Proposition de modification du plan de gestion de la Réserve naturelle nationale du Coteau de Mesnil-Soleil (14) - DREAL Normandie

 
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Proposition de modification du plan de gestion de la Réserve naturelle nationale du Coteau de Mesnil-Soleil (14) - DREAL Normandie
Proposition de modification du plan de gestion
     de la Réserve naturelle nationale du
         Coteau de Mesnil-Soleil (14)

                             Thierry Démarest, Novembre 2017
Proposition de modification du plan de gestion de la Réserve naturelle nationale du Coteau de Mesnil-Soleil (14) - DREAL Normandie
Sommaire

1. Préambule ........................................................................................................................ 2
1.1. Problématique .............................................................................................................. 2
1.2. Bref historique .............................................................................................................. 3
2. Contexte juridique ........................................................................................................... 4
2.1. Défrichement ................................................................................................................ 4
2.2. Statut de la Réserve Naturelle Nationale : plan de gestion et modification de l’état
ou de l’aspect ...................................................................................................................... 5
2.4. Désignation du site Natura 2000 ................................................................................. 5
2.5. Espèces protégées ....................................................................................................... 6
3. Présentation de la Réserve Naturelle ............................................................................. 6
4. Présentation du site Natura 2000 ................................................................................... 6
5. Intérêt écologique des boisements ................................................................................ 7
5.1. Les habitats .................................................................................................................. 7
5.2. La flore .......................................................................................................................... 9
5.3. La fonge ........................................................................................................................ 9
5.4. Les bryophytes ............................................................................................................. 9
5.5. Les chiroptères ............................................................................................................. 9
5.6. Les insectes .................................................................................................................. 9
6. Objectifs programmés du plan de gestion ...................................................................11
6.1. Le plan de gestion de la réserve naturelle .................................................................11
6.2. Le document d’objectifs du site Natura 2000 des « Monts d’Eraines » ...................11
7. Propositions d’intervention et de gestion sur les boisements ...................................12
7.1. Rehaussement ou déplacement du radar ..................................................................12
7.2. Etêtement des arbres concernés ...............................................................................13
7.3. Propositions d’intervention et de gestion pour le boisement ouest ........................13
7.4. Propositions d’intervention et de gestion et de gestion pour le boisement est .....15
8. Proposition de modifications du plan de gestion ........................................................17
8.1. Modification des objectifs à long terme .....................................................................17
8.2. Modification des objectifs du plan .............................................................................17
8.3. Modification des opérations du plan..........................................................................17
10. Bibliographie ................................................................................................................19
10. Annexes ........................................................................................................................20

Liste des cartes et figures

Carte 1 : Aperçu des zones de végétation impactant le cône de visibilité du Radar………………………………..2
Carte 2 : Plan de servitude contre les obstacles…………………………………………………………….…...….4
Carte 3 : Carte des habitats de la Réserve naturelle nationale du coteau de Mesnil-Soleil…………………...……7
Carte 4 : Localisation des deux boisements et des zones d’intervention………………………………………….11
Carte 5 : Localisation des pins du boisement ouest………………………………………………………….……13

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                                       Conservatoire d’espaces naturels de Basse-Normandie
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1. Préambule

       1.1. Problématique

       En 2016, Météo France a fait réaliser un relevé Lidar (FIT Conseil, 2016) afin d’obtenir
une représentation précise du modelé de la végétation autour de son radar situé sur la commune
de Damblainville.

        Un des objectifs consistait à réaliser une étude des masques causés par la végétation
environnante sur le champ de vision du radar. Les arbres de la Réserve Naturelle Nationale du
coteau de Mesnil-soleil situés sur le haut de pente et le rebord du plateau au nord-ouest et à l’est
constituent deux masques qui interfèrent sur le bon fonctionnement du radar météo (cf.carte 1),
fournissant notamment des données pour la prévision des crues de la Dives (via l’Ante). La
hauteur de certains arbres est devenue supérieure aux cotes limites instaurées par la servitude
pour les objets pouvant faire obstacle.

       Deux réunions se sont tenues depuis (avril 2016 et mars 2017). La faisabilité d’un
rehaussement du radar a été écartée (coût minimum de 800 000 €). Un courrier (cf. annexe3) a
été envoyé par Météo France en avril 2017 aux communes grevées de servitudes pour demander
leur mise en application. Aucune demande officielle n’a depuis été adressée au propriétaire ou
à la DREAL.

     Carte 1 : Aperçu des zones de végétation impactant le cône de visibilité du Radar (points vert et bleu)

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Afin de répondre aux servitudes imposées par la présence du radar Météo France et de
restaurer au maximum son cône de visibilité, des mesures doivent être prises par la réserve
naturelle mais celles-ci ne sont pas programmées dans le plan de gestion 2015-2019 (Baude et
Hélie, 2015).

 La servitude qui s’impose au propriétaire fait qu’il ne s’agit pas ici de statuer sur le
 bienfondé ou non d’une intervention sur la Réserve Naturelle Nationale du coteau de
 Mesnil-Soleil mais de trouver les solutions les plus adaptées et de les intégrer dans les
 orientations de gestion d’une partie des boisements de la réserve naturelle.

       1.2. Bref historique

        1977 : création de l’aérodrome de Falaise et des servitudes aéronautiques associées :
décret du 25 septembre 1977.

      1981 : création de la Réserve Naturelle Nationale du coteau de Mesnil-Soleil : décret
n°81-353 du 28 août 1981, annexe 1.

       Sont précisément interdits
       Art. 7 : le défrichement ou l’abattage d’arbres à l’exception de ceux qui répondent aux
prescriptions de l’arrêté du 25 septembre 1977 et des arbres susceptibles d’envahir les pelouses.
       Art.8 : tout travail public ou privé susceptible de modifier l’état ou l’aspect des lieux.

        1993 : création du radar Météo France et des servitudes radioélectriques (cf.carte 2) :
décret du 23jun 1993, annexe 2
        • Lors de la consultation publique associée à l’instruction du dossier, oubli de la DRAE,
non prise en compte de la RNN et de son règlement ;
        • Pas d’information officielle du propriétaire sur l’existence et les caractéristiques des
servitudes radioélectriques ;
        • Pas de conventionnement à ce jour.

       1997 : Première désignation du site Natura 2000 des Monts d’Eraines (FR2500096).

      2015 : Rédaction du nouveau plan de gestion de la Réserve Naturelle Nationale du
Coteau de Mesnil-soleil (2015 – 2019).

       2016 : Premier contact entre Météo France et les gestionnaires du site.

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Carte 2 : Plan de servitude contre les obstacles

2. Contexte juridique
       2.1. Défrichement
        Le défrichement envisagé étant d’une superficie supérieure à 5 000 m², il est soumis à
un examen au cas par cas de l’Autorité environnementale pour décider de la nécessité de
réaliser une évaluation environnementale (Code de l’environnement ; rubrique 47a du tableau
annexé à l’article R122-2). Délai 35 jours

         Si le défrichement est réalisé dans un massif boisé de plus de 4 ha, ce qui serait le cas
ici, il est soumis à autorisation de défrichement (code forestier ; notamment articles L341-1,
L341-3 et L342-1). Délai 2 mois

      De plus, en l’absence de décret ad hoc, le défrichement en RNN n’est pas dispensé de
mesures compensatoires : le déboisement doit être compensé au sens du code forestier (article
L341-6 – facteur moyen x3 pour le Calvados).

       Une évaluation des incidences N2000 est à joindre aux deux dossiers précités.

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2.2. Statut de la Réserve Naturelle Nationale : plan de gestion et
modification de l’état ou de l’aspect
       La modification du plan de gestion (PG) ne suffit pas pour engager des travaux de
défrichement de cette ampleur. Il faut également une autorisation du préfet en raison de la
modification de l’aspect de la RNN (Art. 8 du décret de création).

        Option 1 : Une modification du PG peut être envisagée d’emblée avec validation par le
CSRPN et consultation publique avant arrêt par le préfet. Échéance décembre 2017 pour un
arrêt 1er trimestre 2018. La demande d’autorisation de modification de l’aspect de la réserve
intervient ensuite.

       Option 2 : Sans modification préalable du PG, une demande d’autorisation de
modification de l’aspect d’une réserve peut être engagée (code de l’environnement ; articles
R332-23 et R332-24). L’évolution du PG intervient ensuite.

                   Avantages                                    Inconvénients

·   Option 1 : Si les travaux susceptibles de          · Option 2 : Le plan de gestion reste à
    modifier l’aspect de la RNN sont décrits             modifier, le dossier est long à établir
    précisément ainsi que leurs impacts dans             (validation      ministérielle      des
    le PG validé par le préfet, l’autorisation           conséquences du défrichement), de
    ultérieure de réaliser des travaux                   multiples consultations sont rendues
    modifiant l’aspect de la réserve est                 obligatoires  (collectivités,  CSRPN,
    conditionnée au seul accord du préfet                CDNPS), et en cas d’avis défavorable de
    (code de l’environnement ; article R332-             la CDNPS ou du CSRPN, passage en
    26). Délai 15 jours.                                 CNPN avant validation ministérielle.
                                                         Délai 4 mois minimum.

2.3. Urbanisme

      Pas d’incompatibilité avec le règlement du PLUi du SIVOM de Falaise sud, donc aucune
démarche particulière à prévoir.

2.4. Désignation du site Natura 2000
        La présence d’un habitat d’intérêt européen (Carpinion betuli, figurant à l’annexe 1 de
la directive 92-43) est à prendre en compte. En effet, une évaluation des incidences Natura 2000
sera indispensable afin de s’assurer de la compatibilité du projet avec les objectifs de
conservation du site Natura 2000.

        A cet effet, il sera indispensable de réaliser une notice d’incidence qui permettra de
définir les effets permanents et temporaires, directs et indirects du projet mais aussi les possibles
effets cumulés avec d’autres projets.

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2.5. Espèces protégées

        En l’état actuel des connaissances, en dehors de plusieurs espèces d’oiseaux, aucune
espèce protégée régionalement et/ou nationalement n’est signalée au sein des deux boisements
concernés. Les données ne concernent que des espèces présentant un statut de rareté ou une
forte patrimonialité pour lesquelles aucune obligation légale ne s’impose.

3. Présentation de la réserve naturelle
        Classée Réserve Naturelle Nationale en 1981, le coteau de Mesnil-soleil est cogéré par
le Conservatoire d’espaces naturels de Basse-Normandie et le département du Calvados,
propriétaire du site. Un Premier plan de gestion (Baude et Dupin, 2008) a été établi pour la
période 2009-2013 puis évalué en 2013. Le second plan de gestion, actuellement en vigueur,
est rédigé pour la période de 2015 à 2019.

       Cet espace est totalement intégré au site Natura 2000 « Les Monts d’Eraines », et classé
en espace naturel sensible du département du Calvados.

        D’une superficie de 24 hectares, la réserve naturelle se caractérise par la présence
d’habitats et d’espèces liés aux milieux calcicoles. Les pelouses calcicoles représentent l’intérêt
majeur de la réserve naturelle et les gestionnaires ont une très forte responsabilité régionale
pour la conservation de ces milieux.

        Les nombreux inventaires effectués depuis la création de la réserve naturelle ont mis en
évidence la présence de plus de 2 200 espèces dont 75 présentant un intérêt patrimonial fort.
Certaines d’entre elles, Brunelle à grandes fleurs (Prunella grandiflora), Ophrys frelon (Ophrys
fuciflora), Ophrys douteux (Ophrys araneola), Pipit farlouse (Anthus pratensis), Bruant jaune
(Emberiza citrinella), Bouvreuil pivoine (Pyrrhula Pyrrhula), Fauvette babillarde (Sylvia
curruca), Decticelle des bruyères (Metrioptera brachyptera) et Vipère péliade (Vipera berus),
sont en danger d’extinction dans la région.

       Trois groupements végétaux présentent un intérêt européen. Il s’agit des pelouses et des
ourlets calcicoles du Festuco lemanii-seslerietum albicantis et des boisements neutres
calcicoles du Carpinon betuli. Ce sont ces boisements qui sont concernés par les modifications
du plan de gestion.

4. Présentation du site Natura 2000
       Le site Natura 2000 (FR2500096) des « Monts d’Eraines », présente une surface de 354
hectares dont 198,4 ha de forêt. Il s’agit en grande partie d’une hêtraie de l’Asperulo fagetum
(Code Natura 2000 : 9130, code Corine biotope : 41.13).

        Sur l’ensemble du site, ces boisements sont dans un état de conservation défavorable en
raison de l’embroussaillement par le Cytise. Toutefois, il s’agit d’une zone refuge majeure pour
les espèces forestières.

       Les activités sylvicoles sur les Monts d’Eraines demeurent limitées et la gestion
concerne essentiellement la récolte ponctuelle de bois de chauffage.

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5. Intérêt écologique des boisements
        La gêne occasionnée pour le radar de Météo France concerne deux boisements situés
l’un et l’autre sur la réserve naturelle. Au total, la superficie masquant directement une partie
du cône de visibilité du radar est de deux hectares. Toutefois, les travaux devront s’étendre un
peu plus largement sur une superficie d’au moins 3 hectares, de façon à anticiper la croissance
des sujets proches des deux masques mais qui, au regard de leur taille actuelle, ne constituent
pas encore une gêne.

       5.1. Les habitats
        Les deux habitats concernés (cf. carte 3) sont, d’après le document d’objectifs Natura
2000 des boisements neutres à calcicoles du Carpinion betuli, d’intérêt communautaire (Code
9130). Les boisements sont encore jeunes et c’est pourquoi le rattachement phytosociologique
s’est limité à celui de l’alliance.

       Plus précisément, il s’agit :

       • De boisements de plateau à Pin sylvestre (Pinus sylvestris) qui couvrent une superficie
       totale de 6,2 hectares, soit 25,8% de la superficie totale de la réserve naturelle.

       • De boisements de plateau à Châtaignier commun (Castanea sativa) qui couvrent 0,95
       hectare, soit 3,9% de la superficie totale de la réserve naturelle.

       Carte 3 : Carte des habitats de la réserve naturelle du coteau de Mesnil-Soleil

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Le boisement ouest :

        Le secteur ouest concerné s’étend sur le plateau jusqu’au niveau de la rupture de pente
à l’ouest. On y observe de nombreuses essences comme le hêtre, le chêne, le frêne, l’Erable
sycomore et de nombreux Pins sylvestres. Le sous-bois est composé essentiellement du
noisetier, du charme, du houx et d’ifs. La strate herbacée est assez peu présente avec le Lierre,
le Brachypode des bois, l’Iris fétide ou le Carex des bois.

        Si la partie la plus orientale du boisement est relativement ouverte avec de vieux hêtres,
la partie occidentale est nettement plus dense avec une strate arbustive importante et des
ronciers. C’est à ce niveau que sont présents de nombreux cytises, espèce considérée comme
invasive potentielle et pour laquelle une lutte est engagée depuis plusieurs années sur le site.

        Dans la cartographie des habitats du site Natura 2000 des Monts d’Eraines, ce boisement
est considéré comme d’intérêt européen. En effet de nombreuses espèces caractéristiques y sont
notées mais le boisement est très dégradé en raison de la présence de Pins sylvestres, pouvant
être très abondants dans certains secteurs.

       Le boisement est :

         Nettement moins diversifié que le précédent, il est aussi beaucoup plus anthropisé et
plus eutrophe. Il s’agit en grande partie d’une plantation de Pins sylvestres et de châtaigniers
d’une hauteur de 14 à 15 mètres. D’autres espèces sont présentes comme le hêtre, le bouleau
ou le tilleul. La strate arbustive est peu diversifiée et très clairsemée avec l’aubépine, le fusain
et plus ponctuellement le Cerisier de Sainte-Lucie ou le Nerprun purgatif. Le sous-bois en
grande partie envahi de ronce, de troène et de clématite malgré le pâturage par les ovins et les
équins.

        Une visite de terrain, le 14 novembre 2017, effectuée avec Marie Goret du Conservatoire
botanique national a permis de confirmer que le boisement est correspond à une plantation de
pins et de châtaigniers et que son rattachement à un habitat communautaire, comme indiqué
dans le document d’objectifs, était une erreur (cf. note du CBN, annexe 4)).

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5.2. La flore
        Une seule espèce de forte valeur patrimoniale est actuellement présente au sud de la
pinède. Il s’agit de la Céphalanthère pâle (Cephalanthera damasonium). Elle ne sera pas
impactée par les travaux, quels que soient leur nature, puisqu’en dehors des secteurs concernés
par ces travaux.

       5.3. La fonge
        Concernant les champignons, seule la présence d’Hohenbuehelia algida est probable
sur les cytises. Toutefois, il n’est pas possible de savoir actuellement si cette espèce est présente
dans la zone concernée. Pour les lichens, aucune cartographie des espèces patrimoniales n’a été
réalisée et il n’est pas possible de se prononcer actuellement sur l’importance de ce groupe au
sein des boisements.

       5.4. Les bryophytes
        Aucun taxon à enjeu n’est présent dans la pinède. En revanche, une espèce très rare
(Leptodon smithii) est présente dans les bois de feuillus de la réserve, sans toutefois que la
localisation précise soit connue.

       5.5. Les chiroptères
        Actuellement, aucune colonie de parturition n’est présente sur la réserve naturelle, les
arbres étant jeunes, peu fissurés et sans cavités apparentes. Plusieurs espèces forestières sont
connues à proximité du site dont la Barbastelle d’Europe (Barbastella barbastellus), le Murin
de Natterer (Myotis nattereri) et l’Oreillard (Plecotus sp.). Une étude est en cours afin de mieux
cerner le rôle et l’intérêt de la réserve naturelle pour ce groupe et les résultats détaillés seront
communiqués en fin d’année 2017. Cependant, dès à présent, les informations obtenues
(Rideau, comm. pers.) confirment l’absence de colonies mais indiquent la présence du Grand
Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) en chasse. Cette espèce n’était pas connue
précédemment sur la réserve naturelle.

       5.6. Les insectes
       Plusieurs espèces de forte valeur patrimoniale ont été recensées au sein des boisements.

         Lépidoptères : quatre espèces d’hétérocères (papillons de nuit) sont présentes dans les
boisements (Chlorisa viridata, Cyclophora porata, Tiliacea citrago, Viminia auricoma). Il
n’est toutefois pas actuellement possible de connaître précisément la localisation de ces espèces
ni l’état de leur population.

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Hémiptères : une espèce (Peirates stridulus) est présente dans le boisement à Pin
sylvestre.

       Diptères : une espèce (Chrysotoxum cautum) est connue au sein des boisements.

        Coléopères : deux espèces recensées dont une (Trichoceble floralis) sur la réserve
naturelle et une (Lucanus cervus) au sein du site Natura 2000. Cette dernière espèce étant
d’intérêt communautaire.

      Hyménoptères : deux espèces recensées dans les boisements (Bombus barbutellus,
Osmia submicans).

        Plusieurs de ces espèces présentent un intérêt patrimonial élevé et la réserve a une
responsabilité régionale forte pour leur préservation. Toutefois, les travaux ne concerneront
qu’une partie réduite des boisements présents sur l’ensemble du site Natura 2000 et l’impact
sur ces espèces sera faible.

         Les deux entités concernées par le projet ne présentent pas d’intérêt majeur que
 ce soit pour les habitats, la flore, la fonge ou la faune. Aucune espèce protégée n’y est
 présente. Toutefois, nous manquons d’informations quant aux populations et à la
 localisation de la plupart des espèces d’insectes, de mousses ou de lichens.
         Quant aux vertébrés, aucune espèce patrimoniale n’est présente en permanence
 dans les boisements ou ne s’y reproduit de façon certaine.

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6. Objectifs programmés du plan de gestion
       Les deux documents sur lesquels nous nous appuyons sont le plan de gestion de la
réserve naturelle et le document d’objectifs du site Natura 2000 (Villain et Baude, 2016).

       Les enjeux prioritaires définis dans le plan de gestion de la réserve naturelle et dans le
document d’objectifs Natura 2000 ne concernent ni les boisements, ni les espèces qui leurs sont
inféodées.

6.1. Le plan de gestion de la réserve naturelle

        Concernant les boisements de pins et de châtaigniers, le plan de gestion de la réserve
stipule que l’objectif à long terme est de « favoriser la libre évolution des vieux boisements
calcicoles pour aller vers une hêtraie calcicole typique ». Cet objectif est décliné en quatre
objectifs du plan :

       • L’accroissement des arbres à cavités ;
       • La disparition du cytise ;
       • Une meilleure connaissance du rôle des boisements pour la conservation de la
       biodiversité ;
       • Le maintien des espèces typiques des boisements (faune et flore).

        Les gestionnaires de la réserve naturelle, suite à la validation du plan de gestion en
janvier 2015, se sont donc engagés à conserver ces boisements, actuellement dégradés en raison
de la présence du cytise et du Pin sylvestre, afin qu’ils évoluent vers une hêtraie de l’Asperulo
fagetum.

        Les seules opérations consistent donc à limiter le cytise, espèce exotique envahissante,
et à suivre la flore et la faune. Mais, aucune mesure de gestion sylvatique n’est prévue au sein
des deux boisements.

6.2. Le document d’objectifs du site Natura 2000 des « Monts d’Eraines »
        Trois objectifs de gestion, pour les boisements, sont inscrits dans le document
d’objectifs :
        • Favoriser les essences autochtones dans les peuplements forestiers (surtout le hêtre) ;
        ವ Développer des stades forestiers sénescents afin de favoriser toute la diversité
d’espèces qui y sont inféodées ;
        ವ Favoriser des pratiques de gestion des milieux forestiers préservant la biodiversité
(futaie irrégulière…).

        Suite au constat de Météo France et à la servitude liée à la présence du radar, il
 est donc nécessaire d’intervenir sur les boisements. Ce projet n’est en adéquation ni
 avec les objectifs du plan de gestion de la réserve naturelle, ni avec ceux fixés dans le
 document d’objectifs, ces deux documents visant clairement à conserver des stades
 sénescents.

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7. Propositions d’intervention et de gestion sur les boisements

        Afin de répondre à la demande de Météo France, plusieurs options sont possibles et sont
présentées ci-dessous. Toutes induisent des changements partiels des objectifs de la réserve
naturelle et l’option choisie conduira à modifier une partie du plan de gestion et, de façon plus
limitée, le document d’objectifs.

        La surface de boisement directement concernée est au total de 3 hectares. Si cette
superficie représente 1% des boisements du site Natura 2000, elle concerne plus de 25% des
milieux boisés de la réserve naturelle. Quelle que soit l’option choisie, l’impact pour la réserve
naturelle sera important sur le paysage et relativement modéré sur les habitats, la flore et la
faune.

 Les propositions présentées émanent d’une visite sur le site qui a eu lieu le 24 octobre
 2017 réunissant B. Dumeige et F. Magliocca (DREAL), de D. Boutard (CD14), de C.
 Zambettakis (CBN), de S. Diquelou (CSRPN) et de S. Etienne (forestier et conservateur
 de la RNN de la forêt de Cerisy), L. Chéreau, S. de Parscau et T. Démarest (CEN).
 L’appui scientifique de S. Etienne a été déterminant pour définir les stratégies d’actions
 développées ci-dessous.

     Carte 4 : Localisation des deux boisements et des zones d’intervention

7.1. Rehaussement ou déplacement du radar
       Cette solution, totalement indépendante de la réserve naturelle, a été envisagée mais le
financement d’un tel projet s’est avéré impossible. Il s’agissait en effet de rehausser le radar
afin qu’aucun obstacle ne viennent créer des perturbations.

      Les discussions qui ont eu lieu avec Météo France ont conduit à ne pas retenir cette
hypothèse.

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7.2. Étêtement des arbres concernés
        Cette proposition, si elle semble moins traumatisante pour le paysage, parait bien
délicate à mettre en œuvre puisque ce seraient plusieurs centaines d’arbres qui seraient à étêter.
En raison de la densité actuelle du boisement, il est peu probable que les têtes des arbres coupés
puissent tomber au sol sans rester coincées dans les branchages situés en dessous. Un travail
important sera alors nécessaire pour acheminer toutes les branches coupées vers le sol. Pour des
raisons de sécurité, il est en effet impossible de laisser des branches en équilibre en haut des
arbres.

       Une partie des châtaigniers a été taillée de cette façon il y a quelques années et le
problème se renouvelle déjà au bout de quelques années ou quelques dizaines d’années. Cette
action n’est donc pas pérenne et nécessite de réitérer l’opération. D’autre part, le boisement
ouest présente de vieux hêtres qui ne supporteraient pas cette taille.

       Nous considérons donc que cette solution ne peut être retenue.

7.3. Propositions d’intervention et de gestion pour le boisement ouest

        Ce boisement présente un réel intérêt en raison de la présence de vieux hêtres. Il est
donc prévu d’intervenir en plusieurs étapes afin de maintenir l’objectif de conservation de la
hêtraie calcicole. Les opérations prévues se dérouleront donc sur
plusieurs années afin d’une part de satisfaire à la servitude du radar
et d’autre part de maintenir le boisement.

        Phase 1 (année n) : Seule la coupe de tous les Pins sylvestres
et des noisetiers est prévue. Actuellement, l’ombrage est trop
important pour permettre la régénération des hêtres et les rares
jeunes individus présents ne se développent pas. La coupe des pins
permettra d’augmenter suffisamment la lumière pour activer la
germination qui sera de plus favorisée en hersant le sol. Au total, ce
sont environ 250 pins qui seront à couper. S’ils abondent dans
certains secteurs, ils sont peu présents dans la zone centrale.

        Les grumes de pins seront exportées hors du site afin d’être valorisées, les branches
seront broyées. Les noisetiers seront coupés à ras et mis en tas dans un secteur de ronciers à
l’ouest du boisement.

        Si le masque était suffisamment levé avec la coupe des pins, les travaux pourraient
s’arrêter là et la coupe de hêtre pourrait ne pas être nécessaire.

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                           Conservatoire d’espaces naturels de Basse-Normandie
Carte 5 : Localisation des pins du boisement ouest

        Phase 2 (année n+2 à n+4) : Il faudra attendre entre 2 et 4 ans pour laisser les jeunes
hêtres se développer. Dès lors que la régénération sera satisfaisante avec de nombreux jeunes
hêtres en développement, la coupe des vieux hêtres pourra débuter. Cette opération se fera sur
deux, voire trois années, d’est en ouest. Dans la mesure du possible, quelques hêtres seront
conservés sous forme de chandelle (coupe uniquement du houppier) afin de favoriser la faune
arboricole et plus particulièrement les chiroptères et les oiseaux.

        Phase 3 : Cette opération permettra de sélectionner les hêtres les plus vigoureux et de
supprimer les individus plus grêles, l’objectif étant de permettre à la hêtraie de se reconstituer.
Il est possible qu’une nouvelle opération de coupe soit nécessaire après 20 ou 30 années, si le
radar est encore en activité à cette époque, ce qui n’est en aucun cas confirmé.

        Phase 4 : l’opération IP6 du plan de gestion actuelle prévoit une limitation de 80% des
cytise sur la réserve naturelle. Cette opération est engagée depuis deux ans. Plus de 70 pieds
ont été recensés sur et à proximité de la zone d’intervention. Une première opération de coupe
et de bâchage des souches de cytise est prévue avant d’intervenir sur le boisement mais cette
mesure préventive n’empêchera pas la germination des graines actuellement dans le sol et qui
sera favorisée par la mise en lumière. Des interventions annuelles seront donc probablement
nécessaires pour éviter le développement du cytise. Toutefois, le maintien d’un couvert végétal
devrait éviter sa colonisation trop rapide.

 Objectif du plan : Conserver la hêtraie tout en rajeunissant le peuplement.
 Travaux prévus : Coupe des pins et noisetiers pour éclaircir le boisement et favoriser la
 germination des hêtres, hersage du sol, puis coupe des vieux hêtres une fois la
 régénération assurée.
 Gestion annuelle : Sélection des hêtres et coupes des cytises.

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7.4. Propositions d’intervention et de gestion pour le boisement est

        La forte anthropisation de ce boisement nous conduit à mettre en œuvre une gestion
différente. L’objectif serait ici de réaliser un défrichage de la majeure partie de la zone
concernée avec tronçonnage des gros arbres puis broyage des arbustes au broyeur forestier.

        Le nouvel objectif serait de favoriser à moyen terme le développement d’une prairie
diversifiée favorable à la flore calcicole et à la faune qui lui est inféodée, l’enrichissement du
sol par la litière rendant peu probable le retour à une pelouse calcicole.

        Phase 1 : coupe de l’ensemble des
arbres qui seront évacués et valorisés.

        Phase 2 : Broyage des arbustes avec
exportation des rémanents. Deux à trois
bosquets d’arbustes seraient toutefois
conservés pour favoriser la biodiversité.
L’emplacement de ces bosquets sera défini en
fonction de la présence d’espèce peu
commune dans la région comme le nerprun ou
le Cerisier de Sainte-Lucie. Afin de réduire
l’impact visuel, une bande d’arbustes sera
maintenue sur les bordures nord et est de la parcelle. De même, un vieux chêne situé au nord-
est de la parcelle pourrait être conservé afin de maintenir une zone d’ombrage pour les animaux.

       Phase 3 : Hersage de quelques secteurs pour essayer de favoriser le développement plus
rapide de la banque de graines. Il est aussi prévu de réensemencer la zone, dès la première
année, avec des résidus de fauches des pelouses situées sur la réserve naturelle. L’objectif étant
d’accélérer le développement de la prairie en lieu et place du boisement.

        Phase 4 : La mise en lumière rapide du site risque de favoriser le développement de
quelques espèces dont la ronce et le troène. Il est donc prévu de réaliser, pendant au moins les
trois premières années, deux à trois broyages par an avec exportation. Cette opération,
relativement lourde, est indispensable si l’on souhaite favoriser le plus rapidement possible la
prairie. Cette opération permettra aussi de limiter le développement du cytise dont quelques
pieds sont présents vers le sud.

       Phase 5 : Mise en place d’une clôture. Actuellement, ce secteur est intégré dans le plan
de pâturage au sein d’un enclos qui englobe aussi les pelouses calcicoles. L’objectif d’isoler
cette parcelle est de pouvoir augmenter la pression de pâturage en fonction de la vitesse de
repousse de la végétation. Il pourra s’agir d’un pâturage ovin ou caprin, en fonction des besoins.

         Phase 6 : Mise en place de suivis scientifiques. Dès la première année, un suivi
floristique sera mis en place afin d’évaluer précisément l’impact des travaux et l’efficience des
mesures de gestion réalisées. Des suivis faunistiques pourront ensuite être programmés en
fonction de la colonisation de la végétation.

 Objectif du plan : favoriser le développement d’une prairie calcicole favorable à la flore
 et à l’entomofaune ;

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                           Conservatoire d’espaces naturels de Basse-Normandie
Travaux prévus : défrichage de la zone avec maintien de deux à trois îlots de végétation
arbustive et maintien d’une bande de végétation arbustive en bordure des clôtures nord
et est.
Gestion annuelle : 2 à 3 broyages en complément du pâturage ovin et/ou caprin.
Suivis : floristique dans un premier temps puis faunistique à définir ensuite.

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                        Conservatoire d’espaces naturels de Basse-Normandie
8. Proposition de modifications du plan de gestion

8.1. Modification des objectifs à long terme

              Objectif actuel                          Proposition de nouvelle formulation
                                                   Favoriser la libre évolution d’une partie des
  OLT C : Favoriser la libre évolution des
                                                    vieux boisements vers une hêtraie calcicole
    vieux boisements vers une hêtraie
                                                     typique, dans le respect des servitudes qui
            calcicole typique
                                                        s’imposent au territoire de la RNN.

8.2. Modification des objectifs du plan

              Objectif actuel                             Proposition de formulation
                                                 Engager une phase de régénération
                                                 naturelle du hêtre en mettant en lumière
                                                 par place le sous-bois
                  Aucun                          Favoriser le développement d’une prairie
                                                 méso-xérophile en lieu et place de la pinède
                                                 tout en conservant la vocation d’accueil de la
                                                 faune saproxylophage.

8.3. Modification des opérations du plan
       Nouveaux objectifs du plan                     Proposition de nouvelle formulation
                                                 Réaliser une coupe d’éclaircie en
                                                 supprimant tous les pins et en traitant en
                                                 cépée les noisetiers
                                                 Griffage superficiel du sol pour favoriser la
                                                 germination des faines
    Engager une phase de régénération
                                                 Couper progressivement, si nécessaire, les
  naturelle du hêtre en mettant en lumière
                                                 vieux hêtres une fois la régénération assurée
            par place le sous-bois
                                                 Conserver des chandelles et des souches pour
                                                 conserver la faune cavernicole              et
                                                 saproxylophage
                                                 Réaliser une veille permanente sur la faune
                                                 et la flore
                                                 Réaliser une coupe avec exportation
                                                 intégrale du bois et des rémanents, tout en
                                                 conservant quelques bosquets
   Favoriser le développement d’une
                                                 Broyer puis faucher (avec exportation) 2 à 3
 prairie méso-xérophile en lieu et place
                                                 fois par an la zone pendant 3 ans pour limiter
   de la pinède tout en conservant la
                                                 la repousse
     vocation d’accueil de la faune
                                                 Compléter puis remplacer progressivement
            saproxylophage.
                                                 la fauche par un pâturage
                                                 Surveiller l’impact des travaux sur la faune
                                                 et la flore à enjeu du site

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Caractériser la dynamique végétale de
                       transition du bois à la prairie et publier les
                       résultats

                         18
Conservatoire d’espaces naturels de Basse-Normandie
10. Bibliographie

BAUDE F. & HELIE C., 2015 - Plan de gestion 2015-2019 – Réserve Naturelle Nationale du
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DELASSUS, L. & ZAMBETTAKIS, C., 2013 - Hiérarchisation des végétations naturelles
et semi naturelles de Basse-Normandie : rapport intermédiaire. Rapport du Conservatoire
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FIT Conseil, 2016 - Réalisation d’un lever topographique par système lidar pour une étude
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GORET,M., 2017 – Réserve Naturelle Nationale du coteau de Mesnil-Soleil. Identification du
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VILLAIN. P & BAUDE. F.,2016 – Document d’objectifs – Les Monts d’Eraines – Natura
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ZAMBETTAKIS, C., GESLIN, J., GUYADER, D. & BOUSQUET, T., 2006 – Connaître
la flore rare et menacée de Basse-Normandie et agir pour sa préservation – Liste hiérarchisée
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