans des pays, fort nom-
breux, où il n’existait pas à l’origine.
Les emplois des services supports
subissent quant à eux la mise en
œuvre de centres de services par-
tagés en Pologne.

Le site Whirlpool d’Amiens connaît         Dans le petit                                                                         de nouvelles adaptations de leur
de grandes difficultés sur le marché       électroménager (PEM)                                                                  organisation dans un Groupe en
du sèche-linge, subissant l’échec          Les principaux acteurs sont les                                                       perpétuelle réorganisation.
du lancement de son nouveau                groupes Philips (6 Md € de CA) et
produit et là encore la stratégie du       SEB (4 Md € de CA en 2012). Phi-
Groupe Whirlpool qui rationalise           lips s’appuie sur un dispositif prin-
ses sites de productions.                  cipalement commercial et a déloca-
                                           lisé sa production en Asie.
L’ensemble du périmètre Fagor-             SEB reste le «dernier des mo-
Brandt est, aujourd’hui, sous la           hicans» avec une présence indus-
menace, le Groupe Fagor ayant an-          trielle en France qui repose sur des
noncé sa volonté de procéder à un          sites de process et d’assemblage.
partenariat, qui risque de remettre        Le groupe emploie près de 6 000
en cause le dispositif industriel et       salariés en France, soit la moitié
les fonctions supports.                    des emplois du secteur électromé-
                                           nager avec une forte présence sur
Le site de Rosières (Groupe Candy)         la région Rhône Alpes.
reste spécialisé dans le domaine de        Les établissements et les emplois
la cuisson. Il a rencontré en 2010         du petit électroménager dépendent
des problèmes de qualité sur cer-          pour l’essentiel du Groupe Seb, de
taines familles de produits.               sa situation et de ses orientations
                                           stratégiques. Au sein du Groupe
                                           Seb, certains sites ou activités res-
                                           tent fragiles et/ou pourraient subir
                                                                                                           5
Le dossierDécembre 2013 - Filière électroménager, pour un développement industriel, social et de l'emploi
Un marché en pleine expansion
Depuis plus de 15 ans le marché du      Document 3
gros électroménager est en crois-       Evolution du marché français du gros électroménager en volumes
sance en volume en France. Cela         een milliers
                                                 e s d’appareils
                                                     d appa e s
illustre que les besoins demeurent
élevés.

L’électroménager
est un marché
dynamique et
porteur mais fragilisé
par les exigences de
rentabilité à court terme
des actionnaires.
Depuis plusieurs années, le secteur
de l’électroménager se caractérise
par :
 - un marché mondial dual, avec
 d’un côté les pays émergents, en       Document 4 - Les principaux postes d’équipements de la maison en
 phase de premier équipement et         2009 ( en milliards d’euros) - source : eurostaf d’après Unibol 2010 et ob-
 de l’autre les pays matures, où        servatoire Cetelem 2010
 le marché de renouvellement et
 d’innovation, représente encore
 des débouchés importants, et offre
 des perspectives grâce à l’émer-
 gence de nouvelles habitudes de
 consommation.
 - un débat concurrentiel âpre,
                                        20,3               9,1          9             7           6,1           5,1
 marqué par un phénomène de
 concentration de l’industrie d’une     Bricolage       Ameublement   Produits   Electroménager   Jardin   Micro-informatique
 part, l’émergence de nouveaux                                         bruts                                  grand public

 opérateurs asiatiques ou turcs         dans les pays à bas coût de main              notamment le cas en France mais
 d’autre part.                          d’œuvre et des délocalisations opé-           aussi en Allemagne.
 - une distribution en pleine           rées, qu’au niveau des fonctions
 évolution, qui se concentre et         supports, affectées par la création           Dans les pays dits « matures », de
 développe ses propres marques          de centres de services partagés,              nouvelles habitudes de consomma-
 (marques de distributeurs…). Elle      implantés en Pologne ou dans                  tion émergent (retour au fait-mai-
 voit aussi de nouveaux canaux se       d’autres pays moins disant social.            son, engouement pour la cuisine,
 développer (hard discount, vente                                                     prise de conscience écologique, ..)
 par internet…) et exerce une pres-     Dans un environnement écono-                  et ouvrent ainsi de nouveaux poten-
 sion très forte sur les construc-      mique marqué par une crise généra-            tiels de développement.
 teurs.                                 lisée, le marché de l’électroménager
                                        a fait preuve d’une résilience remar-         Le secteur de l’électroménager
Ces évolutions ont donné lieu à une     quable et offre des perspectives de           n’échappe pas à cette tendance
concentration des acteurs, qui n’est    croissance.                                   et a subi, ces deux dernières dé-
pas achevée, à une internationali-                                                    cennies, de profondes restructu-
sation des bases, un mouvement          D’une façon plus structurelle, à              rations en Europe et en France.
de délocalisation des productions       l’échelle mondiale, les pays émer-
vers les pays «low cost» offrant des    gents offrent un potentiel de dé-             Désindustrialisation
perspectives de croissance plus         veloppement et un réservoir de                Ce phénomène, qui s’est accéléré
forte, sous des restructurations per-   croissance gigantesque dans une               avec les crises de 2008 et plus ré-
manentes de sites de production et      dynamique de premier équipement,              cemment de fin 2011, résulte de
de fonctions supports et de ferme-      tandis que pour les pays industriali-         plusieurs causes :
ture de sites.                          sés, même si certaines économies               - la recherche permanente d’une
                                        sont actuellement conjoncturelle-              rentabilité accrue et de gains de
La filière de l’électroménager en       ment sinistrées (Espagne, Grèce),              productivité,
France se voit donc fragilisée          la consommation d’appareils élec-              - l’externalisation (ou glissement)
tant au niveau de la production,        troménagers se maintient. C’est                vers les services,
compte tenu des implantations
                                                    6
Le dossierDécembre 2013 - Filière électroménager, pour un développement industriel, social et de l'emploi
- le renforcement de la concur-             - la fragilisation des sous-traitants                                 La poursuite de ce mouvement de
 rence internationale.                       et des filières,                                                      désindustrialisation conduit d’une
                                             - des pertes de savoir-faire,                                         façon inexorable à une catastrophe
 Les conséquences de ce phéno-               - un appauvrissement des terri-                                       économique et sociale
 mène sont elles aussi connues               toires,                                                               Celles-ci se sont traduites par de
 avec :                                      - une dépendance accrue vis-à-                                        multiples fermetures de sites, délo-
  - des dizaines de milliers d’em-           vis d’autres régions du monde,                                        calisations et des destructions mas-
  plois détruits dans l’industrie,           - des nuisances environnemen-                                         sives d’emplois, essentiellement
  - une baisse de la part de l’indus-        tales accrues,                                                        dictées par les choix de groupes
  trie dans la valeur ajoutée,               - une dégradation de la balance                                       internationaux, dans une logique
  - une baisse des investissements,          commerciale…                                                          purement financière.

La situation de l’emploi
Alors que le marché français             Document 5
connait une croissance régulière et      Evolution de l’emploi du secteur Electroménager
reste l’un des principaux débouchés
en Europe et dans le monde, le vo-        25 492
lume d’emplois directs dans la fabri-              22 993   21 984
                                                                     21 289   21 491
cation d’appareils électroménagers                                                     17 778
                                                                                                16 173
                                                                                                         15 387
a été divisé par deux au cours des                                                                                14 007
                                                                                                                           12 782   12 377   12 039   11 531   10 864
dix dernières années, soit plus de                                                                                                                                      10 080   9 050

10 000 emplois supprimés. ( doc 5)
Un mouvement de baisse des ef-
fectifs qui pourrait se poursuivre        1996     1997     1998     1999     2000     2001     2002     2003     2004     2005     2006      2007 2008        2009     2010 E2011

compte tenu de la pyramide des
âges et de l’ancienneté des emplois
du secteur.

Document 6
Cartographie des emplois dans la filière électroménager
                              Picardie                                          Champagne Ardennes
                          Effectifs : 1 240                                        Effectifs : 620
                        Whirlpool - Electrolux                                       Electrolux

                                                                                                                                                     Alsace
                                                                                                                                                 Effectifs : 1 020
                                                                                                                                                B/S/H/ - Domena
      Normandie
     Effectifs : 550                                                                                                                             Ile de France
          SEB                                                                                                                                    Effectifs : 640
                                                                                                                                                SEB - Whirlpool
    Pays de Loire                                                                                                                            Indest - Fagor/Brandt
    effectifs : 1660
     Fagor/Brandt
                                                                                                                                         Bourgogne
                                                                                                                                        Effectifs : 1000
        Centre
                                                                                                                                      SEB - Magimix - Tefal
    effectifs : 1550
     Fagor/Brandt
       Rosières                                                                                                                          Rhône Alpes
                                                                                                                                         Effectifs : 3250
                                                                                                                                          Tefal - Calor
                                                                                                                                       Fagor/Brandt - SEB
       Lourdes
     Effectifs : 220
          SEB

                                                                                                                                         - en              forte densité d’emplois électroménager
                                                                                                                                         - en              présence moins forte
                                                                                                                                         - en              présence faible voire nulle
                                                                                                7
Le dossierDécembre 2013 - Filière électroménager, pour un développement industriel, social et de l'emploi
Aujourd’hui, la pyramide des             Document 7
âges souligne les enjeux liés à la       Evolution des effectifs de l’électroménagers par tranche
nécessité de mettre en place une         d’âge (en milliers)
politique de formation et d’em-
bauches attractives pour péren-
niser la filière en France. (doc 7)

Une érosion des emplois
qui s’inscrit dans une
logique de court terme
et purement financière
Les groupes privilégient aujourd’hui
une vision financière à court terme
et cherchent à rationaliser leurs
dispositifs industriels et leurs ser-
vices dans les pays industrialisés, à
les transférer vers des pays émer-
gents pour bénéficier des coûts de
main d’œuvre inférieurs, des pari-
tés monétaires et des contraintes         Lyon, la fermeture a été estimée à
législatives et environnementales         50 millions d’euros.
plus faibles tout en se rapprochant
de marché à fort potentiel de crois-     Ces stratégies de rationalisation
sance.                                   des capitaux engagés ont été à
                                         l’origine de nombreuses suppres-
La logique d’internationalisation des    sions d’emplois et fermetures de
bases procède également d’une vo-        sites. Sur les dix dernières années,
lonté de réduire les risques pays. Le    de nombreux sites ont été fermés
groupe SEB affiche par exemple un        (Brandt Lesquin, Electrolux Reims,
portefeuille d’activités réparties sur   Indesit Thionville, Moulinex Fres-
toutes les zones géographiques du        nay-Villaines, Tefal Dampierre, Seb
globe. A l’inverse, le groupe Fagor-     Les Vosges, …), vendus (Fagor-
Brandt est insuffisamment présent        Brandt Lyon) ou restructurés (Calor,
à l’international et dépend de trois     Moulinex St Lô, …).
principaux débouchés : France, Es-
pagne, Pologne.
Dernier exemple en date, le site
de FagorBrandt de Lyon qui a été
vendu à une société STIL créée
pour reconvertir le site et gérer la
décroissance programmée de la
production de lave-linge top déloca-
lisée en Pologne.

A l’instar de cet exemple, on s’aper-
çoit que les groupes tentent de
sous-traiter la fermeture des sites :
 - La pérennité des activités appor-
 tées reste à démontrer.
 - Le groupe qui sous-traite la fer-
 meture s’évite une mauvaise com-
 munication/image de marque
 - Ensuite, les groupes restent no-
 tamment motivés par les aspects
 économiques. Les ré-industriali-
 sations leur permettent de réduire
 la facture « sociale », c’est-à-dire
 le coût induit par la fermeture (in-
 demnités de licenciements, coûts
 de dépollution,…). Pour le site de

                                                8
Le dossierDécembre 2013 - Filière électroménager, pour un développement industriel, social et de l'emploi
Quelle efficacité des
stratégies des industriels
de l’électroménager ?
    Pour la CGT, la compétitivité des entreprises passe
    par une approche socialement responsable et pas dans
    les délocalisations
    Les stratégies adoptées par les          le renforcement et le développe-
    fabricants et les distributeurs ont      ment des compétences des sala-
    contribué au développement des           riés.
    productions importées de zones à
    bas coûts, et notamment d’Europe         C’est avec ce type de stratégie que
    de l’Est pour le gros électroména-       des groupes comme BSH ou Miele
    ger (Pologne, Slovaquie, Rouma-          conservent la majorité de leur base
    nie, …) et de Chine pour le petit        industrielle en Allemagne.
    électroménager au détriment des
    productions européennes et natio-
                                                Document 8
    nales et des emplois.
                                                Pourcentage de production dans les pays à faible niveau social
    La compétitivté de ces produits est                   2005       2010
                                                50
    basée sur des faibles coûts sala-
                                                45
    riaux, de faibles contraintes légis-
    latives, fiscales et environnemen-          40
    tales, la sous-évaluation de leur           35
    monnaie, pratiquant ainsi un dum-
    ping fiscal, social, environnemental        30
    et monétaire.                               25

                                                20
    Ces éléments de compétitivité de
    ces fabrications sont pourtant rela-        15
    tifs et sont en train d’être remis en       10
    cause. Ces évolutions militent pour
    la défense de la production sur le          5

    territoire français, d’autant plus que      0
    le consommateur aspire à plus de                     BSH       Electrolux   Whirlpool   Indesit
    traçabilité sur l’origine des produits      - BSH reste très majoritairement implanté en zone à fort niveau so-
    et que ce dernier est prêt à payer          cial.
    plus cher pour un produit fabriqué          - c’est le groupe le plus dynamique,
    en France. FagorBrandt a été, à             - c’est le groupe le plus profitable et rentable.
    titre d’exemple, le premier fabricant       - Electrolux est le groupe qui a le plus «basculé» sa production vers
    d’électroménager bénéficiant de la          des zones à faible niveau social.
    norme « Origine France Garantie ».          - sans pour autant doper la croissance et la profitabilité bien au
                                                contraire,
    Les entreprises doivent miser               - le groupe est en panne de croissance, il affiche un taux de profita-
    sur des facteurs compétitivité              bilité parmi les plus bas du secteur.
    hors coûts, tels que l’innovation           - Ces constats permettent d’interroger l’efficacité des modèles basés
    produit, la recherche et dévelop-           sur la délocalisation des productions dans les pays à faible niveau
    pement, l’efficacité des organi-            social.
    sations, la qualité des produits,

                                                     9
Le dossierDécembre 2013 - Filière électroménager, pour un développement industriel, social et de l'emploi
Le coût du capital est un handicap
Le travail                                à des industrialisations dans des       sitivement ou négativement selon
est une richesse                          pays où la rémunération du travail      les mouvements. Pour éviter cette
La rémunération du travail ne re-         est moindre.                            spéculation sur les parités moné-
présente qu’une part mineure dans         - soutien financier (Oséo, …)           taires, les groupes doivent veiller
le coût de fabrication d’un produit.                                              à conserver les équilibres dans la
Par exemple, un lave-linge vendu         Elles ont par ailleurs «bénéficié» de    localisation de leur production entre
dans le commerce 600 euros ne            dispositifs pour se restructurer :       zone euro et zone dollar.
«supporte» que 45 euros de coût            - plan amiante,                        On peut donc s’interroger à l’in-
de main d’œuvre directe.                   - aides à la formation,                fini sur le bon niveau de parité
                                           - aides à la restructuration, …        euro/dollar. Ce qui handicape
La part salariale en Allemagne est       Et cela sans aucun contrôle pu-          les entreprises du secteur est
proche de celui de la France. Ce         blic de l’utilisation de ces fonds       bien le coût du capital.
qui n’empêche pas des groupes            ni de leur efficacité sur le main-
comme Miele, BSH ou Liebherr de          tien ou la création d’emplois.           Les bons résultats du
conserver la majorité de leurs em-                                                secteur
plois en Allemagne.                      L’actualité 2013 a été marquée par       Les groupes du secteur affichent
La part socialisée du travail ( coti-    l’effet d’aubaine que représente le      des résultats financiers démontrant
sations) finance en fait la protection   CICE (crédit d’impôt pour la compé-      la viabilité de ces organisations. La
sociale qui a permis à des pays          titivité et de l’emploi). Cette mesure   rentabilité moyenne du secteur
comme la France ou l’Allemagne           constitue une forme supplémentaire       est de l’ordre de 12%, soit un ni-
de mieux résister à la crise.            aux allégements Fillon.                  veau qui répond aux exigences
                                                                                  exorbitantes des actionnaires et
                                         Les coûts cachés                         des marchés financiers. Les fabri-
                                         des délocalisations                      cants se sont désendettés et dis-
                                         Les entreprises considèrent la part      posent, en outre, de moyens finan-
                                         salariale en termes de coût en oc-       ciers conséquents pour procéder à
                                         cultant d’autres paramètres : perte      des acquisitions, au détriment des
                                         de productivité (là où il y a un sa-     investissements, sur le territoire
                                         larié européen, il y a peut-être 4 à     français.
                                         5 salariés chinois), soutien en for-     Le Groupe SEB, leader mondial du
                                         mation pour superviser les équipes,      petit électroménager, a ainsi pro-
                                         dérives qualitatives, pertes de réac-    cédé à de multiples acquisitions en
                                         tivité, contraintes environnemen-        2011, en Inde, en Colombie, tout en
                                         tales, empreinte écologique des          augmentant sa participation dans le
                                         produits,…                               Groupe Chinois Supor. De même,
                                                                                  en 2011 le groupe Electrolux a
                                         La flambée des coûts de trans-           fait l’acquisition d’un site en Egypte
                                         ports et de l’énergie. Aujourd’hui       et en Ukraine et a annoncé le sup-
                                         en France, sur près de 15 millions       pression de 5 000 emplois dans le
Contrairement au                         de produits blancs vendus chaque         monde principalement en Europe
discours dominant,                       année, moins de 20% sont assem-          et aux Etats-Unis. Il a notamment
les entreprises ne sont                  blés dans l’hexagone. Quelle est la      annoncé l’arrêt de fabrication de
pas étranglées par les                   logique de développement durable?        sèche-linge à Revin et la recherche
cotisations                                                                       d’un repreneur pour le site. Enfin, le
Elles ont bénéficié de multiples         La parité monétaire est l’argument       groupe Whirlpool lui a emboité le
aides et exonérations de cotisa-         sur lequel s’appuient les directions     pas en annonçant la destruction de
tions :                                  pour justifier des délocalisations.      1 000 emplois sur les mêmes zones
  - allègement de charges sur les        Or, on ne construit pas une com-         géographiques.
  bas salaires,                          pétitivité durable sur des éléments      Sur la même période, la moyenne
  - réformes de la taxe profes-          aussi fluctuants que les devises.        des rémunérations des 4 principaux
  sionnelle,                             En effet, un euro fort permet de ré-     dirigeants s’est élevée à 22 millions
  - Le Crédit Impôt Recherche            duire considérablement le coût des       de dollars soit l’équivalent de 735
  qui permet de réduire leur fisca-      achats pour les groupes situés en        emplois avec un salaire annuel de
  lité. Pour autant, les montants        zone euro. A l’inverse, il pénalise      30 000 dollars.
  déclarés n’ont pas forcément bé-       les exportations.                        Ces annonces et les perspectives
  néficié aux études et productions      Au cours de ces trois dernières          de gains pour les actionnaires sont
  françaises. Certains projets déve-     années, on a assisté à une forte         saluées par les marchés financiers
  loppés en France ont donné lieu        volatilité des devises qui joue po-      et se traduisent par un redresse-

                                               10
ment spectaculaire des cours de            Les principaux fabricants de gros      est essentielle, ce niveau élevé
la bourse. Ce qui prouve que les           appareils électroménagers ont, par     de dividendes rapporté aux inves-
marchés financiers ne sont pas au          exemple versés, en 2010, plus de       tissements est une réelle source
service du développement de l’in-          140 millions d’€ de dividendes à       d’inquiétude pour la stratégie à long
dustrie et de l’emploi.                    leurs actionnaires contre 190 mil-     terme de ces groupes.
Ces résultats sont mis à profit des        lions d’€ pour les investissements.
actionnaires et des dirigeants mais        Ainsi, en 2011, le groupe SEB a
ne permettent pas de renforcer l’ef-       versé 130 millions d’€ pour les in-
ficacité sociale. Pire, ils accélèrent     vestissements contre 100 millions
le processus de désindustrialisa-          de dividendes à leurs actionnaires.
tion.                                      Dans un secteur où l’innovation

Lean manufacturing :
une organisation inefficace industriellement et socialement
Dans les groupes de la métallurgie,        production sans stock l’interdé-       Réviser les schémas
les directions ne jurent plus que par      pendance entre les salariés est        d’organisation
cette organisation du travail. Il est      plus forte. Cette organisation im-     L’industrie de l’électroménager a
présenté comme une méthode anti-           pose aux salariés de travailler sur    été pensée pour être une industrie
crise. Pis encore depuis les Etats         le même rythme et davantage de         de volume, impliquant la saturation
Généraux de l’Industrie, des crédits       fléxibilité.                           des outils de production.
publics ont été débloqués pour
permettre de diffuser le Lean dans         Lean et inefficacité                   La spécialisation des sites montre
les entreprises afin d’améliorer leur      industrielle                           ses limites. Les industriels auraient
efficacité. Il est devenu un «dogme        Dans la filière, cette organisation    plutôt intérêt à privilégier des sites
patronal».                                 du travail est développée par          multi-produits pour une meilleure
                                           SEB via la méthode OPS (Opéra-         dilution des risques et une organi-
Dégradation                                tion Performances Seb). En appa-       sation du travail ayant un moindre
des conditions de travail                  rence le salarié est partie prenante   besoin de flexibilité.
Un rapport du centre d’étude de            de l’organisation de son travail,
l’emploi sur les conditions de travail     de sa réorganisation. La sécurité,     Et dans le même ordre d’idée, mé-
et la santé au travail des salariés        l’amélioration continue de la qua-     langer des produits haut et moyen
de l’Union européenne (recherche           lité sont présentées comme gages       de gamme avec une logique de
réalisée par la Darès, Ministère du        d’excellence. Cela se concrétise       production lissée sur l’année. Pour
travail), a montré le lien entre la        dans l’organisation de l’ensemble      cela, il faut maitriser toute la chaîne
santé (risques psychosociaux) et           des secteurs d’activité du groupe      de valeur productive et donc inté-
les formes d’organisation du travail       (en passant de l’atelier aux fonc-     grer des R&D sur les sites de pro-
en Europe. Les conditions de tra-          tions supports) avec la mise en        duction qui travailleront en étroite
vail et la santé au travail sont bien      place d’indicateurs et de tableaux     collaboration avec les équipes
meilleures dans les organisations          de bord permettant en temps réels      de productions et de SAV. Cette
apprenantes que dans les organi-           de contrôler le taux de qualité et     étroite collaboration permettra les
sations en lean production. Cette          rendement de la chaine de produc-      meilleures innovations au plus
forme d’organisation du travail où         tion. Dans les fonctions supports,     proche du besoin de la population.
l’aliénation à l’organisation du tra-      notamment la R&D, cela se traduit
vail est forte, engendre TMS, mala-        par du travail dans l’urgence une
dies professionnelles, absentéisme,        baisse des moyens et la préconisa-      Définition du lean manufacturing
stress, problèmes psychiques…              tion d’objectifs inatteignables.        L’école de gestion d’entreprise dite lean (littéralement
                                           C’est toute la chaine industrielle      «mince») vise la performance de la productivité grâce
Pour les salariés, la chasse aux           qui se trouve affaiblit avec des        à une amélioration continue. Celle-ci passe par l’élimi-
temps morts n’est pas neutre, car          pertes de compétences, de sa-           nation des gaspillages, des temps morts et des réduc-
pour optimiser la présence des sa-         voirs, de qualité des produits,         tions d’emplois pour un accroissement permanent de
lariés sur leur lieu de travail, le lean   d’inéfficacité,...                      la rentabilité financière de l’entreprise.
manufacturing va faire en sorte de         Les véritables perspectives, pour
diminuer les déplacements qu’un            la filière électroménager, c’est        Sur ces bases, l’école de gestion lean est en constante
salarié peut faire (par exemple, pour      répondre aux besoins et ses             évolution. Ces dernières années, elle a d’ailleurs
chercher un outil) de sorte que celui-     évolutions en garantissant des          dépassé son cadre initial pour s’étendre rapidement
ci soit en permanence en activité.         emplois de qualité, tout en res-        aux services administratifs ( lean Office), au dévelop-
Les dangers du zéro stock. Dans            pectant l’environnement.                pement de produits ( lean development) et même au
le cadre d’une organisation de la                                                  développement informatique.
                                                                      11
attachés aux marques, gage d’in-
                                                                                   novation, de sécurité des produits,
                                                                                   de qualité, …
                                                                                   - la proximité géographique offre
                                                                                   une meilleure réactivité sur l’en-
                                                                                   semble de la chaine,
                                                                                   - le consommateur est de plus en
                                                                                   plus sensible à l’origine des pro-
                                                                                   duits.

                                                                                   Chaque territoire doit pouvoir sub-
                                                                                   venir à une majorité, voire à la to-
                                                                                   talité des besoins de sa population
                                                                                   et l’ensemble de ces mesures s’en-
                                                                                   tend dans un cadre de coopération
                                                                                   internationale renforcé, dans le but
                                                                                   d’harmoniser les normes et les pra-
                                                                                   tiques environnementales, fiscales,
                                                                                   sociales, et de renforcer ainsi les
Pour le consommateur,                   du 600 euros prix public, le prix          droits des salariés, et le degré d’exi-
il faut un meilleur                     de vente du fabricant en France            gence en matière de responsabilité
encadrement des relations               à la distribution est inférieure à         sociétale des entreprises pour que
entre distributeurs                     200 €, un niveau qui permet tout           disparaisse la mise en concurrence
et fabricants                           juste de couvrir les coûts variables       d’un bout à l’autre de la planète des
La pression exercée par la distri-      de fabrication (matières premières,        salariés. Une industrie de biens de
bution est souvent avancée pour         main d’œuvre…). La différence est          consommation ayant pour finalité la
justifier les choix des fabricants en   constituée des coûts et des marges         meilleure réponse aux besoins des
matière de localisation de leur pro-    de la distribution.                        consommateurs, dans le respect
duction. Cependant, on peut s’intér-    L’état doit intervenir sur les relations   des salariés et des territoires.
roger sur la répartition de la valeur   distributeurs – fabricants et ceci est
ajoutée sur la chaîne de valeur. Par    d’autant plus souhaitable que :
exemple, pour un lave-linge ven-         - les consommateurs restent très

Pour la CGT, il faut développer
des solidarités internationales
et des droits pour l’ensemble des travailleurs
La généralisation des modes de          capital qui jonglent d’un groupe           Pour la CGT, avant d’être chinois,
consommations similaires sur toute      à l’autre par la spéculation, les          indiens, tunisiens ou français, nous
la planète est une autre illustration   mêmes qui sont soumis à leur do-           sommes des travailleurs qui faisons
de la mondialisation actuelle.          mination, les travailleurs du monde        face au même patronat. Nous avons
Elle est la conséquence de la           entier.                                    les mêmes intérêts à défendre face
guerre économique que se livrent        Elle est conjointe au déploiement          à nos employeurs.
les grands groupes multinationaux,      mondial des grands groupes qui             La première nécessité est donc de
avec d’un côté toujours les mêmes       ont deux objectifs. Le premier est         nous organiser. C’est pourquoi la
vainqueurs, les propriétaires du        la prise de parts de marché dans           CGT participe activement aux fédé-
                                        les zones géographiques où ils             rations syndicales européennes et
                                        s’implantent, le second, qui avant         internationales d’industries.
                                        tout prédomine dans la stratégie           Notre objectif est que les salariés
                                        du patronat français, est la mise          d’un même groupe multinational
                                        en concurrence des travailleurs en         s’organisent en réseau syndical
                                        jouant sur les différences de niveau       afin de faire front commun face à
                                        économique et social pour tirer l’en-      l’employeur.
                                        semble vers le bas, ce qu’ils nom-         Cela nous amène à préciser nos
                                        ment la compétitivité.                     orientations et propositions pour
                                        C’est la course au moins disant            mondialiser le progrès social, pour
                                        social qui est organisée au sein           solidariser les travailleurs du monde
                                        même des groupes.                          entier.

                                              12
Nous considérons que la recherche        sont inférieurs en droits. La clause    de la santé des travailleurs et des
et le développement, la fabrication      la plus favorable doit se générali-     populations environnantes, sans
et le recyclage des produits indus-      ser.                                    cette coopération technologique,
triels sont intimement liés et doivent                                           facteur essentiel de maîtrise de
donc s’effectuer à proximité les uns     • Ces sites de R&D et de produc-        leur avenir et de capacité à éla-
des autres.                              tion ne doivent pas se faire au         borer leur propre stratégie de
Nous affirmons qu’il est économi-        détriment de l’emploi de toute ca-      développement au service des
quement inefficace de séparer dans       tégorie en France. Nous revendi-        peuples.
l’espace la R&D et la fabrication. De    quons le développement de l’em-
plus, dans tous les pays, vivent des     ploi ici et ailleurs, sans opposer     La généralisation de droits écono-
personnes au niveau de qualifica-        les choses.                            miques, sociaux, culturels de haut
tions du plus faible au plus élevé.      C’est pourquoi nous demandons          niveau partout dans le monde est
Tous doivent pouvoir trouver un          que des représentants élus par         seule garante du développement
travail qui leur permette de vivre di-   les salariés siègent en nombre         de l’emploi de qualité dans tous les
gnement proches de leur domicile.        dans les conseils d’administra-        pays du monde. Telle est notre am-
                                         tion ainsi que des droits écono-       bition, notre combat.
Il est donc légitime que chaque          miques nouveaux pour les Comi-
pays ambitionne de maitriser la
conception et les productions en ré-
ponse aux besoins sociaux de ses
populations. Nous affirmons que
des coopérations mutuellement
avantageuses et respectueuses
des populations et salarié(e)s peu-
vent se concevoir en dehors de
liens de subordination et d’objec-
tifs de délocalisations guidées par
des impératifs d’exploitation et de
bas coût. Nous sommes donc fa-
vorables à l’implantation de sites de
conception et de fabrication de nos
entreprises sous conditions.

 • Les produits et services, conçus
 et fabriqués par une entreprise qui
 s’implante dans un pays étranger,
 doivent répondre prioritairement
 aux besoins économiques, cultu-
 rels et sociaux des populations
 locales.
 Nous sommes donc opposés aux
 zones d’exportations dans les
 pays en développement dans leur
 conception actuelle.

 • Les droits humains, sociaux, le       tés d’Entreprises pour intervenir
 droit du travail, les normes fonda-     sur la stratégie des entreprises.
 mentales du travail et les principes    Nous sommes les créateurs de
 directeurs de l’OCDE, doivent être      richesses, nous avons notre mot à
 respectés. Cela relève de la res-       dire, nous devons être entendus.
 ponsabilité de l’employeur, de la
 direction générale ici en France        • Pour servir les intérêts de tous
 pour nos entreprises.                   les peuples, nous sommes favo-
 C’est pour cela que nous revendi-       rables aux transferts de coopéra-
 quons l’ouverture de négociations       tions permettant aux pays émer-
 et la signature d’un Accord Cadre       gents de développer leur propre
 Mondial qui contraint l’employeur       industrie. Par exemple, il ne peut
 à respecter les droits sociaux des      y avoir d’amélioration des condi-
 travailleurs dans le monde entier,      tions de travail, des conditions
 même si les lois et usages locaux       écologiques de productions, donc

                                                                    13
Propositions         CGT
   Agir en faveur d’un développement industriel
       Emploi                                                           • De nouvelles prérogatives pour les comités
       Près de 30% des salariés de l’électroménager partiront           d’entreprises, permettant de véritablement prendre en
       en retraite d’ici à 2015, soit l’équivalent d’environ 2 000      compte les propositions des élus du personnel et de
       emplois. La CGT revendique une embauche pour un                  leurs experts, au-delà du simple droit de consultation.
       départ, avec l’embauche en CDI des intérimaires.                 Un droit suspensif doit être créé.
       Une véritable campagne de communication doit être                • Permettre à l’ensemble des salariés de la filière de
       engagée auprès des centres d’apprentissage, les                  bénéficier des mêmes droits et statuts.
       lycées professionnels, les universités, afin d’attirer les
       jeunes vers nos métiers.                                        Investissement, innovation, recherche
                                                                       et développement : Certains groupes sont
       La formation un enjeu pour le développement de                  sérieusement à la traîne concernant l’effort R&D.
       la filière, un droit pour les salariés                          Trop souvent à vouloir favoriser la marge financière
       Le constat sur la démographie que nous connaissons,             maximale, des projets intéressants sont abandonnés.
       le manque de mixité femme/homme dans les filières               L’avenir de la filière passe par un renouvellement de
       visent à augmenter les budgets formation au-delà du             nos procédés de fabrication, un renouvellement de
       minimum légal et de les fixer au moins à 4% de la masse         nos produits, dans un souci constant d’amélioration
       salariale, avec un effort important sur les formations          de nos conditions de travail et de nos performances
       qualifiantes.                                                   industrielles et environnementales.
       Le tutorat est essentiel pour une transmission de               La CGT revendique un budget R&D au moins égal à
       qualité des savoir-faire dans nos entreprises. Il doit être     2% de la valeur ajoutée de nos entreprises. Elle doit
       valorisé par un statut et reconnu dans la qualification.        alimenter une production répondant davantage aux
                                                                       besoins.
       Politique salariale                                             Cela passe par une réorientation des richesses créées,
       Actuellement le travail n’est pas rémunéré à sa juste           pour qu’elles profitent au développement de notre outil
       valeur. Tout au long de notre parcours professionnel            industriel.
       on accroit sa qualification et quelle que soit sa
       catégorie, elle doit être reconnue par une revalorisation       Une réorientation des aides publiques :
       du salaire. Elle est fondamentale pour l’efficacité             Les groupes de l’électroménager sont passés ces
       économique, industrielle et sociale. Elle est le pilier         dernières années à la caisse de l’Etat, via le crédit impôt
       de toute notre protection sociale (santé, retraite…). La        recherche, les aides au chômage partiel, à la formation,
       CGT revendique un autre partage des richesses se                les exonérations de cotisations, la suppression de la
       traduisant par une autre politique salariale.                   taxe professionnelle... il est inadmissible que des aides
                                                                       publiques puissent servir à la destruction d’emplois.
       Développer une organisation du travail                          La CGT exige une transparence de ces aides et surtout
       efficace. Pour étudier, rechercher, développer,                 l’imposition par l’Etat de contreparties aux entreprises
       fabriquer des produits de qualité et dans de bonnes             en termes d’investissements industriels et humains, de
       conditions il faut une organisation du travail qui valorise     politique sociale.
       l’individu (participe, propose, liberté de parole) mais
       dans une prise en compte d’un travail collectif. C’est          La CGT propose la création d’un pôle financier
       tout le sens d’une véritable efficacité du travail : Qualité,   public reposant sur la mise en réseau d’un ensemble
       délai, sécurité, conditions de travail, satisfaction du         d’institutions financières de statut public ou semi public
       client, fiabilité.                                              exerçant des missions d’intérêt général. Ce pôle
                                                                       doit être placé sous le contrôle public et social. Ces
       De nouveaux droits pour les salariés.                           financements seraient basés sur des critères d’emplois
       Ces dernières années, où l’on voit une stratégie                et d’efficacité économique et sociale.
       financière prendre le pas sur une véritable politique
       industrielle, il y a urgence à donner de nouveaux droits        La mise en place de comités stratégiques
       aux salariés :                                                  de filières permettant au niveau national et dans les
         • La mise en place du droit à l’information des salariés      territoires d’implantation forte de réunir pouvoirs publics,
         par les organisations syndicales représentatives sur le       patrons, syndicats, afin de travailler en commun sur
         temps de travail.                                             le développement durable de la filière, dans un souci
         • La mise en place de représentants élus par                  constant d’amélioration
         les salariés aux Conseils d’Administration et de
         surveillance là où ils existent.

                                                        14
Un regard
                                        différent sur
                                        l’information
                                        sociale et
                                        juridique
© Photos : Andres Rodriguez - Fotolia
CONSEIL              l        EXPERTISE                  l         ASSISTANCE   l   PRÉVENTION   l      FORMATION

                                                    Bruxelles

                                           Lille

                                         Paris
                                                                  Metz
                                                                           LE RÉSEAU
                     Nantes

Réunion
                                                                           DE PROXIMITÉ
Nouvelle-Calédonie                                      Lyon               qui reçoit la confiance
                         Bordeaux                                          du plus grand nombre
                                                                           de CE et de CHSCT
                              Toulouse                       Marseille

                                                                         pour
                                 • Des alternatives viables pour les salariés
                                    • Des solutions concrètes aux projets de réorganisation
                                    • Un dialogue constructif entre les acteurs de l’entreprise

                                                   Diagnostic social et stratégique
                                                   Conseil face aux changements permanents
                                                   Qualité de vie au travail
                                                   Santé au travail, risques psychosociaux

                                                                                                 SECAFI, une société du
          contact@secafi.com
          Tél. 01 53 62 24 40

                                                              www.secafi.com
Vous pouvez aussi lire