Programme PTB-go! ÉlecTions rÉgionales 2014 Wallonie - Cevipol
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Programme PTB-go! Élections régionales 2014 Wallonie Table des matières Notre avenir est social................................................................................................................................................................3 1. Combattre la pauvreté n’est pas une question de charité, mais de justice sociale........................................................7 2. Chasser le chômage, pas les chômeurs............................................................................................................................. 13 3. Une vision sociale du climat................................................................................................................................................19 4. On ne peut pas habiter une liste d’attente....................................................................................................................... 25 5. L’enseignement contre l’inégalité..................................................................................................................................... 30 6. Une Région qui roule pour tous......................................................................................................................................... 35 7. Bannir la discrimination et le racisme............................................................................................................................... 40 8. Un plan d’urgence pour l’accueil des plus petits, des allocations familiales augmentées........................................ 44 9. Le droit d’être jeune en 2014..............................................................................................................................................47 10. Pour une politique du handicap basée sur les besoins des personnes concernées.................................................. 51 11. Pour une société où il ne faut pas craindre de vieillir.................................................................................................... 54 12. Les soins de santé ne sont pas à vendre..........................................................................................................................57 13. C’est notre énergie............................................................................................................................................................ 62 14. Pour une culture accessible, démocratique et émancipatrice......................................................................................67 15. Unité dans la nouvelle Belgique.......................................................................................................................................70 PTB-go! (avec des personnalités, le PC et la LCR): Éditions du PTB « Il y a des rendez-vous à ne pas manquer » Bd M. Lemonnier 171, 1000 Bruxelles Tél. : 02 50 40 110 « Le Premier mai 2012, la FGTB de Charleroi appelait au rassemblement Courriel : ptb@ptb.be, www.ptb.be autour d’une alternative anticapitaliste à gauche du PS et d’Écolo. Pour toute commande, vous pouvez contacter l’adresse ci-dessus. D’autres secteurs syndicaux se montrent ouverts à cette perspective. Fonds de soutien Les lignes bougent. Nous nous engageons dans cette dynamique. IBAN BE05 0011 1514 8675 C’est pourquoi nous avons décidé d’appeler à voter en faveur des BIC GEBABEBB listes PTB-go! (Gauche d’Ouverture) qui regroupent autour du PTB des Concept & création : comm’sa personnalités indépendantes, des militants syndicaux et associatifs Mise en page : imprimerie EPO ainsi que le PC et la LCR ». Éd. resp. : Marie-Roos Eligius, bd M. Lemonnier 171, 1000 Bruxelles (Extrait de l’appel PTB-GO! sur www.gauchedouverture.be)
Introduction Notre avenir est social Le 25 mai 2014, nous nous rendrons aux urnes pour les élections régionales, fédérales et européennes. Dans ce docu- ment, vous trouverez les points de vue et propositions du PTB-go! pour les élections régionales en Wallonie. Le parlement fédéral a approuvé en 2013 la sixième réforme de l’État. À partir du 1er juillet 2014, les compétences ré- gionales seront fortement élargies. Comme beaucoup de compétences sont éparpillées sur plusieurs niveaux de pouvoir — de l’Europe à la Wallonie en passant par la Belgique — il nous a semblé important de traiter des éléments d’un thème même s’ils dépendent d’un autre niveau de pouvoir, dans un souci d’avoir une vue d’ensemble. Cette introduction traite le cadre global dans le- quel nous examinons les thèmes concrets au niveau de la Région wallonne. La campagne PTB-go! pour les élections de mai 2014 a débuté à l’automne 2013 par une enquête à grande échelle. En trois mois, nous avons rassemblé pas moins de 41 420 questionnaires dans toutes les provinces du pays. C’est un exploit quand on sait qu’un sondage classique demande l’avis de 2 à 3 000 personnes. Avec ce questionnaire, nous avons sondé l’impact de plusieurs propositions prises parmi une vingtaine de thèmes politiques : de la pauvreté à la démocratie en passant par l’emploi. L’enquête a été collectée aussi bien par écrit que sur Internet. Nous avons sondé vos priorités. Dans notre programme de base « Notre avenir est social », nous abordions des thèmes. Ici nous y ajoutons des thèmes qui dépendent plus directement des Régions et Communautés, dans le cas de la Région wallonne. Les bulletins de victoire déplacés du gouvernement wallon Il est de bon ton pour les dirigeants wallons au pouvoir de parler de la bonne santé de la Wallonie parce que « le Fi- nancial Times la classe en 16e position sur 180 des régions les plus attractives d’Europe ». Attractives pour qui ? Ces gens vivent manifestement dans un autre monde que la majorité des habitants de Wallonie. Duferco et NLMK, Saint-Gobain, Caterpillar, ArcelorMittal : le nombre de travailleurs concernés en 2013 par une annonce d’intention de procéder à un licenciement collectif était de 3 759 en Flandre et de 4 123 en Wallonie. Depuis 2009, le nombre de faillites est à la hausse. Entre janvier et septembre 2013, les pertes d’emplois liées à des faillites ont augmenté de 19 % par rapport aux trois premiers trimestres de 2009. Les entreprises industrielles sont les plus touchées, principalement dans les secteurs de la métallurgie, de la fabrica- tion de machines et d’équipements. Sur la période d’octobre 2008 à fin septembre 2013, les entreprises industrielles concernent 72 % de l’ensemble des dossiers et 86 % des emplois perdus. Les différents plans Marshall : Marshall.0 ou Marshall.2, 2022 ou 2.vert n’ont pas arrêté l’hémorragie d’emplois indus- triels. Et malgré les fausses promesses de reconversion chez ArcelorMittal, la réalité est que toute une industrie structurante va disparaître en Wallonie. Aujourd’hui, plus d’un Wallon sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, les enfants sont particulièrement touchés. Le Wal- lon pauvre est un enfant dans un cas sur quatre. La pauvreté touche 45 % des chômeurs. Et 20 % des adultes pauvres ont un emploi. Après cinq ans de gouvernement Olivier (PS-CDh-Ecolo), le chômage reste au même haut niveau qu’en 2009, la plus mauvaise année de la crise : 226 089 chômeurs complets indemnisés. Auxquels il faut ajouter des « inscrits obligatoi- res » comme demandeurs d’emploi, mais qui ne touchent pas d’allocation de l’Onem : 21 597 en Wallonie. Et bientôt, il faudra ajouter les 32 000 Wallons qui seront exclus du système du chômage par la réforme du chômage du gouverne- ment fédéral dès janvier 2015. Et la situation ne s’améliore pas. À fin février 2014, la Wallonie dénombre une hausse du chômage de 1,9 %, soit 4 142 personnes en plus par rapport au mois de février 2013. La cause de la pauvreté et du chômage est simple. Il n’y a pas d’emplois. Le Forem a reçu en 2013 moins de 115 000 offres d’emploi en un an, une baisse significative de 16,2 % par rapport à 2012. Il y a aujourd’hui en Wallonie une offre d’emploi pour 23 chômeurs. La réforme de l’État menace le social Tous les partis traditionnels ont participé à la négociation de la 6e réforme de l’État, la défendent et affirment que la « Wallonie doit prendre maintenant ses destinées en mains ». Or la sécurité sociale réduit aujourd’hui de moitié le taux de pauvreté. Mais de moins en moins. 3
Il est vrai que l’État fédéral conserve bon nombre de compétences déterminant le niveau de revenu des personnes (transferts sociaux, fiscalités des personnes physiques, etc.). Mais l’austérité fait des ravages. Comme on le voit avec la réforme du chômage. Les politiques régionales d’emploi, d’enseignement, de santé, d’intégration des personnes handicapées ont aussi un impact crucial sur le coût et la qualité de la vie. Or, le sous-financement de la Région suite à la réforme de l’État (90 % des moyens transférés), couplé à l’effort du remboursement de la dette, risque d’être dramatique. La 6e réforme de l’État prévoit un transfert de compétences fédérales vers la Région wallonne en matière de politique de l’emploi. Mais seulement 90 % des moyens dépensés aujourd’hui seront transférés. Les prestations familiales (les allocations familiales, les allocations de naissance et les primes d’adoption) seront aussi régionalisées. Mais la clé de répartition des finances est telle qu’on craint de devoir faire avec 70 millions d’euros en moins. Si le gouvernement veut avoir en 2015 un budget en équilibre, le gouvernement devra trouver 196 millions d’écono- mies supplémentaires en 2015 et 340 millions en 2016. En matière sociale et pour les services publics aussi, nous risquons un scénario comparable à celui qu’a vécu l’ensei- gnement dans les années 90 après la réforme de l’État de 1989. Aujourd’hui, la Communauté française (la « Fédération Wallonie-Bruxelles ») dépense aujourd’hui 13 % de moins par élève qu’en Flandre. Un élève sur deux redouble au moins une fois avant l’âge de 15 ans. Aucun pays d’Europe occi- dentale ne connaît une situation aussi inégalitaire. Le plan Marshall n’est ni social, ni solidaire, ni axé sur les besoins de la majorité de la population Le bilan du gouvernement wallon témoigne de l’échec tant de la politique économique, incarnée dans le plan Marshall, que de la régionalisation qui devait donner, selon ses partisans, à la Région les moyens de mener une politique plus progressiste qu’au nord du pays. Depuis 1999, le gouvernement wallon s’attelle au redressement économique de la Wallonie. D’abord par le Contrat d’avenir pour la Wallonie (1999), puis par le plan Marshall (depuis 2004) et le plan Marshall 2.vert (depuis 2009). D’après le gouvernement wallon, 46 388 emplois auraient été créés grâce au plan Marshall (entre 2006 et 2012). Il pré- cise bien qu’il s’agit d’emplois ou de « promesses d’emplois ». Or en réalité, la quasi-totalité des emplois créés en net (en moyenne annuelle) en Wallonie sont essentiellement des emplois subsidiés par l’État (titres-services, santé et social…). Les Wallons peuvent avoir l’impression que le plan Marshall a été concocté pour eux à partir d’une réflexion authen- tiquement wallonne. Il n’en est rien. Tout est déterminé au niveau européen, que ce soit à travers des institutions communautaires ou par des codécisions intergouvernementales. Sans le revendiquer, le gouvernement wallon s’est engagé à travers le plan Marshall dans le programme néolibéral de la Commission européenne. La stratégie de Lisbonne a été fixée lors du sommet européen de la capitale portugaise en mars 2000. Son programme fondamental était de faire de l’Union européenne l’économie de la plus compétitive et la plus dynamique du monde. Les moyens des plans Marshall sont importants : 1,054 milliards d’euros pour le premier (2004-2009), et 1,6 milliard d’euros pour le Marshall 2.vert (depuis 2009). Ces moyens proviennent entre autres de la vente au privé d’une partie des actions Arcelor de la Région wallonne. À ces 2,7 milliards, il faut rajouter le financement alternatif, joli mot pour désigner en réalité de l’endettement, à savoir de l’argent qu’il faudra rembourser un moment ou un autre, à charge de la Région : 500 millions d’euros pour le plan Marshall original et 1,15 milliard pour le Marshall 2.vert. La philosophie néolibérale du plan Marshall est : créer de l’emploi ne peut se réaliser que par le marché, c’est-à-dire par le biais d’entreprises privées. Or, celles-ci doivent être compétitives. Il faut laisser le pouvoir aux firmes et à leur direction. Ce sont elles qui doivent définir ce dont le marché a besoin. Elles reçoivent des subsides et des cadeaux de la Région. À elles d’être compétitives. À elles de gagner. Sans aucune garantie sérieuse. De l’argent public est engagé, mais les responsables politiques n’ont aucun contrôle dessus. Ils n’arrêtent pas de par- ler de démocratie en paroles, mais ils remettent la clé de leur destinée et de celle de la Région à une des structures les plus hiérarchiques et les plus autoritaires qui existent sur la planète : les multinationales comme ArcelorMittal, Ca- terpillar, GSK… Le gouvernement wallon a choisi cinq pôles de compétitivité : BioWin (sciences du vivant), MecaTech (génie méca- nique), Logistics in Wallonia (logistique), SkyWin (aéronautique) et WagrALIM (agro-industrie) dans le premier plan Marshall. Un sixième a été créé en 2010 : GreenWin (matériaux et chimie verte). Plutôt que de se baser sur la structure économique de la Wallonie et les besoins de la population, le pari a été de su- bventionner les secteurs stratégiques qui ont un potentiel de développement au niveau international. Ce qui a conduit le gouvernement wallon à laisser tomber la sidérurgie. On a lâché la proie pour l’ombre. 4
Ainsi, un pôle de compétitivité est le pôle logistique. Mais à Liège, par exemple, l’une des idées qui ont été avancées pour remplacer les emplois perdus dans l’industrie a été de développer le secteur logistique. C’est l’idée du dévelop- pement du Trilogiport, à Liège, une plate-forme trimodale eau-rail-route. Mais la moitié du tonnage du Port autonome de Liège est lié à la sidérurgie : 50 % de la valeur ajoutée, du tonnage et des emplois directs du port sont liés directe- ment à la métallurgie et à la sidérurgie. Il était donc impensable de parler de reconversion en logistique sans parler de maintien de la sidérurgie. Pourtant c’est ce qu’a fait le gouvernement wallon en laissant ce secteur dans les mains de Mittal. Le plan Marshall vise à attirer des investisseurs étrangers. On espère par là créer de l’emploi. Selon la théorie libérale classique, les richesses produites grâce à ces activités économiques « ruisselleraient » ensuite vers l’ensemble de la population wallonne. Le gouvernement wallon a ainsi mis à disposition de terrains « prêts à l’emploi ». Près d’un milliard d’euros a été consa- cré pour l’assainissement public de sites (pollués par d’autres entreprises auparavant) et la préparation du terrain pour les activités économiques. Un comble : des entreprises ont réalisé des profits en polluant les sols. Une fois leur business terminé (ou pour une autre raison), les entreprises sont parties, laissant à charge de la Région de nettoyer les sols et de les préparer à bon marché pour de nouvelles entreprises. Le gouvernement a aussi procédé à la suppression de taxes pour les entreprises. Une partie de la fiscalité des commu- nes et provinces a ainsi été supprimée : c’est le cas de la taxe communale et provinciale sur la force motrice, de la taxe provinciale industrielle compensatoire ou de la taxe sur la superficie. Les communes n’ont plus ce levier fiscal et met- tent alors la pression sur la masse de leurs habitants avec de nouvelles taxes ou la réduction des services publics. Plus de 130 millions d’euros ont donc été accordés en réduction des taxes sur les entreprises, depuis 2006. À ces suppressions de taxes il faut encore ajouter la création de « zones franches », à savoir des zones où la fiscalité des entreprises est encore davantage allégée et où les aides pour la création d’entreprises et d’activités économiques sont majorées. Le coût de ces zones franches pour la Région wallonne était évalué à 125 millions d’euros. Il faut en outre de la main-d’œuvre qualifiée adéquatement pour faire fonctionner les entreprises s’installant sur le territoire wallon. Si auparavant, la politique était de dispenser une formation générale aux jeunes, à charge des entre- prises de les former à un métier, le poids financier s’est déplacé. Plutôt que de faire payer la formation par l’entreprise, le gouvernement wallon (ou de la Communauté française) pose le choix de payer la formation du futur travailleur, pour que celui-ci soit directement employable : à l’État, le coût de la formation, aux entreprises, les bénéfices de la forma- tion. Même chose en matière de recherche. La Région cofinance, mais aucune garantie n’est assortie en termes de déve- loppement d’emplois ou de propriété d’un éventuel brevet. En fin de compte, ce sont les entreprises qui bénéficient d’un brevet, qu’elles peuvent donc exploiter comme bon leur semble. Cela peut déboucher sur des activités économi- ques, mais rien n’oblige les entreprises à développer ces activités économiques en Wallonie. Elle peut très bien déci- der de développer des entreprises dans un autre pays. Le choix industriel du plan Marshall est de laisser les décisions dans les mains des multinationales (comme on le voit avec ArcelorMittal) et tenter de soutenir l’innovation (par les pôles de compétitivité) en vue de créer des emplois. Mais cette politique est vouée à l’échec : le maintien de l’industrie traditionnelle wallonne dépendra du profit que les ac- tionnaires pourront en tirer. La course à la compétitivité rime avec concurrence sans fin. Plutôt que de créer lui-même de l’activité économique, le gouvernement essaie d’attirer une multinationale à un endroit A (en l’occurrence la Wallonie), plutôt qu’à un endroit B (la Flandre ou une autre région d’Europe). C’est une sorte de gigantesque plan de concurrence avec d’autres régions, et en premier lieu avec la Flandre. Le secteur de la logistique constitue un exemple frappant de cette concurrence effrénée entre régions européennes, entre régions en Belgique, et entre sous-régions wallonnes. L’idée de développer la logistique partout en Europe est mise en avant par la Commission européenne. La Flandre développe un pôle logistique et la lutte entre les deux Ré- gions fait rage à ce niveau, à tel point qu’elles ont toutes deux commandité des études « scientifiques » au même bu- reau d’études pour prouver que chaque Région était la championne de la logistique au niveau européen. Le plan Marshall est aussi une menace pour les organisations syndicales et un danger pour le combat social. Dans l’esprit du plan Marshall et pour rendre la Wallonie attractive pour les multinationales, le gouvernement intervient contre les luttes sociales. Lors du combat des travailleurs d’AGC (Splintex) contre la délocalisation de la production de parebrises, Elio Di Rupo, alors ministre-président wallon, a mis sur pied un Comité d’alerte avec les représentants poli- tiques, syndicaux et patronaux wallons pour prévenir ou arrêter au plus vite tout conflit social qui pourrait « entacher » l’image de la Wallonie aux yeux des investisseurs. Le bilan du plan Marshall est éloquent. Il a servi surtout à remplir les caisses des multinationales qui ne créent que très peu d’emplois. Elles n’acceptent aucune contrainte de création d’emplois en contrepartie de l’argent public dépensé 5
pour eux. Des entreprises phares soutenues par le plan Marshall ont même licencié comme le groupe pharmaceutique UCB. Attirer les investisseurs et leur laisser les clés de l’économie d’une Région, serait-ce la seule possibilité de redresser l’économie ? Certainement pas. Il s’agit d’un choix politique, assumé par les partis au pouvoir en Wallonie. Une alterna- tive existe, mais elle suppose une rupture radicale par rapport à la politique actuellement menée. Plutôt que de viser la compétitivité, une autre politique économique doit se mettre en place qui place au centre des préoccupations les besoins de la population, la tradition économique et industrielle de notre pays et le développement collectif. Elle partirait des compétences et des potentialités d’une région ou sous-région et suppléerait, si nécessaire, aux carences éventuelles, notamment par une contribution des pouvoirs publics. Ainsi, un développement régional plus harmonieux, plus égalitaire et plus solidaire est possible, basé à une échelle belge sur des secteurs industriels comme la construction, les transports, les services de santé et la sidérurgie. Ce choix économique et industriel permettrait de répondre à des besoins pressants de la population : la construction de logements, d’écoles, et d’autres infrastructures publiques ; l’élargissement de l’offre de transports en commun ; l’amélioration de l’accès aux soins de santé (et aux soins pour les personnes âgées). Et cela permettrait de créer des milliers d’emplois. 6
1. Combattre la pauvreté n’est pas une question de charité, mais de justice sociale De l’enquête électorale du PTB La pauvreté est le premier souci des Belges. 43 % des personnes interrogées ont repris ce thème dans le top 3 de ce que nous devons aborder prioritairement. La pauvreté est indiquée comme priorité no 1, dans toutes les régions du pays, pour tous les groupes d’âge et pour tous les niveaux de formation, quelle que soit la situation professionnelle. Le thème est le plus coché surtout chez les chômeurs, les pensionnés et les invalides. Mais ce n’est pas étonnant : ils con- naissent la pauvreté de près ou ils en sont directement menacés. Constats Un. Le danger de se retrouver dans la pauvreté Trois. Un pensionné sur cinq a un revenu en grandit. Un Belge sur sept est pauvre. Un Belge sur dessous du seuil de pauvreté. Le gouvernement cinq risque la pauvreté ou l’exclusion sociale. Ces Di Rupo a légèrement augmenté la pension minimale, quatre dernières années, près de 30 % des Belges ont mais, en même temps, il a réduit de nombreuses pen- déjà été confrontés une fois au moins à la pauvreté, sions. Il a réduit de moitié le bonus pension des gens suite à un licenciement, à la maladie, à un divorce, etc. qui travaillent jusqu’à 65 ans et il a également rogné Les groupes au risque de pauvreté le plus élevé sont : sur les pensions de ceux qui prennent leur pension les parents célibataires, les locataires, les personnes anticipée et sur celles des personnes qui ont des pério- âgées isolées et les enfants des familles défavorisées. des de maladie ou de chômage dans leur carrière. En Wallonie, la pauvreté touche 45 % des chômeurs. La lutte contre la pauvreté, quasiment tout le monde ne Quatre. Quatre personnes handicapées sur dix parle que de ça. Officiellement, on en a fait une priorité doivent vivre avec une indemnité inférieure au majeure, aussi bien du côté des gouvernements régio- seuil de pauvreté. Si on tient compte des supplé- naux que du côté du gouvernement fédéral. Mais en ments de coûts tels les transports spéciaux et les frais réalité ? médicaux, ce sont près de huit handicapés sur dix qui vivent dans la pauvreté. Un tiers des familles avec un Ces dernières décennies, les minima sociaux, les allo- handicapé doivent reporter des soins médicaux pour cations sociales et les salaires minimaux ont souffert : des raisons financières. le gouvernement les laisse loin en retard sur l’évolution du revenu national net. Pour les allocations minimales Cinq. La maladie appauvrit. Les gens atteints d’invalidité, il s’agit d’une perte de 4 % (depuis 1995), d’un cancer se retrouvent souvent dans une les allocations minimales de chômages ont régressé de situation poignante. Un quart des cancéreux qui 14 % et le minimum vital de 7 %. Quant aux allocations font appel aux Fonds du cancer paient de leur poche, familiales, elles ont même régressé de 14 à 31 %. malgré les mesures récentes, plus de 2 800 euros de frais médicaux par an. Cet argent couvre surtout des Deux. La pauvreté chez les enfants augmente suppléments sur le matériel, des tickets modérateurs à grands pas. La secrétaire d’État Maggie De Block sur les médicaments et des honoraires. La moitié de ce avait promis de s’en prendre surtout à la pauvreté groupe de malades du cancer a un revenu inférieur au chez les enfants, mais celle-ci augmente quand même seuil de pauvreté. de façon significative. En Wallonie, près d’un enfant sur quatre est pauvre, à Bruxelles un enfant sur trois. D’après une étude des Mutualités chrétiennes, une Quatre familles monoparentales sur dix vivent dans la famille belge sur huit est aux prises avec des problè- pauvreté. mes financiers suite à une maladie chronique. Cela 7
peut varier de l’asthme ou de l’arthrose au diabète ou Fin 2012, quelque 37 000 candidats locataires figu- à l’hypertension. Les familles où se posent des problè- raient sur la liste d’attente wallonne pour un logement mes de santé chroniques, paient en moyenne entre 140 social, avec un temps d’attente moyen de cinq ans. et 200 euros par mois pour leurs soins de santé. Une À Bruxelles, 41 000 familles candidates sont sur une bonne moitié des familles avec un malade de longue liste d’attente. Or aujourd’hui, on construit en moyenne durée et des problèmes financiers déclarent qu’elles 49 logements sociaux par an à Bruxelles. À ce rythme, doivent se passer des soins nécessaires. 846 années seront nécessaires pour résorber cette liste d’attente. Six. On assiste à une hausse explosive du nombre de gens surendettés. 38 % des Wallons, soit Un toit qui fuit, des problèmes d’humidité, des châs- plus d’une personne sur trois, ne peuvent pas faire face sis pourris, pas de bain ou de douche, pas de w.c. à à une dépense imprévue de l’ordre de 1 000 euros. Le l’intérieur, un logement trop sombre : 30 % de tous les pourcentage d’emprunteurs défaillants est de 8,2 % à logements belges et 53 % des logements des familles Bruxelles et de 7,1 % en Wallonie. avec un revenu sous le seuil de pauvreté présentent au Les situations de surendettement peuvent tout aussi moins un de ces défauts. Des conditions de logement bien être la cause que la conséquence de la pauvreté. malsaines ont également des retombées sur le bien- Les dettes peuvent altérer gravement la santé physique être et les prestations scolaires des enfants. et mentale et elles sont néfastes pour les relations sociales des gens. Elles peuvent aussi constituer une barrière à l’emploi. Sept. La pauvreté sur le plan de l’énergie est une épidémie silencieuse. Après dix années de libéralisation, l’électricité a augmenté de 40 % et le gaz de 65 %. Plus faible est le revenu, plus lourde est la facture d’électricité et de gaz pour le budget fami- Les causes lial. Les chiffres donnent le tournis. En 2010, au moins 11,5 % des familles ont reçu une mise en demeure Un. Le gouvernement Di Rupo n’a pas tenu sa recommandée dans leur boîte aux lettres. Alors qu’E- promesse de faire de la lutte contre la pauvreté lectrabel encaisse chaque année 1,3 milliard d’euros de une priorité. « La lutte contre la pauvreté et l’exclusion bénéfices avec des centrales nucléaires amorties de- sociale est une priorité du gouvernement », lisions-nous puis longtemps, 100 000 familles belges survivent avec dans la déclaration gouvernementale de décembre un compteur à budget sur leur gaz et leur électricité. 2011. On a même eu droit à une secrétaire d’État spé- Ce genre de compteur fonctionne avec un paiement à ciale pour la lutte contre la pauvreté : Maggie De Block. l’avance : vous devez d’abord charger votre carte pour Elle a déclaré : « Pour la fin de la décennie, il doit y pouvoir utiliser de l’énergie. Les fournisseurs commer- avoir 380 000 personnes en moins dans la pauvreté. ciaux ont même déjà « largué » 80 000 familles qui ne Nous mettons particulièrement l’accent sur la lutte pouvaient pas payer leur facture. Dans ce cas, c’est contre la pauvreté chez les enfants ». Résultat en pra- sans la moindre pitié qu’ils coupent courant et gaz. tique : nous allons avoir 100 000 pauvres de plus. Pourtant la libéralisation n’allait-elle pas quand même « assurer la fourniture d’électricité à tous les clients et Deux mesures du gouvernement contre les chômeurs protéger les personnes âgées et les défavorisés » ? Si vont faire augmenter le nombre de gens vivant dans la seulement c’était vrai. Les gens vulnérables sont bien pauvreté. trop souvent un oiseau pour le chat dans la jungle du Le gouvernement a décidé de ramener les allocations marché libre de l’énergie. Il est malaisé de trouver de de chômage (dégressivité des allocations de chômage) l’information sur mesure. Des techniques de vente au bout d’un certain temps sous le seuil de pauvreté. agressives, trompeuses font beaucoup de victimes. Les Après une certaine période (de quatre ans au maxi- contrats onéreux d’énergie se marient mal avec les bas mum), les chômeurs ne recevront plus qu’une indemni- revenus et les allocations. Et même le tarif social de- té minimale : 953 euros par mois pour les isolés, ce qui vient plus cher. En janvier 2010, il était de 13,5 cents le est nettement sous le seuil de pauvreté (1 000 euros). kWh. En janvier 2013, il est déjà à 18,5 cents. Pour les chefs de ménage, l’allocation diminuera de 12 %. Pour les isolés, de 17,5 % et pour les cohabitants Huit. Pour beaucoup des locataires, le marché de 40 %. privé est trop cher. Ils font la file pour avoir un lo- gement social. En Wallonie, il y a 120 000 logements Aujourd’hui, après une période d’attente de douze publics en location, soit 7 % du parc des logements. À mois, les jeunes chômeurs perçoivent une alloca- Bruxelles, c’est 7,8 %. Mais aux Pays-Bas… 32 %. tion d’insertion de 500 euros par mois en moyenne, Or, les logements sociaux sont d’une grande impor- l’ancienne « allocation d’attente ». Le gouvernement tance dans la lutte contre la pauvreté : chez les loca- fédéral a décidé de supprimer cette allocation au bout taires sociaux, le risque de pauvreté diminue : de 41,8 % de trois ans pour les gens qui ne présentaient pas à 29,9 %. d’expérience de travail, ou pas d’expérience suffisante. 8
La mesure est entrée en vigueur au début 2012 et elle amené des monopoles privés à facturer des prix élevés prendra effet le 1er janvier 2015 : 50 000 demandeurs à la clientèle, sans que l’État n’ait le moindre contrôle d’emploi risquent ainsi d’être exclus de leur droit à une dessus. allocation, a calculé la FGTB. Ces jeunes ou travailleurs à temps partiel devront alors souvent se rabattre sur Quatre. Le nombre de personnes avec un mi- le CPAS. Non pas parce qu’ils ne cherchent pas du nimum vital monte en flèche. En 2013, quelque travail, mais bien parce qu’ils n’en trouvent pas. Il s’agit 108 300 personnes dépendaient d’une allocation du pourtant de personnes qui ont déjà prouvé leur volonté CPAS, soit 17 % de plus qu’en 2008. La plupart d’entre de trouver un travail, car, sinon, ils ne toucheraient pas elles reçoivent le minimum vital, le « revenu d’insertion d’allocation d’insertion. Le problème se pose surtout social », l’ancien « minimex ». Pour un isolé, il s’élève à chez les demandeurs d’emploi qui n’ont pas travaillé 817 euros et pour un cohabitant à 544 euros, soit bien au moins 12 mois à temps plein sur 18 mois, ou 18 mois plus bas que le seuil de pauvreté. Le terme « minimum sur 27, selon l’âge. Il s’agit aussi de ceux qui accu- vital » est aussi un terme particulièrement mal choisi, il mulent plusieurs courtes périodes d’intérim et qui se insinue à tort qu’on pourrait en vivre. retrouvent à nouveau sous le régime des allocations L’augmentation est la plus forte chez les jeunes de d’insertion. Il s’agit aussi des temps partiels. moins de 25 ans. Ceux-ci constituent déjà un tiers des allocataires au CPAS et leur nombre va encore augmen- Avec ces deux mesures, plus de 100 000 personnes ter du fait de la suppression de l’allocation d’insertion. risquent de se retrouver en dessous du seuil de pau- vreté. Cinq. Les besoins sociaux grandissent en temps de crise, mais le gouvernement impose des res- Deux. Les mini-jobs : le modèle allemand des tra- trictions aux villes et aux communes. De plus en vailleurs pauvres gagne du terrain chez nous. En plus de gens vont frapper aux portes des associations Allemagne, le pays des mini-jobs, 7,7 % des gens vivent contre la pauvreté, et même des couples à deux salai- dans la pauvreté, bien qu’ils aient un emploi. L’écono- res qui ne parviennent plus à joindre les deux bouts, miste en chef de la Deutsche Bank a récemment affir- des gens de la classe moyenne. Ils sont 20 % de plus mé sans sourciller que bien des Allemands doivent se à chercher de l’aide auprès des associations de lutte préparer à un avenir où leur salaire sera insuffisant pour contre la pauvreté. Or dans le même temps, l’austé- en vivre. Ce sont les « working poor », les travailleurs rité règne et frappe les CPAS et les services sociaux pauvres. Dans notre pays, ils sont 4,2 % de la masse communaux. des travailleurs. Mais, attention : chez les temps par- Entre-temps, les taxes communales (par exemple sur tiels, ils sont déjà 7 % et, chez les intérimaires, 10 %. Et l’eau ou le recyclage des déchets), qui, proportionnel- notre gouvernement ? Il s’est mis précisément à encou- lement, touchent surtout les pauvres, continuent d’aug- rager le travail intérimaire et le travail à temps partiel. menter. Le nombre de personnes qui travaillent et qui ont be- soin en même temps d’un minimum vital du CPAS pour Depuis la crise bancaire, beaucoup des communes en sortir a doublé ces dix dernières années. n’ont plus d’argent pour assumer leurs tâches sociales. Les personnes âgées ne peuvent parfois plus s’adres- Trois. Le pouvoir d’achat réel baisse, surtout ser au home du CPAS, les jeunes parents doivent se pour les plus faibles. Alors que les millionnaires s’en- mettre en quête d’une crèche privée et chère pour richissent démesurément, le pouvoir d’achat moyen leurs enfants, les classes de natation et les classes par habitant a baissé de 5 %, depuis 2009. Une en- vertes sont supprimées, les centres de services sociaux quête de Test-Achats, en 2013, révèle que 40 % des aussi. Des services auxquels font surtout appel les ménages belges se retrouvent financièrement en bien familles pauvres ferment et leur personnel est jeté à la plus mauvaise posture qu’une année plus tôt. 20 % des rue. Les services publics deviennent de plus en plus gens disent que, souvent, le revenu familial a déjà été chers ou sont privatisés. dépensé avant la fin du mois. Ils suppriment alors leurs vacances, la crèche pour les enfants et même l’aide Le fait que le gouvernement fédéral ne rembourse médicale nécessaire, car bien trop chère. qu’une partie limitée du minimal vital aux CPAS est injuste et enterre la solidarité. Les communes pauvres La pauvreté et la baisse du pouvoir d’achat constituent avec de nombreux allocataires au CPAS paient beau- les principaux tracas des consommateurs, révèle une coup plus que les communes à la population plus riche. étude du CRIOC, le Centre de recherche et d’informa- tion des organisations de consommateurs. Naturellement, tout est devenu plus cher, et même à l’Aldi. Et pas seulement pour les courses quotidiennes. Nous connaissons la vieille rengaine des libéraux à pro- pos du marché : « L’État ne peut mener une politique de contrôle des prix. Il doit assurer le bon fonctionnement du marché, avec la concurrence qui fait baisser les prix ». Mais en réalité, le fonctionnement du marché a 9
et allocations se situant sous le seuil de pauvreté re- passent au-dessus de la limite de la dignité humaine. Il est inadmissible que les pensionnés, les chômeurs, les handicapés ou les allocataires du CPAS d’un pays civilisé comme la Belgique doivent vivre en dessous du seuil de pauvreté. La vision du PTB-go! Augmenter tous les revenus de remplacement au- La pauvreté est une réalité pour un nombre sans cesse dessus du seuil de pauvreté coûte environ 1,5 milliard croissant de personnes. Elle n’est pas le sort unique- d’euros. C’est beaucoup d’argent. Mais tout le monde ment des sans-abris ou des vendeurs de fleurs dans les reconnaît que c’est une honte de ne pas le faire. Le restaurants. Elle touche aujourd’hui un million et demi gouvernement ? Il a tout simplement rangé cet objectif d’habitants de Belgique et ce nombre ne cesse de au frigo. Les intérêts notionnels coûtent annuellement à grandir. Il faut aujourd’hui souvent avoir deux salaires notre pays 6,2 milliards brut. C’est encore plus d’argent. pour que la famille puisse garder la tête hors de l’eau. Quatre fois plus. Et ces intérêts notionnels n’ont contri- Et tout le monde peut être touché par le chômage ou la bué en rien à la prospérité et à la création d’emploi, maladie. Lutter contre la pauvreté est absolument né- mais ont uniquement servi à arrondir les dividendes cessaire, dans un monde qui se déglingue. des gros actionnaires et les bonus de top managers. On peut dire beaucoup de choses. Mais pas qu’il n’est Le fossé entre pauvres et riches n’a jamais été aus- pas possible d’augmenter toutes les allocations socia- si large. Mais que signifie ce fossé entre pauvres et les au-dessus du seuil de la dignité humaine. Il s’agit de riches ? C’est qu’un certain nombre de gens sont choix. De choix fondamentaux pour l’avenir de notre victimes de la crise et qu’un certain nombre de gens société. profitent de la crise. Les victimes sont très nombreuses Il est plus que temps que la lutte contre la pauvreté et les gagnants sont en très petit nombre. Victor devienne plus importante qu’une politique de cadeaux Hugo écrivait il y a un siècle et demi : « C’est de l’en- fiscaux aux plus riches. fer des pauvres qu’est fait le paradis des riches. » Or ce constat, que la richesse de l’un est la pauvreté de Comment combattre la pauvreté structurellement et de l’autre, est aujourd’hui l’un des plus gros tabous de façon durable ? À ce propos, notre programme four- notre société. mille de propositions. Car la pauvreté n’est pas simple- ment un thème isolé. Chaque fois, on la retrouve : dans Lors de son entrée en fonction, le gouvernement a le thème de la crise, de l’emploi, du pouvoir d’achat, annoncé que la lutte contre la pauvreté constituerait des soins de santé, de l’enseignement, de la justice, de sa priorité. Et d’expliquer : « L’emploi est en général le l’environnement… meilleur remède pour combattre la pauvreté. » Mais, Aussi les revendications dans notre lutte contre la pau- au lieu de créer de l’emploi, il en a détruit là même où vreté ne profiteront pas aux seuls pauvres. Elles sont il en était directement responsable : dans les services plutôt générales que sélectives. Elles jettent un pont publics. entre les mouvements contre la pauvreté et le mouve- Le gouvernement Di Rupo a rejeté la faute sur les gens ment syndical. d’en bas. Contre les chômeurs, il a dit que, s’ils ne trouvaient pas de travail, c’est qu’ils n’avaient pas cher- Ainsi donc, pour combattre la pauvreté, une autre ré- ché assez activement. Des malades, il a exigé qu’ils partition des richesses est nécessaire. « se sentent responsables ». Des aînés, qu’ils devaient Nous devons également remporter le combat pour travailler plus longtemps. Le gouvernement a mené l’emploi. À la question : « Comment empêcher la pau- une politique agressive d’activation. Ce qui débouche vreté ? », 43 % noircissent la case : « Pas de chasse souvent pour beaucoup à devoir accepter des mini-jobs aux chômeurs, mais au chômage. » Le contraire de ce et des emplois instables et parfois, en fin de compte, à que fait le gouvernement. Un travail décent en tant que être exclu. moyen de résistance contre la pauvreté et l’exclusion Le gouvernement a poursuivi le détricotage de la sé- sociale. Un vrai travail stable, avec un revenu conve- curité sociale. L’assurance sociale est démantelée pour nable, voilà ce que nous proposons dans notre volet devenir de plus en plus l’aide sociale et cette aide emploi. sociale se mue de plus en plus en une « activation des Ou encore : Nous voulons protéger le pouvoir d’achat pauvres ». Ce qui revient, en fait, à traquer les pauvres. des travailleurs, mais aussi celui des gens qui vivent Le gouvernement a fait augmenter la pression sur le d’une allocation. Nous voulons pour tous qu’il y ait un marché de l’emploi et sur les salaires. Résultat : au lieu contrôle des prix pour les produits de première néces- de sortir les gens des horribles statistiques de la pau- sité. vreté, il y a fait entrer beaucoup de monde. Il a produit Le pont entre le mouvement contre la pauvreté et le de nouveaux pauvres. mouvement syndical existe aussi dans le combat pour le maintien de la sécurité sociale. Sans cette sécurité S’en prendre à la pauvreté signifie que nous devons sociale, 42 % des Belges vivraient dans la pauvreté. faire des choix. Nous voulons que tous les revenus Combattre l’inégalité est un rôle crucial de la sécurité 10
sociale et nous voulons que cette sécurité sociale se 3. Davantage de moyens pour les tâches sociales maintienne. C’est entre autres la raison pour laquelle des autorités locales. 80 % des Belges sont opposés à la commercialisation Qu’on mette un terme aux privatisations dans les ser- de la sécurité sociale. vices publics. Et qu’on mette un terme aussi à l’aug- mentation des taxes communales. Dans ce chapitre, nous faisons douze propositions avec les mesures les plus urgentes contre la pauvreté. 4. Que toutes les allocations sociales soient liées au bien-être. 5. Renforcer le premier pilier des pensions. Outre la pauvreté des enfants dans les familles monoparen- tales, on rencontre le plus souvent la pauvreté parmi les personnes âgées, en raison de pensions bien trop petites. Nous voulons qu’on augmente les pensions les plus modestes. Les propositions du PTB-go! 6. La Belgique a besoin de 200 000 nouveaux 1. Augmenter tous les revenus de remplacement logements sociaux pour supprimer les listes jusqu’au-dessus du seuil de pauvreté. d’attente. Nous voulons qu’on fixe un maximum aux Nous soutenons cette revendication prioritaire du Ré- loyers, en fonction de la situation et du confort de l’ha- seau de lutte contre la pauvreté. La Cour des comptes bitation, ce plafond étant fixé par une instance indépen- a calculé il y a quelques années que cette mesure coû- dante et accréditée. terait 1,2 milliard d’euros (1,5 aujourd’hui). En face, il y Nous voulons également un plan Marshall pour l’isola- a les 6,2 milliards d’euros de la déduction des intérêts tion et la rénovation des habitations. notionnels et les 6 milliards d’euros qui sont prévus pour l’achat des avions de combat pour l’armée. 7. 24 % des personnes interrogées dans l’enquête électorale réclament une « baisse du coût des hôpitaux La loi garantit le droit à un minimum vital. Ce minimum et des médicaments ». C’est possible avec l’appli- vital doit permettre aux gens de s’intégrer ou de se cation du modèle kiwi aux médicaments. Avec le réintégrer socialement. Il doit au moins se situer à modèle kiwi, nous pourrons assurer la gratuité hauteur du seuil européen de pauvreté (1 000 euros des médicaments nécessaires et des antidou- par personne) et ne peut être rendu dépendant d’une leurs. politique d’activation agressive. Nous plaidons en fa- Nous voulons aussi que l’État soutienne les centres de veur du paiement à 100 % de ce minimum vital par l’État soins de première ligne et multidisciplinaires, selon fédéral. le modèle des centres médicaux de la Fédération des maisons médicales (dont font partie les centres de Mé- 2. Pas de chasse aux chômeurs, mais au chô- decine pour le Peuple). Ces centres prouvent leur utilité mage. pour les soins de santé proposés, en particulier pour Les mesures gouvernementales d’exclusion et de dé- les groupes les plus fragiles de la société. gressivité des allocations de chômage doivent être retirées. 8. Octroi automatique du statut BIM (bénéficiaire Au lieu d’une activation agressive et répressive, nous de l’intervention majorée) à tous les ayants droit. voulons que l’on pratique une activation émancipatrice. Outre le droit à une intervention pour les soins médi- Qu’on mette un terme aux programmes d’activation et caux, les ayants droit de ce statut (appelé aussi aupa- qu’on les remplace par des programmes d’accompa- ravant dans certains cas OMNIO) ont également droit gnement dans lesquels on fera preuve de respect à à des subsides, à une intervention pour les transports l’égard des chômeurs, de leurs aspirations et de leurs publics (50 % de réduction), à l’enseignement pour les problèmes. adultes, à l’aide au voyage (réduction de franchise), à Il doit y avoir plus de formations, payées par l’État et les un tarif téléphonique social… Mais il y a un écart impor- entreprises. tant entre le nombre estimé d’ayants droit et celui des Nous voulons que les services régions de l’emploi personnes qui bénéficient effectivement de ce statut. (Forem, Actiris et VDAB) soient fusionnés en une seule institution fédérale, qui proposera, dans tout le pays, du 9. Nous voulons le maintien de l’aide juridique, travail aux demandeurs d’emploi de toutes les Régions. nous nous opposons à l’instauration de la TVA à La privatisation dans les faits d’une partie de la poli- 21 % imposée dès 2014 sur les frais d’avocat. tique du placement, du Forem et d’Actiris vers les agen- ces d’intérim est néfaste. Ces agences ne s’occupent 10. L’enseignement obligatoire doit vraiment être que des chômeurs les plus faciles à placer. La forma- gratuit. Même les frais indirects doivent être entière- tion n’est plus proposée chez ces accompagnateurs ment subventionnés. Il doit y avoir un octroi automa- commerciaux. tique des bourses d’études aux ayants droit. Nous voulons également un enseignement qui com- 11
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